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[Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy]

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[Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 18:50

14 Septembre 1997

"L'injustice appelle l'injustice, la violence appelle la violence."


Warning : Présence de violence dans ce RP. Vous êtes prévenus.


« Hook, si tu te ramènes pas maintenant, tu peux te gratter pour que je vienne avec toi. », tonna la voix d'Alexandre dans la salle commune.

Excédé par le retard que prenait sa camarade de maison, qui la veille, lui avait demandé de l'accompagner à la bibliothèque pour des recherches, il finit par s'avachir dans le canapé en cuir vert sombre. Ses doigts jouèrent rapidement avec sa cravate nouée à la va-vite, alors qu'il jetait quelques coups d'œil en biais vers l'escalier qui menait aux dortoirs. Elle prenait tout son temps, il le savait. Peut-être un peu pour l'énerver. Abigail avait toujours eu ce côté revanchard, qui faisait qu'elle lui faisait souvent payer la plupart de ses mauvaises blagues plusieurs jours plus tard. Ses doigts finirent par se lasser, alors il sortit un briquet de la poche de son jean, et l'alluma, pour laisser la flamme danser devant ses yeux. Il resta de longues minutes à la fixer, avant d'entendre des bruits de pas dans son dos. Une démarche lente, nonchalante, mais néanmoins sonore. Malgré son poids léger, elle n'en restait pas moins aussi discrète qu'un troll des montagnes adulte. Un sourire en coin se forma à ses lèvres, alors qu'il se levait, rangeant son amusement du jour dans sa poche arrière. Il tourna les talons, pour apercevoir la crinière en désordre de sa cadette. D'un coup d’œil, il comprit qu'elle avait plus lézardé au lit, que prit du temps pour se préparer, comme la plupart des filles de son âge. Jean troué, chemise bien trop grande pour elle, cravate mal nouée, Doc Martens.. Une Abby habituelle en somme.

« T'as pris ton temps. », lui dit-il en se saisissant de son sac, pour le placer sur son épaule.

En quelques enjambées, elle le rejoint, lui lançant un regard que l'on pouvait interpréter comme « Ouais. », alors qu'elle était obligé de lever la tête, pour espérer ne serait-ce que voir son menton. Sans un mot, elle le dépassa, pour filer vers la porte, laissant ses pas résonner sur les dalles de pierres. Avec un soupir, le septième année lui emboîta le pas, alors qu'ils montaient les escaliers les menant à la surface. Ils n'échangèrent pas un mot. C'était souvent ça entre eux. Elle n'était pas bavarde, et lui, avait abandonné l'idée de la faire parler plus que nécessaire. Ils croisèrent seulement quelques élèves, sûrement friands des balades matinales, ou d'un peu de tranquillité, plus que bienvenue en cette période. L'orpheline regardait droit devant elle, ne s'attardant qu'à peine sur ces silhouettes qui rasaient les murs, alors qu'elle préférait de loin marcher au milieu du couloir. Ils avaient peur. Tous. Seul un idiot n'aurait pas un tant soit peu la trouille. Tout les ramenait à la guerre. Les visages sombres de beaucoup, les chuchotements inquiets de d'autres, ou les pleurs des plus jeunes. Sans parler des conversations des enseignants, et la présence de ces inspecteurs, qu'elle s'amusait à surnommer les détraqueurs humains. Ils voulaient leurs âmes, autant que ces créatures toutes vêtues de noirs. Un soupir franchit les lèvres de la Britannique, alors qu'ils arrivaient dans le hall d'entrée. Ils s'y arrêtèrent comme d'un commun accord.

« Je pars devant. », lui dit-elle d'une voix atone, en pointant du doigt l'un des couloirs menant aux abords de la bibliothèque. « J'suis pas ta mère Hook, tu fais ce que tu veux, à plus tard. », lui rétorqua son camarade, en se dirigeant vers la porte principale d'une démarche qui arracha un nouveau soupir à la verte et argent. Il était exaspérant. Idiot. Sans un regard supplémentaire, elle se détourna, pour s'avancer dans le couloir, ses doigts dépassant de sa manche trop longue, touchant le mur au fur et à mesure. Elle aimait ce silence presque oppressant qui régnait dans les couloirs depuis quelque temps. Fini les rires, les cris, non, le silence avaient reprit sa juste place. Une place qui lui était dû depuis le départ. Si l'ambiance aurait pu paraître pesante pour beaucoup, il n'en était pas de même pour elle. Tout au moins en apparence. Elle n'avait pas changé ses habitudes. Au contraire, elle mettait un point d'honneur à ne rien changer. Les sorties nocturnes, ses moments de paresse au sommet de la tour d'Astronomie avec une bonne bouteille de Whisky Écossais et une cigarette. Quand bien même la peur serait puissante, elle ne perdrait pas une seconde à se mêler dans un conflit qui ne la regardait pas directement. Un camp ? Inutile. Voilà une chose à laquelle elle penserait quand elle serait confrontée à ce choix difficile. Ses yeux se perdirent dans le vague, alors qu'elle progressait d'un pas lent. Dans ses pensées, elle ne vit pas une personne arrivée, qui la cogna de pleins fouet, la décalant de plusieurs centimètres en direction du mur à sa droite.

Sans aucune grimace, Abigail leva son visage en direction de l'homme. Leurs regards se croisèrent. Colère contre indifférence. Sans un mot, elle le dépassa, en bougeant légèrement son bras droit. Elle aurait un bleu, c'était certain. Mais alors qu'elle pensait pouvoir continuer sa route, elle sentit une main lui serrer le poignet. Qu'est-ce que... ? Elle baissa la tête, pour regarder cette main qui semblait gigantesque comparait à son bras d'une maigreur extrême. La jeune fille cligna des yeux plusieurs fois, avant de lever son visage pâle vers l'inconnu. Ses yeux verts n'exprimaient rien, à part peut-être une pointe d'incompréhension.

« Tu n'as rien à me dire ? Des excuses peut-être ? », lui dit-il d'une voix forte, alors qu'elle continuait de le regarder droit dans les yeux. Aucun mot ne sortit de la bouche de la Serpentard. J'ai rien fais. Quelques secondes passèrent, alors qu'ils restaient là. Immobiles.

« Nom, prénom, sang. Tout de suite. ». Abigail cligna des yeux une nouvelle fois devant le ton autoritaire. Son souffle se bloqua dans sa poitrine, alors qu'elle tentait de se dégager de la poigne, en se penchant en arrière. Lâche-moi sale con. Il serra plus fort, lui arrachant cette fois-ci un froncement de sourcil. Un détraqueur humain. L'angoisse monta, faisant briller ses yeux verts, alors qu'elle se rendait compte qu'elle ne pouvait pas s'enfuir. Pas d’échappatoires. Pas de porte de sortie. Non, elle était seule. « Abigail Hook, sang-mêlée. », lui répondit-elle d'une voix neutre, alors qu'elle cessait de se débattre. Un mensonge. Mais elle se savait convaincante. Elle avait passé son enfance à imaginer ses parents, qu'elle avait finie par se faire une image d'eux. Un sorcier, ou une sorcière, et un moldu peut-être. Riche, ou pauvre. Tant de questions restaient encore sans réponse.

L'homme pencha la tête sur le côté, en détaillant le visage blafard de la jeune fille, essayant de déceler la moindre trace de mensonges. Il chercha dans les émeraudes de la sixième année, voulant passer outre le gouffre de vide, et d'indifférence, mais il ne vit rien. Pas de sincérité, ni de mensonge, ni de peur. Il lâcha sa proie aux bouts de plusieurs minutes de silence, la laissant se reculer d'un pas. Elle massa son poignet douloureux, alors que dans son mouvement, son collier venait sortir de son col. Un crochet relié à un cordon en cuir. Avec un froncement de sourcil, il sortit sa baguette, pour toucher l'objet, le remontant légèrement pour mieux le détailler. Touche pas à ça. « Un objet bien moldu. », dit-il en même temps, qu'elle laissait sa baguette descendre le long de sa manche. La colère grimpa dans ses veines, alors qu'elle lui lançait un regard rempli de fureur. Plus de vide. « N'y touchez pas. », alors qu'elle commençait à lever son bras droit tenant le bout de bois. Comprenant son manège, il leva son autre bras, et la frappa au visage, l'envoyant contre le mur. Son dos heurta violemment la pierre froide, lui coupant le souffle, alors que sa baguette roulait à ses côtés. Sous le choc, elle cligna des yeux, du sang coulant de son nez, pour venir s'échouer sur ses lèvres. Sa main se leva mécaniquement, pour toucher sa bouche, et regarder les taches rouges qui imprégner le bout de ses doigts. Abigail pencha la tête sur le côté, alors qu'elle sentait la nausée grimper le long de sa gorge. Son regard vert se leva en direction de l'inspecteur, qui ne cessait de la fixer, attendant son prochain mouvement. Un prédateur face à sa proie.

Avec lenteur, elle posa ses yeux sur sa baguette à sa droite, qui était tombée à seulement quelques centimètres. Sa main droite alla à sa rencontre, et ses doigts s'y posèrent. Une douleur vive traversa ses extrémités, alors qu'elle voyait une chaussure s'écraser ses phalanges. Elle serra les dents, alors qu'il appuyait plus fort, des craquements retentissants, se répercutant dans le couloir. Ne me touche pas. Il bougea, les bruits d'os qui se brisent s'intensifiant, alors qu'Abigail se mordait la langue pour ne pas gémir de douleur. Il n'aurait pas ce plaisir. « La prochaine fois.. », il retira son pied, laissant voir une main rougies par le sang sur ses phalanges, et légèrement tordus pour certains de ses doigts. « Tu ne t'en tireras pas qu'avec quelques doigts brisés. Reste à ta place. », puis il s'éloigna, empruntant le chemin, qu'elle avait suivi auparavant. Elle ne bougea pas, ses mèches sombres cachant en partie son visage devenu transparent par la douleur. Elle sentit ses yeux la brûler, alors qu'une larme menacée de déborder. Elle se mordit la lèvre, en bougeant difficilement ses doigts tremblants, tordus, ensanglantés. La colère remplaça la douleur, et elle se releva, avec la lenteur d'un automate. Sa main gauche alla à la rencontre de sa baguette, faîte d'un bois clair, avant de la ranger à sa ceinture. Avec une grimace, elle leva sa main devant son visage, tout en détachant sa cravate verte et argent. Abigail serra les dents, alors qu'elle l'enroulait autour de sa main meurtrie, tâchant de rouge le tissu délicat. Une fois le nœud fait à l'aide de ses dents, elle passa sa manche sur son nez et sa bouche fendue, essuyant le sang qui s'y trouvait. Son sac sur l'épaule, elle cacha sa blessure dans sa manche, en se dirigeant d'un pas rapide, contrairement à son habitude, vers l’infirmerie. Grimpant les marches quatre à quatre, son bras serré contre sa poitrine, c'est presque en courant qu'elle pénétra dans la salle lumineuse. Personne. Essoufflée, elle jeta son sac en cuir sur l'un des lits, avant de s'approcher de l'une des armoires. Bandages, désinfectant, et si possible, une potion pour réparer ses os.

Elle leva son bras gauche, alors qu'une larme coulait le long de sa joue. Elle s'était fait avoir. C'était rageant, insupportable. Son poing se serra, alors qu'elle l’abattait avec violence sur le métal. Un deuxième coup. Un troisième, avant qu'elle ne se laisse tomber, s'adossant contre le meuble, pour finalement s'asseoir au sol, ses doigts touchant les dalles froides. Elle passa rageusement sa manche sur ses prunelles humides, alors qu'elle entendait un bruit de talons provenant de l'entrée. Abigail se remit debout, alors qu'elle regardait la jeune femme qui venait d'entrer.

« Il y a des bandages dans le coin ? », elle leva sa main droite, recouverte de sa cravate, « Je suis tombée dans les escaliers.»


Dernière édition par Abigail Hook le Lun 22 Aoû 2016 - 17:07, édité 1 fois
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[Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptySam 20 Aoû 2016 - 16:07

14 Septembre 1997,
Poudlard, Ecosse

Un silence de mort régnait dans cachots du château. Un endroit bien sinistre que la plupart des élèves redoutait. Des pierres sombres et rocailleuses, de la poussière - beaucoup, beaucoup de poussière - quelques rats qui lui avaient d'ailleurs causé bien des frayeurs - elle préférait en effet les voir comme de simples ingrédients de potion, qu'en train de courir sur ses parchemins -, et une semi-obscurité permanente. En effet, la seule source de lumière dans les couloirs étroits des cachots provenait des torches constamment enflammées qui brûlaient inlassablement, fixées aux hauts murs de pierre. Un endroit quelque peu effrayant pour quiconque n'était pas habitué.

Penchée au dessus de sa potion dont les spirales de fumée bleutées tournoyaient dans les airs, la jeune femme dont les longs cheveux blonds étaient attachés en une haute queue de cheval, attendait patiemment la fin de la concoction de la dernière potion figurant sur la liste que lui avait donné Mme Pasfresh ; la potion Poussos crée par Linfred de Stinchcombe. Plus que trois minutes et neuf secondes. Montre en main, elle laissa son regard dériver vers le petit soleil flottant dans les airs à ses côtés, donnant une source de lumière presque naturelle au cagibi grisâtre. Sortilège hindou plutôt efficace pour réchauffer une pièce glaciale. La jeune femme laissa échapper un petit soupir avant de repousser les petites mèches rebelles qui étaient retombées devant ses yeux. La fatigue s'était accumulée depuis la rentrée et cela se lisait sur son visage aux traits fins. Entre les cours de soutien qu'elle donnait à certaines catastrophes ambulantes aux airs pervers (cf Shawn), les recherches pour son mémoire qu'elle faisait à la bibliothèque sous le regard intrusif et perturbant d' Octavius Holbrey, son rendez-vous improvisé avec ce dernier datant d'environ une semaine, et... Ses pensées se figèrent. Ce rendez-vous... Un long frisson la parcouru et elle d'une main distraite, elle resserra les pans de sa lourde cape autour d'elle. Ne plus y penser Cass', c'est fini, fini, fini. Toutefois, malgré ses maigres tentatives de réassurance totalement inefficaces, au fond d'elle-même, la blonde savait pertinemment que l'histoire loin d'être terminée, d'autant plus que sa rencontre avec le brun avait laissé des traces. Des insomnies puissantes, des cauchemars étranges et dérangeants dans lesquels elle découvrait dans un miroir qu'elle possédait la barbe et la voix du sorcier... La jeune femme secoua la tête pour chasser ces images traumatisantes. Depuis trois jours seulement, elle avait cessé de se droguer à la Potion de Sommeil sans rêves qu'elle avait jusque là consommé chaque soir depuis le 3 Septembre depuis que le professeur McGonagall lui avait souligné d'un ton hautain et glacé que ses lèvres étaient en train de revêtir une légère teinte violacée ; couleur de la potion. Depuis, les cauchemars étaient revenus, plus perturbants que jamais. La jeune femme soupira et jeta un œil à la montre. Plus que deux minutes et quatre secondes.

Son rendez-vous tardif de la veille avec Severus Rogue l'avait mise dans un état d'excitation palpable. Il avait accédé à sa demande. Cassidy ne pu retenir un sourire illuminant ses traits fatigués. Il allait lui donner des cours avancés, enfin elle allait pouvoir avoir l'honneur de travailler sous le regard aiguisé et les remarques potentiellement acerbes du potionniste si redouté de tous. Non. Non, elle n'était masochiste. Juste compliquée, et fascinée par ce personnage depuis qu'elle en avait entendu parler pour la première fois en Inde.
Soudain, alors qu'elle revivait avec passion ce rare moment de délice, la blonde sentit son nez recommencer à la chatouiller. Merlin... Rapidement, elle se recula vivement du chaudron, tout en plaquant une main gantée contre le masque en papier blanc qui lui recouvrait le nez et la bouche. Ses talons hauts martelèrent le sol, brisant le silence de plomb qui régnait dans son bureau-cagibi-appartement. Sa mine fatiguée ne trompait personne ; cernes sous ses yeux turquoises, et pâleur renforcée ; elle était malade. Définitivement et complètement malade. Si l'apprentie potionniste avait fini par s' habituer après bien des efforts, à la noirceur de son lieu de résidence et de travail, une chose demeurait toujours aussi compliquée pour elle : le froid. Un froid glacial, intrusif, renforcé par l'humidité ambiante de son environnement. La jeune femme claqua des dents et tandis qu'elle resserrait son épaisse cape noire autour de ses épaules, le chatouillement se fit de plus en plus prononcé. Elle se détourna du chaudron juste à temps. Un éternuement magistral raisonna dans tous les cachots, si puissant que le masque blanc vola à l'autre bout de la pièce. De ses petites oreilles sortirent alors deux dernières traînées de fumée blanche. Voilà plus d'une heure désormais qu'elle avait avalé trois cuillères de Pimentine ; potion contre le rhume et la grippe inventée par Glover Hipworth, qui lui avait littéralement arraché les papilles. Enfin, la chaleur l'envahi, signe que la potion avait fait son effet. Cassidy laissa échapper un long soupir de soulagement alors que son nez se débouchait ainsi que ses oreilles.

« Enfin, ce n'est pas trop tôt ! », lâcha-t-elle en se fronçant son nez qui la démangeait mais qu'elle ne pouvait pas frotter en raison des gants qui ornaient ses mains, et qui protégeaient la potion de toute contamination.

L'alarme de la montre sonna, signe que le Poussos était prêt. Cassidy ôta alors ses gants, s'approcha du chaudron rempli de liquide fumant et éteignit le feu de sa baguette d'Aubépine. En temps normal, malade qu'elle était, elle ne se serait certainement pas risquée à réaliser des potions de soin relevant du domaine de la Magie médicale, mais l'infirmière avait lourdement insisté. Les stocks de l'infirmerie sont vides Miss Rowle, vides vous entendez ? Plus de Poussos, plus de Potion de régénération sanguine, ni de solution filtrée de tentacule de Mulrap marinés, et encore moins de potion médicale pour nettoyer les blessures... C'est la pénuriiiie !
Elle avait eu l'air si hystérique et paniquée que Cassidy avait fini par accepter de préparer les différentes potions demandées. Elle y avait passé la nuit entière, sans pause - ou presque. Ces derniers temps, la jeune femme avait la sensation de renouveler les stocks de potions de plus en plus fréquemment. De plus, elle sentait parfaitement que Mme Pasfresh commençait - après une certaine résistance - à se reposer de plus en plus sur elle, lui laissant gérer l'infirmerie lorsqu'elle s'absentait ou était indisponible pour diverses raisons, ce qui était le cas aujourd'hui. Précautionneusement, Cassidy transvasa le liquide fumant dans une vingtaine de bouteilles tout en chantonnant à voix basse. Voilà, une bonne chose de faite. Les élèves pouvaient rappliquer désormais, leurs os seraient prêts à être réparés ou à repousser. Une fois cela fait, la jeune femme entrepris de ranger les nombreuses fioles et bouteilles dans les poches de sa cape ayant subi un sortilège d'extension, et lorsque malgré le sortilège, plus rien ne pu passer, elle rempli ses bras des derniers flacons restants. D'un pas assuré, elle sorti de son bureau qu'elle verrouilla à l'aide de sortilèges hindous diablement efficaces, et se dirigea vers les escaliers menant à la lumière du jour.

Arrivée au troisième étage, ayant pris le soin d'éviter habilement Peeves - numéro un sur sa liste noire - qu'elle avait vu se balader au détour d'un couloir, Cassidy tendit l'oreille avant de s'immobiliser à quelques mètres de la porte de l'infirmerie. Un grand bruit. Des pleurs. Des coups sur du métal. Trois, pour être exacte. Un glissement fluide. Que pouvait-il bien se passer ? Vivement, l'apprentie potionniste entra dans la pièce lumineuse restée ouverte, les bras chargés de fioles colorées. En entrant, son regard vert d'eau tomba sur une petite chose recroquevillée sur le sol, le visage masqué par de longs cheveux noirs ébouriffés. Avant qu'elle n'ai eu le temps d'ouvrir la bouche, la jeune fille se releva.

« Il y a des bandages dans le coin ? Je suis tombée dans les escaliers. »

La blonde fronça les sourcils et s'avança vers la jeune fille dont le visage brillait encore à cause des larmes qu'elle venait de ravaler. Sa veste blanche vola souplement derrière elle tandis que le bruissement souple du pantalon qu'elle portait se fit entendre. Précautionneusement, elle déposa les fioles sur le lit le plus proche et se débarrassa de sa cape noire alourdie par les poches débordantes. Doucement, elle se retourna vers la Serpentard à en juger par la couleur initiale de sa cravate enroulée autour de sa main blessée.

« Des bandages ? Très certainement Miss. Cela dit, je doute fort que cela suffise, montrez-moi les dégâts d'un peu plus près. »

Délicatement, elle conduisit la brune vers le lit voisin de celui sur lequel elle venait de déposer les flacons et d'un sortilège informulé, ferma la porte de l'infirmerie restée ouverte. Ses longs cheveux blonds toujours retenus en arrière en une lâche queue de cheval, Cassidy se détourna de la main de l'élève pour se concentrer sur son visage. Doucement, elle porta une main sous son menton afin de lui faire relever la tête. Des traits harmonieux, mais d'une maigreur à faire peur se cachaient sous cette tignasse ondulée aux reflets aussi sombres que ceux de l'ébène.

« Cet escalier était diablement costaud, dites-moi Miss. », déclara-t-elle d'une voix tranquille, tout en scrutant attentivement la lèvre fendue, l'hématome sur sa joue gauche et son nez en sang.

Elle se détourna et alla se laver les mains et enfiler des gants avant d'approfondir l'examen. La jeune fille mentait, c'était évident. Même un aveugle s'en serait aperçu. Les escaliers n'avaient strictement rien à voir avec cet accident. Toutefois, la brune lui avait présenté les choses de cette façon, signe qu'elle tenait à garder ce qui lui était réellement arrivé secret. Cassidy n'allait sûrement pas s'amuser à mettre les pieds dans le plat, mais comptait bien lui faire comprendre subtilement qu'elle n'était pas idiote comme certains inspecteurs. Elle se retourna élégamment et revint se placer face à la jeune fille tout en notant qu'elle ne portait pas l'uniforme réglementaire. Bien, une petite rebelle. En tant que fille de Mangemorts, beaucoup la considéraient comme Mangemort également bien que ce ne soit pas - encore - le cas. Aussi, lui avait-on signalé que les élèves de la cinquième maison, Nuncabouc, ne devaient pas être prioritaires sur la liste des blessés potentiels. Ils ne recevraient que les soins basiques et une considération minimale. Une chance pour la jeune fille qu'elle soit encore au sein de sa maison, et une chance pour Cassidy qui se retrouvait à agir d'une façon plus naturelle sans que cela n'attise des soupçons. Soigner une Serpentard à la grande gueule, quoi de plus normal ? En revanche, prendre le temps de soigner un Nuncabouc avec sollicitude, la plaçait dans une position plus délicate.

« C'est impressionnant le nombre d'élèves qui chutent dans les escaliers, ou qui glissent dans la douche ces temps-ci... Y-a-t-il eu des travaux récemment ? Je ne suis là que depuis la rentrée mais bien que ces escaliers soient en effet assez farceurs, je ne suis jamais tombée dedans. Pas encore en tout cas. »

Elle lui adressa un petit sourire tout en continuant d'observer ses blessures. Précautionneusement, elle entreprit de défaire le nœud de la cravate qui protégeait sa main blessée. Elle grimaça devant l'étendue des dégâts. Les doigts, non seulement cassés, étaient étrangement tordus et ensanglantés.

« Hum... Je vois. Vous savez Miss... Hook, c'est bien cela ? De nombreux élèves sont passés par l'infirmerie ces temps-ci, mais vous êtes sûrement la plus arrangée. Les escaliers provoquent décidément des blessures plus diverses les unes que les autres. Il faudra que je m'en méfie avec mes talons. »

Ce travail ne pouvait être que le sien. Des bruits de couloirs ou des rares plaintes directes, deux noms ressortaient souvent du lot. Celui d'Amycus Carrow et celui d' Henry. Henry Burrought. Cet inspecteur qu'elle avait eu le malheur de rencontrer le 3 Septembre et qui s'était évertuer à lui faire un monstrueux chantage ; chantage qui s'était retourné contre lui lorsqu' Octavius avait pris sa place aux Trois-Balais. Bref. Si Amycus Carrow avait la réputation de faire preuve d'une violence rare envers les élèves, celle-ci était le plus souvent magique. Les Doloris semblaient être son arme préférée. En revanche... Henry avait une toute autre réputation ; celle d'être démangé de manière abusive par ses poings. Une force physique que la jeune femme avait eu tout le mesure d'imaginer en dînant face à lui aux Trois-Balais.

« Vous avez fait une sacrée chute. Ces escaliers semblent décidément posséder la puissance d'une armoire à glace d'environ deux mètres... Les stocks de l'infirmerie étaient vides justement à cause de toutes ces chutes, mais heureusement pour vous je rapportais justement des potions fraîchement préparées. »

La posture de la jeune fille, assise sur le rebord du lit, était très raide, ce qui alerta l’œil aiguisé de l'étudiante.

« Je vais vous demander de soulever votre chemise de manière à ce que je puisse jeter un œil à vos côtes Miss Hook. Votre posture raide ne me dit rien qui vaille. »

Un hématome monstrueux, oscillant entre le violacé, le cramoisi et le noir se dessinait déjà sur sa peau blafarde. Cassidy releva ses yeux turquoises sur le visage juvénile et pour la première fois, plongea dans le regard de la verte et argent. Le choc fut énorme. Imprévisible et inévitable. Un puits sans fin. Noir. Terrifiant tant il était vide. Aspirée par les prunelles vides, la blonde eu l'impression de chuter à une vitesse vertigineuse dans les tréfonds de l'oubli. Ce regard était effrayant, parce que d'une façon, celui-ci la ramenait à son propre vide qu'elle tentait d'ignorer en le mettant de côté. Le vide. La blonde le dissimulait soigneusement par un sourire rayonnant, ou glacé. La brune se laisser dévorer et l'affichait dans sa posture et sa vêture. Elle était devenue le vide. Un miroir. Deux jumelles différentes mais semblables, partageant un vide commun, une absence terrifiante qui les engloutissait d'une façon différente. Plus visible sur Abigail que sur Cassidy, mais le fond était le même. La jeune femme se reprit et se concentra sur la main de la demoiselle. Quatre doigts sur cinq avaient été brisés, seul le pouce avait été épargné. La nausée qui l'envahi n'était aucunement liée aux doigts tordus et recouverts de sang, non. Le vide. Il était de retour. L'impression de voir en la Serpentard la partie d'elle-même qu'elle fuyait depuis toujours. La nuit, la souffrance, le vide. Le tourbillon de ses prunelles était fort, puissant, l’entraînant toujours plus profondément en elle, comme si la brune avait été une partie de la blonde.

« Vos doigts sont brisés Miss, il va falloir ressouder les os entre eux, ce qui veut dire que vous pouvez d'emblée prévoir d'avoir des cours à rattraper. Je ne peux pas vous laisser repartir dans cet état. Quant à vos côtes, si elles ne sont pas fêlées, ça ne doit pas en être loin, ce qui peut d'ailleurs possiblement vous gêner lorsque vous respirez. Votre visage a été abîmé et sera certainement gonflé pendant plusieurs jours mais je peux limiter la douleur. »
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[Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyLun 22 Aoû 2016 - 17:03

"Ne rien avoir autour de nous, à toucher ou à regarder, aucune ligne de démarcation, juste nous et la gueule avide du ciel.
J'imagine que c'est ce que ça fait quand on est mort pour de bon. Le vide, vaste et absolu."


Vivants, Isaac Marion.


La colère. Plus forte que la douleur, elle la dominait. L'emplissait tout entière, bouillant dans ses veines, jusqu'à faire luire ses yeux verts. Ses poings se serrèrent, rependant du sang sur sa chemise, et sur sa cravate, soigneusement nouée autour de sa main droite. Abigail prit une grande inspiration, fermant les yeux dans le but de se concentrer sur autre chose. Son teint, habituellement d'une pâleur maladive, semblait avoir atteint une teinte inédite. Un mélange entre la craie, la fumée, et une vitre. Sur ses joues encore humides, se laissaient deviner un début d'hématome, alors que sa lèvre inférieure, était barrée d'une coupure sanglante, laissant sur son sciage une traînée rouge, courant le long de son menton, pour venir tacher le col blanc immaculé. Sans gênes, elle détailla la nouvelle arrivante, qui prenait petit à petit des allures de sauveuse. Elle la connaissait, tout au moins de noms. Le souvenir de la rentrée lui revient en mémoire, alors que la blonde siégeait à la table professorale, non loin de l'étrange phénomène qui avait pris la place du professeur Rogue, devant les chaudrons, au milieu de l'atmosphère sinistre des cachots. Rowle. Avec une certaine méfiance, la Britannique la laissa s'approcher d'elle, son regard se posant sur les fioles que Cassidy avait emmené. La tête se penchant sur le côté, laissant choir quelques mèches d'ébène devant son visage, camouflant partiellement ses émeraudes, alors qu'elle amorçait un pas en direction du lit.

« Des bandages ? Très certainement Miss. Cela dit, je doute fort que cela suffise, montrez-moi les dégâts d'un peu plus près. »

La voix de l'assistante en potion l'arracha à sa contemplation des fioles remplies de liquides. Sa tête se redressa, reprenant enfin une posture normale, alors que la Serpentard posait sa main gauche, rougie sur ses phalanges sur la rambarde du lit près duquel elle s'était échouée. Pas un mot ne franchit ses lèvres, alors que la jeune fille se contentait d'hocher la tête, en prenant place sur le matelas. Les jambes dans le vide, elle laissa son regard se fixer sur le sol, en comptant les dalles, longeant les rainures. Une. Deux. Trois. Quatre. Une main releva doucement son menton, et en parfait automate, elle obéit, dévoilant sa face blanchie et abîmée. Avec lenteur, Abigail cligna des yeux, alors que sa langue passait sur sa lèvre blessée. Le goût métallique ne tarda pas à envahir sa bouche, le liquide rouge continuant sa course le long de sa gorge. Son nez, qui s'était arrêté de couler, laissa échapper un filet de sang, qui imbiba bientôt ses lèvres, se mêlant à la légère rivière laissait précédemment.

« Cet escalier était diablement costaud, dites-moi Miss. »

L'entendit-elle dire une nouvelle fois. Les escaliers. Un mensonge qui était sorti tout naturellement, comme si, elle l'avait toujours fait. Pour quelle raison ? Y avait-il une honte à avoir été battu par un adversaire faisant trois fois son poids ? Un combat qui n'avait rien d'équilibrer. Une victoire qui n'avait rien de respectable. Le visage presque caricatural de son agresseur lui revient en mémoire, l'éblouissant avec la fureur des phares d'une auto. La tétanisant. Elle avait eu peur. Atrocement. Et, elle en avait honte. Seul un con n'aurait pas eu peur. Elle avait eu l'étrange, et horrible impression, de n'avoir été qu'une proie. Un lapin apeuré face aux canons d'un chasseur. Ses doigts se crispèrent, serrant le drap blanc, le tachant sans aucun doute de sang. Elle n'avait pas seulement perdu. Elle ne sentait pas que le goût amer, et âcre de la défaite, non, c'était quelque chose de plus fort que ça. Abigail prenait conscience qu'elle n'aurait rien pu faire, quand bien même sa baguette n'aurait pas glissé de sa main. Si, elle était incapable de se défendre, comment pourrait-elle espérait le faire pour Absynthe ? citrouille. Les dents serrées, et les yeux brillants de nouveau, Abby observa la jeune femme se détourner, pour enfiler des gants. Elle, qui était seulement venue pour chercher quelques bandages, se retrouvait à se faire soigner par une apprentie potionniste. Soit. J'aurais pu tomber sur pire.

« C'est impressionnant le nombre d'élèves qui chutent dans les escaliers, ou qui glissent dans la douche ces temps-ci... Y-a-t-il eu des travaux récemment ? Je ne suis là que depuis la rentrée, mais bien que ces escaliers soient, en effet, assez farceurs, je ne suis jamais tombée dedans. Pas encore en tout cas. », lui dit-elle en revenant auprès d'elle, avec un léger sourire.

La verte et argent lui tendit sa main, la laissant dénouer sa cravate maintenant méconnaissable, alors qu'elle observait, non sans un certain intérêt, l'allure de ses doigts. La douleur s'était estompée, et il ne restait de cela, que la bile remontant progressivement le long de sa gorge. Une nausée qu'elle réussit néanmoins à contenir. Sa main gauche migra sur ses côtes, son corps bougeant dans le but d'atténuer cette gêne significative. Une sensation d'inconfort certain, et une douleur lancinante remontant, pour venir se loger dans sa cage thoracique. Comme si son corps était traversé d'une nuée d'aiguilles, la transperçant de part en part, pour ne laisser d'elle, qu'un corps déformé, et sanguinolent. « Hum... Je vois. Vous savez Miss... Hook, c'est bien cela ? De nombreux élèves sont passés par l'infirmerie ces temps-ci, mais vous êtes sûrement la plus arrangée. Les escaliers provoquent décidément des blessures plus diverses les unes que les autres. Il faudra que je m'en méfie avec mes talons. » , reprit la Rowle, brisant une fois de plus le silence embarrassant qui commencé à s'installer. Pourquoi les gens avaient cette fâcheuse tendance à vouloir combler les blancs ? Le silence était-il si peu appréciable aux yeux du plus grand nombre ? À la mention de son nom de famille, elle se contenta d’acquiescer, en détournant son regard, pour venir le poser sur un point dans le dos de la blonde.

« Méfiez-vous de ceux avec une fissure mademoiselle Rowle. », répondit la blesser d'une voix atone, pour la première fois depuis le début des soins, alors qu'elle passait sa manche sur le bas de son visage, en essuyant temporairement le sang qui l'avait entaché. Une fissure, partant du menton, remontant le long de la joue, pour venir barrer l’œil. Un soupir s'échappa de sa bouche, faisant se décaler une mèche sombre qui était venue se perdre sur ses lèvres. « C'est bien ça votre nom ? Vous êtes l'assistante du professeur Slughorn pas vrai ? Vous faites partie de la famille d'Elyas Rowle, qui est à Serpentard. », demanda-t-elle plus pour la forme, que par réel intérêt. Ses questions, sonnaient plutôt comme des affirmations, surtout concernant sa parenté avec l'un de ses camarades, qu'elle n'avait jamais jugé bon d'apprendre à connaître. Un sang-pur. Certes pas vraiment arrogant ou détestable en soit. Disons, que ce qu'elle avait eu l'occasion d'en voir, ne lui avait pas donné envie de creuser. On ne creuse pas ce qui est déjà vide. De ce fait, il était peu probable qu'elle essaie un jour de se mêler de ses affaires, qui pour elle, ne présentait pas le moindre intérêt, soit dit en passant. Les gens trop parfaits, trop sûr d'eux, n'avaient jamais interpellé son regard, quoi qu'ils puissent faire par la suite. Aucune importance.

« Vous avez fait une sacrée chute. Ces escaliers semblent décidément posséder la puissance d'une armoire à glace d'environ deux mètres... Les stocks de l'infirmerie étaient vides justement à cause de toutes ces chutes, mais heureusement pour vous, je rapportais justement des potions fraîchement préparées. »

On en revenait finalement au sujet de conversation principale. Soit, son état plus que déplorable, qui allait nécessiter un traitement de choc, qui l'agaçait déjà. Le terme armoire à glace, eut le mérite d’interpeller la jeune fille qui lança un regard en biais à Cassidy. Sa mâchoire se crispa, alors que sa main endommagée s'agita de spasmes nerveux, que la brune tenta de calmer par de brèves inspirations. Elle était grillée, et ce, depuis le début, et comme une idiote, aussi naïve qu'un Gryffondor, elle avait pensé que son excuse passerait. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine, ravivant une douleur soude, qui lui donna la nausée.

« Une armoire à glace hein ? C'est peu de le dire Mademoiselle Rowle. Je ne savais pas que les escaliers pouvaient projeter contre un mur d'un simple revers. Je suis.. ravie de l'apprendre. », murmura Abigail d'une voix cassée, en prenant soin de ne pas forcer sur sa respiration, qui devient rapidement sifflante. Ses spasmes gagnèrent son bras, dont les muscles se tendirent, lui arrachant une légère grimace de douleur. Respire. Et c'est ce qu'elle fit, elle prit de longues inspirations, expirant avec lenteur, alors qu'elle se concentrait sur ses doigts disloqués, brisés. « Je vais vous demander de soulever votre chemise de manière à ce que je puisse jeter un œil à vos côtes Miss Hook. Votre posture raide ne me dit rien qui vaille. », entendit-elle comme un écho, retentissant dans sa tête, comme à travers une grotte. Arrête tes conneries Hook. Elle secoua vivement la tête de gauche à droite, finissant de remettre ses idées en place, avant d'obéir docilement à son infirmière du jour, avec une nonchalance, qu'elle ne chercha pas à camoufler. Ses côtes saillantes, étaient maintenant recouvertes d'un hématome à la couleur presque effrayante. Avec détachement, elle roula des épaules, faisant craquer ses os, sa peau se tendant sensiblement, accentuant la surface déjà bien étendue, de sa blessure. Avec la même lenteur presque calculée, elle relâcha le vêtement, qui recouvrit son corps malingre avec la souplesse d'un drap. Et leurs regards se croisèrent, pour ne plus se lâcher. Deux verts différents se mêlant l'un à l'autre. Avec curiosité, l'orpheline pencha la tête sur le côté, en essayant de décrypter l'expression de la Rowle. Son regard était devenu bien lointain, alors que la blonde semblait se plonger dans les abîmes de son âme, se laissant engloutir dans les ténèbres salvatrices, et angoissantes. Abigail se laissa bercer par le vide des prunelles de la blonde, se laissant étreindre par ses démons intérieurs, qu'elle pouvait pratiquement atteindre du bout des doigts. Il suffisait d'un mouvement.. un simple mouvement, pour qu'elle puisse les atteindre, les caresser délicatement, serrer cette main qui émergeait des sables mouvants. Un geste. Les minutes défilèrent, s'étirèrent, alors qu'elles demeuraient immobiles. Pourtant, dans leurs prunelles, on pouvait presque les voir communiquer. Le moment prit fin, la plus vieille se ressaisissant brièvement pour se pencher sur la main brisée de l'Anglaise.

« Vos doigts sont brisés Miss, il va falloir ressouder les os entre eux, ce qui veut dire que vous pouvez d'emblée prévoir d'avoir des cours à rattraper. Je ne peux pas vous laisser repartir dans cet état. Quant à vos côtes, si elles ne sont pas fêlées, ça ne doit pas en être loin, ce qui peut d'ailleurs possiblement vous gêner lorsque vous respirez. Votre visage a été abîmé et sera certainement gonflé pendant plusieurs jours, mais je peux limiter la douleur. »

Brisés. Il s'agissait en soit d'une évidence. Même elle, en simple étudiante, était arrivée à cette déduction. « Je n'ai pas mal. », ce faisant, elle lui tendit simplement sa main droite, tordue dans un angle douloureux, ses doigts s'arquant difficilement.
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyMar 23 Aoû 2016 - 20:04

Le silence. Sourd, vide, désespérément creux. Sans le moindre écho ; ni proche, ni même lointain. Une pierre jetée dans les abysses d'un puits profond. Une chute sans fin, infinie. Un trou noir, aspirant le moindre son, la moindre particule de vie sur son passage, ne laissant derrière lui que le néant. Aucune trace de poussière, aucun signe d'existence. Pour certains le silence n'avait pas le moindre sens et n'était qu'un simple trou vertigineux, un mur blanc à combler de lettres noires - ou peut-être l'inverse, un mur noir à combler d'encre blanche... tant ils étaient mal à l'aise en sa présence. Imperturbable, la brune semblait ne l'écouter qu'à moitié, perdue dans un monde dont elle seule connaissait l'existence et avait la clé. Une clé de poussière, unique au monde et éphémère, revêtant chaque jour une forme différente, privant ainsi tout intrus de l'accès à son univers impitoyable. Un monde de brume grisâtre, aux épaisses volutes de fumées la retenant prisonnière. Mais la captive souhaitait-elle en sortir ? Rien n'était moins sûr. Ce monde devait la protéger, à défaut de lui permettre de se sentir réellement bien. Des yeux émeraudes, voilés par un rideau transparent à la résistance d'un diamant brut, l'éclat en moins.

Alors que la Serpentard semblait perdue dans son univers de silence, ses lèvres vermeilles restant désespérément closes, Cassidy ne s'en offusqua guère. Loin de là. Au fond, la jeune femme était intimement persuadée que la jeune fille écoutait plus qu'elle ne souhaitait en laisser paraître. Lorsqu'elle parla, sa voix rauque retentit dans le silence de l'infirmerie. Une voix d'outre-tombe ; trop usée ou au contraire trop peu utilisée par sa propriétaire. Un murmure au travers d'un voile noir masquant sa bouche, étouffant ses lèvres et sa respiration. Voile de la mort à l'épaisseur du ciment.

« Méfiez-vous de ceux avec une fissure mademoiselle Rowle. »

Une voix atone, creuse, presque mourante. Presque. La jeune femme laissa échapper un sourire venant éclairer son visage fatigué. Ainsi donc en dépit des apparences la jeune fille était toujours en vie. Enfermée dans son monde qui n'appartenait qu'à elle regorgeant de fumée grisâtre et de brouillard épais, se confondant avec les limites de la réalité dans les méandres de son esprit tourmenté. Cœur de pierre et âme tourmentée, la blonde aurait très bien pu être en train de se regarder dans un miroir.

« Je vous remercie de votre prévenance Miss Hook. Je tâcherai de suivre votre conseil à la lettre. Après tout, les fissures peuvent en effet être dangereuses, mais elles sont parfois nécessaires afin d'amener un certain changement... »

Si la phrase de la brune ne recouvrait pas à la base de second sens, la blonde avait fait le choix subtil de s'en servir afin de tendre vers elle une main - non que dis-je ? - un doigt délicat dans sa direction, venant frôler sans chercher à y pénétrer, l'intimité psychique de la jeune fille semblables à une rose dont la beauté s'était flétrie avant l'âge. Ses cheveux noirs pendaient de chaque côté de son visage sur lequel se lisait une intense fatigue, comme des pétales mourants. Des fissures... Celles que semblait posséder la Serpentard étaient à la fois visible comme un troll des montagnes dans un magasin de porcelaine, mais dans un même temps, invisibles et fugaces comme pouvait le devenir un caméléon.

« ... C'est bien ça votre nom ? Vous êtes l'assistante du professeur Slughorn pas vrai ? Vous faites partie de la famille d'Elyas Rowle, qui est à Serpentard. »

La voix sonnait comme un gouffre sans fond, sortant de sa bouche comme un filet presque imperceptible de sons dépourvus de sens profond. Telle une machine moldue artificielle, elle semblait être programmée afin de pouvoir tenir une conversation superficielle mais rien de plus. Polie la petite. La question était purement réthorique et la blonde avait bien compris que la jeune fille n'en avait que cure et qu'elle n'agissait là que par pure politesse, ce qui força l'admiration de la jeune femme. La Serpentard semblait avoir été programmée depuis de longues années, telle une machine moldue. Comment pouvait-elle lui en vouloir ?   Condamnée dans son univers impitoyable qu'elle s'était elle-même forgé certainement au gré des années. Un prison faite d'épaisses volutes de fumée noire dont elle seule détenait la clé fumeuse, sans savoir et sans avoir réellement envie et besoin de l'utiliser. La protection contre la vie ? Hum, voilà bien un dilemme que la blonde connaissait sur le bout des doigts, aussi elle comprenait parfaitement le choix de la jeune fille qui se tenait face à elle, avec l'aise d'un extra-terrestre débarquant sur la Terre. Un mur infranchissable, un monde indétectable dont les frontières se confondaient avec la réalité. Réel ou simple illusion ? Illusion ou hallucination ? Telle était la question devant sans doute perdre encore plus la Serpentard.

« Qu'importe Miss ? Je suis simplement celle qui vous soigne actuellement. »

Oui. Qu'importe. Qu'importe sa réponse, la brune n'y accorderait que peu d'attention et Cassidy n'avait aucune envie de la forcer à parler. Se forcer à prononcer des mots, à tenir une conversation alors que ni l'intérêt, ni l'envie n'étaient présents pouvait faire pire que mieux, conduisant la personne dans un état proche de la mort psychique. La catharsis n'était pas toujours libératrice. Pas si elle était forcée, ni si le moment n'y était pas propice. Abigail n'avait pas à se forcer à faire la conversation si elle n'en ressentait pas le besoin. Cassidy jeta un œil à l'élève dont le corps était secoué de plusieurs spasmes incontrôlables. La peur. L'élève transpirait la peur par tous les pores de sa peau. Ses jointures blanchirent tant elle se retenait pour ne pas sombrer. La peur... et la colère. Une colère toute aussi muette que la jeune fille, d'une intensité rare qu'elle peinait visiblement à contrôler. Prisonnière de sa falaise aux pierres rocailleuses la protégeant et la coupant de toute ouverture vers la lumière, vers la vie. La roche était si solide, si inébranlable que ni les marées puissantes, ni les incendies les plus destructeurs ne pouvaient avoir d'effet sur cette dernière. Aucune érosion n'était envisageable.

Néanmoins, si Abigail ne parlait pas - ou si peu, sa conversation rivalisant presque avec celle d'une tombe existant depuis environ deux mille cinq cent ans, cela ne faisait pas d'elle quelqu'un de sourd, aussi Cassidy choisit-elle de placer le terme " armoire à glace " dans sa phrase suivante afin d'obtenir une confirmation de ses soupçons.

« Vous avez fait une sacrée chute. Ces escaliers semblent décidément posséder la puissance d'une armoire à glace d'environ deux mètres... Les stocks de l'infirmerie étaient vides justement à cause de toutes ces chutes, mais heureusement pour vous, je rapportais justement des potions fraîchement préparées. »

Un regard en biais lui répondit, confirmant ses soupçons dans la seconde. Il s'agissait bien de ce crétin d' Henry et de ses deux mètres. Imperceptiblement, la mâchoire de l'apprentie potionniste se crispa tandis qu'elle continuait d'observer les dégâts. Merlin, ce n'était plus possible, il fallait que cela cesse et vite, autrement les trois quarts des élèves seraient morts avant les vacances de Noël. L'inspecteur semblait être d'une brutalité sans pareille, incapable de contrôler ses poings. Un tel manque de contrôle de soi était pathétique au possible. Lorsqu'elle l'avait bousculé au détour d'un couloir alors qu'elle fuyait Peeves, elle avait été jusqu'à le faire tomber sur son arrière-train passant à côté de lui avec la puissance d'une fusée. Si elle avait été épargnée, elle ne le devait qu'à son nom bien connu désormais, et au fait que l'employé ministériel était tombé sous son charme. Grâce à cela, elle avait évité de goûter au doux fracas de ses poings entrant en collision avec son minois délicat et ses lèvres impertinentes.
Des spasmes commencèrent alors en envahir le corps de la brune à la maigreur rivalisant avec celle d'un inferius, tandis que sa mâchoire se crispait au point de laisser échapper quelques craquements sourds. Merlin que le comportement non verbal était une mine précieuse d'informations. Infinie. Plus subtile et moins intrusive que la parole. Quel était l'imbécile ayant affirmé que la seule communication existante était la parole, les mots, le verbal ? C'était totalement ridicule. Pour celui qui avait appris à observer, le corps criait silencieusement la vérité, avec une indignation du tonnerre, tandis que la bouche, lorsqu'elle daignait seulement s'ouvrir et la voix se muer en un murmure, mentait. Sa respiration s'accéléra tandis que sa bouche s'entrouvrait, cherchant en vain à faire entrer l'oxygène paraissant lui manquer. Imperceptiblement, Cassidy se rapprocha d'elle de façon à ce que leurs jambes se frôlent, donnant ainsi à la jeune fille un semblant de contenant, si léger et aérien que cette dernière, à moins d'être hyper attentive, ne pouvait décemment pas remarquer.

« Une armoire à glace hein ? C'est peu de le dire Mademoiselle Rowle. Je ne savais pas que les escaliers pouvaient projeter contre un mur d'un simple revers. Je suis.. ravie de l'apprendre. »

Un murmure, si bas que Cassidy du tendre l'oreille plus distinguer l'entièreté des syllabes composant chaque mot. Chacune d'entre elle était emplie d' une souffrance sans nom. Le verbal ne pouvait être en mesure d'en faire ressortir l'intensité. Une souffrance... terrible ? infernale ? Rien ne fonctionnait réellement parce que tout simplement le mot pour la qualifier n'avait jamais été créé, et aucun ne pourrait l'être. Parler paraissait être une épreuve insurmontable pour la demoiselle, comme si à chaque phrase prononcée à haute voix, elle s'arrachait volontairement à bout de chair... avec les dents.

« Certains ont une réelle force, et ne se gênent pas pour en profiter aux dépens des autres. », répliqua l'apprentie d'une voix tranquille, comme si elle était véritablement en train de d'échanger avec une cliente à propos de son prochain achat d'escalier.

La voix de la Serpentard était cassée, légèrement enrouée. Cassée par la vie. Cassée par la survie. Son regard le confirma, et tandis que la Rowle était aspirée par ce dernier qui la renvoyait à sa propre existence, elle fut tout de même en mesure de remarquer que l'intérêt de la brune venait enfin de s'éveiller au contact de ses iris vert d'eau. La curiosité. Une étincelle de vie perdue dans les ténèbres hospitalières servant de refuge à la brune. Qui avait un jour osé prétendre que le regard ne permettait que d'observer le monde ? Rien n'était plus faux que cette affirmation heuristique. Celui-ci n'était guère muet, loin de là. Au contraire, il parlait. Hurlait. Chuchotait. Les non-dits, la souffrance ou encore les remords. Les yeux n'étaient que les miroirs de l'âme et leur sincérité ne pouvait tromper personne.

Cassidy reprit la parole, se fiant à ce besoin de se raccrocher à quelque chose de palpable, de rationnel sur lequel son esprit rigoureux pourrait se reposer. Le charme fut rompu. Brutalement, mais sans agressivité. Juste un retrait afin de se protéger. Merlin, après l'histoire avec le bibliothécaire, voilà qu'il fallait qu'elle tombe sur l'élève la renvoyant à ses propres démons. Décidément, le sort semblait s'acharner sur elle. Peut-être avait-il passé un pacte avec Peeves ?

« Je n'ai pas mal.

- Bien entendu. Je vous crois sur parole Miss Hook. Certaines douleurs apportent parfois tellement plus de bien que de mal, que certains peinent à les identifier comme telles. »

Des yeux de fantôme. Grands, intenses, mais terriblement vides. Comme s'il ne lui avait jamais été permis de vivre. Comme si avant même sa naissance, elle n'avait jamais été désirée. Elle n'avait jamais existé. Personne ne semblait l'avoir un jour aimée. La douleur permettait parfois de se sentir en vie. Ressentir les limites corporelles de notre âme.
La Rowle se détourna de nouveau de sa jeune patiente et fouilla dans une poche de sa cape afin d'en extraire une fiole de Poussos qu'elle versa dans le bol qu'elle venait de faire apparaître.

« Malheureusement même si vous n'avez pas mal, vous devez prendre soin de votre corps au risque de conserver cette main en cet état toute votre vie. Je vous ferai porter un pyjama, vous allez devoir passer la nuit ici puisque le Poussos met environ huit heures à agir, et c'est plutôt douloureux lorsque les os se ressoudent entre eux, bien qu'évidemment, vous n'ayez pas mal. »

Cassidy se redressa, confiant le bol à la brune.

« Je pense me rappeler que vous aviez cours de l'art de la Magie Noire à dix-sept heures trente ? J'aviserai le professeur Carrow de votre absence, n'ayez aucune crainte à ce sujet. Bien que je suis certaine que vous n'ayez pas peur. »

La blonde n'attendait pas de réponse de la jeune élève, aussi son ton s'était-il avéré posé, sécurisant. Elle ne comptait pas la forcer à s'exprimer.

« Il faut vous reposer Miss Hook, vous semblez être nauséeuse. Je vais vous apporter quelque chose contre ça. Allongez-vous sur le lit avec ... - elle ajouta un oreiller supplémentaire - deux oreillers et respirez à fond. »

Se saisissant d'une potion médicale pour nettoyer les blessures, elle versa cette dernière sur un coton avant d'en tapoter légèrement mais fermement les contusions déformant le visage de la brune qui commençait à enfler.

« Vous savez Miss Hook, les escaliers trop dangereux devraient être remplacés. Vous devriez en parler au professeur Rogue. Je suis sûre qu'en dépit de son aspect sévère, il serait à votre écoute pour ce genre de problème... Après tout n'était-il pas votre ancien directeur de Maison ? Si un escalier est défaillant au point de causer la chute de nombreux élèves sans raison apparente, en dépit de son allégeance au château, c'est qu'il y a un problème. »

Puis, d'un ton léger et tout en reposant le coton dans un récipient porté à cet effet, la Rowle poursuivit :

« Il va falloir vous trouver quelques occupations pour survivre à l'ennui de l'infirmerie... Aimez-vous la musique Miss Hook ? »
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyLun 5 Sep 2016 - 0:03

« Je vous remercie de votre prévenance Miss Hook. Je tâcherai de suivre votre conseil à la lettre. Après tout, les fissures peuvent en effet être dangereuses, mais elles sont parfois nécessaires afin d'amener un certain changement... »

Une phrase anodine, simple. Abigail cligna des yeux avec lenteur, alors que sa tête se penchait sur la droite. L'incompréhension se lisait aisément dans ses yeux verts. La surprise peut-être aussi.  Si elle avait été dans un état « normal », c'est-à-dire enfermée dans un mutisme presque dérangeant, l'esprit coincé entre deux ombres angoissantes, aux sourires malveillants, et aux yeux rougeoyants, elle n'aurait sûrement rien dit. Les mots auraient flotté autour d'elle, avec la langueur d'un brouillard matinal londonien. Ils l'auraient frôlé avec douceur, râpant sa peau blafarde, alors qu'elle aurait simplement continuer sa route, ses longs cheveux noirs alourdissant sa posture droite, comme un épais rideau lui cachant la réalité. Une réalité bien obscure, qu'elle tentait tant bien que mal d'esquiver, avec une souplesse toute relative. Pourtant, une cloche avait retentit dans son esprit. Un signal d'alarme, les sirènes rouges se mettant à tourner, vrombissant dans ses oreilles, claquant contre ses tympans avec la férocité d'un marteau. Elle voyait son mur se dessiner devant ses prunelles, impeccable, gigantesque, lui camouflant la vue durant quelques secondes. Et elle la vit. Cette minuscule fissure qui venait de se former. Non, pas ça. L'inspecteur, et son visage carré, étaient déjà loin, il était derrière son rempart de béton grisâtre. Les doigts fins, osseux, brisés de la verte et argent se levèrent, tremblants à cause de sa blessure, se posèrent sur ce mur invisible, sauf pour elle. Ils retracèrent avec angoisse, les contours de l'anomalie. Non. Elle sentit ses entrailles se nouer, alors qu'elle tentait d'insuffler à ses poumons noircis, de l'oxygène plus que bienvenue. Résorbe toi. Elle ne pouvait détacher ses prunelles de cet endroit lointain, et à la fois si proche. Son bouclier commençait à se briser, la pierre s'effritait un peu plus.

Et en un clignement de paupières, tout cessa, comme si tout ceci n'avait été qu'une illusion. La respiration saccadée, lui faisant soudain réaliser qu'elle avait arrêté de respirer ; la Serpentard mit quelques secondes, voir minutes, pour comprendre ce qu'il venait de se passer. Étrange. Effrayant aussi. Avec stupéfaction, elle regarda sa main blessée, dont les extrémités tordues, ne cessaient de pointer une direction inconnue. La douleur revient à la charge, lancée au triple galop, alors que l'adrénaline qui avait coulé dans ses veines, commençait à se diluer. Ses sourcils fins se froncèrent, et elle reposa sa main dominante sur sa cuisse. Heureusement, la conversation en cours lui permit de faire abstraction des mouvements fantomatiques autour d'elle. Des cauchemars trop longtemps ignorés. Ils ne sont pas là. Elle déglutit difficilement, alors que sa langue passait sur sa lèvre fendue, récoltant les gouttes de sang encore fraîches. La goût métallique se rependit dans sa gorge, la tapissant, alors que sa salive semblait aussi brûlante que de la lave en fusion. N'y pense pas.

Après une brève inspiration, qui envoya un rappel à l'ordre à la jeune sorcière, qui en était venue à oublier l'une de ses blessures, ô combien ennuyeuse pour ses longues virées en solitaire dans les couloirs du château. Il y avait plus d'un fantôme dans l'école, plus qu'un simple tableau, obligé de surveiller les escaliers, ou les corridors silencieux. Pas de poussières, ou de don de passe muraille. Une ombre rasant les murs, avec une nonchalance qui ne sied qu'à elle. Un souvenir fugace que l'on prend par surprise en photo, dans le but de le graver pour toujours dans sa mémoire. Pour quelques jours, Abigail devait tirer un trait sur ses balades à l'extérieur la nuit. Le vent glacial de l’Écosse dans ses longs cheveux sombres, allait lui manquer.  Il n'y avait rien de plus doux, de plus appréciable à ses yeux, qu'une soirée, qu'elle soit en solitaire ou non, en haut de la tour d'Astronomie, avec une cigarette aux coins des lèvres, son écharpe enroulé avec soin autour de son cou, un verre de jus de citrouille dans le pire des cas, ou dans le meilleur, l'un des grands crus, que camouflait les elfes de maison, dans l'un nombreux placard de la cuisine. Et pour couronner le tout, un peu de Jazz. Trompettes, et voix voluptueusement cassée. Par simple association, le visage d'une amie, la seule probablement, fit une brève apparition dans son esprit embrumé, par la douleur, physique et mentale. Absynthe. Un sourire manqua d'hausser ses lèvres pâles, mais, il n'eut rien. Au lieu de ça, Abigail ferma les yeux un bref instant, chassant les sentiments qui avaient pu habiter ses émeraudes. Le vide reprit sa place dix secondes plus tard, et elle se permit de reprendre la parole.

Rowle. Elle n'avait aucune idée du fardeau que pouvait représenter un tel nom, et il serait avancé de dire, que cela avait la moindre espèce d'importance à ses yeux. Ses bonnes manières, que l'on lui avait enseignées à coup de ceintures, avaient refait des leurs. Le seul qu'elle ait jamais rencontré, était un brun d'une taille moyenne, avec un regard dur. Le souvenir d'un devoir qu'ils avaient partagé, et d'une catastrophe qu'il avait failli provoquer. S'il voulait se spécialiser dans la Défense contre les Forces du Mal, il allait sûrement devoir travailler deux à trois fois plus dur que les autres. Bien, qu'encore une fois, ce ne fut pas ses affaires. La sang-pur que se tenait devant elle, semblait différente. Ses manières, bien que professionnelles, étaient imprégnées d'une douceur, et d'un soin particulier. Une douceur qu'elle ne voyait que trop rarement. Une attention qui une nouvelle fois, la fit sursauter, ses doigts se mettant à trembler. Pour les calmer, elle tenta d'occuper sa main gauche, en remettant l'une de ses mèches derrière son oreille, dévoilant un peu plus son visage tuméfié et blafard. Quant à la droite, elle était condamnée à reposer dans celle de son interlocutrice.

« Qu'importe Miss ? Je suis simplement celle qui vous soigne actuellement. »

La réponse de la blonde la fit froncer les sourcils. Si quelques secondes auparavant, la Hook lui avait reproché de vouloir combler les blancs par des paroles ô combien inutiles, elle se surprenait à vouloir continuer sur un chemin sécurisant. Une discussion anodine, un point d'ancrage, au milieu d'une infirmerie vide de monde. Un monde qu'elle ne voulait pas voir, et qu'elle aurait pourtant voulu voir surgir pour échapper au tourbillon qui secouait maintenant son cerveau, lui donnant la nausée. Avec un peu chance, sa soigneuse penserait que c'était à cause de ses côtes. Mais aucune parole ne franchit ses lèvres, qu'elle avait pourtant entrouvertes. Les mots n'avaient jamais été son fort, pourquoi la chose aurait été différente aujourd'hui ? Nerveusement, Abby referma la bouche, pour ne pas avoir l'air d'un poisson manquant d'air, ce qui par ailleurs, n'était pas si loin de la vérité. Fait chier. Alors, elle abandonna, se réfugiant momentanément dans le silence. Sa conversation rivalisant grandement avec celle d'une pierre tombale, pour son plus grand malheur. Si seulement, elle avait été un peu différente, plus loquace, la situation n'aurait pas été aussi embarrassante, et perturbante pour elle. Les yeux dans le vague, c n'est que le terme « Armoire à glace », qui la ramena sur Terre. Le visage de l'inspecteur, qu'elle avait refoulé, revient à la charge, et les sentiments qui l'accompagnaient. La terreur la prit à la gorge, obstruant sa trachée, et ses poumons. La brûlure se rependit dans son corps entier, alors que des spasmes la secouaient. Le visage disparut bien vite pourtant, laissant sa place à autre chose. Une chose, qu'elle s’efforçait se garder derrière son mur.

Des ténèbres, tu es née, et aux ténèbres, tu reviendras. La phrase résonna à ses oreilles. La même voix qu'il y a plusieurs années. Rocailleuse, ressortant tout droit d'un sinistre cauchemar. La nuit, le froid, et les tombes de pierres. Il était là, dans un coin, adossé à l'arbre mort. Le cimetière non loin de l'Orphelinat. Elle se souvenait de ce moment, de ce pari idiot que lui avaient lancé Flyn, et Jim, deux des orphelins qui dormaient à l'étage du dessous. Dix longues années étaient passées. Ses yeux d'enfants avaient cru voir un revenant, un fantôme, venu la hanter. Elle n'y voyait dorénavant qu'un démon supplémentaire, qui déposait sa main crochue et gigantesque sur son épaule. Sa tête se mit à tourner, alors qu'elle sentait son emprise sur sa gorge se resserrer. Elle se sentit tomber de haut, et son cœur se souleva. Ça se rapprocher, bien trop vite. Ses yeux se perdirent dans le vide, et sa respiration s'accéléra, se bloqua partiellement dans sa gorge, d'où s'échappa un bref gémissement, qui finit en gargouillis indistinct, puis en soupir de douleur. Sans réfléchir, sa main ensanglantée attrapa celle de Cassidy, et la serra, brièvement, cherchant un contact pour la maintenir dans le monde réel. Le noir disparut, aussi rapidement que de la fumée, et sa vue redevient plus clair. Le souffle court, Abigail cligna des yeux, la douleur dans ses côtes la lançant, irradiant dans son bras gauche. Un moment de faiblesse. Un de plus. C'est dans un souffle, qu'elle tenta de brouiller les pistes. C'était de la faute de l'inspecteur, du détraqueur humain, rien d'autre. Se rendant compte du contact inapproprié au bout de plusieurs secondes supplémentaire, Abigail se reculant, relâchant la main de la Rowle, dont le gant était tâché de sang.

« Désolée. », dit-elle rapidement, d'une voix un peu plus assurée, en ramenant sa main droite contre sa poitrine, tâchant sa chemise de rouge. Idiote.

« Certains ont une réelle force, et ne se gênent pas pour en profiter aux dépens des autres. » , lui rétorqua-t-elle le plus normalement du monde. À croire, qu'elle discutait de leurs choix concernant les derniers modèles d'escaliers. Beaucoup devraient d'ailleurs disparaître pour le bien commun. La remarque, bien que détachée, fit mouche. Mais, pour son bien, elle ne s'y attarda pas, ne voulant pas replonger dans une transe terrifiante, à laquelle, elle ne sentait pas capable de refaire face pour le moment. L'échange silencieux sembla durer des heures. Son désir de parole fut satisfait, alors qu'elle appréciait les murmures, et les cris de leurs regards. Elle n'était pas seule à vivre dans les ténèbres, et paradoxalement, elle en fut intérieurement soulagée. Elles étaient semblables, la douleur, la solitude, cette poste infranchissable, elles les avaient en commun. Dans les prunelles vertes eau de Cassidy, elle distinguait sa silhouette fine, qui se perdait dans de longs couloirs sombres, un labyrinthe, dont seule, elle connaissait le chemin. L'envie de la suivre fut terriblement tentante, mais elle se contenta de rester immobile, parfaitement droite, alors qu'elle se rompait brutalement leur dialogue bienfaiteur, pour quelque chose de plus concret. Elle ne pouvait lui en vouloir. Là où elle préférait le silence, et le repli, Cassidy se raccrochait aux mots. Elles avaient toutes les deux, leur propre manière de gérer la souffrance.

« Je n'ai pas mal.

- Bien entendu. Je vous crois sur parole Miss Hook. Certaines douleurs apportent parfois tellement plus de bien que de mal, que certains peinent à les identifier comme telles. »

Elle ne ressentait pas la douleur physique. Elle ne se concentrait pas dessus pour le moment. Avec le temps, elle avait appris à en faire abstraction, quitte à ne plus recevoir ce signal d'alarme, qui les maintenait tous en vie. Son poing se serra machinalement, alors qu'elle haussait nonchalamment les épaules, devant un énième sous-entendu. « Quel est le bien à avoir mal mademoiselle Rowle ? », demanda-t-elle, plus pour continuer la conversation, que par réel intérêt. Si la potionniste était plus à l'aise dans le bruit, plutôt que dans le silence, elle allait lui offrir son échappatoire. Altruiste ? Elle devait être dans un bon jour tout simplement. Un jour où sa barrière avait été partiellement détruite. Et il allait falloir du temps pour colmater l'immense craquelure qui s'était formée. Quand Cassidy se détourna, pour fouiller dans la poche de sa lourde cape, la verte et argent pencha la tête sur le côté, dans le but d'apercevoir la fiole qu'elle sortit de sa poche. La couleur lui rappela celle du Poussos. A raison. Comme quoi, même si elle ne faisait pas quand effort dans la matière, elle n'était pas mauvaise pour autant. Toujours dans la moyenne, jamais excellente.

« Malheureusement même si vous n'avez pas mal, vous devez prendre soin de votre corps au risque de conserver cette main en cet état toute votre vie. Je vous ferai porter un pyjama, vous allez devoir passer la nuit ici puisque le Poussos met environ huit heures à agir, et c'est plutôt douloureux lorsque les os se ressoudent entre eux, bien qu'évidemment, vous n'ayez pas mal. »

- Il serait idiot que ma main dominante reste dans cet état en effet. Une sorcière incapable de tenir sa baguette, ne sert malheureusement plus à rien, mademoiselle Rowle. Vous êtes la spécialiste, je m'en remets donc à votre jugement, répondit-elle aussitôt, en saisissant le bol en porcelaine blanche, qu'elle lui tendait, à l'aide de sa main gauche. Il serait idiot qu'elle aggrave un peu plus ses blessures.

« Je pense me rappeler que vous aviez cours de l'art de la Magie Noire à dix-sept heures trente ? J'aviserai le professeur Carrow de votre absence, n'ayez aucune crainte à ce sujet. Bien que je sois certaine que vous n'ayez pas peur. »

La serpentard trempa ses lèvres dans la potion, en ne répondant absolument pas cette fois-ci. Cela n'attendait aucune réponse de toute manière. La magie noire, une matière à laquelle, elle ne s'était jamais réellement intéressée, même si son apparence pouvait faire penser le contraire. Le bien, le mal, étaient des notions abstraites, si lesquelles, elle ne s'était jamais penchée. La chose était sans intérêt. Auparavant, ce type de magie était interdit, mais avec le retour du mage noir, et de ses sbires, dont certains étaient devenus enseignants à Poudlard. Tout était devenu légal. Beaucoup en étaient d'ailleurs effrayés, terrorisés. Elle se contentait de continuer sa route, en esquivant au mieux les ennuis. Bien que parfois, ses précautions ne suffisent pas. Le Poussos coula le long de son œsophage, lui arrachant une brève grimace purement enfantine, à cause du goût étrange, et dégoûtant, mais son masque d'indifférence reprit sa place presque aussitôt, alors qu'elle buvait l'intégralité du remède avec lenteur. Une fois fait, elle posa le récipient sur la table de chevet juste à côté, en ne manquant pas tirer un peu plus sur ses côtes douloureuses. « Il faut vous reposer Miss Hook, vous semblez être nauséeuse. Je vais vous apportez quelque chose contre ça. Allongez-vous sur le lit avec ... - elle ajouta un oreiller supplémentaire - deux oreillers et respirez à fond. » Non sans un haussement de sourcil, Abigail écouta les recommandations de la blonde, et se hissa à la force de ses maigres bras, sur le lit, en faisant attention à ne pas appuyer sur sa main droite. Non sans mal, elle réussit à s'installer, son dos reposant sur les deux oreillers si gentiment installés. Sa main gauche migra vers son cou, où devait normalement se trouver sa cravate, mais au lieu de ça, pendait un pendentif, représentant un crochet. Sa paume s'y posa, pour finalement le serrer. Le seul objet ayant appartenu à l'un de ses parents. Lequel ? Elle n'en avait aucune idée. Le bout, maintenant émoussé, ne risquait plus de lui faire grand mal, bien qu'il y a quelques années encore, le petit hameçon lui entaillait la peau, quand elle avait le malheur d'y toucher. Sa respiration se calma, alors qu'elle se risquait à prendre un profond goulet d'air. Une grimace déforma ses traits délicats, creusant un peu plus ses joues. Elle avait l'impression de se faire transpercer par des sabres, tout en se faisant électrocuter.

« J'ai peut-être un peu mal. », avoua-t-elle la voix enrouée, en fermant les yeux, pour mieux faire abstraction de la souffrance continue. C'est la pression du coton humide sur son visage, qui la fit sursauter imperceptiblement. C'est froid. Pourtant, aucune plainte ne franchit ses lèvres, qui formaient de nouveau, une ligne plus ou moins droite, à cause de la bosse que formait dorénavant sa lèvre inférieure. Son visage s'était cependant tourné en direction de l'apprentie potioniste, la laissant tout de même la soigner sans intervenir. « Vous savez Miss Hook, les escaliers trop dangereux devraient être remplacés. Vous devriez en parler au professeur Rogue. Je suis sûre qu'en dépit de son aspect sévère, il serait à votre écoute pour ce genre de problème... Après tout n'était-il pas votre ancien directeur de Maison ? Si un escalier est défaillant au point de causer la chute de nombreux élèves sans raison apparente, en dépit de son allégeance au château, c'est qu'il y a un problème. » La remarque, non dénuée d'intérêt pour une fois, la fit arquer l'un de ses sourcils. Le directeur donc. Il est vrai que l'homme en lui-même, ne l'avait jamais réellement dégoûté, comme ce fut le cas pour un bon nombre de ses camarades, les Gryffondor plus particulièrement. Peut-être même qu'au fond d'elle, Abigail le respectait. Être le pire enfoiré aux yeux de tous, ne devait pas être un rôle simple à porter au quotidien, elle en avait bien conscience. Le récent décès de l'ancien directeur, n'avait pas réellement fait changer d'avis à la londonienne. Quand bien même, elle tenait le vieux fou diabétique en respect depuis le début. Un respect que tous partageaient d'ailleurs. Une tragédie assurément.

« Le professeur Rogue était effectivement mon directeur de maison. J'avais bien l'intention d'aller lui parler de la personne qui m'a fait ça. S'il ne peut pas faire sentence lui-même, compte tenu de la position de la dîtes personne, je me chargerais que les escaliers, qui sont extrêmement glissants cette année, vous en conviendrez, lui joue un tour, tout ce qu'il y a de plus innocent. », répondit-elle d'une voix tranquille, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, de parler de ses petits projets de vengeance, non, de justice plutôt. Elle avait finalement abandonné l'excuse des escaliers, pour quelque chose de plus honnête, ce qui était finalement quelque chose de rare.

« Il va falloir vous trouver quelques occupations pour survivre à l'ennui de l'infirmerie... Aimez-vous la musique Miss Hook ? »

Changement radical de sujet, qui une fois de plus, fit arquer un sourcil à la brune. Décidément, elle ne savait plus sur quel pied danser, et ou donner de la tête avec l'étrange jeune femme. La question la prit complètement au dépourvus, alors qu'elle gigotait de droite à gauche, dans le but de trouver une meilleure position. La musique donc. Abigail croisa ses jambes, cognant ses Docs l'une contre l'autre, le regard maintenant tourné vers le plafond, qui semblait être devenu d'un coup, la chose la plus passionnante dans cette pièce.

« J'aime le Jazz, et le rock moldu. Le son de la trompette, du saxophone, et les voix cassées, ont souvent eu un effet apaisant pour moi, et ça se rapporte à de bons souvenirs. Je pense que l'on peut considérer que j'aime ça. Le rock moldu, est un style de musique que l'on entend beaucoup au cœur de Londres, mes oreilles ont finis par s'y faire, et j'ai fini par apprécier la sonorité de la guitare. », commença-t-elle d'un ton bas, mais néanmoins parfaitement audible vu le silence de mort qui avait repris sa place dans la pièce. « Et vous, qu'aimez-vous comme musique mademoiselle Rowle ? », enchaîna-t-elle le plus tranquillement du monde, en tournant son visage dans sa direction, ses doigts jouant machinalement avec son collier. « Vous allez rester avec moi une fois les premiers soins terminés ? Je suis certaine que la fraîcheur et l'humidité des cachots vous manquent déjà. » Une plaisanterie, une chose étonnante venant de la Hook, qui venait de dire sa petite blague d'une voix entièrement neutre. Finalement, peut-être que les heures à venir, allaient être plus intéressantes, maintenant qu'elle se montrait un peu plus bavarde.
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyMar 6 Sep 2016 - 15:29

La jeune fille s'était raccrochée à sa main, dans un geste désespéré. Une étreinte puissante de ses doigts pourtant cassés. Les os craquèrent de plus belle, tandis que Cassidy se rapprochait de la jeune fille dont le visage virait à la douce teinte cadavérique seyant particulièrement bien aux inferi.

« Miss Hook, Miss Hook ! Vous m'entendez ? »

Seul le silence lui répondit. L'estomac de la blonde commença à se nouer tandis qu'elle portait une main au visage de la serpentard, la saisissant délicatement par le menton. Aucune réaction. Rien. Le néant. Elle rapprocha son visage du sien, et plongea son regard vert d'eau dans les iris émeraude. Les pupilles noires de la jeune élève étaient dilatées. Lentement, les ténèbres l'engloutissaient, s'emparant de son esprit et le manipulant comme un simple pantin. Merlin... Cassidy hésita. Devait-elle la gifler pour la faire revenir à elle ? Comment la sortir de cet enfer dans lequel elle semblait couler ? Ce vide menaçait de l’entraîner elle aussi, faisant écho à ses propres démons. Que faire, que dire ? Rien ne semblait fonctionner. L'apprentie postionniste tourna en vain la tête de chaque côté, cherchant une aide quelconque du regard. Personne. Vivement, elle braqua de nouveau ses iris sur la brune qui était définitivement partie ailleurs. Par le barbe de Merlin, elle était étudiante en potions ! Alors certes, elle savait soigner les blessures à l'aide de philtres, doser les quantités et tout le baratin, mais elle n'était guère guérisseur !

« Miss, revenez ici. Allez... »

Dans un élan désespéré, Cassidy avait levé la main gantée libre devant le visage de la verte et argent, mais devant ses yeux désespérément vides, et ce visage ravagé non seulement par les blessures physiques infligées par ce crétin d ' Henry, mais également par une souffrance indicible venant déformer ses traits anguleux, la blonde l'avait laissée retomber le long de son corps, ne pouvant se résigner à frapper une personne aussi détruite. Comment pouvait-elle ne serait-ce que tenir debout en un seul morceau ? Son âme paraissait morcelée, et cela se répercutait directement dans son corps. A quoi bon vouloir séparer ces derniers ? Une personne était un tout ; un corps et un esprit. La Serpentard était comme... un puzzle. Un puzzle détruit, complètement éclaté. Les pièces étaient déchirées, émiettées, réduites en bouillie. Seul le cadre demeurait encore intact. Maintenant, il s'agissait de tenter de restaurer chaque partie ; de la plus infime à la plus imposante, avant de ré-assembler les morceaux ensemble afin de lui permettre enfin de trouver cette harmonie qui lui manquait tant. Comment faire pour cela ? Il lui fallait un cadre, un contenant. Des limites. La main qu'elle s'évertuait à serrer pour ne pas couler, n'était guère la sienne. Doucement  mais fermement, la Rowle engloba une partie du visage de l'élève de sa main restée libre.

« Miss Hook. Ce que vous voyez ne se passe pas actuellement. Revenez avec moi. Tout va bien, vous êtes en sécurité ici. »

Ces paroles lui semblaient tellement plates en comparaison à l'horreur inimaginable semblant se dérouler sous les yeux de la jeune fille qui était littéralement en train de se désagréger. En fait, à bien y réfléchir... ce qu'elle vivait là, s'apparentait à ce que Cassidy avait elle-même vécu le trois Septembre en présence d'Octavius. Une sorte de retour en arrière infernal, mélange démoniaque entre le cauchemar, l'hallucination et l'illusion. Perte de contact avec la réalité. La jeune femme ignorait même si l'élève était en mesure de l'entendre des limbes dans lesquelles elle se noyait lentement. Voilà que la brune se retrouvait dans la position qu'elle même avait occupée, tandis qu'elle remplaçait Octavius au pied levé. Merlin... Comment le bibliothécaire avait-il réagit ? Elle n'en savait fichtrement rien. Tout avait été si rapide, et tout lui semblait désormais tellement confus. Elle s'était retrouvée sur le sol, ses jambes s'étant apparemment dérobées sous son poids. Ici, la jeune Hook était assise, heureusement. Les bras du brun s'étaient refermés autour d'elle l'emprisonnant tout autant qu'il la contenaient. Ici, c'était plutôt l'inverse. Abigail retenait ses doigts entre les siens, les serrant tellement fort que ses phalanges blanchissaient. Qu'aurait-elle aimé qu'Octavius fasse lorsqu'elle même s'était trouvée dans cette position ? Rien. Rien. Il n'y avait rien à faire. Rien à dire, non plus. Juste être. Se contenter d'être avec la personne et de ne pas l'abandonner seule dans ses cauchemars. Aussi, la blonde se rapprocha et couvrit la main blessée de la serpentard de la sienne. Un contact. Un simple contact. Un ancrage dans le monde réel. Lentement, les nuages semblèrent enfin se dissiper du regard d' Abigail, qui s'éclaircit. Quelques secondes de plus, et la voilà qui libérait sa main, rougissante de honte.

« Désolée. »

Comme-ci de rien n'était Cassidy embraya sur les escaliers. Volontairement. Si elle se fiait à son expérience, Abigail détesterait qu'elle s’appesantisse sur ce qu'il venait de se passer. Un instant de faiblesse, une faille monstrueuse. Si Octavius avait su être délicat sur ce point là, elle pouvait également l'être sans aucun soucis.

« Quel est le bien à avoir mal mademoiselle Rowle ? »

Le ton était laconique, à moitié mort. Était-ce encore une énième tentative de poursuivre la conversation alors qu'elle n'en ressentait pas le besoin ? Dans un parfait mimétisme, la Rowle haussa les épaules à son tour, ne répondant pas. Néanmoins, la question était intéressante pour un esprit comme le sien qui ne carburait que par la réflexion, la logique et la rigueur. Le bien à avoir mal... Avoir mal était quelque chose de terrible, mais était également ce qui permettait de se sentir bien. Sans le mal, le bien n'existerait pas. Tout comme le mal n'existerait pas sans le bien.

« Le bien à avoir mal ? Si nous n'étions pas capable de ressentir le mal, alors nous ne pourrions identifier le bien, c'est aussi simple que cela. Avoir mal nous permet aussi de connaître nos limites, et nous évite de nous mettre en danger. »

Elle n'avait pas pu s'empêcher de répondre. C'était infernal, mais le sujet avait été trop tentant. Enfin, pour le moment, la brune devait se reposer. Blanche comme un cadavre, la Rowle ne craignait qu'elle ne se brise en lui glissant des doigts à tout moment. Docilement, l'élève obéit avec un léger haussement de sourcils. Une fois perchée dans le lit qui paraissait trois fois trop grand pour elle, Cassidy observa du coin de l’œil sa petite main se refermer sur une sorte de... pendentif ? Oui, c'était bel et bien cela. Un petit pendentif précautionneusement dissimulé sous son chemisier tâché. Dans un mouvement compulsif, ses doigts se resserrèrent autour de se dernier. Réassurance. Agrippement. Indéniablement, cet objet devait revêtir à ses yeux une valeur symbolique tout à fait particulière. Enfin, sa respiration s'apaisa. Hadès l'avait finalement libérée des Enfers. Malheureusement, avec le retour à la réalité, revint la douleur, et cela personne ne pouvait y échapper.

« J'ai peut-être un peu mal. »

Un aveu. Une brisure de coquillage enfin sincère qu'elle osait lui confier, à elle. Une Rowle. Merlin Cass'... Qu'est-ce que tu es en train de faire ? Tandis qu'elle tapotait doucement le visage abîmé de la verte et argent, un combat faisait rage dans son esprit. Comme toujours, inlassablement, Cassidy combattait Nehal. Cette dernière la mènerait à sa perte si elle continuait à ressortir de cette manière. Une Rowle. T'es une Rowle Cassidy, une fille Rowle. Tu ne peux pas agir de cette façon et prendre soin des élèves. Depuis le début de l'année, la blonde s'était forgée une petite réputation dont elle était assez fière il fallait le dire. Les élèves ne s'aventuraient guère à venir la déranger, hormis deux ou trois résistants. Impératrice des cachots, elle semblait digne de la succession du professeur Rogue, promulguant le mythe que les potionnistes étaient tous froids et sans coeur. Mais là... face à cette jeune fille qui lui rappelait tant une partie d'elle, Nehal ne pouvait se taire. La brune était une partie de la blonde. Cette partie d'elle si douloureuse et néfaste qu'elle dissimulait au plus profond d'elle derrière un sourire resplendissant. Cassidy fronça les sourcils, imperceptiblement. Tu lui reprochais d'avoir des problèmes avec les limites, hein ? A Octavius... Mais ma pauvre Cass', tu n'es pas vraiment mieux. Certes, mais au moins, elle en prenait conscience. Toujours était-il qu'elle avait l'impression de se retrouver en Abigail. D'avoir en face d'elle cette partie d'elle si sombre et douloureuse ; celle qu'elle ne parvenait pas à soigner.

Merlin, dans quoi s'aventurait-elle ? Reposant le coton, Cassidy amena soudainement un autre point méritant selon elle d'être abordé. Henry... ou plutôt l'escalier. Un vieux modèle Henry-II. Ne pas se faire griller était compliqué. Pour quelle raison un mangemort - ou du moins une fille de mangemort - balancerait-elle un de ses collègues ? Hum... Son cerveau tournait à plein régime, et là, la solution lui apparu comme une évidence. Le loyauté. Le respect des règles et du cadre imposé par la direction. D'après ce qu'elle en avait entendu, Rogue avait été clair lors de la pré-rentrée, interdisant aux inspecteurs et aux enseignants d'aller trop loin avec les étudiants. Là était la clé.

« Vous savez Miss Hook, les escaliers trop dangereux devraient être remplacés. Vous devriez en parler au professeur Rogue. Je suis sûre qu'en dépit de son aspect sévère, il serait à votre écoute pour ce genre de problème... Après tout n'était-il pas votre ancien directeur de Maison ? Si un escalier est défaillant au point de causer la chute de nombreux élèves sans raison apparente, en dépit de son allégeance au château, c'est qu'il y a un problème. »

La traduction s'avérait être des plus subtile. " Vous savez Miss Hook, les personnes ne respectant pas les ordres ayant été donnés devraient être remplacés. Vous devriez en parler au Directeur. Je suis sûre qu'en dépit de son apparence faisant trembler les inferi, il serait à votre écoute pour ce genre de problème... Après tout n'était-il pas votre ancien directeur de Maison - très injuste d'après ce qu'on m'en a rapporté ? Si un abruti est incapable de respecter les consignes au point de tabasser tout ce qui bouge sans raison apparente, en dépit de son appartenance aux Mangemorts, il faut s'en débarrasser. "

Une Rowle. Elle était une Rowle et elle ne devait jamais l'oublier. Quand bien même cette variable parasite l'empêchait de vivre sa vie comme elle le désirait.

« Le professeur Rogue était effectivement mon directeur de maison. J'avais bien l'intention d'aller lui parler de la personne qui m'a fait ça. S'il ne peut pas faire sentence lui-même, compte tenu de la position de la dîtes personne, je me chargerais que les escaliers, qui sont extrêmement glissants cette année, vous en conviendrez, lui joue un tour, tout ce qu'il y a de plus innocent. »

Sa voix tranquille avec le fond du discours ne collait pas. C'est ce qui tira un sourire à la jeune femme.

« Oh ne vous en faites pas pour cela Miss. Je ne le connais que depuis peu, mais je suis certaine qu'il tiendra à cœur au professeur Rogue de se débarrasser de cet élément gênant s'il apprend que celui-ci ne respecte pas le cadre posé, et ce peu importe sa position. »

Une autre confidence, une ouverture dans son mur de béton armé. Elle avait laissé tomber les masques et l'excuse de l'escalier, l'invitant ainsi à avancer vers l'entrée de son monde. Bon sang... Une Rowle, contente-toi d'être une Rowle Cass'... C'est déjà bien assez compliqué comme ça. Tu ne t'es pas efforcée de maintenir les gens à distance pour qu'ils se confient à toi maintenant ! Déjà avec Octavius, t'es dans la citrouille, alors t'enfonces pas plus !

« Il va falloir vous trouver quelques occupations pour survivre à l'ennui de l'infirmerie... Aimez-vous la musique Miss Hook ? »

L'intérêt. Spontané. Intense. Illuminant enfin le regard de la brune de mille feux. La musique ; cet art si profond et véhiculant toutes sortes d'émotions était-il la clé permettant à la jeune fille de tenter de retrouver ou de trouver son harmonie ? Il fallait qu'elle retrouve un rythme et une mesure. Plus rien n'était naturel pour elle ; le rythme des pas, le poids qu'elle répartissait entre ses deux pieds, le rythme de la respiration ; inspirer-expirer, celui des jours et des nuits. Au vu de son visage fatigué, Cassidy était prête à parier que l'élève était sujette à des troubles du sommeil. Abigail détourna son regard vers le plafond, perdue dans ses pensées.

« J'aime le Jazz, et le rock moldu. Le son de la trompette, du saxophone, et les voix cassées, ont souvent eu un effet apaisant pour moi, et ça se rapporte à de bons souvenirs. Je pense que l'on peut considérer que j'aime ça. Le rock moldu, est un style de musique que l'on entend beaucoup au cœur de Londres, mes oreilles ont finis par s'y faire, et j'ai fini par apprécier la sonorité de la guitare. »

La phrase était longue. Les mots avaient été prononcés d'une voix basse, mais étaient déterminés. Non. Pas déterminés, mais passionnés. Comme lorsque la Rowle parlait des potions. Les potions étaient la vie de la blonde, comme la musique paraissait rythmer celle de la brune. La jeune femme esquissa un sourire. Elle avait touché juste. La parole était difficile pour la Serpentard, alors autant se servir de la musique en support. La communication de se limitait pas aux simples mots, mais s'étendait en réalité bien au-delà de cette frontière imaginaire.

« Et vous, qu'aimez-vous comme musique mademoiselle Rowle ?
- Ce que j'aime comme musique ? Hum... - l'apprentie potionniste entrepris alors de nettoyer les doigts blessés de la jeune fille tout en réfléchissant - ... Je n'aime pas de style en particulier. Tout simplement, je dirai que j'aime les chansons qui me font vibrer. Peu importe le style au final. C'est ce qui raisonne en moi quand je l'écoute qui compte. En fin de compte, c'est tout à fait subjectif. Tendez votre main blessée s'il-vous-plait. »

La Rowle se releva et alla chercher sa baguette d'aubépine dans l'une des nombreuses poches de sa cape. Une fois récupérée, elle retourna auprès de sa jeune patiente

« Ferula ! »

Aussitôt une atelle et des bandages s'enroulèrent autour de la main blessée de la jeune fille. Voilà. Une chose de faite. Cette attelle entraverait les mouvements involontaires et l'immobilisation de sa main blessée favoriserait l'agissement du Poussos.

« Pour en revenir à la musique, je pense que le plus important n'est pas le genre, mais ce que les paroles associées au rythme et à la mélodie, parviennent à vous faire ressentir au fond de vous. Voyez-vous, je pense que la musique a un pouvoir que les mots n'ont pas. Elle peut favoriser une communication et nous faire ressentir des émotions oubliées et ainsi, nous permettre de les exprimer. »

Il était clair que pour la Hook, passer par ne serait-ce qu'une discussion autour de la musique, favorisait grandement la parole. Une sorte de pont avait été créé entre elles, si bien que la brune osa même la plaisanterie. Oui, oui. D'une voix neutre, certes, mais une plaisanterie tout de même.

« Vous allez rester avec moi une fois les premiers soins terminés ? Je suis certaine que la fraîcheur et l'humidité des cachots vous manquent déjà. »

La jeune femme ne put retenir un petit rire.

« Mme Pasfresh est absente aujourd'hui, j'ai donc en charge l'infirmerie, donc ne vous inquiétez pas, vous m'aurez dans les pattes toute la journée Miss Hook. Et je vais vous confier un secret... J'aime la chaleur et le soleil. »

Sur ces mots, elle entreprit de soulever de nouveau la chemise de la blessée afin de dégager son dos. Merlin que cet hématome prenait une sale tournure.

« Néanmoins, il est vrai qu'être logée dans les anciens appartements du directeur et d'utiliser l'endroit qui fut jadis son espace de travail, a quelque chose de... comment dire ? D' honorant, en fait. Certes, ils sont sombres, glauques, froid et tellement humides que je suis tombée malade, mais cela me donne également la sensation de recueillir une sorte de flambeau. Enfin, ça peut sembler ridicule, mais si on me proposait d'en changer, je ne pense pas que j'accepterais. »

Ceci étant dit, l'apprentie se recula et disparu un instant dans la réserve de l'infirmerie. Lorsqu'elle revint, elle tenait dans ses mains une fiole contenant un liquide marron-rouge foncé ; de l'essence de dictame afin de refermer les plaies ouvertes, et de l'autre un pot contenant une sorte de pommade orangée destinée à soulager son dos. De retour près de la jeune Hook, Cassidy reprit :

« J'ai pensé à une chanson pour vous, désirez-vous l'écouter ? Je connais un sortilège efficace afin de la diffuser. »
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyDim 23 Oct 2016 - 18:11

La musique. Un assemblage de notes, de mots disséminés ici et là. Une partition d'émotions, savamment jouer. Tristesse, joie, colère. Dans ce domaine, ils ont juré, qu'il n'y aurait aucune différence. Aucune catégorie. Simplement des mots écrit à la va-vite sur un morceau de papier, des clés de sol tracées avec une passion dévorante, celle qui nous prend aux tripes, qui nous fait vibrer les muscles. Elle avait toujours imaginé les musiciens comme des gens à part. Une espèce qui se détachait du commun. Des oiseaux volant de leurs propres ailes. Des rossignols peut-être, connu pour leurs chants entêtants, et non des albatros. Un oiseau splendide, dont les ailes trop grandes, l'empêche de s'envoler (cf : Poème de Baudelaire). Elles pouvaient presque les voir perchés sur le sommet d'un immeuble, un carnet en cuir posé sur les cuisses, et les jambes dans le vide. Devant eux, s'étendrait Londres dans toute sa splendeur. Un paysage aux nuances de couleur, apportées par un soleil timide, quand l'aube approche. Ou bien, éclatant, quand il se trouve à son zénith. Elle les voyait se délectait des gouttes de pluie, et des flaques d'eau dans le caniveau, souriant, croquant la vie comme ils le feraient avec une pomme fraîche. Ou au contraire, aspirant comme un trou noir, les émotions des passants qui les bousculent, cette même foule, qui ne se retourne pas quand ils jouent. Elle aurait voulu être l'un d'eux. Être quelqu'un. Plus qu'une orpheline, plus qu'une simple sorcière. Avoir un but, pas forcément le même qu'eux, mais un qui la fasse autant vibrer, que les cordes d'une guitare, qui retourne son estomac comme après un soirée trop arrosée. Que le bonheur qu'elle ne touche que du bout des doigts, soit au bout de sa plume, au bout d'un instrument, ou d'une chanson.

"Ce que j'aime comme musique ? Hum... - l'apprentie potionniste entrepris alors de nettoyer les doigts blessés de la jeune fille tout en réfléchissant - ... Je n'aime pas de style en particulier. Tout simplement, je dirai que j'aime les chansons qui me font vibrer. Peu importe le style au final. C'est ce qui raisonne en moi quand je l'écoute qui compte. En fin de compte, c'est tout à fait subjectif. Tendez votre main blessée s'il-vous-plait."

Obéissante, elle tendit sa main droite rougie par le sang, observant quelques secondes, la torsion douloureuse de ses doigts. Il les lui avait broyés. Et elle n'avait rien pu faire. Si j'avais obéi dès le départ, peut-être m'aurait-il laissé tranquille ? Ses sourcils sombres se froncèrent au moment où le coton toucha sa chaire à vif. La douleur remonta le long de son avant-bras, pour venir se répercuter dans ses côtes. Sa respiration se bloqua dans sa gorge, provoquant un étrange gargouillement. Sa main gauche relâcha le pendentif, les yeux mi-clos. L'esprit embrumé par la souffrance, elle laissa ses pensées s'envoler, et elle se sentit léviter. Un souvenir s'imposa à elle. L'odeur du tabac. La chaleur réconfortante de son lit. La douceur de la fourrure de son chat blottit contre ses jambes. Et surtout, le son d'une musique entraînante. Du jazz.

________________

« Abigail, tu es encore dans la Lune. », lança Absynthe d'une voix légèrement rieuse, alors que l'orpheline s'était arrêté de parler au beau milieu de sa phrase, préférant d'une seconde à l'autre, se murer dans un silence embarrassant. Mauvaise habitude, que comprenait sans aucun doute son amie. Sa seule amie. De quoi parlait-elle déjà, avant de s'arrêter ? La brune entrouvrit la bouche, ses poings enfoncés dans ses poches de sweat, à l'effigie d'un groupe de rock moldu, Gun's and roses. « Désolée. », marmonna-t-elle au bout de quelques minutes supplémentaires, avant de détacher son regard vert du lit d'en face, désertait de son occupante pour la journée. L'après-midi était déjà bien entamé, ne laissant dans le dortoir que trois jeunes filles, dont deux gardaient leurs yeux fixés sur la troisième, adossée nonchalamment contre son oreiller, qui semblait se montrer tous les jours un peu plus taciturne.

« Et après alors Hook ? Qu'à dis le prof quand tu lui as dit ça ? », demanda Ruth, en sautillant sur son lit, impatiente de savoir le fin mot de cette histoire. Un cours auquel avait assisté Abigail il y a deux jours. L'étude des runes, l'une de ses matières favorites. Calme, concentration, et justesse, trois qualités qui semblaient pourtant lui faire défaut. Paradoxalement, c'était devant son parchemin, dans cette salle étriquée, qu'elle se sentait à l'aise. Perdue au milieu de dessins étranges pour le commun, et passionnants, ordonnés, logiques, rassurants, pour elle. À sa question, la concernée cligna des yeux, ses lèvres pâles se pinçant un peu plus. Une seconde. Deux. Dix. Vingt. Elles se transformèrent de nouveau en minutes, qui parurent interminables. Un soupir provenant de la droite, fit tourner la tête à l'orpheline, qui s'excusa encore une fois du regard. Idiote. La sociabilité n'avait jamais été son fort, et ne le serait sûrement jamais.

« Hook ? Tu m'écoutes ? », redemanda Ruth en se redressant sur son lit, quittant sa position initiale, pour se mettre en tailleur, les yeux fixés sur la silhouette maigre de la londonienne.

« Absynthe, tu nous mets du Sinatra ?
- Non mais tu ne m'écoutes vraiment pas ?!, s'insurgea la blonde, en bondissant sur ses pieds, déclenchant un léger rire de la part de la Stevenson, et un soupir de la fumeuse, qui se contenta de sortir son paquet de cigarettes de son sac, resté au sol. Le tube sans filtre rejoint ses lèvres, et le bruit du zippo fut couvert par le mélodrame que s'amusait à jouer Rosenbach. Elle devrait faire du théâtre, dans le rôle de la chèvre qui se fait égorger, elle ferait un malheur. Un flet de fumée s'échappa des lèvres entrouvertes de Hook, alors que son amie s'approchait du tourne-disque, situé non loin de leurs lits. « Une préférence sur le titre Abby ? », lui demanda-t-elle, en lui montrant les pochettes des vinyles. Une scène banale. Une question anodine. Une habitude qu'elles avaient prise. Chacune leurs tours, elles choisissaient une chanson, qu'elles chantaient à tue tête dans le dortoir, en faisant des fois quelques pas de danse, plus ou moins habile. Une délicieuse habitude.

« Fly me to the moon. », s'entendit-elle répondre, d'une voix rendue rauque par le tabac, qui coulait le long de sa gorge. Les yeux mi-clos, elle se délecta des premières notes de musique. De la batterie. Le piano démarra, en même temps que la fumée grise était expulsée de son corps, en un épais nuage qui encadra doucement son visage blafard. « Hook, tu peux éteindre ça ? Ça pue. », piailla de nouveau Ruth, la main posée sur le nez et la bouche, comme si l'odeur de tabac brun lui était insupportable. Petite nature « Et puis, c'est quoi cette musique ? Votre Sinatruc. », continua-t-elle, en couvrant partiellement son visage avec son écharpe. « Sinatra. Et si ça ne te plaît pas, tu peux dégager, personne ne te retiendras. ». Une voix tranchante, cassante, où l’irritation se faisait sentir.

Fly me to the moon
Let me play among the stars
Let me see what springs is like

Les paroles commencèrent à résonner, rompant le silence qui venait de s'installer. Gênant. Le corps encore légèrement tendu par l'énervement, Abigail se concentra sur la voix suave du crooner. Ses pensées s'envolèrent au grès des notes, et un sourire fugace se dessina sur ses lèvres. « On Jupiter and Mars.. Aller Abigail, chantes avec moi, tu l'as connaît par cœur. », continua la voix rauque, et agréable aux oreilles d'Absynthe. « Mais comment pouvez-vous écouter ça ? Je suis sûre que Zack lui, approuverait ce que je dis, et puis.. », déjà, la maigrichonne ne l'écoutait plus, se relevant lentement pour se diriger vers la silhouette mince de son amie, qui lui souriait doucement. La cigarette rejoignit le cendrier, où elle s'écrasa, répandant le tabac et la cendre sur la table de chevet. « In other words, hold my hand.. », le bras d'Abigail passa autour de la taille de la chanteuse, et son front se posa contre son épaule, le cerveau bercé par les notes. « In other words, baby kiss me.. », reprit-elle doucement, en même temps que l’interprète originel, la voix rauque, éraillée même. À l’abri du regard inquisiteur de la blonde, qui ne cessait de se plaindre de leurs goûts musicaux douteux, ou bien parlant une fois de plus de ce Zack, qu'elle ne connaissait ni de Merlin, ni de Morgane ; elle se permit un sourire, caché par sa chevelure, mais que son amie pouvait sentir contre sa joue. Un sourire sincère, où l'on devinait une certaine sérénité. Un bonheur doux, qui remontait le long de ses entrailles. « Fill my heart with song.. », un bras l'entoura, et les pas commencèrent. Maladroits. Bancals. « Let me sing for ever more - You are all I long for.. », leurs voix se mêlèrent. Une harmonie. Une bulle, dans laquelle elles semblaient enfermées.

All I worship and adore
In other words, please be true

Un dernier pas de danse. Tournoiement final. « In other words, I love you. »

__________________

Tout s'était déroulé si vite. Abigail ne sut combien de temps s'était écoulé, comme si elle avait été inconsciente durant quelques secondes, ou minutes. La nausée remonta le long de son œsophage, et un tremblement secoua son corps frêle. Elle sentait son front, et son dos se couvrir d'une fine pellicule de sueur froide, qui la fit presque claquer des dents. Pourquoi je repense à ça ? Un souvenir vieux d'un an, en compagnie de sa seule amie. L'unique. Toute deux liées par un lien indestructible. Profond même. Repenser à ça maintenant, ne servira à rien.

« - Ferula ! », entendit-elle, ce qui la fit cligner des yeux. Elle vit sa main se couvrit d'un bandage soigneusement serré, suivit d'une atèle. Le souffle court, elle referma les yeux, décollant les mèches noirs qui avaient collé à son front, à l'aide de sa main intacte, tandis que sa main droite reposait dorénavant sur son ventre. Elle se sentait épuisée, comme si elle avait couru un marathon. Quelques secondes passèrent, sans qu'elle ne se décide à bouger, ses lèvres tremblantes malgré la pression qu'elle exerçait contre ses dents. « Vous connaissez Frank Sinatra ? », demanda-t-elle subitement, en soulevant ses paupières. Sa voix semblait sortir du plus profond de sa gorge.

La serpendard passa sa langue sur les lèvres pâles, goûtant le sel d'une unique larme qui avait coulé le long de sa joue blafarde, et récoltant les derniers résidus de sang de sa coupure. Au prix d'un effort, elle se redressa légèrement, collant correctement ses omoplates contre le tissu rembourré des deux oreillers. « C'est un chanteur de jazz moldu. », sa voix était plus assurée, et l'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres. À ses yeux, il représentait plus qu'un simple crooner. Il était le ciment d'un souvenir. D'un bonheur qu'elle ressentait encore maintenant. Des réminiscences de joie. Une chaleur remontant délicieusement de son estomac, pour remonter jusqu'à son cœur. Contrairement à ce que beaucoup pensé, il n'était pas englué sous d'épaisses couches de plâtre, comme c'était le cas pour son mur de protection. Non, seul son esprit, et ses émotions étaient retenues dans une prison de pierre. Sa petite plaisanterie était déjà loin, tout comme la réponse que la blonde avait formulée, et son regard vert se fit plus lointain. « Fly me to the moon. Let me play among the stars.. », chantonna-t-elle d'une voix basse, en jouant de nouveau avec son pendentif, profitant de l'absence brève de l'apprentie potionniste. Un crochet. Elle ne le serrait pas, mais passait simplement le bout de ses ongles rongés sur la surface lisse, et partiellement rayée par le temps.

Quand elle revient à ses côtés, la Hook se stoppa, et le silence reprit ses droits. La nausée qui l'avait secouée se calma, et elle se permit de respirer plus librement. Ses docs martens se cognèrent en rythme. Le rythme de la musique qui semblait résonner à ses oreilles depuis plusieurs minutes.

« J'ai pensé à une chanson pour vous, désirez-vous l'écouter ? Je connais un sortilège efficace afin de la diffuser. »

Nouveau clignement d'yeux. Quatre fois. Ses émeraudes brillèrent un instant d'une lueur que l'on aurait presque plus qualifié d'enthousiaste, si le sens de ce mot s'appliquait à l'étrange oiseau qu'était Abigail. Les lèvres de nouveau serrées, elle prit un instant de réflexion, les sourcils froncés, en une moue songeuse, que l'on lui voyait aussi peu souvent, qu'un sourire sincère. L'idée d'entendre une musique, qui plus est, venant d'une sorcière, qui lui ressemblait étrangement dans sa façon de penser. Un gouffre. L'abysse dans leurs cœurs, qui les engloutissait chaque jour un peu plus. Les flots tourmentés, qui les emportaient lentement, alors qu'en dessous d'elles, un monstre guettait. Grand. Terrifiant. Un démon aux griffes crochues, qui les enserraient, pour mieux les envoyer par le fond. Imperceptiblement, Abigail hocha la tête, avant de se remettre dans sa position initiale, ses yeux de détachant de la silhouette si semblable à la sienne, de la blonde. « Je veux bien. Elle s'appelle comment cette fameuse chanson ? Et, comment l'avez-vous... -elle chercha ses mots- connu ? », elle tourna ses yeux dans la direction de son interlocutrice, qui revenait s’asseoir à ses côtés, avec une fiole rempli d'un liquide rouge foncé, et d'une pommade orangé, à l'odeur douteuse. « C'est quoi ça ? Enfin, ça sert à quoi ? », demanda-t-elle, en pointant les deux contenants avec son index gauche. Elle était simplement d'humeur loquace, et il fallait avouer, qu'elles allaient toute deux, passer du temps ensemble, puisque Cassidy n'allait pas la laisser jusqu'à un rétablissement relatif, ce qui habituellement l'aurait agacé, comme avec beaucoup de ses camarades. Pourtant, ce n'était pas de l'agacement que l'on pouvait lire dans ses prunelles vertes, mais une lueur indéfinissable, mélange de souffrance psychique et physique, et de sérénité inhabituelle. L'oreille attentive, elle ferma de nouveau les yeux, les muscles tendus, mais les traits relâchés, l'esprit ouvert pour une émotion inconnue. Une détente appréciable.
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyMar 1 Nov 2016 - 22:11

La musique. Qu'était-ce donc pour elle ? Que représentait-elle ? Un art... Une histoire ? Un voyage ? Une porte de sortie donnant sur univers meilleur où elle pouvait enfin être elle-même ? Peut-être bien... En quelques sortes. Une échappatoire. Unique et fragile. Incorporelle et immatérielle. Fumeuse, mais belle et bien réelle. Un assemblage de notes, de fréquences sonores aux tonalités diverses et variées, s’accordant plus ou moins, dans des styles aussi variés que le nombre de visage sur une planète. La musique... était indéniablement liée aux émotions. Émotions qu'elle méconnaissait la plupart du temps et que seule la musicalité des notes parvenait à lui faire prendre conscience de sa nature humaine, ainsi que de son insupportable fragilité. Elle vivait. Non, elle n'était pas qu'une coquille vide de toute émotion. Seulement, ces dernières n'étaient pas accessibles. Non. Elle n'était pas encore morte. Elle vivait. Elle était capable de ressentir les choses, d'éprouver des sentiments simples, ou complexes. Et cela, grâce à la musique. En se reconnectant à ses émotions, la jeune femme retrouvait sa vitalité. Peur paroxystique, joie intense, tristesse infinie. Enfin, elle les ressentait. Pas parfaitement, non, mais en tout cas davantage qu'à l'accoutumée.
Il y avait la mélodie, certes. Mais parfois, cette dernière n'était pas seule. Des paroles pouvaient l'accompagner. De simples mots, mis à la suite les uns des autres donnant alors un sens unique et tout à fait singulier pour celui qui l'écoutait.

« Ce que j'aime comme musique ? Hum ... Je n'aime pas de style en particulier. Tout simplement, je dirai que j'aime les chansons qui me font vibrer. Peu importe le style au final. C'est ce qui raisonne en moi quand je l'écoute qui compte. En fin de compte, c'est tout à fait subjectif. Tendez votre main blessée s'il-vous-plait. »

La verte et argent famélique obéit silencieusement, ne pouvant toutefois pas empêcher la formation d'une grimace déformant les traits de son visage pâle, trahissant toute la douleur qu'elle éprouvait lorsque le coton entra en contact avec ses doigts meurtris. Sourcils froncés, son visage juvénile paru soudain âgé de quelques années supplémentaires. Comme cela n'était guère surprenant en réalité.. La douleur meurtrissait ses victimes, leur faisant prendre tout au moins une dizaine d'années supplémentaires. Elle crispait les visages, tendait la peau l'amenant à tester son élasticité d'une manière diablement efficace, et abîmait les âmes. Sans pitié, elle n'avait aucun scrupule à meurtrir l'humain au plus profond de sa chair. Sous le poids de ce fardeau plus ou moins visible, le corps s'affaissait, les pupilles se dilataient tandis que l'iris se noyait dans un océan de larmes salées. Les phalanges blanchissaient tandis qu'en même temps les muscles se contractaient pouvant amener des crampes douloureuses. L'échine se courbait vers le sol, comme si tout ce qui importait désormais était de retourner sous terre, à l'état de cendres. La douleur, mettait tout le monde sur un pied d'égalité même s'il en fallait une intensité différente selon les gens, certains y étant plus résistants que d'autres. Toutefois, au long terme, les humains finissaient tous par s'agenouiller devant elle, que ce soit tôt, ou tard. La douleur était reine, et les humains même les plus forts, vaniteux et orgueilleux, finissaient toujours par plier.
La respiration de la jeune fille se bloqua soudainement, tandis que l'oxygène semblait d'un seul coup se refuser à pénétrer par son nez et par sa gorge, afin de poursuivre son trajet habituel pour venir alimenter ses poumons. Cassidy releva le regard vers le visage de la brune, et adoucit alors sensiblement ses gestes. Elle n'avait jamais été spécialement douée pour apporter de la douceur aux gens, de ce fait, l’apprentissage de la douceur et de la légèreté en dehors du monde de la danse et de celui des potions, lui était quelque peu inconnue et  elle apprenait à le développer sur le tas.

Doucement, Cassidy assoupli ses gestes peut-être un peu trop rudes et s'efforça d'étreindre un peu moins fort la main maigre pourvue de longs doigts fins de la Serpentard. Bon sang... Elle n'était pas infirmière mais potionniste. Quant à la douceur, elle ne l'avait jamais réellement connue. Si sa mère avait su lui apporter de l'amour et de la protection, jamais elle ne s'était laissée aller à le lui exprimer ouvertement afin de la protéger, aussi la douceur n'était pour la jeune femme qu'un concept abstrait dont elle ignorait tout de la mise en pratique directe. Certes, elle savait être délicate lorsque ses doigts habiles tranchaient des ingrédients en fine lamelles, précise lorsqu'il lui fallait doser le nombre exact de gouttes à verser dans la potion, mais cela s'arrêtait là. Tentant de refréner ses gestes peut-être trop pressés, elle tapota plus légèrement le coton imbibé contre les blessures sanglantes. Lorsqu'elle releva les yeux quelques minutes plus tard, elle constata que la brune ne grimaçait plus. Un soupir s'échappa des lèvres rosées de la Rowle. La brun était partie. Loin. S'était envolée, tel un oiseau en cage que l'on venait de libérer après des années de captivité. Etait-ce son évocation de la musique qui le lui avait permis ? Ou peut-être bien l'assouplissement de ses gestes ? Ou encore, un savant mélange des deux ? Quoiqu'il en soit, Abigail s'était libérée de la douleur – douleur qu'elle avait finit par reconnaître, accepter et qui venait enfin de s'estomper, lui permettant d'accéder à ce moment libérateur, comme en remerciement de son humilité.

Tant mieux. Qu'elle voyage, s'évade quelques instants. Cela ne lui ferait guère de mal actuellement. Le tout était qu'elle soit apte à garder les pieds sur terre, sans s'enfermer dans des rêveries autistiques et sans se laisser contrôler par ces dernières, imperméables au monde ambiant. Un instant de répit, contre une année à passer sur ses gardes. Le deal était correct. Toutefois, il était indispensable de rester éveillé, en alerte. A l'affût du moindre danger. D'ailleurs, Cassidy était assez étonnée que la Serpentard puisse se laisser aller ainsi en sa compagnie. Fille Rowle, rien que le nom en aurait fait fuir plus d'un, comme ce Serdaigle qui tournait les talons dès qu'il avait le malheur de croiser son ombre au détour d'un couloir. Miller ? Oui, c'était possiblement son nom. Quoiqu'il en soit, Abigail s'était autorisée ce détachement du réel, sans doute parce que les circonstances le lui avaient permis. S'était-elle sentie en sécurité face à elle ?

Lorsqu'elle fit apparaître un bandage suivit d'une attelle, la brune sembla enfin revenir à elle, sentant soudainement son poignet beaucoup plus maintenu. Un clignement de paupières, et la voilà qui réintégrant la dure réalité. Elle était blessée, et consignée à l'infirmerie avec pour seule compagnie celle d'une fille de Mangemorts qui s'improvisait infirmière. Véritablement rassurant. Toutefois, la Rowle faisait son possible pour ne pas brusquer la jeune fille, tout en se questionnant sur les raisons de son propre comportement. Pourquoi ? Pourquoi agissait-elle ainsi ? Précautionneuse, presque... attentionnée ? Intérieurement, Cassidy grimaça. Cela ne lui ressemblait guère, d'autant plus qu'elle s'était donné pour mot de tenir tout le monde éloigné d'elle cette année, tel un porc-épique expert. En tant que Rowle, elle avait une réputation de pro-sang-pur à tenir, de fille de Mangemort à défendre, et elle était donc une cible potentielle pour d'éventuels mouvements de résistance, qu'ils soient professoral ou étudiants, d'autant plus qu'il était totalement possible et même probable qu'un ou plusieurs membres de sa très chère famille ait participé aux meurtres de parents ou de membres de la famille de certains élèves. Cette idée la mettait mal à l'aise et elle faisait tout son possible pour éviter d'y penser, tout en sachant pertinemment que son fil de pensée ne faisait pas fausse route.  

« Vous connaissez Frank Sinatra ? »

Au milieu de la réserve, de l'infirmerie, le regard se baladant sur les maigres réserves de flacons, Cassidy haussa la voix afin de se faire entendre du fin fond de la pièce. Merlin, où donc Mme Pasfresh avait-elle dissimulé l'essence de dictame ?

« Sinatra... Non, ça ne me dit absolument rien. »

Aaaaah, enfin. Elle l'avait trouvé. La jeune femme se haussa sur la pointe des pieds et parvint à attrapper le petit flacon dont elle avait besoin. Revenant dans la pièce, elle revint aux côtés de sa jeune patiente. Dans un élan de pudeur et de respect pour la jeune fille dont elle venait d'apercevoir la trace d'une larme sur sa joue pâle, détourna ses iris clairs vers le flacon contenant le liquide marron foncé, tout en posant la pommade orangée sur la table. Inutile de l'embarrasser en soulignant qu'elle avait bel et bien perçu sa faiblesse et ce moment de lâcher prise. Abigail... Cassidy fronça imperceptiblement les sourcils, interrompant brutalement le  fil de sa pensée. Non. Elle se trompait. Pourquoi faisait-elle ce rapprochement entre elles ? C'était sa façon de fonctionner à elle, pas à Abigail. Elle, Cassidy Rowle n'aurait pas supporté qu'on la confronte à ses propres failles, ses fêlures, et ne se serait que davantage refermée face à cette situation. C'était d'ailleurs ce qu'avait évité Octavius... Après sa sorte de reviviscence traumatique, il avait eu la délicatesse de ne pas la confronter. Elle ne pouvait pas lui enlever cette intelligence. Mais... De là à supposer que la Serpentard puisse se comporter de la même façon... Il y avait un souci. La Hook était proche, trop proche, alors que c'était l'apprentie potionniste qui avait favorisé à la fois inconsciemment et consciemment, ce rapprochement entre elles. Pourquoi ? Pourquoi n'avait-elle pas été capable de rester froide et distante comme avec l'élève abîmé par Carrow de la semaine dernière ? Lentement, la brune se redressa un peu plus sur son lit avant de reprendre d'une voix d'experte :

« C'est un chanteur de jazz moldu. »

Un sourire. Elle avait sourit. Une lumière éclairant un chemin désertique en plein milieu d'une nuit sans étoiles. Un phare au milieu d'un océan dépourvu de toute vie. Néanmoins, bien qu'elle aurait voulu qu'il en soit autrement, Cassidy se força à entrer dans son rôle de Rowle au sang-pur. Il ne fallait pas qu'elle se trahisse en défendant les droits des nés-moldus, n'est-ce pas ? Définitivement, cela n'aurait rien de très... Rowle.

« Je n'écoute pas ce genre de... musique Miss Hook. Les sang-de-bourbes n'ont rien qui puissent m'intéresser. »

Elle se dégoûtait littéralement, mais dans un sens, elle savait qu'elle devait user de ce genre d'argument afin de pouvoir se maintenir à distance de brune – pour sa propre sécurité, mais aussi pour la sienne.

« Vous ne devriez pas évoquer ce genre de goûts musicaux Miss. Si vous n'avez pas intégré Nuncabouc en ce début d'année, cela veut donc dire que votre statut de sang est respectable, ce qui pardonne votre maladresse. Néanmoins, songez à être plus prudente à l'avenir. »

Que pouvait-elle dire d'autre ? Si son âme avait tendu vers celle de la brune au début, il ne fallait pas qu'elle aille trop loin et qu'elle perde le contrôle. Oui, elle pouvait suggérer à Abigail d'aller voir Rogue – et ce même en tant que Rowle puisque l'inspecteur n'avait pas respecté une règle pourtant claire établie depuis la pré-rentrée. En revanche, en tant que Rowle, elle ne pouvait accueillir ce genre de déclaration valorisant les nés-moldus.

« J'ai pensé à une chanson pour vous, désirez-vous l'écouter ? Je connais un sortilège efficace afin de la diffuser. »

Était-ce un moyen de passer à autre chose et de tirer un trait définitif sur cette conversation trop périlleuse ? Peut-être bien, mais pas que. Il s'agissait également d'une réelle tentative d'approche de la brune, de lui apporter une sérénité. Pourquoi ? Pourquoi se donnait-elle cette peine ? Il était impossible pour Cassidy de trouver la réponse – cette rencontre n'étant que la première. Toutefois, la vérité que la jeune femme ne parvenait pas à atteindre était qu'Abigail, avec ses cheveux corbeau et son air sinistre, à la limite de la mort, représentait une face d'elle-même dissimulée aux yeux de tous, jusqu'aux siens. Une partie sombre remplie de faiblesses honteuses et maudites, déguisée à la lumière du jour par un sourire – froid ou parfois même chaleureux, mais toujours factice. En Abigail, la blonde se retrouvait inconsciemment face au vide qui la hantait, représentant ainsi une souffrance terrible car non exprimée. Celle qu'elle reniait, la camouflant au plus profond de son âme. Reflet perturbant et antagoniste de ce qu'elle donnait à voir. Aussi, en adaptant son comportement et en soignant la Serpentard, Cassidy renouait en quelques sortes avec cette partie d'elle-même.

Un regard d'Abigail. Nouveau? Pétillant. En dépit de ce que la Rowle lui avait dit, l'élève semblait avoir été capable de rebondir, sans briser ni désinvestir le lien si nouveau et si terriblement singulier et dangereux qui était en train de se tisser entre elles, satisfaisant une partie de la blonde, tandis que la seconde se demandait une fois de plus dans quel pétrin elle était en train de s'embourber.

« Je veux bien. Elle s'appelle comment cette fameuse chanson ? Et, comment l'avez-vous...connu ? »

D'un geste de baguette, la blonde fit sauter de bouchon du flacon.

« Cette chanson se nomme " The Arena ", composée par une violonniste de talent : Lindsey Stirling, une sorcière talentueuse. Cette chanson a la particularité de ne posséder aucune parole, de ce fait, elle possède le pouvoir de venir faire surgir vos émotions les plus profondes. »

The Arena. L'Arène. D'un sortilège informulé, l'infirmière improvisée leva alors le mystère et la musique commença à s'élever dans les airs. Les notes. Ponctuelles. Se liant progressivement pour devenir une succession de sons éclosant en une mélodie. Violente. Passionnée. Déterminée. Emplie d'une puissance que personne ne pouvait atteindre. Tandis que la musique l'emplissait, la Rowle ferma les paupières, trois secondes. Combattre, même si pour cela il lui fallait ramper. Lentement, la scène se déroulait sous ses yeux. Ramper. Se relever. Se dévoiler. Et enfin, combattre. Danse de sortilèges. Entrer en action, enfin. Après des années à courber l'échine, il serait l'heure d'entrer dans l'Arène, lors du combat final. Devenir active, après avoir passer des années à acquiescer à des idées qui n'étaient guère les siennes. La jeune femme inspira profondément, et rouvrit les yeux.

« L'avantage avec ce type de chanson, c'est qu'elle peut s'adapter à chaque personne puisqu'elle est dépourvue de paroles. Un peu comme un parchemin vierge. Vous pouvez y inscrire ce que vous voulez, en respectant la trame de fond qui est donnée. Ici, cette trame, est à mes yeux ce qui vous correspond. »

Le combat. Bienvenue dans l'Arène Miss Hook. Intuitivement, Cassidy avait associé Abigail à une guerrière déchue, lié en partie au fait que l'élève lui rappelait cette partie sombre et terriblement vide d'elle-même. Cette musique qu'elle lui offrait ne visait pas tant à la distraire qu'à lui faire saisir l'importance de se battre, de se redresser. Il ne fallait pas qu'elle se laisser couler ainsi, comme elle paraissait le faire depuis... Merlin seul savait combien de temps. Ses longs cheveux noirs presque filasses tant ils semblaient désinvestis et manquer de soins. Pourquoi ne les coupait-elle pas afin de leur donner un regain de vitalité, tout en offrant à son visage anguleux une nouvelle jeunesse ? Redresser le buste, permettre à son corps de devenir plus résistant face à des ennemis potentiels en le nourrissant davantage. Avec une telle carrure, jamais Abigail n'impressionnerait personne, et jamais elle ne tiendrait face à la guerre qui se profilait. Elle ne pourrait même pas y assister et avoir le plaisir de défendre ses idées avec force, elle serait morte de faim avant.

« C'est quoi ça ? Enfin, ça sert à quoi ? »

Fin des rêveries, retour à la réalité. Les iris tourmaline de la potionniste se posèrent de nouveau sur la petite silhouette allongée. Telle une enfant, elle avait pointé la fiole et la pommade de son index gauche encore valable, le regard à la fois attentif et interrogateur. Elle ne se laisserait pas empoisonner si facilement. Bien, c'était une bonne chose. Un petit sourire ornant ses lèvres, la jeune femme approcha un nouveau coton stérilisé du bord de la bouteille et en appliqua précisément six gouttes dessus. Ceci fait, elle approcha la fiole de la vert et argent et la lui mis sous les yeux, alors que la brune venait juste de s'affaisser sur l'oreiller.

« A votre avis Miss Hook ? Je ne pense pas que vous ayez déjà étudié cette potion, mais il est certain que vous devez connaître l'ingrédient principal qui s'y trouve. C'est une plante figurant dans votre manuel scolaire. On la trouve principalement dans les zones tropicales. »

Tranquillement, pendant que l'élève réfléchissait, elle appliqua l'essence directement sur la lèvre fendue et le nez en sang de cette dernière. Cela piquerait sans doute, mais la douleur serait largement supportable. Une fumée verdâtre s'en dégagea, signe que la potion médicale agissait correctement. Quelques minutes plus tard, après avoir tapoté – avec toute la douceur dont elle était capable de faire preuve, les blessures superficielles ornant son visage s'étaient refermées, laissant place à une peau toute neuve, toutefois ce dernier resterait toutefois encore enflé quelques heures.

« Allons Miss Hook, Madame Chourave ne serait guère heureuse... C'est une plante vivace de couleur pourpre mesurant approximativement quatre-vingt centimètres de hauteur, pour un mètre vingt d'envergure, possédant des feuilles elliptiques à la pointe émoussée. Elle est également très sensible à la chaleur puisqu'elle peut s'enflammer d'un feu blanc subitement, si elle se trouve à proximité d'une flamme. »
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptyVen 18 Nov 2016 - 23:25

« Vous connaissez Frank Sinatra ? »

Plus qu'une musique, un repère. Un souvenir fugace qui avait traversé le brouillard de douleur, qui avait assoupli son esprit il y a quelques instants à peine. Un doux songe, qui lui permettait momentanément de reconstruire sa barrière, colmatant à l'aide de ses fins doigts, la longue fissure qui venait de s'y créer. Différents sons semblèrent résonner à ses oreilles, alors qu'elle se décidait à partager une partie de son monde. Un univers sombre, parsemé d'ombres sans formes, de voix caverneuses, sortit tout droit d'un cauchemar d'enfant croyant encore au Croc mitaine, et de pleurs. Des pleurs qu'elle n'avait que trop souvent entendus. Une pensée alla aux orphelins qui l'attendaient à la maison, et en particulier à deux enfants, Tommy, de plusieurs années son cadet, un gamin qui avait obtenu une place particulière dans son cœur, mais aussi la dernière arrivée, ayant perdu ses parents dans un accident de voiture, qui passait son temps à caresser London, quand la sorcière se trouvait à l'orphelinat. La douceur d'un ours en peluche contre ses ongles, l'odeur de confiseries, et la lumière enchanteresse d'un nœud rouge. Par Merlin que ce gosse, au sourire éclatant lui manquait. Il représentait tellement plus qu'un simple orphelin que l'on a retrouvé dans les poubelles, le lendemain de Noël. Il était l'un des seuls, qu'elle se permettait de protéger. Une silhouette lumineuse qui se détachait de la torpeur dans laquelle Abigail avait pris l'habitude de nager.

Un sourire délicat étira ses lèvres, tandis que sa main droite, se chargeait de relever la manche gauche de sa chemise blanche, tâchée de sang. Autour de son poignet se trouvait un bracelet en plastique d'une couleur rouge, avec une inscription à moitié effacée. « London Bridge. ». Elle laissa le bout de ses doigts passer sur les lettres blanches légèrement en reliefs, en se remémorant la journée qu'ils y avaient passée ensemble. Elle, et Thomas. Tommy. Un soupir franchit ses lèvres, qu'elle s'obstinait à garder closes, même si une réponse provenant de la réserve parvient à ses oreilles. Sinatra, un chanteur qui avait à l'atteindre, au plus profond d'elle. Le son de la trompette, et du piano, associait à une voix rauque, voir envoûtante. Fly me to the moon. C'est presque instinctivement qu'elle entama l'une de ses chansons préférées du bout des lèvres, laissant ses chuchotements se répercuter dans l'espace vaste. Une larme solitaire roula le long de sa joue blafarde, au moment où elle se revoyait dans leur dortoir, avachis sur son lit, reprenant l'une des musiques du crooner, accompagner de son amie, Absynthe. Des moments précieux, qu'elle gardait soigneusement rangés dans le coffre, qu'Hook fermait jalousement à clef. Le bruit des talons de la blonde, la fit se ressaisir, lui laissant le temps d’effacer son instant de faiblesse d'un revers de main, alors qu'elle cachait les deux bijoux en sa possession. Ce n'est pas pour autant, que son sourire s'estompa. Bien au contraire. Il persista, embellissant son visage juvénile, lui rendant enfin son âge véritable. C'est avec une passion, dissimulée par un ton, que l'adolescente souhaitée délibérément gardé froid, et lointain, qu'elle la renseigna sur le chanteur évoquait plus tôt.

« Je n'écoute pas ce genre de... musique Miss Hook. Les sang-de-bourbes n'ont rien qui puissent m'intéresser. »  

Un clignement. Deux. Suivit d'une dizaine d'autres. L'incompréhension fut le premier sentiment, qu'elle se sentit capable de ressentir. Une surprise, un choc, qui se voyait jusqu'au fond de ses prunelles, dont les pupilles s'étaient dilatées sous la lumière vive. Mais qu'est-ce qu'elle me raconte ? Sang-de-bourbes ? Les sourcils de la brune se froncèrent d'un énervement contenu, qu'elle cacha tant bien que mal, en s'adossant plus confortablement contre les deux oreillers. Ses yeux se fermèrent quelques secondes, chassant les pensées négatives, influencées par une colère, qui ne cessait de gronder dans ses entrailles. Sang-de-bourbe. C'est ce qu'elle était. À défaut de savoir ses véritables origines. Elle pouvait-être moldue, ou bien sang-mêlée, comme elle s'amusait à le croire de temps à autres, ou bien, sang-pure. Dans le cas de la dernière catégorie, elle avait plus de réserve. Elle ne souhaitait pas faire partie d'une caste, regroupant tout ce qu'elle enviait, et détestait, quand elle était enfermée dans son grenier. Le luxe, l'argent, une éducation uniquement basée sur un monde rempli de magies et de mystères. Voilà une chose, qu'elle leur avait jalousée durant ses premières années. Mais plus maintenant. Plus depuis qu'elle avait vu de ses propres yeux, la mentalité médiocre, dans laquelle ils étaient bercés depuis leur plus tendre enfance. Ils ne savent pas réfléchir par eux-mêmes, et ils ne se rebellent pas.

« Vous ne devriez pas évoquer ce genre de goûts musicaux Miss. Si vous n'avez pas intégré Nuncabouc en ce début d'année, cela veut donc dire que votre statut de sang est respectable, ce qui pardonne votre maladresse. Néanmoins, songez à être plus prudente à l'avenir. »  

Ses yeux se rouvrirent d'un coup à l'entente des paroles de la Rowle. Son regard émeraude ne tarda pas à se fixer sur la silhouette gracile de le sang-pure, et ne s'en décollèrent pas, durant un temps qui parut infiniment long. Elle le sentait. Ce sang qui bouillonnait dans ses veines. Cette décharge d'adrénaline pure, qui alimentait tout son être, en réveillant ses sens, qui s'étaient endormis par la souffrance, tant physique que morale. Nuncabouc, la maison des parias, des reniés. Ceux dont personne ne voulait, à cause d'une ascendance sur laquelle ils n'avaient aucun contrôle. Elle ne voulait pas être des leurs, même si la logique la poussait à se remémorer qu'elle-même, n'aurait jamais dû rester auprès des siens. D'une maison où régnait une loi de la jungle qu'elle ne connaissait que trop bien. Ici, Cassidy lui rappelait tout ce pourquoi elle s'était battue jusqu'à maintenant au sein des verts et argents. J'en reviens pas, tu insinues blondinette, qu'à cause de la musique que j'écoute, je peux finir dans une maison comme celle-ci ? Tu ne vaux décidément pas mieux que les autres du dortoir, qui vantent les mérites d'un sorcier mégalomane, qui veut tuer tout ceux qui ont eu le malheur de naître un peu différents ? Et toi aussi.. Tu penses comme eux ? Ses poings se serrèrent, si bien, qu'elle dû attendre quelques secondes supplémentaires, pour fixer son regard dans celui vert eau de la plus âgée. De la rage. Une étincelle infime, qui gagnait en intensité à mesure que le temps avançait.

« Mademoiselle Rowle. Je ne vais pas y aller par quatre-chemins, puisque nous avons, tant vous que moi, des sujets de conversation, sur lesquels nous voulons passer en vitesse. Je ne suis pas une sang-pure, je ne fais pas partie de votre monde de richesse, et de faux-semblants. Quelle valeur peut avoir le sang à vos yeux à tous ? En quoi est-il si important ? Il est rouge, plus ou moins vif. Je suis certaine, que vous avez déjà vu du sang mademoiselle Rowle. », commença-t-elle d'une voix froide, que l'on pouvait aisément deviner contrôlée, par la force de la volonté de la jeune fille, qui tentait par le biais d'un contact visuel, de garder son calme, qui n'allait sans doute pas tardé à partir en fumée. « Avez-vous constaté un changement de couleur, d'une personne à une autre ? Un changement de propriété peut-être ? Je vous parle ici, de l'aspect purement scientifique de la chose. Dans tous les cas, il y a toujours du fer, du potassium, et autres, je ne suis pas une spécialiste, je n'ai jamais été très douée en potions, ou autre. Je crois me souvenir, que parfois, le sang peut être malade, comme c'est le cas pour les loups-garous, bien qu'une fois de plus, je ne les considère pas comme étant réellement différents, au sens scientifique du terme, toujours.», le ton commença à changer, à mesure, qu'elle parlait, en se redressant à l'aide de ses coudes, tout douleur s'étant envoler en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Une dizaine de secondes passèrent, avant qu'elle ne se décide à reprendre, les jambes, et les bras croisés, dans une posture de défi. Je n'en reviens pas, que je doive dire tout ça. Surtout à elle, que je ne connais ni de Merlin, ni de Morgane. « Vous qui êtes potionniste, vous pensez savoir d'où vient la magie, qui coule dans les veines d'un sorcier ? Dans nos veines, à vous et moi. Je ne sais pas vous, mais je l'ai toujours vu comme une énergie, d'une couleur qui varie en fonction de la personne qui la manipule. Allant du blanc, pour les personnes fondamentalement bonnes, qui vous en conviendrez, n'existe finalement pas, du violet, du vert, ou bien encore, du noir, où beaucoup de sorciers se trouvent par les temps qui courent. », anticipant la moindre réaction de la Rowle, elle leva sa main droite, dans le but de la faire taire. Elle n'avait pas fini. « Je vous arrête tout de suite Mademoiselle Rowle. Je ne suis dans un aucun camp en particulier, si ce n'est, celui qui me permettra de survivre le plus longtemps possible. Je ne suis pas pour une liberté qui ne sied qu'aux rêveurs et aux idéalistes, ce que je ne suis certainement pas, et vous non plus. Mais, je refuse que l'on me dicte la conduite que je dois adopter, ce que je dois écouter comme musique, sous prétexte, qu'un né-moldu, a eut le malheur de chanter des chansons absolument magnifiques, que vous devriez écouter, si ce n'est que pour approfondir votre culture musicale, qui j'en suis persuadée, est étendue. -L'on sentait poindre une pointe de sarcasme, qu'elle camoufla derrière un ton neutre, ses doigts pianotant en rythme sur son avant-bras- Au risque de vous offenser, de vous paraître irrespectueuse, digne de la maison Nuncabouc, je vous conseille, au même titre que vous venez de le faire avec moi, de garder vos distances avec les gens comme ceux que vous avez l'air de mépriser tant. Sait-on jamais, par les temps qui court, n'importe qui peut avoir du sang moldu dans les veines, il serait regrettable, que vous vous mélangiez sans le vouloir, à une espèce pareille. », et elle s'arrêta, aussi abruptement qu'elle avait commencé, en rejetant la tête en arrière, pour laisser quelques mèches tomber sur son visage pâle, qui semblait avoir été vidé de ses couleurs au fur et à mesure de son discours. « Si vous le voulez bien, nous garderons ce qui a été dit, entre nous, pas que les combles du château ne me dérangent, mais je dois vous avouer m'être habituée à la fraîcheur des cachots. -elle prit quelques secondes, et enchaîna d'une voix plus mesurée- Parlons de la musique vous vouliez me faire écouter. Quel sortilège allez-vous utiliser pour la diffuser ? », le ton était redevenu aussi terne qu'auparavant, comme si son long monologue gryffondorien n'avait jamais existé.

The Arena. L'histoire d'une guerrière dans l'arène. Peut-être lui avait-elle prouvé qu'elle avait la stature, et l'envie de survivre d'un soldat, d'un gladiateur dans un Colisée. Une sociopathe au regard vide, et à l'esprit aussi tourmenté qu'il pouvait-être après les épreuves qu'elle avait dû affronter. Combattre à la seule force de son esprit. Peut-être n'était-elle pas aussi morte, et vide, qu'elle le laissait penser au premier abord. Une lumière semblait s'être allumé en quelques paroles prononçaient par une personne jouant aussi bien la comédie, que la jeune fille, elle-même. Les masques de la Comedia, qu'elles portaient depuis toutes ses années, n'avaient jamais resplendit autant. Jamais ils n'avaient paru aussi brillants. Abigail reprenait confiance, si bien, qu'elle se laissa aller à fermer les yeux alors que les premières notes de violon. Voilà un instrument dont elle n'avait pas l'habitude. À l'orphelinat, il n'y avait ni opéra, ni d'orchestre philharmonique. Non, elle ne connaissait que le son de la guitare sèche, jouait par le gars bourré, qui passait tous les jours devant le bâtiment, en chantant à tue tête, une musique pour sa fille, qu'il souhaitait retrouver à tout prix. Le pauvre homme n'avait jamais compris, que jamais il ne la trouverait parmi eux. Parmi ceux dont personne ne voulait, et que personne n'attendait. Les minutes passèrent, et le silence se fit, ne laissant que la douce mélodie de la violoniste, qui était finalement, plutôt talentueuse.

« C'est joli. », une constatation, pure et dure, sans réelle émotion.

Les rêveries arrivèrent à leur terme, quand la Hook posa ses iris sur les fioles qu'avait apportées sa soigneuse. Elle n'avait jamais eu une passion dévorante pour les potions et la botanique. Elle se contentait seulement d'avoir un niveau correct à ses examens, et à assister aux cours, bien qu'ils ne soient pas toujours des plus intéressants à ses yeux. Non, elle préférait de loin la magie. La vraie. Celle qui nécessitait qu'elle utilise la baguette, qui reposait si soigneusement contre son poignet gauche, caché par le tissu lâche de sa chemise blanche. L'étude des runes, et arithmancie, faisait exception à la règle. Deux matières calmes, et disciplinées, qui lui permettaient d'obtenir un point d'ancrage, pour une durée déterminée. Alors, il était évident, que le continu des fioles, ne lui avait pas parut des plus limpide au premier coup d’œil.

« A votre avis Miss Hook ? Je ne pense pas que vous ayez déjà étudié cette potion, mais il est certain que vous devez connaître l'ingrédient principal qui s'y trouve. C'est une plante figurant dans votre manuel scolaire. On la trouve principalement dans les zones tropicales. »

Là non plus, cela n'éclairait pas plus sa lanterne. La sixième année haussa les épaules, en ne quittant pas l'étrange mixture, qui semblait dorénavant fumer. Une fumée verte qui plus est. Décidément, le monde sorcier était bien étrange. Là où elle avait l'habitude des médicaments, des gélules rouge et jaune, elle avait dû composer avec des liquides pour le moins intriguant. Allant du rouge sanglant, à l'oranger, sans oublier un vert qui n'était pas des plus rassurant. Quand le coton entra en contact avec la peau sensible de son visage, elle n'eut qu'un froncement de sourcils à peine perceptible. Ça pique un peu. Cela n'était pas sans lui rappeler le désinfectant moldu, qu'utilisait le plus souvent Miss Bridges, pour les soigner, lors de leurs combats, qui avaient lieu tous les Vendredi soir quelques rues plus loin. Tous les moyens étaient bons pour se faire de l'argent. Et ils en avaient cruellement besoin. Voyant son manque de répartie, la blonde enchaîna, tout en continuant ses soins.

« Allons Miss Hook, Madame Chourave ne serait guère heureuse... C'est une plante vivace de couleur pourpre mesurant approximativement quatre-vingts centimètres de hauteur, pour un mètre vingt d'envergure, possédant des feuilles elliptiques à la pointe émoussée. Elle est également très sensible à la chaleur puisqu'elle peut s'enflammer d'un feu blanc subitement, si elle se trouve à proximité d'une flamme. »

Elle récolta cette fois-ci un regard en coin. « L'essence de Dictame. », une fois de plus, il s'agissait d'un constat. Absynthe, ne serait pas ravie de voir son niveau en botanique devenir aussi misérable. Misère. « Cette potion sert à soigner les plaies, et si l'on mange la plante crue, elle permet de faire cicatriser des plaies peu profondes. », Je connais ma leçon on dirait bien. Pour peu, elle en récolterait peut-être un bon point. « Je vous l'ai dit, mon niveau en potion et en botanique, n'est pas des plus excellent. Mais soyez rassurez, je ne ferais sauter aucun chaudron durant les cours que vous donnerez. Il serait idiot d'abîmer ces cachots que vous aimez tant. » Une nouvelle plaisanterie. C'était sa soirée. Bordel, qu'est-ce que je suis en train de faire ?
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MessageSujet: Re: [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] [Septembre 1997] Le sang par le sang. [PV Cassidy] EmptySam 26 Nov 2016 - 19:37

Elle avait du choisir. Comme toujours, pour chaque élément de sa vie. Un combat de longue haleine, un marathon des plus olympiques ne lui laissant jamais aucun répit. Reprendre son souffle entre deux cols montagneux ? Impossible. L'arrêt, ou même la simple pause qui pourtant lui aurait été des plus bénéfiques, ne lui était pas permis. Alors, en quelques secondes à peine, elle avait choisi. Choisir de trahir ses idéaux, de trahir ses convictions profondes en les dissimulant derrière un masque d'une infamie sans nom. Alors que ses lèvres empoisonnées venaient de s'ouvrir afin de laisser s'échapper ces premiers mots des plus détestables et remplis d'un dégoût infini, la Rowle su qu'elle avait touché juste. Un papillon s'envola, bien vite suivi d'un second, puis d'un troisième. Papillons noirs et légers, constitués d'un rideau de longs cils noirs. Fins, et fragiles, protégeant un regard rempli d'incompréhension et de surprise face à cette découverte dont la Serpentard ne s'était guère méfiée, oubliant que la jeune femme qui la soignait - au delà de l'aspect de soin dans laquelle sa position la plaçait - était une membre de la famille Rowle. Lentement, les pupilles noires de la brune se dilatèrent, jusqu'à recouvrir presque entièrement ses iris colorés. Ses sourcils fins et légèrement désordonnés se froncèrent. Énervée. Enfin, un éclat. Une vitalité s'esquissant à la craie - encore hésitante. Devant la brune qui fronçait désormais, les sourcils, Cassidy hésita un instant. Abigail était-elle assez forte pour supporter le chemin vers lequel elle l’entraînait telle une vipère ? Rien n'était moins sûr. Toutefois, d'après ce que l'élève lui avait donné à voir, si elle ne se reprenait pas, elle ne passerait pas l'année. L'heure n'était plus aux scrupules.

« Vous ne devriez pas évoquer ce genre de goûts musicaux Miss. Si vous n'avez pas intégré Nuncabouc en ce début d'année, cela veut donc dire que votre statut de sang est respectable, ce qui pardonne votre maladresse. Néanmoins, songez à être plus prudente à l'avenir. »  

Les mots s'écoulèrent de sa bouche comme une longue gerbe de venin, et s'infiltrèrent dans l'esprit de la brune dont les yeux se rouvrirent brusquement. Cassidy ne cilla pas, et darda son regard clair dans celui de la Verte et Argent dont les poings se serrèrent progressivement, ne tenant pas compte de sa main fraîchement blessée. Un premier pas... Cassidy retint un sourire. La rage prenait le pas sur la douleur. De passive, soumise et repliée sur elle-même, la jeune élève commençait à s'ouvrir pour s'inscrire dans l'action, grâce à l'horreur et à la rage provoquée par les mots de la blonde. Mots hideux et immondes qu'elle avait reliés au domaine véritablement passionné de la Serpentard : la musique.

« Mademoiselle Rowle. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, puisque nous avons, tant vous que moi, des sujets de conversation, sur lesquels nous voulons passer en vitesse. Je ne suis pas une sang-pure, je ne fais pas partie de votre monde de richesse, et de faux-semblants. Quelle valeur peut avoir le sang à vos yeux à tous ? En quoi est-il si important ? Il est rouge, plus ou moins vif. Je suis certaine, que vous avez déjà vu du sang mademoiselle Rowle. »

Une voix froide, légèrement tremblante. Abigail se révélait. Le regard brûlant, une rage contrôlée, pulsant dans ses veines dont le sang qui y circulait était inconnu à la jeune femme. Sans répondre aux questions, elle la laissa déballer tout ce qu'elle avait sur le coeur. Un mouvement de catharsis. Enfin. Depuis combien de temps retenait-elle toutes ces pensées pour elle-même ? Au fond, la Rowle n'avait fait là que leur permettre de se libérer. Toutes ces pensées, des idées dangereuses enfouies au fond de la brune, compromettait sa sécurité, bien qu'elle n'était certainement pas consciente de leur présence. Mourante, soumise, passive. Petite fleur fanée à court de soleil pour s'épanouir. Cassidy n'avait fait là que lui permettre de se redresser, en s'attaquant à ce qu'elle avait de plus cher, avec une insulte qu'elle avait deviné être impardonnable aux yeux d'Abigail. En lui inspirant de la haine, la jeune femme avait tenté de lui insuffler une nouvelle vitalité, ou plutôt, à trouver le chemin vers la sienne qu'elle avait perdu. Furieuse, la Hook ne s'arrêta pas là, débordant d'une énergie qu'elle redécouvrait comme étant sienne, palpitant au creux de son être, bien dissimulée par un brouillard grisâtre qui commençait à se déchirer.

« Avez-vous constaté un changement de couleur, d'une personne à une autre ? Un changement de propriété peut-être ? Je vous parle ici, de l'aspect purement scientifique de la chose. Dans tous les cas, il y a toujours du fer, du potassium, et autres, je ne suis pas une spécialiste, je n'ai jamais été très douée en potions, ou autre. Je crois me souvenir, que parfois, le sang peut être malade, comme c'est le cas pour les loups-garous, bien qu'une fois de plus, je ne les considère pas comme étant réellement différents, au sens scientifique du terme, toujours. »

Comme elle avait raison, et comme il était rageant de ne pas pouvoir se permettre de l'approuver, de lui dire qu'elle n'était pas seule à penser de cette façon. Contrairement à elle, Abigail possédait encore son innocence, et même si la situation était délicate pour tout le monde et que personne ne pouvait décemment se permettre de défendre les intérêts des nés-moldus à haute voix en ces heures sombres pour le monde sorcier, Cassidy elle, le pouvait encore moins du fait de son nom et de tout ce que ce dernier impliquait. Aussi, la blonde se détourna d'elle, récupérant par la même occasion son masque impénétrable, tout en se saisissant d'une bassine qu'elle positionna aux côtés du lit, toujours sans interrompre l'éclosion de fleur. Un ton changeant, montant dans les aigus. La fleur était même parvenue à se redresser physiquement, se servant du tuteur que la blonde lui avait soumis discrètement. Les bras croisés, la tête haute... Une parfaite Gryffondor. En cet instant, c'était à se demander où était passée la ruse prétendue si chère aux élèves de la maison Serpentard ? Où était le style indirect, les coups par derrière ? En cet instant, le serpent avait tout d'un lion, ou plutôt d'une lionne. Une lionne, s'attaquant à une vipère sournoise qui avait tout fait pour provoquer cette situation. Consciente que si elle continuait ainsi, la brune risquait bien de ne pas tenir le coup, Cassidy l'avait poussée à se lâcher ici, en sa présence à elle, afin d'éviter que cela ne sorte avec une personne telle qu'un véritable Mangemort, ou encore un inspecteur.

La voilà maintenant qui se réveillait, partant dans des interrogations sur la couleur de la magie qu'elle percevait comme une énergie. Blanche, violette, verte... noire. Une théorie bien intéressante en soi. Lentement, Cassidy ouvra la bouche, mais l'élève leva la main afin de poursuivre sur sa lancée. Les idées s’enchaînaient, s'écoulant de sa bouche résolument close depuis tant d'années.

« Je vous arrête tout de suite Mademoiselle Rowle. Je ne suis dans un aucun camp en particulier, si ce n'est, celui qui me permettra de survivre le plus longtemps possible.
- C'est lâche Miss Hook. Que ce soit de manière implicite ou explicite, il faut vous battre pour vos idées, ou du moins vous positionner... Mais il est vrai que pour cela le courage est nécessaire et vous n'êtes pas à Gryffondor [...] »

La jeune femme se dirigea vers le bureau de l'infirmière et fouilla dans l'un des tiroirs, tout en prêtant attention aux paroles de la Serpentard. Une fois le dossier trouvé, Cassidy se redressa et se rapprocha de nouveau d'Abigail qui venait de terminer une partie de son envol, en lui demandant quel sortilège elle comptait utiliser afin de diffuser la musique.

« Un sortilège d'extension musicale ; le Cogitatio Musicalis. Il faut vous concentrer sur la chanson souhaitée tout en lançant le sortilège. Il n'est pas bien difficile mais exige une maîtrise totale sur les pensées. »

La musique s'éleva dans la pièce après que la Rowle eu lancé le sortilège informulé.

« C'est joli. »

Une voix neutre, dépourvue de la moindre émotion. Cela eu le don d'irriter légèrement la jeune femme qui fixa l'élève qui ne comprenait pas, ou ne voulait pas comprendre. Après ce long discours crépitant d'énergie et démontrant enfin ses idées sur le sang, et les moldus, tout ce qu'elle trouvait à lui dire, était que c'était joli ? Cassidy fronça les sourcils, décidément, elle n'avait pas du frapper assez fort.

« Joli... Miss Hook, le but d'une telle mélodie n'est certainement pas d'être jolie. Je pensais que vous seriez à même de le comprendre, mais j'ai dû me tromper. Peut-être vous ai-je surestimée. »

Réveillez-vous bon sang Hook... Si la Verte et Argent pensait qu'une personne telle que Cassidy lui diffuserait de la musique pour son bon plaisir, sans qu'il n'y ai rien derrière, elle se trompait lourdement. La Rowle n'était certainement pas le genre de personne à épargner les gens face à la dure réalité, ni à leur permettre de s'enfermer dans un petit cocon protecteur dans une période aussi sombre où être à l’affût était une condition nécessaire à la survie. Non. Le choix de cette musique et son partage avec la jeune élève avait un réel but : un électrochoc, accentué par la dureté des mots qu'elle avait prononcé, et ceux qu'elle comptait prononcer. Respirant profondément, Cassidy se laissa alors emmener vers un autre sujet par la question de l'élève sur les potions qu'elle comptait lui appliquer dessus. Face à cela, la jeune femme eu un petit sourire. Bien, parfait. Enfin une réaction adaptée. Abigail se méfiait. La méfiance ne pourrait que la tenir en alerte, et la maintenir en vie. Bien décidée à tester un peu plus la brune, Cassidy l'emmena sur le terrain des potions, qui visiblement n'était pas le domaine de prédilection de la Serpentard qui la dévisageait comme si elle venait de lui demander de lui réciter la recette de l’Élixir de longue vie. Néanmoins, après quelques indices supplémentaires, l'élève finit par identifier correctement la potion.

« L'essence de Dictame. Cette potion sert à soigner les plaies, et si l'on mange la plante crue, elle permet de faire cicatriser des plaies peu profondes.
- Bien Miss Hook, très bien.
- Je vous l'ai dit, mon niveau en potion et en botanique, n'est pas des plus excellent. Mais soyez rassurez, je ne ferais sauter aucun chaudron durant les cours que vous donnerez. Il serait idiot d'abîmer ces cachots que vous aimez tant. »

Cassidy eu un léger sourire tandis qu'elle s'éloignait de nouveau afin de ranger les potions dans la réserve. Ceci fait, elle se dirigea vers le bureau de l'infirmière et sorti une longue plume fine et noire de son sac, avant d'ouvrir le dossier de la Serpentard. Depuis la rentrée, les actes médicaux devaient être figurés dans le dossier de chaque élève, avec un détail des potions utilisées, afin de mieux gérer les stocks, mais surtout, de visualiser au mieux les élèves les plus perturbateurs. Tandis qu'elle écrivait de son écriture fine le détail des blessures de la jeune fille et le motif - altercation avec un escalier - à la suite du dossier, la blonde réfléchissait intensément. Abigail avait commencé à se réveiller, à sortir des enfers dans lesquels elle était plongée. Son regard s'était illuminé et elle s'était exprimée, mais ce n'était pas assez. « C'est joli... » Décidément, ce n'était pas assez, la Miss était encore bien éteinte si elle n'avait pas été en capacité de saisir l'essence de cette musique - pourtant choisie pour elle avec soin. Il fallait qu'elle en fasse davantage, quitte à rompre le lien qui avait commencé à s'établir entre elles deux. Lentement, les yeux tourmaline de l'apprentie se relevèrent sur la sixième année. Abigail méritait d'être sauvée. Il y avait en elle, quelque chose de fort et puissant qu'elle était en train de perdre à force de se complaire dans le vide qu'elle ressentait depuis tant d'années. Doucement, Cassidy posa la plume sur le bureau de bois verni. Etre le support des projections négatives d'Abigail pour permettre au sauvetage d'aboutir définitivement... Cela lui semblait être un sacrifice respectable, et de toute manière, en tant que Rowle, elle devait défendre ses convictions. Il était temps, temps de repousser une nouvelle fois quelqu'un, dans le but de se protéger, de la protéger, et de lui permettre de finaliser son réveil.

« Vous ne savez rien de ma culture musicale Miss Hook. Rien d'autre que ce que j'ai choisi de vous en dire. Si vous pensez que je vous dicte ce que vous êtes censée écouter comme musique, vous vous trompez lourdement. Tout ce que je vous dis, c'est ce que vous devriez faire si vous tenez à survivre ici cette année. Entendez-le, ne l'entendez pas, cela ne me concerne pas mais vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été avertie. - Cassidy survola rapidement les lignes manuscrites rédigées sur la première page du dossier - Ne vous inquiétez pas au sujet de mes distances, je maîtrise parfaitement ce sujet et je n'ai guère de plaisir à côtoyer la vermine. »

Nature du sang : Mêlé. Voilà qui expliquait bien des choses. La Sang-Pur s’écœurait déjà de ce qu'elle envisageait de faire, mais elle n'avait guère le choix. Elle se devait de frapper fort. D'une part pour asseoir son statut de fille de Mangemort et se protéger, et d'autre part, pour poursuivre le réveil de la jeune élève.

« Sang-mêlé, hum ? Il semblerait que vous soyez passée devant la Commission d'Enregistrement des nés-moldus avec succès et que vous ayez échappé à Nuncabouc en dépit de vos idées... Mes félicitations. Votre statut de sang n'est pas le pire en soi, mais malheureusement dans votre cas, ce dernier correspond au fait que vous puissiez émettre des idées pareilles à propos de la nature du sang et de la Magie. Etes-vous attentive aux cours d' Alecto Carrow sur l'Etude des Moldus, et celui d' Histoire de la Magie ? »

Cassidy referma le dossier dans un claquement sec, et verrouilla de nouveau de dernier d'un sortilège informulé avant de le remettre à sa place.

« Pour en revenir à vos allégations concernant la nature du sang Miss Hook, sachez que la magie est une force simple, naturelle, circulante, permettant de modifier le tissu de la réalité sur divers niveaux. Certes, elle nécessite un apprentissage pour pouvoir l'utiliser correctement, mais seuls les enfants de sorciers possèdent des aptitudes magiques dans leur patrimoine génétique. Les pouvoirs magiques ou l'absence de ces derniers sont des attributs héréditaires, transmis par la génétique ; des allèles dominants ou récessifs. Aussi, seuls de rares êtres humains ont des pouvoirs magiques et sont capables de s'en servir ; les sorciers, qu'ils soient de sang-pur ou de sang-mêlé. Les moldus ne sont donc pas de la même race que nous, même d'un point de vue purement génétique ; ce qui explique qu'un Sang-de-bourbe n'est en réalité qu'un simple moldu ayant trouvé le moyen de dérober sa magie à un sorcier. Un sorcier n'est pas qu'un humain possédant un patrimoine génétique particulier Miss, les sang-de-bourbe sont une race inférieure, méritant d'être classée au rang d'animaux, et non en tant qu'êtres humains. Vous me direz alors que les moldus peuvent entrevoir la magie, mais je vous répondrai qu'ils ne le peuvent qu'à condition d'être guidés, puisque sans cela ils passeraient à côté comme des aveugles tout simplement parce que notre monde n'est pas le leur. »

La partie génétique était faite. Place à la seconde partie désormais. Lentement, la Rowle recula sa chaise et se leva tranquillement.

« Même l'Histoire le démontre Miss, il suffit d'ouvrir les yeux et de faire preuve de bon sens. Les moldus ont toujours eu peur de nous et nous considéraient comme une espèce à éradiquer lorsqu'ils avaient connaissance de notre existence. Déjà dans l'Antiquité, au cœur de l'Egypte Ancienne, les moldus qui vivaient alors aux côtés des sorciers, se mirent à maltraiter ces derniers. Une entente entre les moldus et les sorciers est tout impossible et une telle alliance est contre-nature. Pourquoi pensez-vous que Poudlard a été construite par les quatre fondateurs il y a plus de mille ans ? Parce qu'ils y ont été contraints puisque la méfiance des Moldus pour les sorciers grandissait déjà et c'est dès lors que Le Monde Magique a commencé à se retirer et se cacher véritablement du Monde Moldu. Malheureusement, cela n'a pas suffit puisqu'au 13e siècle, commence une véritable chasse aux sorciers. De nombreux sorcières et sorciers ont été traqués et brûlés vifs tout simplement parce que les Moldus avaient peur de la magie et refusaient de la reconnaître. Rappelez-vous de vos cours d'Histoire de la Magie Miss, avec le cas de Gwendolin la Fantasque qui a été condamnée 47 fois au bûcher et qui survivait grâce au sortilège de Gèle-Flamme. »

Du pragmatisme, pur et dur. Des faits historiques des plus objectifs et réalistes afin de souligner la véracité des propos tenus. Non, elle ne mentait pas. Tout ceci - et bien plus - s'était véritablement passé.

« Vous n'êtes toujours pas convaincue ? Alors poursuivons, bien que je déteste véritablement à avoir à justifier mes opinions personnelles... Mais après tout, si cela peut vous permettre d'ouvrir les yeux et de comprendre que le Monde Moldu et le Monde Magique ne peuvent objectivement pas coexister... Avec l'arrivée de la Renaissance dans les années 1400, le fossé entre les deux cultures s'est encore un peu plus élargi, chacun s'émancipant de manière indépendante. Néanmoins, beaucoup de Moldus en viennent à persécuter une fois de plus les sorciers, tentant d'exploiter la magie afin de servir leurs propres intérêts ! Toutefois, cette période n'était rien face à ce qu'il s'est passé dans les années 1600 puisque les persécutions sorcières pullulent plongeant la Communauté Magique dans une crise très sombre. La population sorcière menacée, les gouvernements du Monde Magique se rencontrent, discutent pendant sept semaines et promulguent alors le Code International du secret magique en 1689, qui sera appliqué dès 1692. A partir de là, notre civilisation a été obligée, afin de pouvoir vivre en paix, de maintenir sa communauté dans le secret par exemple en dissimulant le Quiddicth, ou encore les dragons puisqu'en 1750, la clause 73 a été ajouté au Code, stipulant que chaque Ministère de la magie de chaque pays doit cacher les créatures magiques vivant sur son territoire. Se cacher pour survivre, la restriction de l'usage de la magie chez les sorciers de premier cycle, l'obligation de s'habiller en " moldus " en dehors de notre monde... Est-ce-là une vie, Miss Hook ? Pensez-y et soyez honnête avec vous-même. C'est en disparaissant aux yeux des moldus que notre civilisation a pu se redresser et survivre. C'est en nous effaçant que la Magie a pu être conservée, devenant aux yeux des moldus, une simple légende. »

Lentement, la Rowle se rapprocha du lit de la patiente, tenant un petit fascicule rose dans la main. Le rôle lui allait à merveille, le jeu d'acteur était superbe. Était-elle convaincue par les idées qu'elle énonçait ? Personne n'aurait pu en douter un seul instant. L'Histoire de la Magie... Une matière qu'elle avait toujours haïe et négligée lors de ses examens, la jugeant des plus rébarbatives, mais que son père l'avait forcée à étudiée - du moins les parties se rapportant aux liens houleux entre sorciers et moldus - après la mort de sa mère. A force de répétition, de bourrage de crâne, Cassidy était parvenue - contrainte et forcée - à assimiler les idées extrémistes promulguées par les pro-purs, et à les faire siennes... En apparence.

« Salazar Serpentard, en construisant la Chambre des Secrets au sein de l'école afin de protéger la sorcellerie, ne cherchait qu'à permettre à notre Monde de survivre. Pourquoi devrions-nous accepter au sein de notre monde, les enfants dont les parents appartiennent à cette race qui nous a tant traqué et forcé à nous dissimuler au grand jour ? Comment voudriez-vous que nous puissions vivre paisiblement avec les moldus ? Regardez leur façon de comprendre le monde... Leur façon de penser n'est pas la nôtre tout simplement parce qu'ils se réfèrent aux limites déterminées par les lois physiques moldues gouvernant leur monde, sur lesquelles se base leur énergie ; l'électricité, dont dépend la... - comment cela s’appelait-il déjà ? - La... ah oui, la technologie. Cette dernière n'est qu'un substitut médiocre de notre propre énergie que nous générons nous-même : la magie, venant convertir l'énergie en matière ou l'inverse. En exploitant les ressources de notre planète pour leurs propres besoins - sans aucune considération pour l'avenir -, ils contribuent à la détruire progressivement, alors que nous, sorciers, nous préservons notre monde de tout cela. Ces lois scientifiques sur lesquelles ils se basent ne sont que secondaires dans notre monde où l'intention - qui vient en premier -, la concentration de la puissance et celle de l'esprit, sont la véritable clé de notre fonctionnement. Les meilleurs sorciers ayant existé sont ceux étant parvenus à contrôler leurs émotions et sachant exactement ce qu'ils voulaient. Nous vivons dans deux mondes trop différents pour pouvoir établir des relations correctes. »

Debout aux côtés de la Verte et Argent, déposa la brochure rose sur les jambes de la sorcière alitée et croisa les bras, la fixant d'un air impénétrable.

« Inutile de répliquer Miss Hook, prenez juste la peine d'écouter. Observez-les se lancer dans des luttes sans merci à la moindre occasion. Pourriez-vous m'assurer que leur nature foncièrement dominatrice et profiteuse ne les incitera pas à se débarrasser de ceux qui disposent de pouvoir supérieurs, ou de les réduire en esclavage les contraignant par je ne sais quel moyen de servir leurs intérêts ? Non. Vous ne le pouvez pas. Désormais c'est la guerre Miss Hook. Asservir ou être asservis, il faut faire un choix. Les moldus s'ouvrent sur le monde, tandis que nous nous refermons sur le nôtre de plus en plus, et cela ne peut plus durer. Les Sang-de-Bourbe n'ont pas leur place dans notre monde, lisez donc cette brochure et soyez attentive aux cours du professeur Carrow... Vous grandirez d'un seul coup. »

Cette brochure... Celle de la Commission d'Enregistrement des nés-moldus qu'Ombrage lui avait remise lorsqu'elle était allée la voir sous l'apparence d'Octavius. Les Sang-de-Bourbe et les Dangers qu'ils représentent pour une société de Sang-Pur désireux de vivre en paix. Le titre aux lettres dorées scintillait de mille feux au dessus d'un dessin de rose rouge. Brochure produite à la chaîne, au niveau un du Ministère.

« Maintenant, reposez-vous. Je vous ai mis une bassine à côté du lit en cas de nausées. Le Poussos a tendance à provoquer de fortes douleurs lorsque les os se ressoudent entre eux. »

Alors que la jeune femme se détournait d'Abigail afin de rejoindre son bureau, la porte de l'infirmerie s'ouvrit sur un Gryffondor de troisième année, le nez en sang. Stopée dans son élan, Cassidy le dévisagea en soupirant. Déposant sa cape sur le bureau, elle se retourna ensuite vers le garçon, et demanda d'une voix lasse :

« Que vous est-il arrivé ?
- Je... J'ai glissé dans la douche Miss Rowle...
- La douche... Bien entendu. Continuez à me prendre pour une dinde, et je vous jure qu'il n'y aura pas que votre nez qui sera en sang. Allez vous installer sur un lit, Mrs Pasfresh est absente aujourd'hui, c'est moi qui la remplace. »
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