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| [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée | |
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Invité | Sujet: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Ven 10 Juin 2016 - 21:10 | |
| 1er Septembre 1997, Poudlard Ecosse Un sourire éclaira le visage fin à la teinte ivoire de la jeune femme tandis qu'elle fredonnait le nouveau titre de Célestina Moldubec « Give me Amortentia », classé numéro 3 dans le top 5 des titres de l'été. Le grand jour était là, c'était officiel ; elle allait faire ses premiers pas au sein de la prestigieuse Ecole de Sorcellerie, Poudlard. Deux jours auparavant, son contrat au sein de la Bibliothèque Municipale du Chemin de Traverse s'était achevé et n'ayant pas effectué sa scolarité en Ecosse, elle avait profité de la veille pour se renseigner sur l'école qu'elle intégrait aujourd'hui. « L' Histoire de Poudlard » n'était pas avare en détails et elle y avait trouvé son compte. L'étudiante laissa échapper un soupir : ses vacances n'avaient pas été reposantes. Entre la mort d'Albus Dumbledore, l'attentat du Chaudron Baveur, la chute du Ministère, et son travail saisonnier, elle avait même oublié de célébrer son anniversaire qui avait eu lieu le 16 Juin. Elle avait eu 22 ans. Le seul extra qu'elle s'était accordé avait été un séjour de trois jours ; du 13 au 15 Août, à Birmingham. Elle avait assisté au festival de la Mandragore, youhou ! Enfin, elle n'allait tout de même pas cracher dans le chaudron, la 72ème édition du Festival avait été des plus réussies, bien qu'elle avait eu du mal à supporter l'homme choisi pour la présider ; le botaniste Tilden Toots qui possédait son émission de radio « Les pousses et racines de Toot » . Son accent du West Country avait le don de lui donner envie de mettre ses cache-oreilles qu'elle avait acheté 1 gallion et 5 mornilles, alors que les mandragores étaient encore sous terre. Toutefois, elle avait eu la joie et l'honneur de rencontrer certains invités spéciaux tels que Miranda Fauconnette ; auteur de la série « Le livre des sorts et enchantements, niveaux 1 à 7 », ou encore Phyllia Augirolle ; auteur de « Mille herbes et champignons magiques » et « L’onguent des sorcières – Usages de la mandragore aux XVIe et XVIIe siècles », qui lui avait dédicacé ses deux ouvrages. La jeune femme vérifia sa tenue une énième fois, indécise. Elle avait calqué son réveil sur celui de l'aube afin d'être certaine d'être prête en temps et en heures. En raison de la nouvelle organisation à laquelle Poudlard était soumise, certaines mesures avaient du être mises en place et la jeune femme n'avait pas pu être reçue avant la rentrée pour découvrir l'endroit dans lequel elle évoluerait durant l' année, ni le professeur qui allait l'encadrer. Elle apprendrait donc sur le tas, ce qui n'était pas plus mal aux vues des récents événements. L'imprévisibilité forgeait le caractère ; la jeune femme en était intimement convaincue. Face à la glace accrochée dans la chambre qu'elle occupait depuis fin Juin à La Taverne de Griselda, auberge concurrente du Chaudron Baveur située sur le Chemin de Traverse, l'étudiante hésita. L'apparence était quelque chose d'important pour tromper l'ennemi, surtout ces temps-ci où il valait mieux faire bonne impression afin de pouvoir vivre tranquille. Une Rowle, elle était une Rowle. Fille d'une noble famille de Mangemorts au sang-pur, elle était censée représenter une parfaite fille de bonne famille, aux idéaux rigides ancrés en elle depuis toujours. Comment une fille de cette envergure était-elle supposée se vêtir pour une journée telle que celle-ci ? Le soir même lors de la cérémonie de répartition, elle serait sûrement présentée au corps professoral et aux étudiants aussi, bien qu'elle n'avait aucune envie d'en faire des tonnes, il lui fallait garder une certaine élégance. Finalement, la jeune femme secoua la tête et se détourna de son reflet. Ça irait très bien ainsi. Elle portait une robe manches longues à légères épaulettes dans les tons bleu canard, sertie de motifs floraux, lui arrivant juste au dessus des genoux, accompagnée de fins escarpins noirs lui permettant d'atteindre une taille convenable, c'est à dire un mètre soixante trois. Avant de sortir de sa chambre, la jeune femme saisi son sac auquel elle avait lancé un sortilège d'extension augmentant ainsi sa capacité de stockage et sa cape noire accrochée au porte manteau dans laquelle sa baguette se trouvait. Légèrement maquillée, elle sorti de la pièce et descendit les escaliers en bois de chêne de l'auberge. Se rendant au comptoir, elle confia les clés de sa chambre à la gérante, Mrs Griselda. « Bonjour Griselda ! Voilà, je vous rends les clés pour le moment. Je ne sais pas comment les choses vont se passer à Poudlard ; si je vais être logée là-bas ou non. Je verrai sur place et je vous enverrai un hibou dans la journée pour vous tenir au courant, mais dans le doute j'ai vidé ma chambre et pris mes affaires avec moi. Voici pour le paiement, le compte y est. Je file, je dois encore passer chez l'apothicaire. Bonne journée ! »Une bourrasque de vent vint la cueillir, faisant virevolter ses longs cheveux blonds devant ses prunelles bleues. Le temps semblait s'être dégradé depuis quelques jours. En chemin, Cassidy prit un café, hésita devant la vitrine du magasin de chaudrons, avant de poursuivre sa route vers l'une des rares boutiques encore ouvertes du Chemin de Traverse ; l' Apothicaire Slug et Jiggers. Elle n'y resta que quelques minutes, le temps de faire le plein d'ingrédients afin de se constituer sa réserve personnelle. Ignorant si elle allait pouvoir manipuler à sa guise les ingrédients disponibles au château, la blonde préférait prendre ses précautions. En sortant, elle ajouta ses trésors au fond de son sac, prenant soin de les placer éloignés des livres qu'elle avait également emportés. Elle n'était pas certaine que « Mille herbes et champignons magiques » apprécierait d'être aspergé de bile de tatou... La jeune femme inspira profondément s'apprêtant à transplaner lorsqu'un sorcier surgissant de l'Allée des Embrumes, l'agrippa par l'avant-bras. Édenté, le regard vitreux, il aurait pu effrayer Merlin lui-même. Lorsqu'il ouvrit la bouche pour lui proposer de lui acheter des ongles humains, Cassidy ne pu retenir un mouvement de recul. Son haleine était abominable. Vivement, la Rowle se dégagea et tourna les talons, s'éloignant à grands pas. Depuis la chute du ministère, les choses se dégradaient vraiment, et ce sur tous les plans ; tant au niveau de la propagande raciste promulguée par le nouveau ministre notamment par le biais des contrôles de statut de sang, que dans les rues du monde sorcier devenues aussi glauques que l'Allée des Embrumes, en passant par la censure dont la Gazette était victime (et son prix qui avait notamment augmenté, passant de cinq Noises à sept), sans oublier le doute semé dans l'esprit des sorciers depuis que « Vie et Mensonges d'Albus Dumbledore » rédigé par Rita Skeeter, était paru. Cette fois, il n'y avait plus de temps à perdre, elle allait vraiment finir par être en retard le jour de la rentrée. La Rowle se concentra de tout son être: Destination, détermination, décision. Lorsqu'elle ses pieds touchèrent le sol juste devant les Trois-Balais, elle vacilla légèrement sans toutefois tomber. Bien, il y avait un progrès certain comparé au 3 Août ; cette soirée là, elle s'était complètement raté, à un tel point qu'elle avait atterri sur le toit de la Cabane Hurlante avant de s'écraser lamentablement au sol. Une légère nausée l'envahit mais rien d'alarmant ; en marchant dans le vent jusque l'école, cela passerait sans aucun doute. Tandis qu'elle reprenait son chemin, mille pensées l'envahirent. Depuis que le château était tombé aux mains des Mangemorts, on racontait que beaucoup de choses avaient et allaient changer. Selon les rumeurs, les derniers Mangemorts enfermés à Azkaban avait été libérés et certains tels que les Carrow seraient même placés dans l'école en tant qu' enseignants. C'était juste inimaginable. Cassidy connaissait le frère et la sœur qui étaient certainement les derniers êtres de la Terre à posséder la moindre parcelle de pédagogie. Pour le bien-être des élèves, elle espérait sincèrement que cette rumeur ne soit pas fondée. De même, il paraîtrait que pour la première fois depuis la fondation de l'école il y a plus de mille ans, chaque famille possédant en son sein un sorcier en âge d'être scolarisé avait pour obligation d'envoyer leur enfant à Poudlard, y compris les nés-moldus, sous crainte de représailles. Intérieurement, tandis qu'elle franchissait les grilles de l'école pourvues de sangliers ailés de chaque côté, la jeune femme grimaça. Ce soir lors de la répartition, se trouveraient certainement dans la salle, des élèves qui donneraient tout pour être ailleurs. Cette répression était scandaleuse. Comment la population pouvait-elle fermer les yeux et se voiler ainsi la face ? Le ministère ne protégeait plus les sorciers maintenant, loin de là. Plus personne n'était libre de faire ce que bon lui semblait; fuir l'Angleterre était désormais impossible les Détraqueurs étant notamment lâchés sur tout le pays, les Mangemorts patrouillaient jour et nuit, et on disait même que les Aurors étaient en fuite et assassinés. De même, tous les adultes étaient convoqués au Ministère pour un interrogatoire concernant leur famille et leur statut de sang. Les résistants seraient raflés et personne ne voulait savoir ce qui leur arriverait. Arrivée devant l'énorme double porte en chêne de l'entrée principale, Cassidy entra. Ses talons raisonnèrent sur le sol de marbre du gigantesque hall d'entrée. Un instant, elle resta bouche bée devant le plafond plus haut que le clocher d'une église, devant les tableaux animés ornant les murs à distance régulière des torches enflammées fixées aux murs de pierre, devant le somptueux escalier qui se dressait face à elle. Pour le peu qu'elle en voyait, l'école était fidèle à sa réputation ; l'endroit était absolument superbe, mais désert. Prise d'un doute, elle ouvrit son sac à la recherche de la lettre du nouveau directeur. En la parcourant, elle laissa échapper un soupir de soulagement ; elle ne s'était pas trompée, c'était bien aujourd'hui qu'elle devait rencontrer le professeur de potions sur lequel elle ne possédait aucune information, pas même son nom. Tandis qu'elle rangeait la lettre dans la poche de sa cape, une pluie de craie s’abattit sur ses épaules. Interloquée, la blonde leva les yeux tandis qu' un petit homme à la cravate orange et au chapeau à clochettes absolument ridicule se dessinait dans les airs. Son regard était noir et vicieux. Les jambes croisées, il tenait au creux de ses mains bouffies des morceaux de craie de toutes les couleurs. « Ooooooh ! Qui c'est cette vilaine blonde qui entre ici sans permission ? Encore une de ces benêts qui vient pour envahir le château ? », caqueta-t-il d'une voix aiguë. « Je suis Cassidy Rowle, j'ai reçu une lettre du directeur. Je dois rencontrer le professeur de potions ce matin et... »« Rowle, Rowle, Rowle... Y' avait un Thorfinn et un Andreas Rowle le 25 Juin ! Espèce de blondasse écervelée, tu nous auras pas avec toute ta clique ! Chargezzzzzz ! »La sorcière ouvrit grand les yeux tandis que de nouveaux morceaux de craie fusaient vers elle. Rapide comme un éclair de feu, elle fila par un petit escalier situé à la droite des marches centrales et couru sans se retourner sur plusieurs mètres, traversant plusieurs couloirs. Par chance, l'esprit devait avoir autre chose à faire puisque lorsqu'elle se retourna, il n'était plus derrière elle. Par la barbe de Merlin, voilà qui laissait présager de belles rencontres... Quoi de mieux pour commencer que de visiter les cachots ? Malheureusement, elle n'avait absolument pas retenu le trajet qu'elle venait de parcourir ; il allait donc falloir qu'elle retrouve la sortie au plus vite. Après avoir déambulé en vain, elle se retrouva face à face avec un tableau poussiéreux représentant une coupe de fruits. Cassidy l'effleura du bout des doigts afin de le dégager de l'épaisse couche de poussière lorsque la poire se mit à rigoler, laissant apparaître une poignée. De plus en plus surprise, elle poussa la porte et tomba sur un spectacle des plus étonnants ; devant elle s'affairaient une centaine d' elfes de maison paraissant extrêmement organisés. L'un d'eux vint vers elle en courant. « Pardonnez Gikri Miss, mais la Miss ne devrait pas être ici. Les elfes ont beaucoup de travail, ils doivent préparer le banquet de ce soir. »« Ecoutez, je suis vraiment désolée de vous déranger Gikri, mais je suis nouvelle ici et je me suis perdue. Je cherche le professeur de potions. J'ai rendez-vous avec lui et je ne sais pas où le trouver. »« Oooooh vous cherchez l' honorable professeur Slughorn Miss ! Rien de plus simple, il est sûrement dans la salle de cours des potions. Rebroussez le chemin, et prenez la prochaine porte sur la gauche avant de prendre la première à droite. »« Merci beaucoup Girki ! »Enfin une indication concrète. La jeune femme adressa un joli sourire au petit elfe avant de tourner les talons et de suivre ses indications. C'est ainsi qu'elle arriva devant la salle de classe de potions entrouverte. La jeune femme pris le temps épousseter les traces de craie sur ses épaules et toqua légèrement avant d'entrer. |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Dim 12 Juin 2016 - 13:44 | |
| « Où fichtre ai-je donc mis ces fichus Billywigs? »
Les cachots étaient en mouvement. Ou plutôt, une partie des cachots: celle réservée aux cours de Potions. A la construction de Poudlard, les cachots avaient été le domaine de Serpentard, là où il dispensait ses cours. Et la salle de Potions était l'une des plus vieilles salles du château, et des cachots. Elles étaient la salle principale où Serpentard dispensait ses cours. A son départ, tous s'étaient accordés à dire que l'enseignement des Potions et philtres magiques n'avait jamais été aussi pratique que dans les sous-sols de Poudlard, au vu de la température et de l'humidité aptes à préserver les ingrédients et à éviter tout potentiel départ d'incendie. Les inscriptions, écrites par Serpentard lui-même, se trouvaient toujours présentes sur les murs de la salle, comme si malgré toute chose, le célèbre sorcier avait laissé sa trace dans cette salle de cours. Depuis son retour, Slughorn avait fait en sorte qu'elle retrouve un peu de chaleur. Le poêle, jamais allumé sous Rogue, l'était constamment sous Slughorn, diffusant une chaleur confortable lors des heures de cours sans pour autant mettre en danger les ingrédients que le Maître des Potions s'était appliqué à renforcer de sortilèges protecteurs. Les fenêtres, très hautes au vu de la situation de la salle dans le château, avaient toujours été condamnées et calfeutrées lorsque Rogue enseignait. Slughorn avait retiré les planches de bois qui empêchaient le peu de lumière d'entrer, et le lieu s'était tout de suite montré plus accueillant. Sans parler des nombreuses chandelles allumées dans la salle, qui donnaient bien plus de confort à un lieu qui semblait ne demander que cela.
Il se trouvait justement que notre cher Professeur Slughorn avait pris à nouveau possession des lieux, tandis que la rentrée se profilait petit à petit. Le soir même, les élèves arriveraient, dans un contexte plus que délicat et inquiétant. Le Maître des Potions était donc descendu tôt, afin de réaliser quelques potions qui avaient vocation à prouver que certaines d'entre-elles pouvaient faire office d'antidote sans pour autant l'être. Et c'était justement le cas de la Potion de l'Œil Vif, breuvage apte à faire reprendre ses esprits à une personne ayant perdu connaissance ou souhaitant ne pas s'endormir. Potion donc très régulièrement utilisée dans les infirmeries ou les hôpitaux magiques, mais qui n'avait rien d'un antidote dans le premier sens du terme. La préparation avait ainsi mis au défit le vieux Maître des Potions, puisqu'il dut parfois passer plusieurs heures à retrouver certains ingrédients dans l'immensité de la salle de classe, où les trop nombreuses étagères emmagasinaient une centaine de pots et bocaux remplis de toute sorte de plantes, liquides, poudres et autres parties d'animaux magiques servant à la délicate préparation des potions magiques. Et, après avoir soufflé et pesté, le professeur de Potions avait enfin trouvé les fameux dards de Bilywigs et s'était affairé à la préparation de la Potion de l'Œil Vif.
Il était toujours intéressant de le voir à l'oeuvre. Slughorn semblait être un artiste qui maniait les ingrédients comme on manie un pinceau. Ses doigts passaient d'un plan à un autre, touchaient, coupaient, saupoudraient, le tout avec une maîtrise parfaite des quantités. Il lui arrivait parfois de prendre quelques minutes, afin de s'assurer qu'il s'agissait de la bonne dose. Puis il n'était pas rare de le voir se sermonner lui-même, se trouvant idiot d'avoir pu oublier quelque chose qu'il jugeait de simple. Puis il repartait à sa préparation ; la fumée montait, les ustensiles s'entrechoquaient, laissant entendre une joyeuse mélodie dans ce lieu souvent trop sombre et trop humide. Dans ces moments là, il ressemblait à un enfant qui ne conçoit pas qu'il puisse exister d'autres réalités que la sienne ; perdu dans son jeu, rien ne pouvait l'atteindre. Les potions prenaient possession de lui, si bien que des heures pouvaient passer sans qu'il se soit rendu compte que le temps s'écoulait malgré tout. Aussi, enseigner une telle passion, c'était pour lui un bonheur quotidien. Et s'il avait, à l'origine, rechigné à revenir à Poudlard, ce n'était en rien à cause du métier de professeur. Une passion telle qu'il n'avait pas cessé d'enseigner les Potions, pendant sa retraite. Il avait, en effet, donné de nombreuses conférences à l'Université Magique de Londres, tant sur l'Histoire des Potions que sur l'alchimie ou les études sociales liées à la pratique des Potions. Il ne s'était ainsi jamais éloigné de son sujet de prédilection. De même, son retour à Poudlard lui permettait de retourner au coeur de ses recherches, notamment en ce qui concernait l'alchimie. Un domaine qui l'avait toujours passionné, si bien qu'il ne perdait jamais une seule occasion de faire des recherches ou des expérimentations à ce sujet.
La préparation se terminait. Il venait à peine de remuer trois fois la potion dans le sens inverse d'une aiguille d'une montre quand du bruit se fit entendre dans les cachots. Le vieil homme replaça le couvercle sur son chaudron, dans l'attente que le tout mijote quatorze heures au vu de la taille du récipient. Il était rare d'entendre quoi que ce soit dans les cachots de Poudlard en temps normal, les élèves ne trouvant pas ce lieu très attirant. Mais pendant l'été, c'était presque une exception qui n'arrivait que lorsqu'un ou deux elfes sortaient des cuisines pour se rendre dans un autre lieu quelconque du château. L'été s'étant installé, les professeurs et les autres habitants du château s'étaient cependant habitués au calme, comme ils s'accoutumaient aux cris, aux chutes et aux rires lorsque les élèves étaient de retour. Cette capacité à s'adapter aussi rapidement allait de paire avec une maîtrise aiguë de tous leurs sens. Il y eut donc quelques bruits de pas. Puis ceux-ci semblèrent s'éloigner. Slughorn, tel un animal soudainement traqué, s'était assuré que sa baguette était bien là, dans la poche intérieure de sa veste. Et il était amusant de le trouver, tentant de préserver une certaine contenance tout en étant dévoré par une peur idiote qu'il ne pouvait jamais contrôler. La peur était chez lui quelque chose contre laquelle il devait sans-cesse se battre. Pour l'empêcher de le dévorer, pour l'empêcher de le paralyser alors qu'on attendait de lui une action plus que bénéfique.
Il y eut à nouveau un bruit. Une porte qui s'ouvrait, puis qui se refermait. Cherchait-on quelqu'un? Des Mangemorts étaient-ils là, à le chercher, lui, ayant oublié qu'il ne vivait plus dans les cachots, contrairement au temps où il les avait comme élèves? Slughorn replaça rapidement son noeud papillon, avant de réunir tout son courage pour réussir à entendre si les pas se rapprochaient de la salle de la classe. Les Mangemorts s'étaient sûrement perdus et avaient cherché à trouver le professeur de Potions le plus rapidement possible. Au final, Voldemort avait besoin de lui, ou avait compris qu'il représentait un danger plus grand qu'on ne le pensait. Comment avait-il été aussi bête pour croire qu'il pourrait continuer à enseigner en toute quiétude? Peut-être que d'autres étaient également emmenés à Azkaban à l'heure qu'il était. McGonagall, Hagrid, par exemple. Il se retourna pour aller jusqu'au bureau, où sur une chaise placée juste devant, il avait mis sa veste de costume à carreaux marron. Il la remit, comme s'il s'apprêtait à partir, redevant ainsi le professeur Slughorn au costume trois-pièces en tweed. A nouveau il replaça son noeud papillon, noeud papillon qui n'avait guère bougé depuis la dernière fois. Et il ne s'était pas trompé. Les pas venaient bien vers la salle de potions, résonnant dans le couloir des cachots comme un glas sonnant la fin du célèbre et preux Maître des Potions. Il ne put bouger, entendant et sentant la personne qui le chercher se rapprochait de plus en plus. Les secondes lui parurent une éternité, quand enfin une silhouette se dessina dans l’encablure de la porte de la salle de classe.
Le vieil homme baissa la tête, surpris de la petitesse de la personne qui venait d'entrer. Il plissa des yeux pour tenter de percevoir les traits de cette personne, avant de pousser un soupir de soulagement. Il lâcha presque sourdement un « Bonté divine ! » qui ne pouvait que signifier qu'il prenait acte de la fin de cette aventure.
C'était, qu'avec tout ce grabuge, il en avait oublié la venue - forcée - de sa toute nouvelle apprentie en potions. Une candidature laissée en suspens par Dumbledore, arrivée quelques jours avant sa mort. Candidature qu'il n'avait pas donc eu le temps de traiter et qui était restée là, enfouie sous toute une série de papiers, de lettres de parents inquiets et de postulations pour le poste de professeur de Défense contre les forces du mal. McGonagall était donc passée à côté de cette candidature, à l'inverse de Rogue qui, dans sa méticuleuse organisation, avait retrouvé la lettre et y avait donné une suite favorable. C'était ainsi que le nouveau Directeur de Poudlard avait appris au Maître des Potions la venue de cette apprentie, le lendemain même de leur entrevue, ce jour précisément, donc.
Slughorn avait déjà enseigné à l'Université Magique de Londres ; il connaissait les us et coutumes d'une telle institution et de la nécessité de trouver un lieu pour effectuer ses armes avant les diplômes correspondants. Cependant, cette tradition n'avait jamais été très courante à Poudlard depuis Rogue. Le nouveau Directeur de Poudlard n'étant pas connu pour sa chaleur, peu d'élèves avaient eu envie de le retrouver une fois leur scolarité à Poudlard terminée. Cette tradition était restée telle l'année où Slughorn avait repris l'enseignement des Potions et aucun étudiant n'avait demandé à la rejoindre à Poudlard. Et puisqu'il s'agissait d'une ancienne élève de Rogue, ce dernier semblait s'être autorisé à accepter sa venue et à la mettre à la charge de Slughorn, comme pour lui rappeler qui des deux décidait de l'avenir de l'autre. Une chose qui, par conséquent, avait plus que déplu au Maître des Potions. Déplaisir qui finirait par retomber sur l'apprentie en question.
« Oh. C'est vous. J'avais... Bref. Entrez, entrez. »
Slughorn s'avança, reprenant toute sa splendeur. Il passa près du chaudron au-dessus duquel il venait de passer bien du temps pour préparer sa potion de Réveil, souleva le couvercle pour vérifier si tout allait bien – le bruit s'annonçant, il n'avait guère pris le temps de bien vérifier si la potion prenait les bonnes couleurs. Le vieil homme releva la tête et chercha du regard la jeune fille qui venait d'entrer. S'il l'avait croisée dans les couloirs du château, il aurait pu la confondre avec une quelconque autre élève de Poudlard tant son visage était juvénile. Discrète, presque timide, son regard semblait s'excuser d'être là, à regarder quelque chose qu'elle était déjà trop jeune pour voir.
« Approchez, très chère. Soyez gentille, et dites-moi quelle est cette potion que je suis en train de préparer. Sa voix contenait une petite malice mielleuse, comme un enfant qui prépare un petit piège à un adulte. Je vous donne un petit indice : c'est une potion en cours d'élaboration – mais vous l'aurez sans doute compris en voyant le bec de gaz encore en fonctionnement. Quelles sont vos observations ? Je vous écoute. »
La jeune fille s'était approchée. Slughorn se rappela soudainement qu'elle était d'une famille de Mangemorts. Rowle. Il avait eu ses parents, comme il avait eu son oncle en classe. Un élève sensiblement inintéressé et inintéressant, qui n'avait jamais mis un seul pied dans son Club. C'était bien pour cette raison que Rogue l'avait acceptée, et que Slughorn devait composer avec elle. D'une certaine manière, elle était un nom de plus pour les oreilles de l'Ecole. Une figure de plus pour Rogue, afin d'asseoir son autorité. Tous ici n'étaient finalement que des pions, qui ne faisaient que renvoyer le peuple à une image encore plus grande, brillant par son absence. Voldemort se cachait derrière tous ces sbires. Et les élèves de Poudlard apprendraient à les craindre eux, dans la peur constante de se retrouver face à pire. Car si les Mangemorts de Voldemort s'affairaient à réaliser les plus grandes cruautés, on craignait encore plus face à celles que Voldemort pourrait mettre en place. Par peur du futur, on s'abaissait devant un présent terrifiant ; par facilité, on oubliait le Bien.
Slughorn ne s'abaisserait pas, lui. |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Lun 13 Juin 2016 - 1:45 | |
| Cassidy prit un temps pour observer l'endroit immense qui s'offrait à elle. Toujours observer l'environnement au sein duquel évoluait une personne, avant d'observer la personne elle même. "Montrez-moi votre jardin, et je vous dirai qui vous êtes" avait déclamé Alfred Austin ; poète anglais. Plus jeune, elle était tombée sur cette citation dans un recueil de poésie moldue qui s'était perdu au sein de l'immensité de la bibliothèque de sa famille maternelle indienne. Cette phrase, qu'elle jugeait profonde, l' avait inspirée et elle l'avait alors mis en application. Son sens de l'observation s'était accru au fur et à mesure des années. Observer l'environnement dans lequel évoluait une personne, tel une maison, une chambre, un bureau, ou encore une salle de classe, permettait de minimiser les chances de se tromper au sujet de ladite personne. Autant son apparence pouvait fausser l'idée que l'on pouvait être amené à se faire d'elle, autant son environnement, même s'il n'était pas fiable en cent pourcent, le pouvait beaucoup moins. Ce cachot servant de salle de classe semblait avoir été, jadis, le domaine de Salazar Serpentard l'un des illustres fondateurs de l'école, au vu des inscriptions à l'aspect indélébile ornant les murs de pierre noircis par endroits, ceci étant sûrement du à d'anciennes explosions de chaudrons. En dépit de son aspect décrépit, la salle était assez grande, semblant pouvoir contenir environ vingt chaudrons, soit approximativement une double classe. Étrangement, il s'en dégageait un aspect accueillant et paisible notamment dû au ronronnement d' un vieux poêle situé à l'extrémité de la pièce, ainsi qu' à la lumière tamisée provenant des fins rayons de soleil filtrant au travers des hautes fenêtres. Un bruit d'eau lui fit tourner la tête ; au coin gauche de la pièce se dressait une antique fontaine. De l'eau glacée était projetée de la bouche d'une gargouille effrayante, retombant au fond d'un bassin de granit. La jeune femme avança de quelques pas, passant à proximité d'une imposante armoire. Au final, il était logique que cette salle de classe soit située au niveau des sous-sols ; cela permettait une mise en pratique sécurisée de la théorie. En effet, les potions et philtres magiques devaient être préparés minutieusement au sein d'un environnement permettant la préservation d'une température et d'un degré d'humidité adéquat dans un souci de sécurité et de préservation de la qualité des ingrédients. De nombreuses étagères remplies de pots et de bocaux de toutes tailles ornaient les murs, fixées à une distance respectable des chandelles allumées. Araignées, racines de mandragore, d'asphodèle, chenilles... Il y en avait pour tous les goûts. Devant les bureaux vides sous lesquels étaient rangés des tabourets, trônait un bureau en bois destiné au professeur se tenant debout au côté de celui-ci. La jeune femme l'observa à son tour et haussa un sourcil. L'homme lui paraissait familier... Où l'avait-elle déjà rencontré ? De petite stature, défendant avec une fierté évidente une jolie bedaine, et possédant quelques cheveux d'un gris terne au sommet de sa tête ronde, il se tenait droit comme s'il avait avalé un Nimbus 2000, paraissant sur la défensive. Bien que guindé dans son costume à carreaux marron trois-pièces démodé et quelque peu délavé, son attitude ne trompait personne; il transpirait la peur par tous les pores de sa peau. La jeune femme perçu clairement son regard quelque peu globuleux, descendre d'un étage afin de se fixer sur sa silhouette. Il paraissait interloqué ; sans doute s'attendait-il à quelqu'un de plus imposant. La jeune femme ne s'en formalisa pas. Après tant d'années passées à récolter des surnoms plus ou moins affectueux, saugrenus ou même moqueurs, les réactions des gens avaient plutôt tendance à la faire doucement sourire, bien qu'elle ne quittait que très rarement ses talons lui permettant de gagner une dizaine de centimètres. Chose non négligeable. Il plissa les yeux, la fixant étrangement avant de laisser échapper un soupir de soulagement faisant trembler légèrement le nœud papillon qu'il portait serré autour de son cou. « Bonté divine ! »Visiblement, elle ne lui faisait pas peur. Bien, c'était déjà cela de gagné. Faire peur aux gens ou leur inspirer de la méfiance, n'étaient pas à proprement parler, des affects favorisant l'intégration. Soudain, la lumière se fit dans son esprit. Le potionniste se tenant face à elle n'était autre qu' Horace Slughorn, un sorcier qui était sorti de sa retraite dorée afin de venir tenir certaines conférences sur divers sujets attrayant au domaine des potions magiques à l'Université Magique de Londres : Histoire des potions, alchimie, études sociales, rien ne paraissait échapper à l'expert dont le savoir paraissait infini. La faculté avait été très satisfaite de ses interventions jugées très instructives par la majorité des étudiants. Le Centre de Formation de Londres avait toujours eu pour coutume de permettre aux étudiants de trouver un maître d'apprentissage avant la fin de leurs études, toutefois jamais personne n'avait osé postuler à Poudlard en raison des rumeurs circulant sur Severus Rogue, qui avait jadis occupé le poste de maître des potions. Beaucoup d'étudiants au sein de l'Université étaient passés par Poudlard et avaient eu Severus Rogue comme enseignant, et rares étaient ceux qui en gardaient un bon souvenir. Cassidy, elle, ayant effectué sa scolarité en Inde, n'avait jamais rencontré celui que ses camarades nommaient " la terreur des cachots ". Beaucoup de personnes oubliaient que la jeune fille ne l'avait jamais eu comme professeur et l'avaient prise pour une folle lorsqu'elle leur avait dévoilé qu'elle était acceptée à Poudlard, la dévisageant avec un mélange d'incrédulité et d'admiration. En dépit de ce qu'elle avait pu entendre sur lui, cela ne l'avait pas découragée, ni même entravé sa motivation. Les personnalités compliquées ne lui faisaient guère peur. Étrangement, c'était souvent au contact de ces personnes avec qui finalement elle s'entendait relativement correctement, que la Rowle travaillait le mieux. L'envie de bien faire, de satisfaire, de donner tord à l'enseignant et d'apprendre au contact de ces personnes méticuleuses et perfectionnistes la motivait plus que tout. Cassidy ne se laissait pas faire mais était une élève attentive et studieuse qui aimait le challenge. Toutefois, alors qu'elle pensait que ce serait Rogue qui l'encadrerait, elle avait appris que celui-ci avait passé le relai à un nouveau professeur et d'après l'homme qui se tenait devant elle, les échanges houleux auquels elle s'était préparée risquaient de s'avérer beaucoup plus light. « Oh. C'est vous. J'avais... Bref. Entrez, entrez. »Elle était déjà entrée mais s'avança à la rencontre du professeur qui en fit de même, récupérant sa superbe en bombant le torse tel un paon déployant ses plumes. Visiblement, il semblait avoir oublié sa venue. « Bonjour professeur Slughorn. Excusez mon retard, j'ai... Je n'avais aucune indication dans la lettre du Directeur vous concernant, et en arrivant je ne savais pas où aller. C'est un elfe qui m'a indiqué votre nom et le chemin à prendre. »La Rowle s'avança, rejoignant le sorcier devant un chaudron placé au dessus d'un bec à gaz. Le vieil homme souleva le couvercle placé au dessus et d' épaisses volutes de fumée verdâtre s'en dégagèrent. L'air satisfait, le maître des potions reprit la parole d'un ton doucereux: « Approchez, très chère. Soyez gentille, et dites-moi quelle est cette potion que je suis en train de préparer. Je vous donne un petit indice : c'est une potion en cours d'élaboration – mais vous l'aurez sans doute compris en voyant le bec de gaz encore en fonctionnement. Quelles sont vos observations ? Je vous écoute. » « Soyez gentille » ... Cassidy réprima avec force la remarque acerbe menaçant de franchir ses lèvres rosées, sans que cela ne transparaisse sur son visage fin. Quelque chose dans la voix lui fit comprendre qu'il s'agissait là d'une sorte de test n'étant pas destiné à la mettre à l'aise, ou juste de tester ses connaissances. Était-ce les sous-entendus planant au dessus de sa voix ? Ce n'était pas évident à déterminer. La jeune femme prit cette demande comme une mise au défi. Silencieusement, elle hocha la tête. Avant toute chose, elle adopta les réflexes d'une bonne potionniste; elle s'éloigna un instant du chaudron afin de déposer sa cape noire sur un tabouret, évitant ainsi toute contamination de la potion, notamment à cause des résidus de craie colorés présents sur celle-ci. Par la suite, elle ramena ses longs cheveux blonds en arrière et les attacha soigneusement. Inutile de prendre le risque d'en laisser tomber un dedans. Une fois ces précautions prise, la jeune femme s'approcha. Dans un premier temps, elle observa avec attention le matériel présent sur les différents plans de travail. « Vous avez utilisé un mortier et un pilon au vu des résidus se trouvant sur ces derniers. D'après l'odeur du petit sachet vide à gauche du chaudron, je ne pense pas me tromper en affirmant qu'il contenait de l' ingrédient standard ; ce mélange d'herbes que l'on retrouve seulement dans cinq potions à ma connaissance: l'antidote aux poisons courants, la potion d'amnésie, l'herbicide, la potion de sommeil, et la potion de l’œil vif. Ensuite... permettez... »L'étudiante se rapprocha non pas du chaudron, mais d'un des plans de travail utilisés. Avec attention, elle se pencha au dessus et observa les résidus présents dessus sans toutefois y toucher. Avec un sourire, elle se redressa. « Sur ce plan de travail, je dirais que les quelques pétales restants sont ceux d'une aconit, encore appelée napel ou tue-loup, retrouvée comme son nom l'indique dans la Potion Tue-loup, mais aussi dans la Potion de l’œil vif. Quant à ceci... »Elle se dirigea sur sa droite et désigna un petit bol contenant des ailes translucides aux reflets bleutés et se mit à les compter. « Douze ailes, que vous avez volontairement laissé de côté. L'un des animaux possédant deux ailes pouvant être utilisé dans les potions est le Billywig séché ; cet insecte invisible à l’œil nu tellement il tourne vite grâce aux deux petites ailes fixées au sommet de sa tête. Il vient d'Australie, mesure un peu plus d'un centimètre de long et a une splendide couleur saphir. Il possède également un long dard très fin, que je n'aperçois pas d'ailleurs, à son extrémité inférieure. On dit que sa piqûre provoque des vertiges et entraîne un état de lévitation. »La jeune femme commençait à avoir une idée bien précise du breuvage concocté par le professeur, mais elle ne s'arrêta pas en si bon chemin. Elle n'avait pas encore prêté attention au chaudron. « Voyons, vous avez utilisé de l'ingrédient standard, de l'aconit, et des Billywigs mais pas leurs ailes, ou en tout cas pas encore... Leurs ailes sont utilisées dans la potion d'hilarité présentée dans le « Livre des Potions » rédigé par Zygmunt Budge. Or, si vous n'avez pas utilisé leurs ailes, vous avez utilisé leurs dards et à en juger par le nombre d'ailes restant, douze, soit deux par Billywig, cela nous fait un total de six Billywigs et donc six dards. »Enfin, la jeune femme s'approcha du chaudron et en huma prudemment le contenu, les yeux fermés. Elle était dans son élément. Petite botte souriante, elle venait contredire les idées stéréotypées désignant les potionnistes comme des hommes sarcastiques, froids et renfermés. Sa passion pour l'art délicat des potions s'était révélée dès son plus jeune âge, et était l'une des rares choses qu'elle tenait de son père Andreas; potionniste britannique reconnu. « Humm... On raconte également que les dards de Billywig sont partie prenante dans la recette des Fizwizbiz, mais je ne pense pas que vous fabriquiez là des friandises professeur. » La couleur de la mixture était dans les tons verts. La potion qu'elle avait en tête devait revêtir une teinte turquoise, mais seulement vers la fin de la préparation, or Slughorn avait bien précisé que la potion n'était pas encore achevée. Victorieuse, la jeune femme se retourna face au vieil homme. « Je pencherai pour une potion de l’œil Vif, encore connue sous le nom de potion d'Eveil, présentée dans le livre « Potions Magiques » d' Arsenius Beaulitron, en raison du matériel utilisé, des résidus d'ingrédients que j'ai pu observer, de la couleur en cours de transformation, ainsi que de l'odeur caractéristique. Cette potion est assez longue à préparer car en fonction de la qualité et de la taille du chaudron utilisé, il faut la laisser mijoter entre 8 et 23 heures avant d'ajouter les deux brins d'aconit. Puis, attendre de nouveau plusieurs heures avant qu'elle ne soit prête. » Cassidy détacha ses cheveux, laissant retomber ses mèches blondes le long de son dos. « Cette potion empêche le sommeil, ou fait reprendre connaissance après une sédation ou un coup sur la tête. Elle est très utilité au sein des milieux hospitaliers, bien qu'elle ne soit pas un antidote à proprement parler. Elle est également composée de six crochets de serpents dont je ne vois aucune trace restante sur vos plans de travail. » |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Jeu 14 Juil 2016 - 19:14 | |
| [justify]Rowle. Rowle. Rowle. Le nom de la jeune apprentie tournait dans la tête de Slughorn comme un oiseau affolé en cage. Il avait eu de nombreux Rowle en cours, lorsqu'il avait enseigné à bien des élèves devenus par la suite Mangemorts. Rowle, l'once tristement célèbre de la jeune femme, en faisait notamment partie. McGonagall avait même dit que le Mangemort avait été aperçu le soir de la mort de Dumbledore. Famille d'assassins, donc. Il était particulièrement intéressant de constater comment Slughorn parvenait à incriminer bien des personnes selon leur nom, selon une affiliation saugrenue ou venue de nulle part depuis qu'il s'était libéré de son lourd secret. Ceux qui se sentent criminels trouvent bien souvent facile de dénoncer les travers de leurs pairs sans trop se remettre en question. Slughorn était de ceux-là, toujours autant épris de l'importance du nom de famille dans une société. On y trouvait toute la complexité du personnage ; partagé entre une véritable culture, une grande intelligence et un enclin très facile à sans-cesse catégoriser toute personne qui se tenait devant lui. Manière de se protéger, de mieux se sentir à l'écart et ainsi intouchable. Loin des convenances sociales, loin de la cruauté des regards, loin d'une comédie humaine qui n'en finissait plus et ne trouvait pas dérangeant d'ajouter à tire-larigot des actes interminables. Longue farce burlesque d'une société en dérive.
Le vieil homme observa le jeune femme faire. La méthode était universitaire, scolaire. S'il avait eu cette élève en ASPICs, il l'aurait jugée excellente et largement apte à devenir une bonne potionniste. Mais comme étudiante, elle demeurait rangée dans ce qu'on lui demandait de faire au mieux pour obtenir ses diplômes. Slughorn fit ainsi le constat que l'Université Magique de Londres s'était transformée en une école d'excellence ne laissant guère de répit à la créativité et à l'originalité. Qu'importait, l'étudiante était excellente. A travers sa méthode, Slughorn reconnaissait différentes théories scientifiques autour des potions, défendues par quelques professeurs-chercheurs potionnistes de qualité qui ne sortaient presque plus de leurs laboratoires de l'Université. Il en fut amusé, lui qui avait finalement refusé de devenir comme eux, lui qui ne pouvait se passer de la présence d'élèves peut-être moins intéressés par les potions que des étudiants en Alchimie, mais des fois bien plus intéressants. Bien que fier de sa brève carrière d'universitaire, celle-ci ne lui manquait aucunement, tout au contraire. Et si il arborait la tenue coutumière du professeur de l'Université Magique de Londres, ce n'était que pour mieux se rappeler qu'il l'avait quittée en y prenant avec lui tout ce qu'il y avait de bon à retenir.
Il jaugeait tel un expert cette potionniste en herbe qui, si elle n'avait pas ce nom de famille, aurait pu le passionner. Quelque chose d'étrange s'opérait, tandis qu'il ne cessait de la regarder. Il était presque passionné par les capacités de cette jeune fille qui, bien qu'encore scolaire, dégageait une véritable passion pour les potions. Mais plus cet intérêt grandissait en plus, plus il se détachait de la jeune femme, comme un animal qui se méfie d'une personne aux fréquentations trop dangereuses pour être mises de côté. Le fait que Rogue lui ait imposé cette apprentie devenait le principal grabuge opérant ses petites affaires dans l'esprit du vieux Maître des Potions, le rendant ainsi particulièrement de mauvaise humaine.
« Il est indéniable que vous avez une excellente maîtrise de la discipline, Mademoiselle. Slughorn avait adopté un ton cordial, qui tranchait quelque peu avec la coutumière jovialité qui se lisait dans son attitude. Un grand savoir au niveau des ingrédients, un intérêt partagé pour la concoction, il est certain que vous ferez une très bonne potionniste. »
A l'évidence, le Maître des Potions de Poudlard ne flagornait pas. Malgré le nom que portait sa nouvelle apprentie, elle avait démontré ses aptitudes et son intérêt pour les Potions et n'avait guère était rebutée par les demandes de Slughorn. Tout au contraire, elle s'était attelée à la tâche sans demander son reste, sans aucune protestation qui aurait pu démontrer un certain agacement chez une personne dont le nom était devenu en l'espace de quelques semaines un passe-droit terrifiant. De fait, ce que venait de lui dire Slughorn était sincère. Loin d'être mielleux, encore moins découlant d'une quelconque peur, elle était le fruit d'une observation intéressée et passionnée d'un connaisseur en science des potions.
« A ceci près que l'analyse d'une potion d'après une observations des déchets d'ingrédients demeure quelque chose qui, à mon sens, peut porter à confusion si ce n'est plus. Le vieil homme referma le chaudron avec le couvercle de métal. Ce qu'il reste de ces ingrédients aurait pu servir à une autre potion, bien que je sois tout à fait conscient que votre observation ne s'est pas seulement attaché aux ingrédients laissés sur le côté. Votre analyse des couleurs était, par ailleurs, tout à fait pertinente et intéressante. Mais vous êtes ici dans une salle de classe, après une préparation qui vient de se terminer. Imaginez-vous en situation d'urgence. Vous savez tout autant que moi que les études de Potionniste ne poussent personne à devenir enseignant. D'autres missions peuvent vous incomber, et il ne vous sera pas toujours offert l'éventail des ingrédients utilisés pour la préparation d'une potion. »
Slughorn prit quelques secondes pour surveiller le bec de gaz allumé afin de vérifier qu'il était à la bonne température et qu'il ne mettait pas en danger la concoction. Il replaça par la suite son noeud papillon, comme pour s'assurer que sa tenue était toujours convenable, qu'importait la situation. C'était ainsi, chez Horace Slughorn. Jamais une tenue identique chaque jour, bien que les tissus se ressemblaient beaucoup. Elégant, il ressemblait beaucoup à un vieux dandy qui s'était trop laissé aller à certains plaisirs de la vie sans changer d'habits pour autant. Aussi, les boutons de ses gilets semblaient toujours être sur le point de lâcher, lui donnant un air encore plus imposant.
« A titre personnel, mais je ne compte ici pas me supplanter à vos professeurs de l'Université, je vous conseillerais de lâcher la bride quant à votre imagination et à votre créativité et à accorder bien plus de crédit à votre expertise et à vos ressentis. Une potion se prépare avec l'aide de la magie ; elle est pour cette raison une partie de notre âme, une partie de nous-même. C'est ce que je tente d'expliquer à nos plus âgés élèves, leur intimant de ne plus aborder les potions comme une science très exacte, dénaturée et sans aucune beauté. Il y a de la beauté, dans les potions, n'est-ce pas? »
Le vieil homme contourna la table de travail et fit quelques pas jusqu'au bureau réservé au professeur. Une large table ronde de bois noir qui trônait au fond de la salle de classe, derrière laquelle un fauteuil de cuir donnait la possibilité au professeur de s'installer. Slughorn s'y engouffra comme un vieux chat épuisé de ses nombreuses toilettes et chasses aux souris. Une simple chaise de bois était installée devant le bureau, face à Slughorn, accompagnée de quelques comparses. Les chaises que Rogue avait utilisées bien des fois lors de nombreuses punitions. Le vieux pacha laissa échapper un « Je vous en prie, installez-vous ! » tandis qu'il sortait d'une petite pochette en cuir de dragon quelques feuilles de parchemin.
« J'ai songé à vous, lorsque le professeur Rogue m'a fait savoir que vous veniez. Bien que votre expérience soit suffisamment avérée pour que l'ancien Maître des Potions de ce lieu vous fasse confiance, il est impératif que vous soyez mise à l'épreuve de manière quotidienne. Et il est mieux de commencer rapidement, mais doucement, tout en vous faisant progresser. Slughorn sembla chercher quelques informations dans les nombreuses notes qu'il avait méthodiquement griffonnées sur ses feuilles avant de reprendre la parole. Vous aurez donc de nombreuses missions, aussi variées que possible dans un lieu tel que notre Ecole. Puisque beaucoup d'assistantes infirmières ont déserté leur poste depuis les... récents changements que connaît le monde magique, Madame Pomfresh a grand besoin d'une potionniste en herbe. J'ai donc vu ce matin avec elle, et vous pourrez vous occuper de la réserve de l'infirmerie et de la concoction des remèdes. Il n'est pas impossible que vous ayez aussi quelques élèves à soigner, notamment ceux qui auront ingurgité des substances dangereuses, par inadvertance ou non. Cette activité vous permettra d'avoir une expérience en Potions de soin, chose non-négligeable en des temps de guerre ou simplement si vous souhaiteriez prêter main forte aux effectifs de Sainte-Mangouste une fois vos études terminées. Vous pourrez aussi observer mes cours de Potions, qu'ils soient pratiques ou théoriques. Il est souvent intéressant de remarquer l'approche d'un élève face à la science complexe des Potions. Et il est du devoir du professeur de descendre au niveau de compréhension de son élève pour l'élever un peu plus avec ses explications. Mais votre potentielle expérience d'enseignement se fera dans les cours particuliers que vous pourrez donner à quelques élèves. Je me réserve le privilège de le faire avec le dernier cycle de nos élèves, bien qu'ils soient rares. Ces derniers ont fait le choix de poursuivre ce cours en ASPIC, ils ont donc globalement un bon niveau. »
Slughorn fit un petit sourire à son apprentie. Tout avait été préparé, en bon organisateur qu'il était.
« Cela vous convient? Parfait. Il n'avait pas attendu sa réponse. Le professeur Rogue m'a fait savoir que vous aimeriez travailler sur un sujet de recherche au vu de l'obtention de votre doctorat. Pouvez-vous m'en dire plus? Oh... et à ce propos, vous occuperez les anciens appartements du Directeur. La porte est juste au bout du couloir. J'ai moi-même occupé ce bureau lors de ma première période d'enseignement. Je pourrai vous donner bien des conseils en matière de sortilèges pour lutter contre l'étroitesse du lieu et l'humidité. Je me suis d'ailleurs toujours demandé pourquoi Severus avait toujours préféré un tel cagibi... Qu'importe ! »
Il plongea alors son regard globuleux dans les yeux de la jeune Rowle. [/justifiy] |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Lun 25 Juil 2016 - 0:10 | |
| Était-elle une Miss Je-sais-tout ? Hummm... La question était des plus délicates. En tout cas, dans le domaine des Potions, elle pouvait le paraître au premier abord. Auteurs plus ou moins contemporains, théories récentes ou plus anciennes, propriétés des ingrédients - qu'il s'agisse de plantes ou de parties d'animaux -, propriétés des matériaux, ustensiles. Elle avait appris à observer avec assiduité en se servant intelligemment de ses yeux clairs, à trancher, couper, écraser, aplatir de ses longs doigts fins. Son ouïe s'était affinée afin de parvenir à détecter le moindre frémissement anormal lors d'une concoction, tandis que son odorat s'était développé afin d'être en mesure de détecter et d'identifier la moindre effluve - suspecte ou non. Ses papilles quant à elles s'était également affinées suite aux nombreux tests qu'il leur avait été imposés au Centre de Formation de Londres. Des tests encadrés durant lesquels les étudiants devaient apprendre à identifier les ingrédients inoffensifs à leur goût, texture, odeur, les yeux bandés. Le Centre de Formation londonien où elle faisait ses études universitaires était situé à proximité du Ministère de la magie, au sein de la cité de Westminster. Créé et financé par le Ministère de la Magie, il était désormais dirigé par Mrs Alexine Goodwinn qui entretenait des rapports proches avec le Ministère, notamment en leur transmettant des comptes-rendus et autres rapports plus ou moins statistiques recensant le nombre d'élèves sortant avec un diplôme, ayant eu une mention ou non... assez régulièrement. Cette institution avait depuis toujours, une réputation excellente à tenir. Aussi, les professeurs n'hésitaient jamais à demander à leurs élèves d'aller au delà de leurs propres limites, notamment en les poussant dans leurs retranchements. Ils ne voulaient plus de bons étudiants, non. Leur niveau d'exigence ayant augmenté, ils recherchaient désormais l'élite et n'acceptaient que l'excellence. Aussi, l'école comme beaucoup d'autres, avait fait le choix stratégique d'enseigner le côté rigoureux des Potions à ses étudiants. En effet, cela était bien pensé puisqu' ainsi, en leur enseignant la rigueur, les étudiants se retrouvaient formés à suivre des consignes, tels d'excellents petits soldats tireurs d'élite. Pas de réflexion personnelle, pas de questions dérangeantes, pas de problème. Aussi, la jeune femme pouvait être affiliée à une véritable encyclopédie sur pattes, enfin... sur talons. En cela, elle pouvait tout à fait tenir la comparaison avec une Miss Je-sais-tout. En revanche, elle conservait caché ce souvenir, ô combien précieux, de ce remplaçant qui était intervenu lors du second semestre de sa première année. Ce qu'il avait eu le temps de leur enseigner l'avait marquée à jamais. Oui, la rigueur était importante, et nécessaire à la réussite des Potions. Elle était même indispensable à leur sécurité personnelle et à celle du consommateur. En revanche, il avait été le seul et l'unique personne, dans l'entièreté de la scolarité de l'étudiante, à leur laisser entrevoir l'esquisse d'un entre-deux. Une sorte de seconde voie, empruntée par de rares potionnistes généralement plus libres, curieux et passionnés que les autres. Malheureusement, cet enseignant était parti aussi vite qu'il était arrivé, emportant avec lui ses secrets, laissant le goût amer de la frustration dans la bouche de Cassidy dont les yeux n'avaient pas cessé de scintiller une seule seconde durant ses cours. " Lisez ce qu'on vous déconseille de lire. ". Cette phrase téméraire avait fait son chemin dans l'esprit de la jeune femme au cours de ces années. Cassidy n'était pas une Miss Je-sais-tout, non. Non, parce qu'elle possédait une humilité à toute épreuve. Consciente de ses failles, et de son manque de connaissances, elle n'arrivait jamais à concevoir quelque chose comme étant acquis. Oui, elle connaissait le Polynectar : sa composition, l'ordre des ingrédients, le dosage, le nombre de tours à effectuer pour mélanger, le temps de concoction, les contre-indications, les effets indésirables, l'intensité du feu sous le chaudron... Mais ce n'était pas assez. Qu'en était-il de la prise en compte de la morphologie de la personne ? De la quantité de potion à avaler en fonction de la carrure, de la taille de l'estomac ? Que se passait-il si l'on remplaçait la sisymbre ayant une action sur la transformation de la voix, par de la propolis ? Et pourquoi les effets de la potion pouvaient-ils durer de dix minutes à douze heures ? Selon les compétences du potionniste était-il dit... Mais qu'est-ce que cela voulait-il réellement dire ? Que la précision joue un rôle, soit, elle voulait bien le concevoir, mais de là à obtenir une telle différence ? Là, elle était beaucoup plus sceptique. Une différence de talent, une différence de méthode, une différence dans l'angle de vue et dans la manière d'aborder les potions, sans aucun doute. « Il est indéniable que vous avez une excellente maîtrise de la discipline, Mademoiselle. Un grand savoir au niveau des ingrédients, un intérêt partagé pour la concoction, il est certain que vous ferez une très bonne potionniste. », finit-il par déclarer d'un ton qui se voulait cordial.La jeune femme se contenta de hocher la tête, humblement. Être douée était une chose, certes, mais ce n'était là qu'une base à exploiter pour la jeune femme. Elle avait bien conscience que les potions étaient un entre-deux. Elle possédait une rigueur hors normes, mais la souplesse lui manquait cruellement et elle en était parfaitement consciente. « - A ceci près que l'analyse d'une potion d'après une observations des déchets d'ingrédients demeure quelque chose qui, à mon sens, peut porter à confusion si ce n'est plus. Ce qu'il reste de ces ingrédients aurait pu servir à une autre potion, bien que je sois tout à fait conscient que votre observation ne s'est pas seulement attaché aux ingrédients laissés sur le côté. Votre analyse des couleurs était, par ailleurs, tout à fait pertinente et intéressante. Mais vous êtes ici dans une salle de classe, après une préparation qui vient de se terminer. Imaginez-vous en situation d'urgence. Vous savez tout autant que moi que les études de Potionniste ne poussent personne à devenir enseignant. D'autres missions peuvent vous incomber, et il ne vous sera pas toujours offert l'éventail des ingrédients utilisés pour la préparation d'une potion.- J'entends parfaitement ce que vous dîtes professeur et il est vrai que l'on ne nous forme pas vraiment à la réalité du terrain, comme pour beaucoup de formations cela dit. Alors permettez-moi de vous demander, comment vous auriez agit en situation d'urgence pour identifier une potion de façon très rapide, sans utiliser la quasi-entièreté de vos sens et sans avoir la possibilité d'avoir accès à des résidus d'ingrédients ? »Voilà une question des plus pertinentes pour laquelle elle se serait fait taper sur les doigts au Centre de Formation. Mais, puisque la professeur lui tendait la perche, Cassidy ne se gêna pas pour la poser. « A titre personnel, mais je ne compte ici pas me supplanter à vos professeurs de l'Université, je vous conseillerais de lâcher la bride quant à votre imagination et à votre créativité et à accorder bien plus de crédit à votre expertise et à vos ressentis. Une potion se prépare avec l'aide de la magie ; elle est pour cette raison une partie de notre âme, une partie de nous-même. C'est ce que je tente d'expliquer à nos plus âgés élèves, leur intimant de ne plus aborder les potions comme une science très exacte, dénaturée et sans aucune beauté. Il y a de la beauté, dans les potions, n'est-ce pas ? » Une étincelle d'intérêt s'alluma soudain dans les prunelles turquoises de la jeune femme. Il avait su l'observer en profondeur au travers d'une seule mise en situation. Cela lui avait été suffisant pour qu'il parvienne à déceler sa faille ; un manque de souplesse, de créativité et d'inventivité. Surprenant, c'était réellement surprenant. Ce défaut, que certains ne jugeraient pas comme un défaut, Cassidy en avait conscience mais ne parvenait pas à le contrer, d'autant plus que sa personnalité était elle-même des plus rigoureuse et précise. Depuis toujours elle avait appris à manipuler, à dissimuler sa véritable nature et ses pensées. Aussi, le lâcher prise et la souplesse lui étaient totalement inconnus, tandis qu'elle était la reine de l'anticipation, du calcul, de la précision extrême et la rigueur froide. Mais qu'en était-il de son âme ? « Je trouve votre façon de penser... étonnamment différente de celle de la plupart de nos enseignants au Centre de Formation, mais... elle est également très intéressante. » La jeune femme se détourna de l'enseignant afin de se diriger vers les étagères, contemplant avec passion les divers ingrédients dont disposait la salle. Asphodèle, bile de tatou, poudre de bicorne, aconit... Même les cafards morts, les limaces à corne et les vers marins possédaient une certaine beauté aux yeux de la blonde. « Les potions sont magnifiques, en effet. Assembler des ingrédients aux propriétés diverses dans le but d'obtenir quelque chose de nouveau... Penser aux infinies possibilités de combinaison, c'est juste... comme découvrir une nouvelle galaxie au sein de l'univers. » Tandis qu'elle parlait, le regard caressant presque amoureusement les multiples bocaux que la plupart des gens auraient sans doute jugés écœurant au possible, le maître des potions s'installa confortablement dans le vieux fauteuil en cuir qui lui était réservé à son bureau, avant d'inviter l'étudiante à s'installer face à la large table en bois sombre. Il sorti alors une pochette paraissant aussi usée que lui tandis que Cassidy s’asseyait précautionneusement sur la vulgaire chaise de bois, qui paraissait si ancienne qu'elle n'aurait pas été surprise de se retrouver les fesses sur le sol. Et là... Le coup d'envoi fut donné. Le vieil homme partit dans une longue, que dis-je ?, une interminable tirade qu'il semblait avait répété des dizaines de fois auparavant, comme s'il avait tout orchestré de A à Z. Mise à l'épreuve quotidienne... La jeune femme hocha lentement la tête, tentant de saisir toutes les informations qu'il lui balançait brusquement, à une vitesse dont elle ne l'aurait pas cru capable, en s'aidant partiellement de ses notes soigneusement gribouillées sur du parchemin jauni et quelque peu froissé. Lorsqu'il aborda ensuite ses missions, Cassidy se pencha rapidement sur son sac, à la recherche de sa plume à encre intégrée afin de prendre des notes ; réflexe d'étudiant ? Certainement, mais au delà de ça, la blonde était des plus organisée et pointilleuse, aussi cela lui parut tout à fait naturel et pertinent compte tenu de la situation. Elle ne mit que quelques secondes à la trouver en dépit du bazar qu'elle trimbalait avec elle. Nombreuses missions... Infirmerie... Mme Pasfresh... Ahhh concoction de remèdes, oui ce serait intéressant. Concentrée sur les paroles du potionniste, Cassidy prenait des notes rapidement, tout en relevant régulièrement son regard clair afin de garder un visuel avec celui qui serait désormais son superviseur. Soins aux élèves... Oui, en effet cela pourrait être utile, en particulier si les Carrows étaient bel et bien au sein du château. Observation du déroulement des cours et de sa manière d'enseigner. Bien, c'était très bien. Après tout, la manière d'enseigner révélait également son lot de secrets sur l'enseignant lui-même. Donner des cours particuliers ? Elle ? La jeune femme tiqua légèrement bien qu'elle ne le montra pas. Eh bien, pour une immersion, c'en était une vraie ! Elle n'allait pas être arnaquée quant à son travail cette année... Autre chose ? Massant son poignet endolori par cet exercice rapide et brutal, Cassidy releva la tête vers Horace Slughorn, prête à dégainer s'il repartait dans ce fabuleux exercice de musculation manuelle, mais le vieil homme se contenta de lui adresser un petit sourire satisfait. Bien, la course après les mots semblait être finie... pour le moment. « Cela vous convient ? » Alors que la jeune femme ouvrait la bouche pour lui répondre, le maître des potions reprit : « Parfait. Le professeur Rogue m'a fait savoir que vous aimeriez travailler sur un sujet de recherche au vu de l'obtention de votre doctorat. Pouvez-vous m'en dire plus ? ... » Eh, bien pourquoi lui demandait-il son avis s'il n'était pas foutu de l'écouter ? Intérieurement, Cassidy grimaça, mais répondit au sourire du vieil homme par un sourire resplendissant. Elle ouvrit la bouche dans une nouvelle tentative, patienta quelques secondes avant de se lancer à son tour. « Oui, cela me convient tout à fait professeur. Concernant la recherche, il s'agit d'un mémoire de fin d'année. J'ai trouvé un sujet qui me plaît et... » « ... Oh... et à ce propos, vous occuperez les anciens appartements du Directeur. La porte est juste au bout du couloir. J'ai moi-même occupé ce bureau lors de ma première période d'enseignement. Je pourrai vous donner bien des conseils en matière de sortilèges pour lutter contre l'étroitesse du lieu et l'humidité. Je me suis d'ailleurs toujours demandé pourquoi Severus avait toujours préféré un tel cagibi... Qu'importe ! » Le faisait-il exprès ou avait-il besoin d'un sonotone pour comprendre qu'elle était en train de lui répondre ? « ... J'ai trouvé un sujet qui me plaît l'an dernier lors d'une discussion de fin de stage avec Mr Damoclès qui avait eu l'amabilité de m'encadrer avec Arsenius Beaulitron et Golpalott. Comme je lui avais confié que je m'intéressais beaucoup aux légendes tournant autour de la vie éternelle, il m' a conseillé de me pencher sur l’élixir de longue-vie, qui est un sujet... disons... à controverses et assez délicat à étudier. » Notamment depuis que Potter avait arraché la pierre philosophale au Seigneur des Ténèbres il y avait de ça quelques années, le condamnant à errer sous une forme maudite... une fois de plus. « Concernant le bureau dont vous vantez si bien les qualités, il n'y a aucun soucis, ça fera l'affaire. En revanche, je suis preneuse de votre savoir pour lutter contre l'humidité... D'autant plus que l'hiver arrivera bien vite. » Une taupe. Elle allait vivre comme une taupe, condamnée à être enfermée six pieds sous terre. Ô joie infinie ! Ce début d'année commençait bien. « Pourquoi le professeur Rogue aimait-il ce bureau ? Humm... On dit souvent que le lieu dans lequel évolue une personne reflète, du moins en partie, sa personnalité profonde, voire cachée. Peut-être est-ce une piste ? Mais sinon, pourquoi n'avez-vous pas tenté de lui demander directement si cette question vous tourmente depuis des années ? » Certes, Rogue avait une réputation froide et cynique, mais peut-être accepterait-il de répondre à une telle question ? Au final, qui ne tente rien n'a rien. « J'ai une question moi aussi. Aurais-je le droit de me constituer un stock d'ingrédients personnel afin de réaliser moi-même quelques potions ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Dim 31 Juil 2016 - 16:34 | |
| Le Maître des Potions de Poudlard était une exception parmi le reste des Slughorn. Bien que de Sang-Pur, ces derniers s'étaient beaucoup comportés comme des arrivistes et des bourgeois, plus intéressés par l'argent que par les soirées mondaines. Horace en avait tiré le meilleur ; il était devenu un acharné du travail, mais avait aussi été le premier à profiter des avantages de sa situation sociale. C'est ainsi qu'il avait entretenu de nombreuses relations sociales, allant du simple apothicaire jusqu'au Ministre de la Magie en personne. En somme, il avait préservé les contacts établis par ses parents, personnes proches des milieux financiers et commerçants en y ajoutant ses propres relations personnelles. Un large répertoire qui lui était désormais toujours utile et qui illustrait bien l'ambiguïté d'une telle personne: scientifique, intellectuel, travailleur et mondain. Un bourgeois intellectuel potionniste qui n'entrait aucunement dans les cases sociales que de telles castes adoraient tant. Les potions étaient ainsi devenues une forme d'exutoire, un intérêt scientifique que ses parents n'avaient jamais vu de cet oeil-ci. Pour la mère, célèbre Médicomage, les potions n'étaient qu'un moyen pour une fin ; une discipline étudiée à Poudlard puis à l'Université pour devenir Médicomage. Pour le père, cela ne faisait que remonter à Poudlard, lui du haut de sa position de Juge au Magenmagot chargé des Affaires Criminelles et Terroristes. Enfant, Horace s'y était intéressé comme d'autres lisent des contes et s'était mis à adorer cette science bien moins exacte qu'on le pensait. Une véritable passion qui s'était unie à celle de l'enseignement quelques années plus tard.
Etudiant, à la place même dans laquelle se trouvait Rowle au moment où il la rencontrait, Slughorn n'était jamais resté dans les clous. Trop exceptionnel, trop anormal, il n'avait jamais vraiment suivi les recommandations de ses vieux professeurs. Vieux professeurs morts à l'heure actuelle, ou à la retraite, remplacés par de jeunes professeurs devenus à leur tour vieux hommes et vieilles femmes qui désormais enseignaient à la jeune Rowle l'art délicat des Potions Magiques. Il fallait même ajouter à cela une année d'enseignement dans cette même Université. Lui aussi aurait pu être à la place de ceux qu'il avait fuis lorsqu'il était étudiant. Mais il n'y était resté guère très longtemps, très affecté par le manque d'imagination, de créativité et de liberté dans l'esprit de ses collègues de l'époque. Parler d'eux était ainsi chose étrange, devant cette jeune étudiante qui lui rappelait étrangement sa propre vie. Une Sang-Pur, au nom emprunt de trop de choses désagréables et difficilement effaçables. Il lui faudrait sûrement attendre la fin de sa vie pour voir le nom Rowle résonner avec son propre parcours à elle plutôt qu'avec celui des nombreux Mangemorts qui composaient sa famille. A l'image de Slughorn, elle devrait faire des pieds et des mains pour redorer le blason d'un nom trop entaché par la mauvaise réputation, qu'elle soit celle de bourgeois ambitieux ou celle de Mangemorts criminels. Face à la violence du nom qu'elle portait, la jeune Cassidy tentait de combler sa vie par les potions. Sa passion supplantait sa réputation ; elle avait fait de l'art de la concoction la seule condition de survie. Et pour cela, Slughorn ne pouvait pas la blâmer. Tout au contraire, même. Il pourrait y trouver une petite forme d'attachement.
« En aucun cas je ne vous ai dit de ne pas suivre vos instincts et de ne pas faire confiance à l'entièreté de vos sens, ma chère ! Slughorn semblait montrer qu'il s'offusquait volontairement, à l'image d'une cocote mondaine qu'on surprend par la grossièreté d'un propos qu'elle aurait été la première à tenir en d'autres circonstances. Il reprit, tout en souriant légèrement. Non, non. Je vous rappelle juste que notre discipline dépasse souvent le périmètre scolaire très rangé, très propre. Il faut parfois, notamment lorsqu'on travaille à l'Hôpital Sainte-Mangouste - et je sais de quoi je parle puisque ma chère mère y a été Médicomage, agir en urgence sans forcément prendre le temps de suivre tout un protocole appris par coeur à l'école. Et comme disait ce cher Montaigne, "savoir par coeur n'est pas savoir" ! »
En effet. Slughorn n'avait jamais été un scolaire. C'était peut-être là le point qui le différenciait principalement de Rogue. Le nouveau Directeur fonctionnait beaucoup par le par coeur, contrairement à Slughorn qui privilégiait l'instinct et l'imagination. Une posture qui faisait que beaucoup d'élèves d'années inférieures, des jeunes élèves en somme, préféraient la rigueur de Rogue à l'autonomie forcée de Slughorn, contrairement aux plus anciens qui, grisés de tant d'années à suivre scrupuleusement les instructions précises, aimaient à découvrir un art des potions plus libre et original.
« Il est difficile pour moi de vous répondre, Mademoiselle ! Tout d'abord parce qu'on ne peut imaginer une situation d'urgence sans la vivre et qu'à chaque fois que l'on en vit une, tout se passe exactement de manière contraire à ce qu'on avait prévu... C'est justement en cela qu'il est primordial de maîtriser notre art jusque dans notre tripes et qu'un masque de potionniste tombera toujours face aux situations d'urgence absolue. Et je parle ici de potionnistes, mais je pourrais y ajouter tout corps de métier possible. Si vous faites de votre vie quelque chose qui ne vous fait pas vivre, qui ne bat pas en vous, alors ce que vous ferez quotidiennement ne sera qu'une source d'ennui que vous aurez vite envie de quitter pour être en vacances. Ainsi, pour répondre à votre question, très chère, c'est face à une situation d'urgence que l'on se rend le mieux compte de nos compétences. Il faut une bonne dose de savoir-faire, d'esprit, mais aussi d'improvisation et de vif intérêt pour ce que nous faisons. Faire confiance à notre instinct, c'est la meilleure réussite possible. Et, à ce propos, Salazar Serpentard a toujours mis en avant l'ambition, la réussite, mais également l'inébranlable confiance en soi. Même si les dernières années à Poudlard de ce fondeur ont été ternies par des poussées de mégalomanie, les premières, en revanche, sont très instructives en matière d'instinct. »
L'instinct. C'était peut-être l'ingrédient parfait. Une seule petite goutte d'essence d'instinct dans toute potion et le succès était assuré. La réussite se trouvait là, dans cette notion tellement compliquée et facile à la fois. Le laisser-aller, ce moment de la vie où la jeune personne que l'on est choisit de faire non pas ce que la société voudrait qu'on fasse - car quoi de plus pire pour honorable Sang-Pur que d'enseigner dans une simple Ecole de Sorcellerie? - ou ce que les parents ont décidé, mais bien ce qu'il y a de plus profond en elle. Le rêve d'une vie, le sens donné à une existence quoi qu'il en soit vouée à la mort. Beaucoup étaient à la quête de cet instinct mais peu arrivaient à lâcher prise. Trop soucieux de réussir, ils s'accrochaient au scolaire, au sûr. Si bien qu'ils ne prenaient aucun risque dans leur vie bien trop rangée, ne faisant les choses non plus par passion mais par sécurité et par conformisme social. Ils étaient tellement éloignés de cette part de positivisme, de croyance en soi que la réussite des autres leur semblait absolument hors de leur portée. Ils prêtaient cela à de la chance et en oubliaient le courage que cela avait demandé. Ils mettaient de côté les années de doute, les années vécues dans l'incertitude et le quasi-vide, les heures de travail acharné pour un résultat qui viendrait un jour mais n'était pas présent au court terme. Ils mettaient de côté la prise de risque, l'une des rares choses qui prouvait que l'on existait bel et bien.
« Mais je puis vous apporter une autre réponse qui, je l'espère, vous satisfera tout autant. Personnellement, c'est mon ouïe qui me sert de principal repère. Les ingrédients qui se consument ou qui se mélangent entre-eux, ceux qui communiquent ou qui se transforment, tous ces ingrédients émettent un son. Ce crépitement, ces bulles, toutes les qualités magiques de ces potions représentent une donnée non-négligeable. Et ce serait vous mentir que d'affirmer que les années d'expérience n'ont aucune importance. Plus vous pratiquerez les potions, plus vous en concocterez de toutes sortes, plus votre esprit sera aiguisé et prêt à découvrir de nouvelles choses. N'hésitez pas à vous confronter aux plus difficiles d'entre-elles. Tout est à la portée de tout le monde, n'est-ce pas? Ceux qui osent ont ceci d'avance sur ceux qui se contentent de ce qu'ils savent faire: ils évoluent. Et n'est-ce pas ce que vous désirez? »
Il avait sûrement ici touché un point sensible, puisqu'il reconnaissait dans ses mots pour de ceux qui parcouraient son esprit lorsqu'il avait son âge. Et il avait fini par comprendre que désirer quelque chose ne faisait pas tout. Le monde appartenait à ceux qui prenaient en main ce quelque chose en question. Car si d'autres y étaient arrivés, alors les choses étaient au moins à la portée de soi sinon plus. Il fallait simplement se donner les moyens de réussir, avec une très bonne dose de travail et la fameuse petite goutte d'essence d'instinct.
La jeune femme continua sur son sujet de doctorat. Les élixirs éternels. Vaste sujet très complexe dont il en faisait une introduction très synthétisée à ses élèves d'ASPIC. Il fallait déjà avoir acquis un certain niveau d'expertise en potions pour pouvoir comprendre tout ce que les élixirs comprenaient en difficulté, en questions de société ainsi qu'en questions d'évolution scientifique.
« Je pourrai alors vous apporter un certain soutien, puisque mon doctorat portait sur les typologies psychologiques, sociologiques et ethnologiques qui entourent la recherche de la Pierre Philosophale. Un sujet intéressant s'il en est, mais qui demeure très mince face à l'étendue de la recherche alchimique. J'y ai apporté ma graine, en m'intéressant à la question de l'immortalité dans les différentes civilisations et en quoi la recherche de cette fameuse Pierre demeurait un trait commun à tous ces questionnements anthropologiques. Depuis lors, quand j'ai quelques heures à moi, j'avance sur mes recherches autour de l'alchimie. Celles concernant les typologies sociales sont terminées depuis 1986, lorsque j'ai rendu mon rapport et ma thèse enrichie à l'Université Magique de Londres. Cette dernière m'avait accordé une bourse de recherches, et les nombreuses heures de travail permises par la retraite m'avaient aidé à aller encore plus en profondeur que lorsque que j'étais à votre place. Depuis 1986, et surtout depuis que je suis revenu en ces lieux si chers à nos Sorciers, mes recherches s'orientent autour de cette petite dose de magie supplémentaire qu'il faut lorsque l'on cherche à créer une Pierre Philosophale. En somme, l'unique dernier ingrédient secret que Nicolas Flamel a fini par emporter dans sa tombe. Cette petite dose d'imagination, en somme ! Celle dont je vous parle depuis tout à l'heure. Mais cette fois, matérialisée par un ingrédient très spécial. Le Graal des Potionnistes ! »
Slughorn eut un petit rire. Il était vrai que toutes ces questions l'intéressaient depuis enfant, bien que les nombreuses années d'études puis d'enseignement lui avaient permis d'acquérir une expérience et un savoir-faire non négligeable pour étoffer ces dites questions.
« Je pourrai donc vous apporter tout ce que je sais, bien que je ne puis vous cacher que le sujet dans lequel vous vous lancez est entouré d'une certaine brume. Je n'aurai jamais la prétention de tout savoir à ce propos. Mais on ne pourra vous reprocher de vous contenter d'un sujet bien académique, vu et revu, et potentiellement corrigeable par des Potionnistes qui ont déjà tout trouvé sur cette question ; au point même d'ailleurs que les étudiants qu'ils évaluent les citent bien souvent dans leurs travaux de recherche. »
Puis la question tourna autour de la personnalité étrange et mystérieuse du nouveau Directeur de Poudlard, celui-là même qui avait repris l'enseignement des Potions lors du départ en retraite de Slughorn et que ce même Slughorn remplaçait depuis Septembre 1996.
« La curiosité est un vilain défaut, n'est-il pas chère Mademoiselle? Vous comme moi le savez. C'est pour cette raison que je n'ai jamais posé de questions trop personnelles à notre Directeur. Concernant votre réserve, vous en avez totalement le droit. Il y en une propre à l'école, adjacente à cette salle de classe. Elle est gérée par mes soins, et je veux qu'elle continue à l'être par souci de responsabilité vis-à-vis des élèves et des parents. Mais je dispose d'une réserve personnelle, dans mon bureau à Poudlard. De même qu'une petite réserve désormais déplacée à la Tour du Directeur se trouve présente dans votre futur bureau. Vous pourrez l'enrichir autant que vous voudrez et utiliser cette salle de classe lorsque vous aurez besoin d'un lieu de travail. N'hésitez d'ailleurs pas à le faire même si je suis aussi présent. J'aime travailler en émulation. A moins que cela vous dérange, bien évidemment. »
Petite sourire jovial. Son humeur était-elle en train de changer? |
| | | Invité | Sujet: Re: [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée Dim 7 Aoû 2016 - 22:25 | |
| « En aucun cas je ne vous ai dit de ne pas suivre vos instincts et de ne pas faire confiance à l'entièreté de vos sens, ma chère ! » Il avait véritablement l'air offusqué, comme si elle venait de s'aventurer à briser ses précieux bocaux, ou de renverser le chaudron dont le liquide mijotait toujours sur le bec à gaz, sous son nez, un sourire provocant ornant son visage aux traits fins. C'était tellement disproportionné ! Cassidy haussa les sourcils, intriguée par ce personnage qui s'annonçait haut en couleurs. Vraiment, une telle réaction pour si peu ? Eh bien, il semblerait qu'à son contact il allait être amené à développer de la retenue puisque la jeune femme n'avait clairement pas la langue dans sa poche lorsqu'il s'agissait des potions. Poser des questions embarrassantes ne la gênait guère. En tant que petit bout de femme à l'apparence fragile et plus légère qu'une plume, elle avait su se faire respecter et trouver sa place au sein d'un univers beaucoup plus masculin. Aidée par sa nature et à force d'entrainement, elle était devenue relativement imperméable à toute tentative de déstabilisation typiquement masculine, que cela provienne des étudiants ou de la part de certains professeurs, et à la gêne qui pouvait en découler. Plus aucune rougeur ne venait colorer ses joues ivoires alors que progressivement elle était devenue connue comme le loup blanc au sein de sa promotion pour son répondant,le plus souvent poli incitant alors le respect, mais parfois mordant à la limite de la torture psychique si jamais l'on se risquait à pousser le bouchon trop loin. Élève calme, passionnée et attentive, personne ne s'était vraiment jamais plaint d'elle à l'exception de certaines personnes qu'elle avait joliment renvoyé à leur place après qu'ils l'aient cherchée. Il lui fallait progresser c'était inévitable et pour cela, il fallait qu'elle accepte de bousculer les limites du cadre dans lequel elle s'était contenté d'évoluer en parfait petit soldat depuis toujours. Il était certain qu'elle ne combattrait pas ses ennemis lorsque l'heure serait venue à coups de théorie ancienne ou en leur demandant d'attendre qu'elle sélectionne le meilleur ingrédient nécessaire à la potion qui lui sauverait la vie. Elle imaginait parfaitement la situation lors d'un duel... Endolo... ! Chut, chut très cher, vous me déconcentrez. Je ne sais plus si j'ai bien mélangé deux fois dans le sens inverse des aiguilles d'une montre le philtre de la mort vivante que je m’apprêtais à vous faire avaler sous Impero. Repassez dans deux heures, voulez-vous ? Grotesque. Ou encore si elle était amenée à réaliser une potion de soin dans l'urgence : Oh ça par exemple, voilà qu'il me manque le cinquième scarabée pour achever la potion Poussos permettant de refaire pousser les os que les Carrows t'ont brisé, et je n'ai pas d'autre alternative. C'est dommage, tu resteras avec tes trois côtes brisées et les doigts retournés sur l'envers. Il parait que l'on s'y fait.L'apprentie laissa échapper un sourire amusé, dévoilant de petites fossettes au creux de ses joues. Leur collaboration s'annonçait des plus étranges mais également des plus passionnantes. De plus, la retenue et la nouvelle énergie qu'elle comptait lui insuffler lui seraient certainement des plus utiles en cette année qui s'annonçait des plus noires. Le vieil homme finit par se reprendre, un léger sourire aux lèvres. Était-il sincère ? Rien n'était moins sûr. « Non, non. Je vous rappelle juste que notre discipline dépasse souvent le périmètre scolaire très rangé, très propre. Il faut parfois, notamment lorsqu'on travaille à l'Hôpital Sainte-Mangouste - et je sais de quoi je parle puisque ma chère mère y a été Médicomage, agir en urgence sans forcément prendre le temps de suivre tout un protocole appris par cœur à l'école. Et comme disait ce cher Montaigne, " savoir par cœur n'est pas savoir " ! » Il réfléchit un instant, son regard quelque peu globuleux perdu dans le vague. « Il est difficile pour moi de vous répondre, Mademoiselle ! Tout d'abord parce qu'on ne peut imaginer une situation d'urgence sans la vivre et qu'à chaque fois que l'on en vit une, tout se passe exactement de manière contraire à ce qu'on avait prévu... C'est justement en cela qu'il est primordial de maîtriser notre art jusque dans nos tripes et qu'un masque de potionniste tombera toujours face aux situations d'urgence absolue. Et je parle ici de potionnistes, mais je pourrais y ajouter tout corps de métier possible. Si vous faites de votre vie quelque chose qui ne vous fait pas vivre, qui ne bat pas en vous, alors ce que vous ferez quotidiennement ne sera qu'une source d'ennui que vous aurez vite envie de quitter pour être en vacances. Ainsi, pour répondre à votre question, très chère, c'est face à une situation d'urgence que l'on se rend le mieux compte de nos compétences. Il faut une bonne dose de savoir-faire, d'esprit, mais aussi d'improvisation et de vif intérêt pour ce que nous faisons. Faire confiance à notre instinct, c'est la meilleure réussite possible. Et, à ce propos, Salazar Serpentard a toujours mis en avant l'ambition, la réussite, mais également l'inébranlable confiance en soi. Même si les dernières années à Poudlard de ce fondeur ont été ternies par des poussées de mégalomanie, les premières, en revanche, sont très instructives en matière d'instinct. » - L'instinct... »Elle laissa planer le silence quelques instants, songeuse. En avait-elle encore en elle ? De la confiance en elle, oui elle en possédait car elle avait conscience de ses aptitudes en potions magiques. Depuis toute petite, elle avait été baignée dans cet environnement, avant même de savoir marcher. Mais en possédait-elle assez afin de parvenir à se détacher des manuels ? à réaliser une potion les yeux fermés en s'en remettant à ses autres sens et à ses ressentis ? Hum... Cela était clairement plus difficile en temps normal, alors en temps de guerre, là où les situations d'urgence avaient le plus de chance d'être rencontrées... « - Mais je puis vous apporter une autre réponse qui, je l'espère, vous satisfera tout autant. Personnellement, c'est mon ouïe qui me sert de principal repère. Les ingrédients qui se consument ou qui se mélangent entre-eux, ceux qui communiquent ou qui se transforment, tous ces ingrédients émettent un son. Ce crépitement, ces bulles, toutes les qualités magiques de ces potions représentent une donnée non-négligeable. Et ce serait vous mentir que d'affirmer que les années d'expérience n'ont aucune importance. Plus vous pratiquerez les potions, plus vous en concocterez de toutes sortes, plus votre esprit sera aiguisé et prêt à découvrir de nouvelles choses. N'hésitez pas à vous confronter aux plus difficiles d'entre-elles. Tout est à la portée de tout le monde, n'est-ce pas ? Ceux qui osent ont ceci d'avance sur ceux qui se contentent de ce qu'ils savent faire: ils évoluent. Et n'est-ce pas ce que vous désirez ? - Effectivement, c'est ce que je souhaite au plus profond de moi. Pour évoluer il ne faut pas se confronter aux autres et vouloir être le meilleur, mais se confronter à soi-même et à nos failles afin de se dépasser. Cette façon de raisonner est gravée en moi, vous pouvez me croire. Ensuite, je pense qu' utiliser votre ouïe est une stratégie en soi assez intelligente, néanmoins avec l'âge... » Cassidy se mordit la lèvre inférieure, ravalant la fin de sa phrase, consciente de l'impolitesse dont elle venait de faire preuve. Son père se serait chargé de la remettre à sa place illico, et ce de la manière la plus brutale qui soit. Généralement, la jeune femme était d'une politesse exemplaire et d'une précaution sans nom lorsqu'elle s'adressait aux gens, mais lorsqu'elle était prise dans la spirale infernale des Potions Magiques, sa nature calculatrice s'effaçait quelque peu pour laisser place aux questions passionnées et aux réflexions défiant toute forme d' autorité. « Pardonnez-moi, je ne voulais pas être impolie. Ce que je veux dire c'est que nos sens quelqu' ils soient peuvent malheureusement être amenés à nous tromper à cause de différentes variables telles que l'âge, mais aussi notre état de santé. Avec l'âge, l'ouïe se modifie, et par exemple un simple rhume peut facilement entraver nos capacités olfactives et gustatives. Dans ce cas, comment peut-on se reposer sur nos sens et notre instinct, d'autant plus s'il s'agit d'une situation d'urgence ? A moins que... - elle s'interrompit un instant, son regard clair concentré sur un point imaginaire tandis qu'elle se mordillait la lèvre inférieure - Oui... Je crois comprendre. Une fois de plus c'est une question d'entre-deux, n'est-ce pas ? Se fier à nos sens et à notre instinct représente cette part de souplesse, mais cela ne veut pas dire qu'il faut se baser uniquement là-dessus. La rigueur n'est pas à négliger et la souplesse ... ne fait que compléter la rigueur. » Oui, c'était bien cela, elle en était quasiment certaine. C'était bel et bien l'idée majeure que ce fameux remplaçant avait tenté de leur inculquer pendant les quelques semaines où ils avaient eu la chance d'avoir accès à son enseignement. « Etes-vous également partisan du " Lisez ce qu'on vous déconseille de lire ", professeur Slughorn ? Cette phrase provient d'un remplaçant que j'ai eu durant quelques semaines lors de ma première année. D'ailleurs... Oui ça me revient maintenant, l'une de vos interventions au Centre de Formation ne portait-elle pas sur la concoction et l'usage des potions en situation d'urgence ? La majorité des étudiants avait trouvé votre présentation absolument captivante. » Quant à son mémoire, le sujet qu'elle avait choisi était terriblement complexe et relativement peu étudié du fait non seulement de sa difficulté mais aussi à cause des débats actuels. L'étudier revenait à sauter à pieds joints dans une fourmilière capable de vous ensevelir en à peine quelques minutes. Les rumeurs disaient même que quelques unes des rares personnes ayant tenté d'étudier cette thématiques avaient été retrouvés morts. Néanmoins, puisqu'elle passait le plus clair de son temps à jongler avec les interdits et à danser sur les fils des limites, cela ne l'avait pas arrêtée, bien au contraire. Selon Cassidy, ces rumeurs, qu'elles soient vraies ou fausses, venaient confirmer que quelque chose d'intéressant se tramait autour de ce sujet. La jeune femme ouvrit les yeux ronds tandis qu'il commentait son choix. Olala mais c'est qu'il avait un sacré débit lorsqu'il était passionné ! Une fois la légère surprise passée, un sourire presque attendrit naquit sur ses lèvres rosées. Elle était tombée sur la bonne personne pour l'aider et la soutenir dans ses recherches, tout en lui apportant des pistes précieuses. Un allié, du moins s'il le voulait, de choix. « La question de l'immortalité dans les différentes civilisations et les légendes qui en découlent m'intéresse particulièrement moi aussi puisque... Je suis à moitié indienne. Je ne sais pas si le professeur Rogue a récupéré mon dossier et s'il vous l'a transmis, mais j'ai effectué l'ensemble de ma scolarité en Inde, à l' Académie de Sïkhanéjadu* De quel ingrédient très spécial matérialisant l'imagination parlez-vous ? Je pensais que les ingrédients nécessaires à la fabrication de la pierre étaient restés secrets et que Nicolas Flamel avait emporté ce secret dans sa tombe... » Il lui avança ensuite que son sujet de mémoire était intéressant puisqu'en effet, rares étaient les personnes se lançant dans cette voie. Il pris grand soin de lui vanter ce que pouvait lui apporter un choix aussi judicieux ; une originalité parmi la masse. « Oui je me doute bien. Cependant ce n'est pas pour cette raison que j'ai choisi ce sujet. Je ne visais pas vraiment l'originalité. Non, je ne la visais pas du tout et je ne la vise toujours pas d'ailleurs. Quitte à venir bousculer les évaluateurs dans leurs petits souliers et récolter par la même occasion une note moins bonne que ce que j'aurais pu obtenir en choisissant un sujet bateau, autant aller jusqu'au bout. Je voulais travailler sur quelque chose qui m'intéressais réellement. Oui... Travailler pour moi, pas pour une note ni pour leur faire plaisir et les intéresser eux. » C'est alors qu'il aborda la question du bureau ayant appartenu jadis au nouveau directeur. Lorsqu'elle lui demanda la raison pour laquelle il ne cherchait pas à en savoir plus sur cet homme mystérieux, il se contenta de lui répondre que la curiosité était un vilain défaut. Cassidy retint à grand peine un petit rire, tant le vieil homme lui faisait penser à un grand-père empli de sagesse devant la fougue de sa petite-fille. « [...] Concernant votre réserve, vous en avez totalement le droit. Il y en une propre à l'école, adjacente à cette salle de classe. Elle est gérée par mes soins, et je veux qu'elle continue à l'être par souci de responsabilité vis-à-vis des élèves et des parents. Mais je dispose d'une réserve personnelle, dans mon bureau à Poudlard. De même qu'une petite réserve désormais déplacée à la Tour du Directeur se trouve présente dans votre futur bureau. Vous pourrez l'enrichir autant que vous voudrez et utiliser cette salle de classe lorsque vous aurez besoin d'un lieu de travail. N'hésitez d'ailleurs pas à le faire même si je suis aussi présent. J'aime travailler en émulation. A moins que cela vous dérange, bien évidemment. - C'est parfait, je vous remercie... Professeur, une autre question me vient... Avez-vous eu mon père, Andreas Rowle en tant qu'élève ? Il adorait tellement les Potions qu'il en a fait son métier puisqu'il est devenu potionniste et qu'il a écrit plusieurs ouvrages. » |
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| | | | [1er Septembre 1997] Une rentrée mouvementée | |
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