[Fev] If there's anything that you want [Lena]

Invité

[HJ : Listening to [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - The Beatles ]

« Non, pas bon début »

D’un geste de la baguette, Cadfael effaça les deux malheureuses phrases qu’il venait de rédiger à grand-peine sur un parchemin à l’allure officielle. Il fixa la page pas vraiment blanche mais visiblement vierge d’un œil à la fois perplexe et agacé et reprit sa plume. Cette fois, il réussit à écrire quatre lignes avant de recommencer une demi-douzaine de fois sa phrase de transition. Il ne savait pourquoi il bloquait sur ce texte. Pourtant, pas plus tard que la semaine dernière, il avait réussi à produire une dizaine de projets de lois en moins de vingt-quatre heures. Et puis, toute inspiration semblait s’être envolé. Ses textes étaient lourds, sans intérêt et le fond… ridicule. Si encore c’était drôle ou provocateur, il aurait pu s’en servir comme d’une diversion pour faire passer d’autres lois plus importantes mais… là, c’était plus vide que la tête de Junior après ses BUSEs. Cette comparaison eut au moins l’avantage de lui arracher un sourire amusé. Il relu puis effaça son introduction (toujours aussi mauvais) et ferma ses livres d’un geste sec. Le bruit se répercuta dans la librairie presque silencieuse. Le mangemort se leva alors, toujours souriant malgré l’agacement qu’il ressentait.

« Je vais manger Keith, je reviens dans une heure. »

Précautionneusement, il rangea son absence de travail et se rendit allègrement au Trois Balais qui était devenu sa cantine habituelle. Il pleuvait tellement fort que le temps qu’il se déplace de sa boutique au bar, sa cape collait à ses épaules et des milliers de gouttes d’argent perlaient dans ses cheveux, les fonçant plus encore jusqu’à faire disparaître la moindre mèche blonde. Par réflexe, il s’arrêta sur le pas de la porte, passa la main dans ses mèches rebelles et se frotta la nuque tandis que ses yeux clairs s’habituaient à l’obscurité pour partir à la recherche d’une table vide. Il finit par en trouver une, s’installa, commanda un sandwich au rosebeef (l’amérique lui avait laissé un goût certain pour la bonne viande qu’il avait du mal à satisfaire ici) et essaya à nouveau de se concentrer. Mais ses oreilles ne voulaient rien entendre. Ou plutôt, elles écoutaient les conversations autour de lui sans le laisser se concentrer sur ce qu’il avait à faire.

En désespoir de cause, le libraire accepta de se laisser aller à une demi-heure complète de pause. Après tout, cela faisait depuis ce matin qu’il n’arrivait à rien et ce n’était pas ça qui allait changer quelque chose.

Son sandwich avalé et une choppe de Bièraubeurre bien chaude devant lui, il voulu à nouveau se remettre à son travail.

« If there's anything that you want,
If there's anything i can do,
Just call on me and i'll send it along
With love from me to you.”

C’était autour des Beatles d’avoir prit le contrôle de son esprit. Sans s’en rendre vraiment compte, Cad’ avait commencé à fredonner la chanson, de son agréable voix de ténor. Deux doigts frappaient la mesure sur la table, il avait allongé les jambes et il souriait, les yeux dans le vague. Il était inutile de préciser ce qui occupait ses pensées à cet instant précis. Lorsqu’un homme amoureux chante une chanson d’amour, il n’y a qu’une seule chose à laquelle il peut penser…

« I've got everything that you want,
Like a heart that is oh, so true.
Just call on me and i'll send it along
With love from me to you.”

Son parchemin vierge de semblait plus du tout l’inquiéter et c’était comme si une éclaircie venait d’apparaitre entre les gouttes, juste pour lui. En fait, il était tellement dans son monde qu’il ne vit même pas une jeune élève de Poudlard s’approcher de sa table.

“I got arms that long to hold you
And keep you by my side.... “

Invité

Lena avait quitté son cours de potion pas très fière d'elle. C'était bien la première fois qu'elle s'autorisait à écrire de telles âneries sur sa copie, mais au moins, ça avait eu le mérite de lui changer les idées. Il le fallait, sinon elle irait droit dans le mur.
Virvoltant entre les couloirs du chateau, elle se dirigea vers un des passages vers pré-au-lard, non sans avoir vérifié qu'on ne la suivait pas. Elle avait juste fait un arrêt dans sa salle commune, pour y chercher une vieille cape qu'elle avait toujours rêvé de mettre, mais elle n'en avait jamais eu le courage. Il était temps maintenant. Elle pouvait le faire. Farfouillant dans sa malette, elle y retrouva tout au fond et extrêmement bien pliée la cape de sa mère. Sa cape de mangemort. Bon ok, quiconque l'aurait vu aurait trouvé ça bien morbide, mis à part la grande majorité des Serpentard, peu d'élèves connaissaient son histoire, sauf le fait qu'elle n'avait jamais connue sa mère, morte à son accouchement. Elle n'avait pas révélé qu'elle avait autrefois été une mangemort, ni qu'elle avait été un magnifique animagus: un corbeau noir de jais.

Elle prit donc la cape qu'elle roula en boule dans son sac avant de ressortir dans les couloirs. Elle connaissait le chemin par coeur, et il ne lui fallut que quelques instants pour se retrouver, à moitié accroupie vers un des chemins pour pré-au-lard. La jeune poufsouffle avait prit le premier qu'il lui été passé par la tête, et quand elle ressortie dehors, le froid lui avait coupé le souffle. La pluie s'était acharnée sur elle et en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, elle était déja trempée de la tête au pied. Pour l'organisation, on repassera. Leen sortit quand même la cape de son sac et l'enfila, en mettant la capuche. En passant devant une vitre, elle s'observa quelques instants. Quiconque la regardait ainsi ne pouvait dire qui elle était. Tant mieux, elle n'avait aucune envie de donner une excuse de sa non présence en cours. Vêtue ainsi, personne n'irait lui chercher des noises. Elle faisait quelque chose qu'elle n'aurait pu jamais donner en temps normal: elle faisait peur
.
Bon, c'était surtout la capuche qui pouvait donner cet air là, mais dès qu'elle l'enlevait, forcement, l'allure n'était plus la même. Mais elle se sentit incroyablement protégée sous cet habit, aussi, elle se balada dans les quelques rues qu'elle n'aurait jamais osé approcher en temps normal. Elle passa devant l'île lettrée, mais lorsqu'elle en poussa la porte...et bien celle çi ne s'ouvrit pas. Bizarre. Elle regarda l'heure. Il allait être dans les midi. Erf normal alors. Pause déjeuner. Elle se rendit alors compte qu'il avait été idiot pour elle de sortir à cette heure, la plupart des magasins étaient fermés. Elle soupira et rejoignit l'allée principale. Que faire par un temps pareil? La pluie tambourinait sa capuche et le vent n'aidait pas à voir où elle allait. De ce fait, elle entra dans le premier bar qu'elle trouva d'ouvert, sans en voir l'enseigne. Elle se défit alors de sa capuche et regarda autour d'elle. Les Trois Balais. Super. Dans le genre "je fais une virée incognito à Pré-au-lard" c'était raté. Elle avait passé beaucoup de ses 7 dernières années dans ce pub, aussi elle y avait ses habitudes. Elle hésita quelques instants à faire demi tour et trouver un autre endroit, mais le simple souvenir de la pluie martelant son visage eut raison d'elle. Tanpis, elle resterai içi.

Elle s'approcha du comptoir et attendit que le patron se retourne vers elle. Lorsqu'il la remarqua, il eut un froncement de sourcil. Il la regarda d'un oeil mauvais, assez longtemps pour pouvoir la mettre mal à l'aise. Mais Lena tint bon et lui rendit son regard. Il n'avait pas à poser de question, elle était cliente. Peu importe qu'elle se soit échappée du gouroux d'Ombrage pour venir trouver une once de tranquilité, il n'avait rien à dire sur son choix. Aussi, après un reniflement de nez hautain, il lui demanda:

"-Que voulez vous?"

Sa question relevait plus d'une curiosité mal placée qu'une demande de commande, aussi, elle répondit sans relever la remarque:

"-Une bièraubeurre"

Le patron grogna et se retourna pour lui préparer commande. Elle sortit de sa bourse l'argent nécessaire, puis, après avoir prit la choppe de bièraubeurre, elle regarda autour d'elle, trouver un endroit tranquille, le plus loin possible du patron qui la mitraillait des yeux derrière son dos. Elle fit quelques pas et regarda attentivement chaque personne présente. Personne qu'elle ne connaissait, ouf.

Mais soudain son regard vrilla vers une table où la personne assise chantonnait dans sa barbe. Elle crut d'abord à un ivrogne (ha ha), mais les paroles et l'air donnaient un ensemble bien concis. Elle s'approcha tout doucement, tourna légèrement la tête sur le côté et observa la personne.

Dans un éclair de lucidité, elle reconnut de suite l'homme assis à quelques mètres d'elle, qui semblait-il, ne faisait pas du tout attention à ce qui l'entourait. Elle failli faire demi-tour, retourner sur ses pas tant qu'il ne l'avait pas vu mais elle se résonna et de toute façon, au point où elle en était, une personne de plus ou de moins à savoir qu'elle n'était pas en cours n'allait pas changer grand chose. Aussi elle s'approcha, un léger sourire aux lèvres. Autant s'amuser un peu. Elle arriva doucement, très doucement à sa table. Sa main toucha le rebord de la table et le libraire semblait toujours autant dans ses pensées. Elle s'amusa presque de voir sa main taper en rythme sur le bois de la table, mais elle allait vite le renvoyer à la réalité.

D'un geste vif, elle en cogna presque sa choppe contre la table, si bien que quelques gouttes de la précieuse boisson vinrent éclabousser celle çi. Sans laisser à Cadfael le temps de reprendre ses esprits, elle lui demanda, en désignant la chaise face à lui:

"-Je peux?"

Elle ne prit même pas la peine d'attendre sa réponse. Il devait être trop sonné et elle aurait pu attendre dix bonnes minutes debout avant d'avoir la permission. Elle s'asseya face à lui, un léger sourire s'étala sur son visage, bien contente de l'avoir prit au dépourvu.

"Et bien, voila longtemps que je ne vous avez pas vu! D'ailleurs, merci pour le livre, vous avez fait du bon travail, je sais que ça fait longtemps, mais je tenais quand même à vous remercier une deuxième fois"

Et voila, la couverture était faite. Donner une réponse de sa présence içi sans avoir eu la question permettait de ne pas se faire questionner dessus. Mais elle savait le libraire plus malin qu'elle...

Invité

Tout perdu qu’il était dans ses pensées, Cad’ gardait toujours un œil vigilant et une oreille qui traînait. Après tout sa mission principale consistait à avoir une idée précise de ce que pensait l’opinion et il n’y avait rien de mieux pour ça que de s’asseoir dans un bar et d’écouter. Chose qu’il pouvait coupler avec d’autre passe-temps comme la lecture, l’écriture de rapports et/ou de lois, la traduction de grimoire et le Lord savait quoi. Anyway. Coupler les missions était devenu le seul moyen qu’il avait de tout faire. Sans retourneur de temps, les journées n’avaient malheureusement que 24h et il fallait en ôter au moins six de sommeil si l’on voulait être efficace.

Aussi, si son sourire ne bougea pas, si ses yeux restèrent dans le vague, ses oreilles entendirent la rumeur qui s’installa soudainement dans le salon. Une aura de peur qu’il connaissait bien mais teintée d’un mépris curieux. Quel mangemort osait ainsi se présenter non dissimulé sur son territoire à lui ? Et pourquoi ce mépris ? Il était bien rare qu’un de ses collègues soit assez connu pour se faire mépriser sans causer la panique. Surtout ne pas changer de comportement, continuer à avoir l’air perdu dans ses pensées…

« I got lips that long to kiss you
And keep you satisfied, oooh.”

Il tourna discrètement les yeux du côté du bar et la vit. Tout d’abord, une cape noire au profond capuchon dont il connaissait bien la coupe. Il avait la même. Ensuite de longs cheveux de femmes qui n’étaient assurément pas les tignasses de Bellatrix ou de Carrow, et une silhouette qu’il lui semblait connaître même s’il n’arrivait pas à mettre un nom dessus pour le moment. Une chose était sure en tout cas, ce n’était pas une mangemorte. Il devait donc faire attention à ne pas se dévoiler devant elle, même si elle en arborait l’uniforme. Les fous du Directeur avaient-ils à présent recours à de telles ruses pour s’infiltrer parmi eux ? Non, ils n’étaient sûrement pas aussi stupides.

« If there's anything that you want,
If there's anything i can do,
Just call on me and i'll send it along
With love from me to you.”

Les yeux de Cad’ avaient rapidement retrouvés leur air vide et absent mais ses oreilles restaient grandes ouvertes. Les commentaires allaient bon train mais restait prudent. La fille paraissait très jeune mais personne ne se sentait le courage de parier sa vie sur son innocence. Tous faisaient comme lui au fond. Ignorer superbement la jeune femme tout en essayant secrètement de se faire une idée sur ses motivations. Tous sauf le patron évidemment qui la fusillait du regard. Amusant à noter. Il faudrait se méfier de l’ami de Mme Rosemerta.

« From me, to you.
Just call on me and i'll send it along
With love from me to you.”

Le libraire était tellement perdu dans sa chanson et dans la rumeur de la pièce qu’il en avait oublié de suivre la jeune femme des yeux (parce qu’il supposait qu’elle était jeune, enfin c’était ce que les bruits semblaient laisser entendre). Lena aurait donc pu repartir incognito mais en décida autrement.

I got arms that long to hold you
And keep you by my side.
I got lips that long to kiss you
And keep you satis...”

“Je peux ?”

La voix était toute proche et résolument connue. Surprit, le mangemort tourna la tête et oublia de chanter. Sans répondre (il n’en eut pas le temps de toute façon), Cad’ se redressa, replia ses jambes et fit un simple geste de la main. Il ne tarda pas à reconnaître son invitée en la personne de Lena Seven. Elle était venue mi-octobre lui donner un livre à réparer. Une vraie beauté le livre mais plus tâché d’encre qu’un poulpe de mauvaise humeur. Il avait passé de longues heures à rattraper cette négligence mais le résultat en valait la chandelle et sa cliente avait visiblement été enchantée.

"Et bien, voila longtemps que je ne vous avez pas vu! D'ailleurs, merci pour le livre, vous avez fait du bon travail, je sais que ça fait longtemps, mais je tenais quand même à vous remercier une deuxième fois"

Il accueillit le compliment avec un sourire amusé et un signe de tête.

« Je vous en prie, ce n’était pas grand-chose, Miss Seven. Vous allez bien j’espère ?»

Il essuya les gouttes de bièraubeurre sur le bois et examina plus attentivement la cape que portait son invitée. Il n’y avait vraiment pas à se tromper, il s’agissait bien d’une cape de mangemort. Et pas de très bonne qualité. Seulement comment Lena avait pu se la procurer restait mystérieux. Et Cad’ n’était pas du genre à laisser un mystère sans réponses.

« Ce n’est pas un vêtement banal que vous avez là » fit-il finalement, après quelques secondes pour réfléchir à la meilleure façon de présenter les choses et en lui désignant sa cape de la main. Il lui sourit, prit une gorgée de sa boisson chaude et sucrée puis continua. « Mais je suppose que vous le savez et que vous n’êtes pas venue pour qu’on vous fasse la morale. »

Un nouveau sourire, celui du Gryffondor qui sait parfaitement qu’il y a un danger et qui décide en toute connaissance de cause de ne pas changer son attitude d’un iota par rapport à lui. Encore une fois il n’avait rien dit qu’il ne pensa pas vraiment, mais l’exercice devenait difficile.

« Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Il avait reprit, presque inconsciemment, les premiers vers de la chanson et les Beatles recommencèrent à chanter dans sa tête. Mais cette fois il était hors de question de se laisser emporter par la musique. Il avait une petite enquête à mener.

Invité

Lena observa attentivement le libraire. Il semblait serein. Semblait seulement. Contrairement aux autres personnes assises dans le bar, il n'avait pas sourcillé - au grand damn de la Poufsouffle - quand elle s'était auto-invitée à sa table. Il était d'un calme olympien alors que la situation n'était pas anodine. Elle examina brièvement les autres clients, mais dès qu'elle les fixa un peu trop longtemps dans les yeux, ceux çi se dérobèrent, gênés, voire effrayés. Elle ne comprit pas de prime abord, puis se souvint qu'elle portait effectivement un certain type de cape, qui accentua sa confiance en elle. Seulement, l'homme qu'elle avait en face d'elle n'avait pas changé un poil d'attitude en la voyant arriver, ni pendant qu'elle s'était assise, et ni à ce moment là où pas mal de pensées allaient et venaient dans sa tête. Il était paisible et la fixait des yeux. Il était trop paisible.

Mais cela n'inquieta pas Leen qui chassa ses nombreuses idées sur la question d'un coup de vent. Pas besoin de se faire des films sur le pourquoi du comment. Elle était venue à Pré-au-Lard pour se détendre pas pour résoudre des énigmes sans queue ni tête. Et puis, elle l'avait déja rencontré et il avait été bien aimable de ne pas lui faire payer sa demande - même si le vrai fauteur de trouble était son neveu, mais ça...

« Je vous en prie, ce n’était pas grand-chose, Miss Seven. Vous allez bien j’espère ?»
Lena sourit, et répondit brièvement un <<ça va>> du coin des lèvres, plus par politesse que pour réellement y répondre. Le "ça va" était d'office une manière de ne pas s'exposer. Répondre "non" l'aurait menée droit vers un tas d'explications pas du tout intéressantes. Et elle n'avait pas forcément envie de parler à tord et à travers, et d'avoir l'air d'une idiote qui avait besoin de vider son sac à un inconnu.

Seulement, l'inconnu en question en avait délibérement décidé autrement;

« Ce n’est pas un vêtement banal que vous avez là »

Lena releva la tête, et regarda le libraire prendre une gorgée de bièraubeurre comme si de rien n'était. Son attitude aurait été la même s'il lui avait lancé << un temps de chien, hein? >>. Il savait très bien que sa remarque n'était pas anodine, d'ailleurs il tint à continuer sur sa lancée.

« Mais je suppose que vous le savez et que vous n’êtes pas venue pour qu’on vous fasse la morale. »

Façon très simple de faire croire que l'idée d'en parler viendrait d'elle, et que "faire une remarque mais se rattraper après par: je suis désolé, ce ne sont pas mes oignons" donnait souvent envie d'excuser la personne et de se lancer dans le bain. Lena connaissait bien la technique, elle l'avait très souvent utilisé. Faire croire à la personne qu'elle est presque fautive de ne pas en parler. Tellement facile! Tellement petit aussi venant d'une personne telle que Cadfael. Etrange. Ses questions revinrent occuper son esprit pendant quelques instants. Mais pourqquoi, au grand dieu, pourquoi avait-elle l'impression que tout dans son attitude lui semblait factice? Ce n'était qu'un libraire, bon sang! Alors pourquoi ces préocupations quant-à son interlocuteur?

« Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Elle se rendit compte qu'elle était en train de fixer le bois de la table, et se secoua, pour ensuite regarder le libraire en affichant un sourire. Il lui souriait de ses belles dents blanches. Elle fit de même. Elle prit ainsi une gorgée de sa boisson qu'elle n'avait d'ailleurs pas encore commencé et resta quelques instants à le fixer cherchant la plus simple des réponses. Mais celle çi vint d'elle même, puisqu'elle était réelle.

<< Pas vraiment. Je me suis juste échappée pour avoir un peu la paix. Je viens de rendre un devoir de potion pitoyable alors que ce n'est pas du tout mon genre. Rien ne vaut une bièraubeurre pour oublier tous ces malheurs, hein? >>

Elle leva de ce fait sa chope, avec un air de "à la vôtre!" et prit une autre gorgée qui lui réchauffa la gorge.

<< Je vous ai aperçu alors je suis venue m'incruster. Vous me faisiez presque de la peine de chanter tel un ivrogne >>

Son sourire s'élargissait alors qu'elle s'expliquait. Mais ses pensées revinrent vers sa première remarque et il fallait qu'elle trouve le plan B pour échapper à ce genre de conversation, trouver la petite faille dans son plan de si parfait petit curieux.

<< ...Ce vêtement comme vous dites ne vous concerne en rien... >>

Son regard vrilla une nouvelle fois sur lui, et c'est là qu'elle décela la faille. Trop de sourire tue le sourire. Il n'avait pas arrêté depuis qu'elle était arrivée. Comme pour la mettre à l'aise et peut-être l'aider à parler. Il n'avait pas été aussi chaleureux avec elle lors de leur dernière rencontre (bon d'accord, peut-être que le livre à moitié détruit en avait été la cause, mais il n'empêche). Aussi c'est avec une lueur de défi et un large sourire qu'elle ajouta, l'air de rien:

<< Mais si vous voulez, on peut faire le concours de qui a le sourire le plus factice? Qu'en dites vous? ... >>

<< ...Quoique je suis sûre que vous gagneriez la palme, il n'y a pas plus hypocrite que vous en ce moment, n'ais je pas raison? >>

Invité

S’il y avait quelque chose d’amusant chez les adolescents, c’était bien ce besoin de prouver leur existence en essayant d’énerver leur entourage. La recherche presque désespérée des limites de l’autre, presque comme un besoin d’autorité. Cad’ avait longtemps pensé que ce n’était qu’un on-dit, une généralisation excessive en quelque sorte (car il n’avait bien évidemment pas été comme ça à l’époque… ou presque pas), mais il devait bien s’avouer que le schémas se répétait beaucoup. Il suffisait de se rappeler de Jake Cleaver quelques semaines plus tôt ou bien d’Azéline Evans l’été dernier. Certains, comme le Gamin le faisaient avec humour, d’autre avec agressivité, mais le résultat était toujours le même. Visiblement, Lena traversait également ce genre de passe. Ce n’était pas vraiment de sa faute, finalement, et, de toute façon, il était d’humeur trop rêveuse pour s’énerver sur quelque chose d’aussi idiot.

La jeune femme finit tout de même pour lever ses yeux de la table et lui sourire avant de lui lancer, tout sucre, tout miel, un certain nombre d’insultes sous entendues sur ses habitudes et sa bonne humeur. Son sourire s’agrandit. En bon Gryffondor, le libraire mettait un point d’honneur à ne pas réagir à la provocation. Il leva son verre.

« La bièraubeurre n’aurait pas été mon premier choix dans cette optique mais pourquoi pas. »

Il but une nouvelle gorgée, pensant avec humour qu’il n’y avait bien que les non buveurs pour penser se saouler avec quelque chose d’aussi léger. Pour autant qu’il le sache, il n’y avait pas assez d’alcool dans cette boisson pour faire oublier quoique ce soit. Il préférait le Whisky pour cela. Enfin, il aurait préféré. Cet épisode de sa vie était fini et bien fini, quoiqu’en puisse en dire les demoiselles et leurs chansons d’ivrognes. Son visage se fit un peu plus sérieux, bien qu’il sourie toujours et il reprit, plus ou moins décidé à lever tout malentendu.

« En fait, si, il me concerne un peu. D’abord parce que des rapports de présence de mangemort ne sont pas excellentes pour les affaires, ensuite parce qu’en vous asseyant à ma table, vous m’associez à ce symbole. »

Nouveau sourire.

« Je ne sais pas trop ce à quoi vous vous attendiez en le portant mais je vous conseille fortement de ne plus le refaire. Certains mangemorts pourraient le prendre mal – et n’oubliez pas que beaucoup d’entre eux ce sont échappés d’Azkaban dernièrement, et certains aurors pourraient quand à eux, décider de ne pas voir plus loin que ledit symbole. »

Il haussa les épaules, toujours tranquille et souriant (il n’avait vraiment pas envie de se fâcher, surtout qu’il commençait à avoir un début d’idée de loi que venait de lui souffler Lena et que ça arrangeait bien ses affaires. Quelle importance pour lui finalement qu’une adolescente fasse des bêtises, tant qu’il pouvait arriver à en gérer les conséquences. Après cela ferait un surcroît de travail mais il n’était plus à ça près.

« Et vous avez tort. Je souris pour la même raison que je chantais. Simplement parce que je suis de bonne humeur. Et aussi parce que votre attitude m’amuse. Rater un devoir de potion vaut-il vraiment la peine de mettre sa vie en danger ? »

Une nouvelle gorgée de bièraubeurre au goût un peu trop sucré. A tous les coups elle allait croire qu’il la menace, vu son étrange état d’esprit. Mais il s’en fichait, au fond. Il n’était qu’un libraire, peut-être un peu moins bête que les moutons qui les entouraient. Ou peut-être plus fou. Difficile de savoir. Santé.

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