[Nov.] Visite

Invité

C'était toujours pareil. A chaque visite il se disait qu'il ne reviendrait plus, que c'était trop dur pour lui, trop intense pour elle et qu'il devrait pouvoir trouver le courage de mettre fin à ses jours. Mais le meurtre, même si c'était pour le bien de la personne, il en était incapable et une sorte de morale malsaine le poussait à aller la voir régulièrement, lui apporter des fleurs et l'écouter un peu mélanger passé, présent et rêve.

En ce mardi matin de Novembre, il faisait beau, donc froid. Le soleil s'était déjà bien éloigné de l'Angleterre et ses rayons ne suffisaient plus pour garder la chaleur du sol.
Il s'était levé vers les 6 heures et était aussitôt sortit se dégourdir les ailes, planant dans le ciel azur au dessus de l'herbe déjà gelée. Il contrôlait de mieux en mieux son don d'animagus et arrivait à présent à ne plus perdre le contrôle de lui-même en présence de proies potentielles. Le plus gros problème restant les serpents car la peur qu'ils lui inspiraient semblait incompréhensible à l'oiseau qui aimait en faire ses repas.
Il était ensuite rentré chez lui, s'était tranquillement préparé et avait travaillé jusqu'à 10h, heure d'ouverture des visites de l'hôpital. Un petit peu de poudre cheminette et il arrivait à Ste Mangouste. D'un geste las, automotique, il rajusta sa robe rouge foncé aux broderies argentées, vérifia que le bouquet de tulipes multicolores n'avait pas souffert du voyage et jeta un coup d'oeil au miroir pour vérifier sa coiffure.

L'objet lui renvoya l'image d'un homme au sourire triste, presque pâle mais impeccable, un bouquet de fleurs à la main. Habitué de la maison, il signa le registre et monta voir celle qu'il avait longtemps aimé.

"Bonjour Betty"

"Caddddddd ! Ou est notre fils ?"

"Betty nous n'avons jamais eu d'enfant. Tu as eu ton fils avec ton époux."

"Mais c'est toi mon mari."

"Non, Betty, ton mari est un moldu et ton fils est... enfin il ne reviendra pas. Tu ne te souviens pas ?"

Crise de pleurs de la part de la jeune femme. C'était difficile avec elle. Il voulait être honnête, ne pas lui mentir, lui rappeler la réalité mais celle-ci avait été tellement dur avec elle qu'elle ne pouvait l'envisager sans fondre en larme et partir dans une sorte de monde parallèle.
La crise dura bien 5 minutes durant lesquelles Cad se fit insulter, frapper même (bien que Betty n'aie pas de forces et ne puisse lui faire vraiment mal) sans qu'il ne sache réellement comment réagir, puis, Betty se calma soudain et redevint tout sourire, se croyant revenue à l'époque où ils vivaient ensemble et faisaient encore des projets d'avenir. Cette fois le libraire n'eut pas le courage de la détromper et se contenta d'hocher la tête d'un air neutre. Finalement, Betty s'endormit sur sa chaise. Elle se fatiguait très vite et ce genre de choses était plus que fréquent.

Avec un soupir, Cad se leva, appela une infirmière et, le temps qu'elle arrive, jeta les fleurs fanées dans la poubelle, changea l'eau et posa les fleurs fraiches dans le vase puis sur la table de chevet.

Invité

C'était avec bonne humeur que Meredith s'était levée ce matin là. Pour une fois, elle avait passé une bonne nuit. Une nuit sans rêve. Une nuit au sommeil réparateur. En s'éveillant, elle s'était sentie ressourcée au plus profond d'elle-même. Dans l'obscurité de sa chambre, elle avait sourit. D'un pas serrein, elle s'était dirigée vers sa fenêtre. D'un geste vif, elle avait ouvert ses rideaux. Une nouvelle fois, elle avait sourit; la journée s'annonçait magnifique. La ciel était dégagée de tout nuage et son bleu n'avait jamais été aussi...bleu! Le soleil, bien visible, éclairait la ville sombre, lui donnant une teinte plus vivante. Meredith avait observé pendant quelque minutes la beauté du paysage avant de jetter un coup d'oeil à son cadran. 8h15. Dans 15 minutes, elle devait aller travailler, mais étrangemment, ça ne l'inquiétait pas. Toujours aussi calme, elle était allée se doucher. Elle était ressortie habiée d'une jupe blanche et d'un chemisier bleu, les cheveux attachées dans un chignon serré, un pendentif en argent représentant une colombe à son coup. Plus que quelques minutes avant le début de ses heures de travail. Elle s'était emparée d'une pomme verte posée sur son comptoir, puis avait transplanée à St-Magouste. La journée avait commencée du bon pied.

C'est à quoi elle pensait, maintenant penchée au dessus d'une pile de papier qu'elle devait classer dans les différents dossier. Elle soupira bruyament. La journée avait pourtant si bien commencée. Pourquoi devait-elle TOUJOURS classer des dossiers? Ça devenait franchement agaçant. Ce n'était pourtant pas au métier de secrétaire qu'elle avait appliqué! Pourquoi ne pouvait-elle pas s'occuper de patient. Elle allait bientôt être mûtée au rang de Médicomage mais elle ne se sentait pas prête. Elle n'avait pas acquis l'expérience nécessaire. Tout en remuant ses sombres pensées, elle se força tout de même à effectuer son travail de façon professionnel. Plusieurs minutes passèrent puis, avec soulagement, plaça la dernière feuille dans le bon dossier. Fière d'elle-même. Elle se laissa tomber dans sa chaise, savourant la fin de cette tâche des moins palpitantes. Puis, elle se releva, rajusta son uniforme blanc d'infirmière, s'empara de la pile de dossier et sortit de la pièce. D'un pas vif, elle se rendit jusqu'au bureau de son supérieur afin de lui rendre les dossiers. Elle cogna doucement à la porte puis rentra à l'intérieur de la pièce sans attendre la réponse.

-J'ai finit de classer les dossiers des patients aillant fréquentés l'hôpital au cours du mois d'Octobre pour blessures sérieuses, Mr.

Elle releva les yeux et constata avec horreur que son supérieur était en réunion avec 5 de ses collègues apprentis. En fait, s'était tous ceux de sexe masculin. Elle rougit de honte devant la mine surprise de quelque uns, moqueuse d'autres et désespéré de son supérieur.

-Meredith, combien de fois faudra-t-il que je te le répète? Attends la permission avant d'entrer!
-Je suis désolée...
-Allez, dépose les dossiers ici et file offrir ton aide à quelqu'un.

La jeune femme déposa les papiers à la place indiquée et recula sous les airs maintenant tous moqueurs de ses collègues. Elle sortit de la pièce un peu furieuse. Elle détestait passé pour une débutante devant ses ''adversaires''. Même si il y avait un certain climat de camaraderie entre elle et les autres apprentis, la compétition n'en était pas moins forte. Tous voulaient le meilleur poste. C'est sous ses pensées qu'on l'apella de loin. Elle se retourna et vit une toute jeune Médicomage venir en sa direction. Elle lui demanda d'aller répondre à un patient. Le patient en question était dans la chambre 546. Visiblemment, la Médicomage en avait plein les bras avec son secteur. Meredith accepta le travail, contente d'avoir autre chose à faire que de la paperasse.

En quelque enjambées, elle fut devant la pièce. Elle ne connaissait pas ce patient mais...elle aviserait. Prenant son courage, elle ouvrit la porte d'un air digne.

-Bonjour, je peux vous aider? Désolé si le delais après votre appel a été long, ça ne se reproduira plus!Dit-elle avant même de voir à qui elle s'adressait.

Invité

Cadfael se retourna en entendant une voix inconnue. Il pensait avoir fait le tour de tous mes médicomages et infirmiers qui s'occupaient du secteur mais la jeune femme qui venait d'entrer lui était totalement inconnue.
D'un geste tranquille, il posa la boite de chocolats qu'il avait dans les mains sur la table de nuit de Betty et se retourna avec un sourire pour saluer l'infirmière. Elle lui sembla très jeune, presque une enfant à ses yeux. Ses cheveux ressemblaient à un soleil couchant et son regard était droit et digne.

Cadfael, charmé par cette apparition (il avait toujours eu un faible plus les femmes), la salua avec un gentil sourire et ouvrit les bras en signe de bienvenue. Il n'alla pas jusqu'à lui offrir un siège puisqu'il était évident qu'elle était une professionnelle mais s'appliqua à faire la meilleure impression possible.

"Ne vous excusez pas Miss..." un coup d'oeil sur la blouse de la jeune femme lui apprit son nom "Broom. Comme vous pouvez le voir, votre patiente dort à poings fermés, et si cela avait été urgent, je me serais montré plus insistant."

Il sourit à nouveau, regardant Betty comme un père regarderait une enfant très aimée, très malade et enfin endormie. Regard curieux lorsqu'on savait que les deux adultes n'avaient que quelques années de différences mais qui reflétait bien la tendresse que le mangemort avait pour la première femme qu'il avait réellement aimé. Le gryffondor n'était pas du genre à reprendre son amour et si tumultueuse qu'ait été leur relation, il s'en voulait réellement de l'avoir laissée dans cet état. C'était d'ailleurs pour cela qu'il se chargeait lui-même de tous les frais causés par les soins qu'elle recevait.

"J'aurais besoin de votre aide pour la mettre au lit. Accepteriez vous d'ouvrir les draps pendant que je la porte ? J'aurais également aimé que vous me fassiez un rapport sur son état de santé. Est-ce qu'elle mange bien ? Son état s'améliore-t-il ? Y a t-il encore de l'espoir pour elle un jour ?"

Sa voix était douce et s'il gardait son sourire, il craignait tout de même ce qu'il allait devoir entendre. Les pronostiques des médicomages étaient toujours très mauvais. Sauf ceux qui lui mentaient mais ceux-ci s'étaient rapidement rendus compte qu'on ne les renvoyait plus jamais chambre 542. Cad' n'aimait pas les menteurs.

"Mais je ne me suis pas présenté. Je suis Cadfael Jon William Gynn ap Nudd. Le tuteur de Betty."

Invité

L’inconnu, qu’elle n’avait pas remarqué en entrant dans la pièce, lui donna une forte impression lorsqu’elle leva les yeux en sa direction. Bien que son physique ne soit pas des plus exceptionnels, il se dégageait de lui une forte aura, une sorte de charisme chaleureux qui la mit tout de suite en confiance. Elle répondit timidement à son sourire de bienvenue, puis écouta attentivement ce qu’il avait à lui dire.

"Ne vous excusez pas Miss...Broom. Comme vous pouvez le voir, votre patiente dort à poings fermés, et si cela avait été urgent, je me serais montré plus insistant."

Bien, la situation n’était pas urgente. Elle s’en serait mordue les doigts de honte si ça n’avait pas été le cas. Soulagée et confiante, elle essaya de se rappeler la condition du patient…en fait de la patiente, pendant que l’homme chaleureux restait silencieux. Bon bon bon, elle se situait chambre 542, la patiente de sexe féminin était âgée dans la quarantaine.

*Bon sang Meredith, fait fonctionner tes méninges, tu viens de lire tous les dossiers il y à peine quelque minutes.*

Pourtant, rien ne lui revenait en mémoire. Abandonnant la partie, la jeune infirmière releva les yeux et constata avec sympathie l’attachement que l’homme portait à la patiente. Visiblement il y avait eu quelque chose entre eux, mais elle ne voulait pas paraître indiscrète, alors elle ne passa aucun commentaire.

"J'aurais besoin de votre aide pour la mettre au lit. Accepteriez-vous d'ouvrir les draps pendant que je la porte ? J'aurais également aimé que vous me fassiez un rapport sur son état de santé. Est-ce qu'elle mange bien ? Son état s'améliore-t-il ? Y a t-il encore de l'espoir pour elle un jour ?"

Elle acquiesça et se dirigea sans attendre vers la couche. Elle ouvrit les draps avec soin.

"Mais je ne me suis pas présenté. Je suis Cadfael Jon William Gynn ap Nudd. Le tuteur de Betty."

Meredith hocha la tête. Oui, ces noms lui étaient familiers. Quelques bribes du fichier de Betty lui revinrent en mémoire. Trouble psychologique suite à une série de choc émotionnel de degré 7. Oui, c’était une triste histoire. Malheureusement, elle ne savait rien sur l’évolution de l’état de la malade. Elle secoua la tête, un sourire triste sur le visage.

-Mr. Gynn ap Nudd, je ne suis pas affectée à la garde de Betty. Je ne peux, malencontreusement, pas vous décrire son état avec précision. Si vous m’accordez quelque instant, je pourrais aller chercher le dossier afin de vous renseigner avec précision.

Invité

Saisissant précautionneusement son amie dans ses bras, la serrait contre son torse et se cambrant légèrement pour supporter son poid, Cadfael franchit les quelques mètres séparant le fauteuil du lit sans montrer trop de difficultés. Il était petit mais comme la plupart des gens de son peuple, solide et doté d'une force qui sans être exceptionnelle (fallait pas exagérer non plus) était correcte.
Miss Broom avait préparé le lit et il pu la poser délicatement sur sa couche, sans la réveiller. Cela fait, il lui dégagea tendrement le visage, la regardant avec douceur. Lorsqu'elle dormait, Betty faisait facilement dix ans de moins et il retrouvait l'adolescente peureuse qui l'avait séduite.

La demoiselle était un bon médecin. Cela se voyait tout de suite. Par exemple dans le fait qu'elle ai attendu qu'il donne son nom (et de l'avoir reconnu... sinon pourquoi hocher la tête en l'entendant) avant de dire ce qu'elle savait. On pouvait être sur que le secret médical était bien gardé avec elle. Pas de laisser allez. En même temps il payait assez cher pour cela. Et puis Betty était de sang pur, elle avait donc le droit au respect. Même dans son état.

-Mr. Gynn ap Nudd...
- Cadfael répliqua-t-il d'un ton sans réplique mais avec un doux sourire avant de la laisser continuer d'un signe du bras et de s'asseoir sur le lit, près à tout entendre.

-...je ne suis pas affectée à la garde de Betty. Je ne peux, malencontreusement, pas vous décrire son état avec précision. Si vous m’accordez quelque instant, je pourrais aller chercher le dossier afin de vous renseigner avec précision.

Mince. Mais pas grave. Du temps il en avait. Toute sa journée. En général il lui fallait au moins ca pour récupérer de ce genre de visites.

"Je vous en prie, allez-y. Je serais curieux d'avoir un avis que je n'ai pas encore entendu. Et surtout n'essayez pas de me ménager. J'ai déjà tout entendu sur elle."

Détournant son regard pour laisse Miss Broom aller chercher les papiers à son aise, il reporta son attention sur Betty et lui caressa doucement le visage en lui parlait à voix basse et en gallois comme il le faisait toujours quand il était ému et qu'il ne voulait pas qu'on comprenne ses paroles. Finalement, il sourit tristement. Si ce qu'on disait sur le sommeil était vrai, dans un an Betty serait bilingue gallois avec tout ce qu'il lui racontait.
Il s'arrêta petit à petit de lui parler et de la caresser. Un visage s'imposait à son esprit. Celui d'une jeune femme brune. Et cette pensée faisait briller ses yeux et dessinait sur son visage à lui, un sourire plein de rêve.

Invité

Hochant la tête aux dernière paroles du visiteur, Meredith sourit tristement. Bien sûr, elle n’avait jamais vécu pareille situation, mais au fond d’elle même, elle s’imaginait très bien la douleur que l’on pouvait ressentir. La douleur de l’impuissance alors qu’on voulait tant aider. Peut-être même avec un soupçon de culpabilité amer qui vous ronge les entrailles! Le tout baignant dans un océan de nostalgie. Un océan aux multiples torrents et remous qui vous entraîne, sans que vous ne puissiez rien y faire, en ses profondeurs. Ses profondeurs obscures où vous perdez tout repère. Le bonheur, la paix, la raison, tout est engloutit par les vagues de votre chagrin. Ses vagues, à la fois trop grandes et trop petites. Pourtant, il faut continuer de vivre et d’avancer. C’est peut-être cela le plus dure!

D’un geste vif, Meredith sortit de la pièce, tout en essuyant les larmes salées qui perlaient aux coins de ses yeux. Vraiment elle était trop émotive. Le pire des défauts pour une infirmière! C’était bien de compatir avec les patients et leur entourage, éprouver de la sympathie était même fortement encouragée. En fait, c’était littéralement un critère de sélection. Pourtant, l’excès d’un critère n’est pas mieux que son inexistence. Alors, son cas à elle était des plus pathétique. La peine et la souffrance d’autrui la déchiraient de l’intérieur. Parfois, elle avait même plus mal que les personnes concernées. Elle avait en horreur la douleur et c’est pour cela qu’elle faisait tout pour la combattre. Ce fait expliquait par exemple son entré dans l’ordre du phœnix ainsi que sa profession en Médicomagie.

Sans même s’en rendre compte, ses pas l’avaient déjà guidée à la salle des dossiers. De sa poche, elle sortit la clé et déverrouilla la porte. De ses yeux, elle parcourut la salle et identifia la zone qu’elle cherchait. D’un pas vif, elle l’atteignit et dénicha le dossier voulue. Ses mauvaises pensées envolées, elle sourit victorieusement, fière de sa trouvaille qu’elle avait effectuée en si peu de temps. Elle l’ouvrit délicatement et laissa son regard erré entre les lignes. Bien, dégradation des habitudes de vie, dérèglement psychologique ainsi qu’un état de tristesse constante. Tout cela suite à une série de choc émotionnel. Le cœur de Meredith se serra lorsqu’elle lut la liste de ses derniers. Horrible. Tout simplement horrible. Personne ne devrait vivre de telles tragédies. Arrêtant sa lecture à ce moment précis, elle sortit de la pièce. Mr.Gynn…Non Cadfael! Oui, il voulait qu’elle l’appelle Cadfael. Donc, Cadfael ne méritait pas d’attendre. D’un pas rapide, elle rejoignit la salle 542.

En entrant, elle fut témoins d’une scène des plus touchantes. Occupé à fixer Betty, le visiteur avait les yeux remplis d’étoiles et un sourire particulièrement émouvant aux lèvres. Décidément, il y avait eu quelque chose entre ces deux là! Timidement, elle toussota pour signaler son retour à Cadfael. Puis, ouvrant le dossier, elle lança :

‘’L’état de Betty est des plus inquiétant. Comme on a déjà du vous le mentionner, elle ne mange et ne dort presque plus. Elle passe son temps à fixer le vide, dans un état de constante tristesse. Pourtant, son état est stable. Elle n’a pas de crise d’anxiété ni de crise de désespoir. Bon, il est vrai qu’elle est parfois victime de délires psychologiques, mais je crois que c’est sa façon de se protéger. Mais, rassurez-vous, ces crises ne sont pas courante.’’

Meredith sourit compatissante, mais reprit rapidement son air sérieux. Elle ne voulait pas en faire trop.

‘’Je crois que votre amie à perdue l’envie de vivre. Cependant, je pense que vous étiez déjà au courant de tout cela…’’

La jeune apprentie jeta une œillade au document puis ajouta :

‘’Je constate tout de même que vos visites régulières ont un effet bénéfique sur sa santé. Les jours suivants votre venue sont toujours plus facile pour elle.’’

Invité

Un toussotement léger et discret le tira de ses pensées. Il baissa très légèrement la tête, ferma les yeux pour chasser l'image qui le faisait ainsi sourire et lorsqu'il releva yeux et tête, il était redevenu le quadragénaire souriant et tranquille qu'il était la plupart du temps. Il se détourna de Betty et regarda Miss Brooms.

Elle avait fait vite, preuve qu'elle savait parfaitement où était le dossier. Autre signe de son talent en médiuco-magie. Parfois, Cad' se reprochait de n'avoir pas prit le temps d'étudier cette branche de la magie. Il aurait trouvé pratique de savoir soigner les autres sur le terrain. Parfois, il aurait aimé pouvoir tout apprendre, tout maîtriser, tout savoir. Il avait fallu surtout apprendre que c'était impossible. C'était indispensable pour grandir à ce que l'on disait.

Tout en écoutant Meredith, Cadfael hocha la tête. C'était bien ce qu'il pensait. Cela dit il aurait préféré qu'on lui dise que ses visites étaient inutiles, ainsi il aurait pu s'en dispenser. Malheureusement il n'avait pas le coeur de la laisser seule dans sa tristesse alors qu'il pouvait lui apporter un peu de réconfort. Et il n'était pas assez lâche pour se bercer de fausses excuses et éviter l'hôpital.

"Si elle a perdu le gout de vivre, à quoi bon continuer"

Murmura-t-il pour lui-même sans réfléchir au fait qu'il parlait à voix haute. Cadfael ne comprenait pas pourquoi Betty continuait dans cette réalité qu'elle ne supportait plus. Certes, les médicomages faisaient leur possible à la fois pour la garder en vie et la soulager de sa douleur. C'était leur métier, leur vocation. Mais a quoi bon s'obstiner lorsque tout est perdu ? Lorsqu'il n'y avait plus d'espoir ?

Il sourit toutefois à l'oeillade de Meredith, plus parce qu'il était touché par ce geste de sympathie que par réelle gaieté toutefois. La jeune femme faisait visiblement son possible pour lui remonter le moral et c'était très gentil à elle. Mais ce spectacle était éprouvant. Plus encore lorsqu'on ne se mentait pas a soi-même.

"Y a-t-il un espoir qu'elle retrouve la raison un jour ? Ou ne pouvons-nous que constater sa stabilité en craignant une dégradation ?"

Invité

"Si elle a perdu le gout de vivre, à quoi bon continuer"

Alors qu’elle observait rapidement le dossier de la patiente, le murmure lui effleura l’oreille. Aussitôt, elle sentit son cœur se gonfler. La compassion qu’elle éprouvait pour ce qu’elle croyait être un couple augmenta en flèche. Néanmoins, elle utilisa tout son self control afin de ne rien laisser paraître. En tout cas, le moins possible. Garder son professionnalisme en tout temps, telle est la clé du succès. Levant les yeux quelques secondes plus tard, elle croisa le regard de Cadfael. D’un brun-vert unique, il était pourtant terne et peu pétillant, témoignant sa tristesse. Pourtant, le sourire qui s’esquissa sur ses lèvres par la suite offrit un contraste réconfortant pour la jeune infirmière. Peut-être que tout espoir n’était pas perdu. Elle sourit à son tour et orienta ses pensées d’une manière plus optimiste. Après tout, des émanations de sentiments noirs n’étaient certainement pas très bonnes pour la santé des malades.

"Y a-t-il un espoir qu'elle retrouve la raison un jour ? Ou ne pouvons-nous que constater sa stabilité en craignant une dégradation ?"

Spontanément, Meredith lança sa réponse, sans vraiment prend le temps de réfléchir.

''Mr, il y a toujours de l’espoir. Je ne dis pas que ce sera facile, mais je crois que nous pourrons lui redonner peu à peu le goût de vivre. Si nous lui trouvons de nouveaux intérêts, si nous l’encourageons à bouger, j’ai confiance qu’elle pourra un jour recommencé à vivre pleinement. ''

Complètement optimiste, une vague d’idée de traitement thérapeutique lui vint en tête. Elle avait lu quelque chose de très intéressant dans un livre moldu à ce sujet justement. En psychologie, les moldus étaient beaucoup plus avancé et c’est grâce à leurs connaissances qu’elle avait réussit à améliorer certaines potion agissant au niveau du cerveau. Les yeux pétillants, elle s’adressa une nouvelle fois à Cadfael.

''Mais, elle aura besoin du soutient affectif d’un proche pour l’encourager dans cette voie, car si elle ne veut pas bouger d’elle-même, nous pourrons que très difficilement l’aider!''

Elle le regarda sérieusement, si il ne retrouvait pas son optimisme lui aussi, il ne ferait qu’aggraver son état. Cependant, elle ne savait pas trop comment lui en glisser mot. Elle ne voulait pas le culpabiliser ni le vexer. Elle se mordit doucement la lèvre, le regard soudainement fuyant.

Invité

Toujours de l'espoir. Hum. Cadfael était pourtant un homme qui aimait l'espoir, qui vivait dans une utopie, le rêve d'un monde meilleur. Il était resté en poste pendant quinze ans alors que tout le monde lui disait que son Seigneur était mort. Il était remplit d'espoir, il n'était qu'espoir. Mais pas là.

Betty n'avait jamais aimé vivre. Même à Poudlard elle passait ses journées à pleurer. C'était d'ailleurs ce qui l'avait séduit chez elle. Ce besoin de s'acrocher à quelqu'un, de mettre sa foi en lui, le bâtard. Et ses grands yeux tristes évidemment. Cadfael l'avait approchée à l'époque parce qu'il avait besoin de se sentir utile à quelqu'un, d'être indispensable aux yeux de cette personne. De se sentir précieux en quelque sorte.

Certains auraient pu dire qu'il s'était servi d'elle. Ce qui n'était pas faux en quelque sorte. Mais la vérité c'était qu'il l'avait aimée. Il avait eu besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de lui. La seule différence venait du fait que ce besoin s'était estompé chez lui et pas chez elle. Pourquoi se sentait-il si triste face à l'épave qu'était devenue son premier véritable amour ? Pourtant il ne ressentait plus que tendresse et pitié pour elle. La flamme s'était éteinte.

Perdu dans ses interrogations sans fin sur ses propres sentiments (on est toujours très égoiste face à la douleur d'autrui) il avait un peu perdu le fil de la conversation. Lorsqu'il revint dans la chambre d'hôpital, Meredith le regardait très sérieusement. Il lui sourit à nouveau, parce que c'était toujours plus facile de sourire que de dire ce que l'on pensait réellement, se frotta la nuque et se força à penser de façon optimiste. Il fallait trouver des solution.

"Elle aimait bien les plantes. Peut-être le jardinage alors ? Vous pensez que ce serait possible d'organiser une sorte de club dans l'hôpital genre une fois tous les quinzes jours ? Je serais prêt a payer si c'est une question d'argent."

Encore une preuve des problèmes du monde. Les sangs purs ne devraient pas se retrouver ainsi confrontés à l'indigence. Ils devaient être riches, puissants, vivre une vie certes emplie de devoirs et de pression mais également plus facile que le commun des mortels. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on passe sa vie à diriger un pays, il n'y a pas de place pour penser à l'argent. En avoir permettait justement de se débarasser de ce genre de tracas.

"Le soucis c'est que sa famille ne répond pas, et que je ne lui connait aucun proche. Son mari est un moldu, alcoolique qui plus est, je n'ai pas envie de le voir débarquer, je risque de me mettre en colere."

Conclusion mademoiselle, il n'y a que moi qui fait déjà mon possible. Cad ne se sentait pas coupable. Ce qu'il faisait pour Betty, même ses propres parents ne le faisaient pas. Il était parfaitement en accord avec lui même et ses principes. Par réflexe, il lui attrapa le menton et lui tourna la tête pour la regarder droit dans les yeux.

"Dites moi la vérité s'il vous plait."

Invité

"Elle aimait bien les plantes. Peut-être le jardinage alors ? Vous pensez que ce serait possible d'organiser une sorte de club dans l'hôpital genre une fois tous les quinzes jours ? Je serais prêt a payer si c'est une question d'argent."

Un club de jardinage? Mmm, pourquoi pas! L'idée semblait interessante. Il faudrait lui donner un peu plus de profondeur mais pour l'instant, la base du projet lui plaisait. Donner vie à une entitée de ses propres mains pouvait être très ressourçant et bienfaiteur. Surtout lorsqu'on se sentait un peu déprimée et seule. Oui, sans les soins réguliers qu'on lui avait apporté, jamais la vivace n'aurait vu le jour. Quel bonheur de se sentir utile et important vis à vis un autre être vivant. En plus de l'avoir lue, elle l'avait aussi expérimentée.

En effet, la jeune médicomage, sans être une grande déprimée, s'était parfois sentie seule dans son appartement. Sans vrais amis et famille, elle avait une vie sociale assez limité lorsqu'elle n'était pas à St-Mangouste ou au quartier général de l'ordre du phoénix. Pourtant, lorsqu'elle s'occupait des quelques plantes qui agrémentait sa demeure, elle se sentait plus heureuse. Attention, n'allez pas la croire démente en pensant que les plantes lui servent d'amies. Elle n'est pas si désespérée. Il n'y a pas vraiment d'explications mais arroser, transplanter et nettoyer les végétals la rende sereine. Peut-être que c'est la beauté de la verdure qui l'éblouis à lui en faire oublier ses problèmes. Ou bien elle est si obnubilée par son travail qu'elle ne pense plus à rien d'autres...

Peu importe, quelque soit la raison de sa gaité, Meredith est sûre que les patients de l'hôpital pourrait la ressentir aussi. Définitivement, le projet de jardinage lui plaît. De plus, Mr.Cadfael propose son aide financière. C'est très gentil de sa part. Surtout que ça élimine dès le début un motif de dénégation. Vraiment, l'idée ne peut plus être refutée maintenant. Elle a germé dans l'esprit de la demoiselle et y tiens désormais une place importante. Il ne restait plus qu'à convaincre son patron et le tour serait jouée.

"Le soucis c'est que sa famille ne répond pas, et que je ne lui connait aucun proche. Son mari est un moldu, alcoolique qui plus est, je n'ai pas envie de le voir débarquer, je risque de me mettre en colere."

Pauvre femme, plus aucune famille pour s'occuper d'elle et un mari alcoolique. Vraiment, quelle tristesse. Betty devait se sentir incroyablemment seule et délaissée. Pas étonnant qu'elle ne retrouve pas la santé. La solitude, pour une personne de cet état, était le pire des parasites. Mon dieu, ce qu'elle avait de besoin, c'était du soutien. Était-ce si difficile à comprendre? Et ce Cadfael, à l'entendre parler, il ne se considère même pas comme un de ses proches. Franchement, pourquoi continue-t'il de l'aider alors? Une obligation, une dette non-payé? Non mais, si il ne tient pas à elle, autant qu'il laisse tomber, qu'il sorte de sa vie. Il devait le comprendre. De plus, c'était son rôle à elle, Meredith Brooms, de le lui faire réaliser. Ça ne serait pas facile, mais elle devait le faire.

"Dites moi la vérité s'il vous plait."

Les yeux à quelques centimètres de ceux de l'homme. Elle le dévisagea sérieusement. Comment devait-elle si prendre. Elle ne voulait pas le blesser, il en avait tellement fait pour Betty. Même si ses intentions n'étaient pas des plus purs, il l'avait tout de même aidée. Prenant une grande inspiration, Meredith décida de se lancer, sans mâcher ses mots, mais en gardant, tout de même, un ton sérieux, sans aucune trace d'accusation.

''Mr.Cadfael, vous voulez la vérité? Vous voulez vraiment savoir ce que je pense?''

Sans attendre, de réponse, elle enchaîna. Elle devait lui dire ce qu'elle pensait.

''Je vous avertis, je ne mâcherai pas mes mots. Vous savez, quand je pensais à un proche pouvant l'aider, je pensais à vous. Vous l'aidez financièrement, vous la visitez régulièrement. Ce sont de très beaux gestes et je peux vous affirmer que les infirmières s'occupant du cas de Betty vous en sont fortement reconnaissante. Par contre, je sens chez vous une sorte de réticence. Comme si vous agissiez par devoir ou par pitié. Si jamais c'est la cas, je vous conseille d'arrêter de venir la voir, définitivement. Elle n'a nullement besoin d'une présence défaitiste près d'elle. Elle ne doit pas se considérer comme une poids. Il faut qu'elle se sente aimée et importante. Sinon, elle ne pourra jamais faire son deuil. Elle doit être soutenue à 100%. Pas à demi-mesure. ''

''Si vous pensez la laisser tomber un jour ou l'autre, alors faites-le maintenant. Personne ne vous en tiendra rigueur. Nous prendrons soin d'elle à votre place. Sachez que plus vous attendrez à partir, plus se sera difficile pour elle à s'en remettre.''

''Peut-être que je me fais des fausses idées et que le manque de positisme que je vois en vous n'est que passager. Dans ce cas là, nous pouvons, ensemble, chercher des manières d'améliorer l'état de vie de Betty. Votre projet de jardinage est très interréssante. J'ai d'ailleurs quelques idées pour agrémenter le tout...Mais avant tout, vous devez être sûre de ce que vous ressentez parce que votre amie à besoin de sentiments positifs, uniquement positifs.''

Meredith se tu alors, craignant d'en avoir un peu trop dit. Mais c'était la vérité. Elle calme sa respiration qui s'était une peu affolée et attendit que Cadfael daigne de lui répondre.

Invité

Bien qu'elle n'ai pas prit la peine de répondre à sa suggestion, Cad vit bien dans les yeux de l'adoelscente (elle n'était guère plus a ses yeux) qu'elle appréciait son idée. Il ne savait pas vraiment ce qu'avaient les gens avec les plantes. Certes c'est joli, ca sent bon, et il n'avait rien contre avoir quelques fleurs en pot chez lui mais cela s'arrêtait pas beaucoup plus loin. Les plantes ne parlaient pas, elles n'étaient pas intelligentes, on ne pouvait pas interragir avec. A partir de là, comment pouvaient-elles aider ? Il l'ignorait, probablement un mystère féminin.

Cela dit, Cad ne détestait pas la verdure. Il aimait les beaux arbres, la sauvage beauté des highlands, les steppes de pierres, les forets, les paysages. A ses yeux les arbres étaient un peu comme les bestioles. Jolies dans la nature. L'homme n'avait pas a domestiquer tout ce qu'il trouvait. Qu'il apprenne d'abord à subvenir à ses propres besoins avant de s'imposer à un monde qui ne voulait âs de lui. Et c'est d'autant plus vrai pour les moldus.

Car Cadfael en voulait énormément à l'époux de Betty. Pour commencer il avait été vexé d'avoir été remplacé par un inférieur, ensuite il avait connu la longue spirale de l'alcoolisme aussi mais n'avait jamais levé la main sur une femme. Il n'y avait pas d'excuses pour ceux qui avaient écorchés ainsi son amie d'enfance. Ils paieraient un jour pour ces crimes. Les lycans, les moldus, les alcooliques, ceux qui avaient tournés le dos à autruit. Dans un monde où régnerait la justice.

Bref là n'était pas la question. Il fallait s'occuper également de Betty. Cette pauvre gamine qui n'avait personne d'autre que lui. D'ailleurs il venait de se faire réprimander assez vertement de ne pas s'être compté parmi les proches. Comment expliquer à cette gamine que quinze ans de séparations faisaient ds ravages dans une relation ? Elle ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Quinze ans à cet âge était une durée difficilement envisageable.

"Je comprend ce que vous voulez dire."

Il n'y avait ni reproche, ni colère dans sa voix. Il avait demandé la vérité, il l'avait eue, sans fards ni faux semblant. L'ancien Gryffondor aimait ça, le mensonge était souvent pratique mais ne résolvait rien.

"Je n'agis ni par devoir, ni par pitié."

Il réfléchit.

"Ni par amour ou tendresse. J'ai aimé Betty comme une petite soeur durant plus d'années que vous ne pourriez le visualiser. Lorsque j'ai quitté l'angleterre, nos relations étaient déjà plus mauvaises. Je n'approuvait pas son choix, elle m'en voulait de partir. S'en sont suivit quinze ans sans nouvelles. Lorsque je suis revenu, l'année passée, elle était dans cet état déplorable. Sans ressources. Je n'ai pas eu l'occasion de m'excuser. Je ne sais pas vraiment si je peux encore me considérer comme un proche."

Bien qu'il soit parfaitement sincère, le mangemort pesait ses mots, à la fois pour ne pas choquer l'infirmière et pour se ménager lui même. Il n'aimait pas confier ce qu'il ressentait réellement. Les hommes ne devaient pas être sensibles. Il regarda un moment Betty puis se reprit et se retourna vers Meredith.

"Je n'ai pas l'impression de l'aider. A chaque fois qu'elle me prend pour le père de son fils, je dois la détromper. Quand elle nous parle de notre mariage, je dois la repousser. J'ai plus l'impression de lui faire du mal qu'autre chose."

Il laissa un moment son regard parler pour lui, mélange de peine, de nostalgie, d'amour aussi un peu mais également de détermination, plein d'avenir et d'énergie. Il ne se laisserait pas retenir par le passé. Le présent était plein de promesses. Betty ne pouvait pas le voir et ne s'en rendrait probablement pas compte mais c'était là quand même. Qu'elle le veuille ou non.

"Si vous me dites de ne plus venir la voir, j'obéirais. Sinon je continuerais à passer quand je pourrais. S'il m'arrivait malheur, j'ai prit mes dispositions pour qu'elle ne manque de rien. Je ne vois pas tellement ce que je peux faire d'autre. Je n'ai jamais mentit. Et je ne mentirais jamais. Même pour elle. C'est là ma limite. Vous comprenez ?"

Qu'allait elle lui dire de faire ? Ne plus y aller ? Cad' ne savait pas s'il redoutait ou espérait cet ordre. Ne plus aller a St Mangouste qui lui rappelait tant de souvenirs désagréable. Mais en même temps ne plus pouvoir aider Betty ce qui était la seule chose qui calmait sa culpabilité. Il aurait du être là pour elle. Comment pouvait-il se considérer comme un proche alors qu'il s'était absenté lorsqu'elle avait le plus besoin de lui ?

Invité

[color=indigo]Oh!

Baissant le regard, elle regarda ses pieds, soudainement très gênée. Rougissant comme une pivoine, elle fuyait tout contact visuel avec son interlocuteur.

En effet, les choses semblaient plus compliquées qu'elle l'avait d'abord supposé. Elle comprenait mieux les sentiments contradictoires qui bouleversaient Mr.Cadfael, mais ce n'était peut-être pas une bonne chose. Elle ne se jugeait plus bonne à lui faire la morale ou lui dire quoi faire. Comme elle n'était pas une infirmière permanente auprès de Betty, elle n'avait rien su de sa relation compliquée avec l'homme qui prenait soin d'elle. À bien y réfléchir, elle n'était pas certaine que quiconque ai déjà entendu l'histoire qu'il venait de lui raconter. Sous son air joyeux et chaleureux se cachait un passé plutôt douloureux et elle s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Comme elle voudrait pouvoir retirer tous les mots qu'elle venait tout juste d'articuler. Elle l'avait probablement fait souffrir. Ah, pourquoi n'avait-elle pas fait preuve d'un peu plus de douceur? Il ne sentait plus utile, mettait en doute sa présence à l'hôpital et elle, tout ce qu'elle trouvait à faire c'était de l'accabler encore plus, lui reprochant son manque d'enthousiasme et de volonté. Par merlin!

Timidement, elle releva les yeux, inquiète de ce qu'elle trouverait sur le visage de Cadfael. Elle fit exécuter 1001 détours à ses pupilles avant de les axer droit devant elle, directement dans le regard de Mr Gynn ap Nudd. Étrangement, bien qu'elle y lisait de la tristesse teintée de nostalgie, un fort sentiment d'espoir et de confiance dominait tout le reste. Soulagée, elle comprit qu'il n'était pas aussi malheureux qu'elle le croyait. Il avait certes vécu des choses difficiles, mais ce n'était pas lui qui en souffrait le plus présentement. Regardant un instant Betty elle réalisa subitement quel était son problème. Elle était prisonnière de ses souffrances, incapable d'accepter le présent et le futur. Dans sa tête, elle devait modifier le passé afin de retrouver le bonheur. Elle ne pourrait jamais réaliser ce souhait certes, mais si elle arrivait à voir autres choses que ses souvenirs désastreux, il y avait de l'espoir.

Se permettant un sourire, elle continua de détailler l'homme qui se tenait droit devant elle. Il voulait qu'elle décide pour lui ce qu'il devait faire, n'était-ce pas une belle marque de confiance? Enfin, elle ne pouvait décemment pas choisir à sa place. C'était une décision difficile à prendre, elle en était consciente, pourtant elle ne pouvait l'influencer. C'était ses sentiments à lui qui devaient être pris en compte. Était-il capable de passer complètement au-delà de ses malaises? Pouvait-il la ramener à la réalité doucement, sans la brusquer? Elle ne lui demandait pas de mentir, simplement de la distraire et lui faire voir autre chose que le passé. Oui, il devrait lui rappeler des moments douloureux, mais une fois qu'elle aurait fondu en larmes, il faudrait faire plus qu'attendre qu'elle se calme en soupirant. La rassurer et la distraire seraient bien mieux. L'encourager à s'occuper et à s'animer au lieu de la laisser croupir dans sa chambre... Tant de chose qu'il pouvait faire...Seulement, en était-il capable? C'est à ça qu'il fallait trouver une réponse.

Inspirant profondément, elle s'approcha de lui. Elle hésita un instant puis posa sa main sur l'épaule de l'homme qui en avait vu plus qu'elle. Espérons qu'il ne considérera pas le geste déplacé. Adoptant un ton plus doux et personnel, elle s'adressa une nouvelle fois à lui.

''Je crois saisir, en effet, un peu mieux ce que vous vivez. Il est vrai que mentir n'est pas une solution, cependant il faut savoir si, après avoir rétabli la vérité, vous êtes capable de la rassurer et lui faire voir autre chose que le noir. Non, je ne vous dis pas de prétendre pouvoir l'aimer encore. Simplement, il faudrait la convaincre qu'il y a mieux à faire que de se morfondre. Elle vous aime, alors elle vous écoutera.''

Elle laissa quelques secondes de silence passer afin qu'il ai le temps d'assimiler tout ce qu'elle venait de dire.

''Enfin, je ne peux choisir pour vous, je ne peux vous dire comment agir. C'est à vous seul de déterminer si vous pouvez faire cela ou si c'est au-delà de vos capacités.''

Reprenant peu à peu sa couleur originelle, Meredith ne lâcha pas Cadfael du regard. Non, pas pour l'intimidé, seulement pour lui faire comprendre qu'elle le soutenait et qu'elle savait la décision difficile à prendre.

Invité

Ce n’est que lorsqu’il vit la figure de la jeune infirmière se décomposer que Cad’ comprit ce qu’il avait fait. Et il n’en fut pas fier du tout. Elle n’avait fait qu’être franche comme il le lui avait demandé. Pourquoi lui avait-il imposé sa propre culpabilité ? Il avait été vexé de ce qu’elle avait sous entendu. Il aurait préféré qu’elle lui ordonne de ne plus revenir. Oui certes mais ce n’était pas elle en cause, c’était lui. Et maintenant elle était rouge de confusion. Pauvre gamine va. Il allait falloir qu’elle s’endurcisse un peu, il ne serait probablement pas le seul a réagir ainsi.

Soucieux de réparer son erreur, le mangemort banni toute nostalgie de son regard et se concentra sur un espoir bien fictif. Il continuait à se dire que Betty n’avait plus rien à faire sur cette terre, il ne supportait égoistement pas l’idée de la perdre. Comme Lucius, Bet’ avait été une de ses amies de Poudlard. Une de celles qui faisait qu’il arrêtait de se sentir vieux. Beaucoup avaient péris ou tourné casaque après la chute du Lord. Des amis de sa génération il ne restait plus grand monde. Cela lui filait souvent un coup de blues. La jeunesse de Klarissa n’était pas pour rien dans ce sentiment qu’il avait parfois d’être vieux. Enfin. Ce n’était pas si grave. Ah, la voila qui souriait. C’était mieux quand même. Autant qu’il soit le seul a prendre sur lui.

Tranquillement, il lui rendait son regard. Son mal-être n’avait pas disparu, au contraire mais il était à présent recouvert de l’optimisme et de la confiance en l’avenir qui faisait son charme habituel. Le nuage avait disparu sous le vernis. Il voulait lui rendre confiance en elle, qu’elle n’hésite pas à parler. C’est d’ailleurs ce qu’elle fit. Inspirant profondément, elle lui posa une main sur l’épaule. Peu habitué a ce genre de contacts physiques, le libraire tressaillit mais continua à sourire. Il avait été surprit mais pas ennuyé par ce geste. Il se doutait bien que c’était affectueux.

''Enfin, je ne peux choisir pour vous, je ne peux vous dire comment agir. C'est à vous seul de déterminer si vous pouvez faire cela ou si c'est au-delà de vos capacités. Je crois saisir, en effet, un peu mieux ce que vous vivez. Il est vrai que mentir n'est pas une solution, cependant il faut savoir si, après avoir rétabli la vérité, vous êtes capable de la rassurer et lui faire voir autre chose que le noir. Non, je ne vous dis pas de prétendre pouvoir l'aimer encore. Simplement, il faudrait la convaincre qu'il y a mieux à faire que de se morfondre. Elle vous aime, alors elle vous écoutera.''

« Ça me parait compliqué »

Voix songeuse, air toujours gentil et bienveillant. Il ne refusait pas son aide mais la réconforter sans lui dire la vérité cela ressemblait beaucoup a du mensonge. Ou a ce qu’il considérait comme de la politique. Or Betty n’était pas dupe de ses tentatives, elle le connaissait trop bien. C’était sur elle qu’il avait fait ses premières armes.

« Je vais faire ce que je peux. Je ne promets rien mais je vais y penser très fort. »

Cad lui rendit son regard puis se dégagea de l’étreinte de la jeune femme et lui sourit tranquillement.

« Je dois rentrer au ministère sinon mon patron va encore se mettre en colère. Merci beaucoup pour vos conseils, franchement. Grâce à vous j’ai une petite idée de ce que je peux faire. N’oubliez pas les plantes et dites bien que si les fonds manquent, je m’en porte garant. »

Il sourit une nouvelle fois, s’inclina légèrement pour prendre congé et prit la porte. Il avait un bon mois pour y penser. Ce soir tout ce qu’il voulait après sa journée au ministère, c’était un bon livre ou une bonne soirée avec Austen ou Klarissa. Loin de la maladie, de la folie et de tout ce que cela impliquait.

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