(HJ : Comme tu as dit qu'Andréas pouvait facilement se laisser berner dans ta fiche, je me suis permis une petite (grosse) liberté. Envoie-moi un mp si ça te gêne)

Qu'est-ce qui pouvait bien pousser Rita Skeeter à pointer son nez ailleurs que dans les affaires des autres ? La réponse n'en était que bassement superficielle : une affaire encore plus croustillante. La veille au soir, aux alentours des dix-huit heures, un hibou express lui était parvenu en catastrophe. Rita, à ce moment-là affairée aux recoins d'une quelconque réputation, s'en était vu iriritée.Par principe, le volatile avait dû patienter jusqu'à la signature de son article pour enfin se voir délesté de son fardeau. Un dépliage rapide l'informa d'une nouvelle plutôt motivante : son "informateur" était porteur d'un peu de jus du quotidien de Poudlard. De quoi susciter de toutes nouvelles interrogations, soulever des débats et créer de petits scandales joliment rémunérés. Tremper sa plume dans l'encre, griffoner une réponse rapide et fixer un rendez-vous à la hâte. Le nocturne battit des ailes et s'enfonça dans la nuit, petite tache sombre contre le crépuscule. Rita l'avait regardé disparaître au loin, un sourire satisfait au coin des lèvres, puis s'était remise à plancher sur ses ouvrages. Stimulée comme elle était, elle s'avéra bien plus productive qu'à son habitude. Comme quoi l'humeur influait grandement la productivité...

Et d'humeur, elle n'en manqua point le lendemain matin. Enserrée dans de gracieuses étoffes pourpres, elle déambulait dans les rues de Pré-au-Lard, laissant son regard dériver sur les vitrines, comme une acheteuse indécise. Infilter Poudlard était devenu de plus en plus ardu au fil des années. Certes, ses capacités d'Animagus lui avaient permis bien des indiscrétions, mais depuis le déplorable incident de juin dernier, elle n'osait s'y représenter en personne. Comme à chaque fois qu'elle déterrait ce souvenir, une bouffée haineuse l'étouffa, strangulant le nom d'Hermione Granger. En règle générale, Rita n'accordait guère d'importance aux menaces estudiantines mais ladite Granger déviait des habitudes par son arrogance et sa franchise. Elle dénoncerait Rita sans la moindre once de remord, cela ne faisait aucun doute. Pour palier à ce handicap permanent, la journaliste s'était vue contrainte de fouiller dans son arbre généalogique. En remontant les différentes lignées du doigt, elle identifia un arrière petit cousin par alliance, Andréas, qui avait investi la maison de Poufsouffle. Malheureusement, il pourrissait dans un orphelinat. Nul besoin d'attendre plus longtemps : au tout début du mois de Juillet, l'ophelinat voyait débarquer Rita Skeeter des cadeaux pleins les bras et des "Mon chère petit ! Je ne t'aurais jamais laissé ici tout seul, hum ? " sur les lèvres. Une personne sensée y aurait immédiatement vu de la corruption, Rita n'y vit qu'une gentillesse intéressée. A force de compliments, de Gallions gentiment glissés dans la poche et d'un humour cynique, Rita s'était approprié la confiance d'Andréas. Petit à petit, elle lui avait glissé à l'oreille les quelques barrières dressées par Hermione Granger, son souhait intense de récolter la vérité à son sens le plus cru, le contentement dont elle ferait preuve si un charmant petit élève acceptait de tenir le rôle d'informateur... A force d'injonctions implicites, Andréas s'était bien naturellement proposé, sur quoi elle l'avait serré entre ses bras cupides sur un "Oh ! Chéri ! Je n'osais te le demander !" des plus efficaces.

Résultat : depuis plusieurs mois, des rendez-vous à Pré-au-Lard étaient régulièrement fixés, selon les sorties proposées par Poudlard. Et là, Rita recueillait, remaniait et publiait. Miss Bégueule pouvait bien s'insurger, de toute manière elle signait sous un pseudonyme. Bifurquant sur sa droite, la journaliste ignora la façade des Trois Balais. Il s'agissait là d'un endroit bien trop peuplé et où Andréas risquerait très fortement d'être démasqué. Or, elle n'y tenait absolument pas. C'est donc chez Madame Pieddodu qu'elle dirigea ses pas. Les quelques élèves pouvant s'y risquer seraient bien trop occupé à scruter les amygdales d'autrui qu'aux conversations des tables voisines. L'endroit, comme à son habitude, débordait de frous-frous roses de mauvais goût. Noyée dans ses vêtements vineux, Rita passa plus ou moins inaperçue, fondue qu'elle était dans ce décors infâme. Elle commanda une viennoiserie ainsi qu'un thé à la menthe, prit place, lissa un parchemin sur sa table, posa sa plume en Papote en équilibre et attendit. Andréas était rarement en retard, ses informations n'étaient jamais futiles ; il s'agissait là d'une alliance qu'elle ne devait pas regretter.

Les élèves de Poudlard venaient d'être avertis qu'une sortie à Pré-au-Lard allait leur être proposée le lendemain, l'occasion pour ces derniers de se détendre dans les rues joyeuses de ce petit village sorcier ou, en ce qui concernait Andreas, de revoir quelques personnes. Le jeune homme se rendit donc immédiatement à la volière, griffonna quelques mots sur un parchemin ancien qui trainait dans le fond de sa poche et confia cette lettre de fortune au hibou de l'un de ses amis, animal que ce dernier avait si gentiment accepté de lui prêter régulièrement lorsque le Poufsouffle le lui avait demandé. Le jeune homme regarda le volatile s'enfoncer dans la nuit et l'imagina taper au carreaux de sa destinataire qui, à l'heure qu'il était, devait encore travailler ardemment. Que voulez-vous, certaines personnes ont des obligations vis à vis de l'information pure et sûre et Rita Skeeter faisait partie de ses personnes qui étaient prêtes à tout pour que la vérité ne soit inconnue de personne, même si pour cela elle devait travailler des heures entières durant. L'admirer ? Peut-être pas, de toute façon le Poufsouffle ne lisait jamais ses articles mais ses petits camarades les lui résumaient parfois. Non, il éprouvait tout simplement beaucoup de reconnaissance à l'égard de cette cousine très éloignée.

Quelle n'avait pas été la surprise d'Andreas lorsque, vers le début du mois de juillet dernier, il avait vu débarquer une sorcière à l'orphelinat ! Sorcière qui plus est prétendait être de la même famille que lui ! Selon ses dires, le jeune homme aurait été un de ses arrières petits cousins par alliance, un lien éloigné les unissait donc tous les deux. Le jeune homme avait d'abord cru à une bien mauvaise farce mais n'avait pu résister bien longtemps à la gentillesse débordante de cette bonne femme qui s'en voulait presque de l'avoir laisser ici sans nouvelles. Personne ne s'était jamais autant soucié du jeune homme que cette dénommée Rita qui ne se montrait pas avare en présents tous plus coûteux les uns que les autres. Andreas avait donc fini par lui accorder son entière confiance. Rita était revenue plusieurs fois au cours de l'été et elle lui avait mentionné ses difficultés à parler de ce qui se passait à Poudlard. Elle était d'avis que les parents des élèves étaient en droit de connaître les dernières nouvelles concernant leurs chers enfants et qu'il était presque inhumain d'empêcher un tel acte d'information qui n'était que maternel. Elle avait convaincu le Poufsouffle qu'elle avait grand besoin d'une aide intérieure car, ces derniers temps, il lui était devenu impossible de savoir quoi que ce soit sur ce qui se passait à l'école. Andreas était de ceux qui aimaient rendre service et qui considéraient qu'ils avaient une dette envers ceux qui se montraient généreux envers eux. Un prêté pour un rendu comme le disent les moldus. Reconnaissant l'injustice à laquelle la journaliste était soumise, il lui avait gentiment proposé de devenir son " informateur ", de lui révéler quelques petits potins de temps en temps tout au moins. Son visage s'était alors illuminé et le jeune homme avait compris qu'elle trouvait cela gentil de sa part et que son aide lui serait précieuse, voire la seule sur qui elle pourrait compter. Dès la rentrée, Andreas avait revu Rita à chacune de ses sorties à Pré-au-Lard mais il se cachait bien d'en parler à qui que ce soit car, à Poudlard, la journaliste n'était pas très appréciée de la grande majorité des élèves. Ce serait donc en secret qu'il irait la voir le lendemain.

Le lendemain, alors que tous les élèves autorisés se promenaient dans les rues froides de Pré-au-Lard, le jeune homme marcha seul et tranquillement vers leur lieu de rendez-vous habituel. De temps à autre, il croisait l'un de ses amis et devait se justifier du fait qu'il ne puisse le rejoindre immédiatement à l'auberge des Trois Balais. Il aurait en effet été très ravi de revoir cette charmante Madame Rosmerta mais il avait d'abord à faire. L'ami repartait donc avec l'espoir futile que le jeune homme le rejoindrait vite. Le Poufsouffle regardait partout autour de lui, toujours émerveillé par cette magie omniprésente au sein de ce petit village sorcier. Il arriva bientôt en vue de l'auberge de rendez-vous, celle de Madame Pieddodu. À vrai dire, Andreas détestait cet endroit dont il trouvait la décoration d'un mauvais goût. Chaque fois qu'il s'y rendait, des dizaines de couples se regardaient dans le blanc des yeux en s'avouant leur amour de la façon la plus " gniant gniant " qui soit, c'était dégoutant. Le jeune homme ne mit pas beaucoup de temps à repérer la table de sa correspondante, cette dernière étant l'unique personne dans cette auberge à être seule. Si tel n'avait pas été le cas, Andreas ne l'aurait peut-être jamais vus du fait de sa tenue qui était en parfait accord avec la décoration du lieu. L'élève s'approcha de la table de sa cousine et ne pu que répondre au sourire qu'elle lui fit.

« Me voilà ! » lui dit-il d'un air enjoué.

Cela faisait longtemps que la journaliste n’avait plus mis les pieds dans ce pub. Des mois, à vrai dire. Le scandale qu’elle était parvenue à faire éclater sur Madame Rosmerta lui avait interdit toute entrée. Elle en avait ri, Rita, sur le coup de l’annonce. Condamner une porte ! Comme si obstacle aussi matériel pouvait bien freiner ses infiltrations. Elle en avait éclaté de rire tellement longtemps que sa gorge fut rauque pour le reste de la journée. Pauvre tavernière. Au moindre nuage sombre dans son ciel, elle entamait les grands remèdes. Bien entendu, un second article avait éclaté le lendemain même. « La propriétaire des Trois Balais sous la menace ». Mmm, un régal. De la bonne presse à scandale. Le tirage s’était avéré très bon, cette semaine ; on n’avait manqué de l’en féliciter. Mais de rien, voyons, la véracité était son plus stricte devoir. Quant à la principale intéressée, elle se confronta violemment à son échec et leva la sentence. Rita pouvait donc se hasarder dans son bar aussi souvent que cela lui convenait. Et, Merlin, c’était très bien comme ça. Même si elle ne pourrait jamais supprimer les regards meurtriers qui pesaient chaque fois sur sa nuque.

Un « Me voilà » enjoué sortit Rita de ses sombres divagations. Andréa. Dieu ce qu’il avait changé ! Cette nouvelle année sous le joug de Dolorès Ombrage paraissait l’avoir forgé mieux que n’importe quel internat. Il portait le cheveux mi-long, tombant en une longue mèche sur son front et une kyrielle de bracelets et autres accessoires métalliques pendaient à ses bras. De l’assurance. C’était véritablement l’impression qui s’en dégageait. Il se tenait plus droit, parlait d’une voix plus ferme, se permettait bien des écarts par rapport aux tenues d’usage. Cela n’était sans doute pas un mal. Un informateur sûr de ses actes pouvait se glisser dans n’importe quel coin du château sans être dévisagé avec hostilité. Non, de cette espèce-là, l’on ne se méfiait pas. A lui, l’on confiait beaucoup de choses. A lui, l’on insufflait l’essence même d’une rédaction. Oui, décidément, elle avait placé en ce garçon une confiance qu’elle ne devait pas regretter. Restait maintenant à voir si ce qu’il avait à communiquer revêtait de l’importance. Avant toute chose, le mettre en condition :

- Andréas chéri ! le salua-t-elle. Cela ne faisait que trop longtemps !

Elle se leva précipitamment, le prit dans ses bras, l’embrassa sur les deux joues, le regarda, rayonnante.

- Tu sembles en pleine forme ! Des couleurs, de la droiture, de l’assurance… J’aime ça, mon petit ! Tu es à croquer. Je te paye un verre, tiens !

Lui tapotant gentiment la joue d’une main, hélant le serveur de l’autre, elle l’invita à s’asseoir. Ce qu’il fit, docilement. Bien, le voilà qui était tout gonflé de satisfaction. Passons maintenant aux négociations. Rita s’accouda à la table, croisa les doigts et y posa le menton. L’émerveillement. Les yeux du Poufsouffle étaient un livre ouvert, où l’on pouvait consulter le sentiments à la carte. Ici, elle avait opté pour le contentement, l’affection et l’épanchement. Chapitre intéressant.

- Alors, Andréas. Je suis toute à toi. Quelles sont les dernières poussières qui occultent les aspérités de Poudlard ?