Le capitaine posa sa plume pleine d’encre sur son support. Voilà maintenant quelques longues minutes qu’il fixait d’un regard vide son parchemin sur lequel quelques gouttes d’encre noire étaient tombées aléatoirement. Il n’arrivait tout simplement pas à trouver les idées ou l’inspiration pour son devoir de métamorphose. Ce n’était pas faute d’essayer ou de faire des efforts. Mais il n’y parvenait toujours pas, et l’ambiance sombre qui régnait dans le château ne l’aidait en rien à se concentrer sur son travail scolaire. Les petits déjeuners étaient calmes et tous regrettait leurs années passées. Il passait aussi beaucoup moins de temps à faire de la musique. Il trouvait cela, hors contexte et ne se sentait plus de faire s’élever de jolies mélodies dans le parc du château. C’était triste, mais il avait trouvé autre chose à faire. Il s’était davantage plongé dans ses cours, était maintenant Capitaine de l’équipe de Quidditch et ne comptait absolument pas perdre cette année. Il mettait aussi un point d’ordre à aider tous ceux qui en avaient besoin sur son chemin, pour peu qu’ils l’aient mérité. Il aidait les jeunes nouveaux venus, terrifiés à l’idée de se rendre en classe des Carrows. Il soutenait les membres de cette nouvelle maison et ne ratait jamais une occasion d’envoyer des piques sur ceux qui les tourmentaient. Et de temps en temps, il se retrouvait dans la volière et parlait avec sa chouette. Il lui disait ce qu’il avait sur le cœur, il lui parlait de ses inquiétudes, de son angoisse et surtout, de sa peur. De sa peur, oui. Il avait peur, peur de perdre ceux qu’ils aimaient. Ils avaient peur de ce qui n’était pas encore arrivé mais qui pouvait se passer. Il n’appréciait pas se brouillard qui se trouvait devant eux. Même Peeves étaient plus calme ces temps-ci, c’est pour dire.

Son regard s’était encore perdu mais l’ouverture de la porte donnant sur la salle commune lui fit reprendre ses esprits. L’air hagard, il observa Céleste entrer. Le Gryffondor évitait d’ordinaire sa compatriote comme la peste, ou presque. Il fallait dire que cette demoiselle aux cheveux clairs avait bien failli l’étriper la dernière fois qu’ils avaient passé une après-midi ensemble, autant dire que le jeune homme a bien compris sa leçon : Cheveux clairs, jolie bouille, Gryffondor qui s’appelle Céleste, on change de couloir. Mais cette fois-ci, le poursuiveur était fatigué de l’éviter sans arrêt. Et puis, il y avait bien plus terrifié maintenant que le regard noir que la jeune femme lui lançait lorsqu’ils se croisaient. D’un air détaché et sans vraiment faire attention à ce qu’il faisait, Jimmy rangea tous ses documents ensembles. Il ne renversa rien, pas de verre d’eau ni de jus de citrouille ou d’encre. Il avait bien compris la leçon de la dernière fois.

-Salut !

Il accompagna ces mots d’un petit signe de la main pour finir d’attirer l’attention de la lionne.

-Je sais qu’on est pas trop sur… la même longueur d’onde tous les deux.. Mais.. Euh…

Il cessa un instant de parler et supporta son regard lourd de sens. Par les sous-vêtements de Merlin, lui en voulait-elle encore de ce qui c’était passé l’an dernier ? Un verre d’eau sur un parchemin, ce n’est tout de même pas une raison suffisante pour jeter au coupable un regard de tueur après tout ce temps. Il reprit avant de lui laisser le temps d’en placer une.

-Ecoute. Je suis vraiment, mais vraiment désolé pour ton devoir de la dernière fois. Mais, tu ne penses pas qu’il faut passer à autre chose ? Je veux dire, t’en es pas morte… Si ?

En temps normal, il aurait souri. Mais ce mot avait le don de le rendre triste et mélancolique. Il ne contenta donc de supporter le regard de sa camarade tout en espérant une réponde de sa part. Une réponse agréable, de préférence.

Il espérait de tout cœur que la lionne allait accepter d’enterrer la hache de guerre. Hache qu’elle portait d’ailleurs toute seule, puisque le lion était bien trop lionceau, pour chercher à argument contre la tempête que la blonde pouvait être. Mais la phrase que la jeune femme lui lança rapidement lui arracha un soupir de soulagement. Elle n’allait donc pas lui écraser la tête avec une poêle ou avec un gros devoir qui faisait quelques dizaines de centimètres. Quel soulagement cela produisait dans l’esprit du jeune homme. La demoiselle continua en expliquant que, de toute façon, ce n’était qu’un devoir de botanique et que ce n’était surement pas là-dedans qu’elle allait faire carrière. Un léger sourire étira les lèvres du Gryffondor qui se permit alors de lancer une petite blague.

-Que dis-tu, tu n’as pas envie de faire pousser des Mandragores aux chants si doux qu’ils t’envoient tout droit dans les bras de Morphée ?

Evidemment qu’elle n’avait pas envie. Il n’y avait guère que Neville pour être si attirer par les plantes et toutes les choses bizarres qui s’en rapprochaient. Céleste tendit alors sa main pour que Jimmy la sert. Il aimait bien ce genre de chose, cela donnait une dimension officielle et importante à ce renouveau d’amitié. Sourire léger aux lèvres, il lui serra la main.

-Ami.

Le gryffondor bus une gorgée du jus de citrouille qu’il gardait toujours avec lui lorsqu’il travaillait, un moyen parmi tant d’autres pour se donner du courage puis reporta son attention sur la demoiselle en face de lui.

-Dis-moi, Céleste. Tu penses pas qu’on devrait faire quelques choses pour nos compagnons qui ont dû changer de maison .. ?

Il parlait notamment de Jude, avec qui il avait une relation particulière. Mais il parlait aussi de tous les élèves qui ont dû quitter leur chaleureuse maison pour rejoindre la dernière arrivée. Il ne posait pas cette question pour simplement discuter et éviter un silence gênant. Il avait besoin de savoir sur qui, au sein même de sa maison, il pouvait avoir confiance. Peut-être que Céleste allait lui expliquer que les Carrow’s étaient ses meilleurs amis, mais le capitaine de Quidditch en doutait.

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