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| (Septembre 1997) Oft evil will shall evil mar | MEREDITH | |
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Invité | Sujet: (Septembre 1997) Oft evil will shall evil mar | MEREDITH Ven 9 Sep 2016 - 20:09 | |
| DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 1997. Un pas et un second, une main qui survolait les tableaux maintes et maintes fois contemplés. D'une œillade parfois hâtive, elle était de la minorité à adresser un signe de la tête aux esquisses, coups de pinceaux qui marquaient les toiles de leurs couleurs fadasses. Les chuchotis des silhouettes représentées titillaient son attention, une curiosité insatiable qui faisait d'elle la seule audience des murmures ignorés. Immobile face à la paroi, c'était des regards d'incompréhension qui se posaient sur elle, toisant sa silhouette inanimée, son faciès gravé d'une indifférence qu'on lui connaissait. Comme figée, on passait à côté d'elle et ce n'était qu'un frisson qui lui faisait tendre chacun des membres, épiderme froissée par l'air doucereux que les errants laissaient derrière eux. En cette fin d'après-midi, peintures silencieuses et allures mornes des personnages plongeaient les allées dans un placide inquiétant. Depuis la rentrée, on étouffait les rires, on les laissait, là, coincés dans les gorges asséchées d'allégresse. Les prunelles avaient perdu de leur éclat, nitescence que l'on peinait désormais à discerner. Que l'on ne pouvait qu'effleurer d'un coup d'œil, le temps d'un instant avant que les despotes ne distinguent les véhémences qu'ils se plaisaient à annihiler. Viven étaient de ceux qui, pour l'instant, se tenaient à l'écart des partis formés. Une neutralité qui altérait sa personnalité, elle n'était plus de ceux à s'avancer pour condamner les impertinents, pour préserver les nargués. Un soupir, un énième, l'un des personnages du tableau fronça les sourcils comme pour montrer que sa présence n'était que peu appréciée. Pour autant, elle ne cilla pas et resta de marbre face au petit groupuscule qui s'était amené. Cadres après cadres alors qu'il était peu commun de voir les hommes, femmes et enfants réunis sur un même plateau, elle préféra les laisser à leur quelconque divertissement tandis qu'elle, vadrouillait dans les escaliers capricieux. Elle avait l'attention happée. Par ces conversations qui glissaient sur les pierres, des prénoms, des noms articulés dans un murmure assourdi et qu'elle notait. Gravés dans l'esprit, les discours filandreux creusaient un peu plus le tourment qu'elle déguisait en impassibilité. Viven avait cette mine qu'elle peignait aisément d'une froideur déstabilisante. Et pourtant, ses yeux ne pouvaient trahir ses pensées, ses prunelles claires, pénétrant les essences aussi bien que les autres pouvaient lire en elle dans des lorgnades d'imprudence. Ses pas la menaient, ici et là, évitant ces lieux où les omnipotents exerçaient avec malignité dans leur empire. Pourtant, son père lui avait dicté des ordres cristallins et n'avait pas cherché à égayer, masquer son intransigeance par des broderies métaphoriques. Dans la paume des seigneurs elle devait se loger, dans leur ombre, s'éterniser. Courber l'échine jusqu'à ce que la colonne vertébrale ne craque, jusqu'à ce que le pantin désarticulé qu'elle était devienne marionnette, automate assujetti et connaissant sa place dans la société sorcière actuelle. La flânerie l'emmena jusque dans la salle des trophées qu'elle dévisagea dans un signe de tête balayant l'horizon assombri. Lugubre et mélancolique, la pièce s'embellissait sous les faisceaux lumineux qui n'atteignaient néanmoins pas la totalité des vitrines où exposaient les prouesses d'étudiants passés. Derrière l'une des devantures de verre, la photographie animée, parmi des dizaines d'autres, d'une femme à la crinière ardente. Un sourire élégant et la stature d'une jeune fille irréprochable, la silhouette répondait autrefois au nom de Harriet Montrose, devenue plus tard Lensie. Désormais poussière, sa seule erreur n'était pas de celles que l'on pouvait effacer, corriger. Un hasard qui lui avait offert les dons pour pratiquer la magie alors que dans ses marbrures, le carmin insignifiant était pointé du doigt par ceux qui se plaisent à se définir comme les prééminents. « Ces foutus oppresseurs, ils... » Elle faisait flotter le bout de ses phalanges au-dessus du cristal, comme pour essayer d'atteindre le cliché qui l'avait autrefois rendu fière de sa mère. Un modèle, une image, elle était la maquette de ce que Vivan avait souhaité devenir, une sculpture qu'elle s'était efforcée d'imiter en se forgeant un caractère à l'instar de celui de défunte. « Non. C'est de ta faute. » qu'elle marmonna en se souvenant des paroles de son paternel. Elle l'avait mérité, c'était même une finalité inévitable, qu'il avait assuré. En ravalant sa salive, elle voulut croire que cela lui permettait à la fois de refréner l'acrimonie envers les impitoyables. Douce illusion qui l'apaisait. Duperie dans laquelle elle pensait pouvoir se perdre en trompant avec facilité le monde. Surtout celui des autres qui pouvaient, dès lors, la trouver cruelle et inhumaine. Et peut-être était-ce ainsi qu'elle devenait ? Peut-être que celle qui, débonnaire et compréhensive, venait en aide aux malheureux, allait prendre la place des tourmenteurs comme le réclamait son père ? Peut-être.
Dernière édition par Viven Lensie le Dim 20 Nov 2016 - 16:22, édité 1 fois |
| | | GRYFFONDOR5ème annéePréfèteModo Cœur de Lion AVATAR : Saoirse Ronan
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INFOS PERSONNAGE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire. DATE & LIEU DE NAISSANCE: 15 mars 1982, à Plymouth.SANG: mêlé | Sujet: Re: (Septembre 1997) Oft evil will shall evil mar | MEREDITH Dim 18 Sep 2016 - 22:30 | |
| Lassitude, peur, épuisement, solitude, douleur. Mélangez cela avec toute la violence et la hargne dont vous vous sentez capable, et vous pourrez observer l’intérieur de l’esprit de Meredith, en ce froid dimanche de septembre. Enfermée dans sa tourmente, la journée avait filé comme une flèche, terminant sa course dans la poitrine de la jeune Gryffondor qui s’était encore aujourd’hui battue avec sa conscience pour remporter une victoire bancale – symbolisée par des regards de haine et parfois, de plus en plus chez les enfants, de peur. Que faisait Neville ? Quand est-ce que sa charge allait enfin s’alléger ? Assise au fond d’un fauteuil du dortoir, elle ne cessait de faire tourner en boucle ces questions, comme des courants froids. Ses rencontres secrètes avec ses amis avaient beau se multiplier, elle peinait à trouver de quoi sourire.
Face à ces sombres perspectives, Meredith décida d’utiliser sa technique de redressement, qui se révélait indispensable ces jours-ci, quoique de moins en moins efficace : fermer bien fort les yeux, se rappeler de ses promesses, de ses présomptions sur sa force, et se convaincre de l’infini pouvoir des causes justes. Il suffisait pour elle de croire en son feu intérieur, à cette violence, cette hargne qui la possédait. Lentement, avec difficultés, ses douleurs s’effacèrent, et la magie opéra une nouvelle fois. Redressant le buste, fixant son port altier, elle se campa sur ses jambes, vérifia que son insigne et sa baguette étaient à sa place, puis prit le chemin des escaliers. La salle commune était bien remplie. Loin d’atténuer le brouhaha, son arrivée fit redoubler le bruit d’intensité, comme une provocation. A moins que ce ne soit le fruit de son imagination. Qu’importe. Elle devait les ignorer. Sans un seul écart dans sa trajectoire, droite et fière, la lionne franchit la marche et gagna les couloirs.
Une quête de solitude à Poudlard se solde rarement par un échec. Il existe toujours des petits recoins, des salles vides, des couloirs éloignés dans lesquels se réfugier. Cette fois pourtant, Meredith eut beau déployer toute sa science, elle ne put dénicher la perle qu’elle cherchait. Les couloirs étaient plutôt fréquentés à cette heure, mais pas bondés. Cela favorisait les rixes, et elle était sur ses gardes, bien qu’ignorant tous les signes d’hostilité qu’on lui adressait. Elle marchait vite et en silence. Elle déboucha sur une partie des escaliers qui, étrangement, était vide et silencieuse. Enfin, presque. Une petite forme progressait en contrebas, s’attardant sur quelques tableaux affligés, marchant sans conviction et l’esprit visiblement loin, très loin de Poudlard. La lionne s’arrêta net quand elle l’aperçut. Elle capta un éclatant reflet roux, qui miroita un instant, comme flottant dans l’air entre elles, avant de percuter son regard avec force. Sous l’impact, la jeune fille eut un pas de recul. Elle resta immobile pendant quelques secondes, doutant d’avoir été repérée. Puis, comme muée par un instinct ancestral, elle retira ses souliers, et descendit les marches en catimini, veillant à ne pas faire le moindre bruit.
Heureusement, la Poufsouffle semblait elle aussi éviter les lieux fréquentés. A la moindre présence autre que la sienne, Meredith, qui avait remis ses chaussures dès qu’elles avaient quitté les escaliers, prenait un air dur et fermé – the dont-talk-to-me face. Elles progressaient lentement, la blairelle visiblement errant sans véritable objectif, et la lionne poursuivant son inexplicable obsession. Elle faillit faire demi-tour à plusieurs reprises. Mais à chaque fois, une chaleur rousse la rappelait à l’ordre, la lumière déposait une parcelle de couleur sur le corps de la jeune femme, et le sortilège se renouvelait. Pourquoi ? elle n’aurait sur le dire. Mais cela était certainement lié au trouble qu’elle sentait poindre dans son ventre face aux apparitions de sa filature.
Quand la jaune pénétra dans la salle des trophées, Meredith hésita sur la démarche à suivre. Elle ne pouvait pas entrer sans se faire repérer, cependant elle n’avait aucune, mais alors strictement aucune envie de s’en aller. Elle voulait découvrir ce qui l’avait poussée à cette étrange comédie. Le plus intriguant était sûrement que la rouge ne savait absolument pas qui était cette personne. Pas la moindre idée. Elle devait être discrète au quotidien. Mais elle ne s’expliquait vraiment pas pourquoi ce jour-ci en particulier, son inconscient l’avait poussée à la remarquer. Un message subliminal ? Ou bien était-ce plus complexe encore ? Elle prit sa décision. D’un pas qui ne se voulait plus discret, elle approcha de la porte, la tension grandissant au fur et à mesure qu’elle approchait. A quelques mètres, elle hésita, mais ne se défila pas. Enfin, elle s’arrêta dans l’ouverture.
« Que fais-tu là ? »
Sa voix était chargée d’assurance et d’une pointe de menace. Meredith fut heureuse d’entendre qu’elle ne tremblait pas. Quelques seconde après l’avoir entendue, la Poufsouffle se retourna, et pour la première fois, Mery put la détailler de face, dans toute sa stature. Cette vision la cueillit comme un coup de poing. Belle. Elle était belle. Son corps était élégant. Son visage, harmonieux. Dans ses yeux, elle perçut une certaine tristesse, doublée d’une vive intelligence. Mais surtout, elle avait cette expression indéchiffrable, indéfinissable, d’un caractère fort, affirmé et subtil. La rouge peina à reprendre son souffle. Elle ne comprenait pourquoi brutalement cette sensation la frappait, comme si c’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un de beau. Elle avait cette impression indicible que celle qui lui faisait face rayonnait d’une lumière rouge ou violette, une aura presque discernable, et fascinante. Elle voulait s’approcher, et sentait son armure fondre comme neige au soleil. Non. Elle devait se reprendre. Froncer les sourcils. Avoir l’air méchant. L’air impatient. L’air … rien du tout. Elle ne parvint pas à se rappeler à l’ordre, et laissa son visage prendre pour une fois l’expression qu’il voulait. Et sur le coup, c’était un mélange d’hébètement et d’adoration, qui ne collait pas du tout avec l’image qu’elle s’était difficilement forgée au cours des derniers jours.
Qui était enfin cette sorcière qui la tuait ? |
| | | Invité | Sujet: Re: (Septembre 1997) Oft evil will shall evil mar | MEREDITH Lun 21 Nov 2016 - 22:03 | |
| Elle l'avait crié à qui voulait l'entendre. Elle l'avait hurlé, à la Mort elle-même, que le tas de cendres ne creusait aucun chagrin dans la poitrine qui, pourtant, lui faisait mal. Farouche, le palpitant se serrait à chaque fois que le mensonge était énoncé. Tromperies et fabulations, des histoires tissées pour se donner un rôle, pour se peindre d'une image qui n'était en premier lieu pas celle qu'elle était réellement. Et peu à peu, la représentation s'esquissait dans une réalité qu'elle avait pensé pouvoir manier. Elle avait cru être dans la possibilité d'endosser un jeu qui à priori paraissait enfantin, la fresque d'artifices qui désormais n'étaient que véracités, les boniments devenus indubitables. Un temps, lointain et dont les souvenirs étaient inhumés, ces derniers semblaient resurgir, parfois, à force de grattouiller sur la nostalgie qui trouvait plaisir à l'envahir de sentiments contraires. Viven, elle prétendait connaître ses positions, suivre ce que ses opinions lui dictaient et bien qu'elle préférait rester silencieuse, elle prenait parti aux côtés des infatués. Pourtant, sali était le vermillon qui naviguait dans ses marbrures violacées. Là était la contradiction, la disconvenance entre ce qu'elle incarnait aux yeux des méprisants et elle, leur courbant l'échine dans un engagement qu'elle s'imaginait véritable. Aveuglée par les paroles, aveuglée par le voile brodé de mots que le paternel avait choisi avec minutie, elle s'était donnée, corps et âme à une cause qui autrefois ne lui laissait qu'une saveur acariâtre dans le fond de la gorge. Le chuintement de la porte qui ne demandait qu'un petit d'huile sur les rouilles, la Poufsouffle releva le menton et il ne fallut qu'un court instant pour que ses interrogations soient satisfaites d'une réponse. En tournant la tête, elle aperçut une carrure féminine embusquée dans l'embrasure, là, immobile et le visage teinté d'une curiosité dans laquelle Viven se reconnaissait. Le corps sculpté dans l'adolescence, c'était une parure dorée qui venait modeler le haut du buste, les mèches de cheveux retombant sur les épaules qui lui semblaient discrètement tendues. Ou une vilaine impression d'être face à une allure méfiante, mais parée d'un intérêt pour la Poufsouffle. L'intonation se voulait intimidante, peut-être même pouvait on dire patibulaire. Aucun tremblement, pas même l'incertitude pendue aux bords des lèvres mais plutôt l'hésitation enclouée dans la jugulaire et déguisée par l'assurance. « Ce que je fais ? » qu'elle prononça, brisant le court instant qui s'était immiscé, ce dernier ayant instauré un lourd silence qui accentuait l'imprévisibilité dont Viven pouvait faire preuve. Déroutante, elle était de ceux qui pouvaient agir avec peu de préoccupations, de ceux qui face à ces égaux, avait cette ardeur d'affirmer une prépondérance avec laquelle elle se dénaturait. La septième année n'avait pas besoin de réfléchir. Pas besoin de se demander ce qu'elle pouvait répondre à une interrogation inattendue mais dont elle ne se souciait que peu compte tenu de l'interlocutrice, l'inconnue, la passante, la badaude qui s'était par un heureux hasard perdue dans une galerie pourtant peu fréquentée. L'autre, aux sourcils presque froncés, témérité non-dévoilée dans chacun de ses traits tandis que Viven, elle, observait. Les lippes scellées, le faciès à l'expression peinte d'une douceur, débonnaireté de l'expression où venait se confondre le contraste d'une mâchoire serrée, durcissant le masque porté. Comme une cuirasse à demi revêtue, l'on pouvait discerner ces deux personnalités qui se brutalisaient entres elles afin de chacun évincer l'autre. Fin mais tout de même cordial, elle esquissa un sourire. « Je suppose que, comme toi, j'étais partie en quête d'isolement le temps d'un instant. » En ouvrant grand les bras vers les poutres marbrées qui façonnaient la forme du plafond, elle avait relevé le menton et porté ses abysses sur l'architecture au-dessus de sa tête. Sans un mot, elle laissa une poignée de secondes s'inscrire dans leur moment de gloire, ces secondes que l'on pouvait aisément compter qu'elle laissait, là, couler dans le mutisme de la salle. « Tu entends ? » Il n'y avait rien à distinguer si ce n'était le sifflement d'une brise se faufilant dans la pièce. Les bras finalement croisés au niveau de son buste, elle rabaissa la tête au niveau de la jeune femme qui lui faisait face. « Mais soudainement, une voix vint perturber la tranquillité. » Aucun reproche, aucun blâme dans le ton, là était simplement un constat. Viven haussa les épaules, indifférente. « Les cartes me l'avaient dit, de toute façon. » qu'elle articula dans une voix enrouée qu'on lui attribuait toujours, et presque indiscernable était la lexie prononcée dans un souffle et qui pouvait paraître anormale pour ceux qui ne croyaient pas aux presciences, aux divinations. « Dans tous les cas, je m'excuse si je t'ai volé ton petit lieu de réclusion en solitaire. Bien que ce soit la première fois que je t'aperçoive, ici, alors que c'est souvent que j'y suis. » Finalement, soucieuse, songeuse et méditative, l'intérêt fut avivé. « Du coup, ça me semble logique que je demande à mon tour. Avec un petit plus. Que fais-tu ici ? Et qui es-tu ? Ton visage me parait familier. Mais je les confonds tous, en vois trop en une journée pour tous me les remémorer. » qu'elle énonça, à demi-sourire alors qu'elle tentait avec difficulté de traduire l'expression que l'inconnue affichait, Viven, quelque peu perturbée par le regard insistant qui la scrutait. |
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INFOS PERSONNAGE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire. DATE & LIEU DE NAISSANCE: 15 mars 1982, à Plymouth.SANG: mêlé | Sujet: Re: (Septembre 1997) Oft evil will shall evil mar | MEREDITH Mar 20 Déc 2016 - 16:27 | |
| « Je suppose que, comme toi, j'étais partie en quête d'isolement le temps d'un instant.»
Meredith avait le souffle coupé. Elle ne s’attendait pas du tout à un tel déferlement d’émotions, au milieu d’une journée aussi morne que celle-ci. Alors que la jeune femme ouvrait les bras en grand, comme pour embrasser les innombrables coupes et médailles, comme pour justifier sa présence ici, la lionne ne put s’empêcher de l’imaginer figée dans cette position, superbe, trônant dans la salle comme son plus précieux trophée, défiant le silence et éclipsant toutes les dorures par sa seule présence.
Respectueusement, elle ferma la porte, prenant garde à la soulever légèrement de ses gonds pour ne pas qu’elle grince. En effet, elle avait troublé le silence par son arrivée indiscrète. Mais elle devait être pardonnée – la curiosité avait effacé son discernement. Et maintenant, son cœur devait sûrement produire le pire des vacarmes, relayant la voix inquiète qui avait résonné quelques instants plus tôt. Prenant appui sur une armoire en bois ouvragé contenant des centaines de médailles du mérite, poussiéreuses et oubliées, elle s’abandonna à l’écoute de son interlocutrice. Cartes, divinations, prédictions, ce domaine parlait à la jeune rouge. Elle-même avait un certain don pour les oracles.
La voix rocailleuse et lente de la blairelle résonnait, ricochait contre les murs, et pénétrait les sens de Meredith. Elle se questionna à nouveau sur l’origine de ce trouble grandissant, et lentement, des images lui revinrent à l’esprit. Elle l’avait déjà vue, déjà remarquée, son regard s’était déjà attardé sur elle dans les couloirs, la voix fatiguée était déjà parvenue à ses oreilles. Mais maintenant qu’elles étaient face à face, c’était comme si tout prenait une ampleur insensée. Etrangement, Meredith sentait une magie forte émaner de l’objet de sa contemplation. Peut-être était-ce là l’explication à son emballement. Elle avait toujours été très sensible aux forts pouvoirs.
« Ne t’excuse pas. »
La voix n’avait été qu’un murmure presque inaudible dans la gorge de Mery. Une, non, deux questions. Étonnant, dans la mesure où l’époque était plus propice à l’ignorance qu’à l’intérêt. Mais tout cela devait être écrit dans les cartes, ce fut donc tout naturellement que la lionne répondit au sourire de sa camarade, avant de lui offrir ce qu’elle demandait, et au diable son personnage de méchante, elle pouvait bien l’oublier quelques minutes. C’était comme si la salle des Trophées, avec ses centaines d’armoires, absorbait les secrets et les engloutissait dans son obscurité et son silence.
« Je m’appelle Meredith. Meredith Breckenridge. »
Comment être plus exhaustif ? Elle ne savait pas quoi dire d’elle sans biaiser ses propos. Qu’importe son grade de préfète ou sa maison, ils étaient visibles sur sa robe. Qu’importe son âge et ses origines, ils n’avaient aucune importance dans la discussion. Que pouvait-elle partager sur sa personne, qui ne ferait pas fuir la jeune femme et sa flamme brûlante ?
« Il est normal qu’on ne se soit jamais croisées ici. J’y vais très rarement. Mais si les cartes avaient prédit cette rencontre, elle n’est certainement pas due au hasard. »
Pause. Inspiration.
« Je t’ai seulement vue errer, comme il est fréquent que j’erre, et j’ai été intriguée par … »
Par quoi ? Par sa chevelure éclatante ? Par sa démarche nonchalante mais néanmoins précise et gracieuse ? Par son éclat, comme seuls ceux qui n’ont pas l’intention d’être beaux le sont ? Toutes ces raisons, et aucune d’elles.
« … je ne sais pas. Peut-être l’ennui, troublé par une intuition fugace. Peut-être la salle des Trophées, rarement fréquentée en journée. Peut-être le soupçon d’un méfait. »
Pause. Inspiration. Expiration.
« Ou rien de tout cela. Pardonne-moi d’avoir brisé le calme. Comment t’appelles-tu ? »
La voix en fin de souffle se termina sur un feutre involontaire, témoin de la fatigue ou de l’émotion de la jeune femme. |
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