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[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir

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[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyDim 8 Jan 2017 - 19:54

Une nouvelle détonation se fit entendre et des bris de verre volèrent dans la pièce, se mélangeant aux suçacide que le feu-bocal à friandise contenait il y avait à peine quelques secondes. Les clients de chez Honeydukes étaient gardés prisonniers le temps de la fouille par les traqueurs et il fallait croire que les sorciers éprouvaient un malin plaisir à se donner en spectacle de la sorte. Derrière le comptoir, Mrs Flume, terrorisée, gardait près d'elle un gamin d'environ treize ans dont l'écusson rouge et or indiquait qu'il était étudiant à Poudlard. Les yeux larmoyants, la bouche tordue en une horrible grimace qui consistait à contenir sa peur et sa colère, la femme au tour de hanche plus qu'honorable geignait silencieusement en appliquant un morceau de son tablier là où un morceau de verre avait pénétré sa chair un peu plus tôt.

Un silence pesant planait sur l'ensemble de la boutique, souvent rompu par une explosion : s'ensuivaient alors des cris de surprise ou de douleur tandis que les "représentants de la loi" ricanaient et s’esclaffaient de se sentir aussi puissants. Les élèves les plus âgés pouvaient reconnaitre, parmi eux, un ex-jaune qu semblait s'amuser comme un fou puisqu'il affichait un air benêt et réjouit en admirant le travail de ses camarades. Ils ne devaient tous n'avoir guère plus de 20 ou 22 ans, 24 au maximum, mais il n'y avait plus rien d'étonnant à voir des jeunes gens rejoindre "les rangs" de Vous-Savez-Qui par les temps qui courraient. Aucun d'eux n'avaient le "privilège" d'avoir reçu la marque des ténèbres (leur sang n'était peut-être pas assez rouge encore et jamais le Lord n'accorderait son signe de reconnaissance à des moutons le suivant par crainte de représailles ou parce qu'un tatouage au bras gauche, ça faisait tellement badboy pour séduire les demoiselles), mais ils agissaient de façon tout aussi destructrice que les envoyés du Mage Noir. Voir plus. Il ne semblait y avoir aucune logique dans leur attaque, ils se contentaient de pulvériser le décor, lancer des sorts ci-et-là à des gamins terrorisés et glousser bêtement en répétant qu'ils avaient plutôt intérêt à ne pas cacher des Sang de Bourbes. Et tout ça aurait pu être drôle si une peur mordante n'étouffait pas le peu d'oxygène de la pièce : le benêt de tout à l'heure avait fait flamber la cape d'un élève du château qui avait réussi à s'en défaire avant de se mettre à l'abri et le vêtement un tiers consumé gisait au sol.

La femme aux cheveux bleus revint, tirant par le bras un homme rachitique qui la dépassait d'une demi tête et qui se trouvait être le propriétaire de la boutique de sucreries. Ambrosius Flume peinait à marcher seul, mais la rafleuse ne s'en formalisa pas et le poussa au devant d'elle pour le presser et l'homme tomba à terre. Elle ne semblait pas avoir d'âge : à la fois adolescente en raison de son visage de poupée, le maquillage de ses yeux en amande et les vêtements qu'elle arborait lui donnait tout au moins 25 ans. Il faisait peut-être froid dehors, mais le short en jean s'arrêtait à mi-cuisse, laissant voir bien plus que de raison sa peau cannelée d'avoir passé l'été à l'air libre. Vêtement étrangement combiné avec un pull noir et col roulé qui camouflait à peine trois papillons qui voletaient de son omoplate droite à sa mâchoire, sous le lobe de l'oreille. Les bottes cuissardes à talons plats remontaient aux genoux et lui donnait une étrange allure de cavalière, impression renforcée par la cape de voyage brune utilisée par les dresseurs d'Ethonans, en Irlande. Sur la pommette gauche, une tache brune semblable à un grain de beauté, et l'arc de Cupidon était fendu d'une fine cicatrice blanchâtre.
Loan fronça ses sourcils châtains en découvrant le spectacle qui s'offrait à ses yeux sombres. Après avoir juré à voix basse, elle pointa sa baguette en direction d'une autre femme qui tendait la sienne vers un garçon à la peau caramel dont le visage avait blêmit alors que son aînée avait pouffé en s'imaginant ce qu'elle allait pouvoir lui faire subir. Un jet aveuglant d'un rouge sang la frappa en pleine tête, la faisant basculer brutalement sur le côté, son épaule frappant le comptoir en un bruit sourd. La silhouette de la rafleuse s’effondra au sol, inconsciente, et celle aux cheveux bleus adressa un regard peu amène au garçon aux yeux cendres. En trois pas, elle fut devant lui et, bien qu'il le dépassait d'une bonne tête, Loan saisit le menton du jeune homme entre son pouce et son index pour le forcer à tourner la tête sur le côté gauche, l'ongle s'enfonçant dans la joue où une légère marque creuse laissait deviner que l'adolescence avait rimé avec acné pour lui. Un éclat de verre avait du le toucher un peu plus tôt au vue du sang qui coulait lentement sur sa joue, mais la plaie restait superficielle. Approchant son visage de celui du gamin, Loan lâcha un souffle acide et glacé, mâchoire serrées :

- Range ta baguette, gamin. Je ne voudrais pas avoir de problème avec Maman quand son petit garçon lui reviendra en pièces détachées... Un sourire sardonique et cruel fleurit alors sur sa bouche pâle de la jeune femme, faisant bouger l'anneau décorant sa lèvre inférieure.
Sans plus de cérémonie, elle le repoussa pour s'intéresser au corps immobile de sa collègue. Agacée, elle fit claquer sa langue avant de la désigner d'un geste évasif à un des hommes qui les accompagnait.
- Dégage-moi ça de là. Puis, vers les propriétaires de la boutique : Merci pour votre... coopération. Les rafleurs étaient entré dans la boutique en grande pompe, interdisant le moindre client à sortir. Devant la porte, un homme d'une cinquantaine d'année gisait, le bras en sang, simplement car il avait tenté de s'échapper à leur arrivée. Son gosse, lui, restait introuvable et devait gambader dans les rues de Pré-au-Lard. Enfin, il n'allait sûrement pas aller bien loin : les Détraqueurs sillonnaient le village qui devait être fouillé des caves aux greniers sur ordre du Ministère. Un informateur avait mentionné la présence de Résistants au village et des places leurs étaient réservées à Azkaban. Nous allons profiter de votre bonne volonté pour passer de petits interrogatoires. Cela ne vous dérange pas, j’espère... Que ça dérange ou non, Loan n'en avait rien à faire. Les ordres étaient les ordres. Elle ramena ses longs cheveux bleus vers l'arrière avant de diriger sa baguette sur une chaise qui s'avança derechef pour se placer face à elle. Finalement, elle fit signe au garçon de tout à l'heure de s'y installer. Sauf si tu veux que je t'aide, pour aller plus vite. Le haussement de sourcil fut suivit par un jeu de doigt sur sa propre hanche : la patience 'était pas son fort lorsqu'il fallait faire face à des ados. Debout devant le jeune homme, Loan l'obligeait ainsi à relever la tête pour lui répondre : sensation d'infériorité, de proie, il ne pouvait que facilement se plier à sa demande. Nom, prénom, sang, papier, niveau d'étude. Elle se pencha légèrement en avant, yeux en fente, langue jouant avec le piercing de sa lèvre. Qu'est ce que tu fous là et avec qui tu es venu, mon joli. Plus vite que ça.
L’œil sombre de la sorcière avisa un môme de onze ans à interroger à la suite et, dès que le Serdaigle eut répondu à ses questions et justifié ses papiers, elle enfonça sa baguette entre le pouce et l'index du garçon afin d'y laisser un cercle vide et une croix. La brûlure servirait à reconnaitre qui avait été interrogé et qui ne l'était pas.

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  310261itsok6
j'ai pas trouvé de regard moins aguicheur :/

Tandis que le garçon s'éloignait et que l'attention de la femme aux cheveux bleus et des autres rafleurs était accaparée par le morveux sur la chaise, Mr et Mrs Flume n'osaient bouger et apporter assistance à leurs clients.
- Elwyn...
Murmure à peine audible recouvert par les glapissements d'un des jeunes adultes qui ricanait en voyant le gamin tenté la résistance et refuser de donner son nom. Suivit alors un hurlement de douleur du mioche et le soupire agacé de la chef du groupe. Le garçon aux yeux cendres frôla la cachette d'Absynthe sans la voir, mais une main blanche agrippa alors son poignet à travers le rideau.
- Elwyn... Un souffle paniqué. Vite, viens. Les doigts blancs aux ongles argentés se mêlèrent à ceux du Serdaigle pour le tirer dans la cachette, effleurant ainsi la brûlure faite un peu plus tôt.
Dos à un chambranle de porte, Stevenson fit signe au garçon de garder le silence alors qu'elle remettait le drap en place, l'oeil guettant la scène qui avait l'atout de capter tous les regards. Une fois rassurée qu'on ne les ait pas remarqué, la couleuvre se concentra sur son camarade, le détaillant en silence. Les iris verte et or passèrent des égratignures sur l'une de ses mains de pianiste, la cape parsemée de sucre, le col défait et noirci à un endroit, l'éraflure sur la joue, la bouche entrouverte aux lèvres pleines, les yeux sombres légèrement tirés, les cheveux noirs relevés. Elle déglutit, jeta un œil dans la fente du rideau et inspira difficilement avant de se hausser sur la pointe des pieds pour glisser ses doigts dans la coiffure du garçon. Revenant à plat, elle regarda sa main couverte d'un mélange jaune et gluant.
- Crème canari ? chuchota Absynthe en relevant le visage vers celui de Miller. Tu as mis quoi dans tes cheveux ? questionna-t-elle alors en se rendant compte que ce n'était pas ça qui faisait tenir les mèches. Tu en avais aussi en botanique avec le Gérani... La demoiselle interrompit son chuchotement lorsque le gamin se mit à pleurer bruyamment. Fermant les yeux avec force, elle bloqua sa respiration et tenta de calmer les battement de son cœur. Non pas qu'être dans une cachette étroite la mettait mal à l'aise, elle avait d'autre jardin à degnomer pour le moment. Et puis, pour tout dire, elle préférait ne pas penser au "je suis caché dans un endroit petit et sombre avec Elwyn Miller". Autant ne pas accentuer la terreur qui naissait dans son ventre, puis elle espérait que, lui aussi, soit concentré sur leur survie. Elle n'avait cessé de le fuir depuis leur tête à tête non-voulu dans la forêt, avait souhaité lui envoyer une lettre réclamant des explications suite à la visite du Musée, abandonné l'idée de comprendre lorsqu'il avait intimé à Ruth de désinfecté la plaie d'Absynthe en botanique alors que cette dernière ce trouvait face à elle. Plus récemment, c'était Jane qui avait joué l'intermédiaire lorsqu'il avait noté une erreur de calcul dans les résultats de Bavboules. Aucun des deux ne souhaitaient renouer ou s'expliquer devant l'autre, ce qui mettait Doherty en grande joie. Du moins, Ruth n'avait pas cessé de lui rappeler à quel point son amie était de bonne humeur depuis qu'Absynthe ne venait plus se blottir contre le dos de Miller au détour d'un couloir.
Alors oui, c'était assez gênant de se retrouver comme ça. Oui, elle aurait pu le laisser passer devant elle et rejoindre trois autres étudiants qui s'étaient cachés derrière des tonneaux de fizwizbiz. Mais ils se trouvaient appuyés contre une porte close qui, si on regardait l'humidité au sol, avait un accès sur le dehors : ça devait être la porte de secours pour sortir les poubelles, d'où le rideau pour masquer la porte.
Un doigt devant la bouche, Absynthe actionna la poignée bloquée tout en regardant Elwyn droit dans les yeux. Comprenait-il ? Eux qui n'arrivaient pas à communiquer, ce serait une première... Puis, comme l'avait fait la femme aux cheveux bleus -mais plus délicatement-, la verte et or prit le menton de son camarade entre le pouce et l'index pour orienter son regard dans une autre direction : à trois mètres, par terre, une baguette de mélèze attendait sagement sa propriétaire. Stevenson attendit que les yeux fuligineux du Serdaigle reviennent sur elle pour tapoter sa lèvre inférieure de son index.

Bien évidemment, Elwyn n'avait sûrement jamais fait attention à cette baguette : elle l'avait acheté juste avant leur rencontre au musée et elle lui obéissait déjà bien plus, mais le bois de saule n'avait pas du tout la même coupe que celui qui contenait le crin de Sombral. Suite à cet achat, Absynthe ne s'était pas séparée de son autre baguette, la gardant "au cas où" dans sa chambre à Serpentard. Un éclat de voix provint de la pièce principale et la jeune fille observa le changement de victime. Une fille de Nuncabouc venait de prendre place sur la chaise. Au son d'une gifle, Charlie recula brusquement, yeux fermés et bouche pincée. Cette maison était vraiment une plaie. Elle ne comprenait pas pourquoi les né-moldus n'avaient tout simplement pas été invité à revenir à Poudlard : ils auraient, selon elle, moins souffert. Le traitement qu'infligeaient les Carrow n'étaient peut-être pas ce qui lui semblait le plus cruel au château. Depuis une semaine, un virus semblable à l'Angine moldu, la Diablotine du Croup, frappait Poudlard. Rapportée par les animaux domestiques au sein du château, elle était très contagieuse pour l'homme et les symptômes consistaient en de fortes fièvres, des toux semblable à l'aboiement d'un Croup et des démangeaisons dans la gorge. Fort heureusement pour elle, Madame Pomfresh avait rapidement répondu à la demande de sirop de la part des élèves. Sûrement que l'aide de l'apprentie potionniste, Cassidy Rowle, y était pour quelque chose. Absynthe avait eu la chance de bénéficier d'un flacon entier pour elle toute seule là où d'autres élèves ne faisant pas partie de la maison Serpentard n'en avaient pas au l'autorisation et devaient venir, matin et soir, prendre une cuillère du remède. Pire encore, les mauves et gris devaient absolument avoir un mot d'un des quatre directeur de maison signé par l'un des Carrow.

Un frisson parcourut le dos de la demoiselle qui ouvrit les yeux. Elle aurait du passer un peu plus de temps à écouter Jonas lui parler de balai de Quidditch au lieu de lui souhaiter au revoir et de venir chercher la commande d'Halloween chez Honeydukes. Essayant de ne pas trop bouger les coudes, la verte rajusta son écharpe émeraude qui électrisait ses cheveux bruns qu'elle n'avait pas pris le temps d'attacher. Ses gants étaient dans la poche de sa cape dont elle resserra un peu les pans en regrettant de ne pas avoir jeté un sortilège de chaleur à ses collants en laine de Boursouf Irlandais. Elle tira légèrement sur le bas de la jupe fourreau bordeaux en prenant bien garde à ce que la chemise noire n'en sorte pas. Se félicitant mentalement d'avoir pris des bottines sans talon -elle songeait à la course qu'il leurs faudrait faire pour rejoindre les diligences dès lors que l'interrogatoire serait passé-, Absynthe se mordilla les lèvres peintes en rouge. Cette Nuncabouc était hystérique : pourquoi ne pas donner son nom ? Le professeur Rogue avait été très clair, les rafleurs de Pré-au-Lard n'avait pas le droit de les tuer sur un contrôle d'identité.

- Pourquoi elle ne donne pas ses papiers... ? geignit la brune en se tournant vers Elwyn. Tu ... Les sourcils se froncèrent. Un autre murmure : Il faut qu'on te soigne ça, tu vas te vider de ton sang. Fouillant dans une poche de sa cape, elle retrouva sa petite sacoche en peau de moke où elle glissa la main pour en sortir des feuilles de plantain qu'elle gardait sur elle puisque Knight avait la griffe facile. Elle enfourna alors les plantes dans sa bouche avant de tirer sur la manche de sa chemise pour tamponner doucement autour de la plaie tout en mâchant. Un goût aigre se rependit sur sa langue, provoquant un haut-le-cœur qui la fit grimacer, puis elle retira la bouillie verte d'herbe et de salive pour l'appliquer sans prévenir sur la joue du garçon.
- C'est vraiment dégoûtant... Et, pour elle même, sourire et lèvres : "C'est goût crotte, héhé."
Le cataplasme ainsi posé, elle sortit un mouchoir en tissu de sa poche avant de le tendre à Elwyn afin qu'il l'applique sur sa joue. Appuyée contre le bois de la porte, elle le dévisagea en oscillant doucement la tête. Sûrement que ce n'était pas le moment pour se chamailler, mais la question lui brûlait les lèvres :
- A quoi tu penses ? souffla la jeune fille en plissant les paupières.


HJ:
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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyLun 23 Jan 2017 - 0:20

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Spiderweb-animated-gif-6

Une explosion dans son dos. Une pluie de débris de verre au-dessus de sa tête. Un mouvement de panique couvert par des cris et des pleurs. Un homme gisant dans son propre sang, le visage tordu par la douleur. Et comme pour parfaire ce tableau d’une petite touche ironique, une douce odeur acidulée de bonbons planait dans la boutique.


Je vais mourir. Je vais mourir. Je ne veux pas mourir. Je suis trop jeune.

Une peur sourde ébranlait son âme transformant son sang en lave et troublant sa vision. Il y avait du mouvement, des gens acculés par des sorciers en noir. Complètement déboussolé, le jeune homme ne savait absolument pas quoi faire. Ses conceptions du temps et de l’espace étaient totalement sens dessus dessous, il ne savait même plus où il se trouvait. C’était bien différent de tous les cours de défense contre les forces du mal auxquels il avait assisté, même l’épreuve face au basilic semblait être du pipi de chat en comparaison à ce qu’il vivait actuellement. Parce qu’il risquait d’être gravement blessé ou de mourir s’il prenait une mauvaise décision. Personne ne viendrait à son secours, pas de psychomages ou d’enseignants. Personne.

Plusieurs explosions s’étaient fait entendre, plus pour apeurer que blesser. Mais elles avaient eu l’effet escompté : un élan de panique durant lequel Elwyn s’était armé de sa baguette sans pour autant être en mesure de s’en servir. Un froid mordant s’infiltrait jusque dans ses os, des détraqueurs devaient faire des rondes à l’extérieur de la boutique. Le jeune homme se sentait emporté, tiré vers le bas de l’autre côté du miroir, là où tout est noir, tout est froid, tout est triste. Il ne devait surtout pas écouter les voix lointaines qui chantonnaient dans son esprit : « il est différent ». Le silence planait de nouveau à l’intérieur d’Honeydukes, mais dehors on entendait des détonations étouffées ainsi que des cris. Pourvu qu’aucun détraqueur ne vienne par ici, je ne veux pas, je ne suis pas prêt. Son corps entier était pris de tremblements incontrôlés qu’il essayait de dissimuler tant bien que mal.


Il saignait, mais ne sentait même pas le liquide poisseux courir jusqu’à son menton et gouter dans son col. Une seule idée occupait son esprit : survivre. Ses sens étaient étrangement aiguisés, mais ses réflexes étaient totalement endormis. Il regardait à droite et à gauche, sa baguette tremblante pointée sans conviction vers de potentiels ennemis. Il ne s’en était jamais servi contre quelqu’un d’autre, jamais pour blesser. Cette simple idée lui donnait la nausée. Il n’était clairement pas prêt à faire face au contexte actuel. Une baguette tenue par une femme était également pointée en direction de son cœur. Une vision fugitive traversa son esprit, l’image d’une demoiselle qui le menaçait dans la forêt, mais c’était bien différent. Il s’en rendait compte à présent, la conviction et l’envie de s’en servir n’y étaient pas à ce moment-là, alors qu’elles étaient bien présentes chez l’inconnu. Elle lui voulait du mal.

Je vais mourir. Comment j’ai pu en arriver là ? Il paraît que quand on meurt, on revit ses souvenirs du plus récent au plus ancien, je vais donc mourir ? C’était quoi déjà ? Pourquoi j’ai fait un détour chez Honeydukes ? Les souvenirs le frappèrent violemment et lui donnèrent des vertiges. Je ne veux pas.


Il était avec Stanley et Fay et marchait dans les ruelles l’esprit occupé par de nombreuses questions. Elwyn leur avait dit de partir devant, qu’il voulait acheter quelque chose et qu’il ne serait pas long. Ses amis avaient haussé les épaules et ils avaient continué leur route. La dernière image qu’il avait d’eux était Stanley hochant la tête submergé par le blabla incessant de Fay. Sa capacité à écouter, ou faire semblant d’écouter, sans jamais se lasser était impressionnante. Elwyn s’était dit qu’il aurait aimé être dans sa tête pour savoir ce qu’il s’y passait dans ces moments. Si son cerveau était en éveil ou en mort cérébral. De quoi parlait-elle, il n’arrivait pas à se souvenir, mais la vision de ses deux amis de dos enserrait son cœur. Il aurait dû partir avec eux, au diable sa mère, au diable son passé. Il aurait dû les rattraper et leur agripper fermement les épaules, maintenant il ne pourra pas leur dire combien ils sont précieux à ses yeux. Il est trop tard. Il aurait voulu dire à l’Elwyn de ses souvenirs sépia : n’entre pas dans cette boutique et ne fait pas ensuite un détour à Honeydukes pour acheter quelque chose à tes amis. Non, cours jusqu’à eux, maintenant…Fuis ! Bonjour, est-ce que vous pourriez analyser cette boîte à bijoux ? Elle refuse de s’ouvrir.


La femme qui le menaçait fut projetée contre le mur, probablement un sort de pétrification. Il ne savait pas qui était son sauveur, était-ce lui-même qui avait lancé le sort ? Non, ou alors parfaitement inconsciemment ce qui était encore plus inquiétant. Lorsqu’il pivota la tête son regard croisa les pupilles glaciales d’une jeune femme aux cheveux bleus. Elle semblait relativement jeune et surtout provocatrice au vu de sa tenue dénudée. Elle s’avança vers lui, le Serdaigle en eut des frissons d’effroi et il recula sans s’en rendre compte, bien vite bloqué par une étagère branlante. L’angle du bois s’enfonça dans le bas de ses reins et le fit grimacer. Elle saisit violemment son menton. Pris par surprise, une plainte s’échappa d’entre ses lèvres. Il n’osait pas relever les yeux de peur d’être foudroyé d’un éclair vert, mais même sans croiser les prunelles de la jeune femme, il sentait leur dureté. Elle l’obligea à pivoter la tête vers la gauche. Il serrait sa baguette entre ses doigts : était-elle un auror venue pour le sauver ? Timidement, le jeune homme figea son regard sur elle en fronçant les sourcils, incapable de savoir dans quel camp elle opérait. Il devait vraiment avoir une tête de chien battu (pour changer).

Elle se rapprocha de son visage au point où il sentait son haleine chaude contre sa nuque. Ce qu’il avait pris pour un bouton était en réalité un piercing à la lèvre. Le Serdaigle tenta de se décaler, car l’angle de l’étagère créait une douleur vive au niveau de ses hanches, mais elle le prenait en étau. La jeune femme était asiatique et plutôt jolie. Le Serdaigle se surprit à penser que si elle avait été moins jeune, elle aurait très bien pu être sa mère. Au final, sa mère était peut-être une partisane de Voldemort enfermée à Azkaban et libérée depuis peu, une folle, une hystérique, une p*tain, une paumée. Tout était envisageable, même le moins glorieux. Il détourna le regard, cette femme ne pouvait pas être sa mère et il était ridicule. Son apitoiement était détestable. Sa sœur ? Ne pouvait-elle pas être sa grande sœur ? La sœur de sa mère ? Une cousine ? Un demi-sourire passa furtivement sur ses lèvres. Ridicule, il était ridicule.


- Range ta baguette, gamin. Je ne voudrais pas avoir de problème avec Maman quand son petit garçon lui reviendra en pièces détachées.

Il obéit et abaissa sa baguette non sans trouver sa réflexion tout à fait comique. Ma mère ? Laquelle ? Elwyn avait au moins eu la réponse à sa question : ce n’était pas une « alliée ». Elle lui tournait le dos, il aurait pu lui balancer un sort, mais cette idée fugitive disparut aussi vite qu’elle avait germé dans son esprit. Elle avait lu en lui, elle savait qu’il était un lâche et ne tenterait rien. Qu’il obéirait pour sa petite survie.


- Dégage-moi ça de là. Merci pour votre... coopération. Il fixa le corps inanimé de ce qui semblait être une des leurs. Lui au moins il était debout et en un seul morceau, c’était tout ce qui comptait au final ? Tant pis s’il devait marcher sur les cadavres des autres. NON ! Je ne suis pas comme ça ! Sois le roseau, Haneul. Crois-moi être le chêne peut sembler être la meilleure des solutions, mais ce n’est pas le cas.

-Nous allons profiter de votre bonne volonté pour passer de petits interrogatoires. Elwyn la dévisagea, ils recherchent des né-moldus ou des aurors, peut-être même le trio Potter. Cela ne vous dérange pas, j’espère...  Elle attira vers elle une chaise d’un coup de baguette et fit signe à Elwyn qui se frottait le bas du dos de venir s’y installer. Sauf si tu veux que je t'aide, pour aller plus vite.

-N...non. Il hésita ne sachant que faire ou dire, mais face au peu de choix qui s’offrait à lui, il opta pour obéir simplement à ses ordres. Il crut que ses jambes refuseraient de bouger tant il avait eu peur, mais avec une aisance et légèreté qu’il ne soupçonnait pas et même une certaine fierté, il marcha jusqu’à la chaise. Sans quitter des yeux la jeune femme, il s’installa sur la chaise. Elle le dominait de sa hauteur et il détestait ce sentiment. C’était donc ainsi que Stanley voyait le monde… C’était déconcertant et désagréable de toujours voir les narines d’autrui plutôt que le sommet de leur crâne. À quelle sauce allait-elle le manger ? « Stanley a préparé un dossier en béton, je ne risque rien », voilà ce qu’il se répétait en boucle afin de se donner un peu d’assurance. Elle passait devant lui, l’obligeant à relever la tête. Une sueur froide coulait le long de son échine et il s’arrachait des bouts de peaux afin de calmer ses angoisses.

-Nom, prénom, sang, papier, niveau d'étude.

C’est tout ? Si ce n’est que ça, je dois pouvoir répondre sans paraître suspect. Il devait être crédible et pour cela, il devait la regarder dans les yeux sans détourner le regard. Tout du moins c’est ce qu’il pensait. Nom, prénom ? En voilà une question bien difficile. Que devait-il dire ? S'il ne disait qu'Elwyn allait-elle tomber sur le nom de Xiang ? S'il ne disait que Xiang, pouvait-elle trouver suspicieux qu'il taise le nom qu'il possède depuis son adoption ?

Même sa voix semblait avoir perdu de sa puissance et de son timbre, elle restait coincée dans sa gorge comme apeurée. Il prit la parole à voix basse : -Je m’appelle Elwyn Haneul Miller, mais mon nom biologique, c’est Han… Dong Xiang. Il était certain d’avoir mal prononcé, mais que pouvait-il faire d’autre ? Il ne parlait pas un mot de chinois. Ma mère m’a placé dans un orphelinat quand j’étais gamin parce qu’elle … ne voulait pas de moi. Puis j’ai été adopté, inutile de rentrer dans les détails, il ne voulait pas que l’on fasse du mal à sa famille moldue. J’ai 16 ans et je suis un sang-mêlé, comme indiqué sur les papiers du Ministère. Il releva la tête et la dévisagea aussi sérieusement qu’il pouvait, parce qu’Elwyn avait suffisamment d’indifférence et de sang-froid en lui pour se comporter avec dureté et détachement quand la situation le demandait. Je suis en sixième année. Il préféra taire sa maison, sait-on jamais qu’elle a une dent contre les Serdaigles.

Est-ce que j’ai tout bien dit. Est-ce que Yong shik tapoterait ma tête tendrement en souriant : « c’est bien gamin, t’as géré » ou au contraire ferait-il la grimace ? Allait-il être démasqué ? La panique ne devait pas le submerger, pas maintenant. Il était connu pour son sang-froid et c’était le bon moment pour s’en servir. N’était-ce pas ce qu’Absynthe lui reprochait ? Son indifférence.




La femme aux cheveux bleus se pencha vers lui, mais il ne bougea pas. S’entêtant à la fixer avec neutralité et détachement. Il ne faut pas montrer au prédateur que la proie est terrifiée. Qu'est ce que tu fous là et avec qui tu es venu, mon joli. Plus vite que ça

-étant donné qu’on est dans un magasin de bonbons, je… trop effronté allait-elle le punir ? Mais son côté Serdaigle avait repris le dessus avec son esprit d’analyse et sa logique imparable. Il se força à lui sourire, à baisser la tête et à détourner le regard afin d’amoindrir l’effet de ses propos, suis venu acheter des bonbons… Il s’empressa d’ajouter, jugeant que peut-être le nom de famille de son ami ferait son petit effet, j’étais avec mon cousin éloigné, Stanley Wang, un sang…euh.. Stanley était-il de sang pur ? Elwyn n’en avait pas la moindre idée et toussa en bredouillant « mêlé » pour camoufler une potentielle erreur, de sixième année également. Mais je lui ai dit de partir devant, car cette boutique ne l’intéressait pas. Ce qui était vrai, Stanley n’était pas un grand amateur de bonbons. Elle était asiatique après tout, peut-être connaissait-elle cette famille qui semblait faire trembler les plus grands. Ou alors, elle allait simplement lui rire au nez en lui disant qu’elle se fout bien de savoir qui est son cousin éloigné.

Ses réponses lui suffirent puisqu’elle apposa une marque représentant un cercle et une croix entre son pouce et son index. Comme les vaches à l’abattoir, pensa le Serdaigle en fixant sa marque. Il laissa sa place à un gamin d’à peine 11 ans et ne lui jeta pas même un regard. Le Serdaigle s’éloigna de la scène de l’interrogatoire et se dirigea sans but vers le fond de la boutique. Il voulait sortir, retourner à Poudlard et oublier. Il étouffait et ces visages apeurés le dérangeaient.


- Elwyn...

Il fronça les sourcils, cherchant du regard qui l’avait appelé, mais pas de trace de la moindre personne. Avait-il rêvé ? Il allait continuer sa route, mais une main agrippa son poignet. Il fit un écart, manquant de tomber en renversant des bocaux encore intacts remplis de bonbons. Le jeune homme poussa un cri étouffé.


- Elwyn...  Vite, viens. Des longs doigts fins enlacèrent les siens et l’entraînèrent sous le rideau. Des yeux verts, des lèvres minces, une peau pâle. Absynthe se trouvait à quelques centimètres de lui. Elle remit le tissu qui sentait la poussière, les plongeant dans les ténèbres. Que faisait-elle là ? Il analysa les traits tendus de son visage, ses sourcils froncés et ses lèvres étroitement closes. Elle pivota son visage vers lui et il baissa légèrement la tête. Absynthe ? Qu’est-ce que tu… Elle venait de l’appeler Elwyn et non Miller ? Sa main s’avança vers son visage, mais passa dans ses cheveux. Il écarquilla les yeux et déglutit difficilement. Qu’est-ce que tu fais… ? Elle regarda sa main et il fit de même. Ses doigts étaient couverts d’un liquide visqueux, probablement des restes de bonbons qui avaient éclaté au-dessus de sa tête dans le tumulte.

- Crème canari ?

-On dirait bien, oui. Il passa sa main délicatement dans ses cheveux et sentit ses doigts. Il était bien recouvert de crème canari.

-Tu as mis quoi dans tes cheveux ? Son attention se focalisa de nouveau sur la demoiselle. Tu en avais aussi en botanique avec le Gérani...  La fin de sa phrase mourut sur ses lèvres et la jeune femme ferma les yeux. Elwyn ne comprit pas de suite ce qui dérangeait tant la demoiselle jusqu’à ce que son attention se focalise sur les pleurs du gamin interrogé.  Absynthe était plus sensible que ce qu’il croyait. Pour lui, ce gamin n’avait rien à voir avec lui, il ne faisait pas parti des « siens » aussi ses pleurs rebondissaient sur sa carapace sans pénétrer à l’intérieur. Il se sentit fautif et insensible. Du gel moldu, finit-il par souffler à demi-mot sans la regarder. Depuis combien de temps n’avait-il pas été aussi proche d’elle ? Le photomaton du musée. Depuis la rentrée, ils ne s’étaient quasiment pas adressé la parole si ce n’est en botanique. Cela avait été bizarre, comme un manque. Mais comme pour tout, on finit par s’habituer à tout. Après trois semaines, Elwyn ne fut plus surpris de ne plus sentir la jeune femme dans son dos ou l’enlacer. Le contexte aidait beaucoup il faut dire et son rôle de préfet également.

Il sentait un courant d’air frais, mais avant qu’il n’en cherche la source la jeune femme lui fit signe de se taire et elle agrippa une poignée. Ils se trouvaient à côté d’une porte de secours. Elwyn ramena ses prunelles cendre sur elle, essayant de comprendre ce qu’elle essayait de lui dire. Il hocha la tête, il avait compris qu’il y avait une sortie par ici. Mais pourquoi ne la prenait-elle pas ? Pourquoi l’avoir appelé alors qu’elle ne souhaitait plus le voir ? Elle attrapa son menton et leur proximité n’aidait pas le jeune homme à se concentrer. Ses joues rosirent  jusqu’à qu’elle lui tourne la tête pour lui montrer une baguette abandonnée au sol. Elle lâcha son menton et il ramena lentement son regard vers elle et murmura : - C’est ta baguette ? Il ne voyait pas ce que cela pouvait être d’autres. Elle n’était pas partie, car elle n’avait pas sa baguette et elle avait fait appel à lui, car elle n’osait pas sortir de sa cachette. Tout était limpide à présent pour le jeune homme. Il soupira sans s’en rendre compte.


- Pourquoi elle ne donne pas ses papiers...

-Qui ça ? Il ne faisait déjà plus attention aux lamentations des élèves interrogés, seule Absynthe comptait à présent. Absynthe et sa propre vie. Une bien drôle d’équation. Ah !… Et toi ? Tu ne veux pas les donner ? Il haussa les épaules avant d’être foudroyé par une idée. Absynthe avait-elle entendu son interrogatoire ? Il plongea ses prunelles dans celles de la jeune femme, mais elles ne lui apportèrent aucune réponse.  Tu …Il faut qu'on te soigne ça, tu vas te vider de ton sang.

-De quoi, bredouilla-t-il. Se vider de son sang, mais pourquoi donc ? Il la regarda chercher dans la poche de sa cape et en sortir une sacoche d’où elle prit des feuilles. Que cherchait-elle donc à faire ? Des feuilles de plantain ? murmura-t-il lorsqu’il reconnut la plante. Ses connaissances sur la plante défilèrent aussi vite, ces feuilles étaient parfaites pour cicatriser.

Sous l’œil intrigué du jeune homme, Absynthe prémâcha les feuilles et appliqua la mixture baveuse sur la joue d’Elwyn. Un picotement électrisa une partie de son visage qui le fit grimacer. Il prit alors conscience du sang coagulé dans son col, le long de sa pomme d’Adam et sur son menton. La plaie était assez profonde pour provoquer une brûlure, comment avait-il pu ne pas la sentir ? - C'est vraiment dégoûtant... Il fixa son visage, un sourire timide s’y lisait qui lui fit perdre pied. Il ne comprenait pas, il ne la comprenait pas. Il entrouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

Il singea son sourire gêné ne sachant pas quoi faire d’autres tout en ayant peur de briser l’enchantement du moment. Absynthe prenait soin de lui, même en rêve il n’avait jamais osé l’imaginer. C’était surnaturel comme la quasi-totalité de ses rencontres avec elle. Il ne bougeait plus et la regardait. Son cœur frappait fort contre sa cage thoracique et il avait chaud, beaucoup trop chaud pour un mois d’octobre.

Elle lui tendit un mouchoir qu’il prit maladroitement : merci. Absynthe le dévisageait et il baissa la tête sur ses genoux repliés et essuya le sang coagulé sur le bas de son visage. Il lui offrit sa main où prônait la marque de bonne réussite au test.

Ce n’est pas grand-chose au final, pourquoi tu t’es cachée ?

Son malaise enflait en rythme avec l’égrènement des secondes. Il sentait le rouge monter à ses joues, sa respiration était plus difficile et son regard fuyant. Ça fait effet, le sang a arrêté de couler.
       
- À quoi tu penses ?

-À quoi je pense ? Question piège. Il le sentait. Il fixa pendant plusieurs secondes qui lui parurent une éternité le mouchoir blanc de la demoiselle à présent souillé de son sang. À rien. À tout. Ses pensées étaient confuses, chaotiques même. J’ai beau prendre des distances c’était comme si quelque chose m’attirait vers elle, comme si notre histoire n’était pas encore terminée. (sadiques de rpgistes) Il ne savait plus quoi penser, quoi dire, ni comment agir. Certes c’était un sentiment relativement commun en présence de la Serpentard, mais jamais il n’avait été autant perdu qu’en cet instant. Que tu es…m

Il releva brusquement les yeux pour les plonger dans les siens. Sourcils froncés, tête penchée sur le côté : Pourquoi ? Tu aurais pu me laisser passer, me laisser me « vider de mon sang », alors pourquoi ? Je croyais que tu me détestais !

Il secoua la tête, lui intimant qu’elle n’avait qu’à oublier ce qu’il venait de dire, terrifié d’entendre la réponse. Elwyn sortit sa baguette : - tu veux que je récupère ta baguette ? demanda-t-il.

Il pivota en direction de la baguette, mais alors qu’il allait prononcer le sortilège « accio » il fut stoppé dans son élan par une pensée et se tourna vers elle : Absynthe…. Tu as entendu ? Le ton était accusateur.

Voyant qu’elle ne semblait pas comprendre et qu’elle cherchait de quel bruit il parlait il expliqua : non, je veux dire, mon interrogatoire ! Tu as tout entendu ? Ses prunelles sombres se figèrent dans l’émeraude des siennes, elles étaient animées d’une certaine ardeur.


Dernière édition par Elwyn H. Miller le Ven 14 Juil 2017 - 13:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyDim 26 Fév 2017 - 23:44

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  86abb492008475a780844ad5fa2c8769

- Qu’est-ce que tu fais… ?

Les iris vert et or s’étaient focalisés sur les mèches noires recouvertes d’une substance visqueuse et jaunâtre, mais elles se posèrent alors sur le visage du garçon. Leurs regards se croisèrent et Absynthe eut la sensation très nette que le temps avait été suspendu. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement et la lèvre inférieure se contracta légèrement alors qu’elle plantait ses incisives dans la partie interne, celle qui n’avait pas été peinte en rouge car non visible. La demoiselle s’était durement entrainée pour ne pas se retrouver avec du rose sur les dents  à cause de ce tic.
Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle n’en savait rien. Cachée derrière un rideau avec Elwyn Miller, elle avait  glissé ses doigts dans les cheveux du garçon qu’elle avait attiré dans sa cachette alors qu’ils ne s’adressaient plus la parole depuis l’entrevue dans la forêt. Brièvement, la jeune fille repensa à la lettre qu’elle n’avait jamais envoyée, faute de courage et de volonté. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Le regard cendre coupé en amande ne lui apporta guère de réponse, au contraire. Question silencieusement posée. Le Serdaigle la fixait, comme en attente de quelque chose. Les cheveux de jais chatouillaient sa main, l’odeur de sucre titillait ses narines et, yeux dans les yeux, Absynthe eut brusquement l’envie de vomir. Chose qu’elle ne fit bien évidement pas, comme toutes les fois où son cœur semblait monter dans sa gorge et que son estomac se retournait. Ce n’était pas une sensation nouvelle, elle savait ce qu’elle signifiait, mais elle ne voyait pas bien en quoi cette situation méritait un nœud dans l'estomac.
Un geste trop affectueux et familier qu’elle commençait déjà à regretter : elle lui avait demandé de sortir de sa vie avec ses dessins, ses loups et beaux gestes, et, comme si de rien était, elle lui caressait le crâne pour vérifier ce qui se trouvait dans ses cheveux. Mais quelle idiote ! Aussi, elle répondit du tac-au-tac :

- Je me cache.

Absynthe n'avait jamais été une férue de sucreries : petite, elle ne pouvait en goûter que lors d'anniversaire à l'école ou pour Noël à la maison. Et encore. Patricia avait instauré très tôt le principe de ne pas offrir des friandises à ses filles, préférant leur donner des fruits ou des petits gâteaux secs. Aujourd'hui, Absynthe se disait que c'était sûrement dû au fait qu'ils n'avaient pas les moyens de gaspiller leur argent dans du sirop de grenadine, des sucettes au cola ou des chewing-gum à la pomme. En réalité, ce n'était qu'une habitude prise par sa mère qui gardait le souvenir du diabète de sa propre mère. Avec Jacynthe, il en avait été de même : le sucre et le chocolat n'étaient pas bon pour les dents et le foie. Aussi, Absynthe n'en était pas friande et n'en mangeait que peu. En revanche, elle adorait tout ce qui était à base de miel et de fruit.
Debout devant un tonneau rempli de Fizwizbiz, la présidente du BDE évaluait approximativement le poids de bonbon à demander aux gérants d'Honeyduks avec qui elle avait obtenu un partenariat en début d'année. Le fait que Pré-au-Lard n'accueille plus grand monde avait grandement aidé la demoiselle à négocier des réductions sur les friandises du magasin. Du coin de l'oeil, elle avisait les ballongommes en se faisant la réflexion que, au moins, il n'y aurait pas d'incident en n'ayant pas la possibilité de se fournir chez les frères Weasley qui avaient fermé boutique cet été. Zonko n'était plus qu'un souvenir et la façade ne comportait plus d'enseigne depuis l'an dernier. Elle avait entendu parler d'un rachat de la part des jumeaux roux, mais ils semblaient s'être volatilisés en même temps que Potter, Granger, et l'autre grande gigue au long nez.
Baguette en main, Absynthe commençait à transvaser les fizwizbiz dans un sachet : elle s'était énormément améliorée durant l'été et ne savait pas si ses progrès étaient dus à son changement de baguette ou aux entrainements acharnés en compagnie de Jonas. Ne plus avoir son cousin dans les jambes faisait un bien fou à la jeune fille qui, fin août, était sur les nerfs dès que l'un des Stevenson lui adressait la parole. Entre les mondanités l'obligeant à se montrer lors de repas et la pression au sujet d'un mariage à faire "quand vous aurez terminé vos études, bien entendu", la brune avait bien eu du mal à se contenir et garder son calme. Mère lui manquait. Et c'était bien étrange, comme sentiment. Le manque, elle connaissait, bien entendu, mais la couleuvre n'aurait jamais pensé qu'un jour l'absence de Jacynthe Stevenson créerait ce vide autour d'elle. La douceur de la vieille femme et son regard bienveillant avait été remplacé par l'hypocrisie palpable de Grace. Il lui semblait parfois entendre la voix de sa mère adoptive lui intimant de se redresser, de sentir son regard sur elle quand elle mettait du rouge à ses lèvres, de humer son parfum ambré qu'Absynthe avait pourtant du mal à supporter. Elle le trouvait trop fort, trop lourd peut-être, et, tout à coup, elle souhaitait le retrouver. Elle ne se souvenait pas d'un quelconque geste d'affection de la part de Mère. Ou alors, ce n'était qu'une petite caresse distraite sur le haut de son crâne, une main sur la sienne, un regard gris dont les pattes d'oies marquaient un sourire, des mots et compliments légers et qui pouvaient ne rien dire pour d'autre. Mais pour Absynthe "vous avez une jolie voix" et "ce col lavallière vous va à merveille" réchauffaient son cœur. Ce n'était certainement pas un "je t'aime", comme l'aurait dit Patricia, ni un petit surnom adorable, encore moins une étreinte agrémentée de baisers sur ses joues, mais c'était déjà beaucoup. Et ça lui manquait.
Lèvres pincées, la brune ravala son chagrin en inspirant profondément tout en se redressant. Sa cape masquait la cambrure trop prononcée de son dos et la verte s'éclaircit la gorge en cherchant à chasser la boule qui y résidait. Si, demain, Jacynthe arrivait face à elle pour lui dire qu'elles logeraient de nouveau dans leur maison, Absynthe se savait capable de devenir une bête enfant en venant prendre sa mère adoptive dans ses bras, chose qu'elle n'avait jamais fait depuis sa rencontre avec la psychomage. Les mains tremblantes, elle terminait de remplir le premier sachet avant de s'attaquer au second : il en fallait cinq. La demoiselle eut alors la subite envie de voir Kandy ou de bénéficier de l'attention féline de son chat. Entre l'éloignement d'Ethan et le fait qu'Abigail ne soit pas bien démonstrative, Absynthe endurait le manque de contact comme on subit un supplice. L'ambiance au château n'aidait pas à se sentir le cœur léger, et elle n'allait pas tarder à goûter aux tumultes qui secouait la Grande Bretagne.

Lorsque les premiers rafleurs entrèrent dans la boutique, Absynthe tourna légèrement la tête dans la direction de la porte. Elle n'eut pas le temps de faire autre chose avant qu'un étalage, non loin d'elle, soit renversé et propulsé contre un mur par une femme blonde qui semblait prendre un malin plaisir à détruire du mobilier. Ni une, ni deux, la verte et argent se faufila derrière un rideau qui dissimulait, à sa grande surprise, une porte donnant à l'extérieur. Elle actionna la poignée, chercha sa baguette et jura à voix basse : le mélèze qu'elle avait cru glisser dans sa poche était en réalité tombé au sol à côté du tonneau. Dans la panique, elle avait inversé le sachet de bonbons et sa baguette. Mais quelle cruche, quelle cruche !!
C'est sans un mot qu'elle regarda une femme aux cheveux bleus pousser le propriétaire de la boutique vers l’escalier menant à l'étage et qu'elle put observer la bêtise humaine. Vraiment, les rafleurs semblaient bien s'amuser. Retenant son souffle, elle tenta d'appeler sa baguette pour qu'elle vienne à elle : elle avait vu Orphée le faire une fois. Malheureusement, ses compétences magiques n'étaient pas les même que celles de l'animagus et elle ne réussit qu'à s'agacer de n'arriver à rien. Cela faisait déjà un moment maintenant que elle qui semblait être la meneuse du groupe avait disparu à l'étage et Absynthe se demanda si elle n'avait pas exécuté Mr Flume. Au moment même où cette pensée lui traversait l'esprit, la demoiselle entendit un bruits de pas dans les marches et deux silhouettes se dessinèrent alors dans son champ de vision. Un éclair sanglant illumina alors la pièce, faisant sursauter Stevenson derrière son rideau. Une sueur froide longea sa colonne alors que la jeune fille retenait son souffle, happée par la vision du corps s’effondrant. Elle crut reconnaitre là une des rafleuses, mais la couleuvre ne s'attarda pas plus sur cette contemplation étant donné que la voix sèche de la femme aux cheveux bleus résonnait dans la boutique. Lèvres pincées, elle chercha à retrouver à qui cette voix la faisait penser, mais sans succès. Pourtant, elle pensait bien l'avoir déjà entendue. Sèche, froide, mais très harmonieuse. Féminine. La rafleuse invita quelqu'un à prendre place sur une chaise qu'elle plaça face à elle et Absynthe due se tordre le cou afin d'entrevoir l'élève interrogé. Stupéfiée, la Serpentard plaqua sa main contre ses lèvres sans prêter attention à son rouge à lèvres : selon la publicité, il avait été ensorcelé pour tenir correctement et ne pas marquer lors d'un contact.

Réponds, Elwyn, réponds... Elle ne pouvait s'empêcher de conseiller silencieusement le garçon dont le sang souillait le col de la chemise. Que faisait-il là ? Était-il seul ou Wang l'avait-il suivi ? Il sembla à Absynthe que son camarade donnait les informations nécessaires, mais le murmure ne lui parvenait pas.

Andongsiang. Mais qu'est-ce qu'elle racontait...? Était-elle en train de lui parler dans une langue étrangère à Absynthe ? Ignorant complètement que la femme aux cheveux bleus ne faisait que répéter l'identité fournie par Elwyn, la verte fronça les sourcils de concentration. Bien. Il faudra vérifier les papier d'adoption. Stevenson eut un mouvement de recul. Yeux écarquillés, elle regarda tour à tour Miller, la rafleuse et le collègue auquel elle s'était adressée. D'Adoption...? Papier du Ministère.... Elle ne comprit pas ce que la femme venait de dire et cala ses mèches brunes derrière ses oreilles dans l'espoir de comprendre ce qu'il se passait. Ce n'était pas de la curiosité. C'était de la peur. Je crois avoir demandé... Laisse tomber, qu'est ce que tu fous là et avec qui tu es venu, mon joli. Plus vite que ça. La jeune fille inspira et la brûlure de l'air dans ses poumons lui fit rendre compte qu'elle avait retenu sa respiration. Elle desserra le poing et abaissa son regard sur les marques que ses ongles avaient laissé dans la paume de sa main. Étant donné qu’on est dans un magasin de bonbons, je... Figée, Absynthe insulta mentalement le Serdaigle. Mais quel imbécile !! Le rafleur qui semblait être le second de la femme aux cheveux bleus se redressa en fusillant l'interrogé du regard, mais aucune réaction n'était lisible sur le visage de sa supérieure. ...suis venu acheter des bonbons… Un temps. La rafleuse en short se redressa pour mieux dévisager le garçon qui avait baissé la tête. Quand à Absynthe, elle ne bougeait plus. Il allait mourir... Quel...mais quel crétin ! Bien vu. Abasourdie, la couleuvre cru voir la femme hausser un sourcil alors qu'elle croisait ses bras sur sa poitrine. Quelle logique. Loan... Le second avait sorti sa baguette et avait fait un pas dans leur direction. Elle fit un geste de la main, comme pour l'arrêter. Non, il a raison, Steeve. Serdaigle, non ? Le souvenir de la préfète en chef lors de son entrée à Poudlard revint alors en mémoire à Absynthe. Si elle se rappelait bien, cette fille avait été une aiglonne aussi. Mais, Elwyn était arrivé cette même année, et dans sa maison. Elle ne le reconnaissait peut-être pas... Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace... Dong ? Tu es venu avec des petits camarades ? Reprit alors la dénommée Loan avec une expression à la fois lasse et moqueuse. Perdue, la fausse brune se tortilla pour remuer ses jambes endolories. J’étais avec mon cousin éloigné, Stanley Wang, un sang…euh... Oui, bonne idée ! Un petit sourire se dessina sur les lèvres d'Absynthe à l'évocation du Serpentard. Si la rafleuse n'était pas stupide, elle... attendez...qu'avait-il dit ? Son cousin ? ...car cette boutique ne l’intéressait pas. Wang. Elle hocha la tête, impassible, mais le fameux Steeve fit les yeux ronds : On est...Nom d'un croup. Le cousin, pas le fils. Elle se pencha pour pointer sa baguette sur Elwyn, le marquant à la main. Si elle n'avait pas été aussi terrifiée, Absynthe aurait sûrement ri de voir l'autre rafleur marmonner à voix basse à son collègue anciennement de Poufsouffle. Elle était presque sûre qu'il lui expliquait qui étaient les Wang. D'un signe de tête, Loan ordonna à Miller de déguerpir et Stevenson la vit rouler des yeux lorsque, derrière elle, Steeve prit la parole : Nos amitiés à Monsieur Wang. Boucle-la.


La brune recula d'un pas pour se retrouver dos contre le mur en pierre qui formait une arche au dessus d'eux, devant de porte masqué par le rideau lourd et poussiéreux, le regard à présent rivé sur sa main qu'elle ouvrit pour contempler la substance poisseuse. Je me cache. Ce n'était sûrement pas la réponse attendue, mais elle n'avait rien de mieux en stock. Elwyn valida sa théorie sur la crème canari et, lorsque la demoiselle lui demanda ce qui maintenait ses beaux cheveux soyeux et tellement bien coiffés, elle ne put s'empêcher de faire remarquer qu'il en portait également en Botanique, cette même fois où il l'avait retenue alors qu'elle tombait suite à la morsure d'un Géranium Dentu. Le petit sourire de Ruth lui vint en tête. Ce jour-là, il n'avait même pas daigné lui adresser la parole directement hormis pour lui dire de faire plus attention. Comme si elle avait demandé à se blesser ! Puis, il y avait un peu plus d'une semaine, il avait corrigé les résultats erronés du tournoi en passant par Jane.
Elle savait bien qu'elle lui avait demandé de sortir de sa vie, mais la facilité avec laquelle Miller l'avait balayé de la sienne la consternait et la vexait. Vraiment. Elle n'avait jamais pensé s'en sentir aussi dégoûtée.
En entendant le petit pleurer, Absynthe se crispa tout en se calant bien contre la porte de secours. Alors qu'elle inspirait doucement pour se calmer, la réponse concernant la substance mise dans les cheveux se fit entendre. Du gel moldu. D'Adoption. La voix de la rafleuse résonnait dans son esprit et la jeune fille s'obstina à fixer son camarade sans rien dire. Ainsi, la petite vie parfaite d'Elwyn Miller ne l'était pas tant que ça ? Un fourmillement étrange lui chatouilla l'estomac et Stevenson plaça ses bras autour de ses hanches. Elle n'avait jamais imaginé qu'Elwyn venait du monde moldu avant d'entendre, de sa bouche, une expression qui n'avait rien de magique.
Lui intimant de garder le silence, la demoiselle lui désigna successivement la porte, puis sa baguette à quelques pas.

- C’est ta baguette ? Elle hocha simplement la tête, l'index tapotant sa lèvre inférieure. La réalité se rappela à Absynthe lorsqu'une Nuncabouc voulut jouer sa rebelle en ne fournissant pas son identité. Et toi ? Tu ne veux pas les donner ? La couleuvre inclina légèrement la tête sur la gauche sans même s'en rendre compte.
- Je ne me cache pas pour le plaisir d'être derrière un rideau. murmura-t-elle alors en haussant les sourcils. Mais tu devrais le deviner : ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. susurra-t-elle ensuite en adoptant l'attitude de la rafleuse aux cheveux bleus lorsqu'Elwyn avait joué au petit malin un peu plus tôt. Sauf que lui pouvais se le permettre : personne de sa famille ne semblait e n fuite devant la chasse aux nés-moldus qui secouait le Royaume Uni. Non, au lieu de ça, lui, il avait la protection offerte par un nom. Wang. Elle n'y croyait toujours pas : Elwyn et Stanley étaient, ainsi donc, de la même famille ? Comment diable ? Tu …Il faut qu'on te soigne ça, tu vas te vider de ton sang.
- De quoi...
- Chuuuut...Ne bouges pas... La voix était calme et lente, tout comme les gestes. On lui avait toujours dit qu'un animal blessé était un animal dangereux et, par automatisme, Absynthe agissait avec le garçon comme s'il avait été un Nifleur ou un petit enfant.
- Des feuilles de plantain ?
- Mmh mmh. Elle acquiesça tout en mâchant et prit le menton de son camarade entre le pouce et l'index. Elle ne pouvait s'empêcher de raisonner "efficacité" lorsqu'elle était dans une situation de danger. Si d'autres se figeaient comme des lapins devant des pleins phares, Absynthe avait la drôle de faculté de devenir brusquement raisonnable et logique lorsqu'elle mourrait de trouille. Ce qui était, avouez-le, bien pratique dans ce genre de circonstances. Malheureusement, son impulsivité revenait dès lors qu'elle n'était plus dans l'urgence. Peut-être était-ce la seule raison de son envoie à Serpentard, et non à Gryffondor.

C'est avec un petit sourire nostalgique qu'elle appliqua la substance baveuse sur la plaie en cherchant à faire tenir le tout sur la peau caramel d'Elwyn. Se figeant dans ses soins, la brune contempla son cataplasme avec le regard de celui qui n'est plus là et qui s'est perdu dans ses pensées. Lentement, elle rapporta ses mains blanches à elle, fixant le sang sur ses doigts. Comme dans son rêve. Les lèvres tremblantes, elle semblait chercher ses mots sans parvenir à prononcer quoique ce soit.
Soudainement, elle inspira et porta ses mains à sa gorge, puis à sa poitrine, cherchant l'air dont le sentiment de panique la privait. La demoiselle détourna son visage afin de le masquer par son rideau de cheveux bruns et reprit son souffle.
- Pardon. Ce n'est pas le sang. Non, le sang ne lui inspirait pas grand chose et ne la dégoutait pas. Elwyn ne saignait pas assez pour la dégoûter et lui retourner l'estomac, alors quoi ? C'est juste que... D'un signe de tête, elle désigna l'endroit d'où venait le Serdaigle. A présent, un gamin suivait l'exemple d'Elwyn et donnait son identité sans broncher. C'est juste que j'ai peur. Mais c'était bien trop difficile à avouer, alors elle plongea une main souillé de sang dans sa poche avant de tendre silencieusement un mouchoir au garçon, les iris vertes et or parcourant ses traits, cherchant une quelconque ressemblance avec Wang. Autant en chercher une avec les frères Inoue ou ce crétin de Lawford. Il s'était assis tandis qu'elle restait debout, les jambes croisées et l'oreille aux aguets à jeter de temps à autre des coups d’œil derrière le rideau. Mal à l'aise, elle frottait négligemment le sang qui restait sur ses mains lorsque, soudain, il lui montra la marque entre son pouce et son index.
- Ce n’est pas grand-chose au final, pourquoi tu t’es cachée ?
- Pourquoi devrais-je te le dire ? finit-elle par souffler en le regardant dans les yeux après un moment de silence durant lequel la jeune fille avait gardé le nez baissé sur la marque. Tu ne risquais peut-être rien, continua-t-elle sur le même ton monocorde, mais nous ne partageons pas le même sang. Elwyn. ajout-a-elle en présentant sa propre main aux veines bleues. J'aurais du acheter un flacon de dictame...
- Ça fait effet, le sang a arrêté de couler.
- Mmmh... Tu es sûr que ça va ? La couleuvre plia ses trop longues jambes pour s'accroupir face à lui avec l'aisance que seules les filles habituées aux jupes avaient. Les yeux plissés, elle détaillait les joues rougies et écoutait la respiration irrégulière. Après sa froideur et sa distance en Botanique, elle était bien loin d'imaginer qu'elle pouvait être responsable de son malaise. Après tout, il ne lui avait jamais montré un quelconque intérêt alors qu'elle venait sans cesse chercher son contact pur voir ce qu'il en était. Le face à face de la serre, il y avait des mois de cela, était un bon exemple. C'était peut-être la dernière fois qu'elle avait eu l'avantage sur le jeune homme et s'était montrée prédatrice en sa présence, cherchant à le séduire. Merlin, que c'était loin...

Elle cligna des yeux. Que s'était-il passé ? Où était cette façade que le Serdaigle avait bazardé pour laisser place au vrai visage d'Absynthe ? Et pourquoi diable lui ferait-elle l'honneur de se montrer sous son vrai jour alors que Môssieur ne jouait pas cartes sur table ? Il n'avait jamais été sincère, n'avait fait que mentir et se cacher. Ce n'était certes pas le moment, mais une bouffé de colère ravagea le ventre de la Serpentard qui inspira doucement en fermant les yeux.
Pour finalement les ouvrir en souriant agréablement.
- Oui, ça ne saigne plus. souffla-t-elle en faisant mine de vérifier la plaie. Mais ce n'était pas beau à voir. Tu vas sûrement avoir la tête qui tourne, j'ai des bonbons ici, si tu veux... et elle lui tendit le paquet de fizwizbiz qu'elle comptait prendre pour le BDE. Un bon dans le temps, mais un bon en arrière. N'était-ce pas lui qui ne jurait que par l'oubli ? Très bien. Elle se redressa en forçant sur ses mollets et ses cuisses et se trouva de nouveau debout pour glisser un œil derrière le rideau. Bon sang... il fallait qu'elle récupère sa baguette ! En rapportant son attention sur son camarade, elle surprit le regard de ce dernier alors qu'il essuyait une dernière fois son menton.
Elle n'avait jamais songé à un point commun. L'adoption. C'était peu, mais c'était beaucoup à la fois. Avec l'impression de le découvrir un nouvel Elwyn, elle se demanda si Stanley lui avait parlé de son adoption à elle.
Ainsi, les gouvernantes qui lui lisaient des histoires n'étaient pas en raison d'une riche situation ou de parents trop pris par leur travail pour s'occuper de leur fils. Peu à peu, la vie parfaite d'Elwyn Miller s'effritait et Absynthe tentait de deviner quel petit garçon se cachait derrière le préfet bleu et bronze.

- A quoi tu penses ?
- À quoi je pense ? Elle hocha la tête en glissant ses mains dans son dos avant de s'appuyer contre le mur. À rien. À tout. Que tu es…m Il s'interrompit et la jeune fille inclina le buste vers lui pour l'inciter à continuer : allait-il pour une fois répondre à ses questions, confier simplement ce qu'il pensait sans chercher à la blesser ? Non. Pourquoi ? La brune inspira et cala sa tête contre la pierre derrière elle. Pourquoi, c'était une bonne question. Tu aurais pu me laisser passer, me laisser me « vider de mon sang », alors pourquoi ? Je croyais que tu me détestais !
- Tu seras gentil de baisser d'un ton. Les prunelles froides passèrent du rideau aux iris cendres. Ou alors, dis-moi clairement que tu souhaites me voir passer ce foutu interrogatoire, Miller. grinça-t-elle en insistant sur le "mi". Elle devait faire mine de laisser tomber ? Mais il devait la connaitre, tout de même, depuis le temps... Quand à te détester, tu te donnes trop d'importance. Mais je crois savoir, depuis juin, d'ailleurs, que tu as de l'égo à revendre. Elle haussa les épaules, l'air de s'en moquer éperdument. Jouer "comme avant" allait être plus dur que prévu. Disons que je voulais t'éviter, comment l'as-tu formulé, déjà ? Ah oui. Je n'ai aucune envie d'assister à ta mort en direct chez Honeyduks. Et puis, "on peut pas blesser autrui sans se blesser soi-même. C’est idiot." Ou un truc comme ça. Non ? Elle haussa les sourcils comme pour lui poser la question. Le ton était quelque peu acide, mais elle semblait se détacher complètement de ce qu'elle murmurait. Puis, l'air tragique : J'ai assez vu de morts comme ça, tu sais, les Sombrals, tout ça...mais qu'est-ce que je raconte. L'air exagérément contrariée, la verte fit le même signe que le garçon venait de faire pour lui intimer d'oublier, le parodiant en dodelinant de la tête. Je ne suis qu'une menteuse. Ce n'est pas comme si un Sombral était directement associé à la mort, non. N'importe quoi. Arrêtant son cirque, Absynthe reporta son regard sur le garçon. En s'humectant les lèvres, elle sentit les larmes monter et détourna alors la tête : elle était si fatiguée de tout garder en elle. Les lèvres s'entre-ouvrirent sans laisser passer les mots qui se bousculaient dans sa tête. Après avoir inspiré pour ravaler sa tristesse, la jeune fille fit de nouveau face au Serdaigle. Je ne sais pas, ça ne te viens pas à l'esprit que, peut-être, je sois assez humaine pour soigner une personne blessée ? Non, bien sûr que non. Tu ne te mets jamais à la place des autres, jamais à ma place. Tu n'as jamais essayé de voir avec mes yeux. Toi, ton nombril et ton égo. D'où tirait-elle tout ça ? Et pourquoi cette soudaine envie de tout laisser tomber, de flancher ? Dehors, des silhouette encapuchonnées aspiraient le peu de joie qu'il restait à Pré-Au-Lard. Arrête. Juste, arrête... Les prunelles tournée vers le plafond, elle expira, contrôlant un peu mieux ce qu'elle ne voulait pas laisser paraître.

- Tu veux que je récupère ta baguette ?
- S'il te plait, oui. Enfin. Sortir d'ici.
- Absynthe…. Tu as entendu ?
Aussitôt, la demoiselle tourna la tête vers les interrogatoires qui se poursuivaient : rien ne semblait clocher dans la scène hormis le fait que les rafleurs s'agitaient et qu'ils risquaient à tout moment de venir fouiller dans leur direction.
- Non, je veux dire, mon interrogatoire ! Tu as tout entendu ?
- Quoi...? Non, je n'ai pas... Pas tout, et... Un temps. Mais Elwyn, tu choisis toujours tes moments pour te regarder le nombril...

En un pas, elle entra dans l'espace du garçon pour venir se coller délibérément sous son nez, l'index sur son torse. Le sifflement s'échappent entre ses lèvres était féroce, mais elle avait bien plus l'impression de gourmander un enfant que de laisser sa colère s'échapper vraiment. Oui, c'était ça, comme si elle s'adressait à une personne trop stupide et complètement hors contexte qui parlait sans prendre en considération la situation dans laquelle ils se trouvaient.
- Qu'est ce que ça peut faire, hein ? Qu'est ce que ça peut bien faire que j’apprenne que Monsieur Elwyn Miller est en fait un parent des Wang ? Tu veux quoi ? Que je fasse une révérence ? Que je te présente mes respects ? Eh bien, va te faire cuire un œuf de dragon ! Ce n'est vraim... Elle s'arrêta brusquement pour grimacer et frissonner. Elle ne comprit pas que le souvenir de gifle qui venait de ressurgir était dû à la présence pas si lointaine d'un Détraqueur. Se mordant les lèvres, elle tenta malgré les larmes de garder une voix stable qui se perdait dans les aiguës alors qu'elle soufflait ce qu'elle avait sur le cœur : Vraiment pas le moment. Je ne connais rien de toi, Elwyn, rien. Ah si, tu as un chat. Voilà, c'est tout, n'est-ce pas. Et donc, tu as été adopté ? A la bonne heure ! Je vais t'en dire une bonne, mais peut-être que ça aussi tu le sais déjà, ou que tu vas bientôt l'apprendre par ton cousin : moi aussi. Et, devine quoi, par une née-moldue. Alors oui, je me cache. Elle jeta un rapide coup d’œil au rideau. Des ordres donnés. Je n'ai pas de sang Wang, moi, alors ouvre cette stupide porte et donne moi ma baguette avant qu'on ne me demande des papiers que je n'ai pas et... Des pas. S'il te plait... Je ne te demande pas de me suivre. Juste de m'aider. Elle se recula. Pourquoi est-ce qu'il fallait que ça se finisse encore de cette façon ? Elle en pleure et pathétique, lui, sa vie entre ses mains ? S'il te plait...



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[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Lumos-4fcd1e6
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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptySam 11 Mar 2017 - 23:18

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Spiderweb-animated-gif-6

Mourir, je vais mourir. Je ne veux pas. Je n’ai pas dit à mes proches ô combien je les aime. J’ai peur. Je veux sentir les rayons chaleureux du soleil contre ma peau, revoir la lumière du jour. Rire et pleurer. Je ne veux pas souffrir. Je veux grandir et vieillir. Aimer et être aimé. Je ne veux pas que mon histoire s’arrête maintenant. Pitié.

Telles étaient les pensées qui accaparaient son esprit. Mais Elwyn n’était pas mort et se trouvait désormais face aux rafleurs pour un petit entretien dans les règles de l’art. Ses peurs avaient pris une couleur et une forme différentes alors qu’il essayait de ne pas paraître suspect aux yeux de la jeune femme. S’il se trompait, si elle lisait en lui, qu’allait-il lui advenir ? Pouvait-elle l’envoyer à Azkaban ? Le torturer ? Le tuer ? Il avait peur d’en faire trop ou pas assez. Le jeune homme n’avait jamais eu à contrôler son stress à ce point, pourtant il était capable de faire preuve d’un self-control et d’une indifférence hors norme, mais le contexte actuel était hors catégorie. Il se sentait comme écrasé par une épée de Damoclès. Il perdait pied et ne contrôlait plus rien. Tout ce qu’il détestait.

Bien. Il faudra vérifier les papiers d'adoption.  Il déglutit difficilement, les yeux rivés sur ses mains jointes. Le Serdaigle sentait la sueur perler à son front, dans son dos et sous ses aisselles. Ses mains tremblaient également et sa voix avait des difficultés à sortir. Il se sentait petit, misérable et fautif. C’était une situation très inconfortable. Il n’osait pas relever les yeux de peur qu’en croisant les prunelles de la jeune femme, elle change brusquement d’avis. Sa bouche était aussi sèche qu’un vieux cuir et ses membres semblaient dépourvus de la moindre force, comme les jambes d’un faon. Une poupée désarticulée.

La jeune femme lui demande alors les raisons de sa venue, question qui le fit immédiatement relever la tête et avant même qu’il ne puisse se contrôler, il reprit les propos de la rafleuse pour soulever leur incohérence. Comprenant son effronterie et stupidité, il baissa la tête. Peut-être que cela pouvait passer ? Qu’elle ne verrait qu’un gamin expliquant pourquoi il était venu de manière maladroite. La jeune femme s’était redressée, le surplombant, lui, courbé et assis. Il se vouta un peu plus, préparé (bien qu’on ne le soit jamais vraiment) à se prendre un doloris ou pire.

-Bien vu.  Quelle logique. Elwyn releva brusquement la tête, la bouche légèrement entrouverte il la dévisagea sans comprendre si elle plaisantait ou non.  Loan...  Un des rafleurs s’avançait vers eux, baguette en position offensive pointée sur lui. Une alerte sonna dans l’esprit du jeune homme. Son esprit était dangereusement vide. Le Serdaigle avait même oublié comment il s’appelait et le nom de sa sœur. Il paniqua : - pardo…on, je voulais p…

-Non, il a raison, raison ? bredouilla-t-il en dévisageant l’homme puis celle qui s’appelait Loan. Steeve. Serdaigle, non ? Il la fixa pendant plusieurs secondes avant de comprendre où elle voulait en venir : euh, ou…oui oui je suis à Serdaigle, croassa-t-il rouge jusqu’aux oreilles d’avoir été démasqué aussi facilement. Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace... Alors elle avait également étudié dans la maison de Rowena durant ses jeunes années, c’était son jour de chance. L’autre homme n’aurait pas été aussi clément face à son manque de respect. Elle n'était pas si vielle, peut-être même l'avait-il croisé dans les couloirs ou la salle commune. Dong ? Il ne se reconnut pas de suite. Elwyn n’était pas habitué à être appelé par ce prénom fictif. Oui ? Tu es venu avec des petits camarades ? Il n’hésita pas longtemps et s’engouffra dans la brèche qui lui semblait être aussi salvatrice qu’une bouée de sauvetage pour un naufragé. Il parla de son lien factice de parenté avec la famille Wang et cela semblait faire son petit effet. On est...Nom d'un croup. Le cousin, pas le fils.  Les yeux du Serdaigle allèrent de Steeve à Loan, avait-il passé l’interrogatoire avec succès ? Il voulait juste rentrer dans son dortoir et se rouler en boule dans ses draps. Fermer les yeux et rêver. Oublier, tout oublier.

Pour l’heure, la jeune femme venait de le marquer comme du bétail et lui ordonna de déguerpir pour faire place à une autre victime. Elwyn ne se fit pas prier et se leva d’un bond de la chaise, manquant de trébucher. Il trottina le plus loin possible sans se retourner. Sait-on jamais qu’elle change d’avis en cours de route. Lorsqu’il passa devant l’homme, celui-ci l’interpella : nos amitiés à Monsieur Wang. Boucle-la. Elwyn se força un sourire tordu et hocha la tête sans trop savoir quoi répondre.

Il avait espéré que le nom de famille de son ami ferait son petit effet, mais il n’aurait jamais imaginé à ce point. Quelle étrange sensation de se sentir quelqu’un d’important, de « supérieur ». C’était enivrant et curieux. La boule qui avait élu domicile dans sa gorge s’était totalement volatilisée lorsque Steeve s’était montré courtois presque apeuré à l’entente de son lien de parenté. C’était donc ça les « Wang » ? Le pouvoir d’un nom. Un peu à l’image de celui doit on ne doit pas prononcer le nom. Enfin le mage noir faisait bien plus trembler que les Wang, mais cette famille possédait suffisamment de pouvoir pour s’imposer et faire trembler même sans être présente. Il suffisait de se souvenir de l’immense demeure pour comprendre que lui et Stanley ne jouaient pas dans la même cour.

Quel était ce sentiment ? De la jalousie ou de l’envie ? Elwyn venait d’une famille quelconque de moldus, il avait été abandonné par ses parents et était refermé sur lui-même. Inintéressant et effacé.

Tu as toujours voulu être remarqué. Être admiré, reconnu et aimé. Ne plus être cet être invisible occupant une chaise ou un lit. Briller et être au-dessus des autres. C’est faux ! Allez, tu ne peux pas me mentir à moi. N’as-tu jamais espéré en secret que ta mère soit issue d’une noble famille comme celle de ton ami ? Que ton père soit autre chose qu’un moldu ayant pris la fuite en apprenant la grossesse ? Être le fils d’un illustre sorcier, d’une célébrité, d’un chercheur ? N’est-ce pas pour cela que tu n’as jamais cherché à en apprendre plus sur ta mère ? N’était-ce pas la peur de briser ces espoirs ? Comprendre que tu n’es rien et que tu le seras à jamais ? Apprendre qu’elle t’a abandonné, mais a refait sa vie avec un autre homme dont elle a eu un autre fils. Un fils qu’elle chérit, dont elle est fière, qu’elle aime au c… Non, non et non ! Qu'elle est heureuse sans toi et qu'elle t'a... oublié.

Les détraqueurs qui rôdaient autour de la boutique ne devaient pas être étrangers à la naissance décuplée de ces émotions, mais le jeune homme ne soupçonnait pas, pour l’heure, leur présence. Il rejeta en bloc cette agitation dans une tentative veine d’étrangler cette voix qui parlait dans sa tête. Sa voix. Il avait envie de pleurer, mais ce n'était pas le moment de laisser ses faiblesses parler. Ce n’est pas parce que son ami venait d’une riche et influente famille que cela faisait de lui quelqu’un de mieux. Si seulement.

L’inimaginable se produisit alors que le jeune homme s’éloignait du lieu de l’interrogatoire torturé par des idées noires et inavouables. Absynthe l’attira avec elle derrière un rideau. Le Serdaigle était complètement déboussolé par l’enchaînement des événements. L’interrogatoire avait sonné l'asiatique alors vous pensez bien que croiser Absynthe derrière un rideau et se retrouver plus proches que jamais d’elle n’allaient pas arranger les facultés de ses deux pauvres neurones. Il la questionna donc sur ses intentions. Il ne comprenait pas ce que faisait la jeune fille ni pourquoi elle se cachait et encore moins pourquoi elle l’avait appelé.

Leurs regards se croisèrent, et une boule noua la gorge du jeune homme. Il avait peur d’apercevoir la lueur accusatrice dans les yeux de la Serpentard et de se sentir à nouveau petit et misérable. Ses doigts passèrent doucement dans ses cheveux provoquant une décharge de bien-être qui ne dura pas longtemps. Le temps de reprendre ses esprits et de se demander ce qu’elle essayait de faire. Le Serdaigle en venait même à se demander s’il n’était pas mort ou en train de divaguer. Un rose discret colorait ses joues, mais il n’y prêta aucunement attention tant il était chamboulé par cet acte « affectif ». Ne le détestait-elle pas ? Ne lui avait-elle pas fait comprendre que sa présence n’était pas la bienvenue dans sa vie et qu’elle ne le serait jamais ? Qu’il était méchant et indifférent ? Alors pourquoi ? Comme toutes les questions concernant Absynthe, celle-ci resterait également sans réponse.

- Je me cache.

Il ne répondit rien, mais n’en pensa pas moins. Évidemment qu’elle se cachait, mais ce qu’il voulait vraiment savoir, sans oser se l’avouer, c’est pourquoi le faisait-elle. Il avait peur. Peur de quoi ? Là était la question, peur qu’en apprenant plus sur elle, elle pénètre profondément en lui au point qu’il soit incapable de la déloger, peur de s’attacher, peur d’être rejeté, d’être déçu. Mais avait-il le droit de lui poser des questions, d’en apprendre plus sur elle après ce qui lui avait fait dans la forêt interdite ? Cette proximité était déplacée, presque vulgaire à ses yeux. Elle recula et contempla sa main remplie d’une substance poisseuse qu’il confirma comme étant de la crème canari. Elle lui demanda également ce qu’il avait dans les cheveux, contre toute attente elle avait remarqué, elle aussi, qu’il avait changé de coiffure. Yong shik avait donc raison lorsqu’il lui avait dit que cela mettrait son visage en valeur ? En tout cas une chose est sûre, les gens voyaient une différence.

Elle lui indiqua une baguette au sol un peu plus loin. C’était donc pour cela qu’elle l’avait fait venir : elle avait besoin de lui. Cela expliquait ce ton doux, presque mielleux, cette attention et fausse gentillesse. Il essaya de tirer plus d’informations sur le pourquoi de sa cachette après tout au musée Elwyn avait bien vu qu’Absynthe venait d’un milieu aisé, un peu comme celui d’où venait Stanley. Un milieu qui lui était parfaitement étranger. Qui plus est la jeune femme se trouve à Serpentard, elle n’avait donc absolument rien à craindre alors pourquoi ?

- Je ne me cache pas pour le plaisir d'être derrière un rideau.  Je m’en doute, conclut-il en détournant le regard. C’était peine perdue avec elle. Pourquoi s’acharnait-il à essayer de communiquer ? Ils ne se comprenaient pas. De son point de vue, Absynthe sabotait toutes ses tentatives de dialogue. Elle était constamment sur la défensive, comme un animal blessé et il était incapable de l’approcher pour la nourrir sans se faire mordre ou qu'elle lui montre les crocs. Mais était-ce une raison pour laisser la créature mourir de faim ? Si Absynthe avait été un véritable animal, n’aurait-il pas passé outre les morsures pour tenter de la sauver. Mais la sauver de quoi ou de qui ? D’elle-même ? Non, il ne la connaissait pas assez. Tout ce qu’il pouvait faire c’était des suppositions.  Mais tu devrais le deviner : ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace.  Il releva ses prunelles vers elle ne sachant absolument pas comment il devait prendre cette remarque. Il opta pour une attitude totalement neutre en fixant une tâche de sucre sur ses chaussures.  

Elle entreprit alors de le soigner. Elle prenait soin de sa personne alors qu’elle ne voulait plus entendre parler de lui. C’était totalement contradictoire et il avait beau la regarder, aucune réponse, aucun geste ne pouvaient faire office de manuel Stevenson. Cette scène réveilla un souvenir en lui.

Des paroles « Tu t'es blessé » accompagnées d’une main caressant son oreille.

Il aurait voulu lui demander d’arrêter pas parce que cela était désagréable, bien au contraire, parce que cela lui était bien trop agréable. Il appréciait cet intérêt qu’elle lui portait, ses gestes méthodiques et sa voix douce, mais voilà, il sentait que cela allait encore mal tourner pour ne laisser qu’amertume et rancœur. Il avait l’impression d’être revenu un an en arrière quand Absynthe s’amusait encore à s’accrocher dans son dos ou prononcer son prénom avec une pointe de provocation parfaitement dosée. Passé, doux passé.

Il ne la quitta pas une seconde des yeux pendant qu’elle mâchait les feuilles et se laissa même faire lorsqu’elle prit son menton entre ses doigts. Pour une fois qu’il se sentait à l’aise en sa présence, il ne devait rien dire, ne rien faire, juste la laisser se charger de sa blessure. Pas de disputes, d’incompréhension et de blessures. Mais la magie n’était pas éternelle et le retour à la réalité n’en sera que plus douloureux. La substance baveuse rafraichit la chaleur de ses joues et il ne détourna les yeux qu’à ce moment précis. Il avait saigné bien plus que ce qu’il croyait et maintenant que la peur était retombée, le jeune homme se sentait épuisé.

La Serpentard recula et eut une étrange réaction, comme si elle manquait d’air. Ça ne va pas ? hasarda-t-il. Puait-il à ce point ? Il essaya de se renifler en vain. Elle détourna son visage ce qui inquiéta le jeune homme. Si elle faisait un malaise, Elwyn paniquerait automatiquement sans trop savoir quoi faire. Il s’imaginait déjà avec le corps inerte de la demoiselle dans ses bras.

- Pardon. Ce n'est pas le sang.  Il la fixa incapable de l’aider et ne sachant pas quoi faire. C'est juste que...  Elle indiqua le lieu de l’interrogatoire de la tête, Elwyn suivit des yeux la direction sans comprendre ce qu’elle voulait dire ni oser demander plus de détails. Elle lui tendit un mouchoir qu’il accepta timidement. Où était le piège ? Comme la tête lui tournait légèrement, il décida de s’installer en tailleur. La marque sur son index le picotait toujours, mais au moins il était vivant. Il prit son courage à deux mains pour lui demander pourquoi elle redoutait à ce point l’interrogatoire. La fausse-brune (hahaha) semblait au bord de la crise d’angoisse un peu plus tôt.

- Pourquoi devrais-je te le dire ? Elle le fixa, mais sa phrase lui fit baisser la tête. C’était exactement la réponse qu’il ne voulait pas entendre, il n’aurait pas dû insister, il le savait et le regrettait amèrement.

Vas-t-en. C’est ce que tu m’as dit, alors pourquoi ?
Regarde-toi, misérable et triste.


Tu ne risquais peut-être rien,  mais nous ne partageons pas le même sang. Elwyn.  Rien, lui ? Il avait falsifié ses papiers pour assurer ses arrières de sang inconnu, d’adopté, de paria de la société magique. Elle ne savait que le juger et le condamner. Il se souvenait pourtant lui avoir dit que ce n’était pas la peine de décapiter un innocent et lui demander ensuite de se justifier, il était trop tard. 100 fois trop tard. Mais à quoi bon s’ouvrir et lui expliquer ? Elle lui cracherait au visage qu’elle se fiche pas mal de savoir ce que Miller craint ou son passé, comme elle avait fait pour son patronus.

-Si tu le dis. Il n’ajouta rien de plus. Parfois, le silence était bien plus salvateur que des mots. J'aurais dû acheter un flacon de dictame...


Changeant de sujet, il fit remarquer que ses soins faisaient effet et que le sang avait arrêté de couler. Il se sentait nauséeux, mais ne savait pas si c’était à cause du sang perdu, des retombés de sa peur ou de la présence d’Absynthe.

- Mmmh... Tu es sûr que ça va ?

Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ?

J'aurais préféré que tu continues de m'ignorer. Tu sais très bien le faire, Elwyn. Tu l’avais dit toi-même que tu préfères que je t’ignore, non ? Alors pourquoi es-tu incapable de faire de même ? Pourquoi ne me facilites-tu pas la tâche ?


Elle s’était accroupie face à lui qui gardait la tête basse. « Non » avait-il envie de répondre. Il se gratta derrière la nuque sans la regarder en face, toujours gêné de la proximité. Et puis ce sentiment de culpabilité ne le quittait pas. Il remonta le col de sa veste qui descendait sur son épaule à cause du grabuge.

-Oui, je crois.

Pourquoi s’intéressait-elle à ce qu’il pouvait ressentir ? Pourquoi devait-elle toujours lui donner le sentiment qu’il abuse de son temps, qu’il est le fautif et le méchant de l’histoire ? Pourquoi lui reprocher ensuite lorsqu’il essayait de faire de même avec elle ?

C’est ma faute. Je le sais, mais ne peux-tu pas voir entre les lignes. Voir mes faiblesses et mes pardons maladroits. Pourquoi demandes-tu des paroles alors que je n’ai jamais les bons mots ?
         
- Oui, ça ne saigne plus.  Mais ce n'était pas beau à voir. Tu vas sûrement avoir la tête qui tourne, j'ai des bonbons ici, si tu veux...

C’est ma faute et tu me fais sentir encore plus misérable que je ne suis, arrête.

Elle lui tendit un paquet de bonbons qu’il accepta à contrecœur.

Arrête. La seule chose que je veux c'est que tu disparaisses.

-Merci, il n’avala aucun bonbon, mais tint fermement le sachet entre ses doigts. Il ne rêvait que d’une chose, sortir de cet endroit étouffant, prendre un grand bol d’air frais. Courir et crier. La demoiselle se redressa et lui demanda, comme pour l’achever, à quoi il pensait.

Il l’imita et se dressa sur ses jambes la dépassant à nouveau. C’était plus confortable ainsi. Cette question simple au premier abord était atrocement difficile pour le jeune homme qui ne savait même pas à quoi il pensait tant ses pensées étaient un bordel. Il finit par lui demander « pourquoi elle s’occupait de lui alors qu’elle le détestait ». Il frissonnait, la température avait drastiquement chuté.

- Tu seras gentil de baisser d'un ton. Il soupira en fronçant les sourcils. Elle lui posait une question, mais ne supportait pas d'entendre la réponse ! Alors à quoi bon ! Ou alors, dis-moi clairement que tu souhaites me voir passer ce foutu interrogatoire, Miller.

Tiens, elle était repassée au « Miller », une vraie girouette obéissant aux caprices d’un vent qui ne chantait aucunement aux oreilles du Serdaigle. Désolé, bredouilla-t-il.

Quant à te détester, tu te donnes trop d'importance. Il déglutit et encaissa en silence. Pourquoi s’occuper de lui s’il n’avait aucune importance ? Mais je crois savoir, depuis juin, d'ailleurs, que tu as de l'égo à revendre. Disons que je voulais t'éviter, comment l'as-tu formulé, déjà ? Ah oui. Je n'ai aucune envie d'assister à ta mort en direct chez Honeyduks. Il fronça les sourcils, elle reprenait ses propos, mais il n’était pas certain de se souvenir de quand et pourquoi il lui avait dit ça. Ce n’était pas le moment le plus marquant pour le jeune homme, aussi il avait plus ou moins supprimé de son esprit cette partie de l’échange pour se focaliser sur d’autres détails. Un kaléidoscope défila devant ses yeux, une baguette pointée vers lui, des larmes. Et puis, "on peut pas blesser autrui sans se blesser soi-même. C’est idiot." Ou un truc comme ça. Non ?

Elle le provoquait volontairement. Il releva lentement les yeux vers elle :- probablement, répondit-il mollement. Le Serdaigle abaissait les armes, ce n’était ni le lieu ni le moment pour régler ce différend. Et puis, à ses yeux ça n’était jamais le moment. Absynthe en avait décidé autrement et comptait bien l'accabler.

-J'ai assez vu de morts comme ça, tu sais, les Sombrals, tout ça...mais qu'est-ce que je raconte.

Est-ce que mon cœur est un morceau de glace ? Suis-je aussi insensible et égoïste qu’elle le décrit ? Oui, la réponse était oui. Des images de sa famille le frappèrent de plein fouet. Même avec eux, il avait été cruel et distant. Un enfant ingrat et capricieux.

-Écoute Absynthe,..

Elle singea le mouvement du jeune homme lorsqu’il avait voulu demander à Absynthe d’oublier ce qu’il venait de dire. Les sombrals, le moment tant redouté de la confrontation, Elwyn n’était pas certain d’être prêt à encaisser. Pas dans cet état d’extrême faiblesse psychologique et physique.  Je ne suis qu'une menteuse. Je n’ai jamais dit que… Instoppable, elle comptait vider son sac et lui cracher sa rancœur au visage. Elle devait garder ce poison en elle depuis juin attendant le moment propice pour le lui cracher au visage. Ce n'est pas comme si un Sombral était directement associé à la mort, non. N'importe quoi.

Rien. Elle ne comprenait rien.

- Tu as fini ? demanda-t-il simplement lorsqu’elle se tut. Ne vois-tu pas que je suis las et fatigué ? Il secoua la tête en soupirant : je n’ai jamais dit qu’un sombral n’était pas, à quoi bon ? Tu es... c'est...méchant., oh et puis… mer… Laisse tomber ! Il lui tourna le dos fixant la baguette couchée au sol. Une colère sourde faisait trembler ses membres et grincer ses dents.

Pourquoi lui reparler de tout ça ? Pourquoi forcément enfoncer le couteau dans la plaie ? Parce que tu ne t’es pas excusé, souffla sa conscience à son oreille. Tu as mal agi, mais ton orgueil t’empêche de demander pardon et reconnaître tes torts. Je n’ai pas eu tort !  Il se sentait fatigué, complètement épuisé comme une vieille serpillère passée à la machine à laver.

-Je ne sais pas, ça ne te vient pas à l'esprit que, peut-être, je sois assez humaine pour soigner une personne blessée ? Non, bien sûr que non. Elle veut une médaille ? Il grinça entre ses dents des paroles qu’il regretta aussitôt : je n’ai pas demandé ta pseudo compassion, ni ton aide !

-Tu ne te mets jamais à la place des autres, jamais à ma place.

- JE NE FAIS QUE ÇA !

Tais-toi, tais-toi, tais-toi.

Il ferma les yeux. Sa voix tremblait il était certain que s’il la regardait, il pourrait voir des larmes briller dans ses yeux alors, en bon lâche, il préféra ne pas lui faire face. Elwyn n’était pas certain de pouvoir faire face à une Absynthe brisée une seconde fois.

Regarde dans quel état tu te mets.

-Tu n'as jamais essayé de voir avec mes yeux. Parce que toi, tu as peut-être essayé ? Il essuya la fièvre perlant depuis la racine de ses cheveux en serrant les dents. Mais que quelqu’un la fasse taire ! Toi, ton nombril et ton égo.  Il essayait de garder son calme, de contenir la tempête qui tentait de démolir le barrage de ses émotions. L’asiatique desserra son col, il avait l’impression d’étouffer : si seulement je pouvais me réveiller de ce cauchemar. Arrête. Juste, arrête...

Arrête, oui. Il avait également envie qu’elle arrête, que tout s’arrête. Il n’avait qu’à lui rendre sa baguette et partir. Mais avant tout, il voulait savoir ce qu’elle avait entendu de son interrogatoire.

- Quoi...? Non, je n'ai pas... Pas tout, et...  Mais Elwyn, tu choisis toujours tes moments pour te regarder le nombril...


-Je ne me… Elle s’était brusquement rapprochée et venait de se coller à lui au point où il fit un écart brusque. Elle l'avait sorti de son apathie.

- Qu'est ce que ça peut faire, hein ? Qu'est ce que ça peut bien faire que j’apprenne que Monsieur Elwyn Miller est en fait un parent des Wang ? Qu'est-ce que ça peut bien faire Tu veux quoi ? que j'aprenne que tu aimes les sombrals, hein ?! Et toc !Que je fasse une révérence ? Bien sûr que non ! Que je te présente mes respects ? MAIS NON ! Eh bien, va te faire cuire un œuf de dragon ! Ce n'est vraim...

Elwyn fut frappé par une image de lune pleine haute dans un ciel étoilé et un froid mordant fit dresser les poils de ses bras. Haneul, maman t’aime. Le décor tangua sous ses yeux pendant un bref instant avant que tout ne redevienne normal. Il s'accrocha aux rideaux de peur de tomber. Qu’est-ce que c’était ?

Vraiment pas le moment. Je ne connais rien de toi, Elwyn, rien. Ah si, tu as un chat. Voilà, c'est tout, n'est-ce pas. Et donc, tu as été adopté ? Un frisson parcourut son échine. Il ne supportait pas de l’entendre de sa bouche et serra les poings. Tais-toi !A la bonne heure ! Je vais t'en dire une bonne, mais peut-être que ça aussi tu le sais déjà, ou que tu vas bientôt l'apprendre par ton cousin : moi aussi. Et, devine quoi, par une née-moldue. Alors oui, je me cache.  Elle jeta un coup d’œil derrière le rideau. Absynthe aussi avait été abandonnée, pourquoi cette nouvelle ne le surprenait pas outre mesure ? C’est comme s’il s’en était toujours douté. Un fil invisible reliait leur vie. Un fil mince prêt à rompre à tout moment. Je n'ai pas de sang Wang, moi, alors ouvre cette stupide porte et donne moi ma baguette avant qu'on ne me demande des papiers que je n'ai pas et... Des bruits de pas. Avec leurs disputes, ils avaient dû attirer l’attention d’un des rafleurs.  S'il te plait... Je ne te demande pas de me suivre. Juste de m'aider.  S'il te plait...

Il soupira le visage douloureux et lui tourna le dos : tu m’as demandé à quoi je pensais plus tôt, et j’ai répondu dans mon grand nombrilisme, pourquoi ? Je crois qu’en réalité ce que je voulais vraiment dire par là, c’est pourquoi est-ce que tu crois toujours que je souhaite te faire du mal ?

-Accio baguette, la baguette fila dans l’air et atterrit entre les doigts du jeune homme qui ne se retourna pas pour autant vers elle ni ne la lui rendit. Des bruits de pas se rapprochaient, ils devaient fuir, pas pour lui, mais pour elle.

C’est…fatiguant et blessant, dit-il en se retournant vers la porte. Il poussa la porte qui s’ouvrit et un doux vent frais caressa le visage du jeune homme qui se sentit revivre. Il déposa le sachet de bonbons et le mouchoir dans sa poche et attrapa le poignet d’Absynthe avec fermeté. Il se rapprocha de son visage pour murmurer : ce qui est marrant c’est que ce que tu me reproches, je pourrais te le reprocher.

Il tira sur son poignet et la poussa rudement (il n’était plus le moment de tergiverser ou se chamailler, il fallait agir et vite) à l’extérieur dans la ruelle puis il sortit sur ses pas et referma la porte doucement. Eternacollam, murmura-t-il en visant la poignée et les marches au pas de la porte. Il regrettait déjà son geste, avec cette marque à son doigt il était en sécurité à l’intérieur, mais aucune meilleure solution ne lui était apparue. S’il avait juste fait fuir Absynthe, le rafleur aurait trouvé louche de le voir parler seul, s’ils étaient restés, Absynthe aurait dû faire face à cet interrogatoire qu’elle redoutait tant. En le tirant avec elle sous le rideau, elle l’avait entraîné dans ses problèmes. C’était lui l’égoïste malgré tout ? À sa place, il ne l’aurait pas appelé, pour la protéger. Il vaut mieux finir à Saint Mangouste à cause d'une anémie que dans une histoire de sang impur dans un contexte d’occupation.

Eternacollam. Le même sort qu’il avait utilisé contre le basilic, un frisson d’angoisse parcourut son échine il se revoyait seul dans cet immense labyrinthe, la peur qui le rongeait et les affreux sifflements de la mort dans son dos. Il trottina vers la Serpentard et reprit son poignet avec dureté.

-Suis-moi et en silence, dit-il froidement.

Sa phrase n’appelait pas au débat. Tant qu’ils étaient à proximité de cette boutique, ils couraient un risque. Le Serdaigle l’entraîna un peu plus loin de la boutique dans une allée parallèle.

Tu es... c'est...méchant. Oui, alors laisse-moi tranquille.

Elle pouvait protester, il ne l’écoutait pas. Il ne la lâcha qu’une fois certain d’être en sécurité et suffisamment loin. Il prit une profonde inspiration et sortit la baguette de la brune de sa poche. Ce n’était plus la même baguette (lorsqu’on pointe une baguette vers vous, on a tendance à bien se souvenir de quoi elle était faite). Tiens une nouvelle baguette, pensa-t-il à voix haute.

Ma vision de la mort ? Mais très bien. Un Sombral, c'est un corps froid. C'est du chagrin. Une lutte. Du violet et du bleu. Du blanc. Une corde, un corps au bout. C'est l'abandon. Il frissonna de plus belle. L'abandon. "Pourquoi ta maman elle te ressemble pas ?" Sa fatigue devait vraiment être importante pour qu’il ne  fasse pas le lien avec des détraqueurs, car ce froid mordant n’était pas naturel. Sans compter qu’il s’accompagnait de pensées noires, comme si tous ses moments de joies avaient disparu.

Je ne voulais pas quitter l’orphelinat. Je voulais que ma maman revienne. Maman, tu me manques, pourquoi tu n’as pas voulu de moi. Il  redevenait le petit  garçon pleurant devant l’enclos des singes : « il est nul ».

Le Serdaigle pivota vers elle et la dévisagea longuement en gardant le silence, la baguette de la demoiselle fermement entre ses doigts. Il murmura à demi-mot en veillant à ne pas détourner le regard même si son estomac faisait des nœuds : tu ne crois pas que c’est toi qui me donnes trop d‘importance ?

Désormais, je serais ta maman. Tu peux m’appeler « maman ». Mais tu n’es pas ma maman. Je savais bien que cet enfant nous poserait des problèmes. Pourquoi tes yeux sont tous petits ? T'es gros et moche.

Il fit un pas puis un autre et réduisit ainsi la distance les séparant. Le jeune homme se stoppa à un mètre d’elle et lui tendit sa baguette. Il ne la lâcha pas même lorsqu’elle agrippa l’autre bout et plongea dans ses prunelles émeraude. Désolé d'être moi avec mes défauts et mes faiblesses. Un égoïste, narcissique et tordu. D'être Elwyn, juste Elwyn ou que sais-je. Pour les sombrals, je ne m'excuserais pas pour le dessin, car je continue à croire que j'ai fait le bon choix. Pardonne-moi de t'avoir suivi et d'avoir voulu te protéger. .

Il lâcha enfin sa baguette et pivota de trois quart, prêt à partir. Si je t'ai demandé si tu avais entendu l’interrogatoire, c'était simplement pour te demander de le garder pour toi. Moi, je ne pointe pas ma baguette sur les gens parce qu'ils font quelque chose qui me déplaît. Fais attention à toi sur le chemin du retour, dit-il apathique.

Il se sentait tellement triste et seul. Uniquement les souvenirs négatifs revenaient le hanter comme les vagues reviennent sur le rivage. C'était impossible que cela soit uniquement dû à sa rencontre avec Absynthe. Quelque chose clochait.

Le jeune homme ne sentait même pas qu’un détraqueur se rapprochait de leur duo. Il avait repéré deux proies particulièrement sensibles à ses pouvoirs funestes. Deux oisillons fragiles où il était fort aisé de pomper la joie pour ne laisser que ruines dans leur cœur. Un met de choix.


Dernière édition par Elwyn H. Miller le Ven 14 Juil 2017 - 13:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptySam 29 Avr 2017 - 23:29

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  933affe36db895671c1fdd8095835f8a

Elle se sentait si stupide. Adossé au chambranle de ce qui semblait être une porte de secours, derrière le rideau, Absynthe regrettait déjà son geste. Qu’est ce qui lui avait pris de se jeter sur le Serdaigle  pour le tirer dans sa cachette ? En continuant son chemin,  il aurait pu atteindre le fond de la boutique où d’autres clients d’Honeyduks s’étaient cachés ; il aurait pu ignorer sa présence derrière ledit rideau ; et il aurait pu continuer à se vider de son sang tranquillement jusqu’à s’évanouir dans un coin du commerce, victime d’un malaise, tandis que les interrogatoires s’enchaînaient. Et rien de tout ce qui allait suivre ne se serait passé : la vie d’Elwyn H. Miller aurait suivie son cours en évitant, pour une fois, de se mêler à celle d’Absynthe C. Stevenson.

« Je me cache. » Bien entendu. La réponse était stupide, mais tout à fait appropriée lorsqu’on souhaitait se faire passer pour une idiote. Au jeu de la poupée vide, de la personnalité en mousse, du pantin en bois souriant, la fausse brune ne se débrouillait pas si mal. Elle avait passé août à coiffer des cheveux blonds délavés en des coiffures que Mère aurait qualifiées, si elle avait été présente, de "trop sophistiquées", à essayer des robes d'hiver qu'elle trouvait vulgaires, et à parader aux bras de Jonas ou Graham Stevenson, muette, polie, objet de décoration plutôt sympathique et un peu courge sur les bords selon sa propre perception des choses.
Le regard vert et or d'Absynthe croisa de nouveau celui gris sombre d'Elwyn. Elle crut y lire une certaine incompréhension à son léger froncement de sourcil, mais le visage du garçon n'exprimait rien de plus que d'habitude et continuaient de la fixer, presque curieusement. La pénombre de leur cachette ne lui laissait pas l'occasion de constater que ses joues s'étaient colorées, ce qu'elle aurait bien entendu trouvé -comme à son habitude- mignon. Gênée, la brune baissa son regard sur ses doigts gluants de crème canari tout en se mordillant les lèvres, cherchant à freiner la question au sujet de cette nouvelle coiffure. Il avait grandit, certes. Les hommes avaient cette impressionnante capacité de prendre plusieurs centimètres d'un coup et la couleuvre avait déjà observé ces transformation chez les garçons de son entourage : Ethan n'avait pas échappé à la poussée de croissance, mais c'était Lysander qui lui avait parut le plus changé physiquement. Si elle avait été amusée de voir les Serpentard la distancer d'une bonne tête, constater ce même changement chez le Serdaigle ne l'enchantait guère. Plus encore, il y avait cette chose dans ses cheveux, chose qui dégageait son front et laissait apparaître son visage qui, il lui semblait, avait encore perdu de ses rondeurs d'enfant. Il se mettait en valeur et ce constat contraria la demoiselle.

Durant leurs jeunes années, les deux élèves s'étaient mutuellement ignorés. Physiquement inintéressantes, vivant dans l'ombre des autres, s'effaçant aux yeux du château, Elwyn et Absynthe n'avaient jamais réellement prêté attention à l'autre. Elwyn n'avait jamais -ou si peu- relevé la présence d'une frêle blondinette pressant le pas dans les couloirs, Absynthe n'avait pas retenu l'existence du petit garçon en surpoids au visage couvert de boutons que nombre d'étudiants avaient surnommé "le Gnome". Elle avait été la première à réagir en souhaitant plaire, attirer le regard, marquer les esprits (ce que les filles peuvent faire pour un garçon qui ne le mérite pas...) et avait brutalement tourné la page pour faire naître cette Absynthe que bon nombre d'élèves au château connaissaient à présent, enterrant la petite Charlie avec l'espoir de retrouver sa sœur. Le jeune homme avait attendu un peu plus longtemps avant de surveiller son poids, de soigner son acné, mais il n'avait jamais cherché à se faire remarquer. Leurs chemins n'étaient nullement destinés à se croiser, si on partait du principe qu'un garçon trop réservé et qu'une fille n'aimant personne ne pouvaient logiquement pas s'approcher.
Mais voilà, Absynthe en avait décidé autrement. Et Elwyn n'y était pas pour rien, bien qu'à l'heure actuelle il ignorait toujours ce qui avait provoqué ce soudain intérêt pour sa personne. Il avait suffit de sa voix pour qu'Absynthe se retourne, imprime son visage dans sa rétine et commence à observer ce Serdaigle jusqu'alors inexistant. Elle avait mis du temps à l'approcher, avait longtemps joué pour avoir enfin droit à une parole, un regard.
C'était injuste, tant d’efforts pour rien.
Amère, la fée faisait face à ce garçon qui avait si longtemps été un petit animal sauvage qu'elle avait cherché à approcher. A tord, peut-être, elle avait cette désagréable impression qu'elle avait subit les griffes et les crocs et puis les épines ! d'une bête qu'elle avait réussit à caresser du bout des doigts à force de patience et, qu'à présent, ladite bête lui échappait et cherchait les genoux d'un autre humain pour recevoir des caresses. Et Absynthe lui en voulait énormément. Pourtant, elle n'en était pas surprise et s'y était attendue : tous les hommes auxquels elle s'était attachée agissaient de la sorte. Ethan, malgré son affection, s'éloignait de plus en plus. Sevan, qu'elle avait aimé au point de se transformer, ne se contentait que de la voir comme un trophée de chasse en plus à son mur. Elwyn, sous ses assauts affectifs et ses sous-entendus libidineux, n'avait fait que la repousser tout en la traitant de menteuse.

Les doigts blancs se posèrent sur la peau caramel et obligèrent le menton à s'incliner, sans violence et en silence. Absynthe reconnaissait bien volontiers qu'elle était possessive en plus d'être protectrice. Il en avait toujours été ainsi. Savoir que Miller s'épanouissait très bien depuis qu'elle n'était plus collée à son dos était un sacré coup pour son égo et sa confiance en elle. Après lui avoir désigné sa baguette, Stevenson évita le regard fuligineux de son camarade. Elle n'était pas sûre, depuis cette entrevue dans la forêt interdite, d'avoir, un jour, fréquenté véritablement Elwyn Miller. Un masque, une façade, un mur. Elle avait prétendu le connaitre et le comprendre en fonction de ce qu'elle avait observé dans son comportement à lui, mais la réalité était, il lui semblait, bien lui de l'image que le jeune homme renvoyait. Égocentrique. Menteur. Et Moqueur. Du moins, c'est ainsi qu'elle l'avait vu après juin, mais son camarade s'amusait à la faire tourner chèvre en faisant preuve de gentillesse et d'attention alors qu'elle ne s'y attendait pas. Et dire qu'on prétendait que les filles étaient compliquées... ahahah !
Méfiante, Absynthe releva les yeux pour les planter dans le regard du préfet de Serdaigle : pourquoi cette question ? Bien entendu, elle s'était cachée pour ne pas avoir à donner ses papiers. Le sarcasme faisait presque trembler sa voix alors que la demoiselle lui répondait par l'absurde avec une histoire de rideau, l'estomac faisant des pirouettes dans son ventre. Elle mourrait de peur et ne pouvait s'empêcher de penser que, peut-être, la famille Wang serait arrangée d'avoir un filon à exploiter pour faire pression sur les Stevenson. Absynthe ne doutait pas que Stanley, bien qu'il n'en avait jamais parlé clairement, n'était pas sans connaître son adoption par Jacynthe. Elle était héritière de cette vieille famille seulement par le nom, son sang était souillé par une mère née moldue. Le visage souriant de Patricia au milieu de ses camarades du club d’échecs lui apparut soudainement. Elwyn était préfet, à présent. Si elle s'était faufilée clandestinement dans la salle des archives l'an dernier, elle l'avait vu en septembre en sortir avant le couvre-feu tandis qu'elle même comptait y entrer pour chercher le dossier scolaire de Georges J Stevenson. Peut-être avait-il vu le visage si semblable au sien parmi les cadres poussiéreux, en uniforme bleu.
La fée se mordit une nouvelle fois la lèvre inférieure pour mieux chasser cette idée de son esprit. Avec la désagréable impression d'être paranoïaque, elle se concentra alors sur la blessure visible d'Elwyn. Il y avait de rare moments où elle agissait calmement alors que l'occasion ne s'y permettait pas, et la situation de danger en faisait partie si, toutefois, elle trouvait de quoi se montrer utile. Dans le cas contraire, comme lors de la nuit où l'animagus avait attaqué deux Serdaigle et le professeur Donovan, elle était la première à paniquer. Ici, il n'était que question d'appliquer des principes vus en cours de Botanique et de Potion -avec, peut-être, un brin de Soin aux Créatures Magiques-, aussi la jeune fille se concentra essentiellement sur la plaie, oubliant presque à qui la joue blessée appartenait.

- Désolée, j'ai les mains très froides. murmura-t-elle par réflexe en appliquant la bouillie, le regard dans le vague et sourire fugace aux lèvres. C'était quelque chose qu'elle ne s'expliquait pas : à n'importe quelle heure du jour comme de la nuit, ses mains, ses pieds et son nez étaient aussi gelés que le souffle d'un Detraqueur.

La tâche effectuée, le calme s’effaça pour laisser place à la panique. En suffoquant, elle se détourna de son camarade et n'arriva pas à répondre lorsqu'il lui adressa la parole. Si les Carrow la laissaient à peu près tranquille au sujet de la volatilisation de sa mère adoptive depuis un tête à tête avec Alecto, le Ministère avait déjà fait sentir à la jeune fille qu'il n'en avait pas terminé avec elle. Elle avait déjà, cet été, dû répondre à l'appel de la Brigade Magique au sujet de Jacynthe Stevenson et, à Poudlard, un des Inspecteurs (un petit homme trapu à la voix nasillarde) lui avait tenu la jambe durant une demie heure à propos de ce même sujet, la forçant à écouter un plaidoyer sur la nécessité de l’incarcération des nés-moldus. La Serpentard avait bien prétendu qu'elle n'hésiterait pas à informer le Ministère si jamais elle avait des nouvelles de cette criminelle qu'était la vielle femme de soixante-dix sept ans passé, mais Absynthe doutait que des Rafleurs qui s'amusaient à réduire en cendre une boutique seraient aussi pacifique. S'il était prouvé que son sang était mêlé de par un dossier que Mère s'était empressée de constituer après le décès d'Albus Dumbledore, le nom qui figurait avant "Stevenson" était bel et bien moldu. La jeune fille ne souhaitait pas du tout tenter le diable et craignait de nouveaux interrogatoires plus « musclés ». Et puis, elle avait appris que le nom Stevenson n’était pas apprécié de tous…

- Pourquoi devrais-je te le dire ?

Nous ne sommes pas amis.
Non. Elle n'avait aucune raison de se confier. Plus encore que l'absence de complicité, l'attitude du Serdaigle ne lui donnait pas envie de s'épancher sur ses soucis familiaux et de venir chercher du réconfort. A quoi pouvait-il s'attendre en lui posant ce genre de question ? Que la verte se mette à lui raconter sa vie tout en se blottissant contre lui pour verser un torrent de larmes sur son épaule ? Mais ne l'avait-elle pas déjà fait, du moins, quelque chose y ressemblant, en mai dernier ? Et si ses souvenirs étaient bons -et malheureusement ils l'étaient- la seule réaction du jeune homme avait été de l'ignorer royalement dès le lendemain. Elle faisait un pas en avant, franchissant la distance qui les séparait à grandes peines, et lui reculait toujours en faisant comme si elle n'existait pas.
Alors pourquoi lui dire ? De peu, Absynthe retint son venin : Manquerais-tu d'inspiration pour dessiner, Miller ?
Au lieu de ça, la demoiselle tenta un sourire. Revenir en arrière. Elle n'oublierait pas, elle n'oubliait jamais. Mais reprendre la main sur ce feu-jouet était peut-être possible. Ou peut-être pas. La petite Charlie se trémoussait en regardant Absynthe : c'était trop tard, Elwyn, il la connaissait déjà. Il l'avait vu dans la forêt interdite et l'avait même dessinée. Comment redevenir Absynthe face à quelqu'un connaissant Charlie ? Car au fond, la fée était mauvaise actrice sur la longueur et le bleu sûrement mauvais spectateur.

- A quoi tu penses ?
- À quoi je pense ?

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Tumblr_on5d2zJwjc1vgjhono1_500

Elle aussi avait des millions de pourquoi sans réponse, pour autant, elle n'haussait pas le ton. Paniquée, Stevenson coula un regard vers l'interrogatoire avant siffler ses menaces au garçon.

- Désolé.

Non, Elwyn, non ! C'était trop facile de tourner la page par un "désolé". L'adrénaline aidant, le verrou de la gorge fut délié et un flot de reproche surgit sur l'aiglon, l'engluant comme une mouette dans le goudron.

- Écoute Absynthe,.. Mais elle le stoppa net en imitant son geste pour lui intimer l'oubli. Le sujet des Sombrals était abordé, il était trop tard pour qu'il s'en tire sans une vague supplémentaire de poison.
Pour une Serpentard, la couleuvre était impulsive. C'était un reproche que pouvaient lui faire les verts et argents : elle agissait en Gryffondor en implosant régulièrement. En vérité, chez Absynthe, cette attitude était la plus saine. Même si elle criait, pleurait, cherchait à se faire entendre, il valait mieux pour elle qu'elle s'exprime. En gardant pour elle, elle gambergeait, ruminait, et le résultat était tout aussi désastreux pour elle que pour sa victime. Un poison. Patricia avait vu juste. Encore une remarque pertinente de Miller.
- Je ne suis qu'une menteuse.
- Je n’ai jamais dit que…
- Tu dois avoir très peu de mémoire. Ce n'est pourtant pas si vieux, juin, si ? Je sais que l'oubli est l'un de tes remèdes préférés, mais peut-être que "forêt interdite" t'es familier ?

Avec du recul, elle se serait rendu compte que sa phrase était complètement décousue, mais les mots s'échappaient bien trop vite.

- Tu es une menteuse, un Sombral n'est pas la mort pour toi. Dans ce goût là ? Elle susurrait en souriant jaune, les yeux déjà humides mais la voix ferme. Ce n'est pas comme si un Sombral était directement associé à la mort, non. N'importe quoi.
- Tu as fini ?
- Je ne sais pas. Y a-t-il autre chose que tu as oublié ? cracha-t-elle à mi-voix, le nez retroussé sur son visage tordu par la colère.
- Je n’ai jamais dit qu’un sombral n’était pas, oh et puis… mer… Laisse tomber !
- Ah oui, "oublie". Bien sûr. Je t'aide, la bonne formule est "oubliette". plaqua-t-elle froidement en dardant son regard méprisant sur son camarade. Parle-moi... Tu es un lâche. Quand au pourquoi, je ne sais pas, ça ne te vient pas à l'esprit que, peut-être, je sois assez humaine pour soigner une personne blessée ? Non, bien sûr que non.
- Je n’ai pas demandé ta pseudo compassion, ni ton aide !
- ... Après un mouvement de recul, Absynthe détailla le jeune homme comme si elle le découvrait pour la première fois. Lentement, les poings se serrèrent. Dit celui qui m'a suivit pour m'avertir d'un coup bas de sa meilleure amie ? Les Serdaigles n'étaient-ils pas doués de logique ? Je n'ai pas...tu... Elle se mordit les lèvres, la tristesse se changea en la colère si familière. Espèce de crétin ! Tu ne te mets jamais à la place des autres, jamais à ma place.
- JE NE FAIS QUE ÇA !
- Mais ne crie paaaas ! geignit-elle en plaquant ses deux mains sur le torse du préfet afin de le pousser vers l'arrière. Le mouvement n'eut cependant pas l'effet escompté : Elwyn ne bougea à peine sous le peu de force de bras de la demoiselle qui le vit fermer les yeux. Elwyn... Un gémissement. Regarde moi. Ce refus muet de la part du garçon la fit inspirer bruyamment tant elle était frustrée. Tu n'as jamais essayé de voir avec mes yeux...

Jamais fait ce qu'elle espérait. Et jamais fait le premier pas.
Égoïstement, il ne lui avait jamais rendu les gestes et les mots qu'elle lui avait donné. Peut-être que la plupart de ses paroles n'avaient pas été sincères au début, qu'Elwyn les avaient interprété comme complètement fausses par la suite, mais la jeune fille ne voyait que cet horrible constat.
Aussi, quand la discussion s'orienta sur l'interrogatoire qui avait eu lieu précédemment, la fée le devança, folle de rage.

- Qu'est ce que ça peut bien faire que j’apprenne que Monsieur Elwyn Miller est en fait un parent des Wang ?
- Qu'est-ce que ça peut bien faire Tu veux quoi ? que j’apprenne que tu aimes les sombrals, hein ?!
Ils avaient parlé en même temps et, si Absynthe ne répondit pas, elle ne put s'empêcher de s'approcher encore pour le pousser contre le mur, comme elle l'avait tenté un peu plus tôt. Elle ne l'aurait pas pensé capable de dire une telle chose.
- Que je fasse une révérence ? enchaîna-t-elle alors, acide en mimant une légère courbette, les genoux croisés et pliés.
- Bien sûr que non ! Elle sentait son souffle sur le haut de son visage et sa mâchoire se crispa tandis que l'index accusateur tapotait furieusement le sein gauche de son camarade. Que je te présente mes respects ? MAIS NON ! Cette fois-ci, elle plaqua sa plain droite sur la bouche du Serdaigle, les iris vertes et or le fusillant sur place. Ne. Crie. Pas. cingla la couleuvre en articulant exagérément, le murmure à peine audible.

Elle se sentait si faible. Et si seule. Personne ne voudrait d'elle, personne, jamais. Elle était si laide. Elle pouvait le lire dans les prunelles d'Elwyn qui lui renvoyait son reflet. Le dégoût, la pitié, le mépris. De toute façon, elle perdait tous ceux qu'elle aimait. C'était une malédiction : d'abord papy, puis maman, ensuite Lili, Maximilien, Mère, bientôt Ethan, Abby, ... Elle tuait ceux qu'elle aimait. Un poison. Elle était mauvaise. Méchante.

- Et donc, tu as été adopté ?

Tu es méchante, Charlie.

- Tais-toi ! Regarde comme on se ressemble. Pourquoi tu ne me l'a pas dit, Elwyn ?
- ... moi aussi. Dis quelque chose... Juste de m'aider.  S'il te plait...

C'était comme se débarrasser d'un poids énorme, pourtant le nœud dans sa gorge était toujours aussi serré. Mais il lui tournait à présent le dos. Un énième rejet. Fatiguée, elle soupira simplement en sentant son front prendre appuie contre la clavicule du jeune homme. Comme avant.
Illusion.

- Tu m’as demandé à quoi je pensais plus tôt, Charlie ferma les yeux, bercée par la voix grave et l'odeur sucrée d'Elwyn. et j’ai répondu dans mon grand nombrilisme, pourquoi ? Pourquoi... murmura la fée en écho. Je crois qu’en réalité ce que je voulais vraiment dire par là, c’est pourquoi est-ce que tu crois toujours que je souhaite te faire du mal ?

Il y eu un court silence durant lequel la voix d'un Rafleur se fit entendre : un autre venait de se faire attraper, non loin de leur rideau. Un souffle s'échappa du corps immobile dans le dos du garçon.

- Parce que c'est ce que vous faites tous. Vous. A Elwyn de comprendre qu'elle visait les membres de la gente masculine. Le pire dans tout ça était qu'elle le pensait vraiment. Vous nous faites du mal, tout le temps. Comment expliquer alors que Charlie recherchait ardemment la compagnie masculine ? C'était tendre la baguette pour se faire doloriser. Max, Sevan, toi, Ethan. Toi. Elle n'aurait jamais dû se retourner à ce cours de métamorphose. Jamais dû l'approcher. La baguette de Mélèze vola pour arriver dans les mains caramel et le contact fut rompu alors qu'Elwyn se tournait vers la porte.
- C’est…fatiguant et blessant
- Oui. Que dire d'autre ? Elle aussi était fatiguée et blessée, mais à cause de son comportement à lui.

Le Serdaigle ouvrit alors la porte et Absynthe hésita : elle ne savait plus. Ne savait plus si elle devait le suivre. Une main se referma sur son poignet, la faisant sursauter. Brusquement, la décision ne lui appartenait plus et, perdue, elle se contentait de fixer leurs deux peaux. Elle était pâle comme la mort... Un nouveau sursaut la secoua lorsqu'elle sentit Elwyn se rapprocher de son visage et elle n'osa pas relever le regard.
- Ce qui est marrant c’est que ce que tu me reproches, je pourrais te le reprocher.
- Oui. Mais ce n'était pas drôle du tout.

Un gémissement de douleur et de surprise se fit entendre alors que le bleu et bonze la poussait sans ménagement dans la ruelle désertée. Les doigts blancs se posèrent à l'endroit où sa peau avait rougie suite au contact brusque de la poigne de Miller et c'est en regardant tout autour d'elle pour s'assurer qu'on ne les attendait pas par ici qu'elle se massa la partie endolorie de son poignet, juste avant qu'il ne lui soit arraché de nouveau.

- Suis-moi et en silence.

Il osait réclamer du silence quand il n'avait fait que de crier derrière ce fichu rideau ?! La demoiselle trébucha en voulant remettre son écharpe dont un bout trainait par terre, et elle manqua de tomber. Le fait qu'Elwyn la tire -pensant surement qu'elle cherchait à faire de la résistance- la remis sur pieds en lui arrachant un petit cri.

- Tu me fais mal !

Un gémissement qui confirmait bien ce qu'elle avait dit un peu plus tôt. ILS faisaient mal. Et puis c'était tout. Mais le jeune homme n'eut aucune réaction, si ce n'est d'accélérer l'allure en la traînant dans une allée étroite et sinistre. Dès lors qu'il la lâcha, Absynthe serra son bras contre sa poitrine, comme si c'était un objet que le brun souhaitait lui arracher.

- Tiens une nouvelle baguette

Muette, elle observa pour la deuxième fois en moins de cinq mois Miller tripoter sa baguette. En effet, ce n'était pas la même. Le bois était moins élégant et noueux, mais la nouvelle avait été décorée finement et paraissait d'autant plus fragile qu'elle était fine et souple.
Fragile. Elle pouvait se briser d'un simple faux-mouvement.
Le regard vert et or remonta le long des bras, des épaules, puis du cou pour affronter les yeux sombres d'Elwyn.

- Tu ne crois pas que c’est toi qui me donnes trop d‘importance ?
Un petit temps. Charlie sembla méditer les propos tout en caressant distraitement l'articulation douloureuse. Trop d'importance ? Oui. Oh, bien trop. Plus qu'elle ne l'avait voulu.
- Si. Pour une raison stupide. En plus. Et moi ? Et moi, quoi ? Est-ce que j'ai un peu d'importance pour toi ? Le regret lui rongea la gorge alors même qu'elle prononçait ces mots, mais il lui semblait qu'Absynthe était restée cachée derrière le rideau. Elle avait besoin de savoir, une bonne fois pour toute. Elle secoua la tête, les cheveux bruns volant en s’accrochant dans l'écharpe. Je pensais te comprendre un peu, mais en vérité je ne te connais pas. Ce qui était un bien triste constat.

Elle ne bougea pas en le voyant s'approcher, mais se raidit en rentrant la tête dans les épaules, les bras prêts à parer un coup sur son visage. Au lieu de quoi, il lui tandis sa baguette. Mollement, la jeune fille leva la main pour glisser ses doigts sur le bois orné, mais la prise du garçon ne se desserra pas pour autant. En déglutissant, elle se résigna à affronter son regard sombre.

- Désolé d'être moi avec mes défauts et mes faiblesses. Un égoïste, narcissique et tordu.
- Un Serdaigle. ne put s'empêcher de faire remarquer la couleuvre à voix haut alors qu'elle ne voulait que le penser. Un petit sourire nerveux fleurit sur ses lèvres. Oui, Elwyn avait bel et bien les valeurs de sa maison...
- D'être Elwyn, juste Elwyn ou que sais-je.

Ce n'était qu'un prénom. Se résumait-il à cela ? Perplexe, la brune pencha la tête vers la gauche, soudainement attristée par ce qu'il disait. Et pour une fois, elle n'était nullement concernée. Le visage de Patricia, ravagée par le désespoir, se superposa à celui de son camarade. Elle aussi avait ce don pour la faire se sentir coupable et responsable de tout le malheur des autres. Mais c'était le cas. C'était sa faute si maman s'était pendue, sa faute si Elwyn était triste et en colère. Peut-être que lui aussi, elle allait le tuer.
Les doigts froids comme la glace effleurèrent le dos de la main caramel en un faible réconfort. Pas pleurer, maman, moi pas bobo. Pas pleurer, maman...

- Pour les sombrals, je ne m'excuserais pas pour le dessin, car je continue à croire que j'ai fait le bon choix. Pardonne-moi de t'avoir suivi et d'avoir voulu te protéger.
- Pourquoi demander pardon pour la seule chose que je ne te reproche pas ? Je ne t'ai jamais remercié, c'est vrai, considères-tu que c'est trop tard ? Tout comme l'envoie de ton patronus en Etude des Moldus ? Merci. Pour ça. La voix faible de la fée continuait de murmurer, comme s'ils se cachaient encore et toujours derrière un rideau. C'était tout comme : une sorte de voile les séparait du reste du monde, un tissu qui leur collait la peau pour aspirer leurs forces, une cape qui, elle l'avait remarqué, semblait trop lourde pour les épaules d'Elwyn. Et pourquoi t'obstiner à penser que...ce dessin... Je ne comprends pas. Elle secoua la tête, abattue. Tu m'as dit de me taire lorsque je t'ai parlé de ton adoption, Elwyn. Mais me remettre en mémoire la mort ne te dérange pas ? Ce n'est pas... Logique. Du moins, pas selon elle. Et ça fait mal. Tu sais ce que les voir signifie. Quand à me dessiner, comment aurais-tu réagis si les rôles avait été inversé ? Après avoir profondément inspiré, Absynthe s'humecta les lèvres et se redressa. Comment aurais-tu réagis si je t'avais surpris à dessiner dans ton carnet noir et que tu n'avais pas eu le temps de me l'enlever des mains pour lancer, je ne sais pas, un sort de protection ? Que j'avais tout regardé, lu, qu'importe, te lisant et décrivant le contenu à voix haute en t'obligeant à m'écouter ? ... Est-ce que tu t'aimes, Elwyn ?

Et puis, finalement, elle se retrouva avec sa baguette dans les mains et une boule dans la gorge.
- Si je t'ai demandé si tu avais entendu l’interrogatoire, c'était simplement pour te demander de le garder pour toi.
- Pour qui me prends-tu ? Pour une folle. Lui souffla la voix de Doherty.
- Moi, je ne pointe pas ma baguette sur les gens parce qu'ils font quelque chose qui me déplaît.
- On en reparlera dans quelques mois. Il avait déjà beaucoup changé, elle pressentait que ça n'allait sûrement pas s'arrêter en si bonne voie.
- Fais attention à toi sur le chemin du retour.

Et ainsi se séparaient les chemins d'Elwyn H. Miller et d'Absynthe C. Stevenson. Du moins, il aurait suffit de presque rien, peut-être dix secondes de moins, pour que la fée le laisse partir. Au lieu de ça, au moment où le garçon avait amorcé un mouvement pour partir, la verte avait détournée le regard en se mordillant les lèvres face à l'assaut d'Alice dans sa tête, ses cris et ses yeux bruns. Ceux de Patricia. En grelottant, elle fronça les sourcils et chassa prestement les larmes dans ses yeux pour fixer l'individu tout de noir vêtu qui s'approchait lentement d'eux, la respiration rauque. Le Rafleur qu'elle avait soupçonné se transforma alors dans son esprit en la Créature du Mal qui, depuis quelques minutes, les avait flairés. Avec un sursaut d'effroi, la main glacée d'Absynthe singea le mouvement d'Elwyn, un peu plus tôt, et lui agrippa le poignet avec plus de force qu'elle ne l'aurait voulu, ses ongles peints griffant un peu l'épiderme brun.

- Elw... Le prénom s'étrangla dans la gorge de la jeune fille dont le regard terrifié continuait de fixer l'avancé du Detraqueur qui flottait vers eux. Un frisson bien trop puissant ébranla la brune qui sursauta plus qu'elle ne frémit devant la violence de ses souvenirs.
De la joie. Pense à la joie. Elle revoyait une étreinte de Mère avant que celle-ci ne parte.
- Exp... Exp... Ne l'abandonne. Elw...wyn. Tenta alors Absynthe en secoua son bras, bougeant ainsi celui du garçon. Qui ne réagissait pas. Bouche entre-ouverte, il fixait la silhouette encapuchonnée, le regard vide et absent. La verte appela de nouveau, l'instinct de survie lui dictant alors de s'enfuir. Aucune réaction mis à part un clignement de paupière. Un violente dose d'adrénaline secoua alors Absynthe qui entreprit successivement de secouer le jeune homme, de prendre son visage entre ses mains pour le forcer à la regarder, de lui hurler de courir. Dans son dos, la créature n'était plus qu'à une dizaine de mètre et les iris sombres d'Elwyn semblaient toujours indécises, troublées, lointaines. Celles d'Absynthe cherchèrent encore quelque seconde une quelconque réaction qui ne venait pas, alors la demoiselle se haussa à la hauteur de son camarade dont le visage était toujours entre ses mains et plaqua sa bouche contre la sienne.
Le contact n'avait rien de doux ou de tendre. Premièrement, dans la précipitation du geste, Absynthe oublia de pencher sa tête et leurs nez s'écrasèrent l'un contre l'autre, arrachant un couinement de douleur à la couleuvre et ne manquerait pas de faire grimacer l'aiglon. Les lèvres fines et froides de la Serpentard heurtèrent celles plus charnues du sixième année avec force et restèrent appuyées juste assez de temps pour que le bleu et bronze comprenne ce qu'il venait de se passer. ("Comme premier baiser avant de concevoir le petit Haneul, on pouvait faire mieux :/ " Je sais ! ). Les doigts blancs se mêlèrent alors à ceux du garçon et Absynthe amorça quelques pas en titubant.

- Cours Elwyn, cours !!!! hurla-t-elle enfin, sa voix déchirant sa gorge.

Les deux silhouettes adolescentes chancelèrent sur plusieurs mètres avant de réussir à courir le long des ruelles de Pré-Au-Lard. D'abord leader, Absynthe fut rapidement devancée par Elwyn dont elle ne lâchait plus la main, resserrant sa prise sur lui quand elle sentait que ses doigts lui échappaient. Ne me laisse pas.

- Adrate !! Elle reconnaissait finalement les lieux : le mur couvert d'affiches morbides face à eux était l'arrière de Zonko. Droite ! répéta-t-elle avant de se laisser entrainer dans cette même direction, débouchant alors sur la rue principale.
Ils stoppèrent brusquement leur course en raison d'un autre groupe de jeunes débiles qui prétendait servir la noble cause du Seigneur des Ténèbres, et Absynthe tira une nouvelle fois sur le bras de son camarade tout en regardant derrière elle pour surveiller la Créature distraite par les nouveaux mets qui s'offrait à elle, bien que moins goûteux.

- On doit s'éloigner, on doit s'éloigner. Comme un disque rayé, la jeune fille ne cessait de répéter cette même phrase d'une voix éteinte, les yeux perdus dans les brumes de son passé. Étrangement, ce n'était que maintenant que l'effet du Detraqueur était le plus douloureux. Face au Monstre, elle s'était sentie comme fascinée, aspirée par sa propre tristesse. Maintenant, la douleur refaisait surface et son cerveau s'attardait trop sur des épisodes de sa vie qu'elle aurait préféré avoir oublié. On pouvait penser que l'effet des gardiens d'Azkaban n'était pas le même en fonction des gens et de leur relation avec leur passé. Absynthe avait très bonne mémoire, vivait avec ses fantômes et, même si y repenser lui poignardait le cœur, elle avait bien trop appris à vivre avec ses démons pour rester immobile. Le souffle saccadé par les sanglots, la fée emprunta une rue qu'elle connaissait bien et qui les mena derrière le Salon de Madame Pieddodu. Elle se figea alors devant l'enseigne tombée par terre et la scène visible à travers la fenêtre : ici comme à Honeyduks, les Raffleurs avaient décidé de mettre la pagaille.
- Allez viens. La peau du garçon contre la sienne lui transmettait un peu de chaleur, lui assurant qu'elle était toujours en vie. Pardon, j'ai les mains froides. Elle ne se souvenait plus l'avoir déjà dit. Perdue, elle s'arrêta à quelques mètres de la route principale, le duo rasant toujours les murs. Le Detraqueur ne semblait plus sur leurs talons, la fée pressa son compagnon d'infortune et se mit à courir pour traverser la voie où d'autres sorciers et sorcières courraient pour échapper à la créature qui les avait poursuivit tout à l'heure. On doit retourner aux calèches. Elwyn, dépêche toi.
Elle raffermit sa prise, le pouce effleurant à plusieurs reprises la marque de succès face à la Rafleuse aux cheveux bleus. A côté de Derviche et Bang, une étudiante de leur âge semblait blessée à la jambe et, consciente, pleurait en appelant à l'aide. Après avoir ralentit, Absynthe jeta un regard interrogateur au bleu et bronze tout en pinçant les lèvres. S'il ne tenait qu'à elle...elle n'irait pas aider l'étudiante. Elle avait bien du plantain sur elle, mais elle ne souhaitait pas s'attarder sur un élément de ce décors tragique. L'instinct de survie était bien plus fort.

Finalement, après une nouvelle course durant laquelle Absynthe manqua de tomber à deux reprises, ils atteignirent l'exact opposé géographique d'Honeyduks : la Tête de sanglier.
- Les calèches... Elle tourna sur elle-même. Sont par là, je crois... Elle montrait alors la direction du Bureau de Poste lorsqu'un nouveau frisson agita ses épaules. Saleté de créature. maudit-elle tout en récupérant ses deux mains pour les frotter l'une contre l'autre et souffler dessus, non sans couler un regard incertain à Elwyn. Tu ...vas bien ? Elle s'approcha pour fouiller les poches de la cape du garçon, les mains cherchant le paquet de bonbon. Zut, c'est le chocolat qui est efficace contre eux, pas les fib...fiz...fiztrucbidule ... bougonna-t-elle les yeux fixés dans les poches du Serdaigle, cherchant à éviter le plus important. A savoir, le regard d'Elwyn.








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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyDim 28 Mai 2017 - 17:15

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Spiderweb-animated-gif-6

Il était une fois un petit garçon et une petite fille bien seuls, perdus dans une vie qu’ils n’ont pas choisie et qu’ils ne contrôlent pas. Ces enfants se battaient pour ne pas perdre la lueur d’innocence dans leurs prunelles, pour trouver leur place.  

Dis, ta maman elle est où ? Tu es toute seule aussi ? Tu veux pas jouer avec moi ? Voici probablement les dialogues que le petit Elwyn et la petite Charlie auraient pu échanger s’ils s’étaient rencontrés quelques années plus tôt dans d’autres circonstances. S’ils avaient fait attention à l’autre plutôt qu’à leurs propres soucis et faiblesses pendant leur première année, lorsqu’ils étaient tous deux en marge des autres élèves.

Mais ce n’était pas le cas et les deux jeunes gens qui se faisaient face dans la pénombre de leur cachette étaient pratiquement des étrangers. C’était peut-être leur destin de se blesser sans se comprendre. Peut-être qu’un enfant qui recherchait désespérément ses souvenirs et une petite fille qui souhaitait les jeter aux oubliettes pour l’éternité n’étaient pas faits pour s’entendre. L’un court après les fantômes de ses souvenirs, l’autre cherche à les fuir. Peut-être que le nœud du problème se situait simplement à ce niveau. Ils se ressemblaient beaucoup dans leurs différences.

- Désolée, j'ai les mains très froides. Ses pensées furent tirées de leurs songes. Oui, elle avait les mains froides, mais il ne l’aurait pas remarqué si elle ne l’avait pas mentionné.

-Ce n’est pas grave, murmura-t-il à mi-mot tout en dévisageant la jeune femme qui soignait sa plaie. Les moldus disent : mains froides, cœur chaud. Les moldus en général, il ne savait pas, mais en tout cas c'est ce que disait sa mère adoptive. Il ne quittait pas des yeux la Serpentard qui s’affairait non loin de lui. Est-ce que cette expression s’appliquait à Absynthe ? Difficile à dire. Et à lui ? Ses mains étaient chaudes, mais son cœur n’était-il pas qu’un bloc de glace ? Parfois, cette constatation le terrorisait. Il avait pourtant de l’empathie, mais il craignait que ce ne soit qu’un masque pour se faire accepter des siens. Un simulacre d’humain. Il ne savait pas. Aussi loin que remonte sa mémoire, il avait toujours été ainsi.

Il ne comprenait pas (compteur de "comprenait pas" : 1) pourquoi elle souhaitait se cacher. Il était persuadé qu’elle venait d’une famille aisée. Lorsqu’il osa poser la question, elle lui répondit sèchement qu’elle n’avait aucune raison de lui en parler. Et elle avait entièrement raison. Il n’avait pas son mot à dire puisqu’ils ne se fréquentaient pas et n’étaient même pas amis. Si Elwyn n’avait pas le droit de poser des questions et surtout d’obtenir des réponses, Absynthe ne se gênait pas pour lui en poser. Elle lui demanda à quoi il pensait et le jeune homme enchaîna mauvaise réponse sur mauvaise réponse. Si bien que l’incident de la forêt interdite surgit de l’ombre dans lequel il était tapi depuis plusieurs mois.

Avec l’adolescence et son adoption, Elwyn se sentait suffisamment mal dans sa peau, mais Absynthe avait un don tout particulier pour tirer dans la boue l’enfant qui tentait de déployer ses ailes vers le ciel. Elle lui fit part de tout ce qu’elle avait sur le cœur et de tout ce qu’elle lui reprochait par rapport à la forêt interdite. Notamment cette histoire de « menteuse » qu’elle avait interprétée de travers, pour changer. Elwyn se sentait fatigué, il n’avait pas la force de se battre ou de débattre. Il voulait sa tranquillité et du silence. C’était visiblement trop demander. La perte de sang, le stress de l’interrogatoire et les détraqueurs qui rôdaient avaient eu raison du peu de force qui lui restait. Dès qu’ils se retrouvaient en tête à tête, cela finissait mal. C’était encore plus logique qu’une équation de maths : Absynthe + Elwyn = embrouilles.

- Tu dois avoir très peu de mémoire. Lui ? Ne pas avoir de mémoire, c’est une blague ? Ce n'est pourtant pas si vieux, juin, si ? Il la dévisagea armé de son visage fermé où brillait une lueur de colère, n’allait-elle jamais se taire ? Si j’ai décidé d’oublier, ce n’est pas parce que j’en avais envie, c’est toi qui m’y as poussé de par ta réaction-excessive-. Tu as la mémoire visiblement aussi courte que la mienne !  Je sais que l'oubli est l'un de tes remèdes préférés, mais peut-être que "forêt interdite" t'es familier ?

L’ « oubli », non il n’aimait pas ce remède, elle faisait fausse route. C’était tout le contraire. Oublier était plutôt un idéal qu’il aurait souhaité appliquer dans sa vie de tous les jours, sans succès, pour éviter de souffrir. Oublier que sa mère l’a abandonné, oublier qu’il a été adopté, oublier tout court. Mais il n’avait pas choisi ce chemin-là. Tout du moins, il n’y était jamais arrivé. Il se souvenait très clairement des mots de la gouvernante : « regarde, tu as été puni d’avoir mal agi puisque tu t’en souviens encore maintenant ». Pour la forêt interdite, la punition était la même et il avait également perdu quelque chose de très précieux : il était incapable de dessiner. Le dessin était ce qui lui avait permis d’exprimer toutes ses peurs, ses joies, ses frustrations et maintenant, il se retrouvait démuni de ce droit. Comment allait-il bien pouvoir les exprimer autrement que par les mots ? Il avait été puni alors pourquoi Absynthe ne lâchait-elle pas l'affaire ? Que pouvait-il répondre ? Elwyn était trop maladroit et ses mots, trop brouillons. Elle interprétait tout mal, il n’avait pas les mots pour la rassurer et ses silences n’arrangeaient rien. Bien au contraire, c’était comme s’ils attisaient sa flamme. Face à son mutisme, elle continua sur sa lancée, la voix cassée. Elle allait pleurer par sa faute, mais tout ce qu’il fut capable de demander c’est si elle avait enfin fini de vider son sac.

- Je ne sais pas. Y a-t-il autre chose que tu as oublié ?

Il fronça les sourcils et grinça des dents. "Ouais, à quel point le silence est salvateur". Cette pensée bien que pesante ne franchit pas ses lèvres. Ses prunelles quittèrent Absynthe pour fixer un pan du rideau. Il avait envie de lui crier qu’il y avait tant de choses qu’il avait oubliées. Il tenta d’expliquer ce qu’il voulait dire par « menteuse », mais à peine eut-il commencé sa phrase qu’il oublia ce qu’il avait vraiment voulu dire. Les mots lui échappaient. Il ne savait pas lesquels employer et son esprit était comme vide. C’était les effets indésirables de l’absinthe.

- Ah oui, "oublie". Bien sûr.

Il soupira : arrête avec ce mot, veux-tu ! Je t'aide, la bonne formule est "oubliette".  Son geste, le ton de sa voix, tout lui glaça le sang avant de le transformer en lave en fusion.

-ça suffit ! Ne parle pas de choses que tu ne connais pas ni ne comprends ! À vrai dire, peut-être qu’Absynthe savait parfaitement de quoi elle parlait, mais Elwyn se sentait cerné. Elle frappait exactement là où le bât blesse. Oubliette, probablement le dernier sort que sa mère lui a lancé avant de disparaître. Son cadeau empoisonné d’adieu. Te faire ça aussi jeune, aurait pu te tuer ou même te rendre complètement fou. Le choc a dû être d’une brutalité sans pareil et a certainement laissé de graves séquelles.  De graves séquelles ? Peut-être qu’Absynthe a raison. Peut-être qu’il n’est qu’un pervers narcissique détraqué. Tu es un lâche. Doublé d’un lâche visiblement, la liste devenait longue.

Yong shik lui avait dit la même chose, alors c’est qu’ils devaient avoir raison. Et même si c’était vrai, en quoi cela était-il un problème ? Il était lâche et ? Était-ce une raison pour l’accabler à ce point ? Il se sentait comme un monstre nocif qu’il fallait absolument abattre. Certaines personnes sont égoïstes, d’autres égocentriques, lui était lâche. Quelle terrible nouvelle que d’être rejeté pour ce que l’on est. Probablement l’un des rejets les plus brutaux qui existent sur cette planète.

-Oui, dit-il amer. Un lâche et un pervers en plus. Au cas où ça t’aurait échappé, je ne suis ni à Gryffondor, ni à Poufsouffle ! Mais c’est bizarre, le choixpeau a dû se louper, car je n’ai pas fini chez les plus lâches de Poudlard !

Il n’en pensait pas un traître mot. Son ami Stanley était à Serpentard et il n’avait rien d’un lâche ou d’un tordu, mais voilà Absynthe l’avait blessé alors il utilisait la seule défense qu’il avait à portée de main : la contre-attaque. Essayer de lui faire mal autant qu’elle le blessait.

Lorsqu’elle lui expliqua pourquoi elle l’avait interpellé, Elwyn lui fit remarquer qu’il ne lui avait rien demandé.

Dit celui qui m'a suivit pour m'avertir d'un coup bas de sa meilleure amie ? Aaah c’était pour ça ! railla-t-il, pardon, j’ai oublié, le Serdaigle se frappa le front. Il me semblait que c’était uniquement pour assouvir mes pulsions de pervers narcissique et lâche ! Je n'ai pas...tu...  Espèce de crétin ! Tu ne te mets jamais à la place des autres, jamais à ma place.

- JE NE FAIS QUE ÇA !

Elle plaqua ses deux mains sur son torse visiblement pour le faire reculer tout en le suppliant d’arrêter de crier. Il ne bougea pas et ferma les yeux. Allait-elle encore le gifler ? Ses gifles faisaient moins mal que ses mots, alors il préférait qu’elle le frappe si ça pouvait la calmer. Mais cette punition aurait été trop douce. Elwyn... Les tremblements dans sa voix s’étaient calmés, mais il n’osait pas rouvrir les yeux de peur de la voir pleurer. Tu n'as jamais essayé de voir avec mes yeux...

« tu ne m’en as jamais laissé la chance »

Il rouvrit lentement ses paupières pour la dévisager, mais elle ne soutint pas son regard. Que pouvait-il répondre à cela ? Rien. Il avait tenté de la comprendre sans être envahissant. Comprendre pourquoi elle s’était intéressée à lui, comprendre si elle jouait ou s’il existait un brin de sincérité. Et la fois où il avait sincèrement essayé de voir qui était Absynthe Stevenson, c’était dans la forêt interdite alors qu’elle dansait au milieu de la clairière et elle lui reprochait encore sa décision.

- Je ne pense pas que tu souhaites sincèrement que je vois à travers tes yeux. Tu ne me fais pas assez confiance pour cela, conclut-il sèchement.

Absynthe lui reprochait absolument tout. Le jouet Miller n’est plus amusant alors on veut s’en débarrasser, Stevenson ? On est déçue parce qu’il est cassé et ne fonctionne plus comme on le souhaite ? C’est trop facile de le ramener au magasin ou de l’échanger. Le petit chiot tout mignon qu’on a adopté fait pipi sur le tapis de grand-maman, a cassé le vase précieux de maman et a bousillé avec ses dents tous les pieds de table et chaise ? Et plutôt que de lui apprendre à se comporter correctement, c’est plus simple de l’abandonner sur le bord d’une autoroute. Se lier à quelqu’un c’est souffrir et être déçu !

Elwyn qui voulait en finir et fuir cette conversation et ce lieu au plus vite lui demanda si elle avait entendu son interrogatoire. Question qu’il pensait anodine, pensez-vous. La jeune femme entra dans une colère noire. Elle l’acculait de plus en plus contre le mur, il ne reculait pas à cause de la force de ses bras, mais de ses attaques verbales. N’avait-elle pas étudié en soins aux créatures magiques, qu’il n’y a rien de plus dangereux et féroce qu’une créature qui se sent pris au piège ? Son index tapotait sur son torse comme une mère aurait pu le faire avec un enfant désobéissant.

Elwyn était connu pour sa patience et douceur sans faille. Où étaient passées ces deux qualités ? C’est une excellente question et si vous cherchez la responsable, elle se trouve avec Elwyn en ce moment. Oui, Absynthe avait un don inné pour frapper exactement où ça faisait mal. Lorsqu’à bout de nerfs, il haussa le ton, elle plaqua sa main contre sa bouche. Il fronça les sourcils et prit les poignets menus de la demoiselle pour la faire lâcher prise : oui, mais arrête alors.

Au fond, ces deux âmes ne cherchaient-elles pas simplement à se comprendre ? Si le Serdaigle avait un peu plus de confiance en lui, il aurait pu voir qu’Absynthe cherchait simplement à le faire réagir, à comprendre, qu’elle avait peur de quelque chose. Mais il ne voyait pas ce côté-ci, il ne voyait qu’une agression et du mépris envers sa personne.

- Et donc, tu as été adopté ?

Elle aurait pu lui transpercer le cœur ou enfoncer une lame dans une plaie à vif que l’effet aurait été le même. Il lui ordonna de se taire. « Adopter » ce mot était détestable à ses oreilles, mais pire encore il existait le plus haïssable des mots : « orphelin ». Absynthe savait ce qu’il avait toujours dissimulé. Le plus étrange fut qu’elle lui révéla être également une enfant adoptée. Pourquoi lui révélait-elle cet aspect intime de son histoire ? Il ne lui aurait pas dit même en apprenant qu’ils avaient eu une enfance identique : un abandon. Toutefois, le jeune homme était tellement sous le choc qu’il n’avait pas encore totalement saisi la profondeur et l’ampleur de la révélation qu’elle venait de lui faire.

Il lui tourna le dos, il fallait agir et vite avant l’arrivée d’un rafleur. Elle avait posé sa tête contre sa clavicule, il ne comprenait pas (compteur : 2) cet élan qu’il jugeait « affectueux ». En tout cas, dans le langage Millerien, le contact physique rapproché était synonyme d’affection. Décidément, ces deux créatures avaient des langages beaucoup trop différents pour se comprendre. Il n’osait plus bouger à cause de cette proximité. Il avait l’impression désagréable d’être un yo-yo à jambes : s’il se rapprochait de trop près elle l’envoyait bouler au loin, s’il s’éloignait trop loin, elle se raccrochait à lui. Que voulait-elle ? Un gentil chien-chien qui vient quand on l’appelle et attend patiemment le retour de son maître ? Elle avait frappé à la mauvaise porte. Le haïssait-elle ou y avait-il une part de bienveillance ? Les deux ? Il ne savait pas. Absynthe, elle-même, ne devait pas savoir. Légèrement radouci, il lui demanda pourquoi elle pensait toujours qu’il souhaitait lui faire du mal. Au fond, Elwyn était facile à calmer quand on savait dans quel sens caresser la bête (pas celle-ci Maya).


- Parce que c'est ce que vous faites tous.  

Totalement pris au dépourvu, il pivota vers elle. « Tous ? ». Les hommes ? Visiblement c’est ce qu’elle sous-entendait.

Vous nous faites du mal, tout le temps. « Nous », les femmes ? L’étau qui enlaçait son cœur se resserra un peu plus et un nœud noua sa gorge. À quoi jouait-elle ? Pourquoi lui disait-elle cela ? Max, Sevan, toi, Ethan. Toi.  Oui bon ça va, inutile d’en rajouter…

-Tout le temps ? Jack-a-dit-répète-tout-ce-que-je-dis.

Il y avait eu des rumeurs déclarant qu’Absynthe et Sevan voire qu’Absynthe et Ethan étaient en couple. Maximilien aussi avait eu un étrange comportement vis-à-vis d’Absynthe à l’époque où Elwyn et lui se fréquentaient encore. Ces trois jeunes hommes pouvaient bien être ses ex comme l’avait clamée Fay maintes et maintes fois. Mais dans ce cas que faisait Elwyn dans le lot ?

Blesser, être blessé, n’est-ce pas la base de toute relation ? On s’attache aux gens et ils disparaissent, ils nous trahissent. On se sent seul et sale. C’était ça vivre ? C’était pour ça qu’il ne voulait pas s’attacher, pour ne pas être blessé. Mais c’était peine perdue, il existait toujours des gens capables de passer à travers les protections et autres pièges qu’Elwyn avait érigés autour de lui pour se protéger. On blesse autrui en étant soi-même, on le déçoit, on le soigne, on le détruit.

Elwyn  ne comprenait pas (compteur : 3)ce qu’il faisait dans la liste des « ex » d’Absynthe. C’était comme si elle avait désigné le jeune homme comme étant l’incarnation de tout ce qu’elle reprochait aux trois autres. Il était l’incarnation des blessures que ces trois garçons lui avaient infligées et qu’elle n’avait jamais osé leur reprocher. Le Serdaigle n’avait aucune envie de faire office de défouloir, si elle avait un souci avec les trois autres, qu’elle leur reproche à eux !

Les mots blessent l’âme comme une arme blesse la chair. Il n’y a rien de plus dangereux sur terre que les mots. Leur puissance n’a aucune limite. Il faut être très prudent quant aux mots qu’on utilise, car une fois qu’ils ont été libérés de leurs chaînes, ils ne seront jamais oubliés. Plus la blessure est grande plus l’impact est irréversible. Au fond, il n’existe que deux types de blessures, celles qui blessent et celles qui changent un Homme.

Il baissa la tête : je…

Lui aussi était fatigué d’essayer de se montrer plus fort que ce qu’il était réellement. Parfois, il aurait voulu exhiber ses blessures aux yeux de tous afin qu’une âme charitable vienne les panser. Mais le risque était trop grand.

Les bruits de pas se rapprochaient, il fallait faire vite. Il agrippa le poignet blanc de la demoiselle et la tira à l’extérieur. Il avait choisi de l’aider, de s’impliquer. Lui, le lâche.

- Tu me fais mal !

Il était trop apeuré à l’idée de se faire poursuivre par les rafleurs pour tenir compte de ce qu’elle disait. Il relâcha juste légèrement la pression de ses doigts contre sa peau, mais pressa le pas. Tenant toujours son poignet, il l’emmena à une bonne distance du magasin et la libéra enfin. La ruelle était déserte et glaciale, au point que leur souffle blanc s’élevait dans l’air. La baguette qu’il avait récupérée était différente de celle qui l’avait menacé dans la forêt. Il repensait à tout ce qu’elle lui avait dit plus tôt et particulièrement un point qui l’avait marqué : l’importance qu’il occupait ou non dans sa vie. Elle clamait haut et fort qu’il n’en avait aucune, mais son comportement disait tout le contraire. Même Miller pouvait s’en rendre compte.

- Si. Pour une raison stupide.  Une raison stupide ? Il fronça les sourcils. Il y avait donc bel et bien une raison derrière ce comportement et cet intérêt.

Tu pensais honnêtement qu’elle se serait intéressée à toi sans raison valable ? Je pense que ça devait être un défi : "vas-y je tente d'approcher ce coincé de Miller, haha !"

Quelle raison ? La question qu’il voulait poser, mais dont il ne voulait pas entendre la réponse. Et moi ? Toi ? Il piqua un fard et détourna le regard, après tout les murs de cette allée étaient vraiment intéressants. C’était quoi cette question piège ? Que pouvait-il répondre à ça ? Il ne savait même pas quelle place elle occupait dans sa vie. Trop ? Pas assez ?  Est-ce que j'ai un peu d'importance pour toi ?

Avait-elle de l’importance ? La réponse était pourtant évidente. Il était là, hors de la boutique, avec elle. Y avait-il besoin de preuves plus criantes ?

-eh bien… euh...

Elle secoua la tête et s’empressa d’enchaîner tandis que le jeune homme avait totalement perdu ses mots. Elle ne voulait pas entendre sa réponse, mais le jeune homme sentait jusqu’au fond de sa chair qu’il devait dire quelque chose. Pourtant, il était incapable de répondre, pas après qu’elle lui ait donné l’occasion d’éviter cette question. Je pensais te comprendre un peu, mais en vérité je ne te connais pas.

-Ce qui n’est pas étonnant, au fond. Je pense qu’on ne peut connaître véritablement qu’une seule personne : soi-même. Le reste nous échappe ou nous en saisissons que des parcelles infines, dit-il le rouge toujours aux joues. Serdaigle power, le retour.

Il s’avança vers elle pour lui rendre la baguette et la voir rentrer la tête dans les épaules comme s’il allait la frapper, le blessa. Encore.

- Un Serdaigle. Un léger sourire naquit sur ses lèvres.

-Oui, un Serdaigle, répondit-il tendrement. Il s’excusa de l’avoir suivi dans la forêt, l’âme un peu plus apaisée que plus tôt.

- Pourquoi demander pardon pour la seule chose que je ne te reproche pas ? Parce que demander pardon pour le reste reviendrait à mentir. Je ne t'ai jamais remercié, c'est vrai, considères-tu que c'est trop tard ? Je ne l’ai pas fait pour être remercié. Tout comme l'envoi de ton patronus en Etude des Moldus. Son patronus ? Il lui fallut un certain temps avant de visualiser la scène. Il ne savait même pas pourquoi son patronus était allé la trouver et il aurait préféré qu’elle ne s’en aperçoive pas. Il détourna les yeux, mal à l’aise avant de réaliser qu’elle avait retenu une information dont elle était censée se moquer : pourquoi se souvenait-elle que le porc-épic est son patronus ?  Merci. Pour ça.

-Oh euh … De rien, dit-il toujours aussi mal à l’aise en reculant d’un pas. Après la colère, voilà la douceur. Ce qu’elle pouvait être capricieuse comme le temps : vas-y je te t’envoie une bonne grosse tempête de grêles et ensuite, un soleil chaleureux.

Et pourquoi t'obstiner à penser que...ce dessin... Je ne comprends pas.

Il n'avait pas envie de reparler de ce dessin. Elle s'emportait à chaque fois de toute façon. Elle ne comprenait pas, elle était trop différente ou il ne lui laissait pas assez la chance de comprendre.

Tu m'as dit de me taire lorsque je t'ai parlé de ton adoption, Elwyn. Il fronça les sourcils à l’entente du mot « adoption ».  Mais me remettre en mémoire la mort ne te dérange pas ? Ce n'est pas... Logique.  Il soupira : pourquoi toujours brandir la lance de la logique là où il n’y a aucune raison de le faire ? L’être humain n’a jamais été logique. Et ça fait mal. Tu sais ce que les voir signifie.

Il secoua la tête : je sais ce qu’un sombral signifie, mais ce n’est pas ce que j’ai vu dans tes yeux ce jour-là.  Ne lui avait-elle pas plus tôt demandé de voir à travers ses yeux ? Et bien voilà chose faite. Regarde mieux ce dessin puisqu’il semblerait que tu l’as gardé, en tout cas la dame du musée en a parlé, regarde mieux ce que tu y lis ! Il détourna le regard, il en avait déjà trop dit. Il détestait devoir se justifier, si elle ne comprenait pas sans explication, elle ne comprendrait jamais.

Comment aurais-tu réagis si je t'avais surpris à dessiner dans ton carnet noir et que tu n'avais pas eu le temps de me l'enlever des mains pour lancer, je ne sais pas, un sort de protection ? Que j'avais tout regardé, lu, qu'importe, te lisant et décrivant le contenu à voix haute en t'obligeant à m'écouter ? ... Est-ce que tu t'aimes, Elwyn ?

Pris au dépourvu il ne sut pas quoi répondre et fixa ses souliers en se visualisant dans la situation décrite par sa camarade. Non, il ne s’aimait pas, mais il ne comptait pas l’avouer. Non, il n’aurait pas aimé ou bien…

Eh bien, je crois que… Il jeta un bref coup d’œil dans sa direction, elle attendait une réponse. Impossible de se défiler. Je me serais emporté sous le coup de la surprise et je t’en aurais terriblement voulu, il avait peur qu’elle enchérisse dessus pour lui envoyer plus de reproches au visage aussi il enchaîna en haussant le ton.. et puis, je l’aurais regretté le soir même. D’où venaient cette puissante vague de tristesse et ce froid qui léchait sa peau ? Pourquoi disait-il tout cela ? Je crois que j’aurais été heureux d’apprendre qu’une personne s’intéresse suffisamment à moi pour vouloir savoir ce que contient ce carnet, savoir qui je suis. Bien sûr, tout dépend de la personne et de la façon de faire : si c’est moqueur ou non, mais je crois que au fond de moi sous la colère et la révolte de façade, il posa sa main au niveau de son cœur, j’aurais été heureux. Un rire brisé s’échappa de ses lèvres. Mais ça n’arrivera pas Elwyn. Tu veux savoir pourquoi ? Pourquoi ? Parce que tout le monde se fiche bien de savoir qui tu es. Je sais. Heureux de voir que quelqu’un, il baissa la tête et un nœud noua sa gorge, ne m’oubliera pas, Tout le monde t’oubliera. Si ta mère n’a pas voulu de toi pourquoi des étrangers en auraient quelque chose à faire de ce que tu ressens ? Je sais Savoir que quelqu’un, quelque part, se souviendra peut-être encore du moi de mes 16 ans, je ne pense pas qu’il existe de plus belles preuves d’attention en ce monde.

Ma maman va revenir.

Et bien non, elle n’est jamais revenue « Haneul-Elwyn-Edgard-bidule ». Tu n’as pas de nom, pas de visage, tu n’es personne.


Il avait débité sa tirade les yeux rivés sur ses pieds, presque fiévreux, hanté par des pensées de plus en plus noires. Il lâcha enfin sa baguette et lui expliqua que pour l’interrogatoire, il voulait juste qu’elle garde cette information pour elle.

Pars maintenant, je suis las et fatigué. Laisse-moi seul.

Une cape flottant au vent, une ombre sinistre. Et tout fut sombre. Son corps entier était gelé, comme si on l’avait jeté dans une cuve d’eau froide. Il se revoyait en première année victime des moqueries, et les souvenirs négatifs défilaient sous ses prunelles du plus récent ou plus ancien. Ses souvenirs ne l’épargnèrent pas, après tout ils possédaient les armes les plus puissantes pour briser sa carapace. Il se voyait ensuite attendant sa mère sur le fauteuil de l’orphelinat, lui tout seul dans un lit trop grand. Il sentit bien quelqu’un agripper son poignet et prononcer son nom, mais cette présence semblait si loin. Plus le détraqueur se rapprochait, plus il était comme fasciné, incapable de se défendre et de bouger.

Pourquoi ta maman te ressemble pas ?

Haneul, ta maman ne reviendra pas.

J’ai peur, j’ai froid. Aidez-moi.


Si faible et fragile. C’est vrai ça, pourquoi sa maman ne lui ressemble pas ? Pou…quoi ? demanda-t-il avec difficulté. Le sentiment d’être inutile, seul, non désiré et les douleurs inexprimables que cela entraînait. Il pensait ne plus jamais les revivre, mais elles étaient toujours bien présentes, elles dormaient simplement dans un pli de sa cape, dans une page cornée de ses livres, dans les anfractuosités des murs dans l’attente de leur heure de gloire.

Il reprit brutalement conscience de la réalité, comme un noyé qui reprend son souffle et recrache l’eau qui avait étouffé ses poumons. C’était la même douleur. La douleur propre à la vie. La première chose qu’il vit ce fut deux yeux verts. Melissa ? Non, ce n’était pas elle et les lèvres qui étaient venues violemment s’écraser contre les siens ne lui appartenaient pas non plus. Il cligna plusieurs fois des paupières, incapable de remettre un ordre sur le déroulement des événements. Absynthe venait de l’embrasser ? Une chaleur et une étreinte autour de ses doigts.

- Cours Elwyn, cours !!!!

Il obtempéra et ses jambes se délièrent. Le départ fut un brin chaotique, mais ils finirent par prendre de la vitesse. Elwyn fixait les cheveux qui se balançaient dans le dos de la Serpentard, il resserra l’étreinte salvatrice de ses doigts autour des siens. Elle n’avait pas les mains si froides ou peut-être que c’était une tout autre forme de chaleur qui émanait de cette étreinte. Elle ne l’avait pas abandonné, elle était restée.

La demoiselle se fatiguait plus vite que lui, qui n’avait pas non plus une excellente endurance. Ses aisselles étaient trempées de sueur. Sueur au goût acide de la peur. Il prit la tête l’entraînant dans les ruelles sans pour autant lâcher sa main.

- Adrate !! Il hésita. Droite !

Ils venaient de débouler dans la rue principale. Elwyn s’immobilisa à bout de souffle regardant de tous les côtés courbé en deux. Il avait mal à la tête, froid, et son corps était parcouru de soubresauts incontrôlables. Une lune pleine dans un ciel étoilé. Des ballons. Une odeur de fleur exotique. Il sentit Absynthe serrait son bras et murmurait :

- On doit s'éloigner, on doit s'éloigner.

Malgré la faiblesse de son corps, malgré la douleur, il se redressa et trottina à ses côtés. Elle semblait savoir où aller. Elwyn n’avait pas la moindre idée d’où il était ni où ils allaient.

Maman, on va où ? Il ferma les yeux en serrant les dents alors qu’ils passaient devant une boutique dévastée qu’il ne voyait même pas. Absynthe dut penser qu’il s’était immobilisé à cause du spectacle désolant qui s’offrait à leurs yeux, mais il succombait à la puissance de ses souvenirs.

- Allez viens.

« Allez viens ! » Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et avait le sentiment que sa tête allait exploser. À bout de souffle, il se remit en marche, chaque pas était plus douloureux que le précédent.

« Krain est pati ! »

- Pardon, j'ai les mains froides. Une main plus grande, si grande qu’elle recouvrait la sienne. Mais cette main n’était pas froide, elle était chaude, elle était réconfortante, elle était son monde. Des larmes incontrôlables s’agglutinèrent à la frontière de ses paupières. On doit retourner aux calèches. Elwyn, dépêche toi. (tu es vilaine Way !)

Haneul, dépêche-toi ! Sa main resserra son emprise sur la sienne et de l’autre, il se frotta vigoureusement le visage tentant d'écarter ces souvenirs comme on tente de chasser une mouche. Il tituba, mais se redressa manquant de s’étaler au sol et d’entraîner avec lui Absynthe. Il avait envie de vomir.

Ne crie pas !

Ses aisselles étaient marquées par de grosses tâches de sueur, tout son corps semblait collé à son vêtement.  Il croisa le regard d’Absynthe et vit une jeune fille de leur âge la jambe dans une étrange position. Elle semblait les appeler à l’aide.

Maman veut te protéger. Il ferma les yeux lorsque cette phrase résonna dans sa tête. Rêvait-il ? C’était tellement étrange, comme des bulles qui éclatent. La demoiselle blessée les appela, mais il ne comptait pas lui venir en aide, il était trop épuisé pour ça et le détraqueur pouvait revenir d’un moment à l’autre. Reprenant son souffle et des couleurs, il se redressa et murmura entre ses lèvres sèches en sortant sa baguette : Chimaro barlumenis. Une lumière verte monta jusqu’au ciel où elle explosa. C‘était tout ce qu’il pouvait faire pour elle.

Il tira sur le bras d’Absynthe pour l’entraîner plus loin, avant de disparaître au coin d’une ruelle. Il reconnaissait les lieux à présent. Ils se remirent à trotter, mais les deux jeunes gens étaient à bout de souffle et finalement leur course se stoppa près du bar : Tête de sanglier.

- Les calèches...  Sont par là, je crois...  Saleté de créature. Elle lâcha la main d’Elwyn et les frotta l’une contre l’autre. Elwyn ne bougeait pratiquement pas, les yeux rivés sur ses souliers maculés de traces de sucres. Il n’aurait certainement pas lâché sa main si elle ne l’avait pas fait d’elle-même. Et voilà la chaleur envolée. Tu ...vas bien ? Elle fouilla dans les poches de sa cape et il se laissa faire sans broncher. Zut, c'est le chocolat qui est efficace contre eux, pas les fib...fiz...fiztrucbidule ...

Il fermait les yeux et gardait la tête basse. Son corps entier était aussi faible qu’un faon et il était parcouru de tremblements. Son sang était gelé dans ses veines. D’un revers de main, il essuya le coin humide de ses paupières. Alors qu’elle saisissait le paquet de bonbons, il agrippa son poignet d’une main molle. Je…

Il tentait de contenir les tremblements de son corps et de reprendre son souffle. Sa voix était faible, lointaine.

Sauve-moi.

Je veux… Que faisait-il ? Il lâcha le poignet de la demoiselle et continua à fixer le sol. Maman veut… TA GUEULE ! Il haïssait autant sa mère biologique qu’il l’aimait. C’était son immortelle et probablement que jusqu’à son dernier souffle, son ombre pèserait sur ses épaules, dirigeant sa vie de par son absence. Le Serdaigle tira sur son vêtement qui l’étranglait et passa une main dans sa frange collée à son front pour la chasser de ses yeux. Il n’avait même pas conscience de ce qu’il faisait son esprit était accaparé par une seule chose : les morceaux de souvenirs qui venaient de resurgir de l’ombre avant d'y disparaître à nouveau.

Je  veux…un c…âlin. Étrangement, lui qui n’aimait pas particulièrement le contact physique rapproché avait, en cet instant, envie d’enlacer quelqu’un, n’importe qui, dans ses bras et de sentir sa chaleur réchauffer sa peau froide. Son désir ne franchit pas pour autant la barrière de ses lèvres. Rattraper cette présence pour pas qu’elle ne s’échappe. Changer le cours du passé dans le présent. Retenir cette main aux doigts si fins.

pars pas.

Une autre maman prendra soin de toi.

NON ! J’ai besoin de toi maman. J’ai besoin de te voir, j’ai besoin…


Absynthe l’abandonnera, l’oubliera également, parce que c’était ainsi qu’était écrite sa vie. La douleur était insoutenable et il n’existait aucun remède pour le soulager. Qu’était-il en train de dire et faire devant Absynthe en plus. Il devait se contrôler, étouffer les cris de son cœur et reprendre le contrôle grâce à sa raison. Ces derniers mois, le barrage inébranlable de sa raison avait de plus en plus de difficulté à contenir les vagues de ses émotions.

Il rouvrit les yeux et releva la tête : allons-y.

Le baiser ne le choquait même pas dans l’immédiat tant ses sens étaient sens dessus dessous. C'est vous dire. Ô il aurait tout le temps d’y repenser après une bonne douche et nuit de sommeil. C'était son premier "baiser" après tout. Mais ce n’était pas ce qui le choquait le plus dans l’immédiat. Tant de choses sommeillaient en lui. Des souvenirs qui l’enchaînaient dans la prison du temps passé. Ses souvenirs étaient comme des milliers d’éclats de verre enfoncés sous sa peau.

Les épaules basses, il s’avança en direction des calèches que la Serpentard avait indiquées plus tôt. Il se sentait aussi fragile qu’une feuille morte emportée par le vent. Yong shik avait donc vu juste quant aux caractères capricieux de ses souvenirs oubliés. Pourquoi toutes les femmes le prenaient-elles pour un pantin manipulable selon leurs caprices ? Il passa devant la jeune femme et marcha d’un pas lourd vers le lieu de rassemblement des calèches (s’ils en restaient).

Prisonnier, oui, il était prisonnier dans la pièce de ses souvenirs perdus au côté d’une mère dont il ignorait le visage. Il se débattait pour en sortir, mais rien n’y faisait. Irrémédiablement, il finissait par revenir s’y terrer. Encore et encore, quitte à briser son âme. Marchant sans réel but et noyé dans ses pensées, il se demandait où il puisait la force nécessaire pour se mouvoir.

-Merci, dit-il sans se retourner. Espérons que les calèches seront là.
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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyDim 16 Juil 2017 - 21:15


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- Les moldus disent : mains froides, cœur chaud.

Le doux tamponnement sur la joue du garçon se suspendit et Absynthe releva son attention jusqu'alors concentrée sur l'application des feuilles baveuses sur la blessure du Serdaigle. Les prunelles vertes et or cherchèrent celles si sombres du garçon qui lui faisait face et les lèvres rouges de la couleuvre s'entre-ouvrirent, comme avides de poser une question et d'en aspirer la réponse. Mais rien, dans l'expression d'Elwyn ou dans son regard, ne lui indiquait ce qu'il pensait vraiment : il restait là à la fixer sans détourner le regard, si bien qu'Absynthe abaissa le sien, les incisives mordillant sa lèvre inférieure.

- Mère me le disait souvent. avoua-t-elle finalement à mi-voix tout en reprenant son rôle d'infirmière. Ce ...

La moue se contracta sous l'effet de la tristesse, et la demoiselle ne termina pas sa phrase, le cœur serré. Déconfite, elle cherchait à reprendre contenance en soignant l'aiglon qui, lui, semblait attendre qu'elle termine sa phrase. Les incisives se plantèrent dans la lèvre inférieure et raclèrent la peinture rouge qui la décorait, dévoilant une couleur plus pâle et naturelle. Le regard vert et or ourlé de cils soulignés de noir se releva pour croiser les iris sombres du jeune homme, mais ce dernier était concentré sur un point se situant plus bas. Les ailes du nez battirent faiblement, angoissées, et la brune déglutit péniblement en comprenant qu'Elwyn observait sa bouche.
A l'âge de treize ans, la couleuvre avait commencé à maquiller ses yeux. Puis, elle avait surpris la conversation de deux garçons, au détour d'un couloir : le Serpentard avait confié au Serdaigle qu'il avait rencontré une fille durant l'été et que leur amourette s'était terminée avec la rentrée à Poudlard. Le bleu et bronze était alors sortit de sa rêverie pour annoncer le plus sérieusement du monde qu'il avait lu quelque part que la couleurs des lèvres et celles des mamelons était quasiment la même, une information qui avait laissé le vert et argent sceptique -il avait d'ailleurs tiré sur le col de sa chemise pour lorgner son torse, les sourcils froncés- et avait un peu trop marqué Absynthe qui, sous l'oeil surpris des deux septièmes années, avait décampé pour se cacher dans son dortoir. Debout devant le miroir de la salle de bain, elle avait observé les courbes trop fines, l'arc de cupidon peu marqué et ce beige rosé qui était en effet bien similaire aux auréoles que cachait le corset presque inutile. Dans un excès de pudeur, elle avait alors opté pour un rouge flamboyant afin de camoufler cette information intime affichée aux yeux de tous.

La fée inclina la tête et tourna son visage de façon à n'offrir que son profil et, de plus, son front aux yeux de son camarade. Les mèches brunes glissèrent devant ses yeux et elle donna un léger coup de tête dans le vide afin de chasser les cheveux trop fins. Il fallait être très observateur pour remarquer le discret changement de couleur que subissaient la crinière disciplinée, mais depuis la rentrée, le brun de la Serpentard s'était éteint et tirait sur un châtain foncé. La nuance n'était vraiment pas flagrante, mais elle suffisait pour prévoir, le soir même, l'application de la lotion qu'elle avait préparé durant l'été. Contrairement à un sortilège de changement de couleur, la préparation était fiable et ne s'annulait pas au premier "finite" dans sa direction et, plus avantageux qu'une coloration qui laissait la teinte naturelle revenir à la racine, la lotion pénétrait la matrice de la racine, modifiant génétiquement l'information de la couleurs de la demoiselle. Les sourcils bénéficiaient du même traitement, mais, et parce que ça l'arrangeait, Absynthe ne teignait pas le duvet blond de ses bras. Et c'était heureux, parce qu'avec la mésaventure de cet été, il y aurait eu de quoi faire rire. Grace lui en avait fait toute une comédie, l’obligeant à passer août avec sa blondeur naturelle et, lorsqu'ils s'étaient croisés à un dîner d'affaire, Stanley n'avait pas manqué de la fixer avec son regard inexpressif à faire frissonner un Detraqueur.

Les doigts blancs s'activaient autour de la plaie et la respiration de la fée s'était faite régulière. Plongée dans le soin, elle  paraissait bien calme. Cette accalmie fut bien trop courte : après une légère crise de panique de la demoiselle, Elwyn et Absynthe reprirent leurs bonnes vieilles habitudes. Quand l'un ne comprenait pas, l'autre se sentait en danger et sortait les crocs. Il semblait que la jeune fille n'apprenait pas de ses erreurs. Pourtant, leur face à face dans la forêt interdite lui avait révélé un Elwyn bien différent de l'aiglon qu'elle s'était imaginée, un rapace fier et qui ne se laissait pas crier dessus sans raison, qui n'obéissait pas sur un claquement de doigt. Sauf que, voilà, Absynthe n'avait que trop peu vu cet Elwyn là pour songer un seul instant à le revoir. Inconsciemment, c'est ce qu'elle désirait : s'assurer qu'elle ne s'était pas imaginé le jeune homme lui tenir tête. Pourtant, elle ne voulait pas forcément le voir revenir, elle ne voulait pas qu'il l'attaque de nouveau. Découvrir le vrai visage de son camarade était devenu une obsession et une crainte à la fois. Il n'était plus le garçon qu'elle aimait faire rougir en venant se lover dans son dos. Miller n'était plus un jouet, Elwyn était un petit animal qu'elle tentait vainement d'approcher. Vainement, parce que lorsque l'un faisait un pas en avant, l'autre en reculait de deux. Désir de connaitre l'autre sans prendre le risque d'être mis à nu.

- Tu as la mémoire visiblement aussi courte que la mienne !

La colère grondait et Absynthe se retenait pour ne pas serrer les poings. Que prétendait-il ? Que c'était de sa faute à elle s'il avait fuit ? Ah ! C'était facile de dire qu'elle l'avait repoussé en juin, mais c'était lui qui l'avait ignoré le mois d'avant. Comme bloquée sur ce rejet qui avait suivit les confidences de la chorale, la couleuvre ne visualisait que cette façon que le garçon avait eu de l'ignorer dans les couloirs. Quand à ce dessin, non, ce n'était pas prêt d'être digéré, mais le Serdaigle n'avait pas encore compris ce qui gênait tant la verte et argent dans son portrait. Le fait que le jeune homme ne souhaite pas en parlait la rendait encore plus furieuse qu'elle ne l'était déjà.

- Ah oui, "oublie". Bien sûr.
- Arrête avec ce mot, veux-tu ! Mais elle n'en avait clairement pas l'intention et ajouta en sifflant : Je t'aide, la bonne formule est "oubliette".
- ça suffit ! Ne parle pas de choses que tu ne connais pas ni ne comprends !
- Alors, explique-moi ! Impuissante, elle avait murmuré d'un ton plus aiguë qu'elle ne l'avait voulu. Mais rien. Il ne lui répondait pas. Tu es un lâche.
- Oui. Un lâche et un pervers en plus. Finit-il enfin par dire, et Absynthe soupira en croisant ses bras sur sa poitrine avant de baisser son geste pour protéger son ventre.
- Arrête, toi aussi. Tu sais très bien que... je... j'ai cru que Squeamish était toi, je t'ai expliqué... Mais il continua, acerbe :
- Au cas où ça t’aurait échappé, je ne suis ni à Gryffondor, ni à Poufsouffle ! Mais c’est bizarre, le choixpeau a dû se louper, car je n’ai pas fini chez les plus lâches de Poudlard !
- Détrompe-toi, tu es bien dans la maison des lâches. cingla alors Absynthe en relevant un sourcil, méprisante. Les bleus et bronze laissent derrière eux ceux qu'ils jugent "différents", ils abandonnent ceux qu'ils prétendent aimer et, surtout, s'infiltrent dans les cachots pour des coups bas puisqu'ils sont, en plus d'être lâches, mauvais joueurs. Redressant son menton, elle planta son regard dans celui du jeune homme. Sûrement qu'il n'était pas du commando responsable de la perte des cheveux des Serpentard, mais la verte détenait le nom de l'un d'entre eux. Fawkes n'a pas assez dosé son Confundo, je me souvient de lui. Alors pourquoi s'étonner que Miller soit lâche ? Parce que, égoïstement, elle l'avait voulu différent.

- Il me semblait que c’était uniquement pour assouvir mes pulsions de pervers narcissique et lâche ! La couleuvre serra les dents et les poings. Au jeu de l'imbécile qui campe sur ses positions et n'accepte pas les demande de pardon, elle le devinait champion dans le domaine.

Les yeux emplis de larmes qu'elle cherchait à retenir, Absynthe fixait son camarade qui demeurait paupières closes. Pourquoi est-ce qu'il refusait de lui parler ? De la regarder ? Elle baissa son regard au même moment où Elwyn dévoilait le sien.

- Je ne pense pas que tu souhaites sincèrement que je vois à travers tes yeux. Tu ne me fais pas assez confiance pour cela. Charlie rentra la tête dans les épaules devant cette vérité. Bien sûre que non, elle ne lui faisait pas confiance. Absynthe ne faisait confiance à personne, même pas en ses amis, même pas en elle-même. Pas même Abby, surtout pas Ethan. A vrai dire, et c'était tricher car elle était asservie, seule Kandy avait sa confiance. Tous les autres l'abandonneraient un jour ou l'autre, pourquoi leur faire confiance ? C'est vrai. Conclut-elle simplement, les sourcils froncés, fâchée de reconnaître que le jeune homme avait raison.
La dispute ne prenait pas fin pour autant, pire, la colère d'Absynthe redoubla lorsque Miller joua le nombriliste. C'était connu, en plus d'être lâche et pervers, comme il le disait si bien, les aigles étaient égoïstes. Lorsqu'il éleva la voix, la jeune fille paniqua et plaqua ses mains sur la bouche de son camarade. Loin d'apprécier l'ordre, il se débarassa de la pression en acceptant cependant de baisser d'un ton.

- Et donc, tu as été adopté ?

Ses propres mots la plongèrent dans une sorte de mélasse où dégoût, peine et douleur lui nouaient la gorge. Elle avait envie de l'obliger à la regarder, de lui demander à quel âge, si sa nouvelle maman avait les cheveux tout doux, si son nouveau papa avait de jolis yeux, s'il avait des frères et sœurs, si la maison était grande, s'il avait une mamie qui lui faisait du chocolat chaud l'hiver et si un grand-père le poussait sur la balançoire. Parce que, Charlie, elle avait eu envie de tout ça, mais elle n'avait rien eu d'autre qu'une Mère trop sérieuse et sans geste tendre, une petite maman en tablier d'esclave dont elle avait eu peur durant des semaines, et une trop grande maison où, muette, elle s'était perdue quelques fois. Elwyn, elle en était sûre, avait été choisi par ses nouveaux parents parce qu'il devait avoir des joues de bébé énormes, que ses yeux noirs brillaient étrangement quand il fixait quelque chose, qu'il avait été un petit garçon adorable et gentil. Jacynthe avait recueillit Charlie seulement parce qu'une petite sorcière dans un foyer Moldu, c'était embêtant.

Et voilà qu'il lui tournait le dos. N'en pouvant plus de cette façon qu'il avait de la rejeter de tout son être, Charlie cala son front contre l'omoplate du Serdaigle (et non pas la clavicule, comme je l'avais dit !) et soupira douloureusement.

- Parce que c'est ce que vous faites tous. répondit-elle à sa question avec l'impression d'énoncer une évidence. Le plus étrange dans tout ça était que la petite fille avait été élevée avec pour premier modèle une femme qui haïssait les hommes et lui reprochait d'être "comme son père", mystérieux géniteur qu'elle n'avait pas connu ; en second par une sorcière qui, malgré son éducation vieille Angleterre et le respect qu'elle avait pour ces mâles, lui avait affirmé que le mariage n'était qu'une bagatelle n'assurant aucunement la bonne tenue d'un couple et qu'une femme devait savoir être indépendante ; et pour finir par une cousine castratrice qui, bien que joli objet à dévoiler aux yeux des hommes, gérait sa maison comme elle l'entendait et faisait plier son époux à toutes ses envies, mais que la jeune fille qu'elle était devenue ne se sentait à l'aise qu'auprès de la gente masculine. C'était tendre la baguette pour se faire Doloriser : Absynthe ne connaissait que trop bien l'effet néfaste des hommes, mais ne se plaisait qu'auprès d'eux. Perdican avait fini par la convaincre en mettant en lumière les vices féminins que la petite fille avait tôt fait de soupçonner.

Elwyn bougea pour se retourner et, prise au dépourvu, la fée baissa les yeux et enserra son bras droit de sa main gauche. Elle avait la désagréable impression d'être minuscule alors que quelques centimètres seulement les séparaient.
- Tous ?
- Vous nous faites du mal, tout le temps. geignit alors la couleuvre en se tortillant, mal à l'aise en position de dominé, énumérant les noms des garçons de l'école qu'elle avait laissés entrer dans sa vie. A tord. Bien entendu.
- Tout le temps ? Elle opina du chef en relevant les yeux, le nez toujours baissé. Ainsi, elle avait tout d'une coupable à qui on soutire des informations. Ou, plutôt, d'un enfant qu'on vient de gronder et qui cherche à vérifier si on est encore fâché. La fée n'avait pas envie qu'Elwyn soit en colère, mais elle était consciente qu'elle venait de dire qu'elle avait peur de lui parce qu'il était...un homme, tout simplement. Les mots de Patricia lui vrillaient l'esprit, la haine de sa mère devenant crainte pour elle-même tandis qu'elle baissait encore une fois les yeux en réclamant à ce qu'il lui ouvre la porte et lui donne sa baguette. Pour ue fois, elle n'avait pas cherché à lui faire de grands yeux innocents afin d'obtenir ce qu'elle voulait. Il fallait croire que Miller n'était pas le seule jouet cassé de l'histoire, Absynthe ne fonctionnait plus également.
Alors qu'il ouvrait la porte, la main du jeune homme se referma sur le poignet de la Serpentard qui se plaignit douloureusement. Tirée à bout de bras, elle suivit Elwyn sans vraiment se rendre compte de ce qu'il faisait. Elle était chamboulée à un point qu'elle ne comprit pas de suite que son camarade n'était pas dans l'obligation de le suivre, mais qu'il l'avait pourtant fait.

- Si. Pour une raison stupide.
- Une raison stupide ?
Ne sachant pas quoi dire, la couleuvre tenta un sourire qui ne parvint pas à être convaincant. Une grimace triste, voilà tout ce dont que la Serpentard fut capable. Il ne comprendrait sûrement pas cette fascination pour les voix qu'avait Absynthe et cette dernière soupira après être restée bloquée, bouche entre-ouverte, hésitant à parler. A quoi bon ? Elle lui demanda alors si elle-même avait de l'importance à ses yeux, se cantonnant dans son confortable point de vue sans voir vraiment qu'Elwyn l'avait suivie dehors. Effrayée d'entendre ce qu'il avait à dire, elle fit signe de laisser, ce même signe qu'il avait fait un peut plus tôt.
- Oublie... et un rire amer lui échappa quand elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Elle replaça a cape en faisant une moue mi désolée, mi amusée. Quelle ironie. Je pensais te comprendre un peu, mais en vérité je ne te connais pas. Elle avait basé le caractère du garçon sur le cliché Serdaigle, s'aidant de ce qu'elle avait pu observer de lui. Il était studieux, timide et "gentil". Elle ne s'était pas une seule fois imaginé qu'il lui tiendrait tête, qu'il avait autant d'égo, qu'il pouvait la blesser dans son orgueil.
- Ce qui n’est pas étonnant, au fond. Absynthe le regarda tout en portant une main à son cou afin de dégager des mèches brunes collées pas la sueur. Sûrement que l'écharpe qu'elle portait n'était pas nécessaire à Honeyduks et qu'elle avait eu trop chaud... sûrement... Je pense qu’on ne peut connaître véritablement qu’une seule personne : soi-même. Le reste nous échappe ou nous en saisissons que des parcelles infines.
- Tu cois qu'on pourrait ne pas se connaître soit-même ? La question lui avait échappée alors qu'elle fronçait les sourcils, réfléchissant véritablement à ce que le jeune homme lui avait dit. Yeux ronds, elle pinça les lèvres et secoua la tête, faisant mine de n'avoir rien dit. Le voyant adouci, Absynthe tenta une nouvelle approche : elle avait besoin de comprendre.

- Pourquoi demander pardon pour la seule chose que je ne te reproche pas ?
- Parce que demander pardon pour le reste reviendrait à mentir. Sans qu'elle ne s'en rende ompte, la couleuvre pencha la tête vers la droite et fronça de nouveau les sourcils. Elle ne comprenait pas.
- Je ne t'ai jamais remercié, c'est vrai, considères-tu que c'est trop tard ? C'était sa faute...
- Je ne l’ai pas fait pour être remercié. La bouche esquissa un mince sourire qui se fana derechef alors que la verte hochait la tête en baissant les yeux. Une drôle de chaleur venait de naître dans son ventre, remplacé presque aussitôt par un froid mordant. Le Detraqueur, non loin de là, avait tôt fait de voler le sentiment heureux pour le remplacer par la peur.
- Tout comme l'envoi de ton patronus en Etude des Moldus. Miller resta impassible, et elle crut bon de préciser : Le porc-épic que tu m'as fait parvenir alors que j'allais...tu sais, l'illusion... Merci. Pour ça.
- Oh euh … De rien. Il recula, alors Absynthe enchaîna de peur qu'il ne s'enfuit sans lui expliquer : Et ça fait mal. Tu sais ce que les voir signifie. Il semblait ne pas vouloir aborder le sujet, avait soupiré et rendu son regard plus dur.
- Je sais ce qu’un sombral signifie, mais ce n’est pas ce que j’ai vu dans tes yeux ce jour-là.
- Oh... Elle ne comprenait pas. Ou plutôt, elle venait de comprendre et ne souhaitait pas assimiler cette information. Bien sûr que non, les Sombral n'était pas seulement la mort aux yeux d'Absynthe. Ils n'avaient jamais été responsables de la mort de son grand père, du cochon d'inde, ou de Patricia, mais c'était en raison de cette première mort qu'elle les voyait et elle ne pouvait s'empêcher de penser à ces êtres chers lorsqu'elle était avec les Sombrals. Pour autant, elle les aimait pour leur mystère, le secret qu'ils représentaient, pour cette mauvaise réputation qui les disait annonciateur de mort. Quand Absynthe avait, en première année, demandé à Ruth quel était le cheval noir et ailé squelettique qu'elle pouvait voir, l'autre blonde avait eu l'air désolée en contemplant l'imagier des créatures magiques que la petite fille lui avait tendu. Et c'est ainsi que, sans d'autres avis que celui de Ruth, la petite Absynthe avait cru à sa mort prochaine et rendu visite aux sombres créatures en attendant qu'elles la ramènent auprès de sa famille. La blondinette avait appris à les aimer, à apprécier leurs silhouettes cadavériques, à jouer sans les effrayer. Elwyn avait eu le malheur de la surprendre dans cette clairière, mais ce n'était pas le dessin du Sombral qui avait effrayé la demoiselle. C'était sa demande d'explication sur les créatures, le fait d'être surprise sans artifices et, surtout, d'être dessinée, elle, avec autant de précision sur ses imperfections.
- Regarde mieux ce dessin puisqu’il semblerait que tu l’as gardé, en tout cas la dame du musée en a parlé, regarde mieux ce que tu y lis !
Ne sachant pas ce qu'elle devait y lire, hormis cet horrible portrait d'elle même et cette impression d'avoir été nue devant son camarade, elle resta muette avant de murmurer :
- Jacynthe. Mère s'appelle Jacynthe. C'est elle qui m'a adoptée et offert son nom. Mais, je ne... Comment aurais-tu réagis si je t'avais surpris à dessiner dans ton carnet noir et que tu n'avais pas eu le temps de me l'enlever des mains pour lancer, je ne sais pas, un sort de protection ? Que j'avais tout regardé, lu, qu'importe, te lisant et décrivant le contenu à voix haute en t'obligeant à m'écouter ? ... Est-ce que tu t'aimes, Elwyn ?

Il ne voyait pas que, dans ses reproches, c'était le fait que ce dessin la représente qui revenait en boucle, le Sombral n'étant qu'une excuse, une goutte de potion en plus dans ce chaudron de reproches.

- Eh bien, je crois que… Leurs regards se croisèrent et Absynthe ne cilla pas. Je me serais emporté sous le coup de la surprise et je t’en aurais terriblement voulu -au moins, il pouvait comprendre sa colère à elle, non ? - et puis, je l’aurais regretté le soir même. Elle s'était raidie en l'entendant hausser le ton, mais la tension dans ses épaules disparut lorsqu'elle compris les mots. Elle n'avait pas regretté sa colère, elle n'en avait pas eu l'occasion. La clairière l'avait marqué par la tristesse, l'impuissance et l'incompréhension. Avec ceci, une douce empreinte de trahison avait fait qu'elle n'avait pas voulu se confronter à Elwyn jusqu'à cette histoire du musée, mais, finalement, la colère ne l'avait pas marquée. Pourtant, oui, elle l'avait été et l'était toujours, sous la couche de peur qui lui soufflait qu'il se moquait bien d'elle. Je crois que j’aurais été heureux d’apprendre qu’une personne s’intéresse suffisamment à moi pour vouloir savoir ce que contient ce carnet, savoir qui je suis. Absynthe ne le croyait pas. Elle avait envie, pourtant, d’acquiescer et de comprendre, mais une petite voix lui soufflait qu'il mentait. En vérité, la jeune fille cherchait à appliquer ces paroles à elle-même, et ça ne fonctionnait pas. Bien sûr, tout dépend de la personne et de la façon de faire : si c’est moqueur ou non -elle expira et hocha la tête. Finalement, elle était d'accord, mais la fée était d'avis que trop peu de gens pouvaient comprendre ce qu'Elwyn avait vu dans cette fichue clairière, ce qu'Elwyn avait écrit dans ce foutu carnet noir. L'Homme était mauvais, forcément que les gens se moqueraient.- mais je crois que au fond de moi sous la colère et la révolte de façade j’aurais été heureux. Une tristesse infinie vint emplir le cœur de la jeune fille alors que le Serdaigle posait une main sur le sien. La voix grave s'était brisée dans un rire sans joie et la demoiselle n'osait bouger de peur d’interrompre la scène, de chasser cet Elwyn qu'elle n'avait vu qu'une seule fois, dans cette même clairière. Heureux de voir que quelqu’un  -la couleuvre bloqua sa respiration et ravala les larmes injustifiées qui commençaient à poindre- ne m’oubliera pas. Une larme roula contre l'arrête du nez d'Absynthe qui baissa pudiquement les yeux, ne comprenant pas comment Miller arrivait à lui insuffler autant de désespoir. Savoir que quelqu’un, quelque part, se souviendra peut-être encore du moi de mes 16 ans, je ne pense pas qu’il existe de plus belles preuves d’attention en ce monde. Cette fois, elle pleurait pour de bon et masquait son visage derrière un rideau de cheveux bruns. Impression d'être rien, envie de mourir. Ce n'était pas la première fois, mais elle n'aurait jamais pensé qu'Elwyn soit capable de la faire se sentir aussi insignifiante alors qu'il parlait de ses propres ressentis. Partagée entre l'envie de le prendre dans ses bras et de s'écrouler par terre, elle ne fit rien de plus et se contenta de renifler quand il lui fit comprendre qu'il n'avait plus envie de parler, qu'il voulait être seul.


[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Tumblr_nueixmJB1C1uwos9lo1_500

Elle ne resta pas longtemps interdite, pourtant il lui sembla, lorsqu'elle émergea de sa torpeur, qu'elle avait fixé la créature pendant des heures, le temps de revoir les coups, les pleurs, les mots, les morts de sa vie. Haletante, elle appela son camarade qui ne bougeait pas, comme fasciné par l'avancé du détraqueur vers eux. Ne sachant que faire, la demoiselle posa ses mains sur les joues du Serdaigle avant d'écraser ses lèvres contre les siennes. Un baiser, ça ne voulait rien dire, mais c'était rassurant. Du moins, c'était l'avis de la couleuvre qui reculait déjà, rompant le contact avec Elwyn dont la bouche gardait une petite marque rouge, trace du maquillage présent sur celle de la couleuvre. C'était comme forcer le réveil d'une personne : le regard était brumeux et incertain. Le prénom féminin inconnu résonna dans la tête de la jeune fille qui pensa alors que l'aiglon était plus habitué aux baisers de cette Mélissa. Et puis, il sembla la reconnaitre. Il n'y avait plus de temps à perdre et Absynthe serra la main du jeune homme en lui ordonnant de courir. Sûrement la première et dernière fois que tous deux se mettaient d'accord sur une même décision et s'y tenait.

Fuir, oui, mais fuir à deux. La course était chaotique, Absynthe avait l'impression que chaque pas serait le dernier, qu'elle allait d'effondrer au sol, qu'elle ne pouvait plus continuer, mais cette main dans la sienne était comme une raison de continuer, un encouragement muet. Elle n'était pas toute seule et ses doigts gelés semblaient se réchauffer au contact de la main moite d'Elwyn. Guidant le duo dans les ruelles du village afin de s'éloigner à tout pris de l'immonde créature, Absynthe ne pensait plus et laissait son instinct la guider vers le salon de thé. Lieu de rendez-vous qu'elle avait avec Mère. Mais Mère n'était pas là et la demoiselle se figea d'horreur devant le spectacle désolant. Certaines que ce fut cette même raison qui arrêta Elwyn, elle l'encouragea à changer de direction. Elle parlait, parlait toute seule, comblait ce vide sans savoir que son camarade se noyait dans un flots de souvenirs oubliés. Face à so silence, Stevenson se retourna pour l'interroger du regard et sa réponse lui vint d'un geste. Doigts enlacés, ils reprirent leur fuite, ne s'arrêtant pas lorsqu'ils croisèrent une jeune blessée. Elwyn se contenta d'indiquer sa position en lançant un sort qui fusa dans le ciel et la verte n'attendit pas de voir si oui ou non du secours arrivait. Peut-être même que des rafleurs allaient venir l'achever, elle ne voulait pas être là pour y assister, en tout cas.

Ce ne fut qu'une fois cachés derrière un bar miteux qu'ils s'autorisèrent à s'arrêter. En cherchant à retrouver le chemin vers les Sombrals -ou plutôt, les calèches-, Absynthe lâcha la main du jeune homme. Mélissa... Elle avait un nom sur le rejet d'Elwyn : il avait une petite amie. Elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait plus tôt, après tout, même ça n'avait pas été tendre, le contact n'avait pas été non plus désagréable et, de plus, ce pseudo baiser avait eu le mérite de le sortir de ses idées noires.
Enfin, à la vue du visage décomposé du jeune homme, Absynthe se mordit les lèvres et s'approcha pour fouiller dans ses poches, voulant lui faire prendre quelque chose qui pourrait le remettre d'aplomb. Les doigts d'Elwyn se posèrent alors sur son poignet et la fée releva le nez en déglutissant. Elle s'était attendue à une colère, un regard noir, mais rien de tout cela.

Je…
- Elwyn ...? murmura-t-elle, inquiète, face à son silence.
- Je veux…

Et son poignet fut libéré. Interdite, Absynthe fixa cette main qui venait de la relâcher avant de plonger de nouveau son regard dans celui du garçon. Elle se sentait stupide, ne comprenait pas ce qu'il se passait, ce qu'il voulait.

- Dis-moi...
- Je  veux…un c-
- ... Qu'est-ce que tu veux ? finit-elle par souffler en voyant qu'il ne comptait pas continuer sa phrase, la mine inquiète de le voir aussi...cassé. Que s'était-il passé ? Hey... tenta-t-elle de nouveau, doucement, en portant une main à la joue blessée du jeune homme, l'index essuyant le coin de ses paupières. Sa propre douleur avait été mise de côté, surplombé par un instinct maternel qui poussait Absynthe à ne voir, non pas son camarade à deux doigts de craquer, mais un petit garçon perdu. Tout va bien se passer... Un mensonge d'adulte qu'elle ne comprenait pas et avait débité comme une formule magique. Ce mensonge que lui servait sa grande sœur après les cauchemars. Je suis là. Mais pour combien de temps encore ? Pour combien de temps, Lili ?
- Pars pas.
Les lèvres entrouvertes ne laissèrent passer qu'un souffle surpris avant que la fée ne se mette sur la pointe des pieds pour venir embrasser le front du garçon. Une odeur de sucre et de gel douche lui chatouilla les narines et, après avoir passé son pouce pour effacer une nouvelle trace rouge sur la peau caramel, la verte glissa sa main libre sur la nuque pour refaire le col, dans les cheveux à la base pour le débarrasser des morceaux de sucres -ou lui faire des tresses, on sait pas- avant de venir lui ébouriffer maladroitement sa coiffure mêlant gel et crème canari. Ce n'était plus le jeu qu'elle avait instauré près de la serre, pas le moment de faire des petits sourires, pas l'aigle qu'elle pensait connaître. L'Elwyn qui se tenait face à elle, elle n'avait pas le droit de le casser. Mélissa. Le prénom tournait en boucle alors que la vipère en elle pensait qu'elle avait perdu à jamais le jeu des débuts. Des portes s'étaient ouvertes, et si elle craignait de voir le jeune homme franchir la sienne, elle redoutait d'autant plus de découvrir ce que renfermait l'histoire de son camarade. Et toi, quel loup nourris-tu ? Front contre front, yeux fermés, Haneul et Charlie se faisaient face. Pour une fois, il ne se battaient pas l'un contre l'autre.

La rupture du contact fit chanceler la jeune fille qui pinça les lèvres en voyant le visage d'Elwyn reprendre son impassibilité habituelle.
- Allons-y. Il fit quelque pas vers les calèches. Merci. Espérons que les calèches seront là.
Perdue, Absynthe ouvrit la bouche sans réussir à dire quoi que ce soit. Elle le regardait s'éloigner, jouant l'indifférence, comme s'il ne s'était encore une fois rien passé. Il lui avait demander de ne pas partir, de rester avec lui...et c'était lui qui l'abandonnait. Elle s'était montrée forte, jusque là, le tirant avec elle alors que son esprit s'était retrouvé embrumé de souvenir. Elle vivait en accord avec ses fantômes, n'avait pas tellement peur du passé. Contrairement à Elwyn qui le voyait surgir des limbes de sa mémoire, chez la fée, c'était le futur qui s’effondrait, ses peur résidaient dans l'avenir. Voir Miller lui tourner le dos et la laisser là la secoua bien plus que le détraqueur.
- NE ME LAISSE PAS TOUTE SEULE !!

Comme si tout était redevenu fonctionnel en même temps, Charlie venait de hurler tout en se mettant à courir pour rattraper la silhouette de dos. Elle avait déjà tant pleuré qu'elle n'en avait même plus honte à présent, mais ce n'était pas les pleurs silencieuses et pudiques d'Absynthe, c'était un chagrin de petite fille avec des larmes énormes roulant sur les joues rougies, les reniflement disgracieux et les gémissements plaintifs entre-coupés de hoquets douloureux. Comme une enfant capricieux faisant une colère, la demoiselle enlaça le bras droit du jeune homme après lui avoir donné une tape sur l'épaule, sentence  pour l'avoir laissé dans son dos quelques secondes plus tôt. Les geignements se firent de plus en plus discrets et se transformèrent en une simple respiration haletante au fur et à mesure de leur avancé vers les calèches. Cette fois ci, c'était à lui d'ouvrir le chemin, la vue d'Absynthe étant quasiment brouillée par les larmes qui rougissaient ses yeux. Ce ne fut qu'une fois derrière le bureau de Poste que la Serpentard sécha complètement ses larmes sans pour autant relâcher le bras donc la chemise trempée faisait office de doudou. L'entrée du village commençait à se dessiner au loin, mais les échos d'explosion se faisait toujours entendre et le duo sursautait et se figeait de temps en temps, ralentissant l'avancée jusqu'aux calèches. La Serpentard se sentait épuisée, sans tristesse ni joie, sans pensées, seulement son corps suivant celui d'Elwyn qui se stoppa une dernière fois avant de reprendre la direction indiquée, tournant à un angle et tombant nez à nez avec une calèche tirée par deux sombres créatures qui patentaient. L'un s'était assoupi et ne bougeait plus tandis que l'autre, aux aguets, tourna ses yeux vitreux à leur arrivée. Un doux hennissement réveilla le Sombral endormi qui fit claquer ses sabots sur le sol. De sa main libre, le Serdaigle ouvrit la porte de la calèche et le marchepied se déplia magiquement.

- Attends...

Mais elle n'arrivait plus à penser, plus à parler et lorsqu'Elwyn la regarda en attendant qu'elle s'explique, elle ne put que secouer la tête, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau. Aussi, elle se contenta de tirer sur son bras pour l'éloigner de la calèche et le rapprocher du Sombral qui continuait de les observer. Une fois face au flanc de l'animal, Absynthe lâcha le bras pour prendre la main qui pendait au bout. Lentement, elle approcha de l'animal jusqu'à glisser leurs doigts sur l'emplacement du cœur. Les battements réguliers se faisait sentir à travers la fine couche de peau qui semblait si rugueuse à l'oeil mais était couverte de courts poils. La jeune fille appuya son front contre la créature qui émit qu'un simple hennissement d'avertissement (sûrement que ça voulait dire "eh, on a pas gardé les Miller ensemble") avant de pivoter son visage vers celui du jeune homme.
- Qu'est ce que tu vois ? Et non pas qu'est ce que tu sens. Elle se détacha alors de son camarade pour lui faire signe de la suivre. Cette fois-ci, dans son dos, comme guidant un pantin de bois, elle prit les mains du Serdaigle pour les poser sur le dessus du bec tranchant qui terminait la gueule de l'animal qui restait paisible et clignait simplement des yeux en fouettant l'air de sa queue. Je ne suis pas une menteuse. Les Sombral me rappellent bien la mort. Mais ils ne sont pas les responsables de ces morts. Elle murmurait tout en caressant la peau sombre de la créature. Ils sont incompris parce que les gens ne les voient pas comme ils sont. Ou ne les voit pas tout court. Elle ouvrit de nouveau la bouche, mais cette fois-ci, ce fut pour hurler de douleur. Les deux animaux eurent un mouvement de recul, Absynthe s'écroula au sol et le Rafleur, dans le dos des adolescents, laissa tomber sa baguette alors qu'il était projeté dans les airs. La couleuvre tenta de se relever seule et tomba de nouveau.

- Je... Je ne sens plus mes jambes ! paniqua alors la jeune fille en se sentant entravée à partir de la taille. Baissant les yeux sur son bassin, elle contempla avec frayeur ses jambes qui ne semblaient plus vouloir lui obéir. Les picotement dans ses cuisses venaient tout juste de s'estomper quand elle leva un regard éberlué vers Elwyn. Il faut... il faut... Dans la calèche... Elle s'empressa de prendre ses chaussures et chercha à faire glisser la partie inférieure de son corps afin de gagner le refuge tiré par les deux Sombrals. et là, je te laisse le soin de voir si Elwyn se la joue Prince Charmant, hum !
Une fois à l'abri, la diligence se mit en route. A bout de nerf, Stevenson cacha son visage entre ses mains pour cacher sa panique. Elle avait déjà eu des problèmes de mobilité suite à l'affrontement avec le Basilic, elle ne souhaitait pas renouveler l'expérience. Pourtant, si elle n'avait pas été aussi stressée, elle aurait su identifier un simple maléfice de bloque-jambe.




HJ:


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MessageSujet: Re: [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  EmptyDim 23 Juil 2017 - 16:44

[10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  Spiderweb-animated-gif-6

Absynthe, la dernière personne qu’il aurait aimé croiser dans cette boutique. Tout du moins c’est ce qu’il aimait croire. Il ne saurait dire depuis combien de temps la demoiselle avait pris autant de place dans sa vie, passant d’un simple nom à un visage. Absynthe l’incompréhensible, la capricieuse, la tendre, la douce, la colérique, la brisée. Trop de masques. Absynthe ne voyait pas tous les efforts qu’il faisait et l’inverse était également vrai. Mais c’était plus simple de se faire passer en victime plutôt que de se remettre en question. Pourquoi ne comprenait-elle pas ? Elle lui reprochait tous ses choix et ses actes. Ce sentiment de ne jamais être à la hauteur lui rappelait étrangement une personne : son père adoptif. Peu importe ô combien il s’était forcé à jouer du piano alors qu’il détestait ça, à dessiner pour faire comme son papa devant son bureau, jamais son père ne lui avait dit « c’est bien, je suis fier de toi » ou « tu es bien mon fils ». Des mots qu’il avait tant attendus, en vain. Au contraire, il n’avait jamais été à la hauteur, jamais assez bon, jamais assez obéissant. Au fond ce que son père lui reprochait était simple : il n’avait jamais été son véritable fils, la chair de sa chair. Elwyn était resté un étranger. Son « père » lui avait demandé plus, toujours plus, tant et si bien qu’ils avaient fini par être tous les deux déçus de l’autre. Absynthe était capable de lui faire revivre ce sentiment qu’il haïssait tant, celui de ne jamais être à la hauteur. Mais surtout, la sensation que son être dans son intégralité est rejeté parce qu’il ne correspond pas aux attentes d’autrui. Elwyn était Elwyn, non ? Il était imparfait, il avait son caractère, ses défauts, ses qualités, des choses qu’il aime et d’autres qu’il déteste. Pourquoi n’avait-il pas le droit d’être « lui », tout simplement ? Ce sentiment de rejet était aussi agaçant que douloureux.

Son épouvantard n’était pas un piano pour rien. Symbole du rejet, de ses échecs et de son impuissance à devenir l’enfant que son père désirait. Absynthe était pareille. Elle ne comprenait rien et en demandait toujours plus.

- Détrompe-toi, tu es bien dans la maison des lâches. Il fronça les sourcils, prêt à répondre à sa remarque. Les bleus et bronze laissent derrière eux ceux qu'ils jugent "différents", ils abandonnent ceux qu'ils prétendent aimer et, surtout, s'infiltrent dans les cachots pour des coups bas puisqu'ils sont, en plus d'être lâches, mauvais joueurs. Elwyn se figea sur place, l’attaque des aigles. Un moment de son passé qu’il aurait bien aimé oublier ou en tout cas ne pas y participer, même de loin. Il regrettait amèrement cette petite escapade nocturne. Il n’avait jamais vraiment été chaud pour faire ce coup bas, mais il avait été lâche en cette soirée. Absynthe avait raison. Il avait été lâche et faible, incapable de dire « non je ne veux pas » ou « non, je pense que vous avez tort de faire ça ».  Il ne s’était jamais considéré comme courageux, non le courage et la bravoure sont l’apanage des Gryffondor après tout, des héros. Lui n’était rien. Mais il n’avait jamais pensé qu’il était un lâche avant assez récemment. Yong shik et maintenant Absynthe lui reprochaient sa couardise. Il n’est jamais facile d’accepter avoir de tels défauts. Fawkes n'a pas assez dosé son Confundo, je me souviens de lui.

Il déglutit et détourna le regard. Il n’avait pas participé à proprement parler, mais il avait tout même apporté sa pierre à l’édifice en surveillant l’entrée des dortoirs. Il avait accepté de rendre chauve son meilleur ami. Quel ami pitoyable faisait-il. Il se frotta l’œil, pour se donner de la contenance et chasser son malaise grandissant.

-Eh bien…bredouilla-t-il. Euh ouais qu’est-ce que tu veux que je te dise !? Il détourna le regard : je suis un lâche, voilà une autre qualité qui s’ajoute à ma liste déjà bien longue.

Les reproches ne s’étaient pas arrêtés là, elle avait ensuite ajouté qu’il n’essayait jamais de voir à travers ses yeux. Elle mentionna son adoption malgré son comportement de rejet total. Ne voyait-elle pas qu’elle le blessait, qu’il ne souhaitait pas en parler ? Qu’elle était cruelle ! Puis d’une voix brisée, elle lui révéla que les hommes étaient tous pareils : ils la blessaient. Que pouvait-il répondre à ça ? Il ne savait pas. Déjà qu’il ne comprenait pas ce qu’il faisait dans la liste de ses ex. Ils avaient assez parlé, maintenant venait le temps des choix pour le jeune homme. Rester en sécurité dans la boutique ou l’accompagner à l’extérieur ? Le Serdaigle ouvrit la porte sans vraiment hésiter. Le lâche avait choisi la difficulté. Il avait choisi de rester à ses côtés, de l’aider. Quelle ironie. L’oisillon se pense-t-il capable d’étendre ses ailes dans ce ciel azur pour rejoindre les aigles ?

L’aider, oui. Entendre ses reproches et subir son venin, hors de question. Il la tira hors de la boutique en écoutant à moitié ses plaintes et ne lâcha ce poignet frêle qu’une fois à bonne distance de Honeydukes. Il ne l’avait pas abandonnée. Il n’avait pas laissé derrière lui cette créature si différente. Absynthe remarquait-elle seulement ce qu’il venait de faire pour elle ? Probablement pas. Un lâche, hein ? Il la dévisagea de haut en bas ne sachant pas quoi faire ou dire à présent qu’ils étaient libres de leurs mouvements. Du jour au lendemain, la demoiselle avait vu en lui un jouet intéressant. Il avait toujours été terrorisé de faire face au jour inverse. Celui où ce jouet n’intéresserait plus la demoiselle. Ce jour n’était-il pas arrivé ? Déjà passé ? Il lui fit remarquer que c’était elle qui lui donnait de l’importance et elle lui répondit que la raison de son intérêt était stupide.

Il la fixa incapable de demander plus de détails de peur d’entendre les véritables raisons derrière cet intérêt incompréhensible pour la plupart de ses amis. Un sourire timide naquit sur ses lèvres coquelicot. Derrière ses sourires, la demoiselle cachait sa peur de l’avenir.

Pourquoi moi ?

Elle ne répondrait pas à sa question silencieuse. Absynthe était animée d’un souhait parfaitement égoïste. Le jeune homme possédait le même désir, celui de ne pas s’attacher, de vivre seul au monde. Les mêmes peurs consumaient leur âme : l’abandon, le rejet et celle d’être blessée.

Pourquoi moi, Absynthe ? Est-ce que je suis spécial ?

Pour toute réponse, une autre question : avait-elle de l’importance ? Il se redressa les lèvres étroitement closes. Cela avait-il de l’importance pour elle de savoir la place qu’elle occupe dans sa vie ? Il ne savait pas quoi répondre, c’était trop difficile d’exprimer avec des mots.

- Oublie...

Il la dévisagea silencieusement. Plaisantait-elle ? Se moquait-elle de lui ? Elle enchaîna comme pour changer de sujet (de façon très similaire à la méthode Miller soit dit en passant) et constata de vive voix qu’elle croyait le connaître, mais s’était trompée.

- Tu cois qu'on pourrait ne pas se connaître soi-même ?

Il se figea sur place, réfléchissant sérieusement à la question tout en étant surpris d’avoir une conversation presque normale avec la demoiselle. Ce n'était pas arrivé depuis une éternité.

- Oui, c’est certain.

Haneul ? Dong ? Elwyn ? Il ne savait pas lui-même qui il était et d’où il venait. Comment pouvait-il se construire, penser à son avenir avec ce gouffre de questionnements qu’il traînait derrière lui comme un prisonnier traîne un boulet ? Il ne se connaissait pas, il ne savait pas qui il était vraiment et parfois cela le terrorisait. Il se faisait peur.

Elle aborda de nouveau l’incident des sombrals, lui rappelant ce qu’il savait déjà : un sombral signifie que l’on a vu quelqu’un mourir.

- Je sais ce qu’un sombral signifie, mais ce n’est pas ce que j’ai vu dans tes yeux ce jour-là.
- Oh...

Il conclut en lui demandant de regarder de nouveau ce dessin, de mieux l’analyser pour découvrir vraiment ce qu’il transmet. Son dernier véritable dessin.

- Jacynthe. Mère s'appelle Jacynthe. C’était la deuxième fois qu’elle parlait de sa mère devant lui. Dans la boutique, elle lui avait révélé que sa mère lui disait également « mains froides, cœur chaud », et une alarme s’était déclenchée dans la tête du jeune homme. Pourtant, rien ne s’était produit. Absynthe ne lui avait-elle donc pas demandé de ne plus parler de sa mère en sa présence ? Il n’eut pas loisir de plus réfléchir à ces étrangetés, Absynthe lui apportait la réponse à ses questions : C'est elle qui m'a adoptée et offert son nom. Ne sachant pas quoi répondre, il opta pour un visage qui se voulait le plus neutre possible. Pourquoi lui disait-elle tout ça ? C’était privé, et ne le regardait pas. Il n’était pas du genre à raconter que ses parents adoptifs lui avaient donné son nom de famille et prénom.

Absynthe semblait calmée et moins remontée. Elle parlait de ce dessin avec plus de pondération, et ce n’était pas pour déplaire au Serdaigle qui était las de ses reproches en tout genre. Elle lui demanda ce qu’il aurait fait à sa place, s’il avait découvert quelqu’un en train de lire son carnet noir. Il hésita avant de se lancer. Il se sentait triste, vidé de toute émotion positive. Il ouvrit son cœur et révéla ce qu’il aurait pensé en pareille situation. Elle l’écoutait dans un silence religieux, presque funèbre. Plus il déliait les chaînes de sa pudeur, plus une tristesse infinie noyait son cœur. Il avait déçu tant de gens. Pourquoi ce souvenir précis venait-il le frapper en cet instant il n’en avait pas la moindre idée. Il se revoyait revenant de l’école ou peut-être des courses à un carrefour avec sa mère. Ils attendaient à un passage piéton et sa mère regardait les voitures, hésitant à traverser malgré le feu rouge.

-Non, c’est rouge pour les voitures en face

Elle l’avait regardé avant d’ajouter : Tu es intelligent comme ton père. (YS approuve)

Il se souvenait encore de la fierté ressentie et du bonheur qui avait réchauffé son cœur : -Il faut bien apprendre le Code de la route !


Ce souvenir heureux n’en était plus un. Elwyn n’apprendra probablement jamais le Code de la route. Et non, il n’était pas intelligent comme son père. Il ne faisait pas partie de leur monde, il les avait déçus. Il se sentait si seul au point d'étouffer. Lorsqu’il releva les yeux, il découvrit une Absynthe en larmes. Il paniqua, ignorant l’origine de ses larmes. Il se pensait responsable, mais il ne voyait pas ce qu’il avait pu dire de blessant à la demoiselle. Il dévisagea la jeune femme, puis perdit son regard aux alentours cherchant comme une explication à l’improbable de cette situation. Elle avait peut-être reçu une poussière dans l’œil ? Une grosse poussière dans l’œil...

-Je suis désolé, je euh… ça va ?

Elwyn releva les yeux et son esprit se vida instantanément avant de faire face à un flot ininterrompu de tristesses et d’échecs. Il était fasciné autant que dégouté par la créature qui se tenait devant eux. Des souvenirs qu’il pensait oubliés et des cicatrices qu’il croyait refermées revinrent l’accabler. Les moqueries sur son physique ainsi que ce sentiment de rejet le tiraient vers le bas, vers la noirceur de son âme, vers le néant de son enfance. Il n’envisageait même pas la naissance de son patronus, la moindre lueur de bonheur l’avait totalement quitté, laissant une coquille vide. L’enterrement de Dumbledore, son père s’énervant sur lui après une fausse note au piano, la voix angélique de son meilleur ami, Maya qui avait oublié son prénom, rien ne l’épargnait. Toutes ces douleurs qui sommeillaient en lui s’échappaient de leur prison. Impossible de les écrouer.

Son premier souvenir juste après qu’il ait ouvert les yeux sur le fauteuil. Son premier réflexe : il avait poussé un cri d’agonie et de peur, exactement comme le premier cri d’un nouveau-né. Haneul avait eu droit à une seconde naissance. C’était douloureux, déchirant et l’on ne savait pas pourquoi l’on criait. Il avait crié jusqu'à en perdre la voix et puis des femmes étaient arrivées en panique. Elles avaient regardé cet enfant, il se souvenait encore de leur lueur de pitié et de désespoir.

-Comment cet enfant est arrivé là ? La plus âgée des dames s’était avancée vers lui pendant qu’une autre se dirigeait vers la porte. La porte est restée ouverte ! Il y a le portail pourtant ! Je ne comprends pas,  je suis certaine d’avoir fermé avant d’aller me coucher. Tu perds la boule.

Les dames avaient continué à débattre sur la singularité de la situation.

-Quel est ton nom mon petit ?

Il avait écarquillé de grands yeux noirs : -Ze… euh

Blanc. C’est quoi mon nom ?

Elles se regardèrent et ramenèrent leur attention sur lui : -Qui t’a amené ici ? Ta maman ou ton papa ?

-Ma maman ? Ou mon papa ? Le petit commençait à grimacer signe précurseur des larmes. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et ces dames lui faisaient peur avec leurs questions.

- On dirait qu’il a subi un choc.

-Ou peut-être qu'il ne parle pas très bien anglais ?

-Cet enfant n’est pas tombé du ciel tout de même !

Plusieurs têtes blondes regardaient curieusement la scène du haut des escaliers jusqu'à ce qu'une voix les chasse en tapant dans ses mains : retournez dans vos lits ! Le petit Haneul avait fondu en larmes sans raison. Il ne savait pas quelle perte il pleurait. On avait retiré son petit bracelet en or, et les dames avaient continué à discuter entre elles. L’une d’entre elles lui caressait les cheveux.

-On dirait du chinois, 01.01.81 ça doit être sa date de naissance.

-Ma cousine est mariée à un chinois, je peux lui demander de décrypter.

Il avait pleuré toute la nuit exigeant la présence de quelqu’un auprès de lui, mais aucune des gouvernantes ne prit cette peine. Ô ce n’était pas faute de vouloir, aucun cœur de femmes ne peut résister à des cris d’enfant aussi déchirants, mais la vieille gouvernante avait été claire : pas de favoritisme, pas d’attachement trop important. Le mari de la cousine était venu et avait affirmé que ce n’était pas du chinois, mais du coréen. Dans l’attente d’une traduction, on l’appelait « l’enfant tombé du ciel ». Elles n’avaient jamais vu un tel cas auparavant. Tout dans cet enfant avait de quoi chambouler leurs croyances. Le petit garçon ne portait aucune trace de coups, il était dodu et en excellente santé, preuve qu’il avait été très bien nourri. La plupart des autres enfants leur arrivaient dans des conditions physiques et psychologiques très aléatoires. Pas l’enfant tombé du ciel. Il avait des joues dodues à faire rougir Bouddha en personne, une excellente courbe de croissance, des cheveux soyeux et un langage plutôt développé pour un enfant de son âge. Les larmes avaient séché et un nom lui avait été donné par un monsieur coréen qui s’était spécialement déplacé pour lire les caractères gravés sur son bracelet : c’est un prénom. Haneul, ça veut dire « ciel ».

-Un joli prénom pour un petit garçon tombé du ciel.

L’hiver dans son cœur avait fait place au printemps. Tandis qu’il sombrait de plus en plus profondément, errant dans le labyrinthe de ses souvenirs, une main le tira hors de ces méandres. Lorsqu’il rouvrit les yeux sur la réalité, il plongea dans des prunelles vertes salvatrices. Il écouta la voix féminine qui lui ordonnait de courir après tout une main chaleureuse avait enlacé la sienne. Ses jambes s’activèrent pendant qu’il voyageait à travers le temps et l’espace. Le jeune homme était troublé, frappé par des souvenirs oubliés. Absynthe était son dernier rempart vers la réalité, sans elle il serait probablement mort à l’heure qu’il est. Au lieu de recevoir le baiser d’un détraqueur, il avait subi un tout autre type de baiser, presque sauvage, dénué du moindre sentiment, mais bienfaiteur.

Il ne réalisait même pas où ils étaient. Elwyn courrait sans but, pour leur survie. Une poupée de cire dénuée de la moindre lueur de vie. Après plusieurs virages, la rencontre d’une demoiselle en sale état et une dernière course. Absynthe finit par s’immobiliser et lui lâcher la main. Il se sentait fatigué et incroyablement vide, comme si le néant avait empli l’intégralité de son corps. Il ne souhaitait qu’une chose : un câlin. Une présence qui ne s’évapora pas au lever du soleil. Inconscient de ce qu’il faisait, il agrippa le poignet de la Serpentard, prêt à lui réclamer égoïstement ce qu’il désirait le plus en cet instant. Mais il fut incapable de terminer sa phrase et s’armant du peu de volonté qui lui restait, il lâcha le poignet de la jeune femme.

Il se sentait sale, il avait froid et honte, comme s’il était dévêtu sur un carrelage glacé. Tout espoir et bonheur avaient quitté son corps, laissant une coquille vide en manque de chaleur. Dévasté, il l’était.

J’ai peur de mes songes.

- ... Qu'est-ce que tu veux ? Il baissa la tête, résistant de toutes ses forces à ce besoin grandissant d’affection. À cette peur qui glaçait son sang dans ses veines et faisait trembler ses jambes. Peur de se retrouver seul. Il sentait le souffle du désespoir caresser ses frêles épaules. Hey...

Arrête de prendre cette voix douce ! Arrête ! Une caresse vint délicatement chasser les larmes agglutinées au coin de ses paupières. Larmes qu’il ne sentait même plus tant elles étaient mélangées à sa transpiration. Tout va bien se passer.

J’ai peur de tout perdre.

 Je suis là.

C’est bien ça le problème, si tu es là c’est que je peux te perdre alors. Je préfère ne rien avoir plutôt que de devoir subir ce genre de perte à nouveau.

- Pars pas.

J’ai peur des mensonges des adultes. J’ai peur des heures sombres.

Le silence, puis un étourdissement. La chaleur d’Absynthe enveloppa son être tandis que ses lèvres se posaient sur son front. Il releva lentement les yeux vers elle alors qu’elle essuyait son front d’un coup de pouce. L’interrogeant du regard, il n’eut aucune explication pour accompagner ce geste affectueux.

Avant que l’ombre ne frappe de nouveau. Avant que tout s’arrête, avant d’être poussé au vide.

J’ai peur du détachement. J’ai peur de ne jamais aimer et être aimé.


Sur la pointe des pieds, elle tira sur son col et chassa les débris et morceaux de sucre agglutinés à la base de sa nuque. Il ne respirait plus et la fixait sans comprendre d’où venait cette douce chaleur. Arrête...

Avant l’indifférence et les adieux.

Elle ébouriffa ses cheveux dans un geste purement affectif. Il la fixait avec deux yeux ronds comme des billes, presque désespéré. Arr...

Merlin, j’ai peur de mes souvenirs oubliés et des nuits de veille interminables.

Elle posa son front contre le sien et ferma les yeux. Cette chaleur et ce poids, symbole même d’une présence étaient plus salvateurs que tout ce qu’il avait plus imaginé. Presque additif. Il ferma les yeux, se délectant de sa solitude abattue.

J’ai peur de laisser mon passé redevenir passé. J’ai peur d’être oublié.

Le contact se brisa et son cœur avec.

J’ai peur de la douleur et des regrets.

Avant l’indifférence et les adieux… Je veux juste…


Il attrapa le bras gauche de la demoiselle qu’il tira contre lui. Chancelante, elle tomba sur lui. Il trébucha légèrement, mais résista au choc. Elwyn ferma alors les yeux et passa ses bras autour des épaules de la demoiselle. J’ai peur de mon passé, si peur. Ne m’abandonne pas. Laisse-moi être égoïste, pour cette fois s’il te plaît. Il resserra son étreinte, probablement trop forte puisqu’il avait peur que cette présence disparaisse, et posa son menton sur l’épaule droite. Ainsi calé, il ne bougea plus. La brûlure de sa peau contre la sienne réchauffa de nouveau son âme gelée. Le poids contre son torse calma la peur panique du jeune homme et pansa ses plaies béantes, de nouveau à vif.

« Haneul, maman… »

« Méfie-toi »


Il enfouit son visage contre son épaule tandis que des parcelles de ses souvenirs surgissaient de l’ombre. Il était bien dans son abri. « Une autre maman prendra soin de toi ». Seule sa respiration égrenait les secondes, puis les minutes. Il aurait pu s’endormir dans cette position. L’odeur de transpiration, de shampoing et de sucres de la demoiselle était rassurante.

Moi qui pensais que mon âme et ma raison étaient une forteresse imprenable… Si faible, si méprisable, si minable… Si brisé. Voler dans le ciel à nouveau Haneul ? Mais un oiseau aux ailes brisées ne pourra plus jamais s’envoler, imbécile. Il encaissa en silence et réalisa lentement ce qu’il venait de faire. La chaleur n’avait plus aucun effet, comme la petite marchande du conte moldu craquant une allumette à la recherche de chaleur qui constate avec effroi que sa lueur s’est éteinte soufflée par le vent, la chaleur réchauffant son âme mourra lentement. Ce type de flamme ne dure qu’un temps. Le jeune homme recherchait un tout autre type de chaleur. Une qui dure, une qui brûle le corps et l’esprit, une qui est irremplaçable. Intense et éternelle.

Peut-être qu’Absynthe avait poussé une plainte à cause de cette étreinte forcée et beaucoup trop puissante. Ou simplement la raison du jeune homme était sortie de la brume dans laquelle elle errait depuis plusieurs minutes. Il se détacha reprenant son visage impassible et lui tourna le dos, prêt à partir en direction des calèches sans oublier de la remercier. Mais la remercier de quoi ? Grande question en perspective. Vous avez deux heures.

- NE ME LAISSE PAS TOUTE SEULE !!

Le cri de l’animal blessé qu’était Absynthe immobilisa le Serdaigle qui fut comme foudroyé. Il n’osa pas se retourner et rentra la tête dans les épaules. Son comportement était tellement discutable, il prenait ce dont il avait besoin et il jetait ensuite, voilà ce qu’on pouvait penser de lui, voilà ce qu’Absynthe devait penser. Ce n’était pourtant pas du tout ça, il y avait de la gêne, un malaise, de la fatigue, de la tristesse, du désespoir et surtout beaucoup de hontes. Il pivota lentement au moment où la demoiselle attrapait son bras. Son visage en larmes le poignarda. Il avait été tellement brisé tellement occupé par ses propres soucis qu’il n’avait pas remarqué à quel point elle avait pleuré. Quel égoïste il faisait. Sa honte se fit plus grande alors qu’elle le rejoignait en hoquetant et reniflant.

Elle enlaça son bras droit et tapota son épaule comme pour l’engueuler. C’était bien tendre par rapport à ce qu’il méritait pour avoir été aussi égoïste. Il ne savait pas quoi dire, n’osait pas ouvrir la bouche et se contenta de la fixer bêtement. Ils avancèrent en direction des calèches sans échanger le moindre mot. Les sanglots de la jeune fille semblaient se calmer, mais pas la mauvaise conscience du Serdaigle. Ils étaient épuisés l’un comme l’autre.

Heureusement, il restait une calèche. Elwyn s’avança vers le marchepied qu’il déplia tandis qu’Absynthe fixait les sombrals. Les voilà de nouveau réunis en compagnie de ces créatures. Pour le meilleur comme pour le pire.

- Attends...

Il la dévisagea, mais pour toute réponse elle tira son bras pour le rapprocher des Sombrals. Ses yeux fixaient le vide, il se demandait où se situaient ces créatures et ce qu’elles faisaient. Que voulait-elle lui montrer ? Elle prit sa main et malgré la fatigue, l’ancien Elwyn revint frapper puisque ses joues s’embourbèrent. Absynthe les doigts enlacés aux siens avait posé la main du jeune homme contre l’animal. Une fois la gêne passée, il put comprendre ce qu’elle cherchait à faire. Il sentait un cœur battre contre sa paume.

-Ah oui, je le sens, murmura-t-il.

- Qu'est ce que tu vois ?  

Pris au dépourvu, il ouvrit la bouche et la referma aussitôt sans produire le moindre son. C’est vrai ça, que voyait-il ? Il darda ses prunelles sur la jeune femme.

-Je vois… de euh toi.

Bon sang que sa réflexion était conne. Elle déplaça ensuite Elwyn et lui fit toucher le bec rugueux.

Je ne suis pas une menteuse. Les Sombral me rappellent bien la mort. Mais ils ne sont pas les responsables de ces morts. Il hocha la tête bêtement comme le clébard que l’on pouvait voir à l’arrière des voitures moldues. Ils sont incompris parce que les gens ne les voient pas comme ils sont. Ou ne les voit pas tout court.

Comme toi

♣♣♣

À l’entrée de Poudlard, côté calèche.

-Stan, qu’est-ce qu’on va faire !? Par Merlin, c’est affreux et s’il arrivait quelque chose à Elwyn ? Une attaque de rafleurs… Par Merlin, c’est affreux, couinait Fay les yeux embués de larmes.

- Fay, calme-toi.

-Il se vide peut-être de son sang quelque part pendant qu…

-Fay, tais-toi ! Stanley avait haussé le ton alors qu’elle froissait les manches de son costume tout neuf. Que c’était désagréable. Tu me fatigues là !  Mais…

Fay releva ses yeux chocolat vers ceux plus froids que la glace du jeune homme. Elwyn va bien, ce n’est pas le dernier des abrutis ni un inconscient.

La demoiselle renifla bruyamment : oui, mais tu en sais rien ! Il a pu mal tomber, il…

Stanley ferma les yeux et soupira.

-Bien, va prévenir des enseignants s’ils ne sont pas déjà au courant. Fay partie, Stanley s’éloigna des calèches en se dirigeant vers le portail. Il n’avait rien trouvé de mieux pour se débarrasser d’elle. Un « pop » sonore se fit entendre. On venait de transplaner à l’extérieur du château juste devant le portail.

-Trouve-moi Elwyn, il hésita avant de continuer, et fais en sorte qu’il revienne sain et sauf. À peine sa demande formulée, que le silence fit de nouveau place.

♣♣♣

Soudain, la jeune fille poussa un cri et s’écroula au sol. Tout se déroula très vite, l’homme qui avait attaqué Absynthe avait été propulsé dans les airs avant même qu’Elwyn ne puisse s’armer de sa baguette. Il chercha du regard leur sauveur, mais aucune ombre ne se trouvait à proximité.

- Absynthe ça va ?

Elwyn armé de sa baguette fit le tour de la calèche, mais il ne trouva pas la moindre trace de présence. Il s’avança alors vers le rafleur assommé et pointa sa baguette sur l’homme : brachialigo.

Des chaines s’enroulèrent autour du corps inerte, on n’est jamais trop prudent.

Tu as vu qui a fait ça ?

Il espérait ne plus jamais recroiser les rafleurs de la boutique surtout pas cette femme ancienne Serdaigle où il risquait de passer un sale quart d’heure : effronterie, fuite et agression.

- Je... Je ne sens plus mes jambes ! Il faut... il faut... Dans la calèche...

Elwyn revint jusqu’à Absynthe et jeta un dernier coup d’œil aux environs : pas de trace d’âme qui vive. Qui avait bien pu intervenir ? Sa mère ? Non, c’était tellement stupide et puéril comme pensée. Mais l’espoir peut naître de n’importe où, n’importe quand. Il s’accroupit devant le visage de la demoiselle et lui offrit son dos. Grimpe ! Perdu dans ses pensées, il n’envisagea même pas de délier ses jambes. Il était obnubilé par l’inconnu qui leur avait sauvé la mise. L’étau des bras d’Absynthe se resserra autour de sa nuque, et il se souleva avec difficulté. Il avait déjà porté une demoiselle sur ses épaules : Leslie, mais elle était bien plus légère qu’Absynthe. Bien sûr, il tut cette pensée qui lui aurait probablement valu une claque, méritée cette fois. Il grimpa avec difficulté le marche-pied et tangua sur la droite, d’ailleurs la jambe d’Absynthe vint heurter le rebord avec violence. Un beau bleu l'attendait. Il s’excusa, et à l’aide des dernières forces qui lui restaient se hissa sur la calèche et déposa Absynthe sur un des sièges. Elwyn se redressa ensuite étirant son dos courbaturé et regarda les environs en pensant à voix haute : - c’est bizarre tout de même. Qui a bien pu envoyer valser ce rafleur ?

Il s’installa face à la demoiselle et remarqua enfin qu’elle n’avait pas l’air bien. Elle cachait son visage de ses mains. Il la dévisagea longuement. Les traits de son visage étaient tirés signe de sa grande fatigue. Il avait épuisé ses dernières réserves d’énergie pour la porter. La calèche s’ébranla emportant les deux orphelins loin de la scène, loin de Pré-au lard. Il se pencha vers elle et attrapa délicatement les mains de la demoiselle pour les retirer de devant son visage. Il attendit qu’elle relève le regard vers lui et d’une voix fatiguée, mais qui se voulait rassurante il murmura : ce n’est rien. Je crois que c’est un simple sortilège de bloque-jambes. Un demi-sourire apparut sur ses lèvres : si tu m’autorises, il tendit sa baguette en souriant timidement,  je peux essayer de l’annuler.

Voyant que la demoiselle ne montrait aucun signe d’objection, il pointa sa baguette sur ses jambes et murmura un « finite » qui les délièrent. Il se réinstalla en face d’elle dans le plus grand des silences. Pas le silence pesant ou gênant. Non, à ses yeux c’était plutôt un silence bienfaiteur, libérateur. C’était rare de ne pas les voir se disputer. Il détourna le visage pour faire face au sens de la marche, le vent caressa ses cheveux et chassa sa sueur pour ne laisser qu'un goût de sel sur sa peau. Le Serdaigle ferma les yeux et se délecta de l’instant présent.

Lentement la fatigue qui engourdissait ses membres prit possession de sa conscience. Ses pensées se firent chaos alors qu’il marmonnait un « j’attends qlem er eorte » suivi d’un silence de plusieurs minutes et d’un « seras-tu hma  ? » totalement hors sujet.  Il dodelina de la tête et après un combat de  plusieurs minutes, il sombra totalement. « Une douche,  j’ai envie d’une douche » (Maya ?) fut sa dernière pensée avant de se laisser bercer par un demi-sommeil sans rêve, sans peur. Sa baguette glissa d’entre ses doigts et roula sur la plancher de la calèche.

Il fut réveillé une fois arrivé à Poudlard par les cris de Fay. Autrement dit pas le meilleur réveil qui soit.

-Elwyn ! ELWYYYYN ! Stanley grimaçait à chacun de ses cris. Tu veux me rendre sourd ?! La calèche n’était même pas arrêtée qu’elle beuglait déjà. Le jeune homme entrouvrit un œil et fronça les sourcils : adieu ma tranquillité.

Il descendit en premier de la calèche et attendit qu'Absynthe fasse de même. Fay l’avait à peine laissé descendre qu’elle s’était déjà accrochée à son cou comme un bébé singe (probablement un bébé singe nul). Stanley quant à lui fixait les sombras et la calèche d’un air absent.

-Olalala, on a eu si peur pour toi. Tu aurais dû voir Stan’, il se rongeait les ongles jusqu’au sang !

-Parle pour toi. Il ramena son attention sur les deux orphelins.

-Par Merlin, mais tu saignes. Elle effleura du bout des doigts la blessure d’Elwyn qui détourna la tête. J’le savais ! Stanley voulait pas me croire quand j’ai dit qu'il pouvait t'arri...

-ça va aller ? Questionna Elwyn en direction d’Absynthe.

-Qu’est-ce qu’elle fout là, celle-là ? Et avec toi en plus ?!

Un silence pesant s’abattit sur le petit groupe. Stanley dévisageait Absynthe comme il aurait pu le faire face à une créature étrange. Elwyn finit par le briser :

- Elle m’a… sauvé ? protégé ? aidé face à un détraqueur.

-Aidé ? grimaça Fay. Pff me fais pas rire ! Elle est incapable de produire le moindre patronus, alors que toi …

- Si, aidé. Tu n’étais pas là, alors ne parle pas sans savoir. Il ferma les yeux et soupira. Il imaginait déjà Fay piquer une crise « tu la protèges tout le temps  blablabla » synonyme de migraine chez le jeune homme. Stanley continuait à garder ses prunelles sombres sur la demoiselle sans ciller. Il analysait les traits de son visage, ses yeux rouges, et semblait en tirer certaines conclusions qui auraient peut-être plu à Ruth.

La Serdaigle encaissa en silence en lâchant son ami. Elwyn poussa un profond soupir en se grattant derrière la tête : je vais bien Fay, désolé de t’avoir inquiétée. Il pivota vers elle : je suis fatigué, désolé de m’être emporté.

Stanley abandonna enfin son objet d'observation et tenta de clôturer le débat : - Plus de peur que de mal, visiblement.

Fay opta pour une moue boudeuse pendant quelques secondes et finalement se radoucit : - Oui tu es dans un état lamentable, genre tu es encore moins beau que d’habitude. Je pensais pas que c'était possible...

Stanley détourna le regard, dissimulant un début de sourire et Elwyn entrouvrit la bouche : j’y crois pas ! Tu t’es vu sérieu…

Quelle était cette douce fièvre qui enlaçait son cœur en présence de ses amis ? Comme s'il venait de rentrer à la maison en retard et se faisait gronder par sa maman inquiète. Un foyer.

-Il faut aller à l’infirmerie ! Elle tira Elwyn vers le château malgré ses plaintes. Mais ? Mais… Mais QUOI ? Laissant Stanley quelques secondes avec Absynthe, la demoiselle rendit à ce moment la baguette d’Elwyn. Le Serpentard la prit entre ses doigts :

-Merci, pour lui

Il lui tourna le dos afin de rejoindre ses deux amis.

"Ne me laisse pas"

Elwyn s'immobilisa et se libéra de l'étreinte de Fay. Il ne savait pas comment agir, quoi dire, mais il ne pouvait pas la laisser derrière lui. Pas aujourd'hui. Au moins jusqu'aux portes du château, avant l'indifférence et les adieux. Au moins jusqu'à ce point, il devait tenir sa main. Il pivota vers la Serpentard :
-Tu viens ?

Fay ouvrit la bouche en "o" et Stanley se figea sur place, pivotant vers sa camarade de maison. Voyant qu'elle ne bougeait pas, Stanley prit les devants avant que Fay n'ouvre sa beuglante :
- Rentrons, d'un signe de tête il indiqua le château et se remit en marche de sa démarche droite et fière malgré son pauvre mètre soixante. La démarche de l'élite ou des nains pour paraître plus grands ?

Fay fit claquer sa langue contre son palais : elle t'a vraiment aidé ? murmura-t-elle à l'adresse d'Elwyn. Oui, Fay, vraiment. Alors je n'ai pas le choix. Elle haussa le ton : - dépêche, on a pas que ça à faire ! J'ai faim moi !

Brute de décoffrage, maladroite, mais Fay avait bon fond. C'est cette qualité qu'Elwyn appréciait chez elle.

Une fois au château, Elwyn finit par la convaincre de la non-nécessité d’aller à l’infirmerie. C’est en pénétrant dans leur salle commune que Fay remarqua quelque chose sur le visage de son ami. Une étrange trace de rouge à lèvres qui relança la machine infatigable de la demoiselle. Fay se lança dans ses monologues sur ô combien elle avait été sympa avec Absynthe (gentillesse qui pouvait être sujette à débat, je vous l'accorde), ô combien elle ne le méritait pas et ô combien Absynthe se foutait de la figure d'Elwyn en essayant de ressortir avec lui en l'embrassant comme une "sauvageonne". Malgré qu'Elwyn insista sur le fait que pour ressortir avec quelqu'un il fallait déjà être sorti avec lui en amont, Fay n'écouta rien et poursuivit le jeune homme jusque dans les douches où il trouva enfin un abri contre cette tornade en approche. Ô il savait qu'elle attendait non loin des douches le moment où il devra regagner sa chambre, mais pour l'heure il avait d'autres Squeamish à fouetter dont certains souvenirs dérangeants de cette journée épuisante.

La soirée promettait d’être longue.

HRP : merci pour ce rp [10/10/97 - Honeydukes] - Rien n'est plus vivant qu'un souvenir  4041897232
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