"Foutu devoir de potion" Grommela Kilian en se glissant entre les rayons de la bibliothèque.

Le jeune serpentard n'était pas du genre à rechigner mais il avait ce cours en horreur. Contrairement à la plupart de ses comparses qui vouaient littéralement un culte au professeur de potion, Kilian le détestait cordialement.

Depuis toujours, suite à une enfance chaotique, le brun était en conflit directe avec l'autorité, et si un adulte representait bien tout ce qu'il haïssait, c'était Severus Rogue ! Et il ne se gênait pas pour lui montrer... Alors évidemment, quoi qu'il fasse et malgré quelques efforts, il peinait à se maintenir à un "Piètre" dans cette matière.

Il n'y avait donc pas pire corvée pour le jeune homme que de se retrouver coincé dans la bibliothèque un dimanche après-midi alors que la majorité des élèves profitait de la douceur de ce mois de mars au bord du lac.
La bibliothèque était si silencieuse qu'il jura entendre Madame Pince se gratter le nez.
Il préféra ne pas s'attarder sur le sujet et chercha une table libre le plus éloigné possible de la cinglée qui gérait cet endroit.

Il se laissa tomber lourdement sur une chaise avec un soupir et sortit son manuel ainsi qu'un parchemin vierge et vieille plume abîmée.

Malgré ses (presques) bonnes intentions, Kilian resta la plume en en l'air, les yeux tournés vers une fenêtre à la vue imprenable sur le parc. De loin il crut voir des remous dans l'eau sombre du lac, mais rien qui aurait pu lui permettre de confirmer ou d'infirmer la présence du fameux calamar géant. Pas de quoi illuminer sa journée en soi.

Quelques semaines auparavant, après de longues recherches et de nombreuses hésitations, le cinquième année avait finalement prit son courage à deux mains et avait envoyé un hibou à son père, lui expliquant qui il était. Il ne le connaissait pas et ne lui demandait pas grand chose. Peut-être un peu d'attention et de reconnaissance, ne serait-ce qu'un début d'explication...

Car pour se construire Kilian avait besoin de savoir qui il était, d'où il venait et de comprendre pourquoi sa mère et son père ne l'avaient pas élevé. D'ailleurs qu'en était-il de cette dernière, était-elle encore en vie ? Etait-elle moldue ou sorcière ? Quel était son nom ? Tant d'interrogations que le jeune homme avait couché sur un parchemin et envoyé, la peur au ventre. Cela faisait plus d'un mois et il n'avait toujours pas eu de réponse... autant dire que cela l'obssedait et qu'il passait ses journées à ressasser les mots qu'il avait écrit, essayant de deviner ce qui empêchait son père de lui répondre.

Un nouveau soupir lui échappa et il passa une main lasse dans ses cheveux ébouriffé. Pas étonnant qu'il dorme si peu avec toutes ses pensées qui tournoyaient sans cesse dans sa tête. Si seulement il avait quelque chose pour se changer les idées !

Il repoussa son manuel avec humeur, étouffant un juron, et sentit soudain la présence d'une autre personne à proximité.

*Et merde...*

Il leva les yeux et plongea son regard noisette dans les yeux couleur océan d'une jolie blondinette. Elle était dans sa classe mais c'est à peine s'ils s'adressaient la parole. Ils n'avaient jamais vraiment eu l'occasion de faire plus ample connaissance et la jolie performance de Kilian ne promettait pas de rendre leur premier vrai contact, facile. Il allait passer pour un grognon asocial ce qu'il n'était absolument pas, surtout en charmante compagnie.

Il s'autorisa un sourire penaud ponctué d'un "Désolé", passant machinalement une main embarassée dans son épaisse tignasse.

"Je croyais que j'étais tout seul" Déclara-t-il en reprenant contenance.

Il plissa légèrement les yeux, essayant de mettre un nom sur ce joli visage :

"Irina, c'est ça ?"

Il se souvenait l'avoir vu plusieurs fois lever la main en cours, d'après le peu qu'il en savait ca devait être une bonne élève... pas le genre à passer 3 heures sur une dissertation de potion pour récolter un "D".

Irina n’avait pas grand-chose à faire. Elle était, pour une fois, à jour dans ses devoirs. Il valait mieux, dans le fond. Car les BUSE approchaient à grands pas, et cela avait lieu dans précisément…Trois mois. Trois petits mois, et elle sera en train de plancher sur un sujet d’examen. Irina n’avait pas vraiment de souci à se faire. Elle avait des bonnes notes dans toutes les matières, bien qu’elle échouait lamentablement en histoire de la magie. Et cette année, ses notes en Défense Contre Les Forces Du Mal n’étaient pas fameuses. La faute à qui? Dolores Ombrage, bien sûr. En fait, quand on réussissait ou non dans une matière, c’était souvent en fonction du prof que l’on a. S’il est un bon prof, on sera très certainement plus motivés pour étudier la matière, et à l’inverse, si le prof est nul, on reste…nul. Irina n’aimait pas beaucoup Ombrage. Sa pseudo-dictature la révulsait. Elle ne pouvait pas concevoir que quelqu’un puisse aduler cette vieille pie. Mais Irina ne parlait pas de ses convictions, pour une fois. Elle se taisait, et fixait de ses yeux clairs et méprisant la Grande Inquisitrice quand elle passait dans les rangs, dans sa classe. En fait, Irina se demandait si elle n’allait pas tout bonnement sécher son cours, qui ne servait strictement à rien, elle passerait son temps à faire quelque chose de plus constructif. Comme par exemple réviser ses BUSE. Quoi? C’est pas une bonne idée?

Oui, bon, sauf que…A Poudlard, rien ne se passe exactement comme on en a envie. Parce qu’il y a d’autres personnes. Et c’était toujours comme ça quand on vivait en communauté. Si bien qu’on devait, parfois, se plier aux envies d’un groupe. Comme par exemple, les abrutis des années inférieures qui fichaient le bazar dans la salle commune. Jouant à la bataille explosive, chahutant, jouant aux échecs version sorcier, et surtout, ne se souciant pas que les cinquième & septième année avaient des examens à passer cette année. Alors bon, franchement, qu’est-ce qu’on pouvait faire contre ce genre de racaille? Irina avait beau froncer les sourcils, les fixer d’un air méchant et réprobateur, n’empêche que se taper la tête contre le mur c’était pareil. On se faisait mal et rien ne changeait au problème. Irina, fatiguée de dépenser son énergie en regards noirs et autres pincements de lèvres dissuasifs, remballa ses affaires, les rangea dans son sac, et quitta la salle commune d’un pas rapide et agacé.

Un endroit calme, se répétait-elle. Il fallait trouver un endroit calme. Dehors? Mauvaise idée, il faisait bon dehors, et il y aurait encore plus de crétins finis dehors. Certains lézarderaient en plein soleil, se desséchant comme de vieilles momies, et rencontreront des problèmes de peau quand ils seront vieux. D’autres seraient en train de se prélasser à l’ombre, avec leurs cours, d’autres seraient en train de faire joujou sur les pelouses comme des gamins de cinq ans. Ne manquerait plus que le bac à sable pour qu’ils puissent faire des pâtés. C’était donc une très mauvaise idée d’aller réviser dans le parc. La bibliothèque s’imposait alors d’elle-même. L’endroit était à l’ombre, et devait sûrement être calme. Alors allons-y.

Irina choisit une table, près des rayons qui contenait les bouquins qu’elle convoitait. Ben oui, ça serait un peu débile de devoir traverser tout l’endroit pour aller chercher un livre. Elle prévit le coup, puisqu’elle ramena dans ses bras trois gros bouquins. Défense contre les forces du mal, un manuel de potions utilisé dans les années supérieures, et un livre portant sur l’histoire de la magie. Irina devait bosser cette matière parce que c’était là qu’elle pêchait le plus. En même temps, elle n’en avait pas grand-chose à faire des révolutions de gobelins dans les années quelque chose. En fait, elle s’en fichait comme de l’an quarante. Mais c’était une des matières principales, et malheureusement, elle devait s’y faire. Irina prit le gros bouquin d’histoire de la magie, et commença à le feuilleter, regardant distraitement les gravures qui dataient pour certaines du moyen-âge. Irina soupira, déjà tannée. L’histoire de la magie, c’était vraiment barbant. Elle n’avait jamais été capable d’associer date et évènement, sûrement parce qu’une partie de son histoire à elle restait une grande interrogation pleine d’inconnues et d’incertitudes. Elle fronça les sourcils, et secoua la tête pour chasser ces pensées inopportunes.

Elle referma le livre d’histoire d’un geste sec, puis elle le repoussa vers le centre de la table. Elle mit devant elle le manuel avancé du cours de potions, et commença à rédiger ses notes, ajoutant des trucs à ce qu’elle savait déjà. En même temps, elle réfléchissait. Qu’allait-elle pouvoir faire plus tard? Elle n’en savait trop rien, mais elle savait qu’elle arrivait bientôt à la Croisée des Chemins. Elle allait devoir choisir. Rester une sorcière lambda, ou alors s’investir dans la Cause. Elle se savait faite pour ça. Elle savait que c’était dans cette direction là qu’elle devait aller. Aucun métier ne semblait vraiment la passionner. Peut être la Médicomagie. Ca serait chouette. Elle avait eu un encart entre les mains, et cet encart décrivait les compétences nécessaires pour arriver au métier de Médicomage. Il fallait bien entendu être bon en sortilèges et enchantements, mais aussi en botanique et en potions. Irina savait que ces trois matières correspondaient à ses compétences. De même, la vue du sang ne la dérangeait pas trop. Elle avait longuement hésité avec un métier en rapport avec les potions. Mais c’était juste bien à faire en classe. Ou de temps en temps pour s’amuser. Mais en tout cas, elle ne se voyait pas faire ça à longueur de journée. Elle espérait donc faire des études de Médicomagie pour intégrer Sainte Mangouste après. Ou n’importe-quel autre centre hospitalier magique dans les pays anglophones ou nordiques, de là où elle était originaire. Et puis au pire, elle pourra utiliser une potion polyglotte si elle devait avoir à changer de pays.

Songeuse, Irina s’était arrêtée d’écrire, la pointe de la plume en l’air. Elle caressait distraitement son menton avec. Elle replongea dans son livre de potions, contente de sa nouvelle révélation, et elle recommença à écrire. Elle haussa un sourcil contrarié quand elle entendit des bruits. Mais elle se remit au travail, couvrant les parchemins de son écriture fine. Légèrement penchée, un peu désordonnée. Irina n’écrivait pas des lettres toutes en rondeur, comme la plupart des filles. Elle n’écrivait pas en attaché non plus. C’était assez irrégulier, et contradictoire d’une ligne à une autre. Elle ne faisait jamais ses lettres de la même façon. Elle ne raccordait jamais les lettres de la même manière. Irina s’intéressait un peu à la graphologie. Le fait d’analyser une écriture manuscrite pour essayer de cerner la personnalité d’un individu. Celui qui se pencherait sur une copie d’Irina devinerait à coup sûr quelqu’un d’assez paradoxal, alliant angles durs et arrondis. La folie dont elle pouvait faire preuve parfois. Son côté totalement contradictoire, ses humeurs changeantes, son caractère lunatique à souhait. Un psy s’amuserait à déchiffrer la complexité de son écriture, comme il adorerait pouvoir la déchiffrer. Elle qu’on surnommait le labyrinthe sur pattes. L’énigmatique jeune fille trempa sa plume dans l’encrier, et coucha quelques mots supplémentaires sur le parchemin. Et elle fronça des sourcils d’un air agacé quand elle entendit quelqu’un jurer à proximité. Elle grommela quelque chose pour elle-même avant de se retrouver confrontée à un élève de sa maison et de son âge. Irritée d’avoir été dérangée, elle aboya à son adresse:

« -Quoi? Qu’est-ce que tu veux? »

Charmante, vous disiez?

[Désolée pour le temps de réponse, j'ai un peu eu de la peine pour répondre. Bref. Irina n'est pas blonde, elle a les cheveux noirs x) Et par contre elle a bien les yeux bleus, bref, c'était un détail ^^']