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[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue]

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Astrid Shafiq
Astrid Shafiq
APPRENTI(E)Filière enseignement
    APPRENTI(E)
    Filière enseignement
AVATAR : Kaya Scodelario
MESSAGES : 277
[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire.
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 1 octobre 1976
SANG: pur
[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] Empty
MessageSujet: [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] EmptySam 22 Juil 2017 - 0:19


Suite directe de l'évent Halloween par Absynthe. Comme précisée par elle, Rogue ne se trouve pas au château, donc je le prends en compte.

À demi-assise contre un mur de la grande salle, elle tenait fermement dans ses bras une gamine en pleure. La panique avait gagné la pièce en quelques secondes à peine, puis tout s'était stoppé très rapidement. Combien de temps est-ce que ça avait duré ? Cinq minutes, peut-être dix ? Astrid n'aurait pas su le définir. Encore profondément choquée par l'expérience qu'elle venait de vivre, elle se trouvait dans un état second, incapable de réfléchir correctement. Elle restait immobile, les yeux suivant les mouvements de la foule sans véritablement voir ce qu'il se passait. Elle aurait aimé pouvoir se lever, aider les individus qui se trouvaient encore au sol. Mieux, elle aurait aimé faire disparaître elle-même l'épouvantard, en utilisant les techniques qu'elle avait apprises durant ses cours au centre de formation. Pourtant, dans l'action, elle n'y avait même pas pensé. Elle avait seulement subi, comme tous les autres, jusqu'à ce qu'enfin, tout prît fin.

« Astrid, vous m'entendez ? émit une voix étrangement douce, tant elle la connaissait sévère et rude. Astrid, vous pouvez la lâcher, c'est terminé. »

Terminé ? Non, ça ne pouvait pas être terminé. Ce serait trop beau pour être vrai. En entendant la voix, contrairement à la directive du professeur de métamorphose, car c'était bien elle qui parlait, la mercenaire resserra son étreinte protectrice sur la première année, qui continuait de sangloter, le visage enfoui dans son cou. La sensation des perles salées qui dégringolaient sur sa peau, luisante de transpiration, avait quelque chose d'étrangement rassurant. Cette fillette, qu'elle n'avait jamais vue avant ce jour, dont elle ne connaissait même pas le nom, était devenu son unique repaire. Elle refusait de la lâcher, elle refusait de laisser quiconque l'approcher réellement, émettant d'étranges grognements menaçants. Elle s'était métamorphosée à nouveau en une lionne sauvage et dangereuse, se trouvant en danger avec sa petite, qu'elle refusait de laisser tomber entre les mains de braconniers voulant la lui arracher. Elle ne connaissait pas la petite poufsouffle qui se trouvait prisonnière de ses bras et pourtant, elle voulait la protéger comme une mère le ferait. Minerva le comprit très bien et ne s'approcha pas, empêchant les plus curieux de venir observer l'étrange scène, continuant de lui parler d'une voix douce, parvenant même à calmer la petite. Pourtant, elle eut l'impression que rien n'y faisait, l'apprentie ne bougeait pas, continuant d'observer la grande salle qui se vidait petit à petit, ses yeux recouverts d'un étrange voile. Plusieurs minutes passèrent ainsi, sans qu'elle réagit, jusqu'à ce que le professeur Flitwick arrivât vers eux. Il parla rapidement à Minerva, puis sortit sa baguette et l'agita en directement de la Shafiq.

Vous êtes-vous déjà retrouvé dans un état totalement second, presque hilare, alors que la situation ne s'y prêtait guère ? Si oui, alors vous comprendrez sans aucun doute ce qu'Astrid se retrouva à vivre sur le moment. Sans comprendre pourquoi, sa vision devint plus nette, puis un fou-rire incontrôlé la prit à la gorge. Il dura un moment, le temps qu'il fallut pour que, sans le remarquer, elle lâchât la demoiselle qu'elle tenait entre ses bras. Quand elle la libéra, Filius le fit pour elle, à son tour, de l'enchantement qu'il lui avait envoyé. Ce fut sans doute une erreur, tant Astrid se crispa sur le moment, avant d'essayer de se reculer comme si les deux professeurs étaient à eux seuls la pire vision d'horreur qu'elle pouvait imaginer. Elle ne put bien sûr aller bien loin, le mur derrière elle lui rappelant douloureusement sa présence, quand elle s'y cogna le coude gauche. Cette simple douleur, libératrice, parvint à la réveiller de sa semi-conscience. Bien que les images de son cauchemar éveillé restaient gravées dans sa rétine comme une image résiduelle ne voulant s'effacer, Astrid put enfin reconnaître les deux personnes qui se trouvaient proches d'elle. Elle posa ensuite un regard sur la grande salle et eut un hoquet d'horreur.

Elle avait l'impression de se retrouver quelques mois en arrière, durant une mission pour l'Ordre qui avait mal tourné. Évidemment, une majorité restait relativement sain, mais il y avait tout de même des blessés, aidaient par d'autres élèves ou un professeur ; il y avait des personnes qui pleuraient, certains essayant de cacher leurs larmes au mieux, d'autre les laissant à la vue de tous. Cette scène étrange, dans la Grande Salle, se superposa à une autre, avec des blessés également, des pleurs, un mort... Un champ de bataille en défaveur pour l'Ordre du Phénix. Sa respiration s'accéléra et elle tenta de se relever. Minerva voulut l'aider, mais elle se fit repousser par la sang-pure, qui lui lança un regard aussi colérique que sévère.

« Aidez les élèves au lieu de vous occuper de moi, dit-elle d'une voix beaucoup trop neutre.
Et vous ? demanda la femme. Qu'allez-vous faire ?
J'ai deux mots à dire à une personne en particulier. »

Sans écouter la réponse de la directrice de Gryffondor, l'étudiante de troisième année se dirigea vers la sortie. De sa position jusqu'à celle-ci, elle eut le temps d'observer, comme dans un songe, en détail, ce qu'il se passait. Elle passa à côté d'un élève qui se faisait relever par un autre, couvert de sueur et l'arcade ouverte. Elle passa à côté d'un groupe de filles qui prenaient la même direction qu'elle, aidant une camarade qui pleurait pour elle ne savait quelle raison. Elle passa également à côté d'Abigail Hook, les doigts complètement éclatés, tenant une première année de la même façon qu'elle l'avait fait avec la Poufsouffle. En temps normal, Astrid aurait aidé, mais elle ne le fit pas. Elle se contenta de passer à côté de toutes ses personnes et de continuer son chemin, sans jamais s'attarder. Certains lui lancèrent des regards, oscillant entre l'étonnement de la voir dans un tel état et un mépris non dissimulé. Elle ne les remarqua qu'à peine. Son regard était à nouveau voilé, mais ce n'était plus le même rideau qui brouillait sa vision. Le choc avait laissé place, définitivement, à une colère montante, agrémentée par l'adrénaline qui irradiait complètement ses veines. Elle essayait au mieux de se concentrer sur son objectif, ne pas réfléchir outre mesure, parce qu'elle savait ce qu'elle ferait, si c'était le cas. Ils étaient à porté. Elle pouvait facilement sortir sa baguette et lancer l'impardonnable à deux reprises sur les deux professeurs chargés de la discipline dans le château. Elle ne pouvait pas se le permettre pour autant, aussi elle préférait fuir, rapidement, l'enfer qu'avait été cette salle quelques minutes à peine seulement. Pourtant, il lui fallait un coupable. Elle en avait un besoin viscéral, alors elle sortit de la pièce et, devant les yeux de ceux qui restaient dans le couloir, elle commença à monter les marches à une allure aussi régulière que celle d'un robot ou d'une marionnette.

Il lui fallait un coupable et elle l'avait déjà trouvé ; Severus Rogue, le directeur de cette école... Enfin, si on pouvait appeler cela encore une école et non un institut de torture organisé. Venez à Poudlard, nous vous promettons mille tortures, jusqu'à ce que vous vouliez votre propre mort ! Après tout, nous sommes là pour ça, pour vous détruire psychologiquement, faire de vous de docile animaux bien obéissant ou vous pousser à l'extrême si vous vous montrez trop intelligent. Son propre cynisme lui arracha un éclat de rire, alors qu'elle se trouvait sur la première marche. Malgré son grain de folie, elle ne s'arrêta pas, sortant sa baguette pour métamorphoser son déguisement en ses vêtements habituels. Ses cheveux, broussailleux suite à sa mésaventure, reprirent également leurs teintes naturelles. L'expression de son visage, la coupe de cheveux, sa démarche lui donnaient un air dément, alors que ses pieds foulaient les dalles des escaliers qui la mèneraient à destination.

Après sa métamorphose, le prunellier s'alluma en un puissant lumos, éblouissant les tableaux qui rouspétèrent quand elle passa à côté d'eux. Elle n'y fit pas attention, continuant sa marche en ne gardant en tête que son objectif. Elle avait l'impression de se retrouver dans un monde parallèle, de ne plus véritablement être elle-même. Seule la colère guidait ses pas, les différentes actions qu'elle entreprenait n'ayant pour objectif que de retrouver l'homme qui, pour elle, devenait responsable de bien des choses. Après tout, n'était-ce pas lui qui avait pointé sa baguette sur Dumbledore ? N'était-il pas l'acteur principal de cette mascarade qu'était devenue cette école ? Même Salazar Serpentard devait se retourner dans sa tombe en voyant ce qu'était devenu ce qu'il avait construit de ses propres mains, avec l'aide des trois autres fondateurs ! La magie pulsait dans ses veines également, ne demandant qu'à sortir, essayant même de forcer le passage, de libérer la frustration, la colère, la haine, la rancœur, le désarroi de celle qui était sa maîtresse. Elle n'en pouvait plus et tout ce qu'elle avait entrepris de garder en elle, depuis le début de l'année, ne demandait qu'à sortir. Rogue serait la victime, il devait le devenir, comprendre ce qu'ils ressentaient, ce que les élèves vivaient. Devait-elle pointer sa baguette sur lui et lui faire subir les supplices que les Carrow infligeaient aux visages, si souriant dans un passé qui lui paraissait si lointain à présent, pour qu'il comprit enfin et décidât de faire quelque chose pour que ça s'arrêtât ? Elle ne le savait pas, n'arrivait même pas à véritablement réfléchir. Alors, elle se contentait de marcher, toujours à la même allure, ni trop vite, ni trop lentement, se dirigeant vers le bureau clôt du mangemort.

Elle y arriva bien plus rapidement qu'elle n'y avait pensé et, arrivée devant la gargouille, elle ne sut que faire, que dire. Elle voulait pénétrer dans ce foutu bureau, mais elle n'avait aucune idée du mot de passe, elle n'avait aucune idée de comment convaincre la statue de pierre de la laisser passer. Elle tenta bien de donner quelques mots de passe qui lui paraissaient probables, sans jamais trouver. Le gardien ne broncha pas une seule fois, se contentant d'attendre le bon, sans jamais qu'il arrivât. Potion, mangemort, seigneur des ténèbres, Serpentard, torture, poison... De nombreux termes qu'elle lança, jusqu'à finalement comprendre qu'elle ne parviendrait pas à l'ouvrir, qu'elle ne parviendrait pas à pénétrer l'antre de l'homme qu'elle voulait voir. Avec un désespoir non dissimulé, elle finit par se laisser aller contre un mur et, si une voix qu'elle connaissait bien ne l'avait pas interpellée, sans doute se serait-elle mise à pleurer de rage.

« Il n'est pas présent, Astrid » dit-elle, calme et bienveillante.

Astrid releva les yeux vers le tableau face à elle et arqua ses deux sourcils, tant la surprise la prit au dépourvu. Albus Dumbledore, les mains croisées dans le dos, la regardait avec son éternel regard pétillant de malice. La mercenaire se releva le plus rapidement qu'elle le put, risquant même de tomber tant son mouvement avait été maladroit. Elle se rattrapa de justesse et se redressa, avant de s'approcher rapidement du tableau.

« Professeur ! le cri de la femme fit sursauter plusieurs tableaux, qui grommelèrent dans leurs coins.
C'est bien moi, Astrid. Vous vouliez voir le professeur Rogue ?
Le... Professeur Rogue ?! Vous l'appelez encore professeur après ce qu'il vous a fait ?! Il ne mérite même pas son poste de directeur et j'ai bien l'intention de le lui dire, à cet enfoiré !
Et bien, reprit Albus d'une voix prudente, malgré que je ne porte pas ses actes dans mon cœur, il n'en reste pas moins le directeur de cette école, Miss Shafiq, ce qui prouve qu'il est bien professeur. Je comprends votre colère, mais pensez-vous qu'il y sera sensible ?
Sensible ? murmura Astrid, avant de reprendre dans un cri. Sensible ?! Oh, non, je ne suis pas si idiote que ça, Dumbledore. Il ne sera pas sensible à ma colère, il sera sensible aux supplices que les élèves vivent dans ce que vous osez encore appeler une école !
Est-ce vraiment ce que vous voulez, Astrid ? la question surprit la jeune femme. Voulez-vous vraiment devenir ce que vous combattez ? Si vous allez le retrouver, si vous le torturez, vous ne vaudrez pas mieux qu'eux.
Comment osez-vous..? Je ne suis pas eux ! Je ne demande que justice !
Non, miss... Vous ne demandez pas justice. Vous demandez vengeance, exactement comme un jeune garçon, à une époque, qui répondait au nom de Tom. Le vieil homme, dans sa peinture, soupira. Il visite souvent la réserve, vous pourriez l'y retrouver ou il s'y rendra certainement quand il rentrera. J'espère, miss Shafiq, que vous serez plus intelligente que Tom. »

Sous le regard d'incompréhension de l'apprentie, le professeur se détourna et passa dans un autre tableau. Astrid ne chercha pas à le suivre, se rappelant simplement des dernières paroles indicatives qu'il lui avait donné. Alors, au pas de course, elle emprunta plusieurs couloirs, ainsi qu'un passage secret, jusqu'à arriver devant la bibliothèque de l'école. Sans trop de mal, elle parvint à l'ouvrir et, après avoir refermé la porte, se rendit directement dans la section où elle pourrait éventuellement trouver Severus. Malheureusement, il n'y avait personne. La réserve était totalement vide. Avec un soupir, elle finit par s'asseoir sur une chaise qui grinça, avant de devenir totalement immobile. Dans l'ombre, statue de cire perdue dans un musée de livres morbides, elle attendit, sa baguette en main. Ce fut long. Extrêmement, irrémédiablement, insupportablement long, mais, après plus d'une heure à rester totalement inerte, le destin la récompensa. Les gestes étaient discrets, mais le silence de mort qui régnait dans l'antre trompa la personne qui venait d'y pénétrer. Sa main se resserra sur sa baguette, mais, quand elle vit passer Rogue non loin de sa position, elle fut incapable de faire le moindre geste, incapable de lancer le moindre sortilège. L'envie était présence, un besoin viscéral, mais elle ne pouvait pas le faire. Elle n'y arrivait pas, les paroles du vieux sage qu'elle avait rencontré quelque temps plus tôt lui revenant en mémoire comme un coup-de-poing dans l'abdomen, l'empêchant d'agir. Pendant quelques secondes, son souffle fut totalement coupé, puis sa respiration, légèrement sifflante, reprit et elle sentit une perle de sueur dégringoler sur sa joue, alors qu'elle prenait la parole d'une voix beaucoup trop calme, beaucoup trop neutre.

« Vous tombez bien, professeur, j'ai à vous parler, dit-elle, sa baguette posée contre sa hanche, délaissée. J'ai à vous parler et il faut que vous m'écoutiez réellement, pour une fois. Une seule fois, dans votre vie. J'en demande pas plus. Un peu d'attention, parce que sinon, je vais complètement péter un câble, faire un double meurtre dans ce château et finir par devoir quitter le pays parce qu'on voudra ma peau. Vous vous en croyez capable ou je peux aller me faire foutre simplement et purement ? Auquel cas, je vais retrouver les Carrow et les assassiner maintenant. »

Sa voix était neutre, mais sérieuse et son regard, qu'elle posait sur le visage cireux de la personne, non loin de sa position, parlait pour elle. Elle disait l'entière vérité, ce qu'elle avait l'intention de faire ce qu'elle venait de dire, parce que Dumbledore avait raison. Si elle torturait Rogue, juste par vengeance, ça ne servirait à rien, mais si elle tuait les deux mangemorts, peut-être que les élèves pourraient avoir la paix pendant, au moins, quelques semaines. Ils seraient remplacés, bien évidemment, mais peut-être que la leçon serait comprise, qu'il ne fallait pas croire pouvoir s'en prendre aux enfants sans en payer le prix, un jour ou l'autre. Après tout, elle pouvait toujours demander à Kenneth de lui décrire ce qu'il se passait dans le château, même si elle se trouvait à l'autre bout de la planète et revenir achever le travail si le besoin s'en faisait sentir. Oui, elle y pensait réellement, c'était peut-être la solution pour protéger les étudiants.
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Severus Rogue
Severus Rogue
DIRECTEUR DE POUDLARDMangemort
    DIRECTEUR DE POUDLARD
    Mangemort
AVATAR : Alan Rickman
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[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Amoureux frustré de très longue date
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 9 janvier 1960, dans une petite ville moldue sans intérêt
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MessageSujet: Re: [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] EmptySam 22 Juil 2017 - 16:51

Certaines victoires avaient des goûts moins amères que d’autres, d’autant plus ces derniers temps où chaque petit geste, chaque parole prenait une importance si considérable que le vertige n’était jamais loin. Cependant, l’ivresse d’un succès ne produisait plus cette saveur d’autrefois, où le cœur s’emballait si fortement que tout le corps en frissonnait durant des jours. Ces ressentis, comme tout le reste, se trouvaient étouffés, comme assommés par une très lourde chape de plomb ne tolérant aucun appel d’air. Lorsqu’il transplana devant le château, aucun observateur n’aurait pu déceler en le directeur la moindre petite once de joie ou de satisfaction, ni même une baisse de la tension, globalement, dans son corps perpétuellement rigide. L’entrée dans le parc se fit d’un pas rapide et dur, le visage vide de toutes les émotions qu’on puisse imaginer, vide comme s’il n’avait jamais pu ressentir quoi que ce soit, en serait-ce qu’un peu de joie ou de colère. Un mort en marche. Le parc était vide, encore, pas un seul élève à venir y flâner, l’air était comme imprégné d’une certaine lourdeur, cette absence de gamins n’était pas ordinaire. Severus ralentit le pas, près du lac, regardant le château, entouré d’une légère brume matinale persistante, son regard noir balayant les tours de l’école puis ses alentours. Serait-ce sombrer dans la paranoïa de songer qu’il s’était encore produit quelque chose de néfaste ? De penser qu’un nouveau drame s’était joué, une pièce de plus, dans la lente agonie dont souffrait cette école ?

L’entrée dans le château renforça brutalement cette impression et il ne fallut que peu de temps pour comprendre ce qui s’était passé cette nuit… Une nouvelle fois, ses deux très chers et très estimés collègues mangemorts avaient fait du zèle… Les visages vides, la peur, la défiance, le recul involontaire de beaucoup, la tension des autres professeurs, c’était bel et bien un nouvel acte d’horreur qui s’était joué ici. Rogue n’était, pour beaucoup, qu’une ombre de plus, passant sans se faire voir, écoutant, observant, alors même que la colère montait comme un lent poison. Amycus et Alecto Carrow. Deux des mangemorts les mieux conditionnés et élevés dans la haine des moldus et des nés-moldus, incapables d’accomplir quoi que ce soit d’utile pour le Seigneur des Ténèbres mais assez bon pour venir terroriser des mioches dans une école, suffisamment cruels et sans scrupules pour prendre plaisir à s’en prendre, et surtout apprécier ça, à des gamins dont la majorité ne pouvaient pas se défendre. Ni n’osaient. La Marque des Ténèbres produisait son petit effet… Comment aucun de ces deux imbéciles ne parvenait-il à comprendre qu’instiller la terreur ne poussera qu’à plus de rébellion encore ? Une rébellion où des gamins tenteront vainement, et des plus mauvaises façons, de se défendre et donc de perdre leur santé mentale, voire leur vie. Ça ne pouvait plus durer.

En grimpant les escaliers, le directeur croisa d’autres élèves dans un état… peu… Pathétique. Et également sa collègue de Gryffondor, qui lui jeta un regard si meurtrier qu’il fut assez surpris qu’elle n’essaye pas de l’assassiner dans l’instant même. Il se prépara, main sur la baguette, mais elle passa son chemin, descendant les escaliers à une très bonne vitesse, pour son âge, puis disparaissant au début d’un couloir, plus loin. Encore un peu de patience, Minerva ! Quelques mois, un an tout au plus, et elle pourra venir l’affronter sans plus aucun frein, ce qui la soulagera sûrement d’un très grand poids. En attendant, ils avaient tous les deux beaucoup à faire. La suite du trajet fut courte, sans croiser d’autres de ses collègue ni même les Carrow, ce qui valait d’ailleurs beaucoup mieux pour eux. Il serait si dommage qu’il leur arrive, mettons, un accident, comme par exemple, glisser malencontreusement du haut de la Tour d’Astronomie et se briser la nuque des mètres plus bas. Même la bibliothèque était vide, enfin, pas tout à fait. Dans la Réserve, où il se rendit, la jeune Shafiq était assise dans un coin, aussi raide qu’une statue, tirant une tête que n’aurait pas renié le Baron Sanglant. Inutile de se demander ce qu’elle fichait ici, comme une condamnée attendant sa mise à mort.

– Vous tombez bien, professeur, j'ai à vous parler, dit-elle, sa baguette posée contre sa hanche, délaissée. J'ai à vous parler et il faut que vous m'écoutiez réellement, pour une fois. Une seule fois, dans votre vie. J'en demande pas plus. Un peu d'attention, parce que sinon, je vais complètement péter un câble, faire un double meurtre dans ce château et finir par devoir quitter le pays parce qu'on voudra ma peau. Vous vous en croyez capable ou je peux aller me faire foutre simplement et purement ? Auquel cas, je vais retrouver les Carrow et les assassiner maintenant.

Lui répondre « d’aller se faire foutre » pour qu’elle puisse se partir débarrasser des deux Carrows était délicieusement tentant, si tentant que Rogue faillit bien lui répondre ainsi, hélas, la raison le rattrapa bien vite. Bien que la mort de ces deux-là ne soit pas, et de très loin, un sujet qui le bouleverserait, il savait également qu’ils seraient aussitôt remplacés par d’autres mangemorts encore moins tendres. Beaucoup rêvaient d’être à leur place, beaucoup trop, quoi de plus drôle que de pouvoir conditionner dès l’enfance des mioches et en martyriser d’autres en totale impunité pour le plaisir ? Et cela ferait un mort de plus, en la personne de la petite Astrid, qui pourtant sera de bonne utilité lorsque leur serpent national se décidera à attaquer cette école pour y détruire Potter et ses alliés. Dommage, donc. C’est pourquoi Severus se contenta de s’accouder contre une des lourdes étagères, en la regardant, sa baguette dans une main, impassible. Deux fantômes dans la Réserve, cette école était devenue bien lugubre. Qui donc lui avait conseillé d’attendre ici ? Il se serait plutôt attendu, connaissant la demoiselle, qu’elle décide d’une sorte d’attentat contre la gargouille gardant l’entrée de son bureau.

– Vous devriez savoir que ce sera reculer pour mieux sauter, dit-il finalement. D’autres les remplaceront et vous-même serez morte avant de pouvoir revenir ici et renouveler vos petits exploits. A part une satisfaction temporaire, vous n’y gagnerez rien et les élèves non plus. Je ne m’attendais guère à ce que vous perdiez votre sang-froid si rapidement.

Bien que la sachant plutôt emportée, Rogue avait cru qu’elle saurait se contenir plus fermement et surtout longtemps, en arrivant dans ce château, qu’elle saurait s’appuyer à la fois sur ses acquis dû à l’Ordre du Phénix et ceux venant de son héritage familial. Or, il s’avérait que ce n’était pas le cas… Il attendit donc, qu’elle parte, bouge ou parle, qu’elle prouve ou non qu’elle était capable de mieux.
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Astrid Shafiq
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MessageSujet: Re: [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] EmptyDim 30 Juil 2017 - 22:35


Comment se portaient les élèves ? Comment se portait le château, en règle générale ? La question aurait pu traverser l'esprit d'Astrid, en temps normal, mais ce ne fut pas le cas, tant la demoiselle s'était elle-même enfermée dans son propre esprit, perdant la notion du temps, perdant pied, sombrant dans ses songes et oubliant la réalité. Le temps lui paraissait étrangement long et paradoxalement, elle avait l'impression qu'il était passé à une allure improbable quand elle entendit, enfin, un bruit dans la bibliothèque. Ce simple fait parvint à la réveiller totalement de son état comateux et sans même véritablement le remarquer, un spasme s'empara de son corps, avant qu'elle redevint totalement immobile. Severus se trouvait devant elle et, en temps normal, elle aurait suivi ses plans premiers, sans plus réfléchir. Le mangemort l'aurait peut-être vu venir, mais la réactivité d'Astrid restait excellente et, avec un soupçon de chance, elle serait parvenu à désarmer le mage noir avant même qu'il eût pu réagir. Elle n'en fit rien, oubliant ses envies de meurtre à son encontre, oubliant sa folie vengeresse lui promettant une torture digne d'un bourreau particulièrement dérangé. Elle a la place, elle émit quelques paroles, d'une voix morne, sans se rendre compte que ses yeux criaient la semi-folie dans laquelle elle commençait lentement à s'enfermer. Elle n'en pouvait plus de tout ce qui leur arrivait et, petit à petit, elle relâchait la pression, arrêtait de se battre contre elle-même. Le meurtre était toujours une solution, n'est-ce pas..?

« Vous tombez bien, professeur, j'ai à vous parler, commença-t-elle. J'ai à vous parler et il faut que vous m'écoutiez réellement, pour une fois. Une seule fois, dans votre vie. J'en demande pas plus. Un peu d'attention, parce que sinon, je vais complètement péter un câble, faire un double meurtre dans ce château et finir par devoir quitter le pays parce qu'on voudra ma peau. Vous vous en croyez capable ou je peux aller me faire foutre simplement et purement ? Auquel cas, je vais retrouver les Carrow et les assassiner maintenant. »

Oui, le meurtre était une belle solution et, intérieurement, égoïstement, stupidement, elle espérait que Rogue lui dît d'y aller, de les massacrer, qu'il n'en avait cure et qu'il ne la sauverait aucunement si elle se faisait retrouver, bien au contraire. Elle l'espéra, mais elle savait également que ce ne pouvait être une véritable solution. Pour elle, pour lui, pour le château. Elle devait continuer le combat, arriver à se réveiller et continuer de lutter. Pourtant, elle n'y parvenait pas, comme si son propre esprit se retrouvait cloisonner derrière les barreaux d'une cage bien trop solide pour elle. Elle voyait la clef, qui était quasiment atteignable, sans pour autant pouvoir véritablement l'attraper. Peut-être avait-elle besoin d'aide, finalement ? À trop vouloir jouer les cavaliers seuls, il arrivait parfois que l'on se perdît dans les méandres de l'obscurantisme sans trop savoir comment en sortir, ne comprenant pas quand, ni comment l'on n'y est entré. Elle avait voulu jouer un rôle dans ce nouveau monde, autant pour assurer ses propres arrières que pour essayer d'aider les élèves, mais elle venait d'être à nouveau confronté à son incompétence notoire à ce dernier point, ce qui la ramenait involontairement au premier : quand avait-elle cessé de jouer un rôle pour apprécier sa condition d'aimable bourreau auprès de rares élèves ou encore de femme – au physique d'adolescente – crainte par les autres ? La question méritait que l'on s'y attardât, pensait-elle, mais Severus la ramena à la réalité quand il prit la parole. Il s'était installé non loin de sa position, appuyé contre un meuble et l'observait, alors qu'elle-même avait baissé les yeux dans une attitude piteuse sans s'en rendre compte.

« Vous devriez savoir que ce sera reculer pour mieux sauter, dit-il.D’autres les remplaceront et vous-même serez morte avant de pouvoir revenir ici et renouveler vos petits exploits. À part une satisfaction temporaire, vous n’y gagnerez rien et les élèves non plus. Je ne m’attendais guère à ce que vous perdiez votre sang-froid si rapidement. »

Ses paroles raisonnèrent étrangement aux oreilles de la Shafiq. Elle releva les yeux vers lui, alors que ses cheveux passaient de leur couleur naturelle, à savoir le châtain, à un blanc-gris étrange. En réalité, c'était synonyme de sa déception, mais parvenant à contrôler un minimum son don, elle avait la faculté d'éviter les changements involontaires. Du moins, c'était le cas, avant cette date, visiblement, car elle ne le voulut aucunement, ne le remarqua même pas sur le coup. Non, elle releva les yeux vers le directeur, son visage n'ayant pas véritablement changé d'expression, malgré une curiosité lisible dans son regard. Le ton de l'homme était neutre, loin d'être acide, ou même menaçant, comme elle aurait pu s'y attendre, sachant qu'elle parlait tout de même d'assassiner deux mangemorts. La fatigue ne devait pas aider, autant pour l'un que pour l'autre, mais il était notable que, si aucun des deux ne pouvaient savoir où cette conversation allait les mener, elle restait cordiale et partait même sur un bon pied. Avec un léger soupir, Astrid se redressa légèrement.

« Il n'y a rien que l'on puisse faire ? demanda-t-elle. Je suis conscience que les assassiner, c'est idiot, vous avez raison, mais... il n'y a aucun moyen de les freiner ? D'éviter qu'ils continuent leur mascarade ? Ils ont lancé un épouvantard dans une salle remplie d'élèves, ce soir – ou hier, je ne sais plus trop – et je sais qu'en soi, un épouvantard n'est pas la pire créature des ténèbres qui existent, mais... Elle secoua légèrement la tête et prit une profonde inspiration, avant de continuer. Ce sont des enfants. Ils y avaient des élèves qui ne savaient même pas se défendre dans le lot. Sans compter, évidemment et j'en suis témoin, car j'ai été attaquée par la créature, la honte sinueuse que les élèves touchés peuvent maintenant ressentir, car certains de leurs secrets les plus enfouis, les plus intimes, ont été révélé à une pièce remplie de personnes qui vont s'empresser de le raconter à leur entourage. »

Elle ne savait pas vraiment si ce qu'elle racontait avait véritablement un sens, mais ça faisait du bien, alors elle s'était lâchée et priait maintenant pour que l'homme face à elle fît quelque chose pour, si ce n'était les arrêter, au moins poser des limites claires et précises avec eux. Un détail, qu'avaient dit les Carrow avant de lancer l'abomination, lui revint en tête et la métamorphomage reprit la parole dans la foulée.

« Ils ont dit que le ministère de la magie avait été d'accord, les inspecteurs également, pour leur... surprise. J'imagine que vous n'aimez pas ce genre de... fête ? Rassemblement ? Mais peut-être que si vous étiez présent, ils éviteraient ce genre de démonstration ? »

Oui, peut-être. Peut-être, encore. Toujours. Seulement des peut-êtres, parce que la harpie ne savait pas vraiment si c'était le cas, si la seule présence du directeur les arrêterait, même si elle l'espérait franchement. C'était pour ces peut-êtres qu'elle espérait franchement que le Maître des Potions écoutait ce qu'elle disait et en prendrait note, peut-être même y réfléchirait. Enfin, et seulement après cela, elle se décida de répondre à la dernière remarque de l'ancien espion de l'Ordre, prenant la parole d'une voix qui s'éteignit progressivement à mesure que les mots arrivaient.

« Je ne m'attendais guère à le perdre si rapidement moi-même. Je ne suis visiblement pas faite pour ça. J'ai pris plaisir à donner des cours, même s'ils étaient loin, très loin de ce qui était prévu quand j'ai voulu enseigner la défense, mais regarder les Carrow agir impunément comme si le château entier leur appartenait... C'est insupportable. Je suis faite pour l'action, j'imagine, pas pour la patience. Une pauvre Gryffondor comme des centaines d'autres. »

Elle émit un léger rire de la gorge, plus amer que véritablement amusé. Elle se redressa totalement ensuite, se levant de son assise et rangeant sa baguette dans son holster, avant de rouler les épaules, une douleur lancinante venant perturber certains de leurs mouvements. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle remarqua que le jour commençait à se lever et que la pièce commençait lentement à baigner dans une atmosphère à demi-éclairée, lui donnant un air plus sinistre que véritablement apaisant. Elle secoua la tête en grimaçant et posa à nouveau ses yeux bichromes sur Severus, puis reprit la parole après s'être étirée à la manière d'un félin, en allongeant au maximum ses membres, tirant même sur ses bras.

« Ce que je vais dire est stupide, mais je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça à vous. Je devrais vous considérer comme un ennemi à abattre et au lieu de ça, je me retrouve à vous parler comme si vous étiez mon confident ; ce qui n'est pas le cas, rassurez-vous ! Je suis affligeante. »

Son dernier mot fut balançait avec un cynisme à toute épreuve, une touche d'humour qui n'avait absolument pas sa place ici. Devenait-elle complètement inconsciente ? Oui et non, d'une certaine façon : après tout, inconsciente disait certains, téméraire disait d'autres ou encore courageuse, pour les plus respectueux. Le résultat restait le même.
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Severus Rogue
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[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Amoureux frustré de très longue date
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 9 janvier 1960, dans une petite ville moldue sans intérêt
SANG: mêlé
[1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] Empty
MessageSujet: Re: [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] [1 Novembre 1997] Le Prix de la Peur [feat Severus Rogue] EmptyVen 1 Sep 2017 - 12:42

Une légère odeur de poussière flottait dans la pièce, maintenant très familière, le calme semblait plus marqué que d’ordinaire ou comme dans le reste de la bibliothèque. Rogue contempla Astrid d’un air parfaitement impassible, son regard très noir teintée d’une touche imperceptible de déception et d’agacement. Elle craquait donc, elle aussi… Fallait-il que les membres de l’Ordre tombent un par un, baissant les bras devant ce qui leur semblait être une trop lourde adversité ? Il fallait dire, également, qu’il était bien brillant d’avoir repris à la virgule près un modèle ayant déjà prouvé, par le passé, son efficacité redoutable, tout particulièrement lorsqu’il s’agissait de décimer les membres de l’Ordre et démoraliser les survivants. Les principes et la Morale, c’était bien beau, sauf lorsque cela vous affaiblissement inutilement. Voilà bien une preuve de plus, avec Astrid, il n’aurait pourtant pas cru la voir ainsi aussi vite, ne contrôlant plus son don, ses cheveux passant du châtains au gris-blanc sans qu’elle ne s’en soucie. Ou même sans qu’elle ne le remarque, qui sait. Il croisa son regard lorsqu’elle daigna relever la tête, lui rendant un air impassible, sans émotions particulières. Debout, enfin ! Où était la Gryffondor, en elle, définitivement morte et enterrée ? Après si peu de temps ? Même lorsqu’elle se redressa un peu, il y vit comme un effort vain, tant l’abandon était proche. Et dire qu’ils n’en étaient qu’au début de cette histoire de folie… Severus avait sous-estimé l’ampleur des dégâts moraux que pouvaient commettre les Carrow, visiblement.

– Il n'y a rien que l'on puisse faire ? demanda-t-elle. Je suis conscience que les assassiner, c'est idiot, vous avez raison, mais... il n'y a aucun moyen de les freiner ? D'éviter qu'ils continuent leur mascarade ? Ils ont lancé un épouvantard dans une salle remplie d'élèves, ce soir – ou hier, je ne sais plus trop – et je sais qu'en soi, un épouvantard n'est pas la pire créature des ténèbres qui existent, mais… Ce sont des enfants. Ils y avaient des élèves qui ne savaient même pas se défendre dans le lot. Sans compter, évidemment et j'en suis témoin, car j'ai été attaquée par la créature, la honte sinueuse que les élèves touchés peuvent maintenant ressentir, car certains de leurs secrets les plus enfouis, les plus intimes, ont été révélé à une pièce remplie de personnes qui vont s'empresser de le raconter à leur entourage.

Le directeur s’était attendue à ce qu’elle raconte une torture en bonne et due forme, des sorts de magie noire, le sortilège Doloris également, et il ne savait quoi encore, mais pas… Un simple épouvantard ? Qui aurait pu ne pas se défendre mis à part des élèves de première et deuxième année ? N’y avait-il donc aucun élève de plus de treize ans qui aurait pu faire disparaître la créature ?! Sérieusement ? Et elle-même ? Membre de l’Ordre, apprentie en magie noire, pourtant entraînée, elle avait plié devant ça, elle aussi ? Même s’il resta parfaitement impassible extérieurement, c’était une toute autre affaire intérieurement. Un simple épouvantard… Le niveau avait-il donc baisé à ce point ? Ou bien la peur et la fatigue étaient-ils si fortes que des créatures si basiques parvenaient à démolir autant le moral et la force des élèves, pourtant aptes, pour beaucoup, à se défendre contre plus puissant que cela ? Si les Carrow les avait bel et bien réduits à ça, Rogue avait effectivement très gravement sous-estimé la situation. Et si écarter les Carrow n’était pas une solution, que restait-il d’autres… Il avait bien une idée, efin, celle-ci pourrait faire autant de mal que de bien, étant donné l’atmopshère de peur dans ce château. Tss, Dumbledore devait s’en retourner dans sa tombe.

– Ils ont dit que le ministère de la magie avait été d'accord, les inspecteurs également, pour leur... surprise. J'imagine que vous n'aimez pas ce genre de... fête ? Rassemblement ? Mais peut-être que si vous étiez présent, ils éviteraient ce genre de démonstration ?

– Peut-être.

N’ayant pas beaucoup côtoyé les Carrow, que ce soit le frère ou la sœur, Rogue ignorait si sa présence suffirait effectivement à les contraindre d’arrêter leurs conneries, tout dépendait de leur peur ou le respect qu’il pouvait leur inspirer. Ils n’avaient adressé la parole aux deux que quelques rares fois, et le seul jour où Alecto était venue d’elle-même parler d’un problème avec ses classes, il l’avait envoyée balader sans l’écouter, n’ayant pas de temps à perdre avec les pleurnicheries d’une moins que rien. Lèvres un peu pincées, il ne quitta pas sa position et ne dit rien de plus, lorsque la petite ajouta qu’elle n’en pouvait plus de simplement regarder les Carrow agir et qu’elle n’était pas faite pour la patience. Gryffondor, hein ? Pour le moment, ce n’était pas flagrant. Il ne voulait pas qu’elle fonce bêtement dans le tas, soit, mais rester les bras croisés à attendre n’était pas non plus une solution ! D’un coup, il eut presque envie de la secouer, lui rappeler qui elle était et ce qu’elle avait fait ces dernières années, lui redire pourquoi et pour qui elle se battait. Comptait-elle se laisser couler sans plus réagir ? Il espérait que non… Enfin, néanmoins, elle se secoua, s’étirant longuement et se redressant enfin, plutôt que de rester avachie sur une chaise avec la même tête que si elle comptait se suicider. Si tous les membres de l’Ordre était dans le même état, leur résistance devait être particulièrement belle. Et pourtant, se laisser aller était idiot. Personne n’avait demandé à vivre ce temps, mais c’était ainsi, il fallait suivre le mouvement ou bien mourir.

– Ce que je vais dire est stupide, mais je ne sais même pas pourquoi je vous raconte ça à vous. Je devrais vous considérer comme un ennemi à abattre et au lieu de ça, je me retrouve à vous parler comme si vous étiez mon confident ; ce qui n'est pas le cas, rassurez-vous ! Je suis affligeante.

– Et donc ? Que voulez-vous, concrètement ? Que j’aille dire aux Carrow que ce qu’ils font n’est pas bien ? Ce serait tout aussi inutile que le reste, car c’est bel et bien le Ministère qui veut cela. J’osais croire que toutes les personnes de plus de treize ou quatorze ans savaient se défendre un minimum, mais puisque ce n’est pas le cas… Le but est de leur renforcer le corps et l’esprit, qu’ils sachent se défendre dans n’importe quelle situation et garder la tête haute. De savoir combattre leur peur pour devenir des sorciers dignes de ce nom et chasser la faiblesse. Je vais devoir m’en mêler.

Il aurait dû lui dire dès le début d’aller se faire foutre et la regarder partir se battre contre les Carrow, enfin soit… Il les avait sous-estimé… Si les élèves en arrivaient à ce point, c’est qu’il n’y avait pas assez veillé, c’était une grave erreur. Très bien. Rogue se détacha du coin du meuble où il s’était appuyé puis fit quelques pas dans la réserver, récupérant d’abord le livre qu’il était venu chercher, puis se tourna à nouveau vers la petite. Tout à coup, elle lui parut plus faible, plus fragile, la fatigue lui creusait les traits et son regard avait perdu l’animation d’autrefois, qu’il lui avait connu dans l’Ordre. A vous désespérer. Pourtant, même pour les personnes les plus touchées au monde, il existait des façons de les réveiller.

– Vous comptez rester à attendre encore longtemps ou bouger ?
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