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[Fév] Bara Brith, mon ami...

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MessageSujet: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyLun 16 Mar 2009 - 0:07

Toute la semaine, elle avait attendu, trépignant d'impatience, souriant sans cesse. La sortie à Pré-au-Lard approchait, et elle allait pouvoir passer la journée à bouquiner sur l'île. Un vrai plaisir. Plus qu'une librairie, l'île lettrée était un monde à part, recelant mystères et trésors, un vrai plaisir pour la petite poufsouffle amoureuse de la piraterie et des histoires d'abordage. Le simple nom de la boutique était une invitation au voyage, et son propriétaire, Cadfael Gynn ap Nudd, en plus d'avoir des origines galloises, ce qui le plaçait automatiquement tout en haut dans l'estime de la jeune fille, était un vrai capitaine, avec les secrets et les histoires qui vont avec. Elle en était sûre, cette homme avait une culture monstre, et il la fascinait. De toutes façons, pour être libraire, il fallait être quelqu'un de bien, point. Elle allait donc pouvoir passer des heures à découvrir les ouvrages, errant entre les étagères. Ce qui était bien, surtout, c'est que la boutique n'avait rien à voir avec Fleury et Bott. Alors que la grande librairie du Chemin de Traverse voyait ses livres classés par catégorie, auteur, époque, et j'en passe, les ouvrages de l'île semblaient trôner sur les étagères et les tables dans un désordre absolu, ce qui faisait que l'on ne pouvait se passer de l'aide de monsieur Cadfael si l'on venait en cherchant quelque chose en particulier. En revanche, si comme Emily, on voulait juste passer le temps, découvrir les livres les plus originaux, on pouvait choisir une allée, au hasard, et prendre chaque livre l'un après l'autre. Au bout de quelques heures à feuilleter, on ressortait de là avec la tête pleine d'histoires et d'informations diverses. Une vraie mine d'or. C'était un peu comme une bibliothèque qui voulait bien d'elle, et depuis que Madame Pince l'avait plus ou moins bannie de celle du collège, c'était une bonne chose de pouvoir venir s'y réfugier.

Finalement, alors que la plupart des élèves profitaient de leur samedi matin pour rattraper le sommeil accumulé après des heures de travaux nocturnes sur les devoirs de Potions et Histoire de la Magie, la poufsouffle s'était levée aux aurores, dérangeant Sir qui s'était recouché avec force de gémissements irrités. Elle s'était bien sûr pris les pieds dans sa robe de sorcière qu'elle avait laisser trainer sur le sol, s'était étalée sur le sol du dortoir, et avait réveillée ses camarades, avant de foncer vers la salle commune. Un petit déjeuner avalé en vitesse, deux trois coups de brosse pour démêler ses cheveux miel, et la jeune fille s'était présentée dans le parc, prête à partir à l'aventure, abandonnant le gros chat pour la journée. Elle l'aurait bien emmené avec elle, mais il n'aimait pas Cadfael, et ne pouvait s'empêcher de feuler, tel un tigre féroce, se plaçant chaque fois entre la jeune fille et l'homme comme pour la protéger, lançant des regards meurtriers au gallois.

C'est donc seule qu'elle avait fait sa première virée matinale dans les rues de Pré-au-Lard, comme toujours, flânant un peu avant de se décider à poser le pied sur l'île. La neige qui n'avait cessé de tomber depuis quelques jours s'était faite pluie, et une lourde averse martelait le sol, et la jeune fille avec, collant goutte par goutte ses cheveux blond foncé sur son front et ses joues rougies par le froid. Sa cape juste posée sur ses épaules laissait apparaître une robe d'un vert anis très clair, et son écharpe à peine serrée ne la protégeait pas vraiment du froid et des frissons qui parcouraient ses bras, mais elle s'en moquait un peu, souriant à qui voulait de sa bonne humeur, une main posée sur le rabat de son sac en toile. Elle allait bientôt avoir fini son tour de reconnaissance, était passée devant la plupart des boutiques et n'avait plus que quelques mètres à parcourir avant de se retrouver en face de l'île aux trésors. Elle pressa le pas, se mordillant l'intérieur des joues, comme souvent lorsque l'excitation l'envahissait. Dix pas. Neuf. Huit... Sa main se crispa sur le tissu de son sac et elle se figea, à deux trois pas de son Eldorado. Une île de pirate, une vraie. Et le pirate en quête d'aventure, c'était elle. Elle n'avait pas de perroquet, bien sûr, encore moins de jambe de bois, et son équipage, à savoir Sir, seul moussaillon de son navire imaginaire, n'était pas présent. Mais peu importait, l'île sur laquelle elle allait faire naufrage comportait le bonheur de l'aventure sans ses dangers. Un bref coup d'œil à la vitrine lui arracha un sourire. Un ouvrage sur la magie vaudou en côtoyait un autre du moldu Lovecraft, ainsi qu'un conte magique pour enfant. Des livres sans liens précis, qui montraient bien que l'île ne changerait pas de si tôt, offrant toujours à ses clients une variété incroyable de bouquins.

D'ailleurs, la jeune sorcière avait sa théorie à ce sujet. Pour elle, la raison de cette accumulation de paperasse sans rapport était que l'île recelait tous les livres possibles et imaginable. Bien sûr, comme on ne pouvait pas tout exposer, cela ne se voyait pas. Et monsieur Cadfael avait rangé ses ouvrages ainsi pour que les gens, ne s'y retrouvant pas, lui demande un peu d'aide. Ainsi, il pouvait leur trouver n'importe quel bijou de la littérature. C'était logique. Si tout avait été bien rangé, les gens n'auraient pas eu besoin de demander, et ils auraient pu croire que certains bouquins manquaient à la collection de l'homme. Que nenni ! Emily le savait bien, elle, qu'il avait tout. D'ailleurs, depuis un an qu'il était installé ici, pas une fois il ne l'avait déçue en ne trouvant pas ce qu'elle cherchait. Il trouvait chaque fois de quoi faire son bonheur.

Elle poussa donc la porte, prête à redécouvrir cette atmosphère qui lui manquait tant en semaine, changeante et pourtant presque familière. Monsieur Cadfa avait le don de rendre les lieux agréables, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Un grelot tinta lorsque la barque de le jeune fille glissa sans peine sur le sable de l'île, et la chaleur d'un lieu qui ne semblait pas soumis aux mêmes lois que le village dans lequel il se trouvait la submergea, donnant tous son sens au froid qu'elle avait ressenti jusqu'ici. Il était tôt, et la boutique était encore calme. Une île déserte, ou presque. Cadfael Gynn ap Nudd était toujours présent derrière son comptoir, inchangé. Avant de le saluer, avant même d'ouvrir la bouche ou de le regarder, Emily observa les lieux. C'était comme un rituel. Avant toute chose, elle voulait s'imprégner de l'ambiance pour pouvoir s'y greffer sans dépareiller. Le sol était de glace, et la jeune fille bénit Cadfael de ne pas en avoir fait un véritable lac gelé, bien heureuse que ce genre d'illusion ne vous fasse pas glisser avec elle et vous étaler sur la glace. Tout était bleu, tout était blanc, tout était magique, même ces flocons qui ne vous touchaient jamais, vous donnant l'impression d'être enveloppé d'une sorte d'aura protectrice. Vous pouviez tendre la main pour les saisir, ils ne vous touchaient jamais. Emily avait beau le savoir, elle ne pouvait s'empêcher de tendre la main. Elle écarta une mèche de cheveux trempée qui tombait devant ses yeux et regarda encore. Les bonshommes de neige, toute cette décoration, c'était grandiose. Son expression émerveillée laissa place à un simple sourire joyeux, et elle se tourna vers Cadfael.

« Bore da, milord. C'est superbe, comme toujours. »

Elle s'approcha du comptoir et posa les coudes sur le comptoir, avant de reprendre, mêlant Gallois et Anglais, comme elle aimait le faire, lui donnant toujours du « milord », appellation nécessaire à son jeu de petite lady, pour le temps qu'il durait.

« Sut dych chi ? »


Elle hésita un moment, semblant vouloir poser plus de questions, et une moue amusée se dessina sur son visage, avant qu'elle ne pose son sac humide sur le comptoir pour en sortir une boule mystérieuse bien enveloppée dans un chiffon blanc. Elle poussa la chose vers Cadfael et leva les yeux vers lui.

« Bara Brith. Vous aimez ça, hein ? Tous les Gallois aiment ça. J'ai demandé à ma mère de m'en envoyer un peu plus pour vous en apporter. »
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MessageSujet: Re: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyMar 24 Mar 2009 - 2:25

La pluie creusait des sillons sur le tapis de neige en bas de la fenêtre. Le vent froid s’engouffrait entre les pierres du manoir, l’Elfe se traînait de pièces en pièces, Austen dormait sous trois couvertures enchantées, et même Loed, pourtant habitué à l’hiver écossais, bougonnait contre la bise et l’humidité. Et il y avait Cad’. Torse nu à sa fenêtre au petit jour, emplissant ses poumons de l’air pur de sa campagne natale, le libraire avait écarté les bras comme pour voler avant de les couvrir de plumes et partir réellement à l’assaut des cieux grisés par l’aube.

Quelques flocons étaient mêlés à la pluie et rendaient son vol difficile. L’animagus n’avait pas vraiment pensé à ce genre de détails mais la difficulté le motivait plus qu’autre chose. Un naturaliste perdu au petit matin aurait probablement levé bien haut les sourcils à la vue de cet aigle de Bonelli, perdu bien au nord de son habitat naturel, qui zigzaguait maladroitement entre les gouttes, prenant et perdant de l’altitude de manière totalement désordonnée et chaotique. Cad’ s’amusait comme un petit fou.

Finalement, le soleil arrêta de faire son feignant et se leva de derrière les nuages, indiquant au libraire qu’il était temps de rentrer. Il cria, juste pour le fun, et fit une dernière pirouette avant de réintégrer son château grisâtre et l’ennui du quotidien. Avec le sourire toutefois. Depuis quelques temps, il était très difficile de voir Cad’ autrement que de bonne humeur. Cela énervait énormément ses collègues du ministère qui ne comprenaient pas les raisons de son humeur résolument enjouée et leur jalousie mettait le Gryffondor encore plus en joie. Sans oublier qu’il abattait encore plus de travail que d’habitude et faisait tourner son supérieur en bourrique.

En même temps il le cherchait à essayer de le prendre de haut alors qu’il avait bien moins d’expérience et de self-control que lui. Pas de sa faute s’il se tournait en ridicule non ? Après tout, il n’avait que ce qu’il méritait.

C’était en tout cas ce que le sang-mêlé avait patiemment expliqué la veille au soir au Directeur du Département (une bonne connaissance soit dit en passant) en réponse à la lettre de plainte dudit Supérieur. La lettre avait finie à la poubelle et lui avait accepté d’éviter un moment les ennuis. Ce n’était pas plus mal en y réfléchissant. Il aurait ainsi plus de temps pour la librairie et n’aurait plus à supporter le regard condescendant de l’anglais.

Cad’ fit donc un crochet par Londres pour livrer son travail de la semaine. Un loi interdisant d’arborer en public un ou plusieurs signe(s) ostensible(s) d’appartenance à une idéologie religieuse ou politique. Ce que les moldus faisaient déjà avec le controversé port du voile, lui voulait le faire concernant les uniformes de mangemort ou le port de la Marque des Ténèbres. La Cause n’était pas quelque chose de drôle ou de cool. C’était terriblement sérieux. Qu’on suive sa vision ou que l’on recule par peur de tout chambouler, ce n’était pas une farce et il ne fallait pas que les enfants se laissent emporter.

Evidemment, le samedi à 6h, il n’y a pas grand monde au bureau des écrivains de loi magique. Les couloirs étaient presque vides. Sauf quelques permanences du côté des Aurors, de la Justice et des Créatures Magiques mais rien de bien notable.

Après deux heures passées à discuter avec des collègues, sourire, rire et plaisanter (et accessoirement déposer ses trois projets de loi et soutirer des informations pour son Seigneur), Cad’ se rendit sur le Chemin de Traverse saluer Keith (et passer devant la boutique de Klary…sans entrer pour ne pas la déranger) puis utilisa la cheminette pour arriver enfin chez lui.

L’odeur des livres endormis et de l’encre pleine de poussière le fit sourire tandis qu’il époussetait sa robe bordeaux pour en enlever les résidus vert clair. D’un geste (de baguette), il fit voler sa cape brune sur son portemanteau, puis tourna le papillon sur ouvert, alluma le feu et réanima les bonhommes de neiges endormis pour la nuit. La lumière diffuse donnait à l’île quelque chose de brumeux. La lumière grise de pluie entrait à peine par la vitrine contribuait à séparer le magasin de Pré au Lard. Contrairement à d’habitude, Cad’ laissa tomber Tchaikov’ (y en avait marre) et lança quelques morceaux de Diana Krall. Il aimait sa voix grave et sensuelle et les chansons d’amour qu’elle interprétait plaisaient toujours aux adolescentes. Car aujourd’hui c’était Samedi, et Samedi était le jour de visite de Miss Moore. Avec ses cheveux blonds, ses compliments à la truelle et son amour enthousiaste pour les livres et la connaissance. Elle lui rappelait un peu Austen (en moins folle) et il appréciait sa bonne humeur. Et surtout, elle parlait gallois.

Il n’était pas encore neuf heures cependant et le château semblait encore silencieux. Mais ce n’était pas un mal, Cad’ avait beaucoup à faire. Cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas eu le temps de travailler au gros grimoire allemand que lui avait donné Lucius. Il avait encore un chapitre à désenchanter avant de reprendre sa traduction et des éclairs dorés et violines éblouissaient encore le comptoir quand la jeune Poufsouffle entra. Les bruits conjugués d’Oriawr et de la porte le firent lever les yeux une seconde tandis qu’il espérait, il ne savait pourquoi, une silhouette particulière. Celle, familière d’Emily Jolie se détacha, arrachant un sourire amusé au commerçant. Il n’était pas déçu. C’était ainsi que les choses devaient être. Et puis la visite de Milie était devenue un rituel.

Sans chercher à la presser, il reprit son travail (de traduction pure cette fois), la laissant redécouvrir les lieux. Il aurait pu parier qu’attentive comme elle l’était, elle pouvait presque dire quels livres il avait vendu depuis la dernière fois. Cette fille était étonnante. Il la connaissait depuis plus d’un an et elle arrivait toujours à la surprendre. C’était probablement pour ça qu’il l’appréciait autant. Ça et sa bonne humeur. Bref.

Une fois son tour effectué, elle s’approcha de lui et le salua, comme toujours avec son titre et en gallois. Ça lui faisait tout drôle le Milord. Il n’y avait que les moldus vivant sur ses terres pour l’appeler ainsi. Avec Loed, mais ça c’était plus un jeu entre les deux hommes qu’autre chose.


« Prynhawn da, Milady »

Il se leva souplement et s’inclina avec tout le respect que ses « maîtres à danser » avaient vainement essayé de lui fourrer dans le crâne quand il était gamin. Il eut un sourire, comme toujours, face à ses âneries qu’il n’aurait manqué pour rien au monde puis enchaîna.

« Da iawn, diloch. A chi ? »

Elle lui cachait quelque chose la petite jaune. La moue amusée sur son visage était révélatrice et le sourire du mangemort s’agrandit lorsqu’elle posa un sac en toile sur le comptoir avant d’en sortir une boule odorante. Beaucoup de souvenirs remontèrent aussitôt à la surface. Les excursions à la cuisine quand il était petit, sur les genoux de la bonne à lui faire du charme pour avoir une part du biscuit sucré et amer. Le goût des raisins imbibés de thé, l’écorce d’orange et les épices du pain glacé de sucre. Junior n’allait jamais là bas, c’était interdit. Les Starks n’étaient pas sensés se mêler aux petites gens. Mais Cad’ avait toujours été quelqu’un d’ouvert et désobéir ne lui faisait pas peur.

« Cela faisait une éternité que je n’en avais pas mangé. »

Il posa ses mains sur le pain comme sur un trésor, laissant ses sens s’imbiber de la chaleur du gâteau. L’elfe arriva sur ses entrefaites là, apportant le thé que son Maître consommait toujours à cette heure du jour. Cad’ ne lui prêta absolument aucune espèce d’attention, se contentant de pousser ses parchemins pour ne pas qu’ils se mouillent. Puis, il fit apparaître un haut tabouret à son invité et coupa habilement deux tranches de gâteau pour accompagner le tout.

« Tu remercieras beaucoup ta mère de ma part s’il te plait ? Ça me fait d’ailleurs penser que j’avais quelque chose pour toi. Le livre que tu m’avais demandé la semaine dernière. Je te l’aurais bien envoyé par la poste mais j’ai eu peur qu’Ombrage en prenne ombrage et te le confisque. »

Il posa à son tour un paquet sur le comptoir, déplaçant sa baguette magique qui roula sur le bois et faillit tomber. Rapide, Cad’ réussit à la rattraper mais ne pu retenir un flux magique qui frappa une étagère, faisant tomber quelques livres. Le gallois se leva brusquement, tout sourire envolé et regarda, les sourcils froncés, ses précieux ouvrages tomber sur le sol. Il y eut une demi-seconde tendue avant que le libraire ne se frotte la nuque et ne se mette à rire. Décidément, rien ne pouvait entamer sa bonne humeur ces derniers jours.

« Tiens, dit moi comment se passent les choses à Poudlard en ce moment ? J’ai entendu dire qu’Ombrage prenait de plus en plus le pouvoir ? Vous laissez vraiment faire ça ? »
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MessageSujet: Re: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyLun 11 Mai 2009 - 20:32

« Dim yn ddrwg. »

Non, elle n'allait pas trop mal. Cela aurait ou être mieux, bien sur, elle aurait pu être chez elle, à Maentwrog. Mais elle ne se plaignait pas, l'ersatz de paradis qu'était l'île lettrée suffisait à faire son bonheur, et le parfum du bara brith qu'elle venait de poser sur le comptoir rappelait presque la maison. Si elle fermait les yeux, elle pouvait voir la cuisine, le four et tout ce qui allait avec. Son petit eden personnel dans un sac de toile. Visiblement, la boule de brioche eut plus ou moins le même effet sur Cadfael, qui restait souriant.

« Cela faisait une éternité que je n’en avais pas mangé. »

« Il n'y a pas meilleur que ça. Je plains les anglais de ne pas connaître ce genre de plaisir. Eux, en dehors de leur thé et de leur pudding... »

La phrase était inachevée, mais on pouvait facilement en extraire l'idée de base. Emily était Galloise, d'adoption, certes, mais elle n'aurait pour rien au monde admis qu'elle était plus anglaise qu'autre chose. Et en bonne petite galloise qu'elle était, jeune sorcière échappée de sa cambrousse, elle critiquait les anglais. C'était presque un sport national, quand on y pensait. Elle n'éprouvait pas de haine particulière à l'encontre des british pur souche, mais quand on était un gallois, un vrai, on critiquait et on criait « Twll tin pob sais » quand l'occasion se présentait. Cela faisait partie du folklore.

Son regard se posa sur les mains fortes de l'homme, délicatement posées sur la petite merveille briochée, faisant sourire sa jeune compagne. Le silence presque religieux qui s'était établi entre les deux sorciers fut bientôt rompu par un elfe de maison et la poupée blonde s'ébroua, secouant ses cheveux mouillés sans se soucier des quelques gouttes qui s'écrasaient sur le sol. Le fumet du thé vint accompagner celui du bara brith et Emily s'assit sur le tabouret qui venait d'apparaitre à côté d'elle, laissant tomber son sac sur le sol et posant ses coudes sur le comptoir. Suivant machinalement les mouvements du couteau, elle sursauta lorsque le libraire reprit la parole.

« Tu remercieras beaucoup ta mère de ma part s’il te plait ? »

L'adolescente acquiesça avec un grand sourire. Plutôt deux fois qu'une.

« Si vous voulez autre chose de la maison, confiserie ou autre, n'hésitez pas, je vous l'apporterai la semaine prochaine. »

Nouveau sourire accompagné d'un haussement d'épaules. Finalement, elle en venait presque se demander si c'était pour lui qu'elle avait apporté le bara brith, ou bien pour avoir le plaisir de le déguster en sa compagnie. Bah, quelles que soient ses intentions, l'homme semblait ravi, et la jeune fille ne pouvait qu'être contente d'elle.

« Ça me fait d’ailleurs penser que j’avais quelque chose pour toi. Le livre que tu m’avais demandé la semaine dernière. Je te l’aurais bien envoyé par la poste mais j’ai eu peur qu’Ombrage en prenne ombrage et te le confisque... »

Le jeu de mot fit rire l'adolescente qui posa une main protectrice sur le bouquin quand les livres tombèrent. Un regard furtif à l'homme l'encouragea à rester calme, à attendre que l'orage passe, mais le rire remplaça les grondements auxquels elle s'était attendue et Emily se détendit, faisant glisser le paquet vers elle pour en sortir un ouvrage volumineux

« Mille et une astuces pour transformer votre soupe en potion, par Orphée Toup & Mary Mitt. »

Ses doigts caressèrent l'épaisse couverture et elle rit doucement.

« Non, c'est certain, Ombrage n'aurait pas aimé ça. Et le professeur Rogue non plus, il est fermé à toute forme de créativité. À croire que le progrès est prohibé, à Poudlard... »


Son regard se perdit un instant sur la reliure du bouquin, la laissant pester intérieurement sur les nombreux décrets qui leur rendaient la vie infernale et elle releva la tête vers le libraire en prenant une tranche de brioche.

« Les choses ne se passent pas, c'est de pire en pire. Ombrage semble persuadée que l'étude des livres est la seule chose qui compte, et pas des livres comme les vôtres, hein ! Des livres approuvés par le ministère. Des pages et des pages de blabla inutile. Je suis même sûre qu'elle ne tardera pas à venir ici pour essayer de vous faire fermer parce que vous êtes probablement à l'origine de notre épanouissement spirituel, un truc du genre. »

Son regard se fit inquiet un court instant et elle mordit dans le bara brith, avala sa bouchée rapidement et sans macher pour reprendre la parole

« Vous ne la laisserez pas faire, hein ? S'il n'y a plus d'île, plus de capitaine, plus de bouquins... autant aller faire un tour du côté d'Azkaban. »

C'était vrai, quoi. Comment pouvait-on vivre avec pour seule bibliothèque une pauvre étagère supportant quelques gros livres sur « Comment marcher au pas » et « L'amour des chats en dix volumes » ?

« Enfin, pour répondre à votre dernière question, les Sales Gosses se dressent toujours contre la Brigade d'Ombrage et ce crétin de Cennyd. Les autres se planquent ou pleurniche à la moindre punition, ou bien s'exilent et viennent tenir compagnie aux libraires des environs... »

Elle frissonna, ses vêtements trempés ne lui tenant plus vraiment chaud et s'étira

« En tous cas, j'ai bien fait de venir. Comme d'habitude à cette heure-ci, c'est calme. Vous pouvez parier qu'ils sont tous chez Zonko ou Honeydukes à se bousculer comme des enfants qu'ils sont. J'irai acheter mes chocoballes à la fin de la journée, s'il en reste. Avec ma maladresse légendaire, si j'y allais maintenant, je serais capable de me casser un bras si ce n'est pas les deux. Vous savez que je suis encore tombée d'un arbre, cette semaine ? Ça n'était pas grand chose, mais comme j'évite l'infirmerie comme la peste en ce moment... Surtout que je ne suis pas sure que grimper aux arbres soit autorisé par le ministère... »

Emily leva les yeux au ciel, amusée. De toute façon, s'il fallait se contenter de faire ce que le ministère autorisait, l'Angleterre sorcière finirait un une exposition de statues de marbre.
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MessageSujet: Re: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyMer 10 Juin 2009 - 2:19

Les anglais n’y connaissaient rien et aucun pudding ne pouvait remplacer la douce saveur d’un pain d’épices du vieux pays. Rien que le contact de la croûte sous sa paume lisse d’érudit ramenait tout un monde de souvenir. Ils avaient quitté l’écosse pour des paysages qu’il n’avait vu qu’en rêve (et en voyage) dans le pays de ses lointains ancêtres. L’accent d’Alana résonnait à ses oreilles, faisant échos avec la plaidoirie passionnée de la jaune et noir. Oui, les anglais étaient nuls. Envahisseurs, il n’avaient jamais vraiment réussis à éteindre tout étincelle de rébellion dans le cœur des celtes.

Deux tranches du précieux trésor furent rapidement découpée et placées dans des coupelles assorties aux tasses de thé fumant et odorant. L’atmosphère de la librairie s’était subtilement modifiée pour prendre un parfum de pluie, d’herbe et de roc. Elle ne paraissait plus ornée du bleu et du blanc de l’hiver mais bien du vert et rouge des couleurs du pays. C’était magique. De la vraie magie. Celle qui venait immédiatement des émotions et des illusions.

D’un geste presque automatique, le mangemort sécha les cheveux de son invitée, peu désireux de voir des gouttes de pluie arroser ce qui restait de la miche. Le Bara Brith serait conservé, savouré miette après miette. Cad’ posa sa baguette et coupa un petit morceau de pâtisserie qu’il goûta avec un plaisir non feint avant de le faire descendre d’une gorgée du liquide brûlant, près à entendre le rapport de son espionne malgré elle. Les nouvelles étaient prévisibles. Ombrage, fidèle à elle-même, se faisait consciencieusement détester de tous. Pour Rogue, par contre, c’était plus ennuyeux. Cad’ n’aimait pas le directeur des Serpentards et ce depuis le premier jour. Il était utile au Lord, certes. Mais il aurait été meilleur. Si on exceptait son aversion presque instinctive pour le château. Il sourit doucement en entendant l’inquiétude de la Poufsouffle et cherchant à la rassurer.


« L’île a l’air paisible mais elle sait se défendre contre les intrusions non désirées. Dolorès ne peut rien contre moi et elle le sait. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’a rien interdit chez moi. Pour ne pas que je devienne une icône de rébellion en n’obéissant pas. »

Ça posé d’un ton grave et sans réplique montrant bien sa détermination à ne pas laisser le crapaud miner sa couverture, il prêta attention à la suite du bavardage de la jeune fille. Beaucoup prenaient Emily pour une tête de linotte, plus folle qu’intelligente parce qu’elle bougeait ou parlait beaucoup. Il n’en était rien. La jeune blonde avait certes un tempérament agité mais elle était fine et saisissait beaucoup de choses qui auraient échappées à d’autres adolescents plus centrés sur eux même.

« J’entends beaucoup parler de Cennyd ces temps-ci. La plupart du temps en mal, quelque fois avec admiration ou envie, mais j’avoue avoir du mal à me faire une idée du personnage. Et comme il ne vient pas je ne peux pas me faire ma propre opinion. »

Il laissa passer un silence tandis qu’il pesait le pour et le contre de l’idée qu’il venait d’avoir. Pouvait-il confier un secret à Emily ? Pas qu’il s’agisse de quelque chose d’extrêmement important. Après tout n’importe quel généalogiste pouvait remonter l’arbre, ce n’était ni très long, ni très compliqué. Mais jusqu’ici, c’était resté entre le Serpentard et lui. Comme une sorte d’accord tacite que le Gryffondor, toujours emberlificoté dans les principes moraux chers à sa maison, avait du mal à rompre.

« Je peux te confier un secret ? Mais il faut me promettre de ne jamais en parler sinon je risque des ennuis et toi aussi par la même occasion. »

Il attendit qu’elle réponde et se lança avec un sourire.

« En fait, Cennyd est mon neveu. Enfin demi-neveu pour être exact puisque c’est le fils de mon demi-frère. J’étais brouillé avec mon père à l’époque ce qui fait que nous nous sommes jamais vus et d’après ce que j’ai cru comprendre la famille McAyr n’a pas spécialement envie que le bâtard des Stark fréquente leur héritier alors je n’insiste pas. Mais il faut tout de même avouer que je suis curieux de savoir quel genre d’homme il devient donc si tu pouvais m’en brosser un portrait je t’en serais très reconnaissant. »

Mais il ne pouvait décemment pas parler que de lui et s’intéressa rapidement aux nouvelles annexes. Surtout celles concernant le Gamin et les Sales Gosses qui lui firent froncer les sourcils. Si Alenn dépassait les « bornes des limites », il ne pourrait rien faire pour lui. Son influence au château équivalait celle d’un poisson rouge dans l’Atlantique.

Voyant son frisson, il prit à nouveau sa baguette pour la sécher complètement. Il devait avoir la tête ailleurs pour oublier ainsi les notions les plus élémentaires d’hospitalité. Bref.


« C’est plutôt une bonne chose que la matinée soit calme. Je vais pouvoir en profiter pour te parler d’un projet que j’avais et pour lequel il me faut l’aval de tes parents. Enfin si tu acceptes bien sur. »

Une pause simili dramatique pour capter l’attention et l’on reprend.

« Voila j’aurais probablement besoin d’une aide cet été pour les librairies et je me demandais si un stage, enfin un job d’été pour dire les choses avec le vocabulaire à la mode, ne t’intéresserait pas. Ce n’est pas forcément très bien payé mais tu serais nourrie, logée au besoin, ou alors je te ramènerais personnellement tous les soirs. Les horaires sont flexibles, tu n’es pas obligée de venir tous les jours si tu as une sortie de prévue, bref je ne suis pas un patron chiant. »

Encore une pause, cette fois pour reprendre son souffle et écouter les nouvelles divagations de la galloise d’adoption.

« Tu devrais essayer le chêne qui est en face du Lac. Réputé 100% sans Botrucs et très agréable pour faire ses devoirs. Il a été ma salle commune durant de nombreuses années. Et si ça peut te rassurer je suis quasi certain qu’Ombrage n’a pas interdit les arbres. Elle a la vue trop courte pour voir aussi haut. »

Dernier silence et un sourire complice.

« Et la bibliothèque alors ? Toujours bannie ? »
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[Fév] Bara Brith, mon ami... Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: Re: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyDim 9 Aoû 2009 - 22:37

[Désolée pour la longueur, j'ai un peu craqué là ^^" puis c'est ta faute d'abord [Fév] Bara Brith, mon ami... 942611]

Le Bara Brith, c’était la petite merveille galloise. Il y avait beaucoup de choses que la jeune sorcière aimait de son pays. L’Eisteddfod, cette fête qui dure toute la première semaine d’août, la fête des Druides et des poètes, Le parc national au milieu duquel est perdu Maentwrog, la langue, les paysages, les gens. Les géants et les sorciers qui se côtoient, la magie qui emplit l’air, même pour les moldus, les contes, les chansons… Mais les premiers n’étaient pas transportables, et les derniers de simples souvenirs, des évocations. La nourriture était ce qui permettait le plus d’amener la maison avec soi et, bien sûr, le bara brith restait pour elle la meilleure évocation de son enfance, de son chez elle un peu particulier. Et à voir Cadfael devant la grosse brioche préparée par sa mère, il ressentait un peu la même chose. Un gallois, un vrai. Avec son pays vivant, bien qu’un peu étouffé par les Anglais, et qui pouvait être recréé avec un simple morceau de gâteau.

Emily sursauta lorsqu’une sensation bizarre la sortit de ses pensées, et il lui fallut un moment, les yeux rivés sur le sorcier, pour comprendre ce qui se passait. Elle passa une main dans ses cheveux que l’eau n’alourdissait plus et fit la moue, se passant de tout commentaire sur ce geste un peu malvenu. Elle aimait bien l’eau qui s’infiltrait, changeait tout à commencer par elle, et ce séchage imprévu la surprit un peu. Pour ne rien arranger, sécher les gens sans prévenir ou demander, c’était bizarre. Mais le premier sentiment d’agacement évaporé avec la pluie réfugiée dans ses cheveux blonds, la jeune fille songea simplement qu’il l’avait fait pour être agréable, ou pour éviter qu’elle ne trempe les bouquins ici.

Quelle qu’en soit la raison, elle connaissait assez le libraire pour savoir que le geste partait d’un bon sentiment, et elle se concentra sur son rapport. En commençant par Ombrage et le massacre que la bibliophile qu’elle était ne pouvait que déplorer. Bien sûr, il n’y avait pas eu de grands débordements, aucun feu de joie dans lequel on aurait jeté les livres que l’on jugeait trop enrichissants ou dangereux pour le régime. Mais quand on voyait le sort qui avait été réservé à certains tableaux du château, les décrets qui enlaidissaient les murs, s’accrochant à la pierre friable comme autant de sangsues, on ne pouvait qu’imaginer le cauchemar que les meilleurs ouvrages devaient subir. Remisés au rang de rehausseur ou d’escabeau pour la petite et vile Ombrage, oubliés dans la réserve de la bibliothèque… L’adolescente ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter et les paroles de Cadfael, bien que réconfortantes, ne la rassurèrent pas tout à fait.

Plus détendue toutefois, elle s’amusa de son idée. Cadfael Gynn ap Nudd au cœur d’une rébellion littéraire, les manifestants contre Ombrage et sa tyrannie marchant au pas derrière l’homme, écrasant Poudlard de leur envie de connaissance. Ou mieux, l’île devenue abri d’un groupe de réfugiés, comme certaines histoires d’autres temps le racontaient. Comme dans le Cercle des poètes disparus, qu’elle avait lu, lu et relu. Un sanctuaire où ils se retrouveraient, protégés par des barrières océanes de la terreur qui régnait au dehors, avec le gallois en maître de cérémonie, en nouveau prophète. Ce serait amusant, au fond.

D’Ombrage, la conversation passa à Cennyd. Deux êtres qui n’avaient apparemment rien à voir mais trop proche, et dont l’alliance n’avait rien de bon. Là encore, Cadfael avait quelque chose à dire, poussant Emily à se demander si ses questions étaient totalement innocentes. Mais finalement, la jeune fille décida qu’elle s’en moquait. Innocent ou pas, il questionnait, elle répondait. Comme il le ferait pour elle. Comme c’était toujours. Elle sourit doucement.


« Je me suis déjà montrée indigne de confiance ? Ce qui est dit sur l’île reste sur l’île, et je peux vous jurer sur tous les livres ici que je ne dirai rien. »

Solennel, et un peu trop sombre pour la sorcière qui ajouta

« Puis vous me connaissez non ? Je ne suis vraiment pas du genre à m’attirer des ennuis. »

Elle sourit, plus décontractée, et attendit la suite, silencieuse, laissant l’homme parler, déballer tout ce qu’il avait à dire sans l’interrompre, silencieuse et concentrée. Finalement, il se tut, et Emily tenta de faire le tri dans tout ce qui venait d’être dit, pour en tirer l’essentiel.

« Bâtard… »

Oui, on lui révélait le secret de la parenté d’un des hommes qu’elle chérissait le plus et d’un idiot fini qu’elle rêvait de voir mordre la poussière, et elle ne tiquait que sur ce simple mot, écrasant la brioche entre ses doigts sans vraiment s’en rendre compte. C’était une chose d’entendre parler de bâtards, et elle savait que le monde sorcier avait du retard sur le monde moldu de ce côté-là, puisque l’appartenance à une famille donnée était plus importante pour eux que pour les sorciers. Elle savait aussi que c’est ce qu’elle était, puisqu’adoptée et née d’une mère-enfant et d’un père inconnu.

C’était une chose de savoir qu’il y avait des bâtards, une chose aussi de l’entendre de la bouche d’un autre comme une insulte, mais l’entendre de celle du principal intéressé, elle trouvait ça déplacé. Presque indécent. Elle continua de bavarder, de lui offrir les ragots du château sur un plateau d’argent, l’esprit ailleurs, toujours perturbée par cette histoire de bâtard et de famille et grommela.


« J’suis quoi moi ? Bâtarde aussi ? Vous êtes un lord, pas un chien… »

Elle s’ébroua, chassant l’expression un peu songeuse qui assombrissait son visage et sourit, reprenant le sujet Cennyd pour éviter celui un peu plus délicat de la pureté du sang.

« Je ne suis pas sûre d’être la mieux placée pour vous parler de lui. C’est comme si vous demandiez au Nu… Prosper, désolée. J’peux pas être objective. Surtout quand vous vous y prenez comme ça. Et je le connais surtout de réputation. Il ne s’intéresse pas à moi, et tant mieux. Pas envie d’être une des nombreuses victimes du grand, du beau, de l’abruti McAyr. Pas envie d’être une donzelle de plus épinglée sur son tableau de chasse. Je suis désolée de dire ça de quelqu’un de votre famille – quoique j’aurais beaucoup a en dire d’un coup – mais Cennyd est un imbécile doublé d’un crétin égocentrique et prétentieux. Manipulateur et… vert. Jusqu’au bout des ongles. »

Elle avala un morceau de bara brith, réalisa qu’elle frôlait l’incorrection, rougit et baissa les yeux, s’excusant d’une voix à peine audible. Trouver autre chose, un autre sujet, encore. Ou garder le même, et essayer de ne pas baisser dans l’estime du libraire à cause d’une tirade enflammée sur un type qu’elle connaissait à peine.

« Enfin je vous l’ai dit, je ne le connais pas vraiment, je n’ai pas à juger, c’est déplacé. Totalement. Excusez-moi Cadfael. Cennyd est peut être quelqu’un de bien, mais il le cache à la perfection, c’est tout. Et il n’est pas très aimé. Pour beaucoup, à cause de son entente avec Ombrage, c’est un vendu. Mais il a peut être ses raisons et… C’est un mauvais sujet de conversation, pour moi. »

Elle changea de nouveau de sujet, parlant de tout et rien, pressée d’oublier Cennyd et le reste. Poudlard était Poudlard, la librairie était son île. Elle remercia le gallois d’un sourire quand il sécha ses vêtements, un peu gênée par ce changement contre sa peau déjà bien habituée à l’humidité. Elle lissa les pans de sa jupe d’une main distraite, recherchant l’eau qui avait imbibé le tissu quelques instants plus tôt et mit un moment à enregistrer ce que l’homme lui disait. Projet, accord parental indispensable et… Et il s’arrêtait ? Emily rit doucement, levant les yeux au ciel, tâchant de ne pas rentrer dans le jeu du sorcier. Une tentative bien vaine, puisqu’en une seconde à peine, elle s’était redressée, et le fixait d’un regard curieux et immobile.

Lorsque Cadfael jugea qu’elle lui accordait assez d’attention, il reprit, éveillant un peu plus sa curiosité dès les premiers mots, la faisant sourire et allumant quelques étincelles dans ses yeux. Dès qu’il avait dit « je me demandais », comme une invitation à le rejoindre sur les rives de l’île mystérieuse, elle savait ce qu’elle allait répondre. Mais il parlait, encore et encore, enchaînant les mots, comme s’il avait besoin de la convaincre. Comme si, non content d’offrir à un pirate le trésor caché d’une merveilleuse île, il devait aussi lui tendre le trousseau retenant les clés de chaque coffre et lui en expliquer l’usage. L’adolescente se tortilla sur son siège, impatiente, se mordant le bout de la langue pour contenir son excitation enfantine, et sourit de plus belle, jusqu’à sentir les tiraillements de cette joie excessive (rien que ça ouais ^^’).


« Sérieux ? Ici ? Moi ? Toi ? Vous ? Travailler ? Je veux ! Et ma mère elle est d’accord. Et Tad est avec les géants en ce moment, il s’en fiche. Et je veux venir tous les jours. Plus que ça même. Vous êtes génial ! »

Oui, elle était contente. Et au cas où la voix trop aigue de la jeune fille n’aurait pas été assez explicite, elle se dressa sur son siège pour l’enlacer par-dessus le comptoir et le serrer contre elle aussi fort que ses bras le lui permettaient. Elle se laissa retomber à sa place, toujours souriante, inspira longuement et expira d’un coup, les yeux brillants et toujours fixés sur lui.

« Vous êtes génial. »

Oui, on ne sait jamais, il aurait pu ne pas comprendre.

Il fallut un moment à la jeune fille avant qu’elle ne retrouve son calme et qu’elle reparte sur Poudlard, Ombrage, les ragots et les anecdotes, mais elle parvint à redevenir l’Emily ordinaire, ce qui n’était déjà pas bien banal et surement pas de tout repos.


« Tu devrais essayer le chêne qui est en face du Lac. Réputé 100% sans Botrucs et très agréable pour faire ses devoirs. Il a été ma salle commune durant de nombreuses années. Et si ça peut te rassurer je suis quasi certain qu’Ombrage n’a pas interdit les arbres. Elle a la vue trop courte pour voir aussi haut. »

La gamine éclata de rire, un rire léger et qui s’acheva en un sourire joyeux et deux yeux au ciel.

« C’est le poids de sa bêtise qui la rend si petite. Ou alors c’est la frustration de ne pas pouvoir attraper les livres en hauteur, les meilleurs parce que ceux qu’on veut préserver, qui la rend si méchante et si bête. Un des deux. »

Elle hésita un peu et reprit, plus bavarde que jamais

« Je pense que j’essayerai pour l’arbre, merci. Je vous dirai s’il est aussi bien que dans vos souvenirs. Et puis je pourrais essayer de m’imaginer le Cadfael enfant perché sur sa branche. Comme un oiseau. Pour les Botrucs de toute façon je sais y faire. Et ils savent que je ne vais pas abîmer leur arbre, je ne suis pas de ceux qu’il faut craindre. J’en ai approché un l’autre jour, vers la forêt interdite. Il m’a semé quand ça commençait à être trop interdit. Je n’ai rien contre braver quelques règles, mais d’une part j’en enfreins déjà un peu trop sans m’en rendre compte, et d’autre part, je suis courageuse, mais pas téméraire. Je serais capable d’offusquer un centaure juste en voulant le saluer. Ça ferait bien désordre, il faut avouer. »

Elle hésita, puis répondit à la dernière question du libraire.

« Toujours. Cette madame Pince est une vraie mégère. Vous devriez être à sa place, vraiment. Poudlard serait vraiment cool avec vous. Et vous feriez taire Ombrage. Non mais vraiment… »


Elle rit, certaine que son comportement un peu éparpillé amuserait son ami et reprit plus calmement.

« Sérieusement, c’était juste une erreur. J’ai essayé d’y retourner je sais pas combien de fois, mais j’ai la trouille. Il faut être malsain pour ne pas savoir faire la part des choses entre une gamine maladroite et un vandale. Comment je suis sensée connaître les effets du moindre petit sort moi ? Je suis là pour apprendre non ? Et bannie à vie, c’est vraiment trop. Enfin… j’y retournerai un jour, tu verras. En attendant, l’île est mon meilleur refuge et vous êtes mon unique fournisseur de culture ici. C’est cool aussi, hein ? »

Elle lui sourit et reprit de nouveau la parole, infatigable.

« D’ailleurs, j’aurais besoins de quelques bouquins en plus de celui sur les potions. De la métamorphose. Je suis nulle en métamorphose. Et McGo est une très bonne enseignante et elle sait ce qu’elle dit. Enfin un animagus est quand même une des personnes les plus à même d’occuper ce poste, non ? Mais je n’y arrive pas. Il me faudrait d’autres trucs sur les potions, parce que mes tests ont tendance à foirer en ce moment. Enfin c’est le propre des tests : tester. Sinon on appellerait ça des découvertes, et point. »

Elle déplia un bout de parchemin et fit la moue

« Même sec, l’encre à quand même bavé. Enfin on voit quand même, tenez. Si vous pouviez me trouver ça pour le week-end prochain ? Je viendrai à la même heure, comme toujours. Avec des trucs Gallois. Et l’autorisation signée de Mam pour cet été. Et ça va être cool. »

Elle lissa son parchemin et sauta de son tabouret, posant son sac à sa place pour s’avancer au milieu des étagères, dans la boutique enneigée, effleurant la tranche des livres du bout des doigts, s’emparant d’un ouvrage de temps en temps, un peu au hasard, quand le titre ou la quatrième de couverture l’inspirait.

« Vous posez beaucoup de questions Cadfael. J’y réponds, mais du coup, j’ai du mal à relancer la conversation, à savoir quoi dire. Quelque chose d’autre que tout ce que j’ai déjà dit, un truc intéressant aussi. Parce que je parle beaucoup quand même. Mais ça ne mène pas loin tout ça. »

Elle revint vers le comptoir, posa trois gros volumes sur le coin, loin du thé et de la brioche et fronça les sourcils.

« Vous avez vraiment besoin de moi cet été ? La plupart de vos clients sont à Poudlard non ? Vous partez en vacances ? Ou c’est juste pour me faire plaisir ? »

Elle hésita et sourit

« Parce que si c’est ça, ça marche bien. »

De nouveau, elle fila dans la boutique enneigée, aussi à l’aise que s’il s’agissait de la maison dans laquelle elle avait grandi.

« Vous avez tout ici. C’est impressionnant. »
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MessageSujet: Re: [Fév] Bara Brith, mon ami... [Fév] Bara Brith, mon ami... EmptyDim 13 Sep 2009 - 15:11

Il n’était pas un Lord. Il ne l’avait jamais été, ne le serait jamais et n’était même pas certain de vouloir le devenir. Certes, le titre était doux à ses oreilles lorsqu’Emily le prononçait par ce qu’il mettait du baume sur ses blessures d’enfant mais il était assez adulte pour garder le sens des réalités. Les Lords étaient comme son père, son frère, Lucius ou bien encore celui qu’il avait décidé de servir. Il sourit.

« On a fait du titre une insulte mais pour ma part, cela veut simplement dire que mon père et ma mère n’étaient pas mariés au moment de ma conception. Que les McAyr se drapent dans leur fierté s’ils le veulent, cela m’est égal. Je connais ma place dans ce monde, et elle n’est pas avec eux c’est tout. Je ne m’en porte pas plus mal, au contraire."

Il haussa les épaules pour bien montrer que cela ne lui faisait rien et l’encouragea du regard à lui dévoiler ce qu’elle savait. Il haussa légèrement les sourcils en entendant parler de Prosper, plus encore à l’ébauche d’un surnom qu’elle n’osa pas continuer, et pris note de se rapprocher du garçon. Cela faisait quelques temps qu’il y pensait de toute façon. L’ombrageux Serdaigle qu’il avait rencontré au salon de thé était très proche d’une certaine apothicaire et il était important que les amis de Klarissa soient aussi les siens. Dans la mesure du possible. Cennyd ferait un bon sujet de conversation pour sonder son caractère sans être visible de trop loin.

Les pensées du libraire s’égarèrent un moment sur la belle jeune femme (on était [s]amoureux[/s] ou on ne l’était pas) mais revinrent bientôt sur sa mission et son interlocutrice. Le tableau qu’elle dressait du garçon n’était guère brillant mais n’étonnait pas outre mesure. Les Starks avaient tous eu leur part de succès au collège (même lui qui pourtant partait de loin) et il était dans leurs habitude de faire sentir à leurs conquêtes l’honneur qu’ils leur faisaient (même si cette fois, lui n’avait pas suivit la coutume familiale). Finalement, Cennyd ressemblait énormément à Junior.


« Oh, ne t’en fais pas, je vois ce que tu veux dire. Mon frère était pareil. Je suppose que la génétique y est pour quelque chose. Probablement l’éducation aussi. »

Il sourit.

« Le règne d’Ombrage ne durera qu’un temps Emily, c’est bientôt fini, je te le promet. Même si je dois devenir ministre de la magie pour ça. Tiens bon encore quelques mois et tout ira bien. »

Il en était persuadé. Le ministère ne pourrait tenir encore longtemps au travail de sape que Lucius et lui avaient mis en place. Les bourdes s’accumulaient au point que même les mensonges de la Gazette ne pouvaient plus les couvrir. Chaque semaine, le torchon perdait plus de crédibilité. Lovegood continuait à couvrir son torchon de fausses nouvelles également ce qui faisait que les citoyens étaient de plus en plus perdus. Et ça, c’était cool. Cela permettrait de mieux les orienter le moment venu. Un grand plan. A l’image de celui qui l’avait conçu, cela allait sans dire.

Voyant la gêne de la jeune fille, Cad’ n’insista pas plus et reprit une bouchée de gâteau en l’écoutant parler légèrement de tout ce qui lui passait par la tête. Psychisme intéressant cela dit en passant, et le bara-brith fondait sur la langue.

La surprise et le bonheur de la jaune et noir faisait plaisir à voir. Le libraire hocha la tête pour confirmer qu’elle avait bien entendu, qu’il était sur et que oui, il était génial. L’accolade le surprit pourtant et si Emily n’avait pas été concentrée sur le fait de lui broyer les épaules par-dessus le comptoir, elle aurait pu remarquer une légère rougeur au niveau des pommettes du mangemort. Il était du genre tactile mais n’avait pas vraiment l’habitude de se faire attraper comme ça. La plupart de ses proches et amis étant du genre distant. Cela faisait plaisir ce genre d’impulsion sans arrière pensée.


« Bon alors rappelle moi d’écrire à tes parents tout à l’heure pour leur demander officiellement la permission. Je te ferais également un contrat magique comme ça ils sauront que je suis sérieux et que je ne m’amuse pas à te mener en bateau. »

Ce qui, avouons-le, aurait été un peu abusé sur une île n’est –ce pas ? Cad’ se frotta la nuque, rendu un peu nerveux par la joie communicative de la jeune femme. Rester calme en toute circonstance lui avait toujours été difficile et Emily n’aidait pas. D’un autre coté c’était vraiment agréable de la voir aussi heureuse il aurait très bien pu l’embaucher uniquement pour ça. Malheureusement, ses motifs étaient bien moins altruistes.

Au bout d’un moment cependant, la tension tomba et la jeune femme redevint elle-même, c'est-à-dire à peu près sérieuse. Il lui lança son tuyau préféré sur le Chêne et réprima les souvenirs que cette évocation éveillait. Il ignorait ce qu’était devenu son ami. Il s’était lancé dans la diplomatie et n’était que peu souvent sur le continent. Et puis ils avaient grandis depuis l’époque où ils espionnaient les couples pour essayer d’en trouver les failles. Heureusement d’ailleurs.

« J’y ai pensé fut une époque tu sais. Mais Poudlard n’est pas vraiment le meilleur souvenir que j’ai eu de ma vie et le Professeur Dumbledore et moi nous entendons mal. Ce ne serait pas sage de ma part. De plus Mlle Pince est plus stricte que moi ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose tu sais. Même si pour toi, elle a overreacted. »

Il sourit en l’entendant rire. Rien ne l’assombrissait vraiment. Il commençait même à comprendre comment son père avait pu être séduit par sa mère. Une telle capacité à se remettre de tout et surtout à en rire, c’était rafraîchissant. Il leva un sourcil en apprenant le pouvoir de McGonagall et se promit mentalement de creuser cette piste (l’âge et l’origine correspondaient – de même que le lien avec le Professeur Dumbledore) mais sans poser de questions. Il avait assez utilisé Emily pour la semaine. Plus et elle risquait de se faire des idées. Au lieu de ça, donc, il prit sa baguette et attira à lui trois des cinq ouvrages qui étaient sur la liste.

« Si tu as besoin d’aide en métamorphose, je serais ravi de t’aider. Après tout, c’est également mon point fort et, aussi bon que puisse être un enseignant, il n’y a parfois besoin que d’un nouvel éclairage ou environnement pour réussir quelque chose. »

Il regarda distraitement l’état des livres, plus pour s’occuper les mains que par réel besoin et sourcilla lorsqu’elle lui avoua ne pas savoir quoi dire. Il ne fallait surtout pas qu’elle comprenne le véritable but de ses questions.

« Je suis très curieux et j’ai rapidement comprit qu’on obtient plus de réponses en demandant directement plutot que d’espérer que la conversation tombe dessus. Mais si jamais cela t’importune, surtout n’hésite pas à me le dire. »

Il posa le livre, se frotta la nuque et reprit.

« Il y aura moins de passage ici mais plus à Londres cet été. Or j’ai envie d’avoir un peu de temps libre. Pour voir Klarissa surtout mais aussi régler quelques problèmes personnels. Cela dit, si je t’ai choisie toi, c’est avant tout pour te faire plaisir. Et n’ai pas peur, tu ne seras pas seule, Keith te tiendra compagnie quand je n’y serais pas. »

Il réfléchit à nouveau, pris du parchemin, de l’encre marron (il aimait bien le contraste que cela formait sur le papier jaunit) et commença une lettre pour les parents de la gamine. Cela commençait par un remerciement chaleureux pour le gâteau et continuait simplement avec la demande de laisser la jeune femme travailler sous ses ordres durant l’été. Il terminait, toujours aussi direct par une offre de logement ou de la raccompagner en transplanage tous les soirs et attendit que l’encre sèche avant de mettre les salutations d’usage et de signer. Plier le papier, faire couler de la cire et y apposer son sceau ne prit ensuite qu’une minute et il glissa la lettre dans le premier ouvrage.

« Tout non, de loin, mais ce que tu demandes n’est pas très compliqué à trouver. J’ai mis un mot pour tes parents dans le livre de métamorphose alors fait attention. Tu auras les autres ouvrages la semaine prochaine, promis. Tu veux que je te les envoie par hibou ou tu préfères attendre ? »
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