[Dec] Besoin d'Air [Libre]

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Il était environ 4h de l’après-midi lorsque Emmy eu une soudaine envie de sortir. Voilà c’était un désir inexpliqué qui la prenait comme ça sans prévenir. Il fallait qu’elle sorte. La poufsouffle était enfermée dans le château depuis le début de la matinée et avait suivi différents cours. Nous étions un mardi Emmy avait donc eu deux heures de métamorphose, deux heures de potions et deux autres d’Etude des Moldus malheureusement il lui restait encore deux heures d’Astronomie et laissait moi vous dire que ce n’était pas ce qu’elle préférait. Néanmoins il lui restait encore deux heures avant le début de ce cours pour faire un petit tour dans le parc ! Durant sa pause déjeunée la demoiselle avait remarquée le temps maussade qui régnait au dehors mais même cette perspective n’arriva pas à entamer son moral et son envie.

Notre Mac Storm était habitée d’une drôle d’excitation comme si on se trouvait la veille de Noël mais elle voulait passer dans son dortoir avant de sortir. Son uniforme était pour elle un instrument de torture, il lui allait très bien mais depuis sa première année elle faisait un rejet catégorique de cette mini-jupe plissé et de cette veste. Emmy voulait donc changer d’affaire. Elle descendit donc quatre à quatre les marches qui séparaient le troisième étage où elle avait assistée au cours d’Etude des Moldus de sa salle commune. Elle monta donc vite dans son dortoir, jeta ses vêtements en boule sur son lit puis enfila une autre tenue. Emmy s’habilla avec un marcel blanc, jean serré et noir avec de grandes guêtres qui lui arrivaient au dessus du genou. En sortant elle prit une sa veste de cuir fin et noir. C’était surement une tenue trop légère pour un mois de décembre mais la septième année se disait qu’elle était mi-russe mi-anglaise et donc qu’elle ne devait craindre ni le froid ni la pluie. Cette pensée la faisait profondément rire et les gens qui devaient la croiser la prenaient surement pour une folle. De plus depuis que le crapaud rose était arrivé à Poudlard la répression était de plus en plus sévère. La demoiselle n’avait jamais vu ça depuis qu’elle était à Poudlard. Même Rogue passait pour un bébé devant cette dinde en robe rose. Emmy avait donc reçue de nombreuses corrections depuis son arrivée et sa main s’en souvenait encore. Pourtant rien ne décidait la jeune fille à rentrer dans le rang, en mettant d’autres vêtements que l’uniforme la poufsouffle savait qu’elle encourait des sanctions.

C’est pour cela qu’elle sortit comme une fusée du château. Il est vrai que dehors elle serait un peu plus en sécurité même si il fallait se méfier : la délation était de plus en plus pratiquée à Hogward. Une fois dehors, elle ne s’arrêta pas de courir. Ses jambes l’emmenèrent sur un petit sentier qui s’enfonçait un peu plus profondément dans le parc. Ce parc était immense, depuis sept années elle le parcourait et pourtant elle n’avait jamais pu en faire le tour. Les chênes centenaires formaient une voute au dessus d’elle même si ils n’avaient plus de feuilles, leurs branches s’entremêlaient comme des fils de laines raidit par le gel. Le sentier était recouvert des feuilles aux teintes marron et orangées et chacun de ses pas trahissait sa présence. Il régnait un doux silence, on pouvait seulement entendre les chants des derniers oiseaux qui n’étaient pas encore partis pour des climats plus hospitaliers. En effet, les températures n’étaient pas bien hautes et aujourd’hui de gros nuages emplissaient le ciel de leur aspect cotonneux. Un léger vent faisait voleter les fins cheveux de la jeune fille et le froid lui faisait plisser ses yeux azurs.

Enfin notre jeune amie trouva un petit banc abimé pour s’asseoir. Elle s’en approcha et se posa nonchalamment sur le bois froid et craquant du banc. De sa bouche sortait une petite fumée. Elle était bien, le calme la berçait et malgré tout elle arrivait a oublié le froid. Ses yeux se posaient sur l’horizon de verdure endormis qui s’offrait à elle. Emmy avait la capacité de s’émerveiller de la chose la plus simple : du vent sur son visage, d’un sourire, d’un oiseau… Mais soudain Emmy sentit une présence, elle n’était plus seule. Quelqu’un approchait…

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Un plafond sous le ciel, protection vivante et fragile, filtrant la lumière faible d’un après midi d’hivers. Feuilles mortes brunes, mouillées, craquantes sous le poids des créatures vivantes. La mort a toujours envié la vie et c’est pour cela qu’elle l’enlaidit. Elle joue son rôle d’épouvantail et de régulateur, laissant passer juste assez de malheur pour que les vivants puissent goûter à la joie. En théorie tout du moins.

Personne ne savait depuis combien de temps Cyril déambulait dans le parc, sa main blanche et fine frôlant l’écorce rugueuse des vieux chênes ou la parure argentée des bouleaux. Quelques peupliers au fond trahissaient la présence d’eau souterraine. Des fougères sombres aux larges feuilles tachetées de sang vampirisaient les rares apparitions du soleil. Le vent apportait des milliers d’odeur de pourriture végétale qui piquaient le nez et faisaient pleurer les yeux et le cœur du jeune homme qui s’immobilisa. Il avait froid. Enfin il pensait. Il n’était pas bien sur. En tout cas il n’avait pas chaud.

L’adolescent resserra son écharpe argentée autour de son cou blanc. Il portait un simple pull moldu d’un blanc immaculé et un pantalon de velours noir. Le col blanc de sa chemise était maintenu par une cravate aux couleurs de sa maison strictement nouée. Il avait plus l’air d’un adulte moldu que d’un jeune sorcier dans cet accoutrement si ses yeux froids et perdus dans son visage neutre ne lui donnaient l’air bien plus jeune. Un enfant innocent projeté dans le chaos de la vie, voila ce qu’il était. La plupart des gens s’en remettaient avant leur premier anniversaire. Lui venait d’avoir 17 ans et n’en revenaient toujours pas.

L’écho d’un autre pas répondit au sien. Il n’était pas seul dans ces bois. Ne cherchant pas spécialement la compagnie de ses camarades en destruction, le Serdaigle s’éloigna tranquillement du sentier principal en coupant directement dans le parc. Il sentit le vent s’en prendre à présent à ses oreilles et monta le col de sa cape. Ses pieds continuaient de se lever et de se poser avec un rythme régulier et les troncs se succéder les uns aux autres. Une multitude de solitudes. Chaque arbre étant le témoin muet de la croissance de son frère depuis des centaines d’années. Comment pouvaient-ils vivrent, eux qui, chaque année, devaient faire le deuil de leurs feuilles ? Comment en accueillir chaque année de nouvelles en sachant qu’ils allaient les perdre à nouveau ? Bienheureux êtres de chlorophylle dépourvus de conscience. Porteurs de connaissance mais jamais infestés par elle. Que ne pouvait-il être un arbre et sombrer à jamais dans l’oubli…

Il s’était arrêté, Merlin seul savait combien de temps il était resté immobile au milieu des arbres, la buée sortant de sa bouche comme seul indicateur de sa présence animale dans le sanctuaire de verdure. Puis le froid le saisit à nouveau, brûlant le fond de sa gorge. Il était trop maigre pour être très résistant. Trop passif pour jouir d’une santé parfaite. Il fallait qu’il bouge s’il ne voulait pas qu’une certaine potion fasse (encore) fumer ses oreilles. Un pas. Deux pas. Le sang circula à nouveau dans ses extrémités, chassant l’engourdissement qui commençait à le saisir. Il arriva bientôt en vue d’un banc avec quelqu’un d’assit dessus.

Il doit y avoir quelque part une sorte d’aimant qui oblige les êtres humains à se retrouver en groupe… le monde était décidément injuste.

Une fois encore, le Serdaigle allait discrètement s’éloigner lorsqu’il sentit un changement dans l’air. Il s’arrêta, tranquille et neutre, et posa son regard sur la jeune fille. Il ne la connaissait pas. Enfin il ne pensait pas la connaître. Il n’en savait rien finalement. Le vent servit de salutations. Il ne bougea pas, fixant de son regard bleu/gris les vêtements légers et le petit banc blanc. Il était dans un état déplorable…

Le banc évidemment.

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Le ciel semblait être de plus en plus surchargé à mesure que les secondes s’écoulaient. L’atmosphère était elle aussi étrangement plus lourde depuis que la jeune Emmy ne se savait plus seule. Elle avait attrapé dans la poche intérieure de son blouson sa baguette et son poing la tenait avec fermeté. On n’était jamais trop prudent surtout en ces temps agités. Emmy avait du mal à faire confiance en ce moment. Tous les élèves étaient suspicieux entre eux et personne ne pardonnait les écarts. La demoiselle se sentait donc observer mais elle restait étonnement calme. Elle se contenta donc de croiser ses jambes et d’écouter les bruits de la forêt.

Il y avait des personnes qui pensaient que les arbres se parlaient entre eux. Emmy ne croyait pas vraiment à ses contes mais elle ne demandait qu’à être contredite. La poufsouffle était quelqu’un d’ouvert et de tolérant, elle n’avait donc que très peu d’idées préconçues. A présent les arbres fléchissaient un peu sous la main du vent et les feuilles mortes qui couvraient le sol s’envolaient et retombaient avec douceur comme des flocons de neige. Les hommes sorciers ou moldus oubliaient trop souvent qu’ils ne sont que des pions face aux différents éléments. En vérité c’est la nature qui décide et cela l’homme ne peut rien y faire. Néanmoins dans le monde de la magie la notion de nature était quelque peu différente. En tout cas pour l’instant, les joues de la demoiselle étaient toutes rouges, fouettaient par le vent. Elle sentait également le froid s’engouffrait sous sa veste de cuir mais son esprit était ailleurs : toujours occupé par son observateur.

Emmy se décida donc à se retourner pour voir qui était celui qui l’observait. Elle détourna donc son regard des arbres séculaires et celui-ci se posa sur un jeune homme. Emmy mit quelques instants à se rappeler qui était ce jeune homme aux yeux bleu/gris et au teint aussi pâle que le sien. Elle avait déjà vu se visage quelque part. Puis tout à coup elle se souvint. Ce jeune homme était en sixième année et si elle se souvenait bien à Serdaigle. La demoiselle connaissait beaucoup de personnes à Poudlard car elle passait beaucoup de temps dans les couloirs du château. De plus le jeune élève était presque de son âge. Par contre elle ne connaissait pas son prénom. Après un moment d’hésitation la demoiselle se lança :

-Hé Salut ! Ca va ? dit-elle en étant un peu mal a l’aise.

La jeune femme n’avait jamais été douée pour commencer les conversations, elle se sentait souvent idiote. Elle lui fit un sourire puis l’instant d’après elle reprit :

-Viens approche je n’ai jamais mordu encore !

*T’es vraiment bizarre ma pauvre fille ! Super comme début de conversation !* pensa t-elle avec un moment de dégout pour sa propre personne.

Le silence reprit alors son domaine et s’installa entre les deux jeunes gens. Emmy attendait la réaction du jeune homme en espérant ne pas avoir paru trop bête ni trop arrogante.

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Le tableau aurait pu être beau sur une toile. Des tâches de peintures volèrent un moment, épaississant les détails et changeant les couleurs en ombre et lumière. La neige, grise, mortelle, recouvrant le sol, les quelques feuilles mêlées d’humus cherchant à percer de leur noirceur la couverture d’humidité. Et puis les arbres, argent, bruns et noirs, dont les branches dénudées traçaient des lettres dans le ciel. Une atmosphère de paix rendue lourde par la présence inopportune de deux humains.

Cyril savait qu’il ne troublait que peu le tableau. Il s’oubliait si souvent dans l’art naturel que même sa respiration semblait y trouver sa place. Le banc par contre était moins bienvenu. Blanc et sale, le bois mort éclaté par le gel et l’âge, un graffiti gravé sur un des accoudoir. Et sur lui, une fille. Humaine. Le bras dans son blouson, tendu, probablement la main autour de quelque chose. Des cheveux bruns et fins, une peau blanche, une veste de cuir noir. Elle était dans les tons du parc elle aussi. Part of the picture. Well, sort of.

Le serdaigle ne bougea pas, à peine si le vent faisait trembler sa peau. Impassible, immobile et silencieux, il regardait simplement la jeune femme. Sans se poser de questions, sans penser vraiment à autre chose qu’à la beauté environnante. Comment un monde aussi laid pouvait receler tant d’art ? Pourquoi cette impression de combat et de haine dans ce monde de paix ? Ah. Un bruit, un mouvement, et un regard.

Maintenant qu’il la voyait de face, il lui semblait la reconnaître. Il n’aurait pu dire son nom, ni son âge, ni même sa maison mais ce n’étaient pas le genre de détails auxquels il s’arrêtait généralement. Ils avaient du se croiser. Peut-être même lui avait-elle parlé. De son côté c’était peu probable. Depuis la première neige, il n’avait pas dit grand-chose. Comme si la nature, en se parant de cette couverture qui protégeait son esprit, avait également enfermé les mots au fond de son cœur gelé. Reconnaissance dans les yeux bleus et confirmation d’un sentiment. Ils se connaissaient.

Et puis la voix dans le silence, brisant sans s’en rendre compte la magie autour d’eux. Un léger soupir de brume s’échappa de la bouche du garçon. Pourquoi toujours parler ?

Hé Salut ! Ca va ?

Silence. Toujours cette question. Ça va. Non. Ça n’allait pas. Ou oui, ça allait très bien, on ne pouvait mieux. Comment cela pouvait aller mal quand on ne ressentait rien ? Les paroles d’une chanson résonnèrent soudain dans son esprit mais il la chassa bien vite.

Viens approche je n’ai jamais mordu encore !

Cyril fit un pas en avant, sa main traînant toujours sur l’écorce de l’arbre comme s’il craignait de se perdre en le lâchant. Il n’avait pas peur. Que pouvait-il lui arriver ? Un autre pas. Le bras était trop court à présent et le contact rompu. Il en chercha un autre aussitôt, presqu’instinctivement. Cinq doigts se refermèrent sur le bois mort du banc. Pas tout à fait la même chose qu’avec un arbre vivant mais tout de même mieux que rien. Toujours silencieux, il baissa ses yeux clairs sur la jeune fille assise devant lui. ? Devait-il parler ? Pas sur.

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Il y avait décidément une drôle d’atmosphère ici. Le parc semblait être habité, du moins c’était la réflexion qu’Emmy s’était faite. Cette présence qu’elle sentait ne venait pas seulement des deux élèves ; non Emmy était de plus en plus persuader qu’il y avait quelqu’un ou quelque choses qui les observaient. Pourquoi la jeune poufsouffle avait toujours des intuitions comme cela ? Elle n’en savait fichtrement rien mais ce n’était pas la première fois que lui arrivait cette sensation.

Le jeune homme la regarda et s’approcha. Il était silencieux et Emmy se sentait de plus en plus ridicule de lui avoir parlé. Elle ne se souvenait toujours pas de son nom mais elle était sûre d’une chose : c’était la première fois qu’elle lui parlait. Emmy souriait niaisement comme la bonne poire qu’elle était. Dans sa tête elle repassait en revue toute les thèmes de discussion qu’elle pourrait placer.

*Pourquoi ne parle-il pas ? Pfiou ça va être encore à toi de dire un truc… Bon bé commençons par le commencement* pensa-t-elle les yeux dans le vide

-Au fait je m’appelle Emmy Mac Storm je suis en septième année à Poufsouffle et toi ?

Le silence revint entre eux deux. Silence gêné pour tout vous dire. Soudain un groupe de hiboux passèrent au dessus de leur tête. C’est bizarre d’habitude les hiboux ne se déplacer pas souvent en groupe. Peut-être aujourd’hui il y avait quelques choses de différents… Emmy remarqua notamment un énorme hibou blanc comme la neige.

*Il est magnifique* se dit Emmy en pensant a sa propre chouette.

Amulette était le nom de sa chouette. C’était une toute petite chouette brune et blanche. Emmy avait cette chouette depuis sa première année à Poudlard. C’était sa petite compagnie même si elle aurait préférée avoir un chat. Cette petite Amulette était en vérité un des rares liens qui lui restait avec ses parents et notamment avec sa mère. Emmy évitait tous les contacts avec son cher père, elle n’en ressentait ni le besoin ni l’envie et cela semblait aussi convenir au patriarche. La jeune anglo-soviétique était prise toute entière dans ses pensées mais le vent vient chatouillait son cou et cela la sortit de son état. Elle passa alors nonchalamment sa main dans ses cheveux blonds qui semblaient presque ternes avec le décor du jour. Les gros nuages semblaient saturer d’eau mais vu la température extérieur il se mit à neiger. Des petits flocons se mirent à tomber tout doucement sur les deux jeunes gens. Emmy ne semblait pas être dérangée par le temps mais elle s’exclama :

-Quel temps ! Enfin heureusement que je suis à moitié russe ! J’aime bien la neige en fin de compte !

Et voilà comment dire tout et son contraire en moins de cinq minutes Bravo ma petite Emmy ! Le silence retomba comme la neige, d’un seul coup. C’était tout simplement beau et calme. La nature leur offrait aujourd’hui un spectacle merveilleux et Emmy le savourait de ses yeux bleus

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Il y avait en effet une atmosphère dans cette forêt. Quelque chose de vivant. Mais n’était-ce pas normal ? Les arbres étaient vivants, les végétaux également. Les marmottes hibernant dans le sous-sol en compagnie des hérissons, les renards dans leur robe blanche guettant les yeux bruns des lapins. Même en cette saison de mort, la forêt était pleine de vie. Peut-être avaient-il dérangé la sieste d’un oiseau qui avait oublié de migrer ou le travail de la dernière abeille cherchant vainement une fleur sous la neige. Les humains dérangeaient sans cesse. Ils ne savaient pas regarder la beauté vivante autour d’eux.

Le silence reprit ses droits lorsque s’éteignit le dernier écho des paroles de la poufsouffle. Le vent seul répondit, faisant bruisser les branche. Quelque chose (un écureil, sans doute) décrocha un paquet de neige de la cime d’un sapin bleuté. L’espace d’un instant, le parc en son entier frémit de la secousse du petit rongueur. Puis les choses se calmèrent à nouveau, juste avant que la jeune femme ne reprenne la parole.

-Au fait je m’appelle Emmy Mac Storm je suis en septième année à Poufsouffle et toi ?

Au fait ? Au fait de quoi ? Et lui ne s’appelait pas Emmy et n’était pas de Poufsouffle. Enfin, il était très impoli de ne pas répondre à une question directe. Et curieusement, Cyril n’avait pas envie d’être impoli. Pas pour le moment. D’un geste souple, il fit le tour du banc, levant à peine les yeux au passage du groupe de hibou, mit un genou dans la neige devant Emmy (c’était froid. Et mouillé. Mais pas tellement important.) et montra sa cravate bronze et bleue.

« Silver »

Sa voix résonna elle aussi entre les arbres. Il frissonna. Toujours aussi rauque, aussi grave, aussi…plate. Neutre et irréelle. Sa voix même n’appartenait pas à ce monde. Il espérait juste n’avoir blessé personne avec cet unique mot.
Une plume s’était échappée de l’aile d’un hibou. Elle était brune comme la terre, avec les reflets rouges de l’argile. Tourbillonant elle descendit vers la terre pour se poser sur les cheveux du garçon.

-Quel temps ! Enfin heureusement que je suis à moitié russe ! J’aime bien la neige en fin de compte !

Pensif, il la retira et la regarda un moment avant de la tendre à Emmy-la-moitié-russe et de se relever pour s’asseoir sur le bac. Là où c’était moins mouillé. Il écoutait ce qu’elle disait mais ne comprenait pas vraiment. Le temps était le temps. D’ailleurs a strictement parler il s’agissait de la météo. Et il ne voyait pas en quoi le fait d’être en partie russe permettait d’aimer la neige. Lui était anglais à 100%. Moldu également. Et il aimait bien la neige aussi. Parce qu’elle était le manteau du monde contre les imperfections qu’il ne pouvait contrôler. Parce qu’elle était le froid sombre qui permettait à la vie de renaître. Parce qu’elle était le blanc qui représente les vraies ténèbres. A la fois amie et ennemie la neige. Si douce, si belle, si tentante, si dangereuse.

« Hum.»

C’était la seule chose qu’il avait trouvé à dire pour exprimer ses pensées. Il n’avait jamais été un beau parleur…

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La neige continuait toujours de tomber tout doucement. On aurait pu dire que la scène était un peu clichée mais c’était un superbe paysage. La neige ne fondait pas au contact du sol mais au contraire les petits flocons gelés s’attacher a resté sur les sapins ou les arbres séculaires qui entouraient de leurs bras protecteurs les deux jeunes gens. Néanmoins Emmy se sentait seule au monde dans ce grand par cet même le jeune homme qui était a ses cotés ne paraissait pas vraiment réel. Pourtant toutes les sensations qu’elle ressentait lui rappelée qu’elle n’était pas dans un rêve. Tout ce qui l’entourait était bel et bien véridique, il n’y avait pas de décors de papiers qui s’envoleraient aux premiers battements de paupières. La pouffy leva de nouveau les yeux au ciel mais elle n’arrivait pas à voir la cime des hauts arbres. Ils avaient vu tant de choses et pourraient raconter tant d’histoire qu’Emmy en était presque jalouse. Avaient-ils espionnés les jeunes couples du printemps ou les balades nocturnes des insomniaques ? Probablement que oui…

Quelques instants auparavant la demoiselle venait d’apprendre que le jeune homme était de serdaigle. Il ne lui avait pas dit explicitement mais il lui avait montré sa cravate. Il s’appelait Silver… Un léger sourire s’était dessiner sur les traits fins de la jeune femme lorsque « Silver » avait mit un genou à terre pour se présenter. Emmy n’osa rien dire, pourquoi faire une réflexion. Bon d’accord il paraissait étrange mais peut-être était-il très gentil… Alors qu’elle commençait à divaguer dans ses pensées la demoiselle remonta ses genoux sous son menton en posant ses pieds sur le banc. Il craqua lorsque les talons de ses guêtres heurtèrent le vieux bois blanc. Puis elle poussa un profond soupir car la lassitude de la solitude commençait à l’envahir. Emmy décida donc d’interrompre de nouveau le silence qui au fond d’elle-même la gênait terriblement

-T’es pas très causant je me trompe ? Au remarque je te comprends parler toujours parler pour ne rien dire ou presque… pas très intéressant n’est ce pas ?

Elle avait dit cela sans agressivité, assez simplement. Bizarrement depuis que le serdaigle était là, Emmy ne l’avait pas encore regardé. Elle lui parlait depuis quelques temps mais elle regardait toujours dans le vide. Emmy avait l’impression de fuir son regard. Pourquoi ? Elle n’en savait strictement rien… Le silence reprit alors son cours. Sacré silence, silence des Eglises, silence des écoles, silence des bienséances toujours se taire pour ne pas froisser, pour ne pas distraire...
Soudain la jeune femme se leva et se mit tout doucement à marcher sur le petit sentier qui commençait à se couvrir de neige. Elle se retourna et pendant un instant elle s’arrêta. Pour la première fois Emmy posa les yeux sur lui et elle souria

-Alors tu viens ! On va marcher un peu qu’est ce que tu en dis ? Sinon on va finir engloutis sous la neige !

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Le bois répondit à son nom. Un craquement de présentation a peu près aussi mélodieux que sa voix à lui. Un nom qui n’a pas d’équivalent en langage « réel » mais qui existait quand même. Cyril prit la plume dont la jeune fille n’avait pas voulu et la glissa sous une plaque de la peinture. Entre l’artificiel et le naturel, comme une promesse silencieuse qui ne voulait rien dire. Puis, il s’assit en silence.

«-T’es pas très causant je me trompe ? Au remarque je te comprends parler toujours parler pour ne rien dire ou presque… pas très intéressant n’est ce pas ?

Il hocha la tête. Elle avait raison. Parler pour ne rien dire, un peu comme elle le faisait d’ailleurs, n’était pas très intéressant. Mais il comprenait qu’elle veuille rompre le silence. Peu de gens étaient à l’aise dans son univers, le trouvant trop vide, trop mou, trop triste au fond. Il ne pouvait pas… non, il ne voulait pas lui en vouloir pour ça. Elle obéissait à sa nature, un instinct presque aussi ancien que l’espèce humaine. C’était lui l’alien, celui qui était différent. Pas elle. Elle n’avait donc pas à se sentir oppressée. Il fallait qu’il trouve un moyen de lui expliquer ça, mais en moins de mots. Pas facile.

« Mais ce n’est pas grave… »

Pas grave de dire des choses pas très intéressantes, voire de parler pour ne rien dire. Il ne fallait pas qu’elle se sente ennuyée. Mais pourquoi se levait-elle ? Il soutint son regard, un vide gris dans des yeux d’océan, puis se leva à son invitation. Il n’avait rien contre marcher. Sa tête se vidait mieux quand son corps était en mouvement.

Deux pas pour la rejoindre, soit quasiment aucune trace dans la neige. Un dernier coup d’œil au banc de bois. La nature ne permettait pas la mort. Elle la transformait. Le bruit du banc en était la preuve. Il y avait quelque chose d’encore vivant dans le bois qui lui disait de ne pas perdre espoir. La mort n’était rien. Sarah l’accompagnait toujours.

-Alors tu viens ! On va marcher un peu qu’est ce que tu en dis ? Sinon on va être finir engloutis sous la neige !

Quelques pas pour se mettre à la même hauteur. Il faisait toujours aussi froid et le vent bavard jouait avec les branches avant de s’attaquer à leurs cheveux. Le silence retomba un moment mais cette fois ce fut Cyril lui-même qui le rompit. Il fallait faire des efforts. Se sociabiliser. N’était-ce pas ce que disaient ses parents ?

« Regarde. »

A travers les branches, un écureuil. Trois fois rien, évidement, dans la campagne anglaise. Mais Cyril ne se lassait jamais du spectacle de la nature lorsque l’homme ne l’avait pas domptée. Et puis il ne trouvait vraiment rien d’autre à dire. Regarde. Cela pouvait être un monde ou un détail.

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C’est vrai, Cyril avait raison : ce n’était pas grave ! Ce n’est pas grave de se taire ou de parler, ce n’est pas grave de se dire les choses ou de les garder au fond de son cœur comme le font tant de personnes. Emmy éprouvait après cette phrase un sentiment paradoxal : le silence était-il son ami ou son ennemi ? La jeune poufsouffle ne pouvait répondre clairement à cette question. Il était parfois son refuge : son allié lorsqu’on n’a pas le cœur aux bavardages mais aussi parfois il était sa terreur : la chose qu’on ne veut pas de peur de tomber dans l’oubli, la chose qui nous vide et qui nous fait trembler de solitude…
Après cette phrase les deux jeunes gens se mirent à marcher dans le silence du grand parc. Même si la quiétude les entouraient de toutes parts, Emmy sentait toujours cette présence a ses cotés et c’était bien plus que la présence du serdaigle… Soudain Cyril s’arrêta et lui fit remarquer un petit écureuil qui guettait en haut d’un arbre. La demoiselle resta silencieuse en regardant le petit animal, il paraissait si frêle, si petit. Il n’était qu’une petite boule de poil roux en haut d’un cèdre centenaire. Il était tout de même beau et touchant. Emmy tourna la tête vers le jeune homme et murmura :

-Il est magnifique…

Lorsqu’Emmy n’était encore qu’une enfant, elle s’inventait souvent des histoires. La petite s’inventait des amis animaux faute d’amis humains. Cela lui permettait de se confier et de s’évader de sa prison dorée. Aujourd’hui Emmy a perdu ses amis imaginaires mais elle reste toujours aussi fascinée par eux. Elle continuait d’observer la petite boule rousse sur son perchoir de bois : il ne semblait nullement troublé par la neige qui commençait à recouvrir la branche. Soudain le bois craqua sous le poids de la neige et la bestiole rousse prit ses jambes a son cou et disparu en un clin d’œil. Une fois partit, la demoiselle reprit une respiration normale. Elle souriait encore et semblait perdu dans ses pensées mais elle reprit ensuite la conversation :

- Parle-moi de toi…

Emmy avait dit cela avec un naturel déconcertant. Elle-même ne savait pas trop pourquoi elle lui avait demandé cela peut-être pas simple curiosité ou par altruisme. Les deux jeunes élèves reprirent leur petite promenade. Bientôt il ferait nuit mais cela la pouffy s’en foutait pas mal. Seule la vieille chouette en robe rose pourrait lui faire renoncer à sa promenade si Emmy en avait décidée de cette manière. Le silence retomba sur eux de façon brutale, peut-être avait-elle était un peu maladroite…

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Un regard, éphémère. A peine une tache dans le noir de la rétine. Redressée par le cerveau, qu’est ce qui en elle restait réelle ou non ? Même si le monde était réel, si la lumière, la beauté et le calme ne venaient pas du rêve d’un être supérieur, rien ne prouvait que le cerveau ne faisait pas de contre-sens. Non, on ne pouvait savoir si la neige était froide ou si les ondes envoyées par les cordes vocales de la jeune fille avaient le sens qu’on leur donnait. Tout était déformé par la perception imparfaite de l’Homme. Comme le monde aurait pu être beau s’il n’y avait pas eu ces intermédiaires ! Il ne pouvait qu’être plus fort, plus pur, plus vrai. L’homme n’était-il pas un destructeur par nature ?

Le silence avait son goût, subtil comme un flocon seul dans l’azur du ciel. Un glaçon sur la langue, anesthésiant les sens et les sentiments. Le silence c’était le dialogue. L’écho des respirations qui se répondaient à coup de nuage de bués. Les arbres continuaient à zébrer l’étendue neigeuse, ils marchaient en silence.

Encore une fois, ce fut la Poufsouffle qui rompit la trêve. L’écureuil bougea ses oreilles poilues, cherchant à deviner dans ces trois mots les intentions des grands animaux. Etaient-ils des prédateurs ou pouvait-il continuer à chasser ses noisettes en paix ? Prédateurs, assurément mais ils ne semblaient pas chasser. Après un autre regard nerveux, le petit rongeur disparut entre les branches du cèdre. Il ne se posait pas de questions existentielles lui. La faim, la peur et le froid étaient les seules émotions qui osaient parfois brouiller son analyse du monde. S’il ne pouvait être un arbre, pouvait-il être un écureuil ? Probablement pas. Il était trop destructeur, trop humain pour cela. La preuve, il ressentait déjà un rien d’irritation en entendant la nouvelle question d’Emmy. N’avait-elle pas comprit qui il était ? Parler de lui. C’était bien la première fois qu’on lui posait une question pareille.

Cyril lança un long regard vide à la jeune fille pour seule réponse à sa question. Il ne parlait pas. Il n’était personne. Mieux même, il n’existait pas vraiment. Seul son corps continuait à vivre, années après année Lui était mort dans cette chambre d’un hôpital moldu. Mort de la mort de sa sœur.

La nuit tombait à présent nimbant de gris le paysage jusqu’ici bicolore. Cela devenait un monochrome d’argent. Les ombres s’éclaircissaient sous le soleil couchant et le blanc se salissait de nuages. Le froid devenait plus vif, plus intense mais Cyril ne le sentait pas. Il repensait à Sarah. Sa Sarah. Sa sœur. Son âme, son soleil et son amour qui lui avaient été volés. Il avait ralentit le pas. Les battements de cœurs de plus en plus douloureux et comme une épingle coincée dans le nœud de la trachée. Il avait mal. Mal. Mal. Mal. Un tourbillon de douleurs différentes, pas deux fois la même punition. C’était de sa faute, il ne savait pas à l’époque. Il aurait du savoir. Il aurait du tomber malade à sa place. Elle aurait su profiter du miracle de la vie. Lui ne pouvait la souffrir. Il cilla, ouvrit la bouche pour parler mais rien ne sortit. Tant pis. Tant mieux. Peu importe…

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Emmy ne pensait plus à présent. Elle se sentait terriblement vide et son regard divaguait avec le vent. Le vent qui caressait ses longs cheveux blonds dans un soupir glacé. Et ce silence qui continuait à envahir chaque centimètre du grand parc et chaque centimètre de son être comme une large couverture opaque qui étouffe tout ce qui se trouve en dessous. La nuit commençait doucement à tomber et le froid redoublait d’intensité. La poufsouffle sentit alors un frisson lui parcourir l’échine…
Le jeune serdaigle restait étrangement silencieux et devant se mutisme, la demoiselle se rendit compte de sa maladresse. Elle aurait voulue lui demander pardon, pardon d’avoir demandée cela. Qui était-elle donc pour pouvoir connaître la vie des gens ? Pourquoi voulait-elle toujours connaître le jardin secret que chacun d’entre nous essayer de cacher au plus profond de lui-même ? A cet instant, Emmy aurait voulue connaître la formule magique pour revenir en arrière et même assez longtemps dans le temps pour ne pas être sortie du château. Elle serait restée dans sa salle commune, assise sur un des gros fauteuils de velours jaune, contemplant la grande cheminée de marbre dans lequel danserait un feu vaillant. Mais non, en tête brulée que notre petite Mac Storm était, elle avait souhaité sortir ; bravant le vent, la neige et maintenant la nuit. Sa conscience était prise de regrets alors notre septième année reprit la conversation sur un ton gêné

-Je m’excuse…Je…euh…Je ne voulais pas…Oubli cette question…

Elle bafouillait ses excuses et elle se sentait ridicule. Ses joues devinrent écarlates. A dire vrai Emmy n’arrivait pas trop à cerner le jeune homme mais elle ressentait quelque chose de brisé en lui. Mais la jeune élève ne voulait pas le forcer et pourquoi lui parlerait-il de lui ? Il ne l’a connaît même pas… Pourtant elle avait une vague de sympathie pour lui alors elle voulut lui parler d’elle, comme ça sans raison.

-Moi je suis née à Londres, de parents moldus… ( Emmy fit une pause après avoir dit cela, certains élèves considéraient cela comme une tare, des sang-de-bourbes ) Ma mère est russe et mon père un pur british, enfin moins je le vois, mieux je me porte… Et ma mère : Natalia ne travaille pas, mon paternel est patron d’entreprise… Je garde très peu de contacts avec eux. Excuse-moi je dois t’ennuyer avec mes histoires…

Emmy s’interrompit car que pouvait-elle dire de plus sur sa famille. Bien sur elle aurait pu parler de sa vie à Poudlard, qui était devenu sa deuxième maison et son refuge. Elle aurait pu lui parler de ses amis ou des passages secrets qu’elle connaissait par cœur mais elle n’en fit rien et se contenta de garder un silence, esquissant un sourire. Ils continuèrent à marcher ensemble, leurs pas se marquant dans la neige dans un bruit de crissement. Les arbres et la nature commençaient à devenir de plus en plus sombres. La demoiselle prit donc sa baguette et en fit jaillir une petite étincelle qui illumina leur chemin. Cette baguette était a présent leur seul moyen de suivre le chemin jusqu’au château et donc d’échapper a une nuit a la belle étoile. Espérons que la vieille bourrique en rose ne sera pas leur comité d’accueil…

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Parfois le silence s’accompagne de regrets. Ce sont eux qui le rendent si lourd, trop dense pour les épaules les plus frêles. Les regrets sont des remords qui ne s’assument pas. Des fautes que l’on a chassées trop vite de nos esprits, enfoui sous la mascarade de la vie. On croit les avoir enterrés et ils reviennent, pleins de force et de haine, vous frapper quand l’on s’y attend le moins. Ou alors on pouvait vivre avec ses regrets. Les laisser ternir le soleil et habiter la brume des cœurs les plus joyeux. Personne n’en était protégé alors pourquoi forcément se battre, protéster, chercher à garder la tête hors de l’eau ? Le monde du silence était de loin le plus beau. Et peu importait qu’il faille rejoindre la surface ou mourir. Oui, peu importait.

Emmy bafouillait. Elle se débattait pour ne pas sombrer, même si les regrets dans ce cas précis étaient minimes. Et Cyril la regardait faire, partagé entre la pitié et l’indifférence. Après tout, elle ne l’avait pas fait exprès. Elle ne l’avait pas même blessé. Il portait sa propre douleur qui ne dormait jamais. La Poufsouffle n’avait été qu’elle-même. Pourquoi s’en excusait-elle seulement ? Ce n’était pas comme si elle pouvait être quelqu’un d’autre. Le regard du serdaigle devint alors légèrement moins froid. Il hocha la tête. Pas pour accepter ses excuses mais parce qu’il n’en avait pas besoin. Il savait qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions.

« Pas de mal. »

C’était la seconde fois qu’il disait ces mots mais visiblement, son interlocutrice avait besoin qu’on les lui répète. Peut-être avait-il fait ce qu’il fallait (ce qui était plutôt rare. En général il se trompait et parlait surtout quand il fallait se taire.). Ou pas. Toujours était-il qu’elle commença à parler d’elle. Poliment, Cyril lui accorda un peu d’attention. Elle avait une jolie voix, mélodique, rêveuse, une voix d’artiste, très différente de celle de Sarah ou de Tsuyosa. Et en quelques secondes à peine, il en apprit beaucoup. Ainsi, elle était née de moldue. Comme lui. Mais ça personne ne le savait évidement. Elle lui avait déjà parlé de ses origines russes mais pas de sa dispute avec son père. Pourtant…

« La famille c’est tout ce qui reste quand le monde vous tourne le dos. »

Il avait parlé d’une voix neutre, presque automatiquement. Ses yeux couleur de pluie interrogeaient les flocons. Lui-même n’avait que peu de contacts avec ses parents. Juste ce qu’il fallait pour qu’ils ne s’inquiêtent pas. Il savait que son père et sa mère avaient très peur de le perdre comme Sarah. Il savait également qu’il n’y avait rien qu’ils ne feraient pour lui. Pourtant, Cyril n’aimait pas spécialement ses géniteurs. Il avait oublié ce sentiment avec tous les autres lorsque sa sœur s’était éteinte. Il les respectait. Il appréciait leur discrétion et leur soutient silencieux. S’il avait un conseil à donner à Emmy, c’était de ne pas tourner les dos aux siens. Cela dit, il ne connaissait rien de son histoire. Juste que la mère s’appelait Natalia, était mère au foyer, et que le père avait sa propre entreprise. Ce qui n’expliquait pas le reste.

Emmy alluma sa baguette et Cyril l’imita d’un informulé. Les deux rayons bleus perçaient les ténèbres naissantes et le silence retomba. Encore. Mais cette fois, le serdaigle avait comprit. Emmy était de celles qui avaient peur du silence.

« Fille unique ? »

Les arbres au dessus de sa tête formaient un chapeau d’ombres diverses. Cyril pouvait rester là des heures, jusqu’à ce que Tsuyosa, un préfet ou Ombrage le retrouve. La grande inquisitrice ne lui avait jamais vraiment cherché de noise anyway. Elle était plutôt du genre à le prendre pour un simple d’esprit. Et comme il lui obéissait toujours, il n’avait jusqu’ici pas eu d’ennuis.

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Les deux élèves se promenaient calmement sur le sentier obscur comme si ils étaient seul au monde ; comme si Poudlard s’était évanouit dans la forêt. Il faisait froid et Emmy prenait des couleurs écarlates : son nez et ses joues étaient à présent rose vif. La neige continuait de tomber sur le lit de feuilles mortes qui étaient maintenant totalement recouverte. Emmy divaguait dans ses pensées lorsque le jeune Serdaigle lui répondit avec simplicité qu’il n’y avait pas de mal. La septième année se sentit alors mieux, elle l’avait cru, peut-être n’avait-elle pas été si maladroite ? Dans tout les cas elle ne voulait pas y revenir, elle ne voulait pas balader le couteau dans la plaie ! De toute façon, chacun avait ses secrets et chaque familles ont leur secrets dont personne ne souhaite vraiment parler ni même les entendre.
Ils continuaient tout deux dans le silence, leur baguette dans les mains, seul guide dans se labyrinthe d’arbres. La forêt semblait dormir profondément comme si la neige, le froid et la nuit étaient le marchand de sable de l’immense parc poudlardien. Après quelques pas dans la neige, le silence fut de nouveau rompu par Cyril :

-La famille c’est tout ce qui reste quand le monde vous tourne le dos.

Voila les quelques mots du sixième année. Emmy garda un grand silence, elle était bouche-bée. Elle n’avait jamais vu les choses de cette manière là. Vers qui se tournerait-elle si tout le monde lui tournerait le dos ? La pouffy n’en savait strictement rien… Un brin de panique l’envahit, soudain ses poumons lui faisaient mal. Comment pourrait-elle se tourner vers ses parents ? Comment pourrait-elle se tourner vers un père tyrannique, violent ? Comment pourrait-elle se tourner vers une mère soumise à souhait qui n’avait jamais su au fond la protéger ? La demoiselle se sentait à présent désespérément seule, seule dans cette forêt, seule dans son cœur, simplement seule… Le silence se faisait de plus en plus lourde, Emmy ne savait plus quoi dire mais enfin elle répondit :

-De toute façon je n’ai plus de famille…

Emmy avait dit ça sans vraiment réfléchir. Elle aurait souhaitée être détachée de cette souffrance, de ce manque, de cette solitude mais ce n’était pas du tout le cas. Elle ne voulait pas lui expliquer, elle n’avait jamais expliquée cela à personne alors pourquoi lui racontait ? C’était son secret même si de nombreux élèves de sa maison s’étonnaient de la voir rester si souvent a Pouldard, lors de chaque vacance ainsi que des week-ends. De plus la septième ne recevait presque jamais de courrier ; mais personne ne lui posait beaucoup de questions. La jeune fille commença à partir dans un flux de pensées, elle repensait à son enfance, aux cicatrices qui marquaient encore son corps. Elle repensait aux soirs, seule dans son lit, tellement seule.
Soudain ils aperçurent le château, il se dessinait entre les arbres : majestueux dans son habit de pierre noires. De là où ils étaient, les deux élèves pouvaient distinguer la grande horloge ainsi qu’un énorme vitrail. Emmy posa les yeux quelques instants sur le château mais de nouveau la conversation reprit. Le serdaigle lui demanda si elle était fille unique. La septième année lui répondit donc :

-Oui je suis fille unique, mon père n’a pas souhaité réitérer l’expérience d’avoir une pisseuse, ça aurait été un nouvel échec personnel !

Un instant, la jeune fille se stoppa, elle ne sait pas pourquoi elle s’était arrêter mais elle restait comme une statue de marbre. Les flocons lui trempaient ses cheveux d’or. Elle tremblait sans qu’elle ne sache si ça venait d’elle ou du froid. A présent, elle ne souhaitait qu’une chose : partir, fuir, remonter dans son dortoir, se mettre dans le noir et dormir jusqu’au lendemain en pensant que tout ça n’était pas vraiment réel. Elle planta ses yeux saphir dans ceux du sixième année puis elle reprit avec un sourire faux :

-On devrait se dépêcher, sinon Ombrage va nous trouver et je peux te dire que si elle te trouve avec moi tu va avoir des sacrés ennuis !

Alone…

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Souffrance, colère, rébellion. Amour et haine. Tous ses sentiments ne faisaient qu’un. On n’était vraiment blessé que par ceux que l’on laissait entrer dans nos cœurs. Les autres ne faisaient que passer, aussi éphémères qu’une piqûre d’insecte. Seuls les proches savaient distiller le poison qui rongeait l’âme et déversait sa bile dans les tripes. L’estomac qui se noue, les larmes qui montent aux yeux, les poings qui se serrent. Les muscles qui tremblent de ne pouvoir fracasser l’autre, et cette envie de puissance, de violence et de mort qui monte en soi.

Il y avait tout ça dans une simple phrase. Plus de famille. Cyril en avait-il une encore ou était-elle morte en même temps que sa sœur ? Difficile à dire. Lui n’avait pas vécu cette douleur, cette souffrance. Il l’avait vue chez son père qui se dressait contre la fatalité. Sa mère pleurait beaucoup. Lui… Il ne se souvenait plus bien. Il avait simplement coupé le lien. Plus de sentiments, plus de peine. Plus de haine. Plus de joie non plus, mais c’était le prix à payer.

La bonde était lâchée et, à défaut de coups, c’étaient des torrents de mots qui frappaient Cyril derrière son visage de marbre. Emmy frappait, frappait, et frappait encore sans vraiment s’en rendre compte. Elle déversait ses doutes, sa colère, sa haine. Sans viser particulièrement le serdaigle qui l’écoutait, non, elle avait juste besoin de parler, de laisser sortir cette peine particulière. Et pourtant, si peu de mots avaient été articulés. Quelques mots, tant d’images.

Elle s’arrêta soudain et se figea, comme frappée par la glace. Cyril la regardait, impassible comme à l’accoutumé. Ne montrant ni compassion, ni sévérité. Il ne la jugeait pas. Il ne la comprenait pas non plus, comment aurait-il pu ? Lui qui ne savait pas ce qu’était que la colère, la honte ou tout autre sentiment de la même force. Elle tremblait. Si destructrice, si violente, si humaine au fond. Sans s’en rendre compte, l’adolescent fit un pas vers elle. Calmement, comme si une force obscure le poussait à agir. Puis un autre. Et sans un mot, il l’enlaça, la protégeant de ses longs bras fins, la laissant – si elle le désirait- poser sa tête sur sa poitrine, là où personne n’avait entendu battre son cœur depuis tant d’années. Il n’y avait rien à dire. aucun mot ne pouvait mettre du baume sur cette blessure, il le sentait instinctivement même s’il ne savait absolument pas pourquoi – outre le fait que son père n’ai pas accepté son sexe – elle manifestait une telle violence. D’ailleurs, cela ne l’intéressait pas. Pourquoi. Peu lui importait de comprendre, c’était du domaine de Tsuyosa. Lui se contentait d’observer la vie. De la voir passer autour de lui sans le toucher. Conscient qu’il n’en faisait plus partie.

Le temps passa, et le vent emporta la crise et les larmes intérieures loin des cœurs humains. Il sécha d’un souffle les brasiers de la colère, ne laissant plus que deux adolescents perdus dans la neige, à l’ombre d’un grand château. Emmy releva la tête, plongeant un moment ses yeux saphirs dans ceux plus clair de son cadet. Pluie et spahir se mêlèrent. La pluie froide et sèche, le saphir peut-être un peu troublé encore. Rien n’était moins sur.

Un sourire pour effacer les peines. Et une phrase quelconque, tellement banale pour retourner dans le présent. Cyril hocha la tête. Il comprenait. Le moment était passé, il fallait maintenant s’occuper de l’avenir. C’était ce qu’ils faisaient tous, n’est ce pas ? Laisser le passé de côté. Dommage qu’il en soit incapable.

Toujours sans un mot, le serdaigle suivit sa condisciple vers le château. Il ne pressa le pas que pour rester à ses côtés. Ombrage ne lui posait pas de soucis. Elle se contentait de lui ordonner de retourner dans son dortoir, un peu comme s’il était un demeuré pas bien méchant mais dur à la comprenette. Et lui obéissait, silencieux, parce qu’ici ou ailleurs, au fond, ça lui était bien égal.

[HJ : je te laisse clore totalement si tu veux, j’espère que je n’ai pas trop interprété. Cyril voit les choses parfois différemment des autres mais ne t’en fais pas, il n’est pas légilimens, il ne sait absolument pas ce qui t’es arrivée. Si tu veux que j’édite ou que tu n’éprouve pas le besoin de poster à la suite, envoie un MP à Cadfael Gynn ap Nudd, il verrouillera le topic.]

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[HJ : J’ai donc conclu ce topic ! J’ai adoré faire un rp avec toi ! Ton dernier post était très beau. J’espère qu’on pourra faire d’autres rp ensemble !]

La haine et la colère était depuis si longtemps dans son cœur ; depuis si longtemps que chaque jour était un combat. Emmy se battait contre elle-même : pour ne pas craquer et pour faire en sorte que cette colère et ses regrets ne reprennent pas le dessus. Il fallait faire taire chaque jour ses envies d’en finir, ses envies de dormir pour l’éternité, ses envies de ne plus rien ressentir… Mais la vie, l’impulsion de vie qui l’habitait devenait de plus en plus forte. La vie continue coûte que coûte car la vie était le plus beau cadeau du monde. La jaune et noir avait de la chance d’être ici et elle remerciait sincèrement la petite fée qui l’avait faite découvrir ce monde. Un monde de magie où tout semble possible, où chaque chose est une surprise. Malheureusement ce monde qu’elle avait connu semblait peu à peu se troubler, des forces bien plus grandes qu’elle ne pouvait penser se mouvait dans l’ombre…

Emmy était toujours arrêter au milieu du chemin recouvert d’une neige d’un blanc éclatant. Son cœur lui faisait mal, elle haletait : l’oxygène lui manquait. Pourquoi son corps lui faisait ça ? Maudite bête ! Elle aurait voulu se vider du poids de son cœur : dire tout sans tabous mais voilà le barrage que la demoiselle s’était construite, au fond d’elle-même, était très solide. Soudain sans qu’elle ne puisse rien comprendre, elle se sentit enlacer dans les bras du jeune serdaigle. Emmy fut soulager de son geste, elle posa donc sa tête contre le torse du jeune homme. Leur cœur battait vite et un large sourire se dessina sur les lèvres gercées de la poufsouffle. Elle écoutait son cœur qu’elle savait meurtri, blessé : pourtant il ne lui avait pas dit, il n’avait rien révéler mais lorsqu’on plonge ses yeux dans ceux d’un autre il y a des choses qui vous saute aux yeux… La douleur se lisait dans ses yeux …Malgré tout, le geste de Silver l’avait vidée de toute la colère qui bouillonnait l’instant d’avant dans son ventre. Le temps sembla s’arrêter pendant un instant puis l’étreinte se desserra.

-Merci… dit- elle dans un murmure

Les deux jeunes gens se remirent en route. Le silence était prégnant mais Emmy se sentait mieux. Elle se força à oublier tout ce qu’elle avait vécu l’espace de quelques minutes, juste le temps de revenir au château. Il fallait revenir au présent, il fallait revenir à la vie. L’obscurité se faisait de plus en plus épaisse mais Emmy n’avait pas peur. Elle appréciait la neige qui tombait dans un murmure ainsi que le vent qui faisait voleter ses cheveux et qui faisait danser les arbres. Les ombres étaient multiples autour des deux amis mais notre Emmy n’y faisait pas attention. Elle se sentait ailleurs mais elle aurait voulu dire quelques choses. Malheureusement elle n’avait rien à dire, la jaune et noir aurait voulu dire qu’elle savait que lui aussi il avait mal. Mais elle ne dit rien et ensemble ils continuèrent à marcher.
Enfin ils arrivèrent devant le château : Pouldard se dressait majestueusement dans ses pierres froides. Emmy adorait son école ! Elle jeta un regard à Cyril et lui souria gentiment.

-Voilà je crois que ce sont ici que nos chemins se séparent ! J’espère que nous nous reverrons bientôt… Passe une bonne soirée !

Emmy posa une dernière fois son regard sur le serdaigle puis s’envola dans un coup de vent. Elle se sentait plus légère et beaucoup mieux. A cette heure-ci elle avait loupée son cours d’Astronomie mais peu lui importait. Demain elle se ferait surement remonter les bretelles mais pour l’instant la jeune femme se rendit dans sa salle commune. Il y avait déjà quelques personnes à l’intérieur mais Emmy ne s’arrêta pas et monta directement dans son dortoir. Elle s’allongea dans son lit et s’endormit tout simplement comme si tout cela n’avait été qu’un songe…

The End

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