[Nov] Pause Déjeuner (libre)

Invité

Les gobelins, en général, n'aimaient pas les sorciers. Les quelques porteurs de baguettes travaillant chez Gringotts pouvaient en témoigner. Ils étaient bien payés mais traités avec un mépris qui n'auraient rien à envier à certains sang pur que nous ne nommeront pas (comprenez Malefoy). Tout ça pour dire que dans une journée de travail, les moments de pauses étaient chronométrés et contrôlés avec la même rigueur que pour la moindre noise dans leurs coffres.

Bill avait exactement 1h12 minutes 25 secondes pour déjeuner. Logiquement c'était 1h15 mais il avait du mordre un peu pour terminer un sortilège et n'allez pas parler "heures sup" a un gobelin si vous tenez à votre place.
Mais cela ne le dérangeait pas vraiment. Il aimait son métier qui était un défi de chaque instants. Certes, ce n'était pas aussi excitant qu'en Egypte mais il satisfaisait son amour du danger autrement, grâce à l'ordre. Il lui suffisait donc de prendre chaque vieux coffre comme un défi personnel et il était content.

La pluie tambourinait sur le toit ce qui expliquait sans doutes le peu de monde dans le café. Bill passait le temps en frappant ses doigts sur la table de manière à faire un peu de musique. Tout était silencieux et il détestait ca. Il n'était visiblement pas le seul...

Il y avait une ombre dans un coin qui le fixait depuis un moment. Difficile de voir dans la semi-obscurité de la pièce s'il s'agissait d"un garçn ou d'une fille, d"un jeune ou d'un vieux, mais ce n'était pas l'important.
Bill se retourna et décrocha un grand sourire a l'inconnu(e). Habillé comme il l'était en costume, avec ses cheveux longs attachés en catogant et son éternelle boucle d'oreille-dent de dragon, il avait un drôle de look. Et il aimait ça.

Invité

''Brooms, c'était du bon boulot!''

Un sourire satisfait aux lèvres, Meredith s'inclina légèrement. Son supérieur venait enfin de reconnaître sa valeur. Après tous ses efforts et son acharnement continue, elle ne pouvait en être plus heureuse. Ses joues rougissant sous l'émotion, elle en vint même à envisager que...peut-être que...sa promotion serait pour bientôt. À cette simple pensée, son cœur défailla. Elle osait à peine y croire. Médicomage, quel délice!

''Va prendre ta pause déjeuner, tu le mérites amplement!''

Elle hocha la tête pour signaler son accord puis s'inclina une nouvelle fois pour le remercier de ses compliments. Bien qu'elle n'ai jamais vraiment apprécié cet homme qui lui servait de supérieur, elle éprouvait, aujourd'hui, pour lui une sorte de respect. Du respect parce qu'elle comprenait enfin ses gestes. Ses gestes sages qu'elle avait, auparavant, jugés stupides. Stupides parce qu'elle n'en saisissait pas les motifs. Motifs qui étaient, à présent, aussi limpides que de l'eau de roches. Intérieurement, elle le remerciait. Elle le remerciait d'avoir attendu qu'elle soit vraiment prête avant de la mettre en pratique. En pratique d'opérations sérieuses aux conséquences importantes sur la vie des patients. Il avait attendu qu'elle soit habituée au fonctionnement de l'hôpital, aux maladies et aux accidents avant de mettre son cœur à rude épreuve. Elle lui en était reconnaissante à un tel point qu'elle ne pourrait jamais assez le remercier. Dire qu'elle l'avait déjà calomnié de la pire des manières... Seule dans un corridor de l'hôpital, elle en grimaça de honte. Elle retrouva, par contre, rapidement le sourire. Elle était si fière d'avoir réussis sa première opération. Vraiment, rien ne pourrait entamer sa bonne humeur. Pas même la pluie qui se déversait bêtement du ciel.

Complètement trempée. Elle était complètement trempée, de la tête au pied et ce jusqu'à l'os. Quelle idée, quand même, de marcher de Sainte-Mangouste au Chemin de Traverse, sous les torrents dévastateurs du ciel, sans aucune protection. Bien qu'elle ai apprécié la caresse délicate et humide de la pluie sur sa peau, elle se retrouvait maintenant transie de froid et parcourut de frissons incontrôlables.

Sans réfléchir, elle poussa la porte du premier café qui croisa son chemin. En ces lieux, l'obscurité régnait en maître absolu. Les quelques lampes allumées dégageaient une lueur faiblarde qui donnait presque froid dans le dos. N'importe qui, animé de mauvaises intentions, pouvait se camoufler dans l'ombre des coins sombres de la pièce. Pourtant, Meredith n'en avait absolument rien à faire. Tout ce qu'elle voulait c'était un bon café chaud! Les voleurs et meurtriers n'avaient qu'à attendre qu'elle se réchauffe un peu avant de passer à l'action. De toute façon, elle savait se défendre. S'assoyant à une table elle leva la main dans l'intention de commander son breuvage et un bon repas.

Un sourire bien accroché au visage, elle tourna alors la tête vers l'entrée du café. En effet, la porte venait de s'ouvrir pour laisser entrer un jeune homme à l'allure bizarre. Oui, ses cheveux étaient attachés en catogan et il avait un truc énorme, ressemblant vaguement à une dent de dragon, accroché à l'oreille. De plus, le tout n'était aucunement agencé à son complet de travail. Le sourire de Brooms s'agrandit alors. Il n'y avait pas 2 personnes pour adopter un tel look. Vraiment, l'identité de l'individu se dévoila d'elle-même. Bill Weasley, conjureur de sort, employé des gobelins de Gringotts et membre de l'ordre du Phénix.

Elle le fixa de ses yeux bruns chocolats alors qu'il s'assoyait à une table située à une bonne distance d'elle. Elle continua de l'observer tranquillement, curieuse de savoir le moment où il remarquerait sa présence. Visiblement il n'était pas très alerte. Ne sentait-il donc pas le poids de son regard sur sa personne? Ah...Peut-être que si finalement. Tourné vers elle, il la regardait maintenant avec un sourire aimable. Pourtant, Meredith voyait bien qu'il ne l'avait pas reconnue. Parce que, dans le cas contraire, il l'aurait salué, s'aurait rapproché et, inévitablement, aurait engagé une conversation. Pourquoi? Bah, la dernière fois qu'elle l'avait croisé en dehors des réunions de l'ordre, où ils n'avaient pas vraiment le temps de discuter, il l'avait abordé tout bonnement alors qu'il se connaissait à peine. Alors, aujourd'hui, elle ne voyait pas la raison qui le pousserait à agir différemment. La raison de son inaction était sans doute l'obscurité des lieux. Elle devait lui bloquée la vue. C'est pourquoi la jeune apprentie médicomage décida d'engager elle-même la conversation. Un air moqueur au visage, elle se leva de sa chaise, encore enveloppée de son long manteau noir et blanc, dégoulinant d'eau.

''Bonjour Bill!'' dit-elle, toujours dans l'ombre.

Suite à ses paroles, Meredith se dirigea lentement en sa direction, ses cheveux blonds, devenus châtains grâce à la pluie, cascadant dans son dos.

''Ne me reconnais-tu donc pas?''ajouta-t-elle d'un ton faussement attristé.

Elle secoua la tête de gauche à droite afin de camoufler son amusement.

''À ta place, j'en aurais honte.''termina-t-elle, quelque peu moqueuse.

Invité

C'était un jour d'hiver anglais comme on aurait souhaité en voir moins. La pluie tombait à verse, battant les pavés jusqu'à les rendre noir d'humidité. De lourds nuages gris sombres cachaient le soleil et faisaient croire au crépuscule en plein minuit. Les rares sorciers encore dehors s'abritaient tant bien que mal sous leur cape et leur parapluie noirs. Tandis que ceux qui le pouvaient envahissaient les boutiques ouvertes et les porches de celles fermées.

Bill, de son côté, n'avait pour seule protection que son pardessus gris moldu, qui, tout comme son costume, n'aurait pas déparé à la City anglaise. Bien sur, le contraste formé par ses cheveux roux soigneusement attachés et sa boucle d'oreille révélaient les vraies amours du jeune Weasley. Il marchait vite, parce qu'il n'avait que peu de temps, et souriait, parce que malgré la pluie, il était comme toujours de bonne humeur.

Son café préféré apparut au bout de la rue. Il en poussa la porte et cligna des yeux pour les laisser s'habituer à l'obscurité ambiante. Quelque soit la luminosité a l'extérieur, le patron de ce bouiboui n'allumait jamais plus de lampes que d'habitude ce qui rendait le tout très sombre. On se serait cru dans l'allée des embrumes à minuit !
Sans regarder autour de lui, habitué qu'il était à ne jamais rencontrer personne ici, il fit signe au patron et s'assit à sa table habituelle. Il jeta un coup d'oeil distrait à la carte (il mangeait touujours la même chose de toute façon), choisit son plat et décida de s'octroyer une chope de Bièraubeurre bien chaude. Il va s'en dire qu'il n'avait absolument ni cherché, ni vu Meredith. Il sentit bien, au bout d'un moment, qu'on le regardait avec insistance et tourna son regard bleu et amusé sur l'ombre qui le fixait dans un coin. C'était une ombre féminine, pas tres grande. Or des filles, Bill en connaissait un certain nombre, rencontrées en boite ou ailleurs. Il y en avait certaines qu'il n'avait vu qu'une petite heure dans toute sa vie, d'autre dont il faisait plus ample connaissance apres quelques danses. Bref, il ne la reconnaissait pas du tout.

''Bonjour Bill!''

La voix par contre était plus reconnaissable. Rien qu'en l'entendant on l'imaginait sourire et le soleil perçait à travers les nuages. Il n'y avait que Meredith pour mettre tant de charme, de naiveté et de soleil dans un simple bonjour. Les yeux du jeune adulte brillèrent d'amusement et son sourire se fit plus personnel, moins étonné.

Il la regarda s'approcher, jouant (mal mais ca faisait partie du jeu) celui qui ne la reconnaissait pas. Il eut d'ailleurs un franc succès puisqu'elle continua sur un ton faussement attristé.

''Ne me reconnais-tu donc pas? À ta place, j'en aurais honte.''

"Par Merlin, Meredith ! Ca alors ! J'ignorais que tu étais une habituée ! Mais viens viens, qu'on cause un peu quoi !"

Meredith était trempée. Ses cheveux coulaient, son manteau noir et blanc paraissait plus gorgé d'eau que le Grand Calmar de Poudlard, bref elle semblait avoir traversé la manche habillée et à la nage.

"Alors dit moi, qu'est ce que tu devient ? Tu avais une course a faire dans le coin ? Ca fait longtemps que je ne t'ai pas vue. Ton travail se passe mieux ?"

Parce qu'il ne voyait pas bien ce qui aurait pu pousser Meredith a faire tout ce chemin, visiblement à pied, si elle avait eu un autre choix. Mais d'un autre coté, il ne lui voyait pas de sac. Cela suffisait à attiser sa curiosité naturelle et à lancer la conversation.

Invité

"Par Merlin, Meredith ! Ca alors ! J'ignorais que tu étais une habituée ! Mais viens viens, qu'on cause un peu quoi !"

Attendrie, son regard s’adoucit, son sourire perdit tout de son air narquois et sa démarche se fit plus tranquille, plus délicate.

*Bill, tu es toujours aussi spontané et extraverti!*

Elle adorait cette part de sa personnalité qui rendait la compagnie de l’ex Gryffondor plus qu’intéressante. Elle aimait le voir sourire de ce sourire sincère et accueillant, qui la mettait tout de suite à l’aise, quelque soit la situation. Elle appréciait l’entendre parler de tout et de rien, s’abreuvant ainsi de ses connaissances, de ses aventures et de ses opinions. Elle savourait ses expressions, sa gestuelle et même le timbre de sa voix. La mélodie de son rire s’était gravée dans son esprit et elle l’entendait parfois, au creux de son oreille, lorsqu’il était près d’elle. Elle s’était si vite attachée à lui… Ça en était hallucinant, il n’y avait point d’autres mots. Elle l’aimait. Oui, elle l’aimait énormément. Comme le meilleur des amis qu’elle n’aurait jamais pu avoir. Un ami réel, un ami sur qui elle pouvait compter. Un ami qui appréciait sa présence seulement pour elle, Meredith Brooms. Non, pour quelques avantages matériels ou sociaux. Une amitié de valeur qu’elle ne connaissait plus depuis son départ de Poudlard. Ses quelques amis de l’époque s’étaient dirigés vers des branches incompatibles aux siennes et, à force de ne plus avoir le temps de se côtoyer, les liens d’amitié s’étaient envolés. Plus de nouvelles, aucunes réponses aux lettres envoyées. À peine un regard lorsqu’ils se croisaient au ministère… Triste, non? Enfin, maintenant elle avait Bill. Sa compagnie allégeait sans cesse son cœur et ses pensées. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de se questionner. Comment voyait-il les choses, lui?

Répondant à son invitation, elle s’assit face à lui. Croisant les jambes sous la table, elle appuya son dos contre la chaise de bois sombre.

‘’J’ai presque cru que tu ne me reconnaitrais jamais!’’

Elle lui adressa un clin d’œil avant de se dévêtir de son manteau. Elle le déposa contre le dossier de son siège, puis se retourna vers le jeune homme, lui accordant toute son attention.

"Alors dit moi, qu'est ce que tu devient ? Tu avais une course a faire dans le coin ? Ca fait longtemps que je ne t'ai pas vue. Ton travail se passe mieux ?"

‘’Non, je n’avais pas de course à faire. Je profitais simplement de ma pause déjeuner, j’ai eu un avant-midi plutôt mouvementé.’’

Son sourire s’élargit lorsqu’elle se remémora son expérience du matin. Quel délice! Jamais elle n’avait été aussi sûre de sa vocation, de son choix de s’investir en médicomagie au lieu d’exercer une quelconque tâche administrative au ministère, comme l’aurait voulu ses parents…Ses très chers parents!

Toutefois, elle hésita un instant à lui parler des nouveautés de son travail. Après tout, elle ne voulait pas l’ennuyer. Devait-elle se contenter de lui annoncer que tout allait pour le mieux? Ou serait-il mieux d’ajouter quelques détails? Elle se mordit la lèvre, indécise. S’il lui posait la question, c’est que ça l’intéressait vraiment, non? À moins qu’il n’ait dit cela que par politesse? Franchement Meredith, tu te dis son amie et après tu n’es même pas capable de lui parler un peu de toi? Ce que tu peux être idiote quand tu veux! Allez, rend honneur à la maison que le choixpeau a jadis fait tienne!

‘’Oh, ca va mieux, t’inquiètes pas! J’ai enfin commencé à pratiquer de vraies opérations. Si tu veux mon avis, ma promotion est pour bientôt.’’

Resplendissante de fierté, elle éclata d’un rire joyeux.

‘’J’ai tellement hâte… Mais bon, parles-moi un peu de toi!’’

Invité

Toujours aussi trempée, elle s’assit face à lui et appuya son dos contre la chaise. D’une geste tranquille et sans penser que cela pourrait passer pour une menace, Bill fit évaporer l’eau qui perlait sur les cheveux, la figure et les épaules de son amie. C’était un petit sort bien utile en voyage, pour éviter d’avoir froid. Souriant, il prit une nouvelle gorgée de Bierraubeure et écouta les réponses pleines de gaieté de la jeune fille.

Il rit à l’entendre énoncer si simplement les raisons de sa venue. Il n’y avait qu’elle pour marcher volontairement sous la pluie. Juste pour profiter de sa pause déjeuner. Meredith n’était vraiment pas de ce monde. Il fallait la protéger de la colère et de la méchanceté des autres. Une telle pureté n’était que trop aisément tâchée et il aurait été dommage de briser une personnalité pareille.

Parfois – non, souvent – Bill se demandait pourquoi elle avait été acceptée dans l’Ordre. Combattre les ténèbres n’était pas seulement dangereux pour le corps. A utiliser les mêmes armes que l’ennemi, c’était son âme que l’on mettait en danger. Les Impardonnables n’étaient pas moins dangereux s’ils étaient utilisés pour la « bonne cause ». Quelques soient les raisons pour lesquels on les lance, on y perdait un peu de son humanité. Meredith était bien trop douce pour ce genre de petits jeux. Elle risquait gros à chaque fois. Oui, Dumbledore était trop confiant, trop ouvert. Laisser quiconque souhaite aider entrer dans l’Ordre c’était bien beau sur le papier mais tout le monde n’avait pas le talent (ou le défaut) de pouvoir faire la guerre. Il y avait des gens qui ne devraient même pas être touchés par la boue du combat.

Le rire joyeux de la jeune femme le ramena à la situation présente. Meredith commençait donc à faire son trou dans son milieu, c’était une bonne chose. Il se souvenait l’avoir réprimandée quelques mois auparavent parce qu’elle se laissait trop exploitée. Elle avait l’air toujours aussi fatiguée mais nettement plus heureuse. Et lui, avait-il fait le bon choix ? S’enterrer dans un boulot bien payé mais moins intéressant que celui qu’il venait de quitter pour aider ses parents au combat ? Oui, sûrement. Et puis il y avait des compensations.

« Moi ? Et bien rien de spécial à raconter. Si tu savais combien les vieux sont pervers ça te ferait bien rire. L’autre jour j’ai brisé un sort qui transformait les habits de celui qui voulait ouvrir le médaillon en tutu rose. Je vois bien le grand père qui voulait faire une farce a ses gamins tiens. Sinon … y a eu cet aristo mardi dernier qui a fait un scandale parce qu’il n’avait plus d’argent, c’était hilarant. En fait les Gobs s’étaient trompés d’une virgule dans une multiplication et ça avait tout embrouillé. »

Bill ne se demandait pas s’il allait ennuyer ou pas Meredith. Il avait trop confiance en lui pour perdre du temps dans ce genre d’interrogation stérile. Par contre il n’avait pas besoin d’être grand sorcier pour savoir qu’on ne faisait pas rire une fille en lui parlant d’un boulot à la banque.

« Dit. Y a une nouvelle boite qui ouvre ce soir et j’ai des invitations. Ça te dit de venir ? Je vais voir à inviter Alan et son groupe. C’est du côté moldu mais rien n’empêche de finir la soirée du côté sorcier. »

Il lui sourit d’un air engageant pour ne pas qu’elle prenne peur. Il ne lui proposait pas un rendez-vous galant mais une soirée entre potes. Des filles il y en aurait de toute façon. L’aîné des Weasley restait rarement seul dans ces cas là. Meredith aimait-elle le rock ?

« Faut fêter ta future prom’ non ? »

Invité

Dans l’atmosphère lugubre du petit café, un rire doux et amusé s’éleva, comme une petite étincelle de lumière et de fraîcheur. Un rire répondant aux paroles d’un rouquin auquel il arrivait toute sorte d’aventures cocasses par l’intermédiaire de son travail. On ne faisait pas rire une fille en lui parlant d’un boulot à la banque? Eh bien, il y avait toujours exception à la règle!

Meredith passa une main à travers ses mèches d’un blond cuivré, les prunelles rivées sur le visage de son interlocuteur. Bill maniait l’art de la discussion comme Merlin avait manié l’art de la magie. Les moments les plus insipides de sa vie se transformaient en récit épique une fois passés la barrière de ses fines lèvres. À vrai dire, ses ‘’rien de spécial’’ n’avaient plus rien de banaux lorsqu’ils les convertissaient en mots et les modelaient en phrases. Toutefois, son ami ne semblait pas vraiment satisfait de son travail. Peut-être qu’il n’avait pas encore fait son deuil de l’Égypte, de son soleil éclatant et de ses aventures beaucoup plus exotiques. La banque devait manquer d’originalité face aux pyramides et aux étendues infinies de sable doré… Meredith soupira… L’Égypte... Si son travail ne lui avait pas volé tout son temps, elle serait bien allée y faire un tour. Elle aimait l’Angleterre et son ciel terne mais le pays des pharaons avait son charme. Une fois qu’elle serait médicomage, peut-être qu’elle pourrait y offrir ses services curatifs…

Enfin, assez pensé à l’avenir, occupons-nous du présent.

Meredith rajusta le collet de son blouson et fut surprise de sa chaleur. Elle n’avait pas le souvenir de s’être séchée… Enfin, peu importe, ce n’était pas cela le plus important. Pour l’instant elle devait réfléchir à l’offre de Bill. Une sortie en boîte? Elle ne savait pas trop… Enfin, si elle acceptait, ça serait sa première soirée dans ce genre d’établissement… Était-ce dangereux? Avec toutes les histoires qu’on racontait à ce sujet… Les gens plus que soul et les aventures d’un soir… Rien de bien alléchant… Toutefois, elle aimait la danse et la musique, peu importe le genre et le rythme… Et puis, elle serait avec Bill et son drôle d’ami aussi membre de l’ordre… Ça pourrait être amusant. Le sourire engageant du Weasley finit de la convaincre.

« Une soirée en boîte? Ça serait super! Mais, tu es sûr que ma présence ne gênera pas Allan? Enfin, il n’a jamais eu l’air de vraiment m’apprécier… À moins que ce soit moi qui ai toujours eu peur de l'affronter… Tu sais, je le trouve un peu... Intimidant... »

Un sourire gêné aux lèvres, Meredith détourna les yeux…

« Enfin, je te payerai un verre là-bas… Je te dois toujours un café, mais une boisson fera bien l'affaire, non? »

De profil, elle observa Bill à nouveau. Se souvenait-il de leur balade dans les dédales de Londres?

Invité

Pendant une longue seconde et demie (le demi étant très important pour mettre l'accent sur la longueur de l'attente), Bill cru qu'elle allait refuser son offre. C'est sur, c'était idiot comme proposition. Qu'est ce qu'un ange pourrait faire dans un lieu pareil ? Les boîtes, c'était le fun, la détente et la musique certes, mais également la drogue, le sexe, l'alcool et la débauche. Il y avait de tout et pour tous les goûts. Mais surtout - et c'était ce qui plaisait à Bill dans ce genre de soirée, outre le côté cool, sexe et détente, il y avait toutes sortes de gens. Les discriminations ne franchissaient pas le barrage de videur. Blancs, noirs, jaunes, petits ou grands, intelligents ou stupides, moldus ou sorciers se fréquentaient dans une ambiance de rencontre et de joie. En boîte, on pouvait oublier le marasme politique du Royaume-Uni dans l'alcool et il n'était pas difficile de s'évader dans la danse… ou ailleurs. Et puis il fallait tester si l'on voulait apprendre dans la vie. Et Bill avait très envie de tester ce que donnait la tendre Meredith, en boîte, invitée VIP d'un groupe de métal.

La jeune femme rajusta son blouson et hésita encore un peu avant d'accepter la proposition de l'aîné des Weasley avec un enthousiasme tout de même un peu forcé. Bill sourit en sentant les réticences de l'ange mais salua de la tête son courage et surtout son honnêteté face à Allan. Après tout elle n'avait pas tord, Al' était un être sombre à l'humour très noir et qu'il fallait prendre le temps de connaître pour apprécier. Mais une fois le bouclier percé, on était surprit par toutes les qualités de cette brute au cœur moins sombre qu'il ne voulait le faire croire. A cette pensée, Bill sourit, puis rit doucement.

"Je te promets que tu ne le gênera pas c'est un vrai nounours au fond. Il faut juste le connaître un peu. Passer à travers les quatre portes verrouillées, traverser la mer de piquants empoisonnés, survivre à l'acide de son humour et …"

Un nouvel éclat de rire. Dit comme ça, gagner l'amitié d'Allan ressemblait à un film d'Indiana Jones. Bill espéra que Meredith se rendrait compte qu'il la taquinait un peu, exagérant les défauts de son ami. Il avait tellement exagéré que cela était plus que probable. Malgré sa couleur de cheveux, il ne considérait pas la blonde comme une idiote.

"Et puis si on gêne, on pourra toujours terminer la soirée au Chaudron. Je tiens à ce verre attention. Il n'est pas question que tu m'entortilles avec ton joli sourire."

Le compliment était sortit tout seul mais Bill ne fit rien pour le retenir. Là encore il exagérait un peu (un trait purement gryffondorien à ce qu'on disait) mais ne cherchait rien en retour que de voir sourire (ou rougir) la jeune femme. Il n'était pas de ceux qui calculent ou cherchent à rentabiliser les avantages qu'une impulsion peut leur donner. Il préférait de loin rester lui-même et ne pas se poser de questions.

"Bon, alors je passe te chercher après ton travail ou le mien ? Tu termines à quelle heure ? Tu as de quoi te changer ? Ils ne seront probablement pas très regardant sur la tenue tant que tu n'es pas en baskets mais je te conseille d'avoir un endroit où cacher ta baguette parce qu'on a pas toujours le loisir de la garder à la main."

Il se pencha, souriant, vers elle et ajouta d'un air malicieux.

"Surtout que je compte bien t'inviter à danser au moins une fois, après mon verre-cadeau."

Invité

Tout se refléta sur son visage si expressif. L’ébahissement total qui l’avait étreint lorsqu’IL avait présenté un tableau si louangeur et haut en couleur de son ami; la gêne mêlée au plaisir qui l’avait surprise lorsqu’IL avait qualifié son sourire de joli (et d’entortilleur…); l’amusement timide qui l’avait saisi lorsqu’IL avait enchaîné question sur question, sans aucun répit; le nouvel ébahissement lorsqu’IL avait proposé qu’ils dansent, tous les deux, dans une boîte moldue, tous les deux, au beau milieu d’une centaine de personnes, tous les deux…

Oui, tout se refléta sur son visage. On la qualifiait souvent de livre ouvert et (entre nous) ce n’était pas à tort. Dans l’ordre, ses yeux s’écarquillèrent, ses joues se colorèrent d’un rouge plutôt prononcé, un léger sourire étira ses lèvres et finalement sa bouche s’entrouvrit en une forme ovale plutôt cocasse. Danser avec lui? Son cœur loupa quelques battements. Refermant rapidement la bouche alors que ses joues écarlates passaient au carmin, Meredith détourna la tête. Elle toussota un instant puis jeta un regard en biais au rouquin.

« Danser avec toi? Tu n’es quand même pas sérieux? »

N’y voyez aucune répugnance ou dédain envers le jeune (pas si jeune que ça en fait) Weasley. Elle aurait bien voulu danser avec lui, le seul problème c’était que… Par la bouse d’un dragon, elle n’en savait fichtrement rien! C’était quoi le problème au juste? Pourquoi se sentait-elle aussi… heureuse? Oui, heureuse. Elle peinait à camoufler le grande sourire qui menaçait de s’emparer de ses lèvres. On n’était pas aussi heureuse lorsqu’un… lorsque seulement un ami vous proposait de dan… vous proposait l’idée que peut-être, plus tard, il vous accorderait une danse. Oui, c’était ça le problème. Le bonheur qui l’enlaçait était trop inapproprié. Elle en oubliait presque tout le reste de la conversation. Presque était bien le mot important. Elle toussota une nouvelle fois et regarda attentivement un bouton de son chemisier.

«Bon, d’accord, tu m’as convaincue… Je vais essayer de déjouer tous les pièges que me réserve le temple perdu afin de pouvoir mettre la main sur la sympathie d’Allan. Comme ça, on n’aura pas besoin de fuir au chaudron baveur! »

Elle tenta un sourire et un clin d’œil complice mais le souvenir de ses paroles prononcées un peu plus tôt gâchèrent un peu l’effet. Le tout semblait un peu forcé. « Danser avec toi? Tu n’es quand même pas sérieux? » Qu’est-ce qui lui avait pris de dire une chose pareil? À coup sûr, Bill était vexé. Idiote de Meredith! Un jour ta bêtise te coûtera cher. Vexé tes amis, quel talent! Je t’applaudis à deux mains! Sérieusement, le jour où elle se retrouverait devant un Mangemort, elle serait cuite. Son idiotie et sa naïveté causerait un jour sa perte, s’était assurée. Secouant la tête devant tant de noirceur, Meredith se reprit et adressa un vrai sourire à ce cher Bill.

« Tu pourrais venir me chercher vers 7 heure? Je te promets de ne pas être désagréable, de te payer ce verre auquel tu sembles accorder beaucoup d’importance et, surtout, de t’accorder cette danse. »

Son sourire s’élargit encore avant qu’elle ne se souvienne subitement qu’il trouvait ce dernier joli. Elle baissa la tête sans se départir de ce sourire alors que ses joues se teintait, à nouveau et sûrement pas pour la dernière fois, d’un rouge soutenu.

« Enfin, seulement si tu maintiens ta proposition… Dans le cas contraire, je mettrai simplement la main sur un autre partenaire. Pas question que je reste seule dans mon coin pendant que tu te déhanches sur la piste avec une rousse, une blonde, une brune ou n’importe quelle autre fille!»

Serrant les mains sous la table, Meredith ouvrit ses oreilles. Comment allait-il réagir? S’il riait, c’est qu’il lui avait pardonné ses paroles vexantes prononcées un peu plus tôt… S’il agissait autrement… Elle aimait mieux ne pas trop y penser…

Dans ce petit café, seule face à Bill Weasley, Meredith se mordit la lèvre. Anxieuse.

Invité

C’était sortit comme un réflexe. Une phrase toute bête qui avait effacé le sourire de Bill et avait un peu ébranlé sa confiance en lui. Il avait été tellement sur de lui en se proposant. Il pensait tout lire sur son visage. Sa surprise, son sourire, sa gêne. Il ne s’attendait pas à recevoir une telle claque. Heureusement, encore qu’il l’avait invitée en plaisantant, il pouvait se rétracter sans trop de peine. Et puis elle avait dit oui pour l’invitation alors elle pouvait toujours changer d’avis. N’empêche, il avait été drôlement surprit et ne savait plus trop sur quel pied danser. Déjà il ne s’était pas enfui sous un prétexte quelconque. Il avait fait honneur aux couleurs de son ancienne maison.

Et en plus elle souriait, comme inconsciente de ce qu’elle venait de lui faire subir. Ça l’amusait tellement de lui infliger un tel râteau ? Non, il voyait bien que non. Son bonheur était plus angélique que jamais même s’il restait une énigme à ses yeux.

Bill avait prit sa tasse de café et cachait son indécision dedans. Une part de lui-même, la plus conditionnée par les stéréotypes et les racines culturelles, avait envie de l’envoyer bouler, de s’énerver, de l’insulter, de la traîner dans la boue pour ce coup en traitre. Mais il était civilisé et surtout, il avait du mal à lui en vouloir. Regardez-là, elle avait l’air toute gênée. Il était évident que cela n’avait pas été calculé (il soupçonnait d’ailleurs la jeune femme d’être incapable de toute forme de calcul) et qu’elle le regrettait. Toutefois, il était maintenant persuadé que c’était la forme et non le fond qui lui posait problème. Allons, c’était un grand garçon à présent. Il avait essayé, elle ne voulait pas, il irait voir ailleurs. Pas de soucis, cela faisait partie du jeu. Il n’avait juste pas l’habitude de perdre…et bien ça lui ferait le plus grand bien !

Beau joueur, il répondit à son clin d’œil par un sourire pas vraiment forcé (elle était vraiment mignonne… ) et un signe de tête. Mais il ne répondit rien, il était encore trop sous le choc pour réussir à dire quoique ce soit. Et puis il n’était plus très sur de vouloir lui présenter Allan. Quoique. Là encore il était partagé entre la jalousie et l’amitié. Il verrait bien sur place au fond, pourquoi se prendre la tête, hein ? POURQUOI !

« C’est noté, à 7 heures j’y serais. Et je promets de ne rien dire ou rien faire qui puisse te faire passer pour désagréable. »

Il avait prit le ton de la plaisanterie, comme pour lui dire qu’il n’était pas vexé et que ce n’était pas grave mais était également sérieux quand au fond. Elle ne devait pas craindre qu’il passe la soirée à la draguer. Il avait comprit le message. Ils iraient là bas en amis et il se trouverait quelqu’un d’autre. Pas de problème, rien de bien difficile ou d’inhabituel. Il sourit.

« Et pour la danse, on verra sur le moment, d’accord ? Faut encore que la boite soit bien, il est hors de question que je te fasse danser sur une musique has been.. »

Il ne voulait pas qu’elle la lui accorde par obligation, se serait ridicule. Déjà qu’il regrettait de lui avoir rappelé cette histoire de verre… à tous les coups elle ne voudrait plus le voir et avait accepté pour être débarrassée.

Mais Meredith continua, insinuant même qu’elle pourrait être jalouse s’il dansait avec quelqu’un d’autre. Pendant une seconde, le rouquin fut décontenancé. Puis, le sourire revint sur ses lèvres.

« Serpent qui s’en dédit Mademoiselle Brooms. »

Et, comme s’il portait un toast, il leva sa tasse.

Invité

Meredith retint son souffle. Mon dieu, il ne lui répondait pas. Elle venait de tout gâcher, de vraiment tout gâcher. Elle ne remarqua aucun de ses signes. La tête baisée et les yeux fixés sur ses mains croisés, elle s’injuriait mentalement. Elle venait de rompre, de briser, les débuts d’une belle complicité, d’une possible amitié. Dans quelques secondes, il se lèverait de table. Dégoûté, il inventerait un prétexte pour quitter sa compagnie et plus jamais il ne lui adresserait la parole. Elle ne serait, alors, plus jamais capable de soutenir son regard, d’affronter sa personne. Elle agirait comme une lâche, baissant la tête sous son passage et fuyant tout contact avec le rouquin. La honte serrerait ses organes, lui ferait monter le cœur à la bouche et les larmes aux yeux. Non, pas la honte. Plutôt le désespoir et la tristesse. Elle s’était attachée à Bill et le perdre de vue l’affecterait immanquablement. Crétine de Meredith! Tu devrais tenter une plaisanterie… Non, mauvaise idée. Tu risques de la raconter de travers et j’aime mieux ne pas imaginer ce qui se passera par la suite. À moins qu’il ne trouve cela attendrissant? Hmm, c’est bien possible… Aller, va pour la blague! Meredith entrouvrit ses lèvres, vint pour parler, mais Bill la coupa dans son élan.

La jeune médicomage ne put un retenir un immense soupir de soulagement lorsque le Weasley commença à débiter un flot de paroles. Un sourire de bonheur réel s’étendit sur ses lèvres délicates alors que les mots caressaient ses tympans et venaient s’enregistrer dans son cerveau. Elle leva ses yeux chocolat vers le jeune homme et se permit enfin de les encrer sur son visage pâle. En l’écoutant discuter, elle découvrit qu’un certain malaise s’était faufilé entre eux. Comme si leur spontanéité s’était tranquillement éclipsée vers d’autres horizons. Au moins, il lui parlait encore. C’était mieux que rien. Bien mieux que rien.

Elle sourit à son toast et, tout en levant sa tasse à son tour, elle ajouta :

« Je ne te savais pas plongé dans la métaphore. »

Elle but une gorgée de son breuvage chaud, s’écorchant la langue au passage. Elle grimaça sous la légère douleur, puis jeta un coup d’œil à sa montre moldue.

« Quand est-ce que tu finis ta pause? Si tu veux et s'il te reste un peu de temps, on pourrait aller prendre l'air.

C’est en ignorant totalement le malaise qu’elle se permit cette proposition. La pluie s’était arrêtée à l’extérieur et quelques rayons de soleil commençaient à percer les nuages. Meredith aimait tellement le grand air qu’elle en oubliait tout le reste. Oui, la jeune femme changeait d’humeur comme elle changeait de chemise, mais cela faisait partie de sa nature. À un moment, elle pouvait se ronger les ongles d’anxiété, puis, l’instant d’après, elle pouvait rire et s’amuser avec éclat. Maintenant, il ne restait plus qu’à voir si sa nature s'acorderait bien avec celle de Mr Bill Weasley!

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