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[1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages

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Andrée de Kerimel
Andrée de Kerimel
SERPENTARD1ère année
    SERPENTARD
    1ère année
AVATAR : Ava Acres
MESSAGES : 420
[1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 01/04/1986 à Rennes
SANG: mêlé
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MessageSujet: [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages EmptyDim 23 Juil 2017 - 22:02


[1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages 862852tumblrm7bt3qgJWF1rqgu49
Nuisances et étiquetages



La vapeur du train glissait à ras sur le sol bétonné de la gare ; grise, blanche et parfois même noire aux recoins les plus sombres du quai, elle slalomait entre les badauds, comme un serpent qui se serait glissé sournoisement entre les anfractuosités d’une quelconque montagne. Comme moi lorsque je serai à Serpentard, songea Andrée, pleine d’optimisme. La main osseuse de Sally était bien calée dans la sienne, comme si rien ne pouvait les séparer. Les yeux globuleux de l’elfe, affolés, sautaient d’une personne à une autre puis d’un groupe à un autre. Gentiment, la fillette la tira un peu plus loin du mur-portail. Sa valise flottait quelques mètres derrière elles, maintenue par un obscur sortilège de Sally.
 
Andrée était d’humeur sereine, ce matin-là. Voir tous ces visages souriants, ces enfants pleins d’entrain, ces adieux teintés de joie, ça l’apaisait. Et même si elle ne pouvait nier ressentir la pointe assez acérée de la jalousie lui remuer les entrailles lorsqu’elle apercevait les parents prendre dans leurs bras leurs progénitures, elle essayait d’en faire abstraction. Après tout, elle le savait depuis longtemps : sa maman ne l’avait jamais accompagnée à aucun évènement officiel et même si elle était très aimante, très à l’écoute de sa fille, ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. Elle ne pouvait pas non plus compter sur le soutien de Mr Leigh – et de toute façon, elle n’en voulait pas. Homme très occupé, il inspirait à la fillette un mélange de fascination, d’admiration, d’antipathie et même de cruauté un peu ; il lui avait volé son pays, son père et petit à petit lui soustrayait sa mère.
 
Le visage assombri par le cours de ses pensées, elle baissa les yeux vers Sally. Elle la regardait comme si elle attendait une réponse de la fillette. Dubitative, Andrée haussa un sourcil. « Le train partira dans un quart d’heure », répéta l’elfe avec patience. « La petite maîtresse souhaite-t-elle monter de suite ou préfère-t-elle rester un peu sur le quai ? » L’enfant secoua la tête, à mi-chemin entre l’acquiescement et la dénégation, et Sally sourit comme si elle avait deviné. Et en réalité, elle avait sûrement deviné ; elle connaissait la petite fille depuis sa naissance et ses réactions n’avaient quasiment aucun secret pour elle. La créature fit un geste de la main et la malle vint se déposer doucement tout près d’Andrée – Andrée qui, un peu désespérée, s’y assit immédiatement. « Qu’est-ce qui tourmente la petite maîtresse ? », dit Sally presque comme une caresse.
 
La fillette balaya des yeux la masse grouillante qui se bousculait devant elles. Un crapaud passa devant elles en croassant, le saut flasque. Une chouette les fixait de ses yeux ronds et Andrée rentra un peu la tête dans ses épaules : et si l’animal décidait de les attaquer ? Elles s’étaient arrêtées un peu à l’écart, pas très loin des piliers qui soutenaient la gare, et les passages y étaient plutôt limités. Loin d’ignorer son aversion pour les foules, Sally avait bien fait attention de choisir un endroit qui ne l’incommoderait pas.
 
Elle sentit les doigts de Sally lui enserrer discrètement la jambe et elle eut un pauvre sourire. Peut-être que finalement, c’était elle sa vraie famille. « Rien », lâcha enfin Andrée, et comme ce n’était pas tout à fait vrai elle rajouta : « C’est juste que… j’aimerais que Mère soit venue. J’aimerais que Père soit là pour vivre ce moment avec nous. J’aimerais… » Une vraie famille, compléta-t-elle dans sa tête. Elle eut fugacement l’impression que Sally avait saisi ce qu’elle avait tu mais secoua la tête. De toute façon, elle ne pourrait pas y faire grand-chose, alors qu’elle comprît ou ne comprît pas n’était finalement pas si important que ça. Tout ce qui comptait, à l’heure actuelle… En fait, rien ne comptait vraiment pour Andrée à ce moment-là ; elle était de bonne humeur – enfin, avait été quelques instants plus tôt aurait sans doute été un terme plus juste -, mais ce n’était en fin de compte qu’une euphorie passive et passagère. La fillette en avait l’habitude. C’était à cause de moments sans heurt, sans remous et sans souci qu’elle se retrouvait ainsi, de moments plats et souvent dénués d’intérêt. Comme, par exemple, l’au revoir trop impersonnel qu’elle avait eu avec sa maman. C’était une sorte d’humeur étrange entre l’indifférence et la béatitude, entre le mécontentement et l’apaisement, et elle-même ne la comprenait pas vraiment. Lorsqu’elle était dans cet état, elle n’avait jamais vraiment de but à atteindre, pas tellement d’objectif en tête. Oh, bien sûr, elle voulait se faire des amis et sortir de la coquille qu’elle avait construite pendant l’école primaire – pour autant, elle savait déjà qu’elle aurait beaucoup de mal à s’ouvrir et que sa méfiance reprendrait immédiatement le dessus.
 
Elle avait souffert, beaucoup. Elle ne voulait pas revivre ça.
 
Alors à ces moments-là, elle n’y accordait jamais une importance trop marquée. Elle se connaissait trop bien pour ignorer qu’elle allait replonger dans ses ruminations presque aussitôt – et en réalité, elle le faisait déjà. Tu réfléchis trop, pauvre idiote, et elle eut presque envie de se taper la tête contre quelque chose.
 
« La jeune maîtresse devrait y aller », dit finalement Sally en continuant à lui caresser la jambe, réconfortante. « Il est presque l’heure et Sally ne voudrait pas que la jeune maîtresse ne trouve aucun compartiment vide. » Andrée hocha la tête, distraitement, mais se leva malgré tout. En effet, elle ne voulait pas être forcée de passer le voyage avec des gens qu’elle ne connaissait pas : intimidants, peut-être turbulents, sûrement plus âgés de surcroît. Dans les yeux de la vieille elfe, il y avait une sorte de regret mêlé à la fierté d’une maman ; et comme une maman Sally se comporterait jusqu’au bout. Elle arrangea le col de la robe toute neuve de la petite sorcière, lui recoiffa brièvement les cheveux et dirigea gentiment sa main vers la hanse de sa malle. Puis elle souffla, émue : « Sally souhaite un bon voyage à la jeune maîtresse.
 
- Je vous enverrai une lettre demain matin, lorsque j’aurai du temps libre. » Je t’enverrai de mes nouvelles, Sally. Elle n’ajouta rien, parce qu’il était souvent mal vu d’aimer son serviteur à ce point. Elle sentit toutefois au fond d’elle que de la maison, ce serait sans doute Sally qui lui manquerait le plus. L’absence de Mère aussi lui pèserait, évidemment, mais quelque chose au fond d’elle lui soufflait que ce serait plus l’idée d’une présence maternelle et les petits conseils qu’elle lui balançait de temps à autre qu’elle voudrait retrouver. Une pointe de honte la piqua et l’étau de la culpabilité lui enserra le cœur mais elle se reprit : sa mère n’avait même pas daigné l’accompagner en ce jour sacré alors elle pouvait bien apprécier son elfe un peu plus que la normale, malgré l’amour inconditionnel qu’elle portait à sa maman.
 
Avec la sensation d’abandonner sa seule amie derrière elle, Andrée tourna le dos à Sally et rejoignit le Poudlard Express en faisant bien attention à ne pas se retourner. L’antique véhicule jetait déjà ses panaches de fumée blanche : le départ était imminent. Et c’était sans doute pour ça que la foule d’élèves semblait plus dense que jamais devant les portes coulissantes. Armée de son imposante valise, la fillette eut toutes les peines du monde à se frayer un passage ; si sa petite taille pouvait la servir, son bagage se prit plusieurs fois dans les jambes de ses aînés et entraîna leurs protestations plus ou moins véhémentes. Elle murmura des « Pardon » et des « Excusez-moi » à la ronde, beaucoup trop bas certes pour qu’on puisse réellement l’entendre, et se retrouva finalement dans le vestibule du train. Lui aussi était bondé, mais elle préféra penser qu’il y restait un tout petit peu de place pour elle. Et d’ailleurs elle n’y resta pas longtemps : un long couloir, à sa gauche, tapissé de fenêtres un peu opaques et de portes souvent ouvertes, recouvert d’une moquette grise un peu douteuse, semblait l’appeler. Laborieusement, elle traîna ses affaires derrière elle et se mit à la recherche d’un compartiment vide.
 
Mr Leigh l’avait bien prévenue de choisir très soigneusement les sièges qu’elle occuperait pendant son voyage. C’était là une occasion en or de se faire ses premiers amis, avait-il raconté, et c’était effectuer le premier pas vers l’accomplissement de ses objectifs. Il avait semblé à l’enfant déceler un message subliminal – ou, peut-être, fabulait-elle - : l’allé vers Poudlard serait pour elle l’occasion de faire ses preuves et de créer ses premiers contacts pour satisfaire son beau-père. Pour autant, les visages étrangers lui faisaient peur et elle n’était plus très sûre d’avoir envie de faire ami-ami avec ces gens qu’elle ne connaissait pas – du moins, pas pour le moment. Et puis nouer des liens pouvait bien attendre un petit peu, n’est-ce pas ? Ses projets d’avenir ne seraient pas fichus parce que sa timidité avait pris le dessus ce jour-là, pas vrai ?
 
Non, décida-t-elle. Non, non, non et non. Elle passerait les heures qui suivraient à ruminer sur son incapacité à s’insérer socialement parlant et s’occuperait de ces problèmes bassement superficiels plus tard – et elle leva les yeux au ciel devant sa propre mauvaise foi.
 
Elle trouva un compartiment presque vide tout au fond de la voiture. Une petite fille y était déjà assise, sa malle sagement posée à ses pieds et un chat lové sur ses genoux – et Andrée fronça le nez de dégoût. Elle paraissait un peu ronde et ses cheveux bruns tombaient en cascade de boucles sur ses épaules. Lorsqu’elle entra, ses yeux verts la transcendèrent. Andrée perdit le peu de moyens qu’elle possédait encore. « Euh, je- je me demandais si je pouvais m’asseoir ici ? »
 
L’autre fillette sourit, d’un sourire plein de dents et plutôt jovial. Ses joues rebondies remontèrent et de petites fossettes apparurent juste au-dessus de sa bouche. L’impression d’infériorité qui avait envahie Andrée lorsqu’elle avait croisé son regard s’évanouit aussitôt. « Bien sûr ! », s’exclama-t-elle, enjouée. La petite de Kerimel poussa un discret soupir de soulagement, pas sûre qu’elle aurait apprécié faire un autre tour des compartiments libres – qui, en réalité, devaient être déjà tous pleins. Du mieux qu’elle put, elle entreprit de monter sa valise dans les filets qui dominaient la cabine. « Tu veux que je t’aide ? », fit encore l’autre d’un air jovial. Andrée se contenta de secouer la tête, concentrée. « Tu t’appelles comment ? Moi c’est Fanny. Enfin, Fanny Docker mais je doute que mon nom de famille te dise quelque chose : même si mes parents sont tous les deux sorciers, je ne suis pas une Sang-Pur. » Elle réfléchit un instant. « J’étais pas censée le dire… Mais c’est pas grave, n’est-ce pas ? Tu vas rien dire, hein ? Et toi, tu-
 
- Andrée », la coupa précipitamment ladite Andrée. « Je m’appelle Andrée. » Elle eut un sourire crispé. À peine installée qu’un mal de tête pointait déjà – ça promettait. La petite fille avait l’air fort aimable mais un peu trop bavarde pour elle. Cette dernière, d’ailleurs, s’apprêtait déjà à ouvrir de nouveau la bouche – et Andrée se préparait déjà psychologiquement à la supporter pendant huit heures – lorsque la porte du compartiment s’ouvrit sur deux toutes petites silhouettes.
 
Elle laissa presque s’échapper une exclamation joyeuse devant l’échappatoire en or que les deux enfants leur offraient – presque. Puis elle se dit qu’ils n’étaient peut-être pas mieux que Fanny et qu’il ne fallait jamais crier victoire trop tôt.





Dernière édition par Andrée de Kerimel le Dim 17 Sep 2017 - 13:38, édité 1 fois
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Oliver Grade
Oliver Grade
POUFSOUFFLE1ère année
    POUFSOUFFLE
    1ère année
AVATAR : Chris Pritchard
MESSAGES : 99
[1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Étranges troubles gastriques lorsque la perspective est envisagée.
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 29 Août 1986, à Millisle en Irlande du Nord.
SANG: mêlé
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MessageSujet: Re: [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages EmptySam 19 Aoû 2017 - 14:59

Oliver observait nerveusement la grande horloge de gare, tandis qu’une larme de sueur s’insinua le long de sa tempe. La trotteuse parcourait le  cadran du balancier à vive allure dans sa course contre le temps, et les pieds du jeune rouquin battaient la mesure des secondes perdues, marquant le reflet de son anxiété. Bientôt, la plus grande aiguille allait approcher son point culminant et sonner les onze coups de onze heures, et déclinerai sa possible chance de fouler les couloirs de Poudlard. En effet, cette horaire prédisposait le Poudlard Express au départ, et à s’ébranler pour débuter son trajet. Sans nuls doutes, les compartiments étaient-ils déjà emplis d’élèves impatients de débuter une nouvelle année, sans savoir que sa pauvre personne manquerait à la traditionnelle répartition précédant le fameux banquet d’ouverture. Un comble pour le jeune Grade qui pensait pouvoir se conformer à la théorie de vie qu’il prédisait. Selon lui, la réception d’une lettre pour Poudlard prévalait d’une présence en son sein, en confirmant la véracité de ses dons. De plus, compter sept années d’études entre les murs de l’école de magie se révélait être le témoin actif d’une culture sorcière,  à laquelle Oliver s’interdisait de refuser. Son avenir devait être accompli, comme il était entendu d’être fait, sans hésitations. Seulement, la locomotive ne lui réserverait guère une place toute promise en son sein, s’il ne se décidait pas à se presser pour se réfugier dans un compartiment. Si la locomotive lui reprochait les reflets de son retard de son unique départ, les amas de fumée se profilant dans l’horizon lointain, il ne pourrait s’en vouloir qu’à lui-même. Après tout, pourquoi n’avait-il donc pas emboîté le pas de sa sœur, quelques minutes plus tôt, à défaut d’appréhender sa rencontre avec le mur qui le précédait ? Quel idiot, il faisait ! Si, en effet, il ne parvenait pas à la franchir, et qu’il se promettait un bel hématome sur le coin du visage, en perspective, c’était qu’il demeurait aussi sorcier qu’un moldu !

 Plus aucun doute ; il demeurait –ironiquement- condamné à son sort de vie moldue, et banale de surcroît. Si cette idée fût précédemment appréhendée, il en était désormais persuadé.

Un étau de déception étreignit son cœur meurtri, tandis que ses paupières se plissèrent d’elles-mêmes, afin d’éviter la manifestation de son surplus d’émotion, menaçant d’éclater. La respiration difficile, il émit une dernière prière silencieuse, sollicitant la preuve d’un miracle qui le sauvera des griffes de son agresseur. En effet, le chef de gare le tenait toujours en grippe, et marquait sa force d’une poigne de fer fermement agrippée autour du poignet du garçonnet. Celui-ci avait déclaré forfait et cessé de se battre, en n’écoutant que d’une oreille distraite la tirade médisante de son interlocuteur, sans même lui porter un seul regard. D’après les bribes étouffées qui parvinrent à ses oreilles, l’homme revendiquait l’absurdité de la situation lorsqu’il vit la sœur du rouquin se fondre dans la parure du muret, sitôt l’eût-elle approchée. Désormais, Oliver jalousait férocement sa sœur et l’opportunité qu’elle eût acquise. Il l’imaginait confortablement installée sur un des canapés au tissus écossais, encadrant chaque côté du compartiment, le regard vague à la fenêtre, observant le défilé floral de l’aboutissement des beaux jours. Lui devait supporter les sermons redondants aux allures de mauvaises blagues, d’un vieillard à l’esprit étriqué. Ne pouvait-il donc pas se taire, trente secondes ? Le chef de gare allait nuire à la Loi du Secret si bien conservée des sorciers, s’il ne cessait pas de se persuader qu’il fut témoin d’un acte de sorcellerie. Oliver était désireux de fuir, retrouver sa sœur et oublier l’intégralité de ces sornettes. Seulement, la situation en engageai tout le contraire ; rentrer chez soi, l’épaule basse et la mine déçue, médisant les reflets de sa malchance. Et c’était vrai. Il poussa un dernier soupir las, en se demandant quel châtiment lui réserverait Merlin.

- Oubliettes ! Scanda une voix parmi la foule.

Un mince filet argenté vînt se joindre à l’incantation, tandis qu’il scindait la foule en deux pour tracer son chemin. Le sortilège d’amnésie frappa de plein fouet les deux vieillards, et furent aussitôt victimes de son effet immédiat. En effet, le chef de gare et sa compagne de fortune parurent vaciller, ébranlés par la puissance du choc, tandis que le premier se gratouillait l’extrémité de la tempe, dans une mimique d’incompréhension. Décontenancé, Oliver restait de marbre, bouche bée devant cette prouesse magique lui promettant une échappatoire unique, qu’il omit pourtant, d’utiliser à son profit. Par le saint Hyppogriffe, les deux vieillards étaient-ils les réceptionnistes d’un ultime sortilège d’amnésie ? Merlin, lui-même avait-il entendu sa prière ?  

- Grouille-toi gamin ! Hurla une voix étouffée par la bande passante.

Alerté par le signal d’alarme de fortune, Oliver obtempéra et cessa immédiatement de s’acharner à tisser un lien entre la venue impromptue de son sauveur et ses précédentes réclamations. Il jeta un dernier regard volage sur le minuteur du cadran, qui accentua son empressement doublé d’angoisse et le pria aussitôt de se presser. Il ne lui restait seulement que trois petites minutes pour se charger des animaux gisant au loin, et s’acheminer en direction de l’antique véhicule. Son estomac se serra dans un étau de plomb, tandis que ses bras vinrent l’étreindre pour tenter d’atténuer ses maux, en vain.  Ayant accumulé un surplus de retard, le garçon ruminait son ressassait ses troubles imagés, dans lesquels le train filait sous ses yeux, sans qu’il n’ait eu la possibilité de s’y hisser. Son avenir était perdu, foutu, bousillé. Il n’irait pas à Poudlard, il en avait la certitude. Malgré tout, Oliver craignait que les effets du sortilège d’amnésie se révèlent inefficaces contre le moldu, et qu’ils s’évaporent aussi vite qu’ils eurent apparus, à la manière d’un effet de sueur. Et si le chef de gare l’assaillait une fois de plus ? A cette idée, le jeune rouquin massa son poignet, marqué d’un bracelet rougeoyant, témoin de la force de son agresseur. Celui-ci n’y était guère allé de main morte, et Oliver n’était pas plus désireux qu’il puisse réitérer son geste, en lui offrant le parfait statut de bête de foire. Ça, plus jamais. Ainsi, le futur Poufsouffle préféra éviter le conflit, en fuyant les jambes à cou.  De plus, son inquiétude était futile et n’accumulerait seulement que du temps perdu, à défaut d’être efficace. Ainsi, il érigea un plan méthodique et méticuleux, qu’il s’empressa d’effectuer.  

Premièrement, il sut saisir l’occasion que lui offrait le moment d’inattention du chef de gare, pour s’arracher à sa présence et disparaître de sa vue. Aussi discret qu’une ombre, il sillonna le pavé à pas de loup, prenant soin de ne pas attirer l’attention sur lui, et d’être l’objet de distraction d’un vieux rabougri. Sinon, tous ces efforts seraient réduits à néant, et Oliver refusait qu’une énième embuche vienne entraver son chemin, tant il en fût excédé. Soudain, un hululement étouffé parmi les battements d’ailes agités parvinrent à ses oreilles, et jetant un regard approximatif à l’horizon noir de monde, il décela le cri de détresse de sa Chouette. L’or brillant de la cage se ternissait parmi le décor marqué d’abondance et de pollution à mesure que le plancher de la prison dorée roulait sur le pavé. En effet, la pauvre bête gisait au sol, le cri suraigu et effrayé apostrophant la curiosité de chaque passant. Certains l’admiraient, d’autres lançaient une paire d’yeux furtifs, craintifs ou curieux, mais nul ne songea à replacer la cage dans un angle adéquat. La présence d’un animal guère anodin attirait les regards, mais pas les gestes et tous témoignaient de méfiance à l’égard de la bestiole hurlante. Oliver ne put s’empêcher de claquer la langue de scepticisme, tandis qu’il slalomait entre les silhouettes, sans excuser son passage. Il aurait apprécié un élan de bonté de la part des passants, afin d’optimiser son départ. Mais comme à l’accoutumée, Oliver se résigna ainsi à disposer les cages des animaux qui entravait le passage des passants.

Deuxièmement, il noua fermement ses doigts autour des poignées prévues à cet effet, et tenta d’oublier la douleur de ses mains mutilés de coups de becs. Clochette avait toujours témoigné beaucoup de nervosité à l’égard de son maître et picorait ardemment le bout de ses doigts par son seul excès de colère. Certainement était-elle irritée d’avoir été dénigrée de la sorte, gisant à la manière d’une charogne putride sur le sol dallé, cloîtrée dans sa cage. Désolé, Oliver se promit de se faire pardonner en lui offrant une ration supplémentaire de gâteries propres aux hiboux. Seulement, par faute de temps, le jeune rouquin remit à plus tard ses projets, et s’élança à toutes jambes droit vers la barrière qui l’opposait, sans trop se poser de questions, comme on avait pu le lui conseiller.

Un relent de de fumée vaporeuse vint chatouiller son odorat et aussitôt, ses membres se délestèrent de la nervosité qui les eut crispés lors du traditionnel passage de la barrière 9 ¾. Ses paupières grandes ouvertes de stupéfaction, il scruta intensément chaque parcelle du  décor qui se présentait à lui, avide et désireux de marquer sa mémoire d’une trace indélébile. Et en effet, rien ne sembla manquer à la précision de son regard pétillant, tant sa curiosité exclusive au contexte s’était délecté du moindre détail étudié. Tout était représenté comme dans son imaginaire. Devant lui, se dressait une imposante pancarte de fer forgé vernie de noir annonçait en lettres distinctes que les passagers montaient à bord du « Poudlard’s Express ». Et Oliver aurait pu témoigner en toute honnêteté qu’il fallait être aveugle ou totalement destitué de toute intelligence pour en douter.  Une épaisse fumée s’échappait de la locomotive pour venir onduler le long de l’antique véhicule. Plus aucun doute, le départ était imminent. Le gris ternissait  l’habituelle couleur pourpre qui teintait l’enchaînement de compartiments bondés. Portant un regard vers les fenêtres masquées d’un voile gris de condensation,  il remarqua que l’attroupement d’élèves qui habitant la locomotive manifestait un enthousiasme qui le convia aussitôt à les rejoindre. Comment y résister ? Pour la première fois, Oliver se sentit à sa place ; là où il devait être et son cœur fût soulevé d’une euphorie qu’il ne sût contrôler, tant il fût impatient de se mêler à la troupe de sorcier déjà installés à bord du train. Un sourire radieux fendit ses lèvres, et d’un saut triomphal, le jeune rouquin s’élança sur la première porte à son approche, qu’il ouvrit à la volée. Finalement, un sifflet nerveux de fumée sonna son départ, tandis qu’Oliver s’écroulait lourdement face contre terre, le long du corridor. Les cages valsèrent une secondent proférant à ses occupants feulements et hululements excédés. Seulement, rien n’aurait pu fausser la bonne humeur du jeune sorcier, en ce début du 1er septembre. Meurtri, en effet, mais dont tous les efforts ne furent pas vains. Il avait vaincu le temps, et s’était approprié une place au sein du Poudlard express. Désormais, il méritait le traditionnel réconfort après tous ses efforts qui l’eurent incommodé, toute la matinée.

Alertés par sa chute, quelques s’extirpèrent de leur compartiment, afin de connaître l’identité de celui qu’ils allaient pouvoir pointer du doigt, les prochaines heures. Encore une fois, Oliver payait les frais de sa maladresse maladive, faisant office de bête de foire à l’assistance qui le précédait. Il s’était bercé d’illusions en pensant que les sorciers n’étaient que bienveillance et amabilité. Finalement, il ne valait pas mieux que leur comparses moldus ; ingrats et moqueurs à la première négligence. En effet, quelques élèves s’étaient alors amassées devant lui, proférant quelques messes-basses moqueuses soulignés d’hilarité. Honteux, il prit la prédisposition de bander ses yeux de ses deux grands bras, dans un mouvement flasque, afin de les dissimuler à la scène. Harcelé par ses pensées paranoïaques, Oliver devinait sans mal leurs regards perçants et houleux posées sur sa carcasse étalée tandis qu’ils pointaient du doigt sa chute. Si bien qu’il n’osait plus émettre un seul mouvement. Et s’ils l’assaillaient, la démarche vacillante et la voix grognant à la manière de zombies avides de sang ?  Il se maudissait d’avoir chuté et de s’être écroulé, et détestait subir cet afflux de moqueries injustifiés. A cet instant, Oliver aurait voulu se confiner aux tréfonds d’un terrier d’un minuscule lapin, écrasé par les sillons de terres sous lesquels il évoluerait à la manière d’un ver-de-terre que l’on oserait ne plus approcher, par dégoût. Oliver était désireux de disparaître, invisible aux regards sombres de jugements, et avoir la paix. Peut-être que s’il restait allongé dans cette posture incommodante, il donnerait l’illusion qu’il soit endormi, et ainsi les quelques élèves qui l’observait disparaîtrait aussi vite qu’ils eussent étés apparus ?  Aussi il nourrissait l’espoir, que quelqu’un, n’importe qui, vole à son secours. Et ce fût chose faite.

- Poussez-vous, c’est mon frère, déclara la voix criarde de Lindsay.

Oliver aurait pu avouer que sa sœur tombait à pic ! Un sourire soulagé fendit ses lèvres, sitôt  qu’il eut entendu ses paroles. Il n’aurait pu rêver mieux, et il savait par coutume que Lindsay n’hésiterai à prendre les prédispositions nécessaires pour chasser les corbeaux de l’épouvantail. Lui, ne parvenait jamais à déceler une forme de riposte verbale, et demeurait muet comme un comme un sourd chaque fois qu’on l’attaquait. Souvent, il s’enfuyait, la tête rentrée dans ses épaules honteux et meurtri, en modifiant chaque détail de la scène jusqu’à ce qu’elle le lui soit assez favorable, pour ne plus être source d’angoisse. Par ailleurs Lindsay, sa sœur, lui reprochait assez aisément son manque cruel de répartie, pour ne pas dire complètement inexistant. En effet, si lui préférait se dissimuler dans les foules sans se faire remarquer, Lindsay quant à elle se suffisait de l’écoute d’une assistance pour exister. Si elle, prônait la défense de l’honneur en n’hésitant pas à lancer quelques répliques salées afin de faire taire les remarques acides, Oliver quant à lui, vivait dans la crainte de représailles s’il l’imitait. Aussi, il portait à croire à force de subterfuges, les moqueries cesseraient en dépit de découragement. Très différents, le jeune rouquin avait toujours vécu dans l’ombre du bouclier de fortune qu’était Lindsay, profitant de sa force protectrice. Ainsi, l’état de circonstance avait perduré, et Oliver savait que cette petite altercation n’échapperait pas à la règle.

Parmi les silhouettes, Oliver apercevait déjà le gabarit chétif de sa sœur jumelle se tisser un chemin à coup de coudes secs et vifs, et d’ordres dénuées de bienséance. Son sourire se tordit en remarquant les regards courroucés que lui lançaient les bousculées. Lindsay n’agissait guère en finesse et ne semblait avoir peur de quiconque, si bien que cela en devenait un sujet à discorde. Oliver espéra que son arrogance n’attire pas plus les foules, n’étant que peu désireux d’attirer le conflit. Toutefois, il profita de leur inattention pour se relever, avec lenteur et quelque peu chancelant. D’un mouvement de main, il massa compulsivement le haut du crâne, le corps secoué d’un fou-rire nerveux à la venue d’une Lindsay furibonde. En effet, toute son attitude témoignait une humeur colérique à laquelle Oliver subirait prochainement les frais. Le concerné d’apprécia guère ce constat. Seul Merlin savait ce qu’elle allait encore concocter pour évacuer ses poumons des toxines qui s’y logeaient. Les poings serrés, le pourpre qui colorait ses joues parût s’accentuer au rythme de ses pas. Allait-elle le frapper ? Non impossible. Par contre, si les regards pouvaient tuer, Oliver aurait juré giser dans une mare de sang, à cet instant, le corps parsemé de trous digne d’une tranche de gruyère.

-  Où est-ce que t’étais sombre idiot ? demanda-t-elle, tranchante, en guise de préambule. Sans lui laisser le temps de donner une réponse concrète, elle enchaîna : J’étais morte d’inquiétude !

Oliver accusa le coup, pour mieux l’observer. Inutile de répondre à ses jérémiades si cela ne devait que les accentuer. Visiblement, Lindsay avait parût si inquiète qu’en toute hâte, elle s’était revêtue de sa première robe de sorcière traditionnelle, laquelle était encore impeccablement lisse –autre témoin de son empressement, supposa-t-il. Ses yeux scrutèrent plus que de nécessaire le blason coloré qui ornait sa poitrine, comme il appréciait l’admirer à l’accoutumée. Certainement, il ne se lasserait jamais d’observer cette preuve formelle et définitive qu’il était élève sorcier à Poudlard, et que fort de ce constat il n’y avait plus d’inquiétude à avoir quant à son futur. Reprenant cours à la réalité, il remarqua également que Lindsay avait même prit un soin tout particulier à s’éparer ses cheveux en deux couettes distinctes, sans une mèche de travers, et les noués à l’aide de deux énormes rubans bouffants et roses bonbons, à s’en brûler les yeux. Dans son dos, les quelques élèves qui s’étaient agglutinés devant eux commencèrent à rebrousser chemin, afin de rejoindre leurs compartiments respectifs, ennuyés de patienter une quelconque dispute à laquelle ils étaient désireux de se délecter. Ainsi, la petite supercherie que lui offrit Lindsay, fendit son visage en deux dans un sourire caustique. Cependant, il convînt que peu importait la raison dont se prévalait son habit parfait, il voulait fuir cette situation incommodante et trouver rapidement repos dans un des compartiments qui sillonnaient le couloir.  De toute façon, ce n’était pas dans ses projets imminents de le lui poser la question, et certainement ne donnerait-elle pas une réponse concrète.          

- Bon, tu comptes me donner ta réponse à la prochaine lune, ou bien ?

Ces paroles l’extirpèrent aussitôt de ses songes. Visiblement, Lindsay s’impatientait, et plantait ses deux mirettes bleues dans les siennes, avide de réponse. Quelques peu décontenancé, il marmonna quelques mots indistincts dans sa barbe invisible.  Et dans une mimique de réflexion, il fronça le sourcil, concentré et gratouilla la surface de sa tempe. Que devait-il répondre ? Il chercha aux tréfonds de sa mémoire les bribes de sa mésaventure pour consolider une réponse. Comme en témoignaient la plupart de ses lectures, Lindsay se délectaient des histoires farfelues en tout genre et Oliver se ravit à l’idée d’égayer ses yeux d’un éclat de curiosité, à son écoute. Tandis qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche pour lui répondre, Lindsay lança un regard courroucé aux oreilles indiscrètes dissimulées dans dos.

- On vous a sonnés ? leur demanda-t-elle, le ton arrogant à souhait. Viens Oliver, allons trouver un endroit tranquille, sans que des oreilles à rallonges sur pattes puissent nous écouter !

La plupart furent frappés par son regard assassin, et Oliver leur lança à son tour un regard d’excuse, tenu quelque peu mal à l’aise par les témoins de leur décontenances. Il fallait toujours rester méfiant quant aux représailles. Qu’arriverait-il, si un jour, Lindsay subissait les retours de son insolence ? Non, non, non ! Par soucis de prévoyance, il était préférable d’esquiver les conflits et ne pas répondre aux provocations. Seulement, Lindsay se révélait souvent être aussi têtue qu’un âne, et Oliver se refusait à tenter de la persuader de faire preuve de zèle envers ses comparses provocateurs. Ca jamais.

Sans qu’il n’ait eu le temps de réagir, la petite rouquine qui le précédait empoigna avec férocité son poignet et l’entraina au bout du couloir. Trainant derrière elle leur amas de bagages plein, Oliver douta de ses capacités à supporter la masse conséquente de leurs valises. Bien évidemment, son manque évident de sollicitude ne l’encouragea guère à l’y aider, de plus il se jugea trop frêle pour porter quoi que ce soit, les cages animales lui convenant bien assez.  Seulement, par mesure de contradiction,  celle-ci le dissuada de penser cette idée, car elle continua de longer l’allée de compartiments aux parquets vieillots, moquettes écossaises douteuses, rideaux rapiécés et conversation à demi-étouffée par la mauvaise isolation qui s’y tenait. Un comble pour Oliver qui appréciait le bon confort de son fessier, et détestait être mal installé. Seulement, il fut bien déçu de constater qu’à défaut de fauteuils moelleux en tissu de dragon, il devrait seulement se contenter d’une étoffe rugueuse sous lesquels une série de ressors grinçaient à chaque mouvements. Les huit prochaines heures de train promettaient de se révéler « grinçantes », et Oliver ne sut déterminer s’il s’agissait là de sa sœur ou du mobilier qui en porterait l’adjectif.

Finalement, un grognement plaintif de sa sœur l’alerta sur la susceptible fin de recherche. Ce n’était pas trop tôt ! Tandis qu’elle hissa leurs valises sur haut des marches, elle pointa leur prochain refuge le visage trempé de sueur et priant son approbation. Oliver acquiesça vivement quant à lui : ses pieds meurtris trainaient au sol dans un désir ardent de stopper sa marche. Aussi, il commençait à s’impatienter de ne pas pouvoir s’installer et profiter des prochaines heures de repos qui se profilait.  

- Bonjour ! Commença-t-elle, tandis qu’elle ouvrit la porte du compartiment dans un grand fracas. Désolée de nous immiscer comme ça mais tous les autres compartiments son pleins, et avec mon frère on en a ras-la-noise de marcher ! ajoute-t-elle avec honnêteté, liée d’un sourire désabusé à l’encontre des deux fillettes.

Oliver douta que la formule engage leurs compagnes à accepter leur compagnie. Seulement, il comprit son manque de bienséance, lui-même se serait suffi à un drap rongé par les mites afin de se reposer. La dominant de toute une hauteur de tête, Oliver scruta leurs regards en priant leur accord. Par ailleurs, il profita de cet instant, pour mieux les appréhender. Deux fillettes étaient assises l’une en face de l’autre, et visiblement, leur arrivée avait stoppé net leur conciliabule animé. Le sourire de la première se fendit, et se traits se crispèrent pour former une grimace qu’Oliver ne sut déterminer. Ses longs cheveux noirs corbeaux encadraient un visage antipathique et pâle –bien que certaines mèches adoucirent la forme grossière de ses pommettes et son imposante mâchoire- et ses yeux sombres et ancrées n’engageaient guère à la confiance. Elle semblait comme un Loup-garou en gage de sa proie, à les toiser de la sorte. Mais peut-être était-il mauvaise langue et que celle-ci allait se révéler relativement sympathique ? Seulement, ses yeux passèrent rapidement au visage bien plus accueillant faisant face à la première. Celle-ci parût bien plus avenante que la première. Quelque enrobée, elle agita ses petites mains potelées, ravie de les accueillir. Un torrent de boucles brunes encadrait son sourire plein de dents et jovial. Aussi, Oliver fût rapidement attiré par l’émeraude de ses yeux soutenus par  les deux hautes pommettes de sourire, et en fût presque décontenancé.

- Oh, et nos noms ! Fit Lindsay avec précipitation, ses yeux oscillants entre les deux fillettes. Moi c’est Lindsay Grade, et la grande perche qui se tient derrière moi c’est Oliver ! Mais vous pouvez l’appeler Oli’, il s’en moque !

Elle semblait très fière de s’être présentée à ses deux comparses, et s’apprêtait déjà à les rejoindre pour engager la conversation. Oliver, lui, eut un sourire mi- contrit, mi- agacé : comme si, lui, n’était pas capable de se présenter seul, elle s’était sentie obligée de parler à sa place, encore.                                

HJ:
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Andrée de Kerimel
Andrée de Kerimel
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MessageSujet: Re: [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages EmptyDim 17 Sep 2017 - 19:37



Le bruit de la porte qui s’ouvre ne s’était pas encore atténué qu’une petite fille prit la parole. Sa voix était assurée, quoiqu’un peu forte peut-être, et Andrée se rejeta sur son dossier en se retenant de masser ses tempes. Merlin, pourquoi, dans ce fichu train, tout le monde devait avoir l’air si à l’aise ? « Désolée de nous immiscer comme ça », fit l’inconnu toute pimpante, « mais avec mon frère on en a ras-la-noise de marcher ! » Et elle semblait dire vrai : un certain essoufflement trahissait un effort physique suffisamment intense pour accélérer les battements du cœur et on discernait même la fine pellicule humide qui recouvrait déjà sa peau.

Fanny Docker lança un regard interrogateur à Andrée, comme pour chercher son approbation. Celle-ci se contenta d’un signe de la main : elle était peut-être blasée, mais pas suffisamment cruelle pour les faire chercher un compartiment vide qui n’existait pas. Et puis depuis quand était-ce elle qui devait prendre les décisions ? Cette fille n’était pas claire, parole d’elle-même.

« Allez-y, entrez ! », dit Fanny, très joyeuse également. Pourquoi, mais pourquoi les gens pensaient-ils toujours qu’il fallait sourire pour faire bonne impression ? Parce que si on lui disait que tous ces mômes de onze ans jouissaient d’un bien-être exacerbé à l’idée de quitter le confortable cocon que leur offraient leurs parents, elle ne les croirait pas. C’était extrêmement frustrant, extrêmement incompréhensible aussi ; était-elle vraiment si anormale ? « C’est ton frère ? », continua Docker en désignant le petit garçon qui suivait l’inconnu. Elle chercha un instant son regard, mais c’était comme s’il se refusait à un contact trop prolongé. « Dépêchez-vous, le train va démarrer. On m’a dit que la première secousse, c’est toujours la pire, alors ne vous inquiétez pas si vous trébuchez un peu lors du départ. » Elle leur offrit un sourire éblouissant et Andrée se renfrogna un peu plus. Si tout le monde était comme ça, elle allait très mal vivre son année.

Cette fille finirait sans doute à Poufsouffle, et ce n’était pas un compliment.

L’inconnue s’apprêtait à faire un pas dans le compartiment quand elle fit mine de se rappeler de quelque chose. Sur son visage, il y avait un air enthousiaste tout à fait insupportable. « Oh ! et nos noms ! » Il s’avéra qu’ils s’appelaient Lindsay et Oli – de son vrai nom Oliver. Sur le visage de Lindsay était peint un insupportable mélange d’assurance, d’arrogance et d’enthousiasme ; peut-être Andrée jugeait-elle un peu trop vite, mais elle avait l’impression qu’elle serait typiquement le genre de fille à reprendre l’œuvre de ses anciens camarades de classe et à se moquer sitôt qu’elle aurait ouvert la bouche : malgré tous ses efforts, son accent français continuait de suinter de ses mots et c’était ça, selon elle, qui avait monté tous les enfants contre elle.

Le jeune garçon, au contraire, avait l’air d’être l’exact opposé de sa sœur ; ses cheveux roux tombaient en désordre sur son front et auraient sans doute caché ses yeux s’ils avaient été assez longs pour ça. Il y avait quelque chose de fuyant dans son regard, quelque chose d’honteux. Ses pupilles ne semblaient pas vouloir se fixer sur elles directement et il demeurait obnubilé par ses pieds, sa valise, le dos de Lindsay. Et si cette dernière l’agaçait déjà à cause de ses manières brutales et trop exubérantes, Oliver l’ennuierait à cause de la monotonie qu’il dégageait.

Il y eut un blanc désagréable avant que Fanny ne pense à reprendre la parole. « Je m’appelle Fanny Docker », dit-elle enfin en reprenant les codes qu’elle avait utilisés – nom, prénom, sourire de circonstance. Andrée fronça encore le nez. Peut-être avait-elle pris des cours pour être si enquiquinante ? « Et voici Andrée… » Elle laissa un instant de flottement. « Juste Andrée », acheva-t-elle en rigolant.

« Andrée de Kerimel », grogna-t-elle, et pourquoi s’était-elle sentie obligée de renchérir ? Elle qui n’avait pas prévu de parler… Eh bien, comme la plupart de ses décisions, c’était plutôt mal parti. Il y eut un autre moment de silence, comme si chacun évaluait la dangerosité des autres ; on dit que la première impression est primordiale, car il n’y en aura jamais d’autre. Andrée ne savait pas si c’était vrai, mais il lui sembla que personne ici ne respectait la règle : pour elle, tout le monde avait l’air insupportable. Elle eut un mouvement impatient de la tête : « Eh bien, asseyez-vous. Vous n’allez pas rester dans l’encadrement de la porte toute la journée, si ? »

Les valises furent rangées, les animaux mis de côté pour qu’ils ne gênassent pas – Andrée déglutit devant le rapace d’Oliver et prit bien soin de s’installer le plus loin possible, mirant les serres du coin de l’œil. Il était enfermé, certes – elle n’était toutefois pas assez rassurée pour se détendre complètement. Peut-être que l’enfant le lâcherait pendant le voyage, sans doute peiné par la captivité de son animal, et alors il foncerait sur elle et enfoncerait ses griffes profondément dans sa peau pour la faire payer de toutes les machinations dont elle pouvait se rendre coupable. Peut-être même qu’Oliver le lui ordonnerait ; après tout, sa timidité apparente n’était peut-être qu’un masque, comme sa propre impassibilité, et qu’en réalité il se cachait derrière une haine viscérale et bouillante qui ne demandait qu’à s’échapper.

Elle frissonna. Il ne fallait pas s’enfoncer dans ce genre de pensées, ça non. Il était certain que les autres le sentiraient immédiatement, et alors elle serait une paria, encore plus qu’à présent, et regretterait tout à fait sa rentrée à Poudlard – pas qu’elle en fût très satisfaite, mais enfin, au moins s’y était-elle résignée.

Le silence s’éternisa, encore, de ceux qu’il y a toujours lorsque les gens se rencontrent pour la première fois. Andrée ne savait pas vraiment s’il était un supplice pour elle ou une libération. D’un côté, elle avait vraiment l’impression qu’on la jugeait pour savoir à quelle sauce elle serait mangée ; de l’autre, elle n’avait pas à subir leurs jérémiades et son mal de tête refluait déjà, malgré les deux animaux qui les fixaient de leurs yeux grands ouverts.

Il y eut un raclement de gorge gêné, et Fanny – comme toujours semblait-il – reprit la parole : « Alors, vous avez une idée d’où vous voulez finir ? Personne n’est Né-Moldu, n’est-ce pas ? » Andrée lui fit les gros yeux ; depuis quand était-ce un critère de sélection ? Depuis toujours, ma petite, lui souffla une voix qu’elle aurait préféré ignorer. Tu devrais le savoir mieux que personne. Ça fait longtemps, si longtemps que tu devrais penser comme une Anglaise… Arrête un peu avec tes idéaux, t'es pitoyable.

Comme si elle ne le savait pas.

Elle grogna quelque chose d’inintelligible et espéra que cela suffirait. Sa réponse ne voulait rien dire, ni oui ni non et encore moins autre chose de plus ouvert, mais ils sauraient s’en contenter. Ils devraient s’en contenter, en fait. Fanny sourit, d’un sourire qu’Andrée aurait qualifié de bienveillant si elle n’était pas si mauvaise, d’un sourire qu’elle qualifia de fourbe sur le moment, et continua : « Personnellement, je n’ai pas de préférence. On dit que chaque Maison a ses qualités… » Elle devait avoir été élevée dans une famille bien naïve, alors, pensa l’autre amèrement, sans se rendre compte évidemment qu’elle avait eu le même genre de pensée un instant plus tôt. « Moi, tant qu’on ne m’embête pas et que je peux devenir la meilleure tranquillement, alors je serai contente. Je ne supporte pas les gens qui font obstacle. »

Et Andrée n’était pas sûre, mais elle crut réellement voir dans les yeux de Docker briller quelque chose de pas si innocent que ça. Sa dernière phrase, qu’elle fût pendue si c’était faux, avait des airs de menace.



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Oliver Grade
Oliver Grade
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MessageSujet: Re: [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages EmptyJeu 9 Nov 2017 - 11:52

Boucles brunes ouvrit les bras à demi, comme pour les accueillir dans son cocon, avec autant d’enthousiasme que le laissait présager les éclats de ses sourires. Comme à l’accoutumée, Oliver fit grâce des honneurs de présentations à sa sœur, ne doutant aucunement de son talent à se réapproprier la basse besogne qu’était de devoir dévoiler son identité, ou même de parler. Aussitôt, sa sœur prit-elle la parole afin d’ouvrir les hostilités, ne se souciant guère de la bêtise qu’elle put déblatérer. Quelle que soit sa description, ses camarades finiraient toujours par lui divulguer leurs moqueries haineuses, ou l’indifférer. A l’inverse, sa sœur attirait les foules sous son charisme exalté de sourires bienveillants.  De tout temps, Les rouages du duo Grade fonctionnaient depuis toujours d’une pareille machination : Tandis que Lindsay portait l’habit de lumière, lui revêtit ses haillons pour demeurer dans son ombre.

Finalement, Oliver posa ses yeux sur ses pieds, et ne les quitta qu’une fois prédisposé à appréhender la première secousse de l’antique véhicule, à son démarrage- sous les précieux conseils de l’inconnue qui les précédait. Les doigts noués à l’encadrement de la porte, le jeune garçon se paraît à toute éventualité peu élogieuse, dans lequel s’érigeai une palette variée de chutes en tout genre. Tandis qu’il envisageait sa réception sur les ressorts enveloppé de tissu rugueux, il remarqua qu’un silence confus envahissait le compartiment, sans que personne n’osât le briser. Devant lui, Lindsay ne cessait de lisser ses cheveux, dans une série de mouvements frénétiques. Visiblement elle exprimait sa sensibilité à l’embarras occasionné par le manque d’échange. Derrière elle, Oliver trépignait. Ne pouvaient-elles pas se presser ? Il passa en revu les cinq mille choses à quoi il dut s’occuper tout le trajet durant : ranger ses cartes de Choco-Grenouille, nourrir Clochette, expliquer ses dernières mésaventures à maman et à Lindsay, acheter des bonbons, pour enfin s’adonner à un repos bien mérité. En désespoir de cause, Oliver fit pression sur les épaules de sa sœur pour la contraindre à avancer, tandis qu’une voix fluette s’éleva.

« Je m’appelle Fanny Docker », avança la concernée pour se présenter, un sourire plastique figé aux lèvres. De la pointe du menton, elle présenta sa voisine dont le prénom insolite ne se liait d’aucun nom de famille, à sa suite. Ses sourcils froncés marquèrent son interrogation quant à la supposée supercherie du prénom solitaire qu’eût argué la jeune Docker : Quel problème trouvait-elle à ne connaître que le prénom de sa voisine ? Selon lui, il était inutile d’offrir beaucoup plus pour permettre à quelqu’un de s’adresser à soi. « Andrée de Kerimel », renchérit la susnommée, le ton noué de reproches sous couvert d’un accent à couper au couteau. Finalement, Lindsay obtempéra et s’immisça dans l’habitacle : « Ravie de vous rencontrer Fanny Docker et Andrée de Kerimel », précisa-t-elle en prenant soin dénoncer leurs noms sans écorchures, dans l’espoir de ne vexer personne. « J’espère que nous allons bien nous entendre. » elle accueillit ses paroles d’un sourire prévenant.

Pour Oliver, cette estimation était vouée à l’échec, par la simple conséquence qu’aucune d’entre-elle n’était vouée à copiner avec la première rouquine débarquée. Evident, comme la baguette choisissant son sorcier. Aucune d’elles ne s’harmoniserai au tempérament de feu que confiait Lyndsay à ses proches : L’une lui intimerai de se taire d’un seul grognement, tandis qu’une joute verbale s’engagerai à l’insu de Docker, afin de désigner laquelle des deux raconterai l’histoire la plus pertinente. Le voyage promettait de s’éterniser.

Oliver se laissa couler le long du vétuste vêtement écossais qui tapissais la surface su siège, tandis qu’il se prédisposait à nourrir Clochette, le plumage en bataille. Le rapace extirpa sa tête hors de sa prison de rouille, pour venir témoigner de son assentiment quant à la négligence de son maître à grands coups de becs. La douleur lui fit lâcher la poche de biscuits, qui interpella la famine de la chouette dans sa chute.« Habituellement, elle n’est pas si virulente », assure-t-il à De Kérimel, qui apeurée, se traînait aux annexes du compartiment, appréhendant une attaque subite. Tandis que de petites larmes embuèrent ses yeux, pour mieux subsister à la douleur, il prit soin d’espacer la distance entre sa personne et Clochette, pour ne pas accentuer les maux que lui proféraient ses mutilations.  En son for intérieur, Oliver se promit de prendre garde à ne pas laisser traîner la cage de sa chouette aux abords d’une gare.

Si tôt les bagages casés dans les mailles de filets qui les surplombaient, Lindsay vînt les rejoindre, gesticulante, le ressort de son siège grinçant sous son poids, témoignant de sa brusquerie. Visiblement, une question la démangeait, à tel point qu’elle en attestait corporellement. « An-drée-De-Ké-ri-mel.» Epela-t-elle syllabe par syllabe, portant une accentuation sur l’accent écorché qui eût incommodé leurs oreilles, un peu plus tôt. La rouquine lança à la susnommée un regard pénétrant, qui effraya son frère.  « T’es Française ? » demanda-t-elle de but-en-blanc Ouf .

Soudain, un raclement de gorge fît mouche dans l’assistance préservée d’un silence embarrassant. Réservé à la contemplation du paysage qui se profilait sous ses yeux, Oliver ne prit guère attention à cette tentative de prise de parole. De toute évidence, seuls deux choix s’opposaient à lui : Fanny ou Lindsay. « Alors, vous avez une idée d’où vous voulez finir ? Personne n’est Né-Moldu, n’est-ce pas ? » Oliver ne préféra pas prendre part à la conversation qu’il prédisait houleuse, se profaner sous ses yeux. Le jeune garçon était désireux d'oublier ce à quoi ont l’eût mis en garde tout l’été durant : Un régime tyrannique, où la discrimination et les injustices régneraient en maître, transformant le quotidien des nés-moldus en enfer. Oliver n’aurait su déterminer s’il se réjouissait ou s’il réprouvait son ascendance sorcière, en désespoir de cause : Que pouvait prétendre ou penser le fils d’un traqueur de Cracmol quant au sort des nés-moldus ? Selon leur marraine Suzy, le fossé demeurait mince entre celui qui pointait du doigt un vol injustifié de magie, et ceux qui en répugnait le manque. Secrètement, l’enfant nourrissait l’espoir les précepteurs des conflits soient subitement victimes au sortilège d’Oubliettes, afin que leurs esprits soient dépecés de leurs actes. Somme toute, Oliver voulait être annexé de toutes ces machinations d’adultes auxquelles il ne devrait guère être convié, pour mieux profiter de la paix qu’il méritait.

Finalement, il se hissa sur ses échasses pour mieux chiper les dernières cartes de Chocogrenouilles, dissimulés sous la multitude de poches que recelait son bagage. Tandis qu’il se délectait de la personnalité découverte, Lindsay s’enflammait : « Moi, je finirais dans les rangs des érudits, à Serdaigle ! » Elle souligna ses paroles d’un geste chevaleresque, scindant l’air en deux, du bout de sa baguette. Elle acheva ses derniers mots, les poings sur les hanches, surmontées d’un petit rire hautain insupportable. « Et ce, même si le Choixpeau me l’interdit ! ». Un mince sourire sournois étira les lèvres du rouquin, amusé par la véhémence qui incendiait ses propos. « Hé, je t’ai vu Oliver ! », souligna Lindsay, en décochant un index accusateur sur les commissures rehaussés, de son frère. « De toutes façons, quoi qu’on en dise, il est certain que moi au moins, je ne finirai pas chez ces cancres de Poufsouffle ! », asséna-t-elle, jubilant de la récurrence de sa réplique. Oliver haussa les épaules, résigné. N’était-il pas préférable de se voir assigné un insigne s’accordant à notre personnalité, plutôt qu’à nos talents cachés ? Par ailleurs, n’a-t-on jamais comparé les quatre maisons que recelait Poudlard, comme un second foyer ? Il était désireux de s’accommoder à son futur logis de substitution, et s’en remettait pleinement au chapeau quant à sa répartition.

« En tout cas, j’espère qu’il n’arrivera rien aux nés moldus, ce serait terrible ! », s’exclama Lindsay, le ton oscillant entre l’inquiétude et l’excitation. « Imaginez, s’il y avait une bataille dans Poudlard ! Ce serait dément ! » Une douleur lancinante s’imposa au creux de l’estomac d’Oliver, comme si l’on lui eût donné le coup de grâce d’une flèche meurtrière. Etait-il le dernier des idiots à craindre les massacres de masse, dans lesquels des humains invertébrés agonisaient dans leur propre bain de sang ? Il se recroquevilla sur lui-même –ramenant contre lui ses jambes amaigries, pour mieux les serrer- à mesure que son imagination torturait son esprit inventif. Ca n’arrivera pas, Ça n’arrivera pas. « Moi, tant qu’on ne m’embête pas et que je peux devenir la meilleure tranquillement, alors je serai contente. Je ne supporte pas les gens qui font obstacle. » Bien qu’il n’eût accordé qu’une oreille distraite au précédent discours de la jeune Docker, ses dernières paroles eurent l’effet d’un gong sonnant leur importance. Vif, il fit volte-face et acquiesça vivement ses propos : Lui aussi partageait son désir de paix.

«Alors si tu es si sûre de toi Fanny, il paraît évident que tu sais déjà pratiquer la magie, non ? » demanda la rouquine, d’une voix mielleuse, arquant un sourcil pour marquer sa suspicion. A l’entendre, Lindsay parût remettre en cause l’aplomb dont se prévalait l’affirmation de Docker. Ses prunelles bleues reflétaient son ardeur à remporter le défi silencieux, que lui opposait son homologue. Il parût évident que Lindsay allait devenir l’obstacle qui compromettrait ses réussites. Ça sentait le roussi.

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Andrée de Kerimel
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MessageSujet: Re: [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages [1er septembre 1997] Nuisances et étiquetages EmptyDim 6 Mai 2018 - 23:49


« Ravie de vous rencontrer, Fanny Docker et Andrée de Kerimel », assura Lindsay. C’était amusant comme elle s’était appliquée à bien articuler leurs prénoms ; comme si elle avait peur d’oublier une syllabe, comme si elle s’y attardait volontairement – alors qu’ils s’étaient rencontrés quelques minutes à peine ; qui lui en voudrait si elle se trompait ?
 
Tout bien réfléchi, sans doute qu’Andrée lui en aurait voulu. Et d’ailleurs, elle décida soudain qu’elle n’aimait pas vraiment ses manières : trop franche, trop directe et sans doute un peu hypocrite. Ajoutés aux désagréables intuitions que la fillette avait eues à son propos juste avant, le portrait final n’était pas franchement glorieux. « Je m’en serais passée si tu veux tout savoir », grogna-t-elle juste assez bas pour que Grade-fille n’entende pas. Elle lança un regard soupçonneux au petit garçon, pas certaine qu’il ne l’ait pas entendue.
 
Il dut s’en apercevoir car il chuchota : « Habituellement, elle n’est pas si virulente. » C’était comme s’il avait deviné ses premières impressions : mauvaises. Andrée ricana en s’imaginant que lui non plus n’aimait pas beaucoup sa petite sœur ; si elle s’ennuyait parfois ferme en tant que fille unique, il était réconfortant de se rendre compte qu’une fratrie n’avait pas toujours du bon. Elle se demanda un moment quel effet cela faisait d’avoir un frère ou une sœur ; quelqu’un qui nous protègerait ou à protéger, à qui on confierait nos secrets et qui en retour parlerait de sa propre vie. C’était tout à la fois très attirant et dégoulinant de niaiserie – presqu’autant que ces idylles que l’on lisait dans certains livres, spécialement ceux qui avaient traîné dans la bibliothèque personnelle de la mère de Emilie. Et même : l’idée de perdre son indépendance au profit d’un amour familial peut-être même pas si solide que ça n’attirait pas franchement Andrée.
 
« An-drée-De-Ke-ri-mel », dit tout à coup Lindsay en sortant Andrée de ses pensées. « T’es française ? »
 
Habituellement, elle n’est pas si virulente, avait dit l’autre abruti. Tu parles – elle semblait l’être puissance trois millions.
 
Andrée respira fort pour s’empêcher de s’énerver mais elle ne put empêcher sa gorge de se nouer – mauvais signe – et son nez de se froncer – très mauvais signe. Pourquoi – par Merlin pourquoi – les gens posaient-ils toujours les questions les plus indiscrètes en premier, sans égard pour la sensibilité de l’individu d’en face ? et pourquoi fallait-il que ceux qu’elle rencontrait s’attardait d’abord sur son accent et pas, elle ne savait pas, sur son corps fin qui criait au monde entier qu’elle faisait de la danse ?
 
La danse, voilà un sujet de conversation qui lui aurait plus.
 
« Non, je suis chinoise », répondit-elle du tac au tac, certainement beaucoup trop sèchement. « Et quand on est poli, on ne harcèle pas ses nouvelles connaissances aussitôt qu’on a l’occasion de lui demander quelque chose. » Et elle se tourna vers Grade-frère en ne cherchant même pas à être discrète : « Si tu veux mon avis, je la trouve particulièrement incommodante. Pour moi, c’est un parasite.
 
- Tu ne devrais pas parler des gens que tu ne connais pas ainsi », dit Fanny d’un air désapprobateur. Elle aussi avait l’air d’une intruse – de quelqu’un sans gêne et tout permis. Andrée décida qu’elle ne l’aimait pas beaucoup non plus. Le garçon, c’était passable, mais c’était sans doute parce qu’il n’avait pas dit grand-chose encore. « Tu parles de politesse, mais tu ne l’es pas beaucoup non plus. »
 
Andrée pinça les lèvres et se retint à grande peine de répondre : elle était brusque quand on l’était envers elle en premier. Elle n’attaquait jamais d’abord – ou pas si brutalement. Elle préférait observer, calme et impassible, et si c’était nécessaire achever en un seul coup pour s’assurer qu’on ne l’embêterait pas. Elle admettait qu’elle n’avait pas souvent recours à cette technique – en réalité, on l’embêtait et elle, elle parvenait à peine à se défendre. Mais elle avait décidé d’agir ainsi à partir de la rentrée puisque personne ne la connaissait et personne ne savait qu’elle était a priori innoffensive.
 
« Excuse-la », continua encore Fanny. « Elle ne savait pas ce qu’elle disait.
 
- Je savais parfaitement ce que je disais. Et si tu veux tout savoir, je ne suis pas loin de penser la même chose de toi. » C’était peut-être un peu dur, mais pour une fois qu’elle se trouvait en capacité de dire ce qu’elle pensait – et sans hypocrisie, merci pour elle –, elle allait en profiter. Ses poings étaient serrés. Ses ongles rentraient dans la peau de ses paumes de main et lui faisaient mal mais l’énervement puis fit oublier la douleur. « On parlait de politesse tout à l’heure : sache que, dans le monde de la Haute, là d’où je viens sans prétention », elle leur adressa un sourire narquois, car elle avait terriblement conscience qu’elle était justement prétentieuse, « parler à la place des autres ne se fait pas. Je n’avais pas envie de m’excuser : tu n’aurais pas dû le faire à ma place. Avant de parler de choses que tu ne connais pas, renseigne-toi. »
 
Il y eut un blanc désagréable ; Fanny ne sut visiblement pas répondre et cela fit excessivement plaisir à Andrée. Elle ne pensa pas au malsain de la situation : elle n’était pas censée se transformer en bourreau comme l’avaient fait avec elle tous ces horribles enfants lorsqu’elle était à l’école. Mais sentir la soumission de l’autre et sa propre domination sur cette personne était vraiment agréable – trop en tout cas pour réfléchir à la morale de cette histoire.
 
Andrée réprima en sourire et se renfonça dans son siège. C’était cela : de tous ceux présents dans ce compartiment, c’était le garçon le moins pire. Au moins, il ne l’incommodait pas avec ses questions indiscrètes.
 
Elle trouva cependant qu’elle avait trop parlé pour le moment. D’entrée, elle avait brisé sa résolution première : ne pas parler et se poser en spectatrice. Elle voulait se faire une idée de ses futurs camarades avant de les confronter. On la trouvait toujours trop impulsive, et malgré toute l’intelligence des plans qu’elle montait, si personne ne se trouvait avec elle pour la canaliser, tout partait toujours à vau-l’eau – à cause d’elle, évidemment.
 
Désormais, il fallait qu’elle se taise. Elle répondrait par monosyllabes si l’un d’entre eux se sentait encore l’envie de lui chercher des Noises.
 
Fanny se racla la gorge et posa la question à mille Gallions : leur future Maison à Poudlard. Lorsque la fillette se tourna vers elle, Andrée se contenta d’hausser les épaules : évidemment qu’elle avait son idée, mais pourquoi irait-elle la leur communiquer ? Serpentard était bien entendu son choix de prédilection ; elle n’avait pas le choix si elle voulait plaire à Mr Leigh. Cependant, elle était sûre qu’il lui faudrait expliquer ses motivations si elle leur disait. Tout plutôt que ça – et puis, ne pas trop parler, souvenez-vous.
 
« Moi, je finirai dans les rangs des éudits, à Serdaigle ! », dit aussitôt Lindsay. « Et ce même si le Choixpeau me l’interdit ! » Et moi, je suis la reine d’Angleterre, faillit rétorquer Andrée, mais pour une fois elle se retint.
 
« Je ne sais pas si ce sera très faisable si le Choixpeau te dit non, tu sais. D’après mon frère, il est l’équivalent de parole sacrée et personne n’ose contester quand il prend une décision sur la Maison d’un élève, même s’il n’est pas content. Et c’est déjà arrivé ! » Fanny s’assura d’avoir toute l’attention du public et continua : « D’après lui, ce sont les Fondateurs qui l’ont créé et la magie qui l’anime et très puissante. Il m’a dit qu’elle dépasse même les capacités de compréhension de Dumbledore ! »
 
Et c’était écœurant comme elle se repaissait de l’admiration qu’avait de toute évidence Lindsay pour elle.
 
Andrée se fichait comme d’une guigne de Dumbledore : elle ne connaissait ni son apparence, ni son âge, ni ses capacités. En fait, à part pour se renseigner sur Serpentard – Maison qu’elle devait intégrer, elle l’avait compris très tôt –, elle n’avait fait aucune recherche sur sa future école, toute au dégoût qu’elle lui inspirait. Elle savait tout sur Beauxbâtons, ça oui ; Poudlard, c’était une autre histoire.
 
Et puisqu’elle se terrait dans son silence, il était impensable qu’elle demande plus de précision sur… sur qui d’ailleurs ? Elle supposait qu’il devait être puissant, peut-être professeur, mais quoi d’autre ? Un membre éminent du Ministère de la Magie – dont elle ne savait, inutile de le préciser, rien ? Ou peut-être un célèbre chercheur qui avait inventer un remède à la mort elle-même ?
 
À bien y réfléchir, c’était peut-être ça. Elle se souvenait d’avoir lu une information similaire quelque part – elle ne savait plus bien où*.
 
Ecouter leur conversation commença à s’avérer ennuyants : ils ne faisaient que se dénigrer – une sœur rabaissant son propre frère ! – et étaler leurs capacités à qui voudrait l’entendre. L’une prétendait qu’elle était la plus intelligente ou presque, l’autre démontrant un tel niveau de suffisance qu’elle avait dû l’épuiser pour les décennies à venir. Seul, encore une fois, Oliver se faisait discret, tant sur ses motivations que sur ses qualités. Andrée pensa à deux solutions : soit il était très modeste et c’était presque à son honneur, même s’il fallait l’avouer, ce genre de personne avait tendance à hérisser les poils des foules, soit il était seulement stupide, auquel cas Andrée ne souhaitait pas l’avoir dans sa Maison.
 
« Alors si tu es si sûre de toi, Fanny, il paraît évident que tu sais déjà pratiquer la magie ? », dit tout à coup Lindsay, narquoise – et Andrée se redressa imperceptiblement sur sa chaise. Enfin la conversation devenait utile : elle pourrait ainsi voir le niveau de ses futurs concurrents. Elle avait conscience qu’elle avait un niveau pitoyable – elle avait mis tout l’été à apprendre un sort qui ne requerrait même pas de base en magie –, mais elle mettait ça sur le fait qu’elle n’était même pas encore élève à Poudlard. Et elle laissait volontairement le fait que les démonstrations externes de sa magie soient arrivées particulièrement tard.
 
« Figurez-vous que mon frère m’a montré plusieurs sorts très utiles et que j’ai réussi à tous les reproduire », affirma la fillette, pédante. « Il est cependant impossible pour moi de vous les montrer : on ne peut pas pratiquer de magie en dehors de Poudlard. C’est un peu triste, mais c’est comme ça. »
 
Ou alors t’es simplement en train de nous mentir et tu ne sais rien faire du tout, fit Andrée pour elle-même. Dommage Docker, je t’ai percée à jour ; comme l’autre pimbêche, là, qui je suis sûre ne sais même pas lancer un Lumos. Evidemment qu’elle non plus ne savait pas – elle n’avait pas poussé le vice jusque là – mais elle en connaissait un autre. À son sens, il était même bien plus magnifique qu’un banal sort d’éclairage.
 
Tant pis pour la discrétion : elle devait prouver sa valeur maintenant en leur faisant croire qu’elle était plus avancée qu’elles en la matière.
 
« On va éviter les sorts d’attaque du coup, ce serait bête que l’une d’entre vous soit blessée avant même d’arriver. Mais si vous voulez, je peux vous montrer un truc », s’immisça Andrée. Fanny leva un sourcil : son ton n’était ni désagréable ni orgueilleux – Andrée fit bien attention de ne pas paraître trop prétentieuse pour qu’elle puisse n’exécuter qu’un sortilège sans essuyer de demande pour en faire d’autres par après – et la jeune Docker se demanda ce qui clochait. De ce qu’elle avait compris, la fillette n’était pas du genre à se montrer agréable.
 
« Tu peux tenter », dit-elle, même si ce n’était pas à de Kerimel qu’on avait demandé une démonstration.
 
Andrée sortit sa baguette, brune claire et sculptée d’arabesques obséquieuses, et se concentra bien fort sur son incantation. Elle était pratiquement sûre de réussir : depuis quelques semaines, les ratés se faisaient réellement rares. Loin d’être aussi nombreux qu’à ses premiers essais, en tout cas. Elle se racla la gorge, effectua deux cercles avec le bout de son arme magique et prononça la formule : « Musica Classemque ». Aussitôt, elle échappa des mains de la fillette et se mit à tournoyer sur elle-même, en lévitation et parallèle au sol. Des notes de musiques s’échappèrent. Tous purent reconnaître le Lac des Cygnes de Tchaikovsky. Elle esquissa un sourire trop fier pour qu’il ne soit innocent.
 
« Vous voyez, les maléfices d’attaque seuls ne sont pas intéressants. Il existe des magies bien plus belles que de simples sorts fonctionnels. » Elle oublia de dire que celui-là était utile pour elle ; il était beau et c’était ça qui impressionnait les enfants.
 
Docker ne répondit rien, sans doute un peu vexée d’avoir eu tort – elle qui avait pensé qu’Andrée se ridiculiserait… À la place, elle se tourna vers Oliver, qui n’avait toujours pas dit grand-chose : « J’imagine que toi, tu n’es pas aussi… euh, que tu es du genre modeste ? Tu sais faire de la magie ? » Elle s’approcha du garçonnet, tout près de son oreille, et souffla : « Pourquoi ta sœur parlait-elle de Poufsouffle tout à l’heure ? Elle n’était pas sérieuse ? Tu veux vraiment aller à Poufsouffle ? »
 
Et elle attendit la réponse, inconsciente du regard noir et réprobateur que posait Andrée sur elle.
 
.
 
*Andrée possède la carte de Chocogrenouille de Dumbledore et a des semblants de connaissance sur Nicolas Flamel – livres d’histoire chez son beau-père oblige. Elle pense que l’inventeur de la pierre philosophale est Dumbledore et confond les deux.



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