Ses vêtements sombres se gorgeant un peu plus d'eau à chaque minute, le sorcier patientait pourtant dans le plus grand silence, ne montrant aucun signe d'impatience ou de gêne face au soudain regard que lui lançait l'individu. L'impassabilité dont ce dernier faisait preuve l'impressionnait bien que, malgré ce prime constat, il demeurait là, guettant ce que cette femme -puisqu'il devenait évident qu'elle en soit une- allait faire.
Tout semblait immuable, rythmé uniquement par la douce mélopée incertaine de la pluie tombant sur l'Allée des Embrumes.

Il lui était déjà bien souvent arrivé de croiser des personnages étranges, dont l'aura dégagé avait quelque chose d'impressionnant, sans aller jusqu'à l'intimider. Mais jamais encore cela l'avait poussé à... perdre son temps, ainsi immobile en plein milieu de cette allée plongée dans l'ombre de nuages menaçant de déverser une colère difficilement contenu jusque là. Cette personne l'intriguait, il fallait l'avouer. Et c'était loin d'être bon signe. Aussi loin que ses souvenirs remontaient, son intérêt ne s'était porté que sur un seul être humain et il en avait eut pour son compte.

Ses cheveux blancs et fins se lissaient au fur et à mesure que les gouttelettes s'introduisaient sous son capuchon et sur son visage lassé, l’on pouvait dès à présent voir une forte et intense concentration, à peine troublée par les la pluie humidifiant son visage. Qui était-ce ? Ce qui n'était alors qu'une ombre accéléra sa marche, faisant résonner en ce lieu dont l'atmosphère semblait figer son pas fort et régulier, presque militaire. La cape de la jeune femme ondulait autour d'elle au gré du vent, lui donnant un air fantomatique. La faible lumière du réverbère vint faire briller les gouttes de pluie qui s'agglutinaient sur sa cape, déversant sur cette dernière une couleur jaune orangée et... éclaira de fines mèches éparses et blondes, presque blanches qui s'échappaient furtivement de son capuchon.

Margera ferma les yeux. Sa respiration s'accéléra en même temps que les battements de son coeur qui, au passage, en loupa plusieurs. Avant même qu'il ne puisse rouvrir les yeux pour chercher ceux de l'individu, un hoquet de stupeur resta bloquer dans son gosier lorsque son capuchon bascula en arrière, laissant la pluie fouetter son visage. Une habitude qu'on lui avait fait prendre de force le poussa à saisir sa baguette logé à l'intérieur de sa cape, mais aucun autre mouvement ne se fit. Les dents et le poing serré autour de cette arme, son coeur ralentit peu à peu l'allure. Il se laissait beaucoup trop surprendre...

Ces boucles ne signifiaient rien.
Mais l'arrogance de cette femme était de trop.

" N'approche pas plus près... "

Tête droite, cheveux trempés ondulant dans le vent calme, le bandeau rendu lourdement désagréable et les vêtements gorgés d’eau, celui qui s’appelait Margera n’offrit, à ce moment, rien de plus qu’un regard et un silence.

Sans réfléchir aux conséquences.

Et lorsque Sarah vit le visage de l’inconnu, la forme devant elle semblait un peu plus réelle et moins étrangère qu’elle ne l’aurait voulu. L’instant d’une seconde, le regard de Sarah vacilla sous le regard du jeune homme … un regard aussi dur et vide que la première fois qu’elle l’avait vu. Et cette pluie qui ne faisait qu’alourdir ses mèches blanches retombant sur un front lisse. Et ses quelques longues mèches qui elles, retombaient sur un bandeau blanc acre désormais aussi mouillé que le reste de ses vêtements. Un visage avec des traits soulignés … beaucoup plus souligné et un regard … un regard … illisible. Tout comme avant.
Sarah ne s’y attarda pas trop ... tant et si bien qu’elle retira sa main du morceau de tissu … plus ou moins rapidement. Haussant les sourcils, elle osa même faire un pas de coté. Ni en arrière, ni en avant. Juste de coté.
Elle se rendit alors compte que ses poumons semblaient hurler de terreur et elle inspira un long moment avant de rétablir ses neurones. Non pas ses battements de cœur. Elle ne savait plus comment on faisait.
Il parla alors … lui disant de ne plus s’approcher de plus près. Elle n’en avait pas l’intention. Et apparemment, il ne l’avait pas reconnut … soit, c’était involontaire, soit il jouait agréablement bien le jeu. Après tout, cela faisait plus de 10 ans. Sarah commença alors à tourner autour de lui en forme de cercle, comme si elle respectait sa condition. Tout en lui tournant autour, elle lui faisait voir l’effet de la bête dans la cage. Traquée.
Elle l’avait cherché quelques années auparavant. Elle l’avait enfin sous les yeux. Et c’était loin de lui faire des papillons au ventre. Les chaussures de Sarah tapèrent alors contre les pavés de la rue pendant qu’elle revenait à présent face au jeune homme.
Sa voix … et sa voix.
Il semblait qu’elle résonnait encore dans ses oreilles … mêlée à celle de la pluie dans cette ruelle quasi déserte, très soudainement. Une voix qui semblait avoir un timbre beaucoup plus fort mais beaucoup plus platonique … sévère et douce. Le passé se mêle … le présent est compromis. Le futur encore plus. La jeune blonde se demandait alors si elle devait parler … rien que pour tester la mémoire infaillible

Standford murmura-t-elle sans qu’on puisse y déceler un ton spécial.

Son prénom … non, elle ne le prononçait jamais. Pas depuis Poudlard. Et cela n’allait sûrement pas recommencer. Son regard … encore son regard. Au point que Sarah se demandait pourquoi ce soudain changement …en même temps ... 10 ans avaient passés. Il aurait pu s’écouler beaucoup d’eau sous les ponts. Ou beaucoup de sang. Peut-être que Standford redevenait l’esprit solitaire, calculateur et éternellement froid … ou muait-il dans un esprit beaucoup plus volatile et intouchable.
Sarah se gifla alors mentalement … elle osait ne penser qu’à lui … Mais pourquoi revenait-il alors qu’elle avait réussit à l’oublier ? Avait-elle vraiment réussit finalement ? Les mains dans les poches, elle planta ses ongles dans la paume de ses mains avant de reculer à une distance optimale, évitant au jeune homme de pouvoir avancer soudainement pour lui faire enlever aussi sa capuche.

Vous ne devriez pas être là.

A haute voix, elle venait de lui parler. Peut-être que sa voix avait changée depuis ses 17 ans … mais il semblait aux yeux des autres qu’elle avait toujours garder son accent finnois sur certaines voyelles et consonnes.
Une phrase … qui lui indiquait poliment qu’il devrait rentrer sans broncher, sans se retourner. Sans la revoir. Mais elle se doutait bien qu’il n’allait pas l’entendre de cette façon … elle recula alors … pour passer à nouveau sous le réverbère qui l’éclaira à nouveau.
Sauf qu’elle y resta beaucoup plus longtemps. Et ses boucles sortant de sa capuche semblaient beaucoup plus illuminées … tandis que le reste de son visage sombrait dans le noir. Elle reculait … comme si elle refusait d’une certaine manière qu’il revienne à nouveau. Qu’il revienne à nouveau embraser son milieu. Il ne devrait pas être là.
Il aurait du … partir dans ce souvenir … Elle fut heureuse de savoir qu’il ne voyait pas l’état de ses iris à ce moment là.