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[mars 1996]Solitude ne dure jamais

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MessageSujet: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyLun 27 Juil 2009 - 23:36

La lumière perçait doucement à travers la persienne contre laquelle se trouvait adossée Majandra Collins. Un fin filet de jour éclairait l'ensemble de la salle de la classe où la serpentarde avait élue domicile pour quelques heures. Ci et là reposaient chaises et pupitres recouverts d'une épaisse couche de poussière. Cette salle se trouvait abandonnée depuis de nombreuses années. De mémoire, il semblait à notre sorcière ne l'avoir jamais connu impeccable. Les elfes de maison ne manquait pourtant pas dans l'enceinte de l'école mais d'étranges rumeurs persistaient au sujet de cette étrange inactivité.

Deux versions étaient justement parvenues aux oreilles de l'intrépide septième année à son arrivée à Poudlard. Dès lors cette dernière s'était évertuée à braver cette crainte populaire et ainsi passer son temps libre dans ce lieu reclus et paisible. L'histoire voulait qu'un sort malheureux se soit si imprégné dans la pierre que ses effets néfastes se faisaient ressentir encore aujourd'hui. Le produit n'ayant été vérifié depuis le temps, la jeune femme s'intéressa davantage à l'autre alternative, plus farfelue. Les élèves supposaient que des fantômes, si mineurs que leurs noms en furent oubliés, avaient élus domicile des siècles dans ce petit espace servant autrefois de scène aux pires vices. On prétendait que leurs cris perçaient parfois dans la nuit et annonçait une heure difficile où leur souffrance nous serait partagée puis mise à terme par une mort lente et effrayante... Évidemment ce dernier point mettait à mal l'audace de certains. Car et si tout cela se révélait exact... et si la magie se retournait parfois contre nous... et si...

Sa plume roulant entre ses longs doigts laiteux, Majandra observait le parc à travers l'espace préservant la vitre de l'abat-jour. Un livre refermé trônait sur ses genoux alors qu'elle restait assise sur la bordure très large de la fenêtre. L'odeur de craie emplissait toujours l'air. Tout dans cette école respirait l'éducation, du premier bureau à la dernière fourchette. Rien au monde ne pouvait égaler cette sensation grisante de bulle du savoir. A chaque détour, à chaque instant, à chaque action, le nom d'un sorcier, une formule, un ingrédient de potions, un événement majeur et magique se rappelaient aux étudiants foulant les pavés. Au fil de son enseignement, l'apprentie sorcière avait su associer au château une multitude de mémos techniques plus utiles les uns que les autres.

Elle n'aimait pas le contact avec les gens. Elle méprisait l'espèce humaine. Les êtres normaux fondaient leurs bases sur les relations sociales, Majandra opérait différemment. Ses repères à elle se limitaient à la pierre et aux acquis d'une vie. Ambition, Pouvoir, savoir... La philosophie d'une existence ne tient qu'à si peu de choses...
Diantre ! Qu'elle détestait s'éparpiller ainsi ! Échappant un soupir qui précéda un de ces sourires précieux car si rares, la songeuse d'une minute laissa place à l'écrivaine. Elle rouvrit son grimoire et sa plume heurta fiévreusement les pages jaunâtres qu'elle tâcha de noir des lignes entières.


« Ne pas perdre l'inspiration, ne pas perdre la concentration... Écrire, écrire, écrire.. » murmura t-elle à soi-même telle l'injonction à respecter plus que tout.
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MessageSujet: Re: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyMar 13 Oct 2009 - 23:34

[Comme promis je te rejoins =p ]

    La blonde devenue brune il y a un moment déjà fixait de son regard mauvais et bleuté un jeune homme, qui lui tournait le dos, assis à la table des Poufsouffle. Si un regard avait pu tuer, pour sur qu’en se sentant observé, il aurait rendu l’âme. Tout en fusillant du regard le type, elle pinçait les lèvres en signe de désapprobation. Williams. De Poufsouffle. Septième année, lui semblait-il. Oh que non, elle ne l’aimait pas du tout. Alors qu’elle tournait la tête lentement à sa droite, elle continuait de fixer Williams, avant de poser son regard jupitérien sur une autre silhouette, qui lui tournait le dos. Swart, de Poufsouffle, again. Qui lui semblait bien plus sympathique que Williams ceci dit en passant. Mais enfin? Qu’avaient-ils en commun, et qu’avaient-ils fait pour perturber autant la jeune femme? Tout du moins, la mettre dans une colère froide? Il valait mieux qu’elle ne leur tombe pas dessus. Car pour quelqu’un comme Irina, mieux valait qu’elle soit dans une colère explosive avec l’envie de tout casser, plutôt qu’une colère froide, où on ne savait jamais vraiment quand et d’où le coup allait partir. La brune tourna légèrement la tête, et fixait à présent la table des rouge et or, où se trouvait Daphné. Agacée, Irina fit claquer le bout de sa langue contre son palet, avant de froncer les sourcils et de se replonger dans son livre, ou tout du moins, faire semblant. Pour le cours de Métamorphose, ils avaient eu à lire le chapitre traitant de l’influx Transfiguratoire. Genre. C’est surtout qu’elle était en train de potasser pour les BUSE qui étaient relativement proche, mais il ne fallait pas le dire.

    Furtivement, Irina regarda de nouveau les deux garçons, puis Daphné. Daphné qui discutait avec quelques unes de ses copines sans prêter réelle attention aux deux crétins. Tant mieux. Tant mieux. Mais c’était plus fort qu’elle. Irina ne pouvait s’empêcher de regarder alternativement Cédric, puis Damien, puis Daphné. Agacée, elle battait la mesure, et les tap-tap à intervalles réguliers avaient le don d’agacer ses voisins qui lui lancèrent un regard noir. La norvégienne ne se formalisa pas, et se contenta de leur renvoyer un regard meurtrier. Interloqués, il la regardèrent avant de retourner à leur discussion tout en chuchotant vivement et en lui jetant des regards furtifs de temps à autres. Irina aurait parié beaucoup qu’ils étaient présentement en train de parler d’elle, mais elle faisait genre qu’elle ne voyait rien et n’entendait rien, à dire vrai, elle n’avait pas le temps de s’occuper ni de sa parano, ni de son ego, en fait, elle était de nouveau partie dans sa contemplation de Daphné et de Cédric et de Damien. Avant de se dire que tout ceci la gonflait prodigieusement, et de refermer son grimoire d’un coup sec, faisant voleter sur la table quelques grains de semoule qu’elle n’avait pas mangés, et qu’elle avait accueilli avec quelques grimaces de dégoût, pour en manger quelques uns du bout de la fourchette avant de décréter qu’elle en avait eu assez.

    Brusquement, elle se leva, raclant bruyamment sa chaise. S’attira quelques nouveaux regards offusqués de ses hypocrites de voisins qui avaient l’air de se dire qu’elle était d’un sans gêne considérable. Grand bien leur fasse. Eux aussi étaient sans gêne, en plus d’être pas très malin. Forcément, ils parlaient d’elle alors qu’elle était à même pas cinquante centimètres d’eux, et que par conséquent elle pouvait parfaitement entendre ce qui se disait, même si c’était chuchoté ou murmuré. Sans un regard supplémentaire pour les trois renégats qui avaient causé sa colère, elle était partie, sa robe flottant derrière elle dans un claquement d’étoffe. Ca y est. Elle était énervée. En même temps, c’était pas difficile. Elle était tout simplement désespérée par le genre humain -comme si elle était mieux, dans le fond!-et tout travers de ses congénères -cousines ou pas cousines- avait tendance à l’agacer prodigieusement. En même temps, Daphné, c’était Daphné. De la fratrie de ce côté-là de la famille, Irina n’aimait pas beaucoup les deux autres, à part peut-être Majandra, qui constituait la seule exception. Exception qui pourrait confirmer la règle, diraient les mauvaises langues.

    Qu’ils aillent tous au diable! D’un pas rapide, un sac dix fois trop lourd par rapport à ce qu’elle était capable de porter, elle se traînait toutefois dans les couloirs, ne sachant pas trop où aller de prime abord. Au bout d’un moment passé à errer, elle dut admettre qu’elle trouvait le temps bien long, surtout que la sangle de son sac lui sciait l’épaule, et la douleur commençait à se faire sentir, diffuse et lancinante, piquante. Vague a été la tentation de laisser son sac là et de continuer, pour revenir le chercher plus tard {ce qui en fait, revenait au même, la perte de temps et d’énergie en allers retours inutiles en plus} mais dans ses affaires, il y avait des choses compromettantes parce qu’interdites. Découvrir qu’elle faisait dans l’illégalité, surtout si elle tombait sur Ombrage n’allait pas être de bon augure pour elle, et même s’il y avait quelques suspicions au sujet de la vert et argent de cinquième année, autant ne pas tenter le diable et semer derrière elle des preuves déterminantes. Alors, elle allait continuer à se traîner son fardeau, comme elle le faisait aussi avec la vie. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas vivre, Irina. C’est juste qu’elle est…blasée. Voilà, c’est le mot. Elle est blasée.

    Elle avait pris l’habitude de laisser tomber la déprime pour adopter un cynisme mâtiné de pessimisme. Parce que le pessimisme était à Irina ce que la Joconde était à De Vinci, l’un sans l’autre, ce n’était plus du tout la même chose. Alors, maintenant, elle prenait du recul. Autant de recul qu’elle pouvait du haut de ses seize ans, ce qui laissait supposer une part de vécu insuffisante pour constituer un avis clair et précis sur la chose. Elle voyait le monde d’en haut, raillait, se moquait, tout en laissant échapper des soupirs désespérés, ne croyant plus à l’issue heureuse à toute cette histoire. Les happy ending, ça ne valait que pour les contes, la réalité, elle, n’aurait qu’une fin alternative, ni trop heureuse, ni totalement triste. Un bon compromis. Mais si Irina ne savait pas apprécier ce qu’on lui donne à leur juste valeur, on le lui rendait bien. Irina n’avait pas d’attaches, à proprement parler. Elle allait et venait où bon lui semble, s’arrêtait, se posait un peu plus longtemps, et repartait sans regrets, avec juste un peu de nostalgie propre aux souvenirs. Elle était ainsi aussi bien avec les lieux qu’avec ses petits copains. Jamais de sentiments. Rien que du bon temps. Une heure au plus, passés ensemble, et basta, il n’y avait pas besoin de plus. Elle jeta un regard aigre à deux jeunes gens enlacés dans un coin, qui se croyaient à l’abri des regards, mais trop dans leur monde rose et sucré, trop protégés par leur bulle d’amour, ils n’avaient pas dû s’apercevoir de sa présence, ainsi, elle poursuivit son chemin sans trop y faire attention, se retrouvant juste dépassée par le comportement de certaines personnes. L’âme humaine était un mystère, et elle pouvait apparaître dans toute sa splendeur comme elle pouvait apparaître dans toute son atrocité, et c’était ça qui était fascinant.

    La sombre adolescente traçait du bout des doigts une ligne imaginaire sur le mur qu’elle longeait, effleurant les creux et les bosses, les sillons et autres aspérités de la pierre. Le couloir dans lequel elle venait de tourner était silencieux et désert. Elle passait devant les portes frappées d’un numéro, pour la plupart closes, mais n’en ouvrait aucune, au fond du couloir, lorsqu’elle arriva à une impasse, elle daigna s’arrêter. Elle posa sa main blafarde sur la poignée de la porte, qui n’opposa aucune résistance quand elle l’ouvrit. La pièce était plongée dans la pénombre, éclairée par de fins rais de lumière filtrant à travers les crans d’un vieux store, mais ce qui frappa le plus la jeune fille, c’était l’odeur de poussière, qui la fit légèrement tousser. Elle continua de s’avancer parmi les pupitres poussiéreux, en remarquant avec un léger cynisme que les profs se plaignaient de ne pas avoir assez de salles de classe, alors qu’il y en avait une juste là, parfaite, qui ne demandait qu’à retrouver son utilité passée. Comme un ultime souvenir des présences passées, elle discerna une ombre, tout d’abord floue, puis qui se faisait plus distincte à chaque pas qu‘elle faisait, son pas résonnant mollement sur le dallage recouvert de poussière, et elle finit par reconnaître Majandra, sa cousine, perdue parmi parchemins, plume, encre et matériels scolaires.


    MAJANDRA: Ne pas perdre l'inspiration, ne pas perdre la concentration... Écrire, écrire, écrire...

    C’était du Majandra tout craché. Elle se parlait souvent à elle-même, pour se motiver, comme à chacun, elle suppose. Irina s’assit sur la table à côté, indifférente à la poussière -s’épousseter en sortant de la salle ne la tuera pas-, ses jambes balançant dans le vide.

    IRINA: Majandra. Il faut qu’on parle. C’est à propos de Daphné.

    Encore un des nombreux aspects de la personnalité de la sombre jeune femme. Elle allait droit au but. Et quelque part dans son esprit, les rouages s’étaient mis à fonctionner sans résistance aucune. Le plan machiavélique était en marche.
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MessageSujet: Re: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyMar 22 Déc 2009 - 23:46

Les mots se succédaient à vive allure tandis que la sorcière laissait ses lèvres s'animer au fil des phrases silencieuses à former. Plusieurs fois, sa fièvre diminua et laissa place à une profonde réflexion, dont seul un regard vers l'extérieur semblait fournir la réponse à ses doutes. L'encrier tintait ensuite au contact de la plume contre ses parois et reprenait dès lors le rythme effréné d'une rédaction passionnée. Ainsi défilaient les minutes de cette introspection. Petit bulle d'infortune dont les parois s'ébranlèrent sous les pas étouffés d'une présence plus qu' agréable, bien qu' inattendue. Les pupilles noires se détachèrent lentement du parchemin, tombèrent sur des chaussures à la limite de la réglementation et remontèrent jusqu'au délicat visage de sa cousine. Les soucis se lisaient sur ses traits comme dans un livre ouvert. Le poignet de la préfète s'immobilisa aussitôt. Un court instant, elle sonda l'expression arborée par Irina avant de refermer sèchement son manuscrit dans un « clap » bruyant. Sa robe reçut quelques grains de poussière et l'étoffe se froissa sous son mouvement. Elle se tourna vers la jeune adolescente, les jambes croisés, la mine attentive.

Son sang ne pouvait mentir. Leur passé les liait avec une telle intensité que Majandra ne doutait pas de l'importance des propos qui suivraient. Les mains jointes sur ses genoux, elle ne se lassait pas du sentiment de totale dévotion éprouvé envers sa cadette. Les évènements se succédaient toujours de la même manière. Irina apparaissait et plus rien n'importait. La future mangemorte se souvenait avec une précision déconcertante des détails de leur première rencontre. Il pleuvait en ce jour d'été. La Norvège accueillait une nouvelle fois la branche Collins séjournant dans le Southampton. Ce matin là allait débarquer dans son univers un poupon dont le regard l'accrocherait avec talent.

Les premières heures du jour s'écoulaient lentement. Carmen, épouse d'Erwan Collins, la mine fatiguée et les yeux alourdis par de larges cernes, tenait contre sa poitrine l'ainée de la fratrie. Sa baguette pointée vers une casserole, intimait quelques tours à un biberon. Son mari quant à lui, s'occupait de leur deuxième fille, Daphné, qui rendait nerveuse Majandra avec ses pleurs. La petite, âgée de deux beaux printemps battait l'air de ses deux poings et retenait son souffle jusqu'à obtenir une teinte de visage si rouge que sa mère suppliait son époux de changer de pièce avec leur cadette. L'apnée était la solution la plus expressive et adéquate à tout ses caprices. Le calme revenu, on percevait avec un certain plaisir le crépitement du feu dans la cheminée et sa chaleur qui venait chatouiller des orteils découverts. Quelques minutes sereines passèrent. Le biberon voletait avec grâce vers la matriarche quand trois coups retentirent contre la porte en chaîne massif, secouant les murs de vibrations. Les hurlements de Daphné redoublèrent et un souffle fut de nouveau retenu. Excédée, Carmen, secoua légèrement l'enfant pour lui faire lâcher prise. Elle ne céda pas. Erwan était réapparu promptement et la porte s'ouvrit alors sur une petite troupe frigorifiée qui s'empressa d'avancer vers la température réconfortante de l'âtre. Des mots et des poignées de main fermes furent échangés mais la gamine dont le teint avait frôlé le violet avait cessé son jeu dangereux sous un regard noir totalement hypnotisant.

Cette image revenait régulièrement s'inviter dans ses pensées. La scène s'était-elle déroulée ainsi ? S'en souvenait-elle vraiment, ou seuls les ragots de ses parents avaient donné une telle clarté à cette journée ? La serpentarde aimait se la remémorer comme le fruit de ses propres impressions mais si jeune... Était-ce crédible ? Ces prunelles avaient scellé son cœur à cet être si frêle et si précieux. Cet état restait incontestable. Aujourd'hui encore, ces yeux noirs la fixaient et la troublaient comme nul autre homme, si ce n'est le seigneur des ténèbres, ne savait le faire. Il n'y avait là rien de physique, tout se passait à l'intérieur. Son âme s'inclinait avec diligence sous le poids de sa précieuse extension. Madison était écartée du tableau naturellement. Le temps n'avait pas su les rapprocher. On ne pouvait abuser de l'affection de Majandra pour les autres... Elle ne supportait qu'une personne et celle-ci se tenait justement face à elle en train de lui rabâcher une réalité déplaisante.

Au nom de sa jeune sœur, la préfète tiqua et une moue déplaisante ourla ses lèvres maquillées de noir. L'affront d'une sang pur, de son sang, chez ces maudits Gryffondor était déjà difficilement supportable. Était-ce vraiment nécessaire de le lui rappeler ? Elle émit un long soupir et se pinça l'arrête du nez tandis que son front se plissait sous l'effort fictif de retrouver le visage s'alliant au nom.

«  Daphné... Daphné... »

Sixième année. Seize printemps au compteur et ce maudit tapage quotidien autour de sa personne. Comment oublier cette erreur de la nature ? Assez grande, les yeux clairs, les lèvres toujours pincées dans un rictus de pseudo culpabilité. Effrontée à souhait. Peste à dompter année après année. Diable, qu'elle aimerait combler cette pulsion maladive de ses mains se refermant sur son cou fin, jusqu'au craquement sinistre des vertèbres...
Elle déglutit et laissa retomber sa main sur la table. Ses doigts pianotaient sur sa peau alors qu'elle scrutait le fond de la salle en quête d'une réponse inutile. Subitement le plat de sa paume vint frapper son crâne dans un « toc » distinct.

«  Suis-je bête ! Tu parles de cette nuisible qui gravite dans mon espace depuis toujours... Et bien ? Qu'a-t-elle bien pu faire de pire que de respirer celle-là ? »


Elle se laissa retomber mollement contre le pan de la fenêtre et grommela quelques mots incompréhensibles reflétant tout le bien qu'elle pensait de la chair de sa chair. Famille de sang pur, certes mais famille de bras cassés. Entre Daphné, la grande gueule à boucler, Joanna la rêveuse à réveiller et Thomas le cracmol à cramer d'un éclair vert...
Les valeurs de leurs parents ne s'éloignaient pourtant pas vraiment de celles traditionalistes des familles normales. Majandra suspectait ses géniteurs de laisser le choix de leurs convictions à chacun. Quelle bande de pleutres ! Un nouveau grondement contestataire naquit au fond de sa gorge. Ces abrutis compliquaient son parcours sans faute. Combien de fois devrait-elle remercier le ciel d'avoir mis sur sa route une âme digne d'intérêt ? Combien de fois devrait-elle supplier le ciel de reprendre les autres. Irina seule, suffisait à son bonheur. Elle soupira. Une énième fois, elle inspira longuement. Elle saisit avec violence son poignet secoué de tremblements nerveux et le plaqua contre elle pour l'entraver de toutes facéties. Enfin, elle retrouva son calme. Comme d'habitude, il ne fallait y voir qu'un masque de principe mais au moins, elle se trouvait toute disposée à écouter les fabuleuses aventures de Daphné Collins, la terrible.
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MessageSujet: Re: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyDim 24 Jan 2010 - 19:11

Irina avait conscience qu’elle allait déranger Majandra dans son travail. Après tout, la demoiselle s’était invitée sans préavis, sans rien dire, se faufilant dans la pièce telle une ombre sinistre. Une ombre qui nourrissait de sombre desseins, comme à son habitude. On ne la changerait pas pour cela. Depuis quand la vert et argent avait des scrupules dites-moi? Jamais. Alors ça ne devrait pas la déranger outre mesure de soustraire sa cousine à son travail. Les examens approchaient mais ce n’était pas en soi une raison pour s’abrutir dans des ouvrages fades, insipides et qui transpiraient l’ennui. L’ennui. Tout comme ce que cette salle dégageait. Les souvenirs oubliés là, qu’on pouvait aisément ressentir mais qui au fond n’importaient pas plus que cela. L’ennui était également ce qui avait motivé la jeune Collins à venir se réfugier ici, à défaut d’endroits calmes susceptibles de l’accueillir et surtout susceptibles de lui plaire, et ce n’était pas forcément gagné. Dans une école grouillante d’élèves il devenait difficile de trouver un endroit calme où on pouvait s’entendre penser sans se laisser parasiter par quelqu’un d’autre. Pourtant, Poudlard était suffisamment grand pour pouvoir s’accorder ainsi un peu de solitude mais l’ironie voulait que là où l’on aille, il y ait toujours quelqu’un d’autre. Un comble. Mais heureusement, Irina était avec sa cousine et c’était tant mieux, parce qu’elle n’aurait pas supporté la présence d’un illustre crétin.

En parlant de crétins…Irina tolérait mal la crétinerie. Et malheureusement la famille Collins n’avait pas été épargnée par ce phénomène illustrant parfaitement la décadence des différentes générations qui se succédaient en ces murs millénaires. Irina regardait, navrée, les idiots de première année devenir de plus en plus insolents et stupides à mesure qu’ils défilaient, en plus d’être carrément vulgaires lorsqu’ils avaient quelques années de plus. A la place des parents, elle leur aurait collé une bonne gifle, c’était certain. Il n’y avait que ça de vrai pour remettre les petits branleurs dans le droit chemin. Et ca se voyait que Thomas, le petit frère de Majandra et accessoirement le cousin d’Irina, de toute évidence, n’avait pas encore eu assez de baignes. La vérité est que sa tante était faible, le père quant à lui un brin barré, seule Majandra avait su rester digne d’un Collins alors que les trois autres étaient des bons à rien, la honte de la famille en somme. Irina se demandait comment Majandra faisait pour survivre au milieu de boulets tels que Thomas, Daphné et Joana. Irina savait bien que Majandra aurait dû être sa propre sœur au lieu d’être la leur, ils étaient tellement indignes d’elles. Dire qu’elle détestait ses autres cousins serait mentir, en fait elle leur vouait une profonde indifférence qui se teintait parfois de mépris lorsqu’ils ne savaient pas se faire oublier. Comme c’était le cas avec Daphné en ce moment. Cette idiote ne savait pas se tenir tranquille, il fallait qu’elle s’entiche d’un sang de bourbe.

Là était le problème. Il ne fallait pas qu’un de ces êtres n’entrent dans la famille et ce afin de ne pas contaminer les problèmes. Cette idiote devait comprendre, quitte à ce que ce soit avec perte et fracas, qu’elle devait bien choisir ses conquêtes si conquêtes il devait y avoir. Irina, elle, affichait à son tableau de chasse des sang-pur uniquement, ne se risquant pas à vouloir toucher un sorcier de seconde zone. Là transpirait l’extrémisme idéologique de la jeune femme, du au déterminisme familial. Elle est une sang pur, elle a été conditionnée comme une sang-pur, elle fréquentera d’autres sang-pur qui auront la même vision des choses qu’elle et qui ne se montreront pas moralisateurs, genre les traîtres à leur sang qui toléraient tout et n’importe quoi. L’on reprochait souvent à la verte et argent d’être hautaine et élitiste mais ce n’était un secret pour personne, surtout quand on regardait Irina et Majandra. L’on se disait alors que c’était de famille. Malheureusement, chez les trois autres du côté de Majandra, cette valeur de la prééminence du sang pur était fortement remise en question, surtout en ce qui concernait Daphné qui en tout cas était bien en marche vers la traîtrise infâme qu’était celle de s’acoquiner d’un moins que rien. Il fallait arrêter ça avant que Daphné ne se fourvoie et ne jette le voile de la honte sur la famille.

Majandra était la plus qualifiée pour l’aider dans cette vaste entreprise. D’une, parce que Daphné était sa sœur, malgré tout. Et mine de rien, les liens du sang avaient beaucoup d’importance, Irina ne pourrait le contester sinon ce serait cracher dans la soupe. De deux, Majandra était une spécialiste en ce qui concerne les complots en tout genre et la façon appropriée pour les mettre en œuvre. De trois, elle était la plus a-même de comprendre l’esprit tordu de la jeune Irina. En clair, elle était la seule et unique personne à qui Irina réclamait de l’aide, elle qui d’habitude ne voulait de l’aide de la part de personne, détestant être redevable envers quelqu’un, sa fierté n’étant probablement pas étrangère à tout ça. Majandra pouvait bien être la seule à se targuer de connaître sa cousine presque sur le bout de ses ongles vernis de noir, tout comme la réciproque pouvait être vraie. L’on venait très difficilement à bout de ce tandem diabolique qui depuis qu’il était réuni effrayait les pauvres ignorants que les autres représentaient. Mais il n’y avait pas une pour rattraper l’autre, les deux avaient l’âme aussi noire que le charbon, comme sorties droit d’un enfer où elles ont été enfermées bien malgré elles.


MAJANDRA: « Daphné... Daphné... »

Oui, elle-même. La petite qui faisait fausse route et qu’il fallait remettre dans le droit chemin, quitte à la remuer un peu trop, quitte à la violenter un tant soit peu. Il fallait qu’elle comprenne. Il fallait qu’elle apprenne la vie. Il fallait qu’elle devienne digne des leurs, qu’elle puisse perpétuer la lignée quand viendra aussi son temps. Bientôt c’est elle qu’on promettra à un autre, en vertu des valeurs archaïques qui étaient de mise dans la famille. Daphné ne pouvait pas prendre un chemin différent, c’était impossible. Elle était suffisamment idiote et inconsciente pour oser prétendre à un avenir clément fait d’amour et d’eau fraîche. L’inconsciente! Irina opina légèrement lorsque Majandra avait murmuré le nom de sa sœur, comme si elle avait momentanément oublié son existence et qu’elle s’efforçait de se rappeler. Et qu’entre nous, des fois, il valait mieux, effectivement oublier. Histoire de ne pas se navrer un peu plus.

MAJANDRA: « Suis-je bête ! Tu parles de cette nuisible qui gravite dans mon espace depuis toujours... Et bien ? Qu'a-t-elle bien pu faire de pire que de respirer celle-là ? »

Nuisible, en effet. Que pourrait-elle être d’autre à part un nuisible? Un rictus apparut sur les lèvres vermeille de la Serpentard. Cette idiote était non seulement la honte de la famille pour avoir été à Gryffondor, mais en plus ce qui se préparait…Elle méritait un châtiment à la hauteur de son crime. Les rêves allaient certes être brisés, mis en pièce, mais il fallait passer par là pour espérer devenir quelqu’un. Irina en son temps avait eu aussi ses rêves. Des ambitions, des désirs d’avenir. Si aujourd’hui, elle n’avait plus que l’ambition, c’est pour une bonne raison. On lui avait appris à faire abstraction de tout le reste, à se priver de ses envies, de ses désirs. De ses pauvres désirs d’humaine qui ne feraient que de la détourner du droit chemin. Un chemin qu’on avait d’ores et déjà tracé pour elle. Un chemin vers la gloire! Mais la gloire ne s’obtenait pas sans contrepartie. La gloire s’obtenait grâce au renoncement. Il fallait travailler dur pour cela, faire une croix sur sa vie. Tout mettre entre parenthèses pour un temps. Vivre presque d’ascétisme. Il fallait fermer son cœur, son esprit, devenir une forteresse imprenable. Il fallait être hermétique au reste du monde, ne pas se laisser avoir par la compassion, compassion envers ces chiens qui ne feraient que d’en profiter pour mieux l’avoir. Irina avait fait tout cela, au prix de nombreuses souffrances. Et maintenant, qu’en était-il? Elle était aveuglée par le pouvoir, par la gloire, oubliant tout le reste. N ‘hésitant pas à écraser les autres impitoyablement pour espérer rester sur son précieux piédestal. La norvégienne posa son regard jupitérien sur sa sombre cousine, avant de murmurer:

IRINA« -En d’autres temps elle aurait été rendue coupable d’hérésie. Maintenant…Cette idiote s’est entichée d’un sang de bourbe. Elle est faible Majandra! Elle se laisse aller à ses désirs et ses sentiments qui font que l’être humain est lâche. Ce n’est pas bon pour elle, et il faut la ramener dans le droit chemin. Qu’elle soit enfin digne d’être des nôtres. »

Le tout dit d’un ton impitoyable, le regard brillant et machiavélique. La voix conspiratrice n’ôtait pas son atmosphère oppressante au tableau, bien au contraire, elle ne faisait que de l’exacerber. Un sourire froid et sans chaleur avait envahi les lèvres de la sinistre vert et argent. Un sourire de mauvais augure.
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MessageSujet: Re: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyLun 22 Mar 2010 - 23:07

Son cœur tambourinait dans sa poitrine telle l'amorce d'un mauvais présage, rythmant la mélodie macabre qu'elle se savait prête à entamer. Les choses ne suivaient jamais le cours voulu et si cet état devenait coutumier au fil des ans, il n'en demeurait pas moins exécrable. Son pouls sous ses doigts se faisait plus menaçant et ses joues se teintaient d'un rouge colère. Ces couleurs dénotaient sur sa peau de porcelaine et ce constat ne faisait qu'aggraver la crise qui l'englobait. Ses mains glacées vinrent rafraichir son visage et c'est la tête enfouie dans ses paumes que la sorcière se sentit apte à accueillir le couperet qui briserait sa retenue. Sa respiration se fit aussitôt plus saccadée, plus forte et plus inquiétante. Des veines saillantes se révélèrent sur sa peau satinée tandis que la demoiselle relevait des yeux agrandis par une fureur palpable. La démence suintait si bien de ses pores que la préfète n'en paraissait que plus démoniaque.

«  Sang de bourbe... »

Un murmure rauque, déformé par son besoin de violence qu'elle répète inlassablement. Qui ? A ignorer sa sœur, elle se trouve maintenant confrontée à l'ignorance. Ignorance déplaisante. Ignorance impardonnable. Muée par sa crainte, elle fond sur sa cousine et se saisit de son col avec mépris. « Es-tu sûre ? » Bien sûr. Ces yeux noirs. Irina. Elle ne peut tomber sur meilleur exemple d'honnêteté. Son emprise se relâche subitement, elle recule, titube et se heurte à une table dont le grincement suffit à l'apeurer. Ses jupes virevoltent, elle se fraye un chemin au travers de la pièce, bousculant les meubles sur son passage avec plus de force qu'il n'est nécessaire. Le fracas envahit la salle et cette question qui cogne à ses tempes sans trouver une réponse satisfaisante. Qui ? Quelle âme se risquerait-elle à la défier ainsi ? Cennyd ? Non. Irina est sa meilleure proie. Evan ? Impossible... Et si... Elle refuse, frappe le tableau de ses poings, fulmine contre sa sœur. Maudite insolente. Maudite. Maudite...

«  Où est-elle ? » De ces mots ne transparaissent qu'un feulement angoissant. Ses doigts glissent sur l'ardoise, ses ongles pénètrent la matière pour n'en laisser échapper qu'un crissement abominable. La tignasse folle, le buste soulevé frénétiquement à chacune de ses inspirations, elle jette un regard effroyable à sa cousine, les pupilles dilatées, les sourcils froncés au point de jeter un voile sur son faciès déformé. Son corps s'affaisse, le tissu se froisse sous ses genoux et le calme revient aussi furtivement qu'il s'était enfui.

«  Je dois la tuer... »

Un souffle. Une certitude. Cela ne peut plus continuer. Daphné sera la première. Le prémisse d'un massacre à venir. On ne peut vivre avec tant d'obstacles. Elle ne peut vaincre sans être libérée de ses chaines. La Gryffondor périra sous sa baguette ou sous une lame mais sa mise à mort ne lui épargnera nul tourment. Il ne peut y avoir qu'une seule fin à cette histoire: un cadavre rigide dont les vêtements dégorgeront d'un sang avidement déversé. Les problèmes sont destinés à être résolus. Le meurtre semble idéal, obligatoire. Le tour de ses géniteurs viendra assez vite et que dire de sa fratrie ? Ils la craindront tous. Ils tenteront de l'arrêter. Ils échoueront naturellement. Tout devient limpide, un sentier carmin se dessine, ne reste qu'à l'emprunter.

«  J'en prends le chemin. » Et de cette annonce, un sourire vint orner un visage d'ordinaire éteint. La paix le précédant n'en est que plus agréable. Ses doigts frôlent la dentelle de sa robe. Le cadre ainsi offert, n'est que plus serein. Jeune demoiselle mélancolique dont l'esprit tortueux cherche à précipiter sa délivrance. Une tâche néanmoins vient briser ce portrait flatteur. Qui ? Elle y songe, l'oublie, y revient, repart mais sa crainte première n'en est que plus flagrante. Qui ? Lui aussi était destiné à périr, précipiter sa chute ne sera pas un problème mais il lui faut son nom. Son nom seul suffira à sonner son glas.

«  Quel sang-de-bourbe a t-elle choisi ? »


Le pire probablement. Elle ne sait faire dans la demie-mesure. Cette idée seule suffit à réveiller le monstre qui s'était soudainement assoupi. Dans un soubresaut, elle se relève aussi vive qu'un serpent et se précipite sur les fenêtres. La poussière les obscurcit mais des âmes s'agitent au loin dans le parc. L'une d'entre elles serait-elle sa proie ? L'excitation de la chasse se fait plus pressante rien qu'à cette supposition et c'est toute véhémente qu'elle refait face à sa cousine.

«  Quel est ton plan ? »

Irina Collins n'est pas du genre à parler sans avoir un minimum de sournoiserie à débiter par la suite. Le jeu n'égaiera qu'un peu plus cette ascension vers une obscurité morbide. Dis lui tout.
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MessageSujet: Re: [mars 1996]Solitude ne dure jamais [mars 1996]Solitude ne dure jamais EmptyVen 14 Mai 2010 - 21:55

S’il existait bel et bien une différence entre les deux Collins, ce serait qu’Irina, elle, savait rester impassible. Majandra se laissait volontiers aller à des émotions fortes, telles que pouvaient l’être la colère ou la haine. Irina ne montrait jamais rien, se contentant de rester impassible, du mieux qu’elle pouvait. Son visage était certes semblable à celui d’une statue, tout aussi expressif dirons nous, mais c’était en elle que tout se jouait. La colère qui parcourait ses veines avec forces, avec presque autant d’intensité qu’elle pouvait ressentir le plaisir à l’occasion de l’étreinte d’un amant, une colère destructrice, meurtrière, qui laissait un goût de sang dans la bouche, un goût qui demeurait même longtemps après. Irina connaissait la rancœur, la haine, la colère. Encore une fois, elle se sentait en phase avec sa cousine, d’autant plus que l’objet de la colère de l’aînée des Collins était le même que celui de la cadette, l’infortunée Daphné, la stupide sœur, la honte de la famille, une paria en devenir. Car bien entendu, si un tel affront venait à s’ancrer dans le temps, à trouver une valeur régulière, sûre et stable, Irina jurait qu’Halinor, la matriarche de la famille, en serait informée. En se comportant ainsi, il était évident que la Gryffondor ne pouvait pas faire partie des leurs. Il fallait qu’elle soit destituée de son titre, de son nom, de ses biens, que tout lien avec sa famille d’origine soit détruit, anéanti. C’était peut-être radical comme solution, mais il fallait qu’elle comprenne la portée de ses actes. C’était en se prenant des claques dans la gueule qu’on avançait dans la vie. Daphné faisait partie de ces grandes familles de sang-pur, ces clans qui obéissaient à des règles spécifiques. Si par hasard l’on venait à enfreindre l’une de ces règles, un châtiment adapté devait être ordonné, sans quoi c’est la famille entière qui en pâtirait. D’autant plus que l’objet du litige était un Sang de Bourbe.

« Sang de bourbe... »

Sang de Bourbe, ne cessait de répéter Majandra, comme si au fond répéter le mot indéfiniment suffirait à asseoir la réalité de la chose, de l’immonde et effroyable problème. Les prunelles glacées de la cinquième année se posèrent sur son aînée, avec une presque vénération, et un respect plus qu’évident. Majandra était après tout la mieux qualifiée pour répondre au problème, Daphné n’était « que » la cousine d’Irina, par contre, elle était la sœur de Majandra. Donc, par définition, cette dernière pouvait avoir plus d’influence sur sa sœur. Influence qui n’avait pas eu, pour le coup, l’effet escompté. Irina n’eut pas même un mouvement de recul quand sa cousine finit par la saisir par le col, au fond habituée à ses élans de colère. Irina n’eut même pas besoin de piper mot quant à la demande tacite de confirmation, le regard de la cadette suffisait à confirmer ses doutes. Irina qui ne mentait jamais à sa cousine, cette dernière de toute manière, la connaissant que trop bien, finirait par débusquer toute machination de sa part. Irina regarda sa cousine s’agiter, mettre la salle sens dessus dessous, sa démence prenant le pas sur sa raison. Irina, qui elle était toujours impassible, lèvres pincées, ne se risquant pas à laisser échapper une malheureuse parole. Ce n’était tout simplement pas le moment.

« Où est-elle ? »

Irina allait parler, encore une fois, mais elle se tut, laissant Majandra à ses divagations. Encore une fois, elle était habituée à tout cela, même si c’était toujours aussi impressionnant, la colère de sa cousine, à défaut d’être froide, étant purement et simplement dévastatrice. Les humeurs de Majandra étaient volatiles, Irina savait que la colère allait retomber bientôt, se muant en une haine indicible, longtemps nourrie, pour éclater de nouveau ultérieurement, encore plus violente. Au fond, la question de Majandra n’était plus qu’une question rhétorique, de toute manière, Irina n’envisageait pas de répondre. Elle n’aurait pas pu le faire, puisque son aînée avait embrayé sur la suite de son monologue haineux.

« Je dois la tuer... J'en prends le chemin. »

Le discours avait changé. Ce n’était plus « je vais », qui marquait une promesse ultérieure, à l’allure de serment. Désormais, c’était comme un leitmotiv, un devoir, une mission presque divine. Une façon comme une autre de faire cesser le trouble. Un moyen radical, encore une fois, motivé par un besoin quasiment bestial de goûter au sang, de détruire l’autre. Un besoin qui faisait en sorte que le peu d’humanité qu’on pouvait avoir s’efface, laissant place à quelque chose de plus terrifiant encore. La haine pouvait inciter à des crimes odieux, à accomplir des actes d’une cruauté sans nom. Mais la haine n’existerait pas s’il n’y avait pas autant d’éléments qui ne faisaient que l’attiser. Il y avait bien une solution au problème, sans qu’ils n’aient besoin d’en arriver à la mise à mort de l’un des leurs. Irina n’avait rien foncièrement contre le crime, mais la mort, même la plus atroce qu’il soit, ne suffisait pas à les venger de cet affront. Il fallait qu’elle vive, dans l’humiliation, dans la crainte, dans le remords. Il fallait qu’elle souffre, et pas physiquement. La torture mentale était sans doute la plus odieuse, mais elle restait gravée dans la chair plus longtemps. Occire l’imprudente ne servirait à rien. Elle ne méritait même pas la mort, c’était trop beau pour elle. Mais comment raisonner Majandra, qui était dans un état de fureur avancé, se laissant davantage guider par son instinct meurtrier ? Voilà pourquoi Irina et elle formaient un bon équilibre, une fois de plus. Majandra était la passion, elle agissait selon ses impulsions, ses émotions, Irina était la raison, la stratégie, certainement plus modérée aussi.

« Quel sang-de-bourbe a t-elle choisi ? Quel est ton plan ? »

Deux questions, auxquelles Irina fronça les sourcils. La cadette des Collins allait à présent entrer en action. Les dés étaient jetés, c’était à elle de jouer. Fort heureusement, elle avait des renseignements répondant aux attentes exigeantes de son aînée. La Serpentard s’humidifia la lèvre inférieure d’un coup de langue, avant de répondre, toute aussi impassible, allongeant elle aussi le cou, ayant l’espoir futile que de là où elle était, elle verrait probablement ce qui se passait au dehors. Mais c’était impossible compte tenu de sa position actuelle. Alors, elle parla.

« -Damien Swart, septième année, à Poufsouffle. De ce que je sais, il n’est pas très brillant en classe, il a plutôt même tendance à collectionner les Troll et les Désolant. Honnêtement, je me demande comment il peut encore prétendre obtenir son papier tant ses résultats sont largement insuffisants, ses professeurs de toute manière s’acharnent à le dire. Non content d’être un sang de bourbe, ce type est loin d’être une lumière. »

La Collins venait de faire un portrait peu flatteur de l’élève, et pourtant c’était l’image qu’on avait volontiers de lui. Un élève dissipé, pas très doué, dénué d’ambitions, qui n’aimait pas se faire remarquer, et qui par-dessus tout ne cassait pas de briques. Maintenant qu’Irina avait présenté à Majandra l’oiseau, plus que succinctement, mais juste assez pour convaincre Majandra quant au fait qu’il pouvait être particulièrement néfaste pour des personnes de leur caste, elle se risqua à proposer sa solution, puisqu’elle était invitée à faire ainsi.

« -Il est évident qu’un tel individu ne doive en aucun cas faire partie de notre famille, de près ou de loin. Depuis des siècles nous prônons la valeur du sang, ce n’est pas pour laisser un sang de bourbe accéder à nos richesses, à notre patrimoine, pire encore, à l’un des nôtres. Je suis navrée de te le dire, mais c’est au niveau de tes parents que l’éducation a flanché. Un vrai Collins respecte les valeurs du sang. Thomas n’est pas encore un cas désespéré, on peut encore le modeler comme bon nous semble, il n’est pas encore en âge de réfléchir par lui-même, de toute façon il n’a pas assez de recul. Quant à Joana… »

Joana. La cadette des trois sœurs. Toute aussi stupide que la seconde. Elle était énervante à souhait, niaise, et Irina la soupçonnait d’être une débile mentale. Mais l’insuffisance mentale de Joana n’était pas encore démontrée, et était loin de l’être. Ceci dit, malgré tout, elle était un atout de taille dans leur jeu. Qui dit stupide dit forcément influençable. Un fou pouvait devenir dangereux s’il était manipulé par les mauvaises personnes. Impatiente, Irina fit claquer sa langue contre son palais, avant de reprendre.

« -Quant à Joana, elle est manipulable à souhait. Nous pouvons donc l’utiliser comme nous voulons, elle voue une confiance aveugle aux gens, même aux plus mauvais. Ce qui constitue une arme de choix. Il me semble que Joana s’entend mieux avec Daphné qu’avec toi, non ? Dans un premier temps, il faudrait pratiquer un lavage de cerveau sur la gamine, histoire qu’elle démarre dans la vie avec les bonnes bases. Quitte à recourir à l’Impérium pour cela, on n’est pas à un détail près et cela serait un gain de temps considérable. Dans un second temps, il faudrait vraiment que Joana puisse convaincre Daphné de laisser tomber son Poufsouffle, tous les coups sont permis. N’oublie pas qu’elle serait alors notre pantin. Un pantin malléable à souhait. »

Un sourire vint orner les lèvres de la verte et argent, alors que les rouages de sa machination sordide se mettaient en place dans sa tête. Il fallait vraiment être immoral pour envisager de lancer un impérium à sa cousine déjà trop influençable, mais ce n’était pas des détails d’ordre moral qui allaient faire fléchir la jeune femme. Elle consulta Majandra du regard, lui demandant ainsi, tacitement, si elle voyait où elle voulait en venir. Elle embraya sur la suite, avec conviction.

« -Il faut faire comprendre à Daphné qu’elle est seule, isolée. Qu’elle n’est pas comme nous. Qu’elle n’est pas digne d’être des nôtres. Il arrivera bien un moment où elle s’apercevra qu’elle est l’intruse. J’espère pour elle qu’elle comprendra assez rapidement pour revenir dans le droit chemin…Sauf qu’elle n’est pas intelligente et qu’on va devoir recourir à la force, une fois qu’on se sera bien amusée. Je propose que si rien ne bouge malgré tout ce qu’on aura mis en œuvre, on parle à Halinor. Elle seule aura assez de poids pour couper court à cette sordide mascarade, c'est-à-dire par le banissement ferme et définitif de notre famille et de nos terres, avec l’interdiction pure et simple de revenir. »

imagine donc Majandra, ce que serait une vie sans Daphné Collins. Une Daphné Collins qui ne porteraient plus le même nom qu’elles, qui aura été exilée, jetée, éliminé, comme le piètre intrus qu’elle représentait. Ce serait le rêve, n’est-ce pas ?

[Désolée, c'est vraiment pourri comme post, d'autant plus que j'ai vraiment mis longtemps pour répondre >< Promis, au prochain je ferai mieux ♥ ]
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