Rohan ne savait plus où se mettre. Les choses lui tombaient dessus comme de vieilles pommes d’un arbre et il ne semblait plus capable de les éviter. Il se les prenaient sur la tête, mais ne disait rien, se contentant d’arborer un sourire satisfait. S’il se refusait d’agir pour il ne savait quelles raisons, son cerveau et surtout ces songes lui faisaient clairement comprendre que les choses n’allaient pas continuer très longtemps à être aussi agréables. Pour le peu qu’il parvenait à dormir, Rohan était curieusement sujet à de nombreux rêves destructeurs d’espoir qui lui rappelaient bien trop souvent qu’il n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Et ces rêves-là avaient commencé depuis cette soirée à l’O’Globuleux. Il tentait tant bien que mal de garder la face, mais les doutes ne faisaient que s’intensifier et perçaient son cœur et son esprit d’une multitude de clous qu’il ne parvenait pas à enlever. Et puis son instinct de survie le poussait à se réveiller, et il quittait les bras de Morphée agité. Est-ce que les choses allaient s’améliorer ? Il n’en savait rien. Il ne le saurait probablement jamais, d’ailleurs. Il se disait alors qu’il avait choisi le bon chemin et s’habillait pour commencer sa journée. Et quel était ce chemin ? Celui d’un morceau de bois qui suit le cours d’un fleuve, coule de temps en temps, mais termine toujours par retrouver le ciel bleu et l’air qui circule. Et peut-être qu’il finira un jour par s’échouer sur plage au côté d’une belle sirène à la chevelure de feu..

Et en parlant de Sirène, il était bien temps qu’il quitte ces couvertures - il avait passé la nuit a battre la campagne et avait donc pris son repos en journée - relativement agréables pour aller rejoindre Scarlett. Cette dernière, pleine de ressource, l’avait invité chez elle. Elle n’avait donné aucun prétexte précis, mais Rohan n’était pas idiot, il savait pertinemment quel jour ils étaient. En plus de réveiller toutes une multitude de doutes et de « et si », cette invitation allait aussi lui rappeler qu’il vieillissait. Ô Joie ! S’il savait à quoi s’attendre sans réellement pouvoir tout prévoir, Rohan se décida à faire un effort. Il était évidemment ravi de passer une soirée avec Scarlett qui ne se réduisait pas à un bar avec quelques verres de whisky-pur-feu, mais il ne parvenait tout simplement pas à mettre tous ces doutes de côté. Il décida tout de même d’arrêter de se faire du sang d’encre, et enfila une chemise blanche propre et un pantalon noir. Il n’avait certainement pas autant de paires de chaussures que Scarlett, mais parvint tout de même à en trouver une élégante. Il quitta ensuite sa chambre, passa devant le comptoir du bar où il travaillait et s’y arrêta deux minutes pour souhaiter bon courage à son collègue. Après un quelques mots échangés avec Jameson, il sorti dans la rue de Pré-au-Lard et transplana jusqu’à Godric Hollow’s.

Il n’avait jamais mis les pieds dans ce petit village sorcier auparavant, mais ne perdis guère son temps à faire du tourisme. La nuit commençait doucement à tomber et il glissa une main dans la poche droite son pantalon en se dirigeant vers l’adresse que lui avait donné Scarlett. Sur le chemin qui le mena à la porte d’entrée, ses pensées n’étaient pas possibles à suivre. Il se rappela la soirée au bar de Londres, les aveux – partiels, il en était sur – de Scarlett sur l’identité de la femme sur l’affiche et tout ce que cela avait entraîné. Mais lorsqu’il toqua à la grosse porte en bois de la maison et qu’il entendit un joyeux « j’arrive », ces pensées s’envolèrent et laissèrent place à quelque chose de plus serein. La porte s’ouvrit sur Scarlett, et un sourire un peu béat étira les lèvres du mangemort qui murmura, dans un souffle. « Hello Sweetie ! » avant de poser un baiser amoureux sur ces lèvres. Il entra, et ce sourire qui s’était installé sur son visage était bien décidé à rester, repoussant dans le même coup toutes les mauvaises pensées qu’il avait pu avoir sur le chemin. « Tu as oublié ça chez moi ! » dit-il, en tendant un petit sac en tissus à Scarlett. Le contenus : rien de bien méchant, quelques (sous) vêtements oubliés et une petite fleur, que Jameson lui avait conseillé de glisser là. Il lui avait dit de sa grosse voix rocailleuse « Ne sous-estime jamais le pouvoir des fleurs, petit scarabé. » Rohan s’apprêta alors à dire quelque chose, lorsqu’une bonne odeur de gâteau lui titilla les narines. « Est-ce que.. Est-ce que tu as fait un gâteau au chocolat, Scar ? » demanda-t-il, les yeux brillants. Un gâteau au chocolat. Cette odeur le ramenait bien longtemps en arrière, lorsque sa mère cuisinait encore un peu.  « Je. C’est.. » tenta-t-il alors. Il savait qu’elle comptait fêter son anniversaire, mais il n’avait jamais espéré avoir un gâteau fait maison. « Si vous essayez de m’acheter, Mademoiselle Burton, c’est réussi. » avoua-t-il alors, dans un petit rire, avant de récupérer la fleur qu’il avait apporté pour lui offrir de manière convenable, comme un vrai gentlemen qu'il n'était d'ordinaire, pas du tout.