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[15 dec 97] En plein coeur.

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Léon Schepper
Léon Schepper
Serpentard7ème annéePréfet
    Serpentard
    7ème année
    Préfet
AVATAR : Brant Daugherty
MESSAGES : 150
[15 dec 97] En plein coeur. Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire.
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 4 décembre 1980 (Londres)
SANG: mêlé
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MessageSujet: [15 dec 97] En plein coeur. [15 dec 97] En plein coeur. EmptyVen 29 Juin 2018 - 0:07



Ah, le lundi soir. Léon adorait déjà particulièrement le début de semaine qui rimait avec une nouvelle série de désagréments qui ne manqueraient pas de s'accumuler pour finalement aboutir sur un week-end tout juste assez long pour en digérer quelques uns, mais ce qu'il préférait, c'était son apothéose. Sa ronde de préfet, poste auquel il était tout à fait ravi d'être parvenu et dont il passait la moitié du temps à exécrer le port forcé de l'insigne et l'autre à maudire copieusement le condisciple qui partageait cette très agréable promenade nocturne. Si le vendredi soir était marqué par la compagnie réfrigérante de sa sainteté Breckenridge junior et son complexe de supériorité, ce qui s'apparentait à marcher avec un glaçon qui avait en plus la particularité d'être agressive, même dans sa façon de respirer, le lundi n'avait rien à envier à la fin de semaine puisqu'il fallait au Serpentard supporter Sherman. Mais au moins, le Poufsouffle possédait la grande qualité de paraître aussi innocent que la brioche beurrée qu'il s'enfilait copieusement chaque matin. Ce qui n'empêchait pas Léon d'espérer à chaque début de semaine que l'immense tasse de café qu'il ingurgitait à la moindre occasion ne se renverse sur lui pour l'ébouillanter, peut-être pas assez pour le mettre hors course pour la ronde nocturne mais au moins pour lui griller suffisament les cordes vocales pour qu'il ne puisse se passer de son humour douteux. Malheureusement, aucune tasse en porcelaine n'avait daignée se sacrifier pour le jeune homme et c'était la raison pour laquelle il déambulait à présent au côté du grand et très drôle préfet des jaunes qui ne cessait de ponctuer, depuis plus de deux heures, le silence glacial qui s'imposait entre eux de petites marques d'humour que Léon accueillait avec son habituelle et légendaire bonne humeur.

__ Parles moins fort, Schepper, avec ta voix de baryton tu vas nous réveiller un tableau ! On t’entend beaucoup trop, ce soir, ironisa le jaune alors qu'ils tournaient à l'angle du couloir du cinquième étage et que Léon levait vers lui un regard profondément exaspéré.
__ Et toi ouvres encore la bouche et non seulement on ne t'entendra plus, mais il va te falloir un portrait post-mortem à accrocher au mur, s'énerva-t-il en serrant les dents, d'un ton froid et calme alors que Sherman se parait d'un franc sourire. Ce qu'il était énervant, Monsieur-bonne-humeur-sur-pattes, à s'amuser de tout et à ne rien prendre au sérieux. Tant de second degré et de désinvolture, cela finissait par lui taper sur le système, lui qui prenait tout trop à coeur.
__ Y'a pas à dire, Véritasérum ou pas on ne voit pas la différence, tu es toujours aussi agréable ! rétorqua le jaune alors que Léon se renfrognait un peu plus.

S'il ne lui répondrait pas, il allait finir par se taire, n'est-ce-pas ? L'adolescent avait les yeux rivés vers le fond du couloir, comptant presque les minutes le séparant de son retour dans la salle commune des Serpentard quoi que bien peu pressé de retrouver les draps froids de son lit. Le sommeil se faisait toujours capricieux et la semaine s'annonçait chargée car en vue des vacances de Noël - on avait hâte de voir les Carrow porter un bonnet de lutin, non ? - l'intégralité de l'équipe enseignante s'était sentie dans l'obligation d'assommer les dernières années de plus de travail qu'ils n'avaient d'heures de disponibles pour noircir les pages de leurs parchemins. Cela dit, cette montagne de tâches à accomplir satisfaisait presque Léon tant elles occupaient suffisament son esprit pour qu'il n'ait à penser. Songer, notamment, au fait qu'il allait encore passer les fêtes de fin d'année au château mais que, cette fois, cela signifiait pour les malheureux qui n'avaient pas de famille avec qui festoyer quoi que ce soit, qu'ils allaient se retrouver en effectif réduit avec les Mangemorts. Réjouissant, n'est-ce-pas ? Les deux Préfets, à présent silencieux - quoi que Léon sentait presque l'esprit du jaune bouillir pour relancer la conversation, ou plutôt, le monologue - tournèrent dans le dernier couloir de l'étage lorsque des brides de paroles crevèrent l'oppressant silence de la nuit. Il échangea un bref regard avec son condisciple avant que les deux compagnons d'infortune de la fin de soirée ne se dirigent vers la salle vide d'où ils percevaient les éclats d'une voix, à n'en pas douter féminine. Ce qui était encore plus exaspérant qu'une ronde de Préfet, hormis une ronde de Préfet avec un autre préfet - car il devait l'avouer, il n'en aimait aucun ! - c'était d'avoir à jouer le rôle de Préfet. Mais quelle idiote avait quitté son dortoir à une heure pareille, sérieusement ? Et pourquoi parlait-elle aussi fort ? Léon abattit la main brusquement sur la poignée de la porte et l'ouvrit à la volée, prêt à passer sa mauvaise humeur sur la malheureuse qui avait eu l'audace de désobéir au couvre feu - et priant pour que l'imbécile sur lequel elle criait ou gémissait, serait tout aussi gêné d'être surpris - et se figea nette en reconnaissant la fameuse importunée.

S'il s'était attendu à ça. S'il s'était attendu à elle. Son regard gris croisa une fraction de seconde le noisette des siens avant qu'il ne passe au crible la petite silhouette qui se trouvait avachie sur un des bureaux, trônant au centre de la pièce ce qui ne la rendait que plus minuscule. Elle avait le teint pâle - plus que d'habitude, en tout cas - et les yeux encadrés par des cernes qui ne faisait que souligner les joues émaciées au pommettes hautes, caressées par de long cils qu'elle ne cessait de battre, sa petite bouche ourlée s'étant écarquillée en un "o" parfait lorsqu'elle avait semblé le reconnaître. Il quitta le visage bordé de sa longue chevelure noire, dont les mèches légèrement ondulées venaient caresser la planche de bois sur laquelle son coude était replié, sa main fine soutenant dans sa paume une tête qui semblait être bien trop lourde pour se suffire à elle-même. Il pinça les lèvres en constatant la lèvre tremblotante, le teint cireux tirant presque sur le vert ainsi que la bouteille de whiskey pur feu qu'elle tentait de dissimuler de façon maladroite sous le pupitre. Il analysa rapidement la situation, partagé entre l'envie de vrombir de la voir aussi inconsciente, la colère de se retrouver forcé à lui parler alors qu'il n'avait pas imaginé avoir à l'affronter ce soir là et la conscience de Sherman, dans son dos. Il fit volte face, manquant de percuter l'estomac sur pattes - cela dit à force de tant manger, il devait être assez rembourré pour amortir la collision, non - et considéra le préfet des jaunes. Clairement ? Heather était en faute, ils étaient préfets, le couvre feu était dépassé. Il y avait de quoi faire et Léon envisagea un court instant de menacer le jaune avant de rejeter l'idée. Il ne connaissait pas beaucoup son condisciple ô combien exaspérant, mais il l'avait vu profondément meurtri par le désespoir de Peters, lors de la réunion de bienvenue aux nouveaux Préfets organisées par le vieux Shnock.

__ La ronde est terminée Sherman, va te coucher. Je m'occupe d'elle ... parce que si cela avait été une de tes amies, je n'aurais pas posé plus de questions et je t'aurais laissé géré la situation. Alors, maintenant, tu t'en vas, souffla-t-il avec insistance, le ton froid mais dénué de toute menace. Et au pris d'un effort qui lui couta beaucoup, il ajouta entre ses lèvres pincées un presque inaudible, s'il te plait.

Et alors qu'il essayait d'adoucir ses traits afin de ne pas donner l'impression d'être plus autoritaire qu'il ne l'était en réalité, un bruissement de chaise suivi de pas maladroit le fit se détourner alors que la créature chétive et complètement chancelante tentait de s'avancer vers lui. Il grimaça à la voir si peu stable et alors qu'elle s'élançait vers lui, comme poussé par l'envie soudaine de parler alors que ses grands yeux semblaient briller sous les effluves de l'alcool, elle se prit les pieds dans le bureau devant elle et manqua de s'écraser au sol. Maudissant l'idée de la toucher tout autant que celle de la voir se blesser, le préfet bondit presque à sa rencontre, enroulant le bras autour de sa fine taille afin de lui offrir un meilleur soutient alors que la jeune femme levait vers elle un regard reconnaissant. Au diable Heather, au diable, arrête de me regarder comme si tu étais contente de me voir, songea-t-il en détourant les yeux, maintenant la vipère contre lui tout en essayant de la toucher le moins possible, reportant son attention sur Sherman.

__ S'il te plait, répéta-t-il avec insistance, pressé de voir le témoin déguerpir. Ce dernier sembla marquer une seconde d'hésitation, faisant la navette entre la jeune femme complètement soûle et Léon, faisant arquer un sourcil au préfet des verts et argent. Quoi Sherman, tu crois que je vais profiter d'elle c'est ça ? Je vois que Montgommery et Peters t'ont donné une bonne impression de moi, songea-t-il un bref instant.

Après quelques instants de réflexions, cependant, le jaune hocha la tête et quitta la pièce, ayant même la présence d'esprit de refermer la porte. Les pas s'éloignèrent et après quelques secondes à écouter le silence, il reporta son attention sur celle qu'il tenait contre lui et qui provoquait de si violentes pensées qu'il avait, jusqu'à ce que l'intimité ne leur soit enfin cédée, essayé de refouler. Elle avait l'air malade. Ses traits étaient tirés, et elle sentait l'alcool avec tant de force qu'à chacune de ses respirations, Léon avait l'impression qu'une brume d'éthanol venait lui titiller les narines. Ainsi, c'était donc à ça qu'Heather occupait ses soirées en dehors de la salle commune des Serpentards ? Elle disparaissait de temps à autre, découchant quelques fois et à l'imaginer seule en compagnie d'une bouteille, le coeur de l'adolescent se serra. De peine à la savoir mal au point de ne trouver comme confident que le fond d'un verre, mais également de colère à la voir se rabaisser avec autant de facilité sur la boisson. N'était-ce pas lâche de vouloir affronter ses soucis en noyant son chagrin de la sorte ? Il retînt la remarque acide sur la comparaison entre la jeune femme et son père, lui aussi adepte de telle pratique, songeant que finalement la pomme ne tombait jamais loin du pommier mais se retînt en sachant à quel point elle était vulnérable. D'orageux et noir, son regard se radoucis quelques peu alors que la jeune femme relevait la tête vers lui et qu'il n'ose une nouvelle fois affronter son regard. Il ne savait pas ce qu'il haïssait le plus : son silence à elle, son silence à lui, leur incapacité à se parler, son obsession pour elle, son désintéressement à elle pour ses aveux ... tout ceci était confus, tout cela se mélangeait et par dessus tout ça, il fallait qu'elle le regarde de cette façon. On aurait dit ... qu'elle était soulagée de le voir là. Non, vraiment, ne pouvait-elle pas justement le regarder avec une colère sourde, une remarque acide pendue à ses lèvres rosées et qui s'entrouvraient légèrement à chaque respiration ? Ne pouvait-elle pas essayer de se débarrasser de son étreinte, comme lorsqu'elle l'avait repoussé dans le cagibi lors de leur dernière discussion ? Non, bien sûr, il fallait qu'elle ne repose sur lui et ne le regarde comme si... elle avait souhaité le voir ? C'était ça. Il avait devant lui une Heather triste, esseulée, fatiguée, fragile et qui semblait être soulagée de le voir présent. Un bref instant, il songea à cesser tout contact avec elle et à quitter la pièce, conscient que cette fragilité là était beaucoup plus dangereuse que sa hargne et beaucoup plus à même de désarmer tous les arguments qu'il avait soigneusement préparé depuis plusieurs jours. Non, il n'y arriverait pas. Pendant un instant, il n'arriva pas à parler, pas plus qu'elle qui semblait garder le silence - ou bien était-ce le contenu de son estomac ? Il voulu ouvrir la bouche mais toute l'acidité qu'il prévoyait pour la sermonner d'un pareil comportement mourut sur ses lèvres lorsqu'elle baissait honteusement les yeux, comme captant par anticipation sur quel pied il allait danser, donnant le tempo pour ce premier face à face depuis trop de temps. Il ferma la bouche avec précipitation, frustré de voir sa colère étouffée aussi vite et il secoua la tête avec énervement, souhaitant se trouver à mille lieux d'ici tout en sachant qu'il serait incapable de la quitter dans un tel état, pas dans le contexte actuel ni avec les Carrow dans le château ou pire, Rowle. Non. C'était hors de question. Il raffermit son emprise sur sa taille, détournant le regard comme s'il voulait déjà couper court à toute discussion puis il marmonna, ses doigts raffermissant leur emprise autour de sa hanche alors qu'il lui faisait face.

__ Je te ramène, souffla-t-il, une note de désapprobation dans la voix alors que de son bras libre, il cherchait son poignet, ses doigts glissant contre sa paume avant qu'il ne lui dérobe la bouteille encore à demi-pleine qu'elle tenait fermement serrée dans sa petite main. Il fuyait à présent son regard, encore plus incapable de soutenir son envie de le voir - qui aurait dû le satisfaire, sans doute - qu'une colère qu'il aurait presque trouvée plus légitime. Il aurait voulu s'excuser, exposer ses arguments, se voir rabrouer. Mais ça ... ça, il n'y était pas prêt et il s'en trouvait frustré. La détresse d'Heather, qui avait échoué à l'attendrir à plusieurs reprise ses dernières semaines, le clouait à présent sur place et tout semblait à nouveau bouillir en lui sans qu'il n'arrive à l'exprimer. Tu n'a pas besoin de ça, soupira-t-il, tirant avec plus de force sur l'objet de la tentation qu'elle refusait de lâcher, mais comme elle avait autant de muscle qu'un chaton atrophié, le combat était de toute façon bien trop déloyal pour elle.

Il jeta un regard à l'étiquette, grimaçant sous la mention du degré de la boisson, avant de poser  le presque cadavre d'éthanol sur un des bureaux. Il se détourna d'elle, l'entraînant vers la sortie tout en la gardant plaqué contre lui avec une tendresse non dissimulée qui, paradoxalement, s'opposait au fait qu'il prenait bien soin à ce qu'elle ne soit pas plus collée à lui que nécessaire. Il se voulait béquille et non câlin. Cela aurait été trop à supporter dans l'immédiat. C'était à ne rien comprendre parce qu'au contraire, la jeune femme ne semblait pas pas vouloir se débarrasser de la poigne solide du jeune homme. Mais quel curieux comportement ! N'était-elle pas sensée lui en vouloir ? Ne l'avait-elle pas laissé en plan dans ce placard à balais ? N'avait-elle pas ponctué chacun des moments passés dans la même pièce d'un silence réfrigérant ? Alors pourquoi fallait-il qu'elle ait l'air aussi soulagée de le voir, hein ? Etait-ce juste de savoir qu'il ne lui collerait pas une retenue, ou bien était-ce plus profond que cela ? Et lui, quelle solution préférait-il ? Sa colère ? Son accalmie ? Rien de tout cela n'avait de sens. Si seulement elle avait manifesté de l'indifférence, il lui aurait été plus facile de faire de même. Au lieu de ça, il se sentait le devoir de prendre soin d'elle alors qu'il n'avait qu'une envie, avoir une discussion plus posée. Mais bien sûr, lui, ce qu'il voulait, cela ne se produisait jamais. Et tandis qu'elle le gratifier d'un nouveau regard de reconnaissance alors qu'il l'empêchait de glisser vers le sol, il fronça les sourcils. Avec un nouveau soupire, de résignation cette fois, il rajouta.

__ Arrête. De me regarder comme si tu étais contente de me voir.

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Heather Ivy Trown
Heather Ivy Trown
SERPENTARD7ème année
    SERPENTARD
    7ème année
AVATAR : Cher Lloyd
MESSAGES : 196
[15 dec 97] En plein coeur. Lumos-4fcd1e6

INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 15 mai 1980 à Londres
SANG: mêlé
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MessageSujet: Re: [15 dec 97] En plein coeur. [15 dec 97] En plein coeur. EmptyLun 13 Aoû 2018 - 18:04

Pour une nouvelle fois en cette nuit péniblement lente, Heather se tourna sur son dos, reprenant la position de l’abandonné, observant d’un oeil épuisé les pierres étonnamment redondantes du plafond de son dortoir. La fatigue condamnait son corps au lit, à l’allongement de son être épuisé, mais les tiraillements de son esprit la maintenaient éveillée, forçant l’ouverture affligeante de ses yeux endoloris par la fatigue refusée. Un énième bâillement contraignit ses lèvres à se séparer, finissant l’acte par un soupir frustré qui brisa le silence du dortoir affreusement silencieux. Le sommeil refusait de lui accorder l’oubli temporaire, refusait d’emporter avec lui les soucis qui tourbillonnaient en elle sans relâche, l’obligeant, au contraire, à songer au problème qui harcelait son esprit depuis plusieurs longues journées, à considérer une nouvelle fois toutes les nuances de cette conversation qui ne tarderait maintenant plus à arriver. Puis, comme à chaque instance où son esprit s’égarait sur ce précieux sujet, encore, encore et encore, la crainte saisit douloureusement son coeur, forçant une grimace sur le visage de la brunette réveillée. Si Heather pouvait se définir par ce qu’elle n’était pas, elle commencerait par l’évidence même qu’elle n’était pas une gryffondor et que le courage était loin de faire parti de ses menues qualités. Affronter le regard glacial de Léon était d’une étonnante difficulté, une épreuve que son caractère peinait à surmonter. Le silence s’était bien ancré entre eux et à chaque instant où les deux amis étrangers se retrouvaient en la présence l’un de l’autre, la vipère se complaisait dans un mutisme renouvelé, égarant sa voix d’une promptitude bornée. Elle abhorrait le nouement de ses entrailles, le malaise rampant sinueusement en elle et à chaque opportunité qui s’offrait à elle, la brunette accueillait l’échec d’un coeur désespéré, retrouvant l'insouciance d’un silence persistant et inchangé. À plusieurs reprises la vipère s’était vouée à la réticence coutumière, refusant de se soumettre à l’embarras d’un tort confessé, retombant dans le doucereux mutisme du coeur borné.

Mais la complaisance du faible avait le goût de cendres et l’odeur de chair brûlé, et la jeune femme savait que le temps de l'ignorance niais s’était achevé, que le temps de la lâcheté étriqué tirait à sa fin. Aujourd’hui... c’est aujourd’hui que ça aurait lieu. Aujourd’hui, elle disait non à proroger cette discussion inévitable, elle disait non au mutisme borné et à l'orgueil superfétatoire, elle disait non à la faiblesse de l’âme et à la persévérance de sa prétention silencieuse. Aujourd’hui, elle mettrait fin à ce silence pesant et lourd, elle mettrait fin à cette interminable et tenue réticence. Passé était le temps de l'irrévérencieuse attente et de la réflexion, passé était le moment de l’inquiétude et de la patience prolongée. Aujourd’hui, Heather prendrait sur elle et avouerait ses torts, piétinerait sur son orgueil et révélerait à Léon qu’il avait eu raison sur toute la ligne, raison sur cette réalité qui lui semblait encore si étrangère. Cette réalité qui, à la plus grande surprise de la brunette effarouchée, s’était révélée plus douloureuse que prévue, surprenante dans son essence et la vipère peinait encore à en assimiler les nuances et teintes inconnues de ce qu’elle tentait d’accepter comme vérité. Elle avait toujours cru que dans ce monde d’incertitude, la stabilité se retrouvait en qui elle croyait être, en ce qu’elle avait pensé la définir, ces haine et rage douloureuses, pour que tout ne soit finalement l’opposé, le contraire de sa conviction maintenant chamboulée. Elle s’était perdue elle-même, s’était enfoncée dans les méandres d’une tromperie jusqu’à se convaincre que les reflets du mensonge persistant étaient l'illumination d’une incontestable vérité. Sauf que la réalité était tout autre, un tout autre concept auquel elle devait maintenant s’habituer malgré le doute qui s'immisçait en elle lorsque son esprit fatigué divaguait, malgré l’incertitude douloureuse de l’être égaré sondant la noirceur envahissante de son petit monde chambardé. Mais aujourd’hui, elle s’accrocherait à cette vérité inattendue, s’accrocherait à cette nouveauté, puisant dans le menu courage qu’elle possédait pour briser, enfin, l’affreux silence qui s’était prolongé entre les deux amis. La conversation serait affreusement exigeante, requérant la hardiesse d’une âme fatiguée, les soupirs d’un être hésitant et la volonté d’un esprit dont la certitude avait encore le goût de l’instabilité précaire, mais elle le ferait. Elle oserait enfin.

La vipère se réveilla en sursaut, observant d’un oeil paniqué l’horloge affichant la demi-heure restante avant son premier cours du lundi, un juron s'échappant de ses lèvres douloureusement sèches. Elle ne pouvait dire à quelle heure exactement elle s’était finalement assoupie, accédant décidément à l’accomplissement de ses songes désorientés, mais l’épuisement que la serpentard ressentait était la preuve irréfutable que cela avait été trop tard, ou trop tôt. D’un revers de son bras, elle s’extirpa de son lit, se pressant dans sa routine matinale, forçant son corps à une rapidité qu’il peinait à offrir afin de rejoindre à temps le professeur de métamorphose et les serpentards de son année dans la monotonie d’un lundi comme les autres… sauf que c’était aujourd’hui et cette journée serait singulière en son essence. Les convictions de l’épuisée revinrent à l'assaut, assaillant son esprit des bonnes volontés qu’elle s’était convaincue de posséder aujourd’hui, du courage qu’elle s’était persuadé détenir. Oui, aujourd’hui. Mais son regard se posa sur lui, sur ses yeux glacials, son regard épuisé et ses traits tirés, et toute la force qu’elle pensait avoir trouvée, toute l’authentique détermination de son âme troublée s’amoindrit dans un instant où la faiblesse de l’esprit et l’imperfection d’un caractère revêche se firent connaître de nouveau. Elle eut un mouvement d’hésitation qu’elle s’efforça de masquer dans l’ombre d’un réflexe dévoué, une lueur d’inquiétude brillant dans le noisette de ses iris alors qu’elle prenait place à un bureau où l’homme qu’elle était venue rencontrer n’était pas, son coeur se serrant de nouveau à la couardise de sa déficience renouvelée. Frustration et découragement se chamallairent en elle, se tiraillant dans son ventre, tirant sur les noeuds de son estomac paralysé et l’ombre d’un moment, l’anxiété se traduisit en un coeur malade, en une vague de nausée qu’elle combattit fortement d’un serrement de ses paupières douloureuses. Une marée d’insultes envahit son cerveau et dans un instant d’abattement et de médiocrité, toutes les imperfections de son propre être se retrouvèrent sous la loupe de son esprit tortionnaire et tyrannique. Le cours s'éternisa, chaque seconde s'apparentant à des heures dont chaque minute était passée sous la torture de l’esprit alambiqué et lorsque la cloche sonna enfin la fin de la matinée, la jeune femme s’éclipsa de la présence de celui qu’elle s’était juré approcher, fuyant l’affrontement qu’elle avait elle-même voulu initier.

La journée s’écoula étonnamment rapidement, chaque apparition du bel homme lui rappelant de nouveau sa lâcheté redondante et l’accumulation des soupirs découragée s'agrandit au gré de sa venue. Sous l’agglomération des sentiments d’échec, Heather enrageait, maudissant sa faiblesse perpétuelle et dans l’élan d’un espoir désespéré, la serpentard trouva compagnon en l’alcool, retrouvant dans les gouttes du liquide ambré les larmes d’un courage éphémère. Aujourd’hui, c’était aujourd’hui. Et à chaque fois qu’elle se promettait de nouveau qu’elle ferait les premiers pas aujourd’hui, une gorgée s’ajoutait à son mantra intérieur, promettant une force mensongère dans laquelle elle s’abandonnait sans opposition. Les heures s'écoulèrent et avec elles, la bouteille se vidait de bon train, rythmée par les paroles de la serpentard grisée, les murmures d’un discours pratiqué augmentant en décibel au gré de l’éthanol assimilé. La crainte s'évanouissait doucement, mais avec elle, la journée s'éteignait, perdant de ses lueurs, anéantissant l'espoir qu'elle trouverait la hantise de ses pensées et lui révélerait enfin le creux de son esprit endolori. La douceur du liquide ambré aromatisait ses sens, soufflant des promesses de fortitude et de braverie qu'elle ne posséderait normalement pas, enivrant la jeune échevelée d'un sentiment de courage alien où une légère pointe de déception grandissait à mesure que la nuit avançait. Puis la porte s'ouvrit, laissant entrer l'éraflure d'une lumière étrangère, harmonisant le rosé des joues de la brunette d'un orangé frémissant. Son regard se posa sur les deux intrus, peinant à figer son regard sur les traits flous des inconnus, une main maladroite se glissant sous le bureau dans l’espoir d’y masquer la bouteille qu’elle tenait fermement entre ses doigts. Tandis que son ventre se serrait à l’idée de se faire surprendre à enfreindre le règlement, ou plutôt deux règlements, son coeur manqua un battement, arrêtant Heather dans ses mouvements frénétiques : les yeux de la vipère plongeant finalement dans les iris d’un gris enivrant de celui à qui elle ne cessait de penser. Les yeux de la brunette s'agrandirent en réponse, brillant de la lueur d’une joie sincère et vibrante par le manque de décorum de l’effarouchée amadouée. Le sujet de son regard lui fit alors dos, ignorant sa présence inattendue au profit de celui qui l’accompagnait lors de sa ronde habituelle et la crainte se renouvela dans les profondeurs du coeur de la jeune femme. Ah non, elle ne le laisserait pas fuir, pas cette fois… pas aujourd’hui.

Dans un élan maladroit, la couleuvre se leva du bureau qu’elle avait adopté, renversant la chaise dans le processus, le bruit du bois rencontrant la pierre raisonnant dans la pièce vide, bruit foudroyant, mais si facilement oubliable lorsque l’on regardait celui qu’on recherchait avec tant de ferveur. Dans son excitation naissante, la maladroite s’accrocha une nouvelle fois, chancelant de nouveau sur le sol qui tanguait joliment sous ses godiches pieds, traversant la marée agitée d’une mer imaginaire. Un bras solide vint à sa rencontre, une bouée salvatrice qu’Heather remercia d’un regard empressé, reposant légèrement son poids contre celui qui la tenait doucement à ses côtés et l’espace d’un instant, un sentiment de sécurité l'enivra, l’écho de ce qui avait été l’essence même de leur amitié envahissant les sens de l’étourdie. Léon lui avait manqué. Tellement manqué. Du coin d’un oeil grisé, elle nota le départ du blaireau carotté, mais son attention restait sur celui qui la maintenait debout, refusant de quitter des yeux Léon, même l’espace d’un bref instant. Se réconfortant dans son soutien, la vipère attrapa de sa main le biceps puissant de son ami, redressant les saillants de son équilibre perdu et dans les retrouvailles, elle se permit enfin d’observer les traits de celui qui lui avait manqué. Il semblait surpris et fâché, la fixant d’un regard illisible, la détaillant sous le poids du silence qui s’était lourdement posé sur eux. Le soupir des non-dits semblait encore plus bruyant que la chaise qui s’était écrasée au sol quelques minutes plus tôt, les échos de leurs dernières disputes chuchotaient à leurs oreilles les reflets de leur relation épuisée. Malgré toutes les paroles qu’elle s’était juré lui déclarer, tous les mots qu’elle avait voulu lui affirmer, son esprit semblait se complaire dans le silence, se réconfortant dans les brumes de l’éthanol consommé et la serpentard se retrouva abandonnée, observant avec la délicatesse du soulagement les traits tirés de son ami, ses cheveux bien placés, ses lèvres pincées, ses yeux orageux. Foudroyée par les ténèbres de ses iris glacés, la fautive laissa tomber sa tête vers le sol, cédant à l’épuisement de l’esprit refusant l’affrontement. Le courage semblait la narguer par son absence, délaissant la brunette de toute la braverie qui avait miroité dans son esprit, fausse promesse d’une illusion éphémère qui s’évaporait une fois le moment venu. L’espace d’un instant, les paupières vinrent couvrir ses yeux, noircissant le monde l’entourant avant qu’elle ne s’empresse de les rouvrir, la nausée d’un monde ténébreux chancelant l’accaparant rapidement.

- Je te ramène. Tu n'as pas besoin de ça.

Sa voix grave la força à relever un visage incertain vers lui, l’ombre d’un soulagement sincère colorant ses traits tirés alors que la main masculine chatouillait ses sens, glissant contre sa peau grisée afin de récupérer la bouteille délaissée entre ses doigts. Un frisson parcourut son corps et elle se rapprocha un peu plus de Léon, abandonnant avec grâce la bouteille à moitié vide qui avait accompagné sa soirée jusqu’à présent. Une moue affreusement enfantine envahit ses traits, tentative sans succès de cacher le soulagement qui irradiait des pores de sa peau d’être tombée par hasard sur celui qui hantait son esprit depuis trop longtemps, jouant sur la disparition du whisky pour offrir l’illusion de la contrariété. Mais la moue ne fit pas long feu, disparaissant aussi rapidement qu’elle était arrivée, remplacée par un petit sourire où la timidité adoucissait les fossettes creusant ses joues rosées. Le masque ornant habituellement les traits de la vipère s’était évanoui, l’exposition de ses émotions une étrangeté que seul Léon connaissait réellement. Le hasard faisait bien les choses. Cherchant au fond d’une bouteille le courage qu’elle ne possédait pas, la jeune femme s’était isolée, anéantissant ses chances d’enfin approcher celui qu’elle s’était promis aborder, pour que la vie ne le guide à sa porte, réunissant finalement les deux âmes dans l’intimité d’une salle oubliée. Elle pourrait tout lui dire, lui avouer ses torts et offrir les excuses qui la brûlaient sous le feu du regret. Ils pourraient tout mettre derrière eux et les choses reviendraient comme avant. Tout ce qu’elle devait faire pour cela était ouvrir la bouche et murmurer toutes les paroles qui tourbillonnaient dans son esprit. N’est-ce pas ?

- Arrête. De me regarder comme si tu étais contente de me voir.

Sauf que Léon semblait avoir une autre idée. La colère colorait son ton, glaçant l’être de l'échevelée. La frigidité du ressentiment refroidit Heather et l’inquiétude sinua en elle, murmurant doutes et incertitudes à son oreille. Sa lèvre inférieure vint se glisser entre les dents de la brunette, interdite par la rigidité du préfet. L’ombre d’un moment passant, ses yeux retrouvèrent le confort du plancher, observant la neutralité de l'impertinence et le silence retrouva sa place au sein des deux serpentards. La facilité de l’habitude reprit dessus sur elle, jouant sur l’incertitude pour s’immiscer avec aisance dans la conversation qui n’avait pas réellement débuté. Sauf que c’était aujourd’hui. Telle une boussole suivant sans relâche le nord, ses yeux plongèrent dans ceux si familiers, la lueur d’un courage renouvelé brillant dans ses pupilles ébènes. Elle tenta de se séparer doucement de son emprise, espérant mieux observer son visage grâce à la distance avant de s’accrocher de nouveau à son chandail, le monde tanguant affreusement autour d’elle. Un léger soupire franchit la barrière de ses lèvres et d’une voix légèrement instable, la brunette murmura enfin :

- Mais je suis contente de te voir. Vraiment contente. J’ai essayé de t’approcher toute la journée, ajouta-t-elle doucement, refusant de nier ce qu’elle ressentait, d’écraser le soulagement qui l’avait envahi si rapidement à sa vue. Il était tellement plus commode de parler lorsque l’éthanol brouillait les réticences habituelles de l’esprit. Retrouvant sa voix perdue, la brunette afficha l’ombre d’un sourire, les vapeurs consommées offrant une facilité à ses prochains mots qu’elle n’aurait jamais cru possibles. On doit se parler Love, ça ne peut plus durer. Je… je m’ennuie de toi.
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Léon Schepper
Léon Schepper
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INFOS PERSONNAGE
SITUATION AMOUREUSE SITUATION AMOUREUSE: Célibataire.
DATE & LIEU DE NAISSANCE DATE & LIEU DE NAISSANCE: 4 décembre 1980 (Londres)
SANG: mêlé
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MessageSujet: Re: [15 dec 97] En plein coeur. [15 dec 97] En plein coeur. EmptyJeu 16 Aoû 2018 - 20:23



__ Mais je suis contente de te voir. Vraiment contente. J’ai essayé de t’approcher toute la journée, essaya-t-elle de se justifier - toute la journée, réellement ? Il n'en avait pas eu l'impression, ou bien elle exagérait quelque peu les faits ? Elle se dégagea de son étreinte, sous l'oeil circonspect d'un Léon prêt à tendre la main pour la rattraper, mais qui ne l'empêcha pas de s'éloigner pour autant.

C'était bien le problème, avec Heather. Tout n'était qu'un équilibre précaire, parce qu'elle se contentait de franchir sa vie, les bras tendus de chaque côté, oscillant dangereusement au dessus du vide mais refusant toujours la moindre main qu'on lui tendait. Alors il la regarda serrer sa chemise entre ses doigts tremblants sous l'effet de l'alcool. Il aurait pu la trouver misérable, mais tout ce qu'il ressentait, c'était l'impression de la voir sombrer sans avoir été là pour l'empêcher de plonger, et sans être certain de réussir à la repêcher. Qu'étaient-ils, à présent, l'un pour l'autre ? Il fut tenté, un instant, de remettre la conversation à plus tard, d'hocher la tête et de poursuivre sur le registre de la banalité. Après tout, elle n'était pas en état d'avoir une discussion sérieuse et lui était bien trop omnibulé par le besoin viscéral de tout mettre à plat. Elle voulait juste passer l'éponge, discuter, puis que cela redevienne comme avant ? Mais lui n'en avait aucune envie ! Il ne voulait pas de cet avant, il n'en voulait plus. Il soupira en la considérant, petit être tanguant au milieu de la pièce, penchant la tête sur le côté alors qu'il songeait à la meilleure façon de gérer la situation. D'un côté, il y avait toute cette situation qui ne s'y prêtait pas : il n'avait pas envisagé cette conversation comme ça, débutée en se tombant dessus par hasard, dans une salle de classe vide dans laquelle n'importe qui aurait pu débarquer, avec une Heather à moitié soûle, si ce n'est complètement ivre, qui n'en serait qu'hyper sensible et qui, sans être en pleine capacité de réfléchir et de répondre, ne serait que la copie fantomatique de son amie. Et d'un autre côté, elle lui offrait enfin une occasion de débuter cette explication entre eux, qui ne faisait que tarder à venir. Et si le bon moment pour tout mettre au clair n'arrivait jamais ? Pourquoi ne pas saisir la perche de cette rencontre incongrue ? Sauf que... quel horrible personnage profiterait de cet instant de faiblesse pour régler une situation conflictuelle ? C'était vrai, quoi ! Ce n'était pas comme si elle était réellement capable d'entendre ce qu'il avait à lui dire, les reproches comme les excuses... Il n'avait qu'à faire ça, donc. Hocher la tête, passer un bras autour de sa taille et puis la ramener pour la coucher dans son dortoir, en sécurité, et puis remettre une nouvelle fois cela à un autre jour. Avec une Heather sobre, en pleine possession de ses sens, et non pas avec sa sensibilité exacerbée par l'alcool et la solitude qui avait dû la pousser à rechercher la compagnie d'une bouteille afin de s'y noyer. Toujours la facilité avec elle, de toute façon, n'est-ce-pas ? songea-t-il tout en se trouvant passablement égoïste. Faire comme si de rien n'était, s'enfuir en tournant les talons, avaler une gorgée d'alcool pour oublier. Pourquoi cela l'énervait-il à ce point ?

__ On doit se parler Love, ça ne peut plus durer. Je… je m’ennuie de toi, ajouta-t-elle et il serra les dents à l'entente du surnom.

Pourquoi fallait-elle qu'elle ait toujours cette façon de venir essayer d'arranger les choses, agissant comme s'il ne s'était rien passé, comme si leur relation pouvait juste continuer, comme s'ils n'avaient qu'à juste oublier cette mauvaise passe ? C'était quoi cette façon de toujours fermer les yeux, comme si c'était plus facile que de ne voir tous les problèmes qui s'empilaient ? Comment n'avait-il pas pu remarquer avant cette différence si grande entre leurs deux personnalités : elle, cherchant à ne rien prendre au sérieux, et lui, intériorisant tout et débordant de spontanéité, dans la colère, la jalousie, la rancoeur, comme dans la passion ? Ce qui avait dû se compléter entre eux durant un temps, semblait à présent un bien grand gouffre à franchir. Il soupira longuement en la dévisageant, sentant qu'il n'arriverait pas à juste se contenter des banalités. Elle s'ennuyait de lui, maintenant ? Se rendait-elle compte à quel point elle agissait de manière déloyale, alors même qu'elle était partie la dernière fois en le laissant dans ce foutu placard à balai, alors même qu'il venait de lui avouer - maladroitement, certes, mais avouer quand même ! - son amour pour elle ? Qu'essayait-elle, de lui passer de la crème ? Qu'avait-elle espérer trouver dans la bouteille : le courage de lui parler, ou bien la fragilité nécessaire pour qu'il ne baisse les armes ? Peut-être avait-elle conscience de ça, de ce pouvoir qu'elle possédait sur lui : l'attendrir par sa vulnérabilité. Sa langue claqua contre son palais et il détourna les yeux, faisant quelques pas vers la bouteille de whiskey qu'il attrapa entre ses doigts et dont il défit le goulot d'un geste lent, avant de lui tendre la bouteille.

__ Une nouvelle gorgée, pour te donner du courage, peut-être ? persifla-t-il, secouant doucement la bouteille pour que le liquide ambrée ne viennent lécher les paroies de verre.

Il lui adressa un regard glacial, le bleu ayant laissé place à la couleur métallisée de ses iris menaçants. Comme avant donc ? Très bien, Heather, très bien. Parce que le Léon d'avant, comme celui d'aujourd'hui, n'avait aucune envie de la voir devenir une loque carburant à l'alcool pour se donner une contenance ne dupant personne. Il avait en horreur de la voir comme ça, se noyant dans la boisson alors même que l'alcool avait sûrement été la raison de nombre de ses pleurs de fillette. Jack avait était un as dans le sport consistant à se bourrer la gueule, puis oublier son rôle de père. Combien de fois avait-elle eu peur en le voyant débouchonner le même genre de bouteille, sachant qu'il finirait par ensuite venir tabasser sa mère où elle ? Combien de fois avait-elle dû haïr cette boisson qui avait transformée son enfance en un vrai cauchemar ? Combien de fois avait-elle sursauté en entendant son paternel se diriger vers le bar et en ouvrir la porte grinçante ? Et maintenant quoi, il allait devoir la regarder céder à la facilité de faire pareille, tout en prétextant que c'était quoi, la génétique, la force du destin, qu'elle était comme Jack ? Certainement pas. Les psychologues s'arrachaient tous la théorie selon laquelle il ne fallait pas se montrer cruels envers ceux ayant un penchant pour la boisson, mais compatissant envers ce qui était en fait, une maladie. Il fallait comprendre. Il ne fallait pas juger. Il fallait accepter les rechutes. A d'autres. Combien de cette armée de bien pensants avaient-ils eu réellement à faire à un membre qu'ils aimaient se noyant dans les effluves d'éthanol ? Sûrement peu. Sinon, ils auraient compris. Le sentiment d'impuissance. L'envie de secouer celui qui en noyant son chagrin, se noyait lui même, et tirait les autres vers le bas. Léon n'avait aucune envie de fermer les yeux sur ce détail, aucune envie de faire comme si la voir ainsi soûle alors même que rien n'allait, le laisser indifférent. Ils avaient certes d'autres soucis à régler, mais ce léger détail d'alcoolisation était en train de prendre toute la place. Il ne la laisserait pas sombrer, peu importait leurs différents. Un sourire réfrigérant fendit le visage de l'adolescent, qui, avec lenteur, inclina la bouteille, jusqu'à ce que l'alcool ne vienne couler sur le sol en pierre de la salle de classe. Il ne la lâchait pas des yeux, la mettant au défi d'avancer, ses yeux accusateurs ancrés avec fermeté dans ceux, brumeux, de la jeune fille, alors qu'il envoyait au sol la totalité du précieux liquide.

__ Voyons voir si tu t'ennuies toujours de moi, après ça, souffla-t-il avec colère, lâchant la bouteille qui s'écrasa à ses pieds, roulant jusqu'à ceux de la jeune femme. Tu veux que je me comporte comme avant, Heather ? demanda-t-il de façon rhétorique avant d'enchainer, sans lui laisser le temps de répondre. Très bien. Alors tu sais ce que je vois, quand je te regarde, de façon générale ? Je vois une femme belle, intelligente, que j'ai toujours appréciée plus que n'importe qui dans cette école, pour la force avec laquelle elle essaie de faire face à ses problèmes, pour la sensibilité qu'elle garde enfouie derrière son masque de glace, pour les épaules qu'elle garde droite et le petit air hautain qu'elle ne manque pas de garder pour affronter chaque journée, aussi merdique soit-elle. Je vois celle qui a été blessée à de multiples reprises mais qui n'a jamais cherchée à ce qu'on la plaigne, qui a toujours affronté fièrement son quotidien. Je vois toute cette force, tout ce potentiel et je le vois gâché parce que cette année, à un moment donné, tu t'es perdue. Peut-être est-ce en partie ma faute, peut-être je n'ai pas été la pour te faire la morale, ou t'ouvrir les yeux, ou juste pour te prêter une épaule mais bon sang... Qu'est-ce-que tu fou Heather, dans cette pièce, à te bourrer la gueule toute seule ? l'accusa-t-il un peu plus fort, secouant la tête avec agacement. C'était comme si en explosant, il souhaitait la réveiller. T'essayes de prouver quoi là, que tu ne vaut pas mieux que lui ? Tu passes la majorité de ton existence à ne pas vouloir lui ressembler et là tu fais quoi, tu baisses les bras, sous prétexte que ton imbécile de meilleur ami t'a laissé tomber ? A quel moment t'as oublié que même sans moi, tu restais Heather, tu restais une fille assez forte pour ne pas avoir besoin de l'alcool pour refuge ? A quel moment t'a oublié que ça, cette... citrouille c'était aussi responsable de la mort de ta mère ? Alors oui, je te confirme, nous allons avoir une grande discussion, tous les deux, parce que je refuse de te laisser sombrer de manière aussi pitoyable, assena-t-il, levant les bras en signe de résignation. Toujours heureuse de me voir ? Parce que sinon je t'en pris, explose. Il doit y en avoir, de la colère, en toi, pour que la seule solution ne soit de te comporter aussi lâchement que Jack ne l'a fait toute sa vie.

Le silence gonflait, alors qu'il la regardait toujours, attendant qu'elle ne se baisse pour ramasser la bouteille. Si elle la penchait assez, peut-être qu'il resterait une gorgée à avaler ? Le cynisme et la méchanceté dont il faisait preuve l'alertèrent suffisament, cependant, pour qu'il ne prenne conscience de son agressivité, en grande partie motivée par son affection pour elle. La vérité ? C'était qu'il ne savait plus comment aborder tous les problèmes qui avaient su prendre racine en eux, ni comment se comporter avec elle et tout le malheur dont il savait qu'elle souffrait. C'était bien le problème, de toute façon : il n'avait jamais eu vraiment l'impression de réussir à l'aider. Tout au plus, il avait réussi l'exploit d'être un confident, de la voir au moins tomber le masque avec lui... mais pour le reste, il l'avait toujours laissée se comporter comme elle le voulait, ne sachant que très peu comment venir en aide à cet être indépendant, qui avait toujours grandit toute seule et dont personne n'avait pris soin, si bien qu'au final, elle ne laissait personne réparer ce tord. Il soupira, lui adressant un nouveau regard, sondant des yeux celle à qui il aurait été si facile de faire tout un lot de reproche, dont il regrettait chacun des mots blessants qu'il avait prononcé, tout en restant persuadé qu'au fond, il n'avait pas eu tord sur le fond, bien que la forme avait laissé à désirer. Mais elle comptait : malgré tout ce qu'il lui reprochait, elle comptait. Quelle importance qu'elle soit incapable de bien exprimer ses sentiments ? Cela avait toujours été le cas et il avait toujours su faire avec jusque là, non ? Quelle importance qu'elle ne sache pas gérer une dispute, se contentant de faire comme si tout cela était du passé ? Il l'avait toujours su comme ça, capable de répondre avec acidité à toute provocation, sauf ce qui la touchait réellement. N'était-ce pas à lui, de savoir s'adapter à son mal être pour espérer lui venir en aide ? La provocation, la colère, la vérité brute, rien de tout cela n'avait su fonctionner la dernière fois. Elle avait fuit. Et tout avait empiré. Alors, il se radoucit, d'abord de façon imperceptible, ses muscles se relâchant peu à peu, puis de façon bien plus visible, le gris de ses yeux laissant place au bleu clair, moins orageux et plus prompt à la discussion. Il poussa un soupire, faisant un pas vers elle, son attitude laissant transparaître un calme qui, s'il n'était pas encore total, tendait à le devenir.

__ D'accord, souffla-t-il, tendant les bras vers elle, jusqu'à venir déposer ses mains sur ses avant-bras, glissant dessus jusqu'à l'attraper précautionneusement par les épaules. Le contact se fit hésitant, puis les vieilles habitudes reprirent doucement leur droit. Il fit un nouveau pas en avant, glissant ses mains dans son dos, rejoignant sa taille, puis il l'attira doucement contre lui, lovant son petit corps contre le sien, déposant sa tête dans ses cheveux, fermant les yeux lorsque l'odeur de son shampoing fruité ne vînt caresser ses narines. Si je suis en colère Heather c'est parce que te voir comme ça, ça ne me laisse pas indifférent, tu comprends ? souffla-t-il, la serrant un peu plus fort contre lui. Tu me manques, chuchota-t-il, une boule dans la gorge. Tu me manques, tous les jours, tout le temps, répéta-t-il.

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