"Tu aimes les armures ? Un grand m'a dit un jour qu'il y en avait qui étaient allées a la guerre pour de vrai. Tu y crois toi ?"

Ah, il venait de se souvenir du nom de la fille qui lui faisait face, Ruth, c'était ça et elle lui demandait si il aimait les armures ? Gabriel était pris de court par cette question, pourquoi lui demandait-elle ça ? Dans quel but ? Est-ce que les armures avaient participé à une guerre ? Il savait que les chevaliers en armure d'autrefois se battaient avec, mais une armure sans chevalier à l'intérieur pouvait-elle réellement participer à une bataille?

Les idées confuses, il la regarda avec appréhension mais lorsqu'il vît la lance tomber sur le géant de fer non loin de lui, son esprit zappa totalement la question, et il se boucha les oreilles au bruit du métal s'effondrant sur le sol avant de se retourner vers Ruth.

"Un- zéro pour moi ! J'parie que tu fais pas mieux !"


Aa-ah ? Elle voulait jouer ? Eh bien, il jouerait avec elle dans ce cas.
Retroussant ses manches et relevant ses cheveux en queue de cheval, il s'adressa à la jeune fille:

"Bien sur que si je peux faire mieux! Elles vont tomber comme des dominos!"

Il vérifia d'un coup d'oeil l'emplacement des différentes armures, et s'approcha de celles qui s'approchaient le plus de la disposition en ligne avant de donner un grand coup de pied dans la première armure pour la déstabiliser, pas dans les pieds, elle serait tombée en avant, non, juste au dessus de la taille pour la faire basculer en arrière et qu'elle emporte dans sa chute les autres carcasses vide qui se trouvaient derrière.
Se retournant alors que l'armure entamait sa chute et surtout celle des autres, il lança à l'instigatrice de ce merveilleux jeu, le tout accompagné d'un sourire angélique :

"Si on en fait tomber plusieurs à la suite, on compte plus de points ?"

Gabriel la regarda d'un air contrarié, zut , il avait mal compris son défi et voilà qu'il se retrouvait avec une armée d'éclopés sur les bras, heureusement que Ruth lui offrait une chance de se rattraper, sinon sa fierté ne s'en serait jamais remise, pas qu'il soit macho, mais mauvais perdant, oui.

"Ca dépend si tu arrives a me vaincre en duel d'abord !"

Après avoir observé son "adversaire" attentivement, pour être sûr de ne pas se tromper, il répéta les mêmes gestes qu'elle, à savoir, ramasser un casque, l'enfoncer sur son crane et pas celui de l'autre, récupérer un bras et prendre une pose ridicule... Non. Le tenir comme une épée. Il se saisit alors d'un casque qui avait l'air en bon état, et essaya de l'enfoncer sans succès: ses cheveux faisaient obstacle.

"Tes parents a toi ils étaient normaux ou pas ?"

Il éclata de rire à cette question, quoi ? Il avait des yeux derrière la tête ou un truc du genre ? Une troisième jambe lui avait poussé pour qu'elle lui demande ça ?

"Eh bien, d'aussi loin que je me souvienne, oui, mes parents sont normaux, pas comme tout les gens que l'on peut croiser ici, parfois, je me demande pourquoi moi je suis ici alors que eux n'y sont pas venus."

Il grimaça, comme si cette pensée était douloureuse ou l'affligeait, le fait qu'il se considère lui-même comme anormal ne l'aidait pas vraiment à accepter le monde dans lequel il allait devoir vivre pour sept années encore.
Défaisant la queue de cheval qu'il avait fait quelques minutes plus tôt pour pouvoir rentrer sa tête dans le heaume d'un des chevaliers déchus, il se sentit néanmoins rassuré de savoir qu'il n'était peut-être pas le seul dans ce cas. Jusqu'ici, il n'avait rencontré que des gamins qui pensaient que la magie c'était "Teeeelllement cooool". Lui, il ne voyait pas ce qu'il y avait de si cool là dedans, selon lui, c'était même contre tout les principes que les gens normaux s'étaient tué à découvrir.
Il détacha un bras d'une des carcasses de fer et le brandit vers Ruth en faisant une pose ridicule.

"En garde! Moi, Gabriel du Savon et ma fidèle armée (Il désigna d'un large mouvement qui manqua de le désarçonner les tas de féraille à terre. ) ne vous laisseront point faire."

Ce discours était vraiment nul.