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[26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres.

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Octave Holbrey
PERSONNEL DE POUDLARDBibliothécaireModo tentaculaire
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MessageSujet: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyDim 9 Oct 2016 - 0:28

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 22:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyLun 10 Oct 2016 - 23:56

Elle s'était levée ce vendredi matin, une sourde douleur lui transperçant le poignet droit. Grimaçante, elle s'était redressée violemment, s'adossant à la tête de lit tout en maintenant son poignet serré contre sa poitrine. Sous l'effet de la douleur électrique, elle avait fermé les yeux, serrant les dents afin de retenir à grand peine un glapissement de douleur, relativement peu classe. Finalement au bout de plusieurs minutes, celle-ci s'était enfin estompée et Cassidy s'était levée afin de se diriger vers une étagère en vieux bois. Sans la moindre hésitation, elle s'était emparée d'un flacon contenant un liquide rosé, de sa propre composition : Infusion de Rosée de lune, associée à des écailles de Synancée. Cette préparation personnelle ayant reposé pendant cinq jours  ; la durée réglementaire ayant été établie par Burouit en 1756 afin de neutraliser les effets d'ingrédients venimeux, pouvait donc être consommée désormais, le venin imprégnant les écailles ayant été dilué par la décoction. Après avoir vidé le flacon, Cassidy s'était emparée de sa baguette magique reposant sur sa table de chevet, et avait fait apparaître un bandage imperméable afin de limiter les vibrations ressenties dans le poignet et de l'immobiliser, afin de permettre à la potion d'agir au mieux.

Depuis son escapade en Sibérie en la charmante compagnie du professeur Rogue il y avait cinq jours de cela, l'état de son poignet préalablement cassé, avait empiré. Bien que les os eurent été ressoudés grâce à une ingestion rapide de Poussos, la douleur s'était réveillée, lancinante, au point de la tirer de son sommeil de plomb plusieurs fois par nuit. Souhaitant éviter toute complication médicale, la jeune femme s'était alors droguée aux philtres anti-douleurs, avant de songer à expérimenter cette préparation sur elle-même. Dangereux ? Peut-être bien... Mais en attendant, elle n'avait pas pu continuer ainsi. Se basant sur les propriétés des écailles de poisson-pierre lui ayant été enseignées en Inde, et celles de la Rosée de Lune, ayant été découvertes par Cliodna ; druidesse irlandaise, au Moyen-Âge, la jeune femme avait choisi de tenter le tout pour le tout, se refusant à se rendre à l'infirmerie, et encore plus de demander conseil au professeur Slughorn, ou au professeur Rogue qui se seraient certainement posé bien trop de questions. Bien entendu, elle avait pris mille-et-unes précautions en se renseignant dans de nombreux ouvrages de botanique et de potions et même de magie médicale, croisant les informations et les données collectées au cours de nombreuses recherches de chercheurs. Aussi, procédant de manière logique, elle avait rapidement éliminé les combinaisons dangereuses d'ingrédients issus de matières végétales ou animales, noté les éventuels effets indésirables de certains dosages. Précision. Précision et rigueur avaient été ses maîtres mots. Aussi, elle avait soigneusement sélectionné la Rosée de Lune dont l'une des propriétés, à savoir celle anesthésiante, permettait de neutraliser les vomissements pouvant être provoqués par les écailles. Entre le cours particulier de Rogue, ses recherches intensives à la bibliothèque, les cours de soutien qu'elle donnait à des êtres dépourvus de cervelle mais non d'hormones tels Inoue dont la simple vue de ses yeux bridés avait le don de lui taper sur le système, la Rowle n'avait pas eu énormément le temps d'avancer dans ses recherches sur l’Élixir de Longue Vie. Les dernières informations qu'elle avait collecté remontaient à la nuit du vingt-trois, mais avaient été grossièrement interrompues par l'arrivée d'un paon envoyé par Mère Holbrey. Il fallait qu'elle rattrape son retard, aussi la blonde s'était ensuite précipitée sous la douche, afin de se réveiller entièrement.

Bien vite, une odeur caractéristique avait envahi la petite salle de bain adjacente à la chambre, imprégnant le moindre tissu pouvant s'y trouver. Le lys, mais pas n'importe quelle espèce, non. Une espèce caractéristique des Indes. En effet, c'était l'un des rares signes discrets trahissant l'attachement de la Rowle pour son pays natal et la culture dans laquelle elle avait baigné durant vingt ans. A son arrivée en Angleterre, la jeune femme avait du détruire pratiquement tous ses effets personnels aux caractéristiques hindoues, afin de lui prouver son dévouement et son reniement des apports maternels. Bijoux, vêtements, livres, photographies ou encore musiques, tout avait été détruit, annihilé par un feu magique qui étai sorti de sa propre baguette sous le regard attentif de son père. Tout... à l'exception de quelques photos ou encore vêtements qu'elle était parvenue à dissimuler. Cassidy n'avait pas renoncé à l'Inde, non. Et des signes discrets tels que son shampoing aux extraits naturels de Lys oriental pouvait en témoigner. Le Lys, plante herbacée particulière appartenant à la famille des liliaceae regroupant également le narcisse, le muscari, le muguet de mai, la jacinthe ou encore la tulipe, était particulier tant au niveau du symbolisme que de son apparence, en passant par ses effluves spécifiques. Soit on l'appréciait, soit on le détestait en raison de son odeur enivrante pouvant être dérangeante pour certaines personnes à la sensibilité trop exacerbée. Il ne pouvait guère y avoir d'entre-deux. Le Lys oriental quant à lui, possédait quelques spécificités telles que la taille immense des fleurs aux pétales d'un rouge orangé parsemé de petites tâches mouchetées dans les tons mauves, connues par seuls quelques spécialistes occidentaux ou par les natifs d'Inde. De culture un peu plus délicate que le Lys asiatique, il était cependant également plus sophistiqué. Les fleurs ne s'ouvraient qu'en été et possédaient six tépales, composés de trois pétales, et trois sépales identiques. Quant à leur pistil imposant situé au centre de la trompette composée par les tépales, c'était bel et bien ses étamines qui étaient à l'origine de ce parfum si puissant.
Si l'odeur du shampoing était si prononcée et avait pour spécificité de ne pas s'évaporer telles les odeurs de synthèse aux propriétés chimiques, cela était du au fait que la fleur de Lys oriental dont l'odeur était encore plus forte que celle du Lys de la Madone, avait été plongée dans l'huile, y macérant pendant plusieurs semaines afin de capturer l'odeur de la fleur, à la manière des techniques utilisées en parfumerie moderne. En effet, si le Lys de la Madone faisant partie de ces fleurs dites " muettes " en raison de l'impossibilité d'extraction d'essence ou d'absolue, ce n'était pas le cas du Lys oriental, chose que peu de floriculteurs savaient. De ce fait, lorsque la jeune femme sortit de la douche, se sécha rapidement avant d'appliquer un lait hydratant à la cannelle - épice typique d'Inde - et se dirigea ensuite vers son armoire afin de se vêtir, les effluves enivrantes la suivirent au travers de la pièce, à la manière d'un parfum entêtant et entêté.

Il fallait qu'elle travaille, qu'elle avance sur son mémoire. Sa matinée s'était avérée libre, aussi une fois habillée, l'apprentie potionniste s'était dirigée vers la bibliothèque afin de se plonger dans son sujet. Arrivée devant la porte, elle y était entrée silencieusement, saluant Octavius d'un somptueux regard glacé, avant de filer au fin fond de la pièce, hors de sa vue afin d'avoir une chance de pouvoir se concentrer.

A présent, s' étant entourée d'ouvrages plus ou moins anciens et de parchemins relatant des travaux scientifiques dont l'ancienneté faisait peine à voir, Cassidy travaillait. Elle avait sorti l'ancienne plume noire de Rogue et du parchemin, avant de se plonger dans sa lecture. Le destin semblait enfin s'être décidé à être clément envers elle, la laissant travailler en paix et progresser dans les lectures compliquées qu'elle s'était elle-même imposées depuis qu' Horace Slughorn semblait s'être mis en tête de l'éviter comme la peste. Pendant plusieurs heures, elle n'avait pas levé le nez, et personne ne s'était aventuré à venir la déranger, jusqu'à ce que midi ne sonne, la tirant de son travail acharné. Le premier coup de pendule la fit violemment sursauter, allant jusqu'à la faire faire une énorme bavure sur son parchemin, tout en le perçant violemment. Pestant, Cassidy releva ses yeux couleur tourmaline et observa les alentours... Vides. Désespérément et totalement vides. Les élèves avaient du partir déjeuner. Reposant sa plume, la jeune femme se permis un étirement exemplaire tout en fermant les yeux. Merlin, ce que cela faisait du bien ! Une fois ce plaisir accordé, sorcière plia bagage et s’apprêtait à évacuer les lieux lorsqu'elle s'immobilisa. La bibliothèque était vide. Trop vide. Octavius n'était plus là... alors qu'il devait pertinemment savoir qu'elle n'était pas ressortie depuis son arrivée. Elle en était certaine, le sens de l'observation du bibliothécaire était presque, sinon autant accru que le sien. La blonde fronça les sourcils, se figeant, le regard rivé sur le bureau en bois. Quelque chose clochait. Jamais Octavius ne l'aurait laissée seule ici en pleine conscience, s'il n'avait pas eu l'intention de préparer quelque chose. La semaine avait était calme, dangereusement trop calme... Depuis le temps, il devait non seulement s'être rendu compte qu'elle était à l'origine de la mascarade de la bibliothèque, mais aussi qu'il lui manquait plusieurs vêtements qu'elle ne lui avait toujours pas rendu. Pas qu'elle compte les garder en souvenir ou en trophée, non, mais la blonde ne parvenait ni à trouver le temps pour les lui restituer, ni la manière de le faire. Le visage légèrement plus pâle que d'ordinaire, Cassidy s'approcha de l'antique bureau en bois de chêne. Ce dernier, d'un style plutôt vintage, était légèrement surélevé par un piédestal et était composé d'un large espace de travail et de sept tiroirs. Avec mille précautions, parce qu'elle ne tenait pas à avoir à rembourser les ouvrages, elle déposa les livres qu'elle comptait emprunter sur le livre répertoriant les emprunts laissé ouvert au centre, manquant par la même occasion de faire tomber les deux piles de livres reposant sur le côté gauche du bureau, mais aussi la lourde montre de table reposant au centre. Pestant, elle les rattrapa de justesse et parvint à les repositionner comme si rien ne s'était passé. Lentement, elle fit le tour pour venir s'installer dans le fauteuil du bibliothécaire, et manqua d'y disparaître tant le moelleux du fauteuil était... moelleux. Merlin, comment pouvait-il supporter un siège comme celui-ci ? La blonde se redressa avec brusquerie, et se saisit de la plume bordeaux provenant vraisemblablement d'un basilic mâle, qui reposait sur son socle positionné en haut à droite du bureau, avant de dénicher un parchemin vierge. Rageusement, elle y inscrivit rapidement de son écriture fine et serrée, les titres des différents ouvrages qu'elle emportait, ainsi que la date du jour. Afin d'agrémenter le tout, elle y apposa uniquement son nom de famille, suivit d'un C. - au cas où il viendrait à la confondre avec Elyas -, refusant de lui donner accès par écrit à l'intimité que renfermait son prénom qu'il s'était si rapidement approprié le soir de leur dernière rencontre. Une fois ceci fait, la blonde jeta un coup d’œil à la tasse finement décorée contenant un fond de liquide noir impossible à identifier. Prudemment, elle en huma les effluves avant de froncer le nez. Du thé. Préférant nettement le café noir à ce breuvage aqueux, Cassidy s'en détourna et rassembla ses affaires avant de sortir de la bibliothèque pour rejoindre ses cachots.

Tout de suite, elle senti que quelque chose... dérangeait. L'atmosphère était étrange. Dans les airs, une odeur particulière planait, ressortant excessivement à cause de l'humidité ambiante des cachots. Cette odeur... lui était familière mais il lui était impossible d'en retrouver l'origine, comme si son cerveau cherchait à la préserver du traumatisme incroyable que cela pouvait représenter. Fronçant les sourcils, la sorcière dont les bras débordaient d'ouvrages, sortit avec difficulté sa baguette de sa poche et s'empressa de lever les sortilèges de protection hindous qui protégeaient son intimité avec tant de loyauté. D'un pas franc, elle entra et se rendit directement au petit bureau de bois sur lequel elle laissa tomber les livres dont le poids total devait rivaliser avec le sien. Une fois ceci fait, elle se laissa tomber en arrière, sachant exactement la distance à laquelle sa chaise était censée se trouver par rapport à son bureau. Lorsque ses bras battirent de chaque côté de son corps tentant vainement de se raccrocher à une quelconque prise et que ses fesses rencontrèrent durement le sol glacé, la Rowle comprit qu'il y avait un problème. Un vrai problème. D'une ampleur inquiétante. Vivement, elle se redressa en grimaçant et se retourna afin de constater que la chaise avait bougé de sa trajectoire habituelle, étant située légèrement plus à gauche que d'ordinaire. Néanmoins, ce changement avait été suffisant pour provoquer sa chute. Les yeux crépitants tels des lasers, la jeune femme sonda la pièce de son regard clair, passant le moindre recoin aux rayons X. La première chose à attirer son attention fut son lit. Vivement, la blonde se dirigea vers ce dernier et l'inspecta du regard avant de frôler les draps froissés du bout des doigts. Quelqu'un s'était allongé ici, elle en était certaine au vu des plis irréguliers et des creux formés par le matelas dont la qualité laissait tant à désirer qu'il épousait la forme de n'importe quelle chose présente sur ce dernier. Prudemment, la blonde se pencha et huma l'odeur se dégageant de l'oreiller. Toujours cette odeur familière, la même qu'elle venait de détecter dans le couloir.

Alors qu'elle se redressait, les souvenirs lui revinrent tandis que sa mémoire se déverrouillait brusquement. Cette nuit... Le Mangemort... Les buissons... Ses bras autour de sa taille, la plaquant contre son torse avec force. Holbrey. Le poulpe humain. Il était parvenu à entrer ici. Sous le choc, la jeune femme recula de plusieurs pas, se plaçant au centre de la pièce, à distance de tout mobilier comme ci ce dernier s’apprêtait à lui sauter à la gorge. Il lui sembla soudainement que cette odeur qui le représentait, un mélange de noix fraîche et de parfum typiquement masculin, empreignait la totalité de la pièce, se matérialisant tel un brouillard des plus opaques. Retenant sa respiration depuis plusieurs secondes déjà, s'étant mise automatiquement en mode apnée lorsqu'elle avait compris qu' Octavius était entré, Cassidy finit par reprendre une grande bouffée d'air, avec la désagréable impression de respirer son parfum tant celui-ci lui paraissait prégnant alors qu'il n'en était rien puisque l'on sentait davantage l'odeur de Lys que celle du bibliothécaire. Lentement, le corps de la sorcière se remit en mouvement. Le figement était terminé, il fallait inspecter les dégâts. Alors qu'elle s'avançait vers le bureau, un elfe de maison se matérialisa au centre de la pièce. Encore sous le choc, Cassidy ne sursauta guère, se contentant de tourner lentement la tête vers la petite créature tremblotante.

- C'est pour quoi ?
- Miss Rowle, on a demandé à Winky de remettre ces paquets à Miss Rowle, en mains propres.

C'était quoi encore cette histoire ? Rogue avait-il décidé de lui accorder la couette qu'elle escomptait ? Préoccupée, la blonde lui désigna le lit.

- Pose le là-dessus.

L'elfe ne bougea pas d'un pouce, se tortillant sur place, visiblement mal à l'aise. Une flamme brûla dans le regard de la Rowle dont les nerfs étaient à fleur de peau.

- Qu'attends-tu ?
- ... Les ordres qu'a Winky reçu sont formels Miss Rowle. Winky doit remettre les deux paquets à Miss Rowle, en mains propres.

Prête à exploser, la jeune femme parvint de justesse à se contrôler et s'approcha rapidement de la créature tremblotante. Vivement elle lui tendit les bras, dans lesquels l'elfe déposa avec précaution les deux paquets, avant de disparaître aussi vite qu'elle était venue, trop heureuse d'être encore en vie. Rageusement, Cassidy laissa tomber les paquets sur le sol, s'en désintéressant totalement. Il y avait plus grave à gérer pour le moment. Il était entré. Comment avait-il fait d'ailleurs ? La porte ne possédant pas de clé, il était impensable qu'il ait pu trouver une chose n'existant pas, et cette dernière était constamment protégée par des sortilèges hindous qu'elle avait volontairement mis en place dès son arrivée. Ces sortilèges, en raison de leur exotisme, ne pouvaient être levés à l'aide d'un simple "Alohomora". Impossible. Tandis qu'elle réfléchissait intensément, ses yeux clairs observaient les dégâts subtils qu'avait provoqué le bibliothécaire, la plaçant dans un inconfort hors paire puisqu'elle était là reléguée au rang de spectatrice passive et impuissante face à une catastrophe qui n'avait rien de naturel. Il avait du vouloir récupérer ses vêtements, ça devait être ça. Vivement, elle se dirigea vers son armoire et arrivée devant cette dernière, sa main s'arrêta à quelques centimètres de la poignée. Peut-être s'était-il planqué dedans ? Ou alors... Y avait-il placé quelque chose pouvant lui bondir au visage ? Un hibou furax ? Le paon familial ? Sa main suspendue dans les airs finit par s'abattre violemment sur la poignée et l'armoire s'ouvrit en grand. Vide. Vide de toute intrusion. Ses vêtements étaient là, à leur place... Au premier regard, rien ne paraissait avoir bougé. Toutefois, tout avait bougé. Subtilement, sournoisement. L'espace entre les cintres sur lesquels reposaient ses robes avait été réduit, ses sous-vêtements dépliés puis repliés, de même que certains de ses chemisiers. Lentement, la jeune femme s'accroupit et écarta les vêtements afin d'accéder au fond de l'armoire et de constater qu'en effet, les habits masculins qu'elle avait roulé en une boule peu élégante, avaient bel et bien disparu. Leur propriétaire était venu les récupérer, mais... - elle se redressa - qu'avait-il emporté d'autre ? Lui avait-il dérobé quelque chose en retour ? Il était impossible de le savoir tant il semblait avoir touché à tout. Merlin...

- Cass'... respire. Calme-toi Cass... Calme...

Tout avait bougé. Il s'était approprié l'entièreté de son domaine alors qu'elle, ne s'était intéressée qu'à sa penderie. D'un mouvement violent, elle envoya balader les livres sur le sol, faisant s'envoler les parchemins remplis de notes qu'elle gardait sur son bureau. L'un d'entre eux atterri à ses pieds et lorsqu'elle se pencha pour le ramasser, son regard fut attiré par une sorte de petit graffiti en bas de page. Fronçant les sourcils, elle se redressa, la feuille à la main, avant de constater l'étendue des dégâts "HO". Holbrey Octavius. Merlin, le voilà qui avait signé son oeuvre, son méfait inquisiteur. Visiblement, il n'était pas venu ici uniquement dans le but de récupérer ses affaires, non. Cassidy ferma les yeux en inspirant profondément, laissant son bras retomber le long de son corps. Il s'était vengé, et en beauté. Elle avait eu tord de penser qu'après une semaine peut-être se serait-il calmé... Non seulement il s'était introduit ici alors qu'elle pensait que cet endroit était impénétrable, pour récupérer son dû, mais il était allé plus loin. Bien plus loin. Il la poussait clairement à la paranoïa. Torture psychique. Bien joué Holbrey... Bien joué. Je ne suis pas la seule à maîtriser cet art de toute évidence... Comment était-il entré ? Était-ce la première fois ? L'avait-il déjà observée en secret lorsqu'elle dormait ? Sous la douche ? Avait-il lu ses notes ? Humé ses vêtements ? Bavé sur son oreiller ? Peut-être avait-il emporté des sous-vêtements, ou même certaines potions ?
Lentement, Cassidy déposa la feuille sur le bureau et se dirigea vers la salle de bain, une boule dans la gorge. En poussant la porte, ce fut trop. Un sentiment de vide l'envahi, provoquant tout d'abord un figement digne des statues de marbre grecque. Puis, secondairement, l'explosion suivit. Violente. Intense.

- शिट ! बंद बकवास Holbrey !!

La trace d'un baiser sur le miroir central de sa coiffeuse. Un trace rouge. Rouge vif. Tel un amour passionné et dévorant... Ou tel que pouvait l'être le sang. L'intrusion était splendide, d'autant plus que la trace des lèvres colorées était venue se superposer à celles de son reflet. Le baiser l'avait embrassée. La perspective et les dimensions avaient été parfaites. Hasard ou plan soigneusement calculé ? Elle ne le saurait jamais. Retour à l'envoyeur. Cette intrusion ultime au sein de sa personne provoqua la déverrouillage de la porte hindoue maintenue fermée en elle depuis des années. La série de jurons prononcée dans cette langue aux tonalités chantantes vint la trahir, révélant au grand jour son appartenance au monde oriental. En une fraction de seconde, Cassidy rejoignit la coiffeuse et effaça de son poing gauche rageusement la trace parfaite et insolente des lèvres impertinentes. C'était plus qu'elle ne pouvait en supporter. Les veines battaient le long de ses tempes tandis qu'elle examinait avec minutie l'étendue de dégâts. Instinctivement, sa main se porta vers son mascara. Ce dernier n'était plus refermé à fond comme elle avait l'habitude de le faire. Le serrage du bouchon n'était qu'approximatif. Ecoeurée, la Rowle laissa retomber le tube de matière noire sur la surface claire comme si ce dernier l'avait brûlée. Il avait été loin, tellement loin. Bien pire qu'elle. S'en était-il rendu compte ? Elle n'en était même pas sûre tellement le brun avait pour sale habitude de reléguer les limites à ne pas franchir au second plan. Et là en l’occurrence, il était allé bien trop loin. Une boite à bijoux ayant été déplacée vers le milieu de la table attira ensuite son attention. Tu n'es pas à ta place toi... Précautionneusement, elle l'ouvrit et contempla son contenu à distance, interdite à l'idée qu'il ait pu porter la main sur ses effets personnels. Les bijoux renfermés au sein de ce coffret étaient pour la plupart occidentaux. Nombre d'entre eux ; les plus raffinés et somptueux telles ces boucles d'oreilles Harry Winston serties de quatre émeraudes taillées en poires, entourées de cinquante-quatre diamants, lui avaient été offerts par son père. D'autres, en argent, beaucoup plus simples mais néanmoins délicats et élégants étaient des cadeaux qu'elle avait reçu à l'occasion de ses anniversaires et provenaient majoritairement de ses amis, à l'exception de certains d'entre eux qu'elle s'était elle-même offerts. Néanmoins, il y avait dans cette boite une chose qu'elle n'aurait jamais dû avoir en sa possession... D'une main légèrement tremblante, Cassidy en sorti une fine bague en argent, ornée de lapis-lazuli... Pierre typiquement hindoue. Ce bracelet avait appartenu à sa mère. Sans le savoir, Octavius venait de profaner une partie d'elle profondément enfouie dont personne n'avait idée de l'existence. Espérant de tout cœur qu'il ne soit guère un fin connaisseur des pierres, et ainsi qu'il n'eut pas fait le rapprochement entre ce bracelet et l'Inde, la Rowle reposa le bijou à sa place et referma la boite qu'elle replaça à sa place initiale ; en haut à droite, à côté d'une barrette à cheveux en or jaune, sertie d'un rubis grenat, lui ayant été offerte par son père pour son vingt-et-unième anniversaire.
Ses prunelles turquoises désabusées tombèrent ensuite sur le tube de rouge à lèvres qu'il avait si librement utilisé et laissé ouvert au milieu de la table. Doucement, elle s'en saisit et l'observa silencieusement. Ce rouge à lèvres était l'un de ses préférés bien qu'elle ne le porte qu'en de rares occasions en raison de sa couleur très prononcée. Pourquoi avait-il fallu qu'il se saisisse de ce dernier précisément comme s'il avait lu en elle ? Violemment, elle le précipita dans la poubelle avant de se lever... et de déraper sur le tapis qui n'était pas censé se trouver là. Grinçant des dents, elle poursuivit son inspection en ouvrant la douche. L'odeur de Lys était plus prégnante que jamais, signe que le flacon de shampoing avait été ouvert il y a peu. Par la barbe de Merlin... Il s'était introduit jusqu'à ses origines. Cette pensée lui fit l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. Vacillante, l'apprentie potionniste referma la douche, prise d'une nausée. Elle se retint au mur pour ne pas tomber, à cause du vertige qui venait de l'envahir brutalement. Elle avait envie de vomir. Vomir sa colère, son angoisse, ses mille-et-unes interrogations qui ne cessaient de bourdonner dans ses oreilles, accentuant ce sentiment de malaise. S'était-il brossé les dents avec sa brosse à dents ? Avait-il usé de sa douche et de sa sortie de bain ?

Tout en regagnant lentement la pièce principale encore sous le choc, la blonde massait son poignet endolori par les heures de prise de notes. Se dirigeant vers son lit, elle leva sa baguette magique vers ce dernier et aussitôt les draps ainsi que la taie d'oreiller s'envolèrent dans les airs avant de retomber sur le sol en un petit paquet blanc. Satisfaite, elle ramassa les deux paquets que lui avait apporté l'elfe, avant de regagner ce dernier et de s'y asseoir, les boites sur ses genoux. Froncement de sourcils. Ce n'était clairement pas une couette, d'autant plus qu'il y avait une enveloppe cachetée par accompagnant les paquets. Jamais Rogue ne se serait donné cette peine pour lui faire porter une couette. Essayant de retrouver un semblant de calme, Cassidy ouvrit la missive et déplia le parchemin de ses doigts fins encore quelque peu tremblants.

Spoiler:

Effectivement, deux boîtes y étaient jointes, l’une de taille considérable mais fine, et l’autre qui semblait être un étui à chaussures. La première était nouée en son centre d’un ruban noir, mâte et fin, serré au milieu. L’intérieur était tapissé de rouge saturé, et un papier de soie replié, de la même teinte, recouvrait la robe. Une carte était posée là où les pans de papier se rejoignaient et étaient maintenus par une pastille noire d’adhésif ; cette dernière était signée par L’Wren Scott. La robe, longue et étroite, faisait partie de sa collection d’été inspirée par les œuvres de Klimt, ce qui expliquait le motif circulaire hypnotisant qui descendait en miroir le long de l’axe central, donnant l’impression de volutes de fumée stylisées à la japonaise. Les courbes géométriques étaient cousues en appliqué d’un tissu noir satiné, presque métallisé, sur une étoffe aux reflets sombrement cuivrés. L’ensemble, épousant les courbes du corps avec grâce, était d’une sombre élégance, subtile tout autant que captivant, d’autant que sa simplicité était palliée par un jeu de coutures en profondeur et dont l’étoffe chatoyante rehaussait l’illusion. Au fond de la boîte, il y avait un collier, tout aussi cuivré que la robe, mais beaucoup plus imposant aussi. Se fermant à la base de la nuque, il suivait le cou avant de s’ouvrir sur le buste jusqu’aux épaules, telle une énorme queue de paon, en imitant le motif par des pièces dorées, reliées entre elles par des chaînes dont le dessin était rigoureusement régulier. L’aspect archaïque et sculptural du bijou s’alliait cependant parfaitement à la robe dont il imitait la couleur et y donnant une allure beaucoup plus luxuriante.

La deuxième boîte était d’un beige éclatant, signée sur le couvercle d’un « Christian Louboutin, Paris » à la main. L’intérieur était également rouge, point pas souci de beauté, mais parce que c’était le signe distinctif de ce créateur. Les souliers étaient sculpturaux, d’autant plus vertigineux et félins que rehaussées par une plateforme conséquente. La paire se nommait Marlenalta et subjuguait par ses courbes renversantes, accentuées par un talon de 150 millimètres qui se prolongeait en une languette arrondie, faite pour épouser le mollet et aider au maintien. Une bride de velours, à la courbe élégante, partait de la pointe du soulier discrètement ouverte et tissait un lien gracieux en croisement jusqu’à sa fermeture sur le côté du mollet. C’était du veau velours, d’un noir profond qui contrastait avec la célèbre languette d’un rouge vif et poignant qui longeait la semelle sur toute la longueur, du bout, passant par la cambrure et jusqu’à la gorge du talon. Le tout, même si pas au goût de tous, témoignait d’un travail de grande qualité, fruit de beaucoup de savoir-faire et d’une dévotion à l’art sans équivoque.*


Froissement du papier. Froissement... Que dis-je ? Déchirement. Anéantissement. Violemment, la blonde se leva et se mit à déchiqueta la missive en mille morceaux tout en hurlant dans sa langue maternelle des paroles fleuries et délicates dont personne n'aurait voulu avoir connaissance. Les chaussures décolèrent dans les airs avant d'aller s'écraser contre l'un des murs de la pièce. C'était trop... trop. Trop... Irreprésentable... Au point qu'elle n'avait même plus les mots pour exprimer son ressenti. Les émotions se bousculaient en elle, provoquant un véritable feu d'artifice interne. Lentement, la jeune femme se laissa aller sur le sol, entraînant avec elle la robe qu'elle haïssait déjà. Elle aurait tant aimé pouvoir se redresser, la tête haute et le regard fier. Porter un jean et des baskets. Arriver en retard ou même ne pas s'y rendre. Faire fi de son autorité comme il se plaisait à dénier son identité. Entre ses mains, Cassidy n'existait plus pour elle-même. Pas de choix, pas de pensée. Juste de l'obéissance, pure et dure. Soumise, passive, contrôlable. Dépendante. Seul son père possédait ce pouvoir sur elle, ce qui expliquait qu'en dehors des griffes de ce dernier, son caractère et sa personnalité s'étaient développés aux antipodes de ces caractéristiques. La tête penchée vers l'avant, ses longs cheveux masquant son visage aux traits fins, la Rowle craqua. Pour la première fois depuis bien longtemps. Ce n'était pas tant la lettre reçue qui avait provoqué cela, que son assemblage avec l'effraction dont ses appartements avaient été victimes. Une accumulation de tension, d'angoisse, faisant finalement exploser la soupape de sécurité qui lui permettait d'avancer chaque jour. Vivienne Holbrey lui avait-elle écrit finalement afin de lui révélé ce qu'il s'était passé aux Trois-Balais ? Était-ce pour cette raison qu'il la convoquait si soudainement usant du prétexte de vouloir avoir des nouvelles concernant ses progrès ? Progressivement, sa vue se brouilla, lui ôtant encore davantage ses maigres repères. Le fleuve allait déborder, les digues commençaient à céder. Vaine fut la lutte. Quelques secondes plus tard, deux larmes débordèrent de ses prunelles turquoises. Ce furent les seules, mais ce fut déjà trop pour elle. Rageusement, la blonde les essuya rapidement, ne leur laissant pas le temps de rejoindre la courbe délicate de sa mâchoire, avant de se lever et de rejoindre son lit défait. Là, elle se roula en boule, dans une position quasi-fœtale, et s'endormit en l'espace de quelques minutes, se protégeant dans une dernière tentative désespérée, en se réfugiant dans le monde des songes.

*******

Une douce lumière dans les sous-tonds rosées vint la tirer des bras de Morphée. Papillonnant des paupières, les yeux finirent par s'ouvrir lentement, avant de se refermer. La lumière provenant des bougies n'était guère vive non. Simplement, Cassidy n'avait guère envie de se sortir de ce sommeil sans rêve, reposant, dans lequel elle avait sombré durant plusieurs heures. Plusieurs... heures ? Vivement, les paupières s'ouvrirent en grand pour ne plus se refermer. Bondissant hors du lit, la jeune femme encore vacillante se précipita dans la salle de bain. Dans son élan, elle se mangea maladroitement l’encadrement de la porte, ce qui la fit lâcher un glapissement de douleur tandis qu'elle attrapait sa montre posée sur le rebord du lavabo. Fébriles, les doigts féminins durent s'y reprendre en deux fois afin de parvenir à la tenir dans le bon sens. Vingt-heure quinze. Par le slip de Merlin. Il n'y avait pas une minute à perdre. Rapidement, la blonde se déshabilla, protégea ses cheveux de l'eau par un sortilège et entra dans la douche. A peine quelques minutes plus tard, elle sorti de celle-ci comme une furie et se précipita sur sa sortie de bain. Une fois sèche, elle se munit d'un soutien-gorge noir sans bretelles afin de pouvoir faire honneur au bustier de la robe que son cher père avait sélectionné, et d'un tanga aussi fin que possible dans la mesure où l'étroitesse de la robe ne lui permettrait clairement pas de revêtir un dessous dont les coutures auraient été trop saillantes. Un peu moins nue, Cassidy se décida à enfiler la robe qui glissa le long de son corps comme-ci elle avait été cousue sur elle, telle une seconde peau. D'un geste brusque, elle se saisit de l'imposant collier qu'elle referma dans sa nuque, sans plus de cérémonie, ne prenant même pas la peine de le considérer. Les pièces froides ne tardèrent pas à se réchauffer au contact de sa peau encore brûlante suite à la douche bouillante qu'elle venait de prendre. Refusant de se confronter à son reflet, la jeune femme recouvrit immédiatement ses épaules nues de son long trench d'un vert profond à col mandarin, dont la jolie longueur arrivant à la hauteur des chevilles paraissait lui donner quelques centimètres supplémentaires non superflus. Ceci fait, Cassidy alla ramasser les chaussures gisant au pied du mur contre lequel elles avaient étaient explosées quelques heures plus tôt, et en vérifia la pointure. Trente-cinq. Il ne s'était pas trompé. Soupirant, la blonde les enfila rapidement avant de constater non sans une certaine surprise, que le confort dû à la plateforme plutôt importante, était impressionnant. Se relevant, la jeune femme retourna à la salle de bain afin de se coiffer. Son père aimait choses élégantes et sophistiquées. La simplicité pour lui, n'avait d'égale que la médiocrité, aussi ne pouvait-elle décemment pas se contenter de porter les cheveux longs, sans le moindre apparat. Face à son reflet, l'apprentie laissa échapper un petit soupir tout en passant sa main bandée dans son épaisse chevelure aux reflets chatoyants. Bandée ? Vivement, elle retira les bandes blanches et bougea son poignet droit avec précaution. Aucune douleur. Bien. Ses pupilles revinrent se concentrer sur son reflet. Qu'allait-elle bien pouvoir faire de ses cheveux ? A cause de l'humidité ambiante, ils avaient cette fâcheuse manie d' onduler, ce qui déplaisait fortement à son père, néanmoins... elle n'allait sûrement pas lui faire le plaisir de les lisser. Hors de question. Petite rébellion. Ses doigts agiles se mirent alors en route. Elle savait quoi faire, et cela plairait sans conteste au sorcier. Rapidement, les doigts féminins commencèrent à tresser, inlassablement, à une vitesse tout juste croyable. Coiffure compliquée basée sur un divin mélange de tresse en épi partant du côté du crâne, se prolongeant par la suite dans le dos, intégrée dans une fishtail floue et lâche d'où s'échappaient quelques mèches. La tresse réalisée, la blonde ramena cette dernière en un chignon flou et bas, découvrant partiellement la nuque. Bien. Satisfaite, la Rowle fixa le tout à l'aide de quelques épingles, et l'agrémenta de la barrette qu'il lui avait offerte pour son vingt-et-unième anniversaire.

Rapidement, elle se dirigea ensuite vers sa coiffeuse et s'y assit. L'heure était au maquillage. Une simple poudre minérale rehaussée d'un bush corail discret suffit pour le teint, elle n'avait pas l'intention, ni le besoin d'en faire davantage. Fronçant les sourcils, Cassidy s'empara ensuite du mascara d'un noir profond et - tentant s'ignorer le fait que le poulpe humain l'avait eu en mains quelques heures auparavant, s'en appliqua le long des cils en faisant des petits zigzagues de façon à éviter les paquets, démultipliant ainsi leur intensité et accentuant leur longueur - déjà naturellement évidente - de façon significative. Pour les lèvres, la jeune femme sélectionna un rouge profond, mat, tirant subtilement sur un doux marron, afin de rappeler l'éclat grenat du petit rubis ornant sa barrette. Enfin, elle orna ses oreilles de boucles élégantes aux perles nacrées, et entrepris de passer à son majeur gauche une bague représentant un serpent à l’œil serti d'un minuscule éclat de rubis, en train de se mordre la queue. Inutile de se parfumer, l'odeur de Lys que dégageait encore sa chevelure se suffisait à elle-même. Sortant de la salle de bain, la jeune femme se munit d'une pochette en velours noire, sobre mais néanmoins élégante, y plaça diverses affaires nécessaires à sa survie ; potions anti-douleur, baguette, gants, et autres petites choses dont elle avait le secret, et sortit des cachots tout en prenant soin de verrouiller sa porte une nouvelle fois, bien qu'elle ne fut plus tout à fait certaine de l'efficacité de ses sortilèges.

La nuit froide et claire vint la cueillir lorsqu'elle ouvrit la double porte principale en chêne, et une fois hors de l'enceinte de Poudlard, la Rowle transplana... pour atterrir en plein milieu du boulevard londonien faisant face au Lanesborough hotel dans lequel Andreas lui avait donné rendez-vous. Manquant de se faire percuter par une Ferrari 458 d'un noir métallisé, elle parvint de justesse à rejoindre le trottoir, la nausée habituelle l'envahissant soudainement. Toutefois, n'ayant pas mangé le midi, son estomac était heureusement complètement vide. Risquant un œil à l'horloge éclairée surplombant le paysage grisâtre, Cassidy expira. Il était exactement vingt heures cinquante-sept, elle serait pile à l'heure et Merlin savait à quel point Andreas savait apprécier la ponctualité. Montant les marches, les portiers ouvrirent les doubles portes devant elle afin qu'elle puisse pénétrer tranquillement dans le hall. Si l'endroit était incontestablement somptueux, la jeune femme n'y fut absolument pas sensible, comme si elle portait des œillères invisibles venant entraver son champ de vision. Concrètement, elle aurait pu entrer dans un burger que cela aurait eu la même espèce d'importance à ses yeux, tout simplement à cause de la présence de son hôte, et du contexte de cette soirée à laquelle elle l'avait pas choisi de se rendre. La contrainte avait le don de faire pourrir tout ce qui la frôlait. Aussi, elle n'eu aucune réaction étonnée ou émerveillée lorsqu'un maître d'hôtel s'approcha d'elle afin de la débarrasser de son long manteau.

- Vous avez réservé Miss ?
- Mon père s'en est chargé, indiscutablement. Au nom de Rowle.

Consultant le registre, le sorcier acquiesça avant de l'inviter à le suivre tandis qu'il la conduisait à la table réservée. Traversant la pièce immense au sein de laquelle dînaient majoritairement des sorciers d'un certain âge vêtus de leurs plus beaux apparats, la Rowle ne prêta guère attention aux regards divers se tournant vers elle.

- En vous souhaitant une agréable soirée Messieurs-dames.

Le maître d'hotêl se retira alors, dégageant la vue. Père et fille se dévisagèrent un instant, avant que les prunelles vert d'eau de Cassidy ne dérivent vers un invité mystère - troisième personne dont le visage lui était totalement inconnue. D'une trentaine d'année, l'homme s'était levé à son arrivée, accompagnant le mouvement d'Andreas qui se dirigeait déjà vers elle. Le spectacle commença. Souriante, la jeune femme s'approcha à son tour de son paternel.

- Bonsoir père.
- Cassidy, ma chère fille ! Quel plaisir de te revoir.

Père et fille, dont la ressemblance était véritablement frappante, s'embrassèrent une fois, avant qu'Andreas n'invite son invité à s'approcher. Le tenant par l'épaule, il fit les présentations.

- Antoine, je vous présente Cassidy, ma fille dont je vous ai parlé à maintes reprises. Cassidy, voici Antoine Lacroix, l'un de mes plus fidèles clients par delà les frontières, puisque la noble famille Lacroix vient de France.
- Miss Cassidy, c'est un véritable plaisir pour moi de pouvoir enfin mettre un visage sur ce prénom, déclara le brun s'inclinant légèrement en saisissant délicatement sa main afin d'en frôler le dos en un parfait baisemain. Permettez-moi de dire que vous êtes absolument splendide.
- Tout le plaisir est pour moi Monsieur Lacroix, je vous remercie pour ce compliment.

Elle aurait tout donné pour être ailleurs.

- Laissez-moi vous aider Miss, déclara-t-il en la guidant vers la chaise qui lui était réservée, avant de la lui pousser délicatement au creux des genoux.
- Je vous remercie.

Au secours. Tandis que le français regagnait sa place, le regard de la blonde dériva vers la table voisine. Des jeunes, enfin, plus ou moins. Six, ils paraissaient bien s'amuser eux, profiter de la vie avec une innocence grotesque, faisant fi de la guerre qui se profilait. Silencieusement, la jeune femme contempla les visages un à un, notant leurs spécificités, lorsque tout à coup... Boum. Le vide. Béant. Choc intergalactique, la propulsant à des années lumières des paroles que son père était en train de prononcer. Ce n'était pas possible. Son esprit épuisé devait lui jouer des tours. Détournant le regard, Cassidy reporta son attention sur ce qu'était en train de raconter Antoine.

- ...age dans votre formation Miss, et bien entendu, suite à la suggestion intéressante de votre père, je pourrai éventuellement envisager cette possibilité.

Hum ? Quoi ? Que racontait-il le mangeur de grenouilles ? Se basant sur le peu qu'elle avait pu entendre, la jeune femme tenta une réponse évasive.

- Hum... C'est en effet intéressant, mais pouvez-vous m'en dire davantage ?

Un sourire aimable ornant son visage, Antoine s'empressa d'accéder à sa demande, tombant dans le panneau.

- Bien entendu Miss... Cassidy. Voyez-vous, votre père m'a parlé de votre modification de la potion de régénération sanguine dont vous êtes parvenue à retourner les effets. Bien que ce soit tout à fait fascinant, et également intéressant au vu de votre jeune âge, il me semble que cette modification ne laisse des traces visibles sur le corps de la victime. En tant que potionniste, je pourrai éventuellement collaborer avec vous en vous recevant lors d'un prochain stage. Ensemble, nous pourrions échanger nos connaissances et travailler main dans la main afin d'affiner cette potion. De plus, Andreas m'a dit que vous étiez actuellement apprentie à Poudlard ? Quel est le professeur qui vous encadre ?
- Le professeur Slughorn

Andreas se laissa aller à un petit rire.

- Slughorn Cassidy ? Tu n'étais pas censée avoir ce bon Severus ? Celui avec qui Aloïs ne s'entendait pas ?
- Le professeur Rogue n'enseigne plus puisqu'il a pris la direction de Poudlard, Père. C'est donc Horace Slughorn qui a récupéré la direction de la maison Serpentard et le poste de professeur de potions. De ce fait, c'est lui qui est censé m'encadrer.

Andreas fronça les sourcils.

- Censé ?
- Disons... qu'il ne se sent guère rassuré en ma compagnie.
- Et donc ?
- Il... m'évite.

Un rire franc les interrompit.

- Comment peut-il être effrayé par une charmante jeune femme telle que vous Cassidy ? C'est véritablement grotesque et couard.
- Ce n'est pas de moi dont il a peur Antoine, mais de ce que représente le nom de Rowle pour quelqu'un comme lui. Slughorn a le sang-pur et a toujours refusé de rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres.

Lentement, le français hocha la tête tout en versant trois coupes de champagne.

- Bien entendu, suis-je idiot...

Oui.

- ... Pour en revenir au sujet principal, voici ce que je vous propose ; venez avec moi en France durant les vacances de la Noël pour un court stage de trois semaines. Cela nous permettra de travailler ensemble et de mettre en place les bases de notre future collaboration. Cela ne pourra que vous servir à l'avenir. En France, mon nom est tout aussi connu que le votre en Angleterre.

Comment se dépêtrer de cette affaire ? Cassidy porta le verre en cristal à ses lèvres et en avala une petite gorgée, faisant tourbillonner les petites bulles dans sa bouche.

- Et vous ? Qu'est-ce que cela vous apporterait Monsieur Lacroix ?

Ce dernier lâcha un petit rire de contentement tout en se retournant vers Andreas à qui il s'adressa dans un français inaccessible à la blonde, qui détourna de nouveau son attention vers la table voisine. Un instant, son regard turquoise croisa le regard malicieux de l'homme brun aux côtés de... citrouille. C'était bel et bien Octavius. Un instant, elle manqua de recracher le champagne qu'elle avait en bouche. Sur le coup, elle avait mis cela sur le compte de la fatigue. Perception déformée, esprit fatigué. Mais non. C'était lui, en chair et en os, vêtu de ses plus beaux habits et sirotant ce qui semblait être... Un champagne... Mais pas n'importe lequel... C'était celui qu'il avait commandé le soir de leur sortie improvisée. Tranquillement, gobant ses framboises comme un bienheureux, il bavassait dans une langue étrangère à laquelle elle ne comprenait strictement rien, avec la blonde à ses côtés. Pour la parler ainsi, avec cette fluidité, cette rythmicité et cet accent si parfait, il devait avoir des origines, ce qu'elle ne lui avait jamais soupçonné auparavant. Hum... Cette langue avait des consonances relatives aux pays de l'Est... Polonais ? Bulgare ? Ou... peut-être Russe ? Tout en le fixant du coin de l’œil, la jeune femme retint mentalement cette information supplémentaire à son sujet. L'avait-il vue ? La jeune femme n'en avait pas la moindre idée, mais le simple fait de le savoir ici, savourant son champagne avec une tranquillité déconcertante à quelques mètres d'elle, suffit à raviver la flamme crépitante de son regard. Serrant ses doigts contre le cristal, la blonde le fusilla de son regard clair. La soirée ne faisait que commencer. Il allait payer. Comment ? Elle n'en avait pas la moindre idée à vrai dire, d'autant plus que la présence de son père l'empêchait totalement d'agir comme elle aurait aimé le faire, à savoir aller l'agripper par le col si blanc de sa chemise qui ne le représentait décidément guère, avant de le traîner de force dans les toilettes et de lui plonger la tête dans la cuvette afin de faire taire son bavardage incessant qu'elle ne comprenait pas, et de décimer ses sourires en coin. Tandis qu'elle rêvassait, la sorcière surpris de nouveau un regard insistant de la part du brun aux allures efféminées... Rivant son regard transperçant dans le sien, elle le scruta, étudiant ses traits avec attention. Froncement imperceptible de sourcils. Ce visage... et ces manières... ne lui étaient pas inconnues. Où et quand avait-elle donc pu être amenée à le croiser ? Tandis qu'elle avalait une nouvelle lampée d'alcool, la lumière se fit dans son esprit, venant apporter une nouvelle étincelle à ses yeux - comme si ces derniers n'en possédaient pas déjà assez. Ce mec... était serveur... au Wizard's Gay Bar. Lentement, le visage de la jeune femme pâlit tandis que la connexion s'établissait dans son esprit, et aux vues de l'air malicieux ornant ses lèvres masculines, il savait. Octavius avait du tout lui raconter.

Lentement, la jeune femme expira afin de tenter de réduire la tension qui remontait déjà en elle, avec toute la puissance d'un thermostat déréglé. Fusillant l'homme efféminé et le poulpe humain du regard, elle se força à détourner les yeux, afin de tenter de suivre la conversation animée entre son père et Lacroix. Du français. Elle n'y captait strictement rien, mais faisait tout comme, pour ne plus à avoir à supporter les regards des deux pestiférés. Progressivement, son regard se noya dans le vague tandis que son esprit quittait les lieux, bercé par la musique aux tonalités étranges qui envahissait la salle et les silhouettes de quelques couples dansant au loin sur la piste de danse.


*Un grand merci à mon cher Octavius pour la rédaction de cette lettre, le choix de la tenue et cette description que je n'ai pas retouché, ne voulant rien dénaturer.
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Octave Holbrey
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 12 Oct 2016 - 17:46

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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 19 Oct 2016 - 20:51

- Et vous ? Qu'est-ce que cela vous apporterait Monsieur Lacroix ?

Il avait laissé échappé un petit rire tout en la couvant du regard, avant de se détourner d'elle jetant une œillade complice à Andreas, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Là, il s'était engagé dans une discussion dont elle ne pouvait saisir la teneur des propos puisqu' Antoine avait eu l’extrême obligeance et le bon goût de s'exprimer en sa langue maternelle, le français, dans une tentative délibérée de la tenir à l'écart de la conversation. Andreas lui répondit dans un français impeccable, l'ayant appris dès l'Université, voulant devenir conférencier à l'international, présentant ses travaux de potionniste dans différents pays. Aussi le français faisait-il partie de ces langues qu'il maîtrisait sur le bout des doigts, et ce, sans la moindre trace d' accent inélégant.

Elle s'était alors détournée à son tour, avant d'apercevoir Octavius, et de prendre conscience que c'était bel et bien lui. Pas une hallucination - perception sans objet à percevoir, ni même une illusion, non. La réalité objective, pure et dure, indépendante d'elle. Son esprit fatigué ne lui avait pas joué un mauvais tour. Il était là, tranquillement assis en chair et en os, bavassant gaiement avec ses invités, sa fougue légendaire empreignant son visage d'un éclat de vie le rendant on ne pouvait plus attirant. Déjà si soigné habituellement revêtant le plus souvent des costumes trois pièces dont elle soupçonnait certains de provenir de  l'esprit de grands créateurs et des mains de tailleurs réputés, en cette soirée conviviale, son style paraissait encore plus travaillé, en accord avec ce décor d'une qualité exemplaire - il fallait tout de même le reconnaître. Un costume d'un bleu assez foncé, n'ayant rien à voir avec les yeux dont la couleur glacée rivalisait avec celle des eaux polaires de son père, possédant un certain brillant qui n'aurait pas été à n'importe qui. Tout le monde ne pouvait tenir la route avec une telle matière, mais la jeune femme du reconnaître que le bibliothécaire devait bel et bien faire partie de ces rares personnes pouvant se permettre de porter tout et n'importe quoi, sans que cela n'enlève quoique ce soit à leur charme naturel. Était-ce sa personnalité tellement peu conventionnelle qui lui permettait de parvenir à mettre en valeur le plus original des vêtements possédant une coupe non réglementaire, ou dont le textile aurait suffit à faire fuir les trois quarts de la population londonienne ? Peut-être y avait-il de cela, en effet. Hormis cette abominable cravate framboise, faute de goût monumentale. Sans surprise, une chemise blanche à la coupe slim - cintrée - recouvrait son torse venant souligner subtilement sa silhouette élancée et redessiner les muscles qu'il possédait - elle le savait bien pour avoir eu le plus grand bonheur d'habiter son corps. Ses yeux de jade brillant d'une lueur éternellement narquoise, tout comme son intelligence vive pouvait l'être, s'étaient à leur tour fixés dans les siens, semblant la défier de prononcer un seul mot à son égard, ou encore de venir lui mettre une tarte. Condamnée au silence, les lèvres éperdument closes, comme soudées entre elles, Cassidy se perdit alors quelques secondes dans des rêveries perverses en s'imaginant se lever tranquillement de sa chaise, se diriger d'un pas félin et élégant vers lui en prenant soin d'ignorer royalement la tablée, se pencher délicatement dans son dos, par dessus sa carrure masculine tout en venant glisser ses mains fines et délicates le long de ses pectoraux, venant froisser le tissu parfait de sa chemise parfaite. Rapprocher ses lèvres maquillées de son cou. Venir emplir les narines de l'homme par le parfum de fleur envoûtant dégagé par sa chevelure. Déposer un tendre et voluptueux baiser à la lisière de sa peau, venant tâcher le col français de chemise immaculée de rouge, avant de l'étrangler délicatement avec la chaînette de sa montre à gousset.

Rêveries, ô douces rêveries libératrices de tension. Depuis longtemps la Rowle devant se conformer à ce qu'on attendait d'elle, avait appris à évacuer la tension autrement, notamment en se perdant dans des rêveries de ce type. Cassidy laissait échapper un petit soupir de contentement lorsque les verres des deux hommes se rejoignirent dans un joyeux tintement sonnant quelque peu macabre aux oreilles de la blonde, qui dans un geste tout aussi précis qu'élégant, repositionna une petite mèche blonde ondulée au sein du chignon bas et légèrement asymétrique qu'elle portait. Tandis que les doigts féminins experts s'enfouissaient dans la chevelure blonde, se prêtant à la tâche avec une facilité déconcertante, elle ne vit pas Octavius se lever de la table voisine, et encore moins que ce vile mollusque ne se dirigeait pas vers les toilettes pour hommes, mais bel et bien vers les cuisines du restaurant. Lorsque ses prunelles turquoises se dirigèrent de nouveau vers la table voisine, elle ne rencontra que le regard regorgeant d'ironie de l'homme brun aux allures efféminées. Octavius avait disparu sans qu'elle ne le voit faire, ce qui provoqua à ses dépends, une légère crispation de sa main droite - crispation qui n'échappa guère à l’œil aiguisé de son père qui fronça les sourcils, et interrompit Antoine qui bavassait dans un français interminable d'un revers de main, pour la fixer droit dans les yeux.

- Cassidy ?

La jeune femme sursauta légèrement en entendant soudainement la voix de son paternel la rappeler à l'ordre. Vivement, son regard se détourna de la table voisine pour revenir sur les deux hommes qui la dévisageaient - un air interrogateur déformant légèrement les traits d'Antoine dont un sourcils insolent s'était relevé, tandis qu'un air contrarié empreignait les traits de son père dont le regard glacé s'était porté un instant sur son poignet droit, avant de revenir se figer dans les iris vert d'eau que sa fille avait hérités de sa mère.

- Oui, père ?
- Qu'as-tu au poignet droit ?
- Oh, rien de grave, ne vous inquiétez pas. Un petit accident lors d'un cours particulier que j'ai assuré il y a trois jours. L'élève a fait exploser son chaudron, et malheureusement à cause de la force de l'explosion, il m'a percutée de plein fouet et je suis tombée. Ce n'est qu'une légère entorse.

Tandis qu'elle racontait ce mensonge d'un ton parfaitement naturel et posé, du coin de l’œil, la jeune femme s'aperçu que non seulement les conversations avaient cessé à la table voisine, mais que certains visages s'étaient discrètement tournés vers eux. Ne pouvant risquer un regard trop appuyé, la sorcière reporta l'entièreté de son attention sur son père qui continuait de la fixer, l' air impénétrable.

- Une explosion, dis-tu ?
- Oui. Cet élève a eu la brillante idée de tenter d'innover en rajoutant sa propre salive dans la préparation d'un Philtre de paix.

Automatiquement, l'image d'Inoue lui était apparue, et elle s'en était servie de base, mêlant comme à son habitude, de la vérité à un mensonge, créant un subtil mélange d'honnêteté et de vilainies abominablement fausses, ancrant ainsi la chose dans la réalité. L'exercice, à ses débuts de mise en pratique, avait été difficile à assimiler. Certes, le concept était simple, une équation mathématique. Vérité + Mensonge. Là où la tâche s'était complexifiée à ses yeux, avait été de devenir capable de faire cette addition de manière dosée, l'équilibrant subtilement des deux côtés, de manière fluide et de l'énoncer de façon parfaitement adéquate avec le rythme et le ton singuliers de chaque conversation. Tout un art, dans lequel elle avait fini, à force de pratique, par exceller si bien que la plupart de ses magnifiques et subtiles transformations de vérités, passaient presque toujours inaperçues.

- De la salive dans un Philtre de paix ?, s'esclaffa Antoine tout en portant ses doigts bagués devant sa bouche afin de réduire la portée de son rire, mais ma chère, vous avez véritablement des buses à votre charge !
- Je ne vous le fais pas dire.

Andreas, quant à lui, garda le silence, tandis qu'Antoine se saisissait de cette occasion pour réintroduire la blonde dans la conversation.

- Pour en revenir à ma proposition, qu'en dites-vous ?
- Pour en revenir à ma question, qu'est-ce-que cela vous apporterait ?

A cette réplique, le jeune homme laissa échapper un rire amusé et échangea un bref regard avec Andreas, qui acquiesça d'un léger signe de tête.
Passant une main pâle sur le dessus de sa chevelure parfaitement domptée à l'instar de celle du bibliothécaire, frôlant ainsi le dessus de son crâne dans un geste se voulant distingué, l'homme se pencha vers elle, approchant sa mâchoire bien dessinée de son visage. Retenant un geste de recul, Cassidy resta campée dans la même position, telle une statue de marbre, dardant sur lui un regard glacial, entre ses longs cils noirs. Les lèvres charnues s'arrêtèrent à quelques centimètres de ses siennes, s'étirant alors en un sourire amusé. S'ouvrant légèrement afin de laisser entendre un petit ricanement, son souffle tiède vint caresser le visage de la blonde pendant quelques instants, avant qu'il ne se décide à se redresser, retrouvant son maintien altier.

- Puis-je savoir à quoi vous jouez Monsieur Lacroix ?, demanda-t-elle d'une voix glacée.

Ce dernier lui adressa un sourire charmeur, avant de se tourner vers Andreas qui n'avait pas esquissé un geste. Usant de nouveau du français, il lui confia d'une voix légèrement rauque :

- Étonnant. Vous aviez raison Andreas, j'ai eu tord de mettre en doute votre parole.
- Je vous avez prévenu Antoine, Cassidy est ainsi. Il y a en elle une part qui continue de défier l'autorité - aussi subtile soit-elle à déceler. Elle n'a pas reculé face à vous, pire, elle n'a même pas cillé. Voyez un peu la façon dont elle vous a répondu, observez son regard à la fois brûlant et glacé. Ce regard... c'est celui qu' il m'est arrivé de surprendre chez sa mère en de rares occasions. Vous disiez qu'elle me ressemblait, certes, Cassidy a tout d'une Rowle ; cette peau couleur ivoire, cette blondeur caractéristique. En revanche, ce qui la met en porte à faux avec moi, ce sont ses yeux, tant par leur couleur avoisinant celle de la tourmaline, que par leur expressivité., répondit ce dernier en usant également de la langue de Molière.

Lascivement, le français se tourna de nouveau vers sa voisine de table, dont le maintien quelque peu raide, trahissait son état interne.

- Très chère, veuillez m'excuser si je vous ai surprise, mais je voulais m'assurer par moi-même de ce que votre père m'avait confié à votre sujet, à savoir que rien ne vous faisait reculer.

La Rowle ne sourcilla pas, se contentant de fixer le français, tentant de radoucir progressivement son regard qui l'avait une fois de plus trahie.

- Cassidy a encore visiblement beaucoup de progrès à faire, notamment face à l'autorité, n'est-ce pas ma fille ?
- Oui père.

Elle se força à baisser les yeux, détournant ainsi son regard transperçant vers le menu ouvert face à elle. Si ses yeux avaient eu le don de lancer des éclairs bien réels, ce dernier se serait sans aucun doute enflammé sur le champs.
Alors qu'elle s'efforçait de déchiffrer un menu diablement complexe, une voix légèrement nasillarde mais sans aucun doute, familière, lui fit lever la tête.

- Messieurs, Madame, avez-vous déjà choisi ? Permettez-moi de toutefois vous suggérer le plat du jour ? C’est un plat indien. C’est un cœur… Un cœur de serpent. Mariné dans un distillat d’Amaryllis, d’ivraie, de Campanule et de Crocus, le cœur est ensuite coupé en fines tranches de carpaccio, couchées sur un lit de glace, et assaisonné par des cheveux du Diable d’Espagne.

Posté entre Andreas et Antoine - place stratégique puisque ces derniers ne daignèrent pas lever la tête pour le regarder, serviette en coton sur l'avant-bras, c'était lui. Lui. Lui. Sa respiration s'accéléra soudain, son souffle se faisant court. Une veine temporale palpitant sous le choc. D'abord interloqué, le regard de la Rowle s'assombrit en l'espace de quelques secondes, une fois la surprise dépassée et le figement intégré. Une légère rougeur qui n'était guère due à l'alcool pétillant, vint joliment colorer ses joues de manière diffuse, rehaussant ainsi la courbe de ses pommettes. Pourquoi ? Merlin. Pourquoi avait-il décidé d'en remettre une couche ? N'étaient-ils pas à égalité désormais, après ce saccage de son espace privé ? Il fallait croire que non. Le poulpe humain n'en avait clairement pas fini avec elle, s'amusant à semer la pagaille dans son esprit, et à titiller vicieusement ses nerfs d'une main de maître, avec la précision et le doigté d'un chef d'orchestre. Comme s'il ne supportait pas de ne pas exister à ses yeux. Ils auraient très bien pu passer leur soirée chacun de leur côté, mais non. Indéniablement, il avait fallut qu'il trouve un moyen de provoquer une nouvelle rencontre, en dépit des risques qu'il leur faisait courir à tous les deux. De nouveau, le regard de la blonde dévia vers la table voisine et capta les regards tournés vers elle, plus ou moins discrets. Le regard moqueur de l’efféminé lui donna l'envie de lui faire avaler le balais qu'il paraissait avoir dans le c*l. Reportant son regard vers Octavius, elle laissa son regard presque fiévreux de haine, le transpercer librement puisqu' Antoine et Andreas avaient le nez fourré dans leur carte respective. Un instant, l’œil mauvais et la paupière supérieure tremblante de rage difficilement contenue, elle fut tentée de commander le plat du jour, néanmoins, heureusement pour Octavius, la référence à l'Inde l'en empêcha, puisqu' il était certain qu' Andreas n'aurait clairement pas apprécié.

Il était là, droit comme un I, se tenant fièrement entre deux hommes dont l'un aurait très bien pu le te tuer s'il avait été tenu au courant de leurs précédents rapports. Le menton relevé, une subtile moue orgueilleuse se dessinant sur ses lèvres, il la fixait de manière insolente, la dominant une fois de plus, physiquement et psychiquement. Tandis qu'Antoine se renseignait sur l'un des plats, le blonde changea alors de tactique, se repliant dans une totale indifférence. Nouvelle défense. L'indifférence. Elle n'avait pas encore tenté cette technique. L'ignorance royale, pure et dure, que l'on disait diablement efficace. Bien des fois, elle avait employé cette technique, notamment pour tenter de se débarrasser d'un ex petit ami, néanmoins, elle ne l'avait pas encore tentée avec lui. Peut-être cela fonctionnerait-il enfin ? Se concentrant intensément sur ses propres traits, elle força ses derniers à se détendre tandis que ses mains se relâchaient, ses doigts fins venant innocemment pianoter sur le rebord de la table, jouant une mélodie inaudible contenant toutes ses émotions qui menaçaient de déborder. Détournant son regard clair vers sa carte, elle s'efforça de calmer sa respiration ainsi que les battements infernaux de son cœur, loupant par la même occasion le changement presque imperceptible des traits du serveur d'un soir. Lire le menu, vite. Parsnip, chevreuil, agneau, lièvre, maquereau... Sèche... Elle grimaça. Merlin, elle n'avait tellement pas faim, et encore moins désormais. Ses traits, désormais lisses, donnaient une toute autre expression à son visage, une sorte de nouvel éclat. Hautain, et non plus haineux. Le regard d'une Rowle au sang-pur, et fière de l'être. Reine de marbre. Reine des glaces. Elle qui haïssait tellement le froid.

- Je vais prendre le Sauté de sèche en entrée, et l’agneau en plat.
- Je prends la même entrée, suivi d’un lièvre.
- Très bien Messieurs, Madame ?

Sans qu'elle puisse lutter, l'indifférence se fissura, tandis que sa nuque se raidissait. Le masque tombait. Elle n'était pas assez forte, définitivement. Il lui était impossible de conserver cette indifférence face à lui, cette dernière se muant inlassablement en électricité statique. Le haïr lui était si simple, en revanche, sans qu'elle ne parvienne à se l'expliquer, il lui était totalement et définitivement impossible pour elle de tenir de masque immuable face à lui, et c'était bel et bien la seule et unique personne à provoquer cela chez elle. Cette constatation vint la crisper davantage, et lorsqu'elle entrouvrit ses lèvres élégamment maquillées afin de passer commande, non seulement elle eu envie de lui cracher de jolis mots fleuris au visage, mais en plus sa mâchoire craqua légèrement tant elle était contractée.

- L’œuf Burford et le chevreuil.

Les mots lui avaient été arrachés. Peu importaient leur sens, le problème n'était pas là, mais résidait bel et bien dans le fait qu'il avait trouvé le moyen de l'obliger à faire ce qu'il voulait, à savoir lui adresser la parole, sans qu'elle ne puisse faire autrement. Le rictus qu'il afficha suite à cela la tendit encore davantage, et sa main menue vint se refermer en un geste compulsif sur sa baguette reposant à ses côtés, puisqu'elle ne se séparait jamais de cette dernière. Piano Cass, piano... Lentement, uns à uns, les doigts féminins se décrispèrent et se replacèrent souplement à côté de son assiette, venant pianoter sur la nappe. Inspirer, expirer, inspirer... Ne pas oublier d'expirer. Enfin, il s'éloigna après avoir pris connaissance auprès de son père, du vin qu'ils allaient prendre. Disparu, envolé. Les épaules de la jeune femme se détendirent tandis qu'elle passait une main lascive dans le creux de sa nuque dont la raideur rivalisait avec celle du pas de Severus Rogue dans ses moments de mauvaise humeur. Tandis qu'elle se massait délicatement les cervicales, sentant le mal de tête arriver, il reparu. Aussitôt, elle rangea son bras, tandis que sa main droite vint se triturer nerveusement une pièce dorée de son large collier. Sans un mot, aussi discret qu'un fantôme, il plaça les couteaux des deux hommes à droite de leurs assiettes, avant de s'avancer vers elle. Sensiblement, elle se raidit, la posture digne de la cavalière qu'elle avait été pendant plusieurs années. Et là, elle le sentit. Un frôlement. Une brise à peine esquissée venant délicatement lui chatouiller le bras droit. Lascivement, il se pencha dans son dos, prenant plaisir à ce qu'elle ne puisse pas réagir, et là, son souffle chaud dans sa nuque, des mots brûlants lui parvinrent dans le creux de l'oreille.

- Alors, tu ne me présentes pas ?

Un frisson. Caractéristique. Que seul lui parvenait à provoquer chez elle. Un frisson octavien. Long, et puissant, telle une décharge électrique, la figeant dans un mutisme, l'empêchant de respirer. Apnée. Ce frisson... elle l'avait déjà ressenti en sa présence, lorsqu'il avait si délibérément pris le soin de la dévêtir dans les toilettes des Trois-Balais. Le regard figé droit devant elle, pas un seul de ses cheveux ne bougea. Transformée en statue, comme si les yeux d'Octavius se posant sur elle avaient été ceux de la chevelure de serpents de Méduse. Finalement le sorcier se détourna et s'éloigna enfin, cessant son murmure macabre et sournois. Lentement, elle expira. Merlin, quelle imprudence... Heureusement pour lui que son père et Antoine étaient trop absorbés par leur discussion sur les potionnistes français. Tremblant légèrement, sa main se referma de nouveau sur sa baguette, dans un geste purement défensif.

Il le lui fallut que quelques minutes pour revenir, et s'installer de nouveau à sa table, en compagnie de ses amis qui avaient eu tout le loisir d'apprécier le spectacle, d'un point de vue extérieur qui plus est. Aussi calme qu'un lion en train de digérer sa proie dont il s'était délecté des heures durant, prenant soin de broyer chaque côte et d'en savourer chaque parcelle de chair fraîche et tendre. La jeune femme, quant à elle, était à la fois furieuse, et malade de trouille. De toute évidence, leurs humeurs ne se rencontreraient jamais. La détresse de l'un semblant indispensable à la détente de l'autre.

- Ma chère Cassidy, allez-vous bien ? Je vous trouve un peu pâle... Etes-vous souffrante ?
- Pas souffrante Monsieur Lacroix, juste fatiguée. Le rythme est assez intense depuis le début de l'année.
- Ma chère, vous travaillez trop. Vous devriez songer à vous détendre.
- Le travail est la force de chaque homme Antoine, je suis heureux que Cassidy ait hérité de ma rigueur.

La jeune femme adressa un petit sourire à son père, avant de porter son verre à ses lèvres.

- Bien entendu Andreas, bien entendu. Seulement, pour pouvoir être productif et efficace, il me semble nécessaire de s'octroyer quelques instants de détente de temps à autres.
- Cassidy n'a pas besoin de cela, les potions étant déjà une passion pour elle, n'est-ce pas ?
- Tout à fait père. - elle se redressa, tout en repoussant une mèche insolente qui était venue se perdre dans ses cils - Monsieur Lacroix, lorsque l'on a la chance d'exercer des études s'élevant au rang de passion, il n'est guère nécessaire de chercher la " détente " ailleurs. De plus...
- De plus Cassidy sera présentée devant le Seigneur des Ténèbres, pour recevoir la marque.

Boum. Bam. Bim. La chute fut abyssale. L'impression de se noyer dans les enfers. Brûler vive. Se liquéfier sur place. Lentement, le sang sembla se figer dans ses veines. Se reprendre, vite.

- Quand pensez-vous me faire cet honneur père ?
- Lorsque je te jugerai prête. Tu n'as pas à en savoir davantage. En attendant, tu as encore des progrès à faire.

La jeune femme acquiesça, avalant une nouvelle lampée d'alcool. La nausée revenait. Oh bien entendu, elle se doutait parfaitement que ce jour ne tarderait pas à venir, mais l'entendre de la bouche de son père, venait concrétiser la chose de manière inquiétante, précipitant les événements d'une manière beaucoup trop rapide. En effet, elle n'avait pas encore eu l'occasion de trouver ce qu'elle recherchait, et qui lui apparaissait pour le moment comme le seul élément pouvant la sauver. Il lui fallait trouver quelqu'un pouvant lui apprendre l' Occlumancie, du moins des bases solides, afin de pouvoir tenir la face devant le Seigneur des Ténèbres, sans y perdre la vie. Il y avait bien cet ancien professeur avec qui elle avait gardé de bons contacts, en Inde. Un Occlumens remarquable. Il fallait qu'elle lui envoie un hibou, elle n'avait pas le choix.

- C'est tout à votre honneur Cassidy, vous ferez une Mangemort remarquable, j'en suis convaincu, avec un esprit comme le vôtre.
- C'est justement les failles de l'esprit qu'il faut combler, commenta Andreas en français.

Antoine Lacroix sourit avec force avant de répondre dans sa langue maternelle.

- Au vu du travail remarquable que vous avez accompli sur votre fille, je ne doute pas que ces quelques failles seront vite colmatées.

Octavius la fixait. Le regard transperçant comme jamais, animé d'une lueur meurtrière. Les prunelles brillant de rage, Cassidy ramena sa baguette sur ses genoux, profitant de la conversation animée entre son père et Lacroix, à laquelle elle ne comprenait toujours rien. Prenant soin d'éviter son père assis en face d'elle, ainsi que la blonde de la table du bibliothécaire qui était de dos, de sous la table, la Rowle visa habilement. Sortilèges informulés, dans lesquels elle excellait. Il la cherchait depuis trop longtemps, la soupape venait de sauter. Brusquement, la chaise sur laquelle Octavius était assis se rompit sous lui, de façon brutale, si brutale qu'il se retrouva bien vite les fesses sur le sol, sous le regard étonné de ses convives. Heureusement pour lui, et malheureusement pour elle, son assiette fut miraculeusement épargnée, aussi il fut épargné d'une douche au jus de maquereau. Toutefois, elle n'en avait pas fini. Un mouvement de poignet plus tard, le maléfice de Chauve-Furie suivit, ayant l'avantage de ne produire aucune traînée lumineuse. Brusquement, une nuée de chauve-souris apparurent dans la salle et foncèrent droit sur Octavius, alors que ce dernier n'avait même pas eu le temps de se remettre sur pied, venant s'emmêler dans ses cheveux et battant des ailes sur son visage. Heureusement pour lui, deux serveurs - dont ce cher Nathan - arrivèrent bien vite à son secours, et neutralisèrent les bêtes d'un coup de baguette, lui apportant dans le même mouvement, une nouvelle chaise.

- Monsieur, allez-vous bien ? Que s'est-il passé ?

Néanmoins, avant que le bibliothécaire ne puisse répondre, la voix d'Antoine se fit entendre.

- Par la barbe de Merlin, ne serait-ce pas ce cher Emanuel d’Anselme ?

Vivement, Cassidy - qui avait déjà reposé sa baguette à ses côtés sans que personne ne remarque son méfait - se retourna vers Lacroix qui s'était levé de sa chaise, et qui dévisageait le brun efféminé, un sourire mi-amusé, mi-narquois aux lèvres. Merlin... Non. Pas ça. Merlin ne tint pas compte de ses supplications et Antoine se dirigea d'un pas souple vers le dit Emmanuel.

- Combien d'années d' Anselme ? Quinze, vingt ans ? C'est fou ce que tu n'as pas changé depuis le temps - il laissa échapper un ricanement amusé - Tu ne me présentes pas à tes charmants amis ? Quoique... Oui, ça me revient, ne serait-ce pas cette charmante Madame Green ? ça alors, cette soirée est riche en surprises dites-moi !

Non. Non. Et non. C'était un cauchemar, elle allait se réveiller. Incrédule, la Rowle dévisageait maintenant Antoine, et Emanuel, ses yeux passant par Octavius. Non. Et dire que sans ses sortilèges, peut-être qu'Antoine ne l'aurait même pas remarqué. T'es conne Cass... T'es complètement conne... Indifférente face à Octavius ? Impossible. Définitivement. Il ne manquait plus que...

- Antoine, vous ne nous présentez pas ? C'est très impoli mon cher ami...

ça. Il ne manquait plus que ça. Lacroix, se retourna vers Andreas, un sourire badin ornant ses lèvres charnues.

- Pardonnez moi, mon cher, le surprise m'ôte toute courtoisie. Emanuel, chère Madame Green, je vous présente Andreas Rowle, potionniste renommé, ainsi que sa charmante fille, Miss Cassidy.
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyJeu 20 Oct 2016 - 21:16

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 22:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyJeu 27 Oct 2016 - 23:36

- Pardonnez moi, mon cher, la surprise m'ôte toute courtoisie. Emanuel, chère Madame Green, je vous présente Andreas Rowle, potionniste renommé, ainsi que sa charmante fille, Miss Cassidy.

Ébahie. Atterrée. Épouvantée par ce qu'elle avait elle-même provoqué. Cassidy resta sidérée sur sa chaise, avec l'envie de disparaître dans un trou de souris. Alternativement son regard turquoise oscillait entre les différents visages qui l'entouraient. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'ils se connaissent ? Lacroix et cette Mme Green. Lacroix et ce d'Ansleme. On disait que la vie était bien faite, les hasards heureux et que le monde était petit. Une seule de ces propositions étaient vraie aux yeux de la blonde : la dernière. Incrédule devant ce qu'elle avait fait, elle se maudissait intérieurement, les poings si serrés que ses ongles nacrés meurtrissaient la peau douce et fragile de ses paumes. Toutefois, une fois de plus la douleur lui importait peu. En rage. Elle était en rage. Mais cette fois, cette dernière n'était pas adressée au bibliothécaire mais contre elle-même. Comment avait-elle pu oser se fourrer elle-même dans ce pétrin ? Voilà où menait l'impulsivité que lui seul semblait avoir le don de faire éclore de nouveau, telle une fleur mortelle se réveillant d'un sommeil de cent ans. La brider. La tuer. Il le fallait. Chaque fois que Nehal se réveillait au travers d'elle, des catastrophes se produisaient.

Il s'était retrouvé les fesses à terre, et le visage ainsi que les cheveux attaqués par une horde de chauve-souris à l'image de la blonde, c'est à dire bien sauvages. La scène avait été exceptionnelle, presque jouissive pour elle. Depuis le temps qu'elle attendait cette occasion de lui faire payer l'intégralité de ses affronts, de ses provocations, de ses tortures doucereuses et plus ou moins silencieuses... Patiente, elle avait dans un premier temps orchestré avec la précision d'un orfèvre, une rencontre inédite dans la bibliothèque. Toutefois, il avait été encore plus loin qu'elle qui s'était introduite dans ses appartements mais qui n'avait touché qu'à ses vêtements. Lui, poulpe sournois et visqueux, avait laissé son emprunte diabolique sur l'entièreté de ses effets personnels, et involontairement sûrement... Il l'avait faite craquer. Enfin, il fallait être nuancé.... Nuance Cass, nuance... Rien n'est tout blanc, ou tout noir... Le gris et ses infimes et infinies variations de teintes existent également... Disons... Qu'il avait involontairement contribué à son effondrement.

L'effondrement. Parlons-en tiens. Elle avait lâché prise, lamentablement, elle qui pensait pourtant avoir progressé depuis toute ces années. Depuis combien de temps les larmes n'avaient-elles pas franchi le seuil de ses yeux vert d'eau ? Hum... Depuis... Depuis maintenant trois ans. Trois ans de combat. Inlassable. Processus d’effondrement interne tandis que la couche extérieure se fortifiait. S'abuser sur ses ressentis pour se protéger. Se mentir à soi-même de façon tellement évidente qu'elle en devenait naturelle. Mais voilà qu'il était entré dans sa vie, aussi rapidement qu'un tsunami dont il possédait toute la force et toutes caractéristiques, mis à part... qu'il était sournois, discret, subtil. Ce qui le rendait véritablement plus dangereux que n'importe lequel des plus puissants ouragans. Il avait réussi... ce que personne d'autre avant lui n'avait réussi, même si nombre de personnes avaient pourtant tenté. Il l'avait fragilisée, fissurée. Creusant dans ses failles avec ses tentacules visqueux, de manière à se frayer un chemin vers son âme, vers Nehal, tentant de la libérer de ses entraves. Un mal pour un bien ? Non. Un mal pour un mal. C'était la guerre, et Nehal ne pouvait décemment pas permettre de se libérer. Il.. l'avait faite pleurer. Il avait été une pièce maîtresse dans ce processus catastrophique qui s'était déchaîné sur elle, sans la moindre pitié, décharnant son corps de son enveloppe protectrice.

Cassidy serra la mâchoire si fort que ses condyles craquèrent tandis que d'Anselme la fixait, un air absolument charmant peint sur son visage. Peint... La jeune femme savait parfaitement qu'il savait qui elle était, et ce qu'elle avait fait à son ami. Je sais que tu sais que je sais que tu sais. Ce brusque retournement de situation ; passage ultra-rapide entre mécontentement et amabilité trop grotesque pour être honnête, ne lui disait rien qui vaille. Ne disait-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ? Il s'était amusé à la provoquer, mais avait, une fois de plus, franchi toutes les limites, n'hésitant pas un seul instant à venir rencontrer indirectement son père. Cette rencontre, qui était tout ce que la jeune femme refusait, était finalement ce qu'elle avait provoqué - et ce de manière bien plus directe que le bibliothécaire puisque voilà que Lacroix venait d'accepter avec acquiescement de son père, que les deux tables se rejoignent. Tandis qu'un serveur venait l'aider à se lever de sa chaise, comme si elle avait été amputé des deux jambes, ou complètement aveugle, le cerveau de la jeune femme tournait à plein régime - pour changer. Son père l'avait regardée, avant d'accepter. Pourquoi donc ? Que préparait-il ? Ce n'était pas innocent, elle ne le connaissait que trop bien, et en était certaine. Alors qu'elle allait s'asseoir aux côtés de la dite Madame Green, le maudit efféminé commença à mettre son plan à exécution.

- Il y a assez de place ici, placez mademoiselle entre nous deux - Cassidy pâlit encore un peu plus - Et je propose aux deux gentlemans de s’asseoir entre les Dames, comme ça elles auront toutes un homme pour prendre soin d’elles pendant le dîner.

Rejoignant la place maudite avec un léger sourire aux lèvres, la sorcière se ressaisit. Il fallait qu'elle joue le jeu - pour survivre. Redressant la tête, la jeune femme se saisit de la main que lui tendait galamment son bourreau d'un soir, ce traître tout aussi sournois que le poulpe lui-même, le remerciant d'un signe de tête, tout en le gratifiant d'un sourire ravageur à faire tourner la tête du plus frigide des hommes.

- Quelle charmante intention Monsieur d'Anselme... Une éducation en or, cela va sans dire.

Tranquillement, tout en le transperçant de son regard clair bordé de longs cils d'un noir profond, Cassidy pris place entre le brun et ... Octavius. Ce dernier était bien amoché, et cet air désordonné et vexé n'était malheureusement pas pour lui déplaire. Bien qu'il ne daignait pas la regarder, la jeune femme, elle, le contemplait librement, un petit sourire ornant le coin de ses lèvres joliment maquillées. Pour une fois, elle pouvait le détailler sans qu'il ne lui rende son regard transperçant. Néanmoins, apparence oblige, se sachant sous surveillance, la jolie blonde finit par détacher son regard du profil de son voisin de table dont le siège était si proche du sien que le velours de leurs chaises respectives se touchaient, afin de reporter son attention sur d'Anselme qui jouait lui aussi parfaitement la comédie. Merlin, qu'ils étaient nombreux à exceller dans ce domaine... La sorcière se concentra. Lever du rideau, Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, préparez-vous à applaudir, une nouvelle représentation théâtrale débutait.

Un numéro... Cet homme étrange et machiavélique était clairement dans la théâtralisation lui aussi. Pas étonnant qu'il soit un ami d'Octavius. Était-il pire que ce dernier ? Cela était bien difficile à dire, mais disons qu'aux yeux de la blonde, la ressemblance était frappante, pour ne pas dire troublante. Discrètement, le regard de la Rowle dévia vers son voisin de gauche tandis qu'elle jouait avec sa baguette reposant sur ses genoux. D'un geste délicat, elle lissa les plis de sa robe tout en entortillant nonchalamment quelques mèches s'échappant de son chignon bas autour de ses doigts fins.

- Enchanté de faire votre connaissance, Monsieur, Miss Rowle. Permettez-moi à mon tour d’avoir l’immense honneur de vous présenter mes amis : Beslan Daoud, danseur de ballet au New York City Ballet, connu pour son parfait entrechat-six. Penelope Green, ancienne rédactrice dans un quotidien sorcier américain, maintenant elle fait profiter de ses charmes la crème londonienne. Eve Haze, commissaire-priseur dans le domaine des objets magiques rares. Elena Kouzminova, présentement infirmière à Ste Mangouste.

Attentivement, Cassidy prêta attention à chacun des visages. Une manière de maîtriser son environnement, une fois de plus. Du contrôle, elle en avait besoin, et d'autant plus dans des moments comme celui-ci où la situation lui avait totalement échappé, la plaçant dans une position légèrement ennuyeuse, au bord d'un précipice sur un terrain poreux, alors qu'il avait plu des cordes la veille. Beslan... Des cheveux grisonnant, un air maniéré et légèrement simplet. Indifférence. Il ne représentait aucun danger potentiel, son air à moitié dans les vapes ne trompait personne. Tranquillement, le regard turquoise de la blonde dévia ensuite sur cette fameuse Madame Green aux hypnotiques boucles dorées et à la mâchoire anguleuse, plus communément appelée Pénélope par l’efféminé. Des traits d'une finesse troublante, des grands yeux azur dans lesquels il semblait facile de se perdre, débordant d'intelligence et de malice quelque peu inquiétante. Élégante et raffinée, son maintien était absolument irréprochable et ses manières totalement appropriées lui donnant l'allure d'une aristocrate distinguée. Presque immédiatement, Cassidy se sentit à la fois admirative mais également menacée par cette femme, pressentant que cette dernière serait possiblement la plus à même de déceler la moindre de ses failles comportementales, pouvant lui faire soupçonner que sous sa carapace vernie de jeune fille de bonne famille au sang-pur, se dissimulait une jeune femme sauvage et insoumise. Aussi, lorsque ses prunelles croisèrent celles de Pénélope, la Rowle se força à ne pas détourner le regard, tout en lui souriant aimablement, avant de passer à la jeune femme suivante. Ève. Cette dernière, aux vues de la jeunesse de ses traits, devait probablement avoisiner les vingt-deux ans... ou peut-être vingt-cinq... En réalité lui donner un âge s'avérait particulièrement compliqué puisque son visage paraissait légèrement crispé et déformé par une sorte de moue hautaine, si propre aux sang-purs, remontant quelque peu son nez droit. Cette jolie brune à la bouche tel un bouton de rose et dont la pâleur de la peau rivalisait avec la sienne, ne lui inspira rien de particulier sinon un certain ennui avec ses cheveux impeccablement laqués. Aucune mèche de travers, toutes étaient à leur place, rangées avec ferveur et peignées soigneusement. Ennui mortel et lassitude extrême. Portant sa coupe à ses lèvres, l'apprentie dévia vers la personne suivante ; la jeune femme prénommée Elena. Blonde aux yeux bleus, elle aurait pu lui ressembler si ses sourcils avaient été plus fournis, sa peau un tantinet plus nacrée, et sa chevelure indubitablement plus claire et plus épaisse. Ses yeux étaient également plus petits et d'un bleu plus manifeste que ceux de la Rowle, dont la couleur infernale oscillait inlassablement entre le vert et le bleu, leur donnant cette teinte turquoise que son père haïssait. Cette dernière un peu plus effacée que les autres, la fixait aussi avec un petit sourire aux lèvres, mais l'air légèrement contrarié. Son maintien sembla quelque peu raide à la Rowle, qui fronça imperceptiblement les sourcils, lançant une discrète œillade vers les mains de la demoiselles. Poings fermés, reposant sur sa robe de soirée. Miss était indéniablement contrariée.

- Et enfin… Octave Hol… Non, juste Octave. N’est-ce pas comme cela que vous le connaissez ?

Vivement, Cassidy détourna le regard vers d'Anselme qui venait de s'adresser directement à son père. Que voulait-il dire ? Les sourcils froncés, elle fixa intensément Octavius de ses grands yeux turquoise. Pourquoi d'Anselme pensait-il que son père connaîtrait le bibliothécaire ? D'où sortait-il ce rapprochement ? Il devait sûrement se tromper. La jeune femme vit son père se redresser légèrement sur sa chaise, lisser tranquillement sa fine barbe argentée et reposer sa coupe de champagne, avant d'interroger son interlocuteur d'une voix posée mais qu'elle identifia - à force d'expérience - comme étant légèrement intriguée :

- Je ne connais pas votre ami Monsieur D'Anselme. - son regard transperçant se tourna alors vers Octavius tandis que la main de la jeune femme se crispait sur sa baguette - Devrais-je vous connaître mon cher ? Manquerais-je à tous mes devoirs ?

Il se tenait droit, aux aguets. Un prédateur en chasse. L'aigle s'était envolé. Merlin... De nouveau, Cassidy porta sa coupe à ses lèvres tandis que d'Anselme reprenait déjà, ne laissant - heureusement - pas le temps à Octavius de répondre, et détournant ainsi légèrement l'attention d'Andreas du poulpe humain.

- Pardon, j’aurais cru. Octave a travaillé en tant que consultant pour certaines de vos relations, Macnair, je crois, et Yaxley. Eh bien mon vieux, je te croyais plus populaire que cela.

Pardon ? Pendant un quart de seconde, la respiration de Cassidy se bloqua et il lui fut impossible d'avaler la gorgée d'alcool qu'elle avait en bouche. Inlassablement, les bulles crépitaient dans le fond de sa gorge, ne parvenant pas à franchir le passage de l’œsophage. Dysphagie brutale. En vérité, l'étudiante était tout simplement tellement choquée par ce qu'elle venait d'entendre que sa respiration s'était coupée. Apnée. Pure et dure. Elle... ne devait pas avoir entendu correctement. Ou compris. Ce n'était pas possible. Tout simplement pas possible. Lentement, elle tourna les yeux clairs vers le profil du bibliothécaire tandis que Lacroix ne manquait pas l'occasion d'en rajouter une couche.

- Oh mais non, je suis toujours ravi de croiser un partisan insoupçonné du Lord.

Boum boum... Boum boum... Boum boum... Ne plus rien contrôler, perdre la notion de limites. Force décuplée, non mesurée. Involontairement, tout son corps se raidit, et tandis que ses cervicales craquaient silencieusement, la main droite de la sorcière se crispa tellement fort autour de sa flûte en cristal, exerçant une telle pression que cette dernière explosa violemment en mille morceaux, déversant sur la nappe en soie blanche, son contenu pétillant. Des morceaux de cristal. Tranchants. Minuscules. Explosés, éparpillés sur la nappe. Recouverts d'un liquide rougeâtre. Dont quelques uns atterrirent sur les genoux d'Octavius.

- Cassidy... Mais que t'arrives-t-il ma fille ? Ne sais-tu donc pas te tenir devant un public ?

Andreas les sourcils froncés et l’œil glacé, la fixait attentivement, bien trop attentivement. Ses lèvres fines s'étaient pincées, et son ton s'était fait tout de suite beaucoup plus dur et légèrement exaspéré.

- Voyez Antoine, il reste véritablement beaucoup de travail à fournir pour faire de Cassidy une parfaite Rowle..., ajouta-t-il en français sans même regarder Lacroix qui acquiesça silencieusement tout en dévisageant la jeune femme.

- Je... Je suis désolée Père. Indiscutablement, la coupe possédait déjà une fêlure, et je n'ai pas été suffisamment attentive.

Sa main saignait. Le sang, une fois de plus. N'était-il doué que pour cela, la faire saigner encore et encore ? D'une manière ou d'une autre, le sang ou les larmes finissaient par couler. Toutefois, la blessure physique n'équivalait en rien celle qui était en train de se creuser au plus profond de son âme, venant y apporter une nouvelle tâche, symbole de trahison, de mensonge et de violence. Sans un regard pour Octavius qui était en train de servir des excuses à la noix, sa main gauche se saisit de sa serviette blanche afin d'éponger sa main mais, dans ce mouvement presque désespéré, elle ne parvint qu'à enfoncer davantage dans sa chair les minuscules paillettes de cristal tranchantes, restées plantées dans le creux de sa paume. Mal ? Oui... Enfin, peut-être. Elle ne savait plus. Son esprit était ailleurs, loin. Bien loin. Refusant de regarder Octavius, son regard se figea dans les éclats de verre plantés dans sa main et tandis que les éclats de voix bourdonnaient autour d'elle, un tourbillon l'emportait au loin. Il s'était foutu d'elle. Il lui avait menti. Ce soir-là. Dans le jardin aux pivoines. Les bordures des lèvres blanchissantes, elle inspira profondément, retirant un premier morceau de cristal de sa paume. Tout n'avait été que mensonge. Son beau discours sur les Mangemorts qu'il avait dépeint de manière si emprunte de mépris n'avait été que manipulation pour l'amener à se révéler, l'amener à la faire vaciller. Heureusement qu'elle n'avait pas cédé et qu'elle était restée droite dans ses bottes, fidèle à son père et à ses beaux discours. La jeune femme releva son regard clair qui vint se figer dans celui du bibliothécaire, happé par ce dernier. Ainsi tu travaillais pour eux sale traître... Tu m’écœures... Dire que tu as tenté de me pousser dans mes retranchements, tentant de me percer à jour... Peut-être travaillais-tu pour mon père et qu'il ne s'agit là qu'une d'une ultime mise en scène ? Ce dîner... n'est peut-être qu'un piège instauré par mon charmant père.

- De toute manière, Monsieur Holbrey est maintenant bibliothécaire à Poudlard.

Merlin... Le destin s'était-il donné pour mot de la détruire ? Maudite blondasse. Tandis que Cassidy se retenait de bondir à la gorge de sa voisine de table, le ciel sembla s'obscurcir brutalement tandis qu'une tension palpable se mit à crépiter autour de la table. Heurt des regards silencieux. Dialogue muet entre père et fille tandis que le silence planait. Le Père se redressa, son menton se relevant brutalement tandis que son regard azur se braquait sur sa fille. Apnée. Elle cessa de respirer, son regard turquoise figé dans celui de son paternel. Tremblement de paupière imperceptible.

- Ah oui ? Mais dans ce cas, puis-je savoir pourquoi ma très chère fille qui évolue au sein de Poudlard également, n'a pas réagi à la vue de ce charmant... bibliothécaire ?

Trou noir. L'impression de chuter au fond d'un puits sans fond. Le vide. Oxygène, où es-tu cher oxygène ? L'air n'entrait plus dans les poumons, n’alimentant plus son cerveau tandis que son sang si pur se glaçait dans ses veines, la transformant réellement en reine des glaces. Voie sans issue. Impasse. Déjà, ses mains se refroidissaient. Une sorte de douche froide. Courant d'air glacé venant hérisser les poils translucides de ses avant-bras. Chair de poule. Terreur sans nom. Agonie silencieuse. Le monde se délitait autour d'elle tandis qu'elle ne pouvait détacher ses prunelles du regard menaçant de son père. Tout ce qu'il ne fallait pas qu'il se produise était arrivé. Malédiction. Peu importe l'issue, la jeune femme savait qu'elle en paierait le prix, une fois seule avec lui. Elle le savait. Peu importe l'explication qu'elle y trouverait, elle savait que dans le meilleur des cas, il n'y croirait que partiellement.

- Pardonnez-moi Monsieur, j’ai pensé qu’il serait plus impoli de ma part de venir perturber un dîner familial avec des salutations incongrues. J’ai préféré reléguer cela à une occasion qui se prêterait mieux à une pareille rencontre. Je suis certain que votre fille n’en pense pas moins. Et effectivement, le destin semble nous forcer la main.

Il essayait de rattraper le coup. Mais... Olala, c'en était presque touchant. Elle en aurait presque eu la larme à l’œil si elle n'avait pas appris ce qu'elle venait d'apprendre de manière aussi brutale à son sujet. Néanmoins, il ne fallait pas se laisser abattre. Un tournoiement de baguette plus tard, et les blessures de sa main disparurent, de même que les perles écarlates venues tâcher subtilement la nappe blanche.

- En effet. Je m'excuse de ne pas vous en avoir tenu informé dès le début Père, mais en réalité Monsieur Holbrey et moi-même ne nous connaissons pas vraiment puisque nous ne faisons que nous croiser de temps à autres.

- Vous croiser ? Mais ma chère, ne travaillez-vous pas sur votre mémoire, et de ce fait n'êtes-vous pas amenée à vous rendre à la bibliothèque pour vos recherches ?

Maudit Lacroix. Avec un sourire, la sorcière se tourna vers lui, penchant légèrement la tête sur le côté. Un nouvelle mèche de cheveux blonds s'échappa de son chignon, venant cascader le long de sa nuque gracile - chose qui ne serait probablement jamais arrivé à Ève.

- Monsieur Holbrey n'a pris ses fonctions que récemment au château. La bibliothèque n'a rouvert que depuis une semaine, puisque des travaux importants s'y sont déroulés suite à l'accident de l'année dernière. De ce fait, - elle tourna les yeux vers Octavius - je ne connais pour ainsi dire, presque pas Monsieur Holbrey, ne l'ayant aperçu que récemment.

Progressivement, le regard tourmaline de la sorcière se mua en une expression impénétrable, tandis qu'elle se tournait plus franchement vers lui.

- Mais je suis véritablement ravie de découvrir en votre personne, une... sorte d' allié du Lord. Avoir travaillé pour les Mangemorts est tout à votre honneur Monsieur et vous inscrit indirectement comme un partisan éloigné. N'avez-vus jamais songé à rejoindre les rangs vous aussi ? Beaucoup pensent que les serviteurs du Seigneur des Ténèbres ne sont pas des gens à qui l'on peut faire confiance, qu'ils ne se battent qu'au nom de la turpitude, ce qui les rends instables et imprévisibles. Certains voient en eux une absence totale de morale et pensent que ce qui les unit est le pouvoir. Mais vous, mon cher, vous semblez être une personne détachée de tout cela, et si Yaxley a fait appel à vos services, c'est que vous êtes indiscutablement une personne de confiance. N'est-ce pas Père ?

Elle avait pris soin d'utiliser les mots qu'il lui avait servi sur un plateau d'argent lors de leur rencontre, lui renvoyant en pleine face avec toute la douceur qui la caractérisait. Lentement, Andreas acquiesça.

- Si Yaxley a fait appel à vous Monsieur Holbrey, c'est que vous agissez sans remords et que vous êtes impitoyable car ses missions sont généralement bien sanglantes, ce qui est une bonne chose. Vous feriez un excellent Mangemort. Toutefois, il est certain que cette décision n'appartient qu'à vous.

- Les hommes intelligents, sachant manipuler et qui s'avèrent impitoyables font souvent d'excellentes recrues d'après Père, et je suis certaine que vous y seriez tout à fait à votre place Monsieur, et ce même si nous vous avons vu chuter lamentablement - avec une certaine grâce ceci dit, et être attaqué par toutes ces affreuses créatures.

Attaquant son entrée, Cassidy porta sa fourchette à ses lèvres rosées, tandis qu'Andreas repoussait son son assiette déjà à moitié vide.

- Monsieur Holbrey, consulter pour un Mangemort n'est pas juste " faire son travail ". Un opposant au Seigneur des Ténèbres se trouverait fatalement aux prises avec sa conscience pour remplir une tâche de la sorte. Vous ne pouvez pas vider votre employeur de sa substance - faire fi de ce qu'il est et des idéaux qu'il défend, surtout lorsqu'il est un Mangemort. Cela est rigoureusement impossible. Soit, vous n'êtes pas ce que l'on pourrait appeler un fervent défenseur des idéaux de notre Maître, mais vous ne pouvez pas y être radicalement opposé pour avoir accepté des missions de la sorte.

Qui était-il ? Soutenait-il les Mangemorts ? En était-il un et ne jouait-il la comédie avec elle que sur ordre de son père ? S'il était un consultant, ce dernier pouvait très bien l'avoir embauché pour tenter de la percer à jour et de lui faire avouer qu'elle ne soutenait pas plus les idées du Lord que Potter. Une Rowle, elle était une Rowle, et de ce fait, apprendre cette nouvelle aurait du la réjouir, pourtant, elle ne pu s'y résoudre. La tâche était bien trop difficile à gérer.

- J'aurais dû prendre la sèche en entrée... Cet œuf n'est décidément pas terrible.

Une moue déçue ornant son beau visage, elle repoussa son assiette, étant en réalité incapable de manger tant sa gorge était serrée. Depuis le début il s'était payé sa tête. Cet homme était décidément complètement toxique, risquant de la mettre à découvert. S'il travaillait pour les Mangemorts, alors elle devait le traiter comme l'un d'entre eux. Respect, cordialité, politesse. Mais au fond, il serait son ennemi désormais, comme tous.

- Ohhh... Entendez-vous cette musique ? Quel morceau délicat et envoûtant... Andreas, puis-je me permettre d'inviter votre charmante fille ?

Un simple signe de tête, et voilà qu'Antoine se levait prestement, allant se positionner entre la jeune femme et le bibliothécaire, se penchant légèrement vers elle, la main tendue.

- Miss Cassidy, me feriez-vous l'honneur de cette danse ?

La tristesse l'habitait tellement, ainsi que la colère qu'elle se saisit de cette main de fer se présentant comme vêtue d'un gant de velours et apparaissant comme salvatrice, presque sans réfléchir. Prise au piège, mais il fallait qu'elle s'éloigne. Qu'elle s'éloigne de lui au risque de s'effondrer. Lentement cette dernière, aussi sournoise qu'un serpent l'aida à se lever. Elle ne vacilla guère, et dans un mouvement élégant, sa silhouette fine esquiva habilement Octavius et sa chaise, se contenant de ne frôler que son bras de sa hanche. Sans un regard pour lui, elle déposa sa baguette aux côtés d'Anselme, et se laissa emporter par cette main masculine qui l’entraîna alors sur la piste de danse prévue à cet effet. Alors qu'ils s'éloignaient, Andreas lança à Lacroix, dans la langue de ce dernier.

- Il ne s'agit pas d'une entorse Antoine.

Le français haussa les sourcils un instant, avant de continuer son chemin, entraînant la jeune femme dans son sillage.

*********

D'un air tranquille, il observa sa fille s'éloigner, suivant Antoine sur la piste de danse. Bien. Cela lui permettrait de mettre son plan à exécution. Se tournant vers le bibliothécaire, Andreas reprit d'un ton aimable :

- Monsieur Holbrey, une question me vient à l'esprit... Pourquoi avoir cessé votre activité de consultant ? ... Je me risquerai à vous proposer un marché, libre à vous de l'accepter ou non, rien ne vous y engage. Voici ma demande : surveillez ma fille, et faites-moi un rapport régulier de ses comportements, et ses fréquentations. Voyez-vous, Cassidy a été en partie élevée par sa mère, qui a exercé sur elle une influence on ne peut plus néfaste. De ce fait, il m'arrive de retrouver en elle quelques signes me tenant en alerte quant à son sujet. Je voudrais m'assurer qu'elle ne dérive pas du chemin auquel elle est destinée, d'autant plus que je la présenterai d'ici quelques temps devant le Seigneur des Ténèbres. Je ne permettrai à personne de l'éloigner de la voie tracée pour elle.

Le sorcier s'essuya délicatement les lèvres en tapotant sa serviette contre ces dernières.

- Ce service serait bien entendu rémunéré mon cher. Je sais être généreux lorsqu'il s'agit de ma fille. Disons que je vous laisse jusqu'à la fin de cette soirée pour me donner votre réponse... Si jamais vous refusez, bien entendu, je comprendrai et ne vous en tiendrai pas rigueur. - il but une gorgée de vin - Maintenant cher Octave, invitez donc cette charmante demoiselle à danser. Elle ne vous quitte pas des yeux depuis le début de la soirée.

Elena rougit jusqu'aux oreilles sous le regard transperçant du Rowle.

Le plan était on ne peut plus simple. Andreas n'était pas dupe, et avait rapidement été mis en alerte, soupçonnant que quelque chose se passait entre sa fille et ce bibliothécaire dont elle n'avait guère évoqué spontanément l'existence - et lui non plus. Ces coups d’œil furieux de sa part à elle, sa tranquillité maîtrisée à lui. Sa façon de s'être justifié. Le verre explosé. Sa pâleur à elle... Il lui était impossible de savoir quelle était la nature de leur relation, mais cela ne lui plaisait guère. Mais... Dans un sens, il ne pouvait en être certain. Aussi, avait-il choisi de proposer ce travail au brun, dans un premier temps pour voir sa réaction, mais également pour empêcher tout rapprochement entre sa fille et ce dernier puisqu'il savait parfaitement que jamais Cassidy ne pourrait se rapprocher de quelqu'un chargé de la surveiller pour son compte. Peut-être n'y avait-il pas de justification quant à ses doutes, mais Andreas était quelqu'un de méticuleux, et anticipait la moindre poussière venant se déposer dur son chemin. Aussi, avait-il choisi la voie de la prudence.

Si Holbrey acceptait, il la perdait.
S'il refusait, il la mettait en danger - venant renforcer les soupçons du patriarche.
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyDim 30 Oct 2016 - 2:43

Sans un regard pour lui, elle s'était levée de sa chaise avec une élégance rare, et sa fine main glacée désormais débarrassée des paillettes tranchantes de cristal, avait rejoint la main masculine, s'y noyant volontairement tandis que les doigts du sorcier s'étaient déjà refermés sur la sienne. Paumes contre paumes. Contact corporel réconfortant, même s'il était en réalité bien plus dangereux que sécurisant. Oh bien entendu, au plus profond d'elle d'elle-même, Cassidy en était consciente, d'autant plus qu'Andreas avait lancé une dernière phrase en français à l'intention de Lacroix qui avait haussé les sourcils avant de lui jeter une œillade étonnée. Néanmoins, l'éloignement lui ferait du bien. Une bouffée d'air. Elle avait besoin d'oxygène. Sentir l'air entrer dans sa trachée, se tracer un chemin vers ses poumons, dilatant ses bronches et ses bronchioles ; canaux pourvues de petits cils, presque aussi fins que ceux de la prénommée Elena.

Arrivés sur la piste de danse où évoluaient déjà certains couples plus ou moins âgés, elle observa Lacroix se rapprocher d'elle, allant jusqu'à coller élégamment leurs bassins respectifs, et placer - en expert - sa main chaude et imposante au creux de son omoplate gauche, à mi-chemin avec la descente de son dos, épousant délicatement avec une douceur insoupçonnée, la courbe naturelle de la cambrure joliment prononcée de ce dernier. Il n'eut aucun mal à trouver l'os en question puisqu'en cette soirée la chevelure blonde de la jeune femme était relevée, ne dissimulant en rien la courbe délicate de sa nuque gracile, ni même celle de ses fines épaules. Lentement, il donna le mouvement et tous deux se mirent alors à tournoyer, suivant parfaitement le rythme de la musique et ses infimes variations. Silencieusement, ils évoluaient en harmonie sur la piste, sans même frôler les autres couples dont certains s'étaient arrêtés dans leurs mouvements pour les regarder, se reculant légèrement afin de leur laisser plus d'espace pour évoluer. Antoine perçu ce changement, et son ego se pâmât tandis qu'il amplifiait ses pas afin de prendre tout l'espace qui lui était si gracieusement accordé. Tel un coq dans son poulailler, il évoluait avec une confiance aveugle en ses capacités et en celles de sa partenaire à qui il adressa un sourire mielleux auquel elle se força à répondre. Occupant maintenant tout l'espace, il varia les pas, en avant, en arrière, testant dans un même temps les capacités de danseuse de Cassidy, qui immuablement, suivait le mouvement, ne se laissant aucunement surprendre par ces changements de direction, ou ces inversions de cadre.

Tandis qu'elle se laissait guider par cet homme en qui elle n'avait aucunement confiance, Cassidy était ailleurs, ne se concentrant pas le moins du monde sur l'instant présent. Si le corps était présent, l'esprit s'était bel et bien échappé, envolé. En tant que danseuse accomplie, le temps où il lui fallait porter une attention extrême au moindre de ses pas afin d'en saisir le sens, et ainsi éviter les pieds de ses partenaires, était révolu. Désormais, les mouvements, même les plus inattendus tels que ces inversions de sens, ou ces rotations soudaines que lui proposait le français, ne la surprenaient guère, et elle y répondait souplement, avec une aisance désarmante pour Lacroix qui avait tout de même fait une école de danse. Ils évoluaient donc ainsi, souplement, élégamment. L'un testant l'autre, l'autre se contentant de suivre sans la moindre animosité. La danse était belle, le cadre était magnifique. Si les gens s'étaient arrêtés pour les admirer, ils étaient cependant aveugles. Car ce tableau n'était pas parfait. Ou justement, il l'était trop, ce qui le rendait imparfait. Trop parfait ; le rythme était respecté, la fluidité indéniable, les pas précis. La technique était sublime, indéniablement maîtrisée par les deux partenaires. Toutefois, il manquait bel et bien une chose entre eux. L'harmonie n'était que prétendue, et l'accord, de surface. Elle était présente dans son corps, mais son esprit, indomptable, n'était pas le moins du monde accordé avec celui d'Antoine, ni même avec la danse. Elle tournoyait, tel un robot élégant bien huilé, ou pour une image plus sorcière, comme si elle avait été soumise à l'impero. Toutefois pour le remarquer, il fallait un œil immanquablement aiguisé ainsi qu'un intérêt passionné pour la scène en train de se dérouler, ce que les invités, qui avaient envie de s'évader de ces temps sombres le temps d'une soirée, ne possédaient guère. Aussi, hormis deux autres couples avec qui Lacroix semblait s'être donné pour mot d'entrer en compétition, les frôlant dangereusement, tous s'étaient arrêtés de danser, pour contempler le couple peu commun que la Rowle formait avec le français.

D'un côté il y avait la douceur, une certaine nostalgie peut-être. Du regret. Mélangé avec le remords, les deux dansant une valse lancinante enlacés amoureusement. Une certaine peine.
De l'autre, il y avait la performance compétitrice. La domination. La technique irréprochable.

Dans tous les cas, ce que les gens ne voyaient guère, c'était l'absence de l'âme. La danse était bien exécutée, mais ni Cassidy, ni Antoine n'étaient réellement là pour le plaisir. Leur connexion n'était que corporelle et superficielle. La jeune femme n'avait pas choisi d'être là, et n'avait aucune espèce d'envie de partager cet instant avec le français, qui lui, s'il avait dans un premier temps recherché le plaisir, s'était maintenant perdu dans une démonstration de performance et de force, tant avec elle cherchant à la mettre en difficulté, qu'avec les deux autres couples combattant pour leur droit au plaisir de la danse.

Depuis combien de temps valsait-elle ainsi, telle une feuille abandonnée aux vagues de l'océan, flottant sur ce dernier et s'adaptant aux irrégularités parfaites de ses mouvements ? Cassidy avait perdu la notion du temps, en même temps que le semblant de droiture qu'instaurait sa coiffure. En effet, lentement, au grès des mouvements imprévisibles du français, son chignon reposant à la lisière de sa nuque s'était défait. L'esprit libéré, éloigné du monde réel, se répercutait dans sa chevelure. Enfin, les cheveux rebelles quoiqu' encore tressés, reprenaient leur droit à la vie, se déversant en une cascade scintillante de mèches entremêlées le long de son dos. De nouveau les petites mèches s'échappèrent de l'emprise de l'épaisse tresse à deux brins, venant souligner la douce angulation de sa mâchoire, ainsi que la courbe de son visage fin. Sentant un léger chatouillis sur le dos de sa main, Antoine paru enfin se reconnecter à elle, et esquissa un léger sourire penchant légèrement la tête sur le côté :

« Oh ma chère Cassidy, notre danse vous fait-elle perdre la tête au point que votre coiffure ne puisse pas tenir le rythme ?
- Mes cheveux ne reflètent en rien mes capacités Monsieur Lacroix puisque je danse avec mon corps. Si je parviens à vous suivre, ne soyez donc pas vexé au point de vous rabattre sur une coiffure insuffisamment fixée. »

L'homme eut un petit ricanement, sa main venant se nicher délicieusement dans le creux des reins de la sorcière, sans que cela ne soit pour autant déplacé.

« Il est indéniable que vous êtes une excellente danseuse Cassidy, et je n'en suis point vexé, juste ravi d'avoir eu l'honneur de m'en assurer, et la satisfaction de partager ce moment avec vous.
- Le partage est une notion complexe, et relative à chacun.
- Que voulez-vous dire très chère ?
- Qu'êtes-vous en mesure de comprendre Monsieur Lacroix ? »

Pour la première fois en sa présence, le collègue de son père eut une moue contrariée tout en l'invitant à tournoyer. Significativement, son regard se durcit l'espace d'un instant, avant de retrouver cette lueur douceâtre qui le caractérisait si bien. Retrouvant la main de sa jeune partenaire à la langue bien trop insolente, Lacroix dans un mouvement plus fort, la ramena vers lui, la plaquant contre son buste, ce qui força la blonde à relever les yeux vers lui. Affrontement silencieux, dans lequel elle s'avérait très forte et réellement habile puisque cette soudaine proximité forcée ne l'empêcha pas de suivre les mouvements imposés par le danseur. Son regard turquoise ne daignait pas quitter celui du français, renforçant involontairement les soupçons qu'avait induit Andreas chez ce dernier en lui parlant d'elle. C'est alors que, afin d'asseoir sa domination masculine face à une demoiselle bien trop intrépide sous son apparence immuable, le brun changea soudainement l'angle de sa main tenant la main droite de la jeune femme, imposant au poignet de cette dernière une rotation aussi inattendue que douloureuse. Un léger sifflement s'échappa des lèvres de Cassidy tandis que la douleur aiguë qu'il venait de déclencher la forçait à détourner le regard, ses paupières se fermant malgré elle. Heureusement, celle-ci ne dura qu'une fraction de seconde puisque l'instant d'après, Antoine avait permis au poignet anciennement fracturé de reprendre sa place initiale, alors que la musique se terminait. Se reculant légèrement, le sorcier garda la main de la Rowle dans la sienne, et ses lèvres virent frôler le dos de celle-ci.

« Votre poignet semble avoir des difficultés avec certaines angulations très chère... Ce signe clinique est typique d'une récente fracture... Pas d'une entorse, qui est un simple étirement des ligaments reliant les os entre eux. »

Interdite, Cassidy ne répondit rien, se contentant de braquer ses iris clairs sur lui.

« Votre fougue dissimulée me plait Miss, toutefois, vous devriez vous méfier. Certains seraient prêts à payer pour briser des étalons trop impétueux. »

Tandis qu'il ramenait galamment sa partenaire à leur table, Antoine souriait franchement. Vexé, il l'avait été oui, mais il n'avait guère menti en expliquant à Cassidy ce que ses mensonges et sa langue trop acérée pouvaient lui coûter. En parfait gentleman, il ramena la blonde à sa place, afin de réintégrer la sienne entre la jeune Ève et Elena. Le visage légèrement crispé, Cassidy referma ses doigts sur son poignet droit dont la douleur électrique se propageait dans tout le bras. Nehal s'était réveillée. Elle n'avait pas su gérer et se plier face aux français aux remarques douteuses. Honte à elle qui s'était involontairement vendue. Décidément, la fatigue et toute la tension accumulée ne faisaient que la pousser à se trahir ce soir... Elle enchaînait les erreurs avec une facilité déconcertante et on ne peut plus dangereuse. Tâchant d'ignorer la douleur, et tandis que les plats arrivaient, l'apprentie potionniste se força à se concentrer sur la discussion visiblement tendue se déroulant entre Octavius et son père. Merlin... Qu'avait-il encore inventé ?

« Je suis en effet sans scrupules ni remords. Mais uniquement lorsqu’il s’agit de mes propres intérêts. L’idéologie n’a aucun rapport avec cela, mes clients ont simplement toujours su comment cultiver mon intérêt avec des affaires intéressantes et des récompenses conséquentes et précieuses par leur rareté. Et pour l’instant, vous n’y parvenez pas. Ne tenez pas rigueur à mon honnêteté, je vous parle comme au potentiel client que vous semblez vouloir être et non comme à l’invité d’Emanuel. Et je n’ai pas pour habitude de me perdre en conjectures inutiles. »

Intérieurement, Cassidy senti sa mâchoire se décrocher. Comment osait-il parler ainsi à un Rowle, lui simple sang-mêlé ? En un claquement de doigts, elle savait son père parfaitement à même de faire enfermer le bibliothécaire à vie à Azkaban, toutefois, ce dernier se contenta de renifler dédaigneusement et de porter son verre à ses lèvres, tout en fixant le bibliothécaire d'un air impénétrable.

« Travailler pour les Rowles ne serait donc pas un prestige ? »

Pourquoi ? Pourquoi son père se donnait-il toute cette peine ? Et de quoi étaient-ils en train de parler ? Un contrat ? Une mission ? En tout cas, si tel était le cas, Octavius semblait refuser d'effectuer cette dernière. Mais... si Andreas était en train de lui proposer un contrat actuellement, cela pouvait-il signifier qu' Octavius n'avait jamais travaillé pour lui ? Et de ce fait qu'il ne s'agissait pas d'une soirée piégée au cours de laquelle il exécutait son rôle de consultant pour lui ? Trop de questions, trop peu de réponses... Les rouages entrechoquaient violemment dans l'esprit en alerte de la jeune femme, sans parvenir à trouver un terrain d'entente. Cassidy suivait attentivement l'échange qu'elle avait pris en cours, sans parvenir à comprendre ce que tout cela signifiait. Où était la vérité ? Où se terrait le mensonge ? Concernant la réaction de son paternel, la jeune Rowle savait pertinemment que cela cachait quelque chose, car Andreas ne se serait jamais donné la peine en temps normal, de poursuivre la conversation avec une personne faisant preuve d'une telle insolence envers lui. Jamais.

Bien qu'étant dans l'incapacité la plus totale de la comprendre, même avec toute la meilleure volonté du monde, la réponse, d' Octavius la cloua sur sa chaise, tandis qu'elle provoquait chez Andreas un haussement de sourcils significatif. Le bibliothécaire s'était exprimé en français.
Le Mangemort se redressa sur sa chaise, un léger rictus ornant ses lèvres fines. Tranquillement, il vint poser souplement ses coudes sur la nappe immaculée, repoussant légèrement son assiette, et croisa les doigts les doigts un à un, sans quitter Octavius du regard.

« Quelle surprise... Votre maîtrise du français est surprenante Monsieur Holbrey. Vraiment parfaite. Pour en revenir sur ce que vous disiez, il est certain que je ne connaissais pas votre valeur puisque je n'avais jamais entendu parler ne serait-ce que de votre existence. Toutefois, je ne peux que l'imaginer si Yaxley et McNair ont fait appel à vos services. Toutefois, il est vrai que vous me surprenez sur un point ; je ne vous pensais pas aussi... - il lissa sa barbe de ses longs doigts - sûr de vous. », répondit-il en anglais.

Intérieurement, Andreas notait les informations, ou plutôt les gravait dans son esprit. Ce bibliothécaire-consultant ne lui disait rien qui vaille. Il était bien trop sûr de lui, refusant de se plier aux règles et faisant fi du respect que le nom de Rowle inspirait dans la société. Un électron libre, une particule de magie indomptable... qui lui rappela soudain la façon de penser de Nila, son ex-épouse. Une liberté de penser, une liberté d'action, un refus de plier face à l'autorité qu'il représentait. Une liberté qui avait finir par déteindre sur sa fille. Cet homme était un danger, et d'autant plus s'il ne servait pas les intérêts du Seigneur des Ténèbres.

« Cela dit, conseil gratuit de consultant : si vous voulez de la servilité, vous aurez toujours par moments de l’insolence, quoi que vous fassiez. Si vous voulez de la loyauté en revanche… eh bien, cela se conquiert, mais ne se force pas. », répondit-il usant du français.

Andreas décroisa les doigts et commença à découper sa viande, lentement, tout en reprenant, dans la langue de Molière à son tour :

« Je ne partage pas votre avis Monsieur Holbrey, même si je le respecte cela dit. Pour en revenir à " mon insolente progéniture ", je ne vous aurais sûrement pas confié sa garde, mais sa surveillance. En aucun cas, il ne me serait venu à l'esprit de vous charger d'y remédier. Tout ce que j'attends de vous relève d'une simple surveillance et d'un rapport régulier. Aucune intervention. Quant au paiement, vous allez vite en besogne mon cher. A vouloir faire de l'esprit, vous détournez mes mots et ne comprenez que ce que vous souhaitez comprendre. J'ai dit que ce service serait rémunéré et que je savais être généreux lorsqu'il s'agit de ma fille, mais je n'ai jamais parlé d'argent. Alors, peut-être serait-il sage de prendre le temps de vous assurer du sens de mes paroles, avant d'en déduire vos conclusions erronées, mon cher. »

Son regard se fit pensif, oscillant entre Octavius et Cassidy. Lentement, il porta un morceau à sa bouche, sous les regards de la tablée, avant de reprendre, usant toujours du français.

« Vous me rappelez quelque peu ma fille Monsieur Holbrey... Cette espèce d'insolence juvénile dissimulée par de beaux vêtements et par une facilité oratoire. Heureusement, Cassidy est encore jeune et ses écarts se font de moins en moins réguliers à force de travail. Elle a beaucoup évolué, et sait que j'agis pour son bien. - il s'interrompit un instant - Je peux bien entendu vous rémunérer autrement qu'avec de l'argent - que je ne doute pas que vous possédez aux vues de votre costume. La question est de savoir ce que vous désirez, en échange de ce service. Détendez-vous donc mon cher, tout en y réfléchissant, nous en reparlerons après.
- Je vais suivre votre conseil et danser un peu. Cela dit ce sera avec Madame Green, car Elena a beau me dévisager, elle ne sait pas bien danser la valse. D’Anselme, tu devrais inviter Elena, vous irez bien ensemble, avec vos quatre pieds gauches. », déclara le brun en anglais.

Sans un mot, Cassidy l'observa se lever afin de rejoindre Pénélope Green, qui dans un mouvement élégant, tendait déjà sa main gracile vers lui - doigts que l'homme s'empressa de saisir afin de l'aider galamment à se lever, avant de l’entraîner à son tour sur la piste de danse. Elle n'avait rien compris à ce qu'il venait de se produire face à elle, l'alternance du français et de l'anglais la mettant en grande difficulté quant à la compréhension d l'intégralité du spectacle auquel elle venait d'assister en spectatrice impuissante. Toutefois, elle était quasiment certaine d'une chose : que cela ne présageait rien de bon pour elle. Intérieurement, la Rowle tressaillit tandis qu'elle massait de manière circulaire son poignet droit reposant sur ses cuisses. En effet, à plusieurs reprises, elle avait saisit le regard azur de son paternel se diriger vers elle, ainsi que certaines œillades discrètes d' Octavius à son égard. Si elle n'avait pas d'idée précise de la teneur de leur échange, il était quasiment certain qu'elle avait fait partie de la discussion - à son insu.

« Comment s'est déroulée cette danse mon cher Antoine ? Vous qui êtes un excellent danseur, avez-vous pu apprécier le talent de ma fille ? »

La voix de velours de son père la tira de ses sombres pensées qui auraient pu se matérialiser en d'épaisses volutes de fumées grisâtres, de manière brutale, et ce fut seulement en puisant dans ses dernières réserves psychiques qu'elle parvint à se servir d'une ultime once de contrôle afin d' empêcher son corps épuisé de réagir trop brutalement en sursautant violemment : Seules ses mains reposant sur ses genoux se crispèrent nerveusement entre elles.

« Oh parfaitement bien Andreas, il va sans dire qu'elle possède un talent indéniable. Toutefois, je me dois de souligner que le poignet de mademoiselle me parait bien sensible... pour une simple entorse. Il faudra y remédier définitivement avant qu'elle ne vienne travailler en France à mes côtés cet hiver. »

Cassidy fronça légèrement les sourcils, s'apprêtant à lui balancer dans la face qu'elle ne lui avait en aucun cas donné son accord. Alors qu'elle ouvrait la bouche, prête à lui balancer des paroles venimeuses dont elle avait le secret, un regain de lucidité lui revint en pleine poire lorsqu'elle capta le regard de son père rempli de promesses ne laissant présager rien de bon. Contrainte et forcée, Nehal se tu, et Cassidy reprit le contrôle, parvenant de justesse à transformer la moue de dédain naissante au coin de ses lèvres, en un sourire amusé.

« Je ne peux malheureusement pas vous promettre cela Monsieur Lacroix. - il fallait jouer la carte maîtresse - je pense devoir rester au château pendant ces vacances afin de travailler avec le Directeur. »

Andreas posa alors ses couverts, et avec une douceur insoupçonnée, tapota ses lèvres à l'aide de sa serviette d'un geste rempli d'élégance, avant de toussoter légèrement afin de reprendre d'une voix légèrement rauque.

« Explique toi Cassidy.
- A mon arrivée à Poudlard, j'ai pris l'initiative de solliciter l'aide du professeur Rogue afin de m'améliorer en potions. Les cours théoriques me manquaient, aussi, je lui ai demandé s'il accepterait de me donner des cours avancés, et il a accepté.
- Vous améliorer ? Mais votre père m'a affirmé que vous étiez l'une des étudiantes les plus brillantes de votre promotion Miss Cassidy. A quoi bon vous rajouter du travail si vous êtes déjà la meilleure ? »

A grand peine, la jeune femme retint un long soupir et masqua son agacement en portant sa fourchette à sa bouche, ce qui lui donna quelques instants de répit. Forçant ses gestes à revêtir une certaine nonchalance étudiée, elle reposa ensuite sa fourchette et porta le verre de vin à ses lèvres afin d'en avaler une gorgée. Courage Cass... Après tu dormiras pendant mille ans... Une soirée... Une Teletubbies de soirée c'est tout ce qu'on te demande. Ne foire pas tout, c'est déjà assez compliqué...

« Je ne suis pas la meilleure Monsieur Lacroix. Je suis passionnée, certes... mais...
- N'êtes-vous pas la première de votre année ?
- A vrai dire, je ne pense pas.
- Oh je vois, alors vous souhaitez le devenir ?
- Non. »

Lacroix fronça les sourcils.

« Je crains de ne pas vous suivre très chère. A quoi bon solliciter ce fameux professeur Rogue si vous ne souhaitez pas vous améliorer ?
- Mais c'est bel et bien ce que je vise. Ne comprenez-vous pas ? Je ne souhaite pas devenir la première. Cela n'a pas de sens pour moi. Une fois la première, que ferai-je ? Où irai-je ? Non, indéniablement, j'ai besoin d'avoir quelqu'un devant moi. Une personne qui me pousse à me surpasser moi-même. Je veux pouvoir continuer à apprendre, à découvrir de nouvelles choses. Je ne vise pas à être la première, la "meilleure", je veux me surpasser et repousser mes limites.
- Hum... Je... vois. Nous trouverons un arrangement, j'en suis certain. »

Il ne voyait rien. La jeune femme en aurait mis sa main à couper. Il ne comprenait pas ce vers quoi elle tendait, mais été trop fier pour l'avouer, ce qui l'arrangeait. Tranquillement, la blonde lui adressa son plus beau sourire, et tandis qu'elle reprenait son repas - se forçant à avoir l'air le plus naturel possible, alors que rien que le fait de piquer avec sa fourchette l'élançait, Antoine se tourna vers Ève et sa coiffure toujours impeccable - en contraste frappant avec celle de la blonde.

« Et vous Miss Haze ? Parlez-nous un peu de votre travail ? - questionna-t-il en sortant de la poche intérieure de son veston, un petit étui contenant ses cigarettes favorites - Vos études sont donc terminées ? »

Galamment avec un sourire, il lui en proposa une, ce que la jeune femme s'empressa d'accepter.

« Oui, en effet. Je travaille depuis maintenant deux ans. De ce fait, je suis amenée à voyager et... attendez, puis-je voir votre étui ? »

Haussant légèrement les sourcils, un air mi-amusé, mi-étonné peint sur son visage, le français le lui tandis, et elle s'en saisi tout en le remerciant rapidement. Coinçant sa cigarette au coin de ses lèvres maquillées, elle releva le petit étui à hauteur de son visage et l'observa avec la plus grande attention, comme s'il avait été une relique datant de mille cinq cent ans.

« ça alors... Monsieur Lacroix, où avez-vous eu cet étui ?
- Oh il appartenait à l'un de mes ancêtres, un Lacroix, qui l'a reçu en héritage à la mort du dernier descendant d'une ancienne famille de sang-pur française, aujourd'hui disparue. Le blason que vous voyez dessus est le leur. Mais, comment cela se fait-il qu'une jeune femme telle que vous connaisse ce blason ? »

La brune lui sourit malicieusement.

« Je suis commissaire-priseur Monsieur Lacroix, c'est donc mon métier de reconnaître ce genre de choses... Vous savez, les objets rares, voire uniques... Parfois sans valeur apparente, mais indéniablement toujours précieux.
- Oh je vois... Ma famille doit encore avoir plein d'objets appartenant à cette famille sur l'étagère de la bibliothèque familiale, cela vous intéresserait-il éventuellement ? Je sais que ma mère souhaitait s'en débarrasser, pensant que ce ne sont que des babioles futiles sans le moindre intérêt.
- Hum... Je pourrais en faire un catalogue pour les enchères si cela vous intéresse, vous pourriez en recueillir une très belle somme.
- Je ne pensais pas que ce genre d'objets de valeur pouvaient se perdre dans la nature sans que personne ne leur trouve de l'intérêt pendant si longtemps !
- Monsieur Lacroix, cela arrive constamment. Combien de fois ais-je retrouvé des reliques ancestrales dans les greniers de gens qui voulaient revendre leurs maisons... »

Amusé, le mangeur de grenouille tira sur sa cigarette et aspira la fumée nonchalamment, tandis que l’excédent ressortait par ses narines.

« Alors votre rôle est de redonner de l'éclat aux objets que plus personne ne remarque ... Je me sens tout d'un coup plus important à l'idée de posséder un trésor caché, je vous en remercie. »

Alors que la brune éclatait d'un rire franc, Cassidy sentit un mouvement à ses côtés. Il était revenu. Octavius. Celui dont elle ne savait rien. Celui dont la rencontre en cette soirée avait fait écrouler ses maigres connaissances à son sujet. Un trou noir, voilà ce qu'il lui inspirait. Imperceptiblement, son maintien se rigidifia alors que sa respiration s'accélérait légèrement.

« Qui sait, je trouverai peut-être quelque chose d'autre chez vous pour rehausser votre propre éclat ? »

C'est ça, allez vous redonnez de l'éclat mutuellement, et foutez-moi la paix... Tandis que Lacroix et la brune se taquinaient, elle avait enfin un semblant de tranquillité, la conversation tendue étant enfin déviée d'elle. Soufflant légèrement, la blonde croisa ses couverts sous le regard amusé d'Emanuel. Ce d'Anselme... Elle avait juste envie de l'étrangler de ses propres mains. Alors qu'elle allait ouvrir la bouche, une voix la devança. La sienne. Qui d'autre ?

« Pour répondre à votre question, Miss Rowle, non, je n’ai jamais songé à rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres. Ou plutôt, si j’y ai songé, mais je m’y refuse. Ce serait fort ennuyeux. De nos jours, c’est comme être membre d’un parti politique. Je suis trop exubérant pour m’y soustraire.
- Trop exubérant... Avez-vous conscience que ce n'est guère une qualité de nos jours Monsieur Holbrey ? Vous savez que vous ne pourrez rester ainsi, tel un indécis, bien longtemps ? C'est la guerre mon cher, et un jour ou l'autre il vous faudra choisir votre camps, et j'ose espérer qu'avec votre esprit, vous saurez faire le bon choix. »

Andreas lâcha un petit rictus, tandis que le bibliothécaire se détournait légèrement d'elle afin de l'intégrer à la conversation.

« Et je puis vous assurer qu’il est parfaitement possible de servir honnêtement un maître sans adhérer à ses idéaux. Tout dépend des ordres donnés. Sinon cela voudrait dire que les avocats qui défendent des violeurs adhèrent nécessairement au crime commis ? Un vulgaire syllogisme. Enfin, certains peut-être effectivement. Mais d’autres sont mus par des principes plus fondamentaux comme le sens d’une justice sans considérations. Après tout, les Mangemorts sont tant d’autres choses que les idéaux qu’ils partagent. Vous, ma chère, vous êtes une apprentie potionniste, par exemple. Dites-vous qu’une fois un Mangemort m’a demandé de trouver une réplique du diadème de la princesse Sissi pour l’offrir à l’anniversaire de son épouse. Alors permettez-moi de vous dire que votre vision est très réductrice. »

Soupirant légèrement, Andreas secoua la tête en signe de dénégation. Désignant Cassidy de sa main, il répondit :

« Cassidy est parfaitement au point avec ce genre de débat d'une simplicité enfantine. Échangez plutôt avec elle, et nous reviendrons ensuite sur l'objet de notre précédente discussion. »

Inspirant profondément, la jeune femme se força à rester calme, et alors qu'elle se tournait plus franchement vers son voisin de droite, offrant sa chevelure à l'efféminé, son genou droit entra malencontreusement en contact avec la jambe gauche du bibliothécaire. Insupportable. Vivement, elle replia précipitamment la jambe sous sa chaise, sans néanmoins paraître le moins du monde troublée.

« Monsieur Holbrey, je ne me perdrai pas dans de longs discours pour vous expliquer que non seulement votre vision des choses est erronée, mais qu'en plus elle vous met dans une situation délicate face à des défenseurs des idées du Seigneur des Ténèbres. Servir un maître sans adhérer à ses idéaux est rigoureusement impossible car même si en effet les Mangemorts sont tous différents les uns des autres, ils sont réunis au nom d'une cause commune : La suprématie du sang-pur. De ce fait, en étant singuliers, ils sont tout de même semblables dans leur idéologie. Les avocats qui défendent les criminels n'adhèrent bien évidemment pas au crime, mais réalisent leur travail au nom d'une cause commune, et ce tout comme les Mangemorts et ceux - comme vous, servant les intérêts des Mangemorts : la justice. De ce fait, vous qui prétendez être libre de toute influence " politique ", au nom de quoi avez-vous exercé pour les Mangemorts pendant ces années, si ce n'est pas ce qu'ils défendent eux ? »

La logique était simple, pure et dure.

« Mais vous avez raison sur un point - reprit-elle sans lui laisser le temps de répondre - les gens sont souvent beaucoup plus que ce qu'ils donnent à voir. »

Elle s'était efforcée de parler d'un ton détaché, néanmoins, une note glaciale s'était détachée dans sa dernière phrase, sans qu'elle ne puisse la moduler.

« Excusez-moi un instant. » , déclara-t-elle en se levant souplement.

Repoussant silencieusement sa chaise en velours, la sorcière se dirigea alors vers les toilettes pour dames, avant de bifurquer au dernier moment vers les escaliers menant au premier étage là où se trouvaient les chambres et quelques-unes des suites de l'hôtel. Il fallait qu'elle marche, qu'elle se mette en mouvement. Rester assise près de lui à lui faire la morale n'avait aucun sens à ses yeux et lui était totalement insupportable. Tandis qu'elle montait les marches, tenant sa baguette dans sa main droite, Cassidy repensait à tout ce qu'elle avait appris en l'espace d'une seule soirée, et senti la nausée l'envahir. A bout, elle était à bout de forces. Épuisée à la fois psychiquement et physiquement. S'enfonçant dans les couloirs faiblement éclairés, elle tourna une fois à gauche, puis à droite. Une fois, non deux fois. Où peut-être était-ce l'inverse ? Elle était perdue, mais s'en moquait totalement. Lentement, la tête commença à lui tourner, l'obligeant à ralentir le rythme de sa marche folle et à prendre appui contre un mur. Fermant les yeux, la Rowle inspira profondément. Se calmer. Le pire était arrivé. Tous ses cauchemars s'étaient réalisés en l'espace de quelques heures. Que pouvait-elle bien craindre de plus ?
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyDim 30 Oct 2016 - 20:46

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 22:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptySam 5 Nov 2016 - 20:57

Gris. Grisâtre. Épais et opaque. Le brouillard. Ses lèvres rosées s'entrouvrirent dans un mouvement désespéré, tendant d'inspirer l'oxygène qui semblait avoir disparu de l'environnement. Vacillante sur ses jambes fuselées, aveugle de l'environnement qu l'entourait, seule sa main droite, en appui régulier contre la tapisserie recouvrant le mur du couloir lui permettait de savoir qu'elle continuait d'avancer. Un pas. Un deuxième. Au travers de l'opacité grise, les yeux pourtant grands ouverts, elle continuait d'avancer, vers une destination inconnue. Mille pensées en tête, elle ne prêta guère attention à l'employé qui passa près d'elle, lui demandant si tout allait bien. Sa réponse fut à l'image de son maintien ; en mode automatique déraillé. Joli automate certes, mais automate tout de même. L'impression de marcher sur une ligne invisible, un fil tendu au dessus d'un gouffre si vertigineux que le meilleur des alpinistes les plus experts aurait certainement hésité avant de se lancer dans sa traversée potentiellement mortelle. Un pas. Un deuxième. Ne pas regarder vers le bas. Toujours devant. Même si le brouillard épais refusait de se dissiper. Un battement de cils ne l'aida guère. Avancer, encore. Jusqu'où ? Peu importe. Mettre de la distance. C'était tout ce qui comptait. Entre elle et lui. Entre elle et eux. Elle n'avait pas pu supporter son regard après ce qui venait de lui être révélé. Nehal avait envie d'exploser tout en s'écroulant - elle qui avait manqué de se révéler quelques semaines auparavant - tandis que Cassidy menaçait de se fissurer. Dans le jeu qu'était la vie, il était nécessaire d'être à même de reconnaître ses faiblesses, de sentir lorsque la scène devenait trop dure à supporter. En bonne joueuse, Cassidy s'était levée et était partie, afin d'éviter le pire.

Voilà où elle en était. Elle marchait, telle une funambule, dans le couloir désertique d'un hôtel à elle ne savait combien d'étoiles. Pour n'importe qui, une soirée dans un palace tel que celui-ci aurait été un rêve éveillé, mais pour elle, le cauchemar avait bel et bien commencé. Il lui avait menti sur toute la ligne en crachant son venin sur les Mangemorts, avec une telle intensité qu'elle n'avait pas douté de son allégeance une seule seconde après cela. Rien n'avait pu lui laisser croire qu'il les avait servi. Rien. En dépit de ses masques qu'elle avait commencé à entrevoir, ses multiples facettes qu'il lui avait présenté - passant de l'extravagance au sérieux absolu en un claquement de doigts -, elle n'aurait jamais pu soupçonner l'existence de celle qui lui avait été révélée ce soir. Un serviteur du Lord Noir - directement ou indirectement, qu'importe. Il avait servi la même cause, de près ou de loin, que son père. Un menteur, un traître de plus. Un traître spécial cela dit, puisqu'il avait été le seul et l'unique - non pas à avoir tenté de gratter sa carapace en béton armé - mais le seul à avoir commencé à la fissurer. Par sa personne, sa patience. Son insolence et son extravagance. Un savant mélange entre blanc et noir, tout en nuances. Entre passion et provocation. Non conventionnel, la jeune femme n'avait jamais été confrontée à un tel personnage de toute sa vie. Toutefois, ce soir, elle avait vu le côté sombre, sans nuances. La bête aux convictions extrémistes assoiffée de pouvoir. Si elle savait pertinemment qu'il ne possédait pas la marque puisqu'elle avait habité dans son corps, elle n'avait pas habité son esprit, et cette noirceur dissimulée venait de lui exploser en pleine figure. Une claque à Nehal. Aussi brûlante que gorgée de trahison. Il s'était amusé à lui jeter de la poudre aux yeux, dans ses iris tourmaline et - idiote qu'elle avait été - elle n'avait vu que du feu dans dans son jeu. Aveugle.

Joueuse experte... Tu parles. Elle qui se considérait ainsi depuis bien longtemps, avait été remise à sa place en l'espace de quelques minutes. Calmée, décimée. Elle avait trouvé meilleur menteur et meilleur joueur qu'elle. Pause. Lentement, ses ongles nacrés se crispèrent sur la tapisserie tandis que ses phalanges blanchissaient. Il n'était pas le seul traître, ni le seul fautif. Non. Elle l'était également. Honteusement, elle s'était trahie elle-même, elle et ses convictions. Elle et son contrôle permanent. Cette révélation quiavait été à ses yeux d'une telle immondice, n'aurait jamais du prendre cette importance malsaine à ses yeux. En tant que Rowle, elle aurait du tout simplement l'accueillir avec une certaine surprise compte tenu de ce qu'ils avaient vécu quelques semaines auparavant, mais cela aurait du lui faire ni chaud, ni froid. Or, ça n'avait pas été le cas, signe qu'il avait déjà trop d'importance à ses yeux. Brusquement, l'alarme avait sonné, hurlé dans ses oreilles. La sortant brusquement de l'eau dans laquelle elle se noyait. Elle avait ouvert les yeux pour constater qu'elle était déjà enfermée. Emprisonnée, au sein d'une cage aux barreaux d'aciers.. Il était trop proche d'elle, qui s'était bien trop ouverte. Certes, elle avait perçu qu'il était plutôt doué pour transgresser toutes les limites, et que sa proximité était un problème. Sauf, qu'il n'était pas proche, non. Il était entré. Et ça, elle ne l'avait pas perçu parce que personne n'avait jamais accompli cet exploit. S'adossant contre le mur, ses doigts fins se portèrent sur ses paupières. Il fallait qu'elle se réveille, qu'elle se reprenne. Ce n'était plus possible. Elle se perdait elle-même, et si cette pensée lui était si intolérable, c'était parce qu'elle faisait écho au fait que sa mère avait donné sa vie pour qu'elle évite de tomber dans cette erreur.

« Cassidy ! »

L'injonction paternelle sifflant à ses oreilles l'arrêta dans son élan, et eu le mérite incontestable de dissiper brusquement et définitivement l'épaisse nappe grisâtre dans laquelle elle se perdait. Un clignement de paupières, un battement de cils noirs, et la voilà qui réintégrait la réalité. L'ignoble réalité. Dans un flou artistique, le couloir étroit dans lequel elle évoluait s'esquissa sous ses yeux, les couleurs chatoyantes venant se mélanger entre elles dans un ballet démoniaque, avant que les formes et les contenus ne reprennent correctement leur place. Un mur crème, un tapis bordeaux. Un mobilier en bois de rose, sur lequel reposait un bougeoir ancien. Une profonde inspiration, et la voilà qui pivotait sur ses talons, prête à affronter les remontrances de son paternel, avec cette soumission immuable qui teintait leur relation. Toutefois, elle ne s'était guère attendue à ce qui se présenta sous ses yeux. Une fois de plus. Pourquoi perdait-elle pied face à lui ? Lui. Que foutait-il là au juste ? Si le visage furieux d'Andreas n'était guère surprenant, elle ne s'était attendue qu'à être confrontée à lui seul, ce qui était déjà bien assez en soi. Mais non. Le destin en avait encore après elle, puisqu'ils n'étaient pas juste à deux, mais à quatre. Son père, elle, un employé, et lui. Holbrey. Situé davantage en retrait avec l'employé, il avait accompagné son père à sa recherche. Pourquoi donc ? Estimait-il n'en avoir guère fait assez ? Voulait-il donc assister à sa chute dans les moindres détails ? Etre témoin de sa disgrâce ?

« Père, je...
- Tais-toi. Es-tu véritablement inconsciente ou tout simplement incapable de te rendre compte de la situation dans laquelle tu me mets ?
- Je...
- Tu me fais honte Cassidy. Véritablement honte. Si nous n'étions pas accompagnés, je me serai fait un devoir de te corriger comme tu le mérites. »

Interdite, la jeune femme baissa ses yeux - tant haïs par son père - , signe de soumission. Silencieusement, elle se força à l'écouter, sans l'interrompre.

« Qu'est-ce qui t'as pris de monter ici ? Tu pensais vraiment que personne ne s'en apercevrait ? Quel était ton but en faisant cela ? - il marqua une courte pause, les narines encore frémissantes de rage contenue - Tu cherchais à attirer l'attention sur toi, n'est-ce-pas ? Qu'ais-je donc fait pour que tu te comportes ainsi Cassidy ?
- Ce n'est pas cela, je... je ne me sentais pas...
- Il y a encore tant de ta mère en toi. N'as-tu donc pas renié ses principes ? »

Vivement, Cassidy releva les yeux vers cet homme qu'elle haïssait du plus profond de son cœur, et lorsqu'elle ouvrit la bouche pour s'exprimer, ce fut d'une voix sans faille.

« Bien sûr que si Père. Et je vous l'ai déjà prouvé à maintes reprises. Pour vous, j'ai brûlé tout ce qui me rattachait à l'Inde, j'ai appris ces manières indispensables au savoir-vivre en société dont j'avais cruellement manqué pendant tant d'années. Certes, je suis consciente de mes faiblesses et de mes lacunes par rapport à Aloïs, mais je les travaille Père. Je m'efforce de ne pas vous décevoir.
- Tu n'as pas abandonné son caractère.
- J'y parviendrai, et pour vous prouver ma bonne volonté, je suis prête à accepter de me rendre en France avec Monsieur Lacroix pour les vacances de Noël. Je suis certaine, aux vues de nos échanges, qu'il sera capable de m'apporter la rigueur dont il m'arrive encore parfois de manquer.
- Ce n'est pas comme si tu avais réellement le choix Cassidy. Il faudrait mieux pour toi que tu te reprennes, et vite. Le Seigneur des Ténèbres ne tolérera pas pareille faiblesse dans ses rangs. »

Le regard dur de son père vrilla dans le sien, la sondant au plus profond de son âme, et à cet instant, la blonde remercia Merlin que son père ne soit pas Legilimens. Alors qu'elle rouvrait la bouche, l'arrivée d'Octavius et du garçon d'étage la força à se taire. Au final, ce n'était pas plus mal puisque subir les remontrances et s'efforcer d'avoir un discours cohérent et sans faille dans son état était un défi relevant presque de l'impossible. Silencieusement, ses iris clairs dérivèrent sur le bibliothécaire, dévisageant ce dernier avec un masque d'impassibilité expert. Rien. Voilà ce que son joli visage reflétait. La haine ? Non. La colère ? Que nenni. L'indifférence ? Même pas. Le vide. Le néant. Les bras croisés dans le dos, cette image qu'il se donnait n'était qu'une image. Elle le savait pour l'avoir vu à maintes reprises affalé dans son fauteuil si... moelleux à la bibliothèque, surprenant parfois ses pieds à même le bureau de bois. Masques, apparence, superficiel. Le bougre savait donner dans le paraître. C'était indéniable. En cet instant, avec son masque du parfait gentleman néanmoins conscient de sa place, il aurait pu faire figure de gendre idéal pour Andreas si la nature de son sang n'était pas aux yeux de ce dernier, aussi outrageante, et s'ils n'avaient pas eu ces échanges si... piquants durant le repas.

Un bras droit s'enroulant autour de sa taille tandis que le gauche vint se placer sur son avant-bras gauche lui fit tourner les yeux vers l'employé qui s'était permis ce geste.

« Miss, je crois qu’il faudrait mieux pour votre santé que vous vous allongiez, vous avez perdu toutes vos couleurs.
- Non, vraiment... je vous remercie monsieur, mais ça ira. Ce n’était qu’un léger malaise, qui commence déjà à passer. »

Elle avait tenté de mettre dans sa voix toute la fermeté possible, et tenta même de se dégager de l'emprise du garçon d'étage qui ne fit que resserrer sa prise, visiblement concerné par son état. Son effort pour se dégager fut tel qu'elle fut déséquilibrée et tangua légèrement, prenant involontairement appui sur le bras du sorcier, qui ne manqua pas cette occasion pour lui faire remarquer sa faiblesse, venant rajouter un plis supplémentaire au front d'Andreas pour qui la situation devenait véritablement humiliante.

« C'est pour ça que vous vous appuyez autant sur mon bras ? Ecoutez Miss, dans notre établissement, nous ne laissons aucun client se mettre en danger, même s'ils s'en sentent capables. D’autant que les autres clients pourraient vous voir ainsi et penseraient que vous avez trop bu ou que vous êtes malade et que l’hôtel ne daigne pas s’occuper de vous. Cela jetterait une ombre sur notre réputation, Miss. Alors s'il vous plait, accompagnez-moi, nous allons trouver un endroit où vous pourrez vous reposer et je vous porterai un verre d'eau. Si avec cela vous vous sentez de nouveau d'attaque, je ne m'y opposerai pas. »

Mettre en jeu la réputation de l'hôtel ? La jeune femme risqua un regard vers son paternel dont le visage s'était durci face à cet argument de poids. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il ne souhaitait en aucun cas attirer la disgrâce sur le nom des Rowle.

« Dans ce cas-là je préfère qu’on s’en aille. Cassidy, tu rentres avec moi, nous allons transplaner à la maison. »

Oui, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Sans un mot, la jeune femme acquieça et chercha une nouvelle fois à se dégager des mains de l'employé, toutefois ce dernier la maintient une fois de plus. Merlin, elle avait vraiment envie de lui mettre une baigne. Comptait-il la lâcher un jour ? Elle n'était pas sa propriété et en tant que cliente majeure et vaccinée, elle était encore libre de ses choix.

« Je vous prierai de bien vouloir me lâcher immédiatement Monsieur. »

L'ignorant royalement, le garçon d'étage ne lui accorda pas un regard tandis qu'elle le transperçait d'un regard mauvais, préférant s'adresser directement au paternel qu'il avait sans aucune peine identifié comme étant le représentant et le seul détenteur d'une quelconque autorité.

« Monsieur, votre fille est visiblement trop faible pour un tel effort. Il vaut mieux qu’elle reste ici le temps de se rétablir entièrement. N’ayez crainte, nous nous occuperons bien d’elle, vous pouvez en être certain.
- Non, je ne...
- Je n’en doute pas un instant. »

Interloquée, la jeune femme dévisagea son père qui s'éloignait déjà en direction des escaliers, sans daigner lui accorder ne serait-ce qu'un regard et il lui fallu quelques instants pour comprendre que s'il avait cédé aussi facilement face aux arguments pesants d'un simple employé, c'était bel et bien à cause d'une question de réputation. Peu lui importait son état, seul le prestige avait une importance à ses yeux et l'employé avait frappé juste, usant du seul argument ayant un véritable poids à ses yeux. Devant ce père qui l'abandonnait ainsi, sans un regard pour elle, Cassidy savait que lors de son retour, elle en baverait. Plus que nécessaire. Qu'allait-il inventer ? Elle n'en avait aucune idée mais savait pertinemment que cela ne laissait présager rien de bon. Se tournant vers l'employé, elle tenta une dernière fois.

« Monsieur, je vous suis reconnaissante de vous inquiéter ainsi mais croyez-moi, votre sollicitude n'est pas justifiée. Je me sens réellement mieux, je n'ai aucunement besoin de...
- Ma chambre est au bout du couloir, emmenez-la y, allongez-la et ramenez-lui de l’eau fraîche. Ne discute pas Cassidy. »

Pardoooon ? Non, elle avait dû mal entendre. Une seconde, la Rowle resta pétrifiée devant cette audace avant qu'elle ne sente la fureur monter en elle, à une vitesse alarmante. Boum boum... Comment osait-il s'en mêler ? Boum boum... Tout ceci était de sa faute et voilà qu'il se permettait de lui donner des ordres ? Boum boum... Le voilà qui lui tournait le dos maintenant, s'éloignant d'elle, sur les traces de son père qui avait déjà disparu dans les larges escaliers reconduisant au rez-de-chaussée où se trouvait le restaurant Le Céleste où devaient les attendre ses invités.

« Non mais je rêve... Holbrey ! », finit-elle par hurler.

Elle nageait en plein délire là... Elle allait finir par émerger ce n'était guère possible autrement. La fureur grandissait en elle, si bien que l'employé, sentant la tempête arriver l'entraina d'une poigne ferme vers la chambre indiquée par Octavius dont il venait de récupérer la clé.

« Miss, s'il-vous-plait, ne criez pas. Certains clients dorment déjà et vous devez respecter notre clientèle.
- Alors lâchez-moi immédiatement que j'aille régler mes comptes avec lui.
- Je... Je ne pense pas que cela soit une bonne idée Miss. Votre père a accepté que vous restiez ici et ce charmant Monsieur a eu la délicatesse de vous offrir le moyen de vous reposer. Pourquoi vouloir partir ? »

Un regard glacial lui répondit. " Charmant monsieur "... Il avait bien dit " charmant monsieur " ? Non mais là, on partait loin...  Nooooon... Elle avait du mal entendre, oui oui, c'était cela. En plus d'être aveugle, elle devenait sourde. C'était sûrement ça. Une fois qu'il l'eu traînée devant la porte de ladite chambre, il ouvrit cette dernière tout en veillant à ne pas la lâcher, et une fois ceci fait, il prit la peine d'allumer les lumières d'un coup de baguette, avant de la pousser gentiment mais fermement à l'intérieur. La furie devant lui, il lui désigna le lit d'un geste maniéré.

« Allongez-vous donc quelques instants Miss. Prenez le temps de respirer, je vous assure que vous êtes vraiment très pâle, trop pour être en bonne santé. »

Si les yeux pouvaient tuer, l'employé serait sans aucun doute tombé raide mort.

« Savez-vous qui je suis ? Connaissez-vous ne serait-ce que mon nom de famille ?
- Je... Je ne doute pas que votre nom ait une grande importance Miss, mais...
- Miss Rowle. Cela restera Miss Rowle pour vous... - son regard dévia vers le badge du sorcier - Edgard.»

Blanchissant à son tour, l'employé eu un léger mouvement de recul devant la baguette qu'elle lui avait pointé sous le nez, avant de parvenir à reprendre contenance.

« Miss Rowle, j'agis avec l'accord de votre Père. De ce fait, peu importe votre nom, je n'aurai aucun soucis, et vous le savez. Je tiens à vous préciser que pour toute détérioration matérielle que vous pourriez causer, la facture sera immédiatement envoyée à votre Père. »

Sur ces mots, ne lui laissant guère le temps de riposter, le dénommé Edgard referma la massive porte en bois avant de la verrouiller à double tour et s'éloigna dans le couloir en ayant déposé la clé devant la porte, de manière à ce que ce " Charmant Monsieur " puisse la retrouver aisément. En entendant ce cliquetis caractéristique, la blonde se précipita sur la porte pour en actionner la poignée, en vain. Il avait vraiment osé aller jusqu'à l'enfermer dans une chambre qu'elle n'avait pas payé, qui n'était pas la sienne. Merlin... La jeune femme laissa son bras tenant sa baguette le long de son corps, avant de reculer lentement de quelques pas tout en restant face à la porte, prenant conscience de la position dans laquelle elle se trouvait. Prise au piège, elle était complètement à la merci du bibliothécaire. Que pouvait-elle faire ? Que voulait-elle faire ? Agrippant sa chevelure blonde dans un geste désespéré, Cassidy tournoya un instant sur elle-même, avant de se laisser tomber en arrière en travers du lit. Elle avait chaud. Elle avait froid. Tant de choses s'étaient produites, tant d'émotions qu'elle était dans l'impossibilité d'identifier avaient surgit, la mettant dans une zone d'inconfort tout juste croyable. Elle ne parvenait même plus à penser de manière claire et lucide. Fil idéique brisé. Ses pensées se chevauchaient, formant un ensemble incohérent - susceptible de devenir dangereux si jamais le bibliothécaire revenait. Le bibliothécaire... C'était sa chambre. Vivement, Cassidy se redressa et bondit sur ses jambes, mettant le plus de distance entre le lit et elle. Par la barbe de Merlin, elle disjonctait vraiment. Ce laisser-aller ne lui ressemblait décidément pas. Les jambes tremblantes, l'apprentie rejoignit l'un des deux canapés et, après un instant d'hésitation, s'assit sur le rebord, afin d'enlever ses chaussures.Ceci fait, elle abandonna ces dernières au pied du fauteuil, les laissant reposer sur le tapis, et s'approcha de l'âtre diffusant une chaleur réconfortante. Face à la cheminée de marbre dans laquelle grondait un feu, le regard vert d'eau de la jeune femme se noya dans cet océan de chaleur salvateur. Il avait osé... Andreas avait osé évoquer sa mère, Nila, chose qu'il ne faisait jamais. En effet, depuis le meurtre de cette dernière, ce sujet était tabou et père et fille ne l'abordaient jamais. Les paupières mi-closes, Cassidy se laissa un moment aller à écouter le crépitement hypnotisant des flammes rougeoyantes, avant de se lever et de se diriger vers la salle de bain, baguette à la main, tout en soulevant un pan de sa robe dont le bord traînait désormais sur le sol. Refermant la porte de la salle d'eau derrière elle, la blonde se dirigea vers la lavabo de marbre blanc et entreprit se rafraîchir la nuque en y déposant de l'eau glacée, qui lui donna des frissons lorsque les gouttes coulèrent le long de son dos, avant de se perdre dans le tissu de la robe, absorbée par ce dernier. Lentement, Cassidy releva les yeux vers la glace surplombant le lavabo, et compris soudainement l'inquiétude de l'employé. S'approchant un peu plus de son reflet, elle porta ses doigts à son visage comme pour s'assurer que ce reflet lui appartenait bien. Son visage avait perdu toutes ses couleurs, seul le blush corail sauvait quelque peu les apparences, sans que toutefois cela ne suffise à duper le monde ambiant.

« Que t'arrive-t-il Cass ? Si même ton corps se met à te trahir, comment peux-tu parvenir à tenir la route ? »

La voilà qui parlait à voix haute désormais... Secouant la tête, Cassidy tenta de se reprendre. Il fallait qu'elle se prépare à se confronter à lui, Octavius. Lorsqu'il reviendrait, il lui faudrait parvenir à contrôler sa rage à son égard... Y parviendrait-elle ? C'était une grande question, mais elle n'avait pas d'autre choix que d'essayer puisqu'elle était enfermée ici, avec une porte refusant de s'ouvrir même en y jetant des Alohomora. De plus, si l'employé avait dit une chose de juste, c'était que le transplanage dans son état était proscrit. Dégageant son visage de quelques mèches de cheveux, la sorcière regagna le salon, avant de se figer sur place en découvrant une silhouette de dos, paraissant assoupie l'un des canapés. Cette silhouette... Cette odeur de noix fraîche avec cette note typiquement boisée... Il ne faisait aucun doute. C'était lui. Octavius. Lorsque son poignet droit se crispa, elle retint à grand peine un gémissement de douleur. Boum boum... Son coeur battait... Boum boum... De plus en plus fort. " Octave a travaillé en tant que consultant pour certaines de vos relations, Macnair, je crois, et Yaxley ". La voix du dénommé Emanuel lui revint aux oreilles, retentissant dans son esprit aussi clairement que s'il avait été à ses côtés, en train de soulever une mèche de cheveux afin de lui murmurer vicieusement ces paroles du bout des lèvres, dans le creux de l'oreille. Un long frisson l'envahi. Boum boum... Boum boum... Son rythme cardiaque n'était-il pas en train de s'emballer là ? Possible... Tandis qu'elle sentait tous les muscles de son corps se contracter sous l'effort de la retenue, Cassidy se décida à avancer vers lui, et contourna le canapé, réprimant difficilement l'envie ô combien tentante de lui tordre le cou par derrière.

Il s'était foutu d'elle. Il lui avait menti. Boum boum
Pourquoi cela avait-il tant d'importance à ses yeux ? Boum boum
Elle aurait du s'en moquer après tout... Boum boum.
Il était déjà entré. Tel un serpent, se faufilant jusqu'à son âme, venant habiter ses pensées, à ses dépends. Boum boum...

« Monsieur Holbrey... »

Ne serait-ce que l'appeler " Octavius " lui paraissait tout simplement impossible désormais.

« Vous êtes déjà de retour ? Qu'en est-il de vos charmants invités ? Les avez-vous congédié usant de la même autorité dont vous avez fait preuve pour me faire enfermer ici ? »

De même que le tutoiement. C'était comme si elle était aux prises d'une étreinte forcée de laquelle elle tentait de se soustraire, en repoussant avec force son agresseur. Monsieur Holbrey, vous... Elle n'avait plus que cela pour tenter de mettre à distance une personne qui n'était plus seulement proche d'elle, mais qui était entré bien trop loin dans son esprit, dans son... Non. Si le début de sa phrase sa voix avait été parfaitement maîtrisée, la fin avait été légèrement tremblotante, trahissant le tsunami interne dont elle était victime. Lentement, très lentement, le brun entrouvrit les paupières afin de la dévisager. Baguette à la main, visage fermé animé d'un regard sombre et brûlant, bien que n'étant vraiment pas imposante, la jeune femme était indéniablement menaçante. Plus de nuances, elle était à deux doigts d'exploser. Plus de sourire feint, pas de faux semblants.

« Mes félicitations mon cher... Servir les intérêts des Mangemorts, les mêmes que vous avez dénigré avec tant de ferveur en début de mois... Voilà une surprise palpitante. »

Un haussement de sourcils. Un craquement d'os se fit entendre tandis que sa main gauche se refermait autour de la carafe remplie d'eau disposée sur la petite table près du canapé. Lentement, sa baguette toujours fermement tenue dans sa main droite, elle se servit un verre d'eau et alors qu'elle le portait à ses lèvres légèrement décolorées, le bibliothécaire se permit la chose brisant net toute tentative de contrôle. Il sourit. Un sourire satisfait, en coin, comme il savait parfaitement les faire. Bug. Un, deux, trois, quatre... Son regard clair le transperça sans pitié, laissant entrevoir qu'il n'aurait jamais, mais jamais dû se permettre cela. Il était dans l'incapacité la plus totale de comprendre ce qu'elle ressentait, ce n'était pas possible autrement. Cinq, six, sept... Huit. Ne pas craquer... Ne pas craquer... Neuf... Avec une violence inouïe, la Rowle, dans un geste mêlant haine et rage envoya le verre se fracasser contre le mur, explosant en mille morceaux, sa lourde tresse venant fouetter les airs tant le mouvement fut imprégné de vitesse et d'une vivacité non attendue.

« Comment... Oses-tu ? C'est ça ton plaisir ? , hurla-t-elle en pointant sur lui sa baguette tremblante de rage, Tu t'es foutu de moi, tu n'as fait que mentir, tenter de me mener en bateau depuis le début !! C'était quoi ces beaux discours à deux mornilles que tu m'as sorti, hein ?! Réponds-moi ! T'étais en mission pour mon Père, c'est ça ? Il voulait que tu me surveilles ? Et cette fleur, tout ce cinéma ? Pourquoi... Pourquoi t'être caché de Jugson s'il était l'un de tes collègues ?! Je.. मैं आप से नफरत है Holbrey !! »

Remplie de rage, elle explosait. Enfin. Sans parvenir toutefois à pleurer. Vide, elle se sentait vide, anéantie par tout ce qu'elle avait découvert.

« ça ne te suffisait pas de venir t’immiscer dans ma vie hein ? De m'empêcher de dormir ?! Il a fallu que tu t'introduises dans mes appartements, que tu... que tu... que tu t'appropries la seule chose qui m'appartenait encore !! Qui es-tu vraiment, hein ?! Que veux-tu ?! Sois sincère, ne serait-ce qu'une seule fois ! Je.. Je ne te comprends pas, je ne sais pas comment me comporter avec toi ! Tu... Tu n'es qu'un traître, un menteur, un p*tain d'acteur qui ne fait que s'amuser sans voir les dégâts qu'il créé autour de lui !! Tu sais comment mon père va me payer tout ça hein ?! »

Elle mélangeait tout. Sa haine contre lui, celle contre son père, saupoudré de toute la tension accumulée depuis le début du mois de Septembre. Bien entendu qu'il n'était pas responsable de tout, mais actuellement, dans l'explosion, la tempête n'épargnait ni la côte, ni le phare. Tout en parlant - pardon, hurlant - elle recula, renversant la table au passage, sans y prêter la moindre attention. D'un geste rageur, elle arracha violemment sa robe, déchirant le tissu jusqu'aux dessus des genoux de façon à être plus libre de ses mouvements, puis se redressant brusquement, elle lui envoya une gerbe d'étincelles brûlantes, bien vite suivie d'une seconde incantation :

« Expulso ! »

Sans réfléchir, elle se précipita ensuite sur lui, heurtant violemment son corps du sien. Le mouvement, l'action. Cela l’empêchait de penser et de s'écrouler. Agenouillée au-dessus de lui, ses genoux venant enserrer son bassin, sa main gauche agrippa le col de sa chemise si détestablement blanche, l'obligeant à relever la tête tandis que de la droite, elle lui flanqua sa baguette sous le nez. Sans douceur, elle l'obligea à approcher son visage du sien et lui adressa un regard meurtrier tandis que sa lourde tresse blonde retombait sur l'avant de son épaule droite.

« Qui es-tu vraiment et à quoi joues-tu avec moi, Octavius ?! »

Sa main gauche se resserra sur le col de la chemise. Il tenait tant que ça à rencontrer Nehal la fougueuse ? Celle qu'elle entravait depuis des années au fond de son être ? Eh bien, il lui fallait assumer, elle venait de se réveiller, émergeant des Enfers dans lesquels elle avait été plongée et enchaînée depuis bien trop de temps.
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyDim 6 Nov 2016 - 4:58

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 22:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyLun 7 Nov 2016 - 20:37

Le vrai... Le faux. Difficile à cerner. Au fond, la vérité pure existait-elle ? N'était-elle pas juste un ramassis d'inventions de l'esprit ? Totalement et entièrement subjective. Qui pouvait prétendre la détenir ? Certes, lorsqu'il s'agissait d'une équation mathématique, la réponse, la vérité était univoque et purement objective. Mais dès que l'on rentrait dans le champ de l'esprit humain et des facettes que ce dernier possédait, la question devenait soudain beaucoup plus complexe. La vérité... N'était-elle pas composée par un esprit humain ? Et un esprit humain était loin d'être objectif. Installée au dessus de sa victime, la jeune femme le menaçait de sa baguette, les yeux bouillonnant d'une rage sans issue, impossible à maîtriser. Sa cage thoracique se soulevait violemment au grès de sa respiration saccadée. Inspiration, expiration... Inspiration... Apnée. Violemment, le bout de sa baguette en bois sombre d'aubépine s'enfonça dans la gorge du bibliothécaire qui paraissait encore sonné. Sillons rosés, puis rougeâtres se dessinant dans la peau fine et si délicate de sa gorge. Empreintes. Éphémères, certes. Mais empruntes toute de même. Malgré cela, la main ne desserra pas son emprise sur le bâton en bois sombre, cela était totalement impossible. Il s'était moqué d'elle, avait tenté de la manipuler et de la tromper. Il n'était rien, personne. Un traître, un ennemi de plus parmi sa collection personnelle qu'elle agrandissait malgré elle - ou peut-être pas tout à fait finalement - au fur et à mesure que les années avançaient. Ce dernier n'avait pas encore tenté quoique ce soit. La main gauche de la jeune femme se crispa encore davantage sur le col d'un blanc immaculé, si violemment qu'il fut étonnant que le tissu ne se perfore pas aux vues de la force des ongles nacrés. Lentement, elle rapprocha son visage de celui de l'homme tout en ramenant le col vers elle et alors qu'il ouvrait de nouveau les yeux, dévoilant ses insupportables iris émeraude, Cassidy compris que le combat ne faisait que commencer. Violente, elle n'attendait que cela, qu'il riposte, qu'il tente de se défendre afin de répondre de façon symétrique à son explosion personnelle.

Vas-y agresse-moi, réponds-moi. Montre-moi ce que tu as dans le ventre au lieu de te défiler ainsi... Tes beaux discours, je m'en moque. Provoque-moi, réponds à mes attaques. Répands ton venin à ton tour. Ne me laisse pas dans cette souffrance sans y répondre à ton tour... Imperturbable, son regard turquoise le transperçait avec toute la puissance et l'intensité d'une bague immense déferlant sur le rivage, entrainant la destruction des maisons sur son passage. Plus rien ne pouvait résister. Arbres, panneaux, personnes et constructions... Impitoyable, la gerbe d'eau d'une puissance insoutenable emportait tout sur son passage. Pas de demi-mesure, absence définitive de quartiers. Il n'y aurait aucun survivant. D'une violence inouïe, la haine suintait par tous les pores de sa peau nacrée, sans que rien ne puisse la canaliser. Son coeur vrillait ses tympans d'une percussion infernale que même sa respiration ne paraissait guère en mesure de suivre. Comment pouvait-il la mettre dans un tel état, elle qui avait pourtant l'habitude de masquer ses émotions, de n'écouter que sa raison, opérant un clivage sans nom entre corps et esprit, entre raison et émotions. Jamais elle n'avait été dans un tel état. Sur le fil, Cassidy s'était arrêtée, et avait basculé dans l'océan de flammes frémissantes des Enfers. Nehal en était remontée, trop longtemps entravée. L'heure n'était plus à la discussion.

Sourde, elle l'était devenue. Et cette soudaine perte de vue, de contrôle et de raison, ne fit que la rendre plus dangereuse qu'elle ne l'était déjà. Débridée, ce n'était plus la femme qui s'exprimait, mais l'Erinye. Plus de faux semblants. A bas les efforts de compréhension et de retenue. Elle brûlait, littéralement. Paraissant se nourrir des flammes de l'âtre de la cheminée de marbre blanc. Un regard de braise qui n'était pas là pour séduire, mais bien pour consommer sa victime. Une chevelure aux mille reflets blonds accentués par la danse infernale des flammes paraissant venir s'y noyer. Comme si la tresse elle-même s'embrasait.

« J’ai combien d’heures pour répondre à cette question, parce qu’elle est très existentielle… »

Un souffle ardent. Un simple murmure, qui sonna comme une ironie insoutenable aux oreilles de la jeune femme qui se fit un plaisir d’enfoncer sa baguette encore un peu plus dans la gorge de l'homme qui l'avait trahie. Sous la pression exercée par le bout de bout, la peau virait lentement au violet désormais, à la manière d'un suçon trop longtemps exercé par des lèvres dominatrices et passionnées. Sauf que là, la passion n'avait pas sa place, seule la rage et la haine habitaient et animaient à la fois le corps, mais aussi l'esprit de la jeune potionniste, pourtant si à même de contrôler ses pulsions destructrices en tant normal. Mais cette fois, la cage dorée avait volé en éclat. Les barreaux avaient cédé sous la pression trop longtemps exercée et enfin, elle se lâchait. S'il était certain que Severus Rogue n'aurait guère apprécié ce relâchement, tout comme son père, elle ne pouvait véritablement pas le conrôler. C'était la première fois de toute sa vie que cela lui arrivait. Parce que c'était lui. Lui. Qu'avait-il de si particulier pour induire une telle perte de maîtrise de soi ? Violemment, ses ongles se crispèrent tellement sur le tissu qui n'avait rien demandé à personne, que la tension à laquelle fut soumise la chemise, provoqua la rupture des fils fragiles et délicats rattachant le premier bouton. Ce dernier fut propulsé, à la manière d'un boulet de canon au travers de la pièce. Une traversée avec une vitesse digne de celle d'un vif d'or.

« Quelques minutes Holbrey. Je te conseille de faire court et précis. Tu m'as assez menée en bateau avec tes longs discours. Je n'aurai plus cette patience pour t'écouter. »

Tranchante, à l'image de son apparence, sa voix avait revêtit une tonalité sourde et basse, vibrante de colère. Quelque peu rauque, emplie de piques acérées. Rapprochant ses lèvres encore maquillées de son oreille, sa voix s'éleva en un murmure paraissant presque lointain :

« En fait, je n'ai même plus l'envie de t'écouter. Pourquoi prendrais-je cette peine alors que tu n'as fait que me jeter de la poudre aux yeux depuis le début ? »

Son souffle glacé et brûlant dans le creux de son cou se répercuta dans son oreille comme un glas morbide. Le jugement dernier était arrivé. Parler, l'écouter... A quoi bon ? Avait-elle encore réellement envie de connaître ses réponses, et la force de supporter de nouveaux mensonges qui viendraient lui embrouiller le cerveau encore davantage ? Non... Définitivement non. Elle l'avait plus de temps à perdre avec ça, et plus d'énergie à lui consacrer. Cet homme ne pouvait lui attirer que des ennuis. Il haletait. Sa respiration qu'il avait pourtant l'habitude de conserver calme dans les situations les plus périlleuses, était légèrement saccadée, ce qui tira un sourire à la jeune femme. Souffrait-il ? Elle n'en serait que plus heureuse. Il le méritait bien, après tout ce qu'il lui faisait subir... Ne le lâchant pas du regard, elle vit avec satisfaction un nouvel éclat briller dans ce dernier. Une sourde colère. Enfin, elle parvenait à provoquer cela en lui. Une rage froide, contenue, contrairement à la sienne dont l'intensité était telle qu'elle pouvait sentir la force de l'afflux sanguin dans ses tempes. Soudain, quelque chose la força à se redresser légèrement. Une pointe s'enfonçant entre les côtes basses de son ventre. Fermement. Lentement, ses iris clairs se détachèrent du visage du bibliothécaire pour constater qu'il s'était enfin décidé à riposter en sortant à son tour sa baguette magique et de la lui enfoncer au travers des côtes. Étrangement, au lieu de l'inquiéter, ce mouvement lui soutira un léger soupir de soulagement.

« Vas-y. Qu'attends-tu ? Je n'ai pas peur de toi... Peu importe qui tu es réellement. »

Le défi. Piquant. Mordant. Les flammes crépitantes dans l'âtre se reflétaient dans sa pupille dilatée par l'ambiance tamisée de la pièce. Colère froide. Ton glacé. Alors que les prunelles s'affrontaient en un duel silencieux, une main - la sienne - s'empara fermement de sa cuisse droite. Une caresse ? Loin de là. Vivement, les doigts masculins écartés vinrent s'ancrer solidement dans sa peau nue, tandis que la paume de sa main lui permit de raffermir sa prise en lui accordant un appui stable. Sans crier gare, il avait abandonné son intention première, refusant d'user de la magie pour reprendre ses droits. Sa liberté, il venait de la reconquérir par la force brute, physique. Un appui, et la voilà qui basculait, déséquilibrée. Comme au ralenti, elle sentit son corps décoller, ses genoux quitter le sol sur lequel ils reposaient. Alors qu'elle atterrissait durement sur le sol à ses côtés, Cassidy songea à quel point il avait été déloyal. En refusant d'user de la magie, et en se contentant d'employer sa force physique - incontestablement bien supérieure à la sienne -, il ne lui avait laissé aucune chance. Du haut de son mètre cinquante-trois, lorsqu'il s'était saisit de sa cuisse droite pour la faire basculer, elle n'avait pas été à même de lutter. La force qu'il y avait mis ne lui avait laissé aucune chance. En moins de trois secondes, bien qu'étant solidement campée en appui ferme sur ses deux genoux, elle avait décollé, le col de la chemise lui échappant de la main gauche qui n'était pas sa main dominante. Tandis qu'elle atterrissait lourdement à ses côtés, son dos heurtant dans un bruit sourd le sol et sa tête claquant à son tour sur le tapis, il en profita pour lui dérober sa baguette qu'elle tenait toujours fermement dans sa main droite. Ce geste brusque la fit grimacer de douleur, ses paupières se fermant malgré elle l'espace d'un instant. Tandis que le morceau de bois lui glissait d'entre les doigts, elle ne put retenir un léger gémissement de douleur, venant trahir la faiblesse corporelle qui l'assaillait.

Quelques instants, la jeune femme resta allongée sur le dos, le souffle court. Elle venait de faire un soleil. Un joli soleil. Digne des plus grands gymnastes. Sauf que l’atterrissage avait tout bonnement été digne d'un chat aux pattes cassées. Prestement, tandis qu'elle clignait des paupières dans une parfaite imitation de ce qu'il venait de faire quelques instants auparavant, Octavius se releva et s'éloigna rapidement d'elle. Roulant sur le côté, se servant de son corps comme balancier, la jeune femme se redressa en position assise, les jambes repliées sur le côté. Lentement, elle porta sa main à l'arrière de son crâne, et entrepris de frotter vigoureusement ce dernier, ses doigts fins s'emmêlant dans sa chevelure, tandis que les étoiles dansaient encore devant ses yeux à l'image d'insupportables petits points de lumière mouvants. Lorsque ces derniers finirent enfin par se dissiper totalement, Cassidy se releva, prenant appui sur son poignet gauche. Face à l'ennemi. L'ennemi qui n'avait toujours pas dégainé. Désarmée, elle se tenait face à lui, les lèvres pincées et le regard brûlant. Sa chevelure folle moitié-tresse, moitié lâchée, donnait l'impression qu'elle venait de faire un saut en parachute tant les mèches rebelles paraissaient incontrôlables. Un peu à l'image de ce qu'elle ressentait actuellement en elle. Sur le qui-vive, prête à bondir pour esquiver les sortilèges qu'il pourrait lui lancer, elle avait reculé imperceptiblement sa jambe gauche vers l'arrière afin de s'assurer de meilleurs appuis.

« Vas-y Holbrey, tu as deux baguettes pour toi seul ! Assume, l'heure n'est plus aux bavardages ! En tant que serviteur du Seigneur des Ténèbres, tu ne devrais pas avoir de difficultés à me mettre à terre, n'est-ce-pas ?! A l'image des missions que tu as du accomplir pour lui ! Torturer les gens et te jouer d'eux de manière sadique et cruelle fait bien partie de tes spécialités, n'est-ce-pas ? Manipuler, mentir et trahir ne suffit pas mon cher ! Maintenant faut passer un cap au dessus pour remplir ton rôle de consultant - c'est bien ça ? - à la perfection ! », s'écria-t-elle rageusement.

Le regard de l'homme était enfin animé de ce qu'elle recherchait ; la colère. Cette émotion qu'elle n'était jamais parvenue à lui faire éprouver, et pourtant... Ils en avaient vécu des choses... Toutefois, bien que l'émotion négative soit présente, il se contenait. Beaucoup trop. Aucune explosion, juste une colère froide. Transperçante. Pas assez pour lui permettre de se décharger et de lui faire payer ce qu'il la forçait à éprouver. Tandis qu'elle le contemplait, son regard fut attiré par la palpitation quelque peu visible de l'une des ses veines temporales. Boum boum, boum boum. Le tempo était assez rapide, indéniablement. Il s'énervait. Vas-y, explose. Je n'attends que ça... Lentement, le sorcier renversa sa tête en arrière, comme aux prises d'un dilemme dont lui seul avait connaissance, ce qui eu le don d'agacer encore un peu plus la Rowle. Merlin, était-ce si difficile de lancer un sortilège ? Pourquoi tant d'hésitations ? Avait-il eu un choc sur la tête provoquant l'oubli instantané de l'intégralité de ses acquis ? Brisée, Nehal ne demandait qu'à se battre, et voilà qu'il lui refusait ce combat, sa seule chance de survie. Cette ingratitude lui donna la nausée tandis qu'elle l'observait se masser l'épaule atteinte par le sortilège qu'elle lui avait précédemment lancé.

« Ton père est parti avec Lacroix. Les autres ont également fini leur repas et s’en sont allés. »

Non... Non. Stop. Excédée, la jeune femme ferma les yeux et porta les mains à ses cheveux, s'agrippant à ces derniers en un geste compulsif. Son doux visage se crispa à l'entente de sa voix. Il parlait, encore. Ses fines lèvres s'ouvraient afin de laisser sortir ces notes basses et chaleureuses. En réponse à ce qu'elle lui avait demandé, certes, mais en réalité elle ne voulait plus l'écouter, de peur de se perdre un peu plus dans ses justifications à deux mornilles. Elle ne voulait plus souffrir en spectatrice passive, choisir si elle voulait croire à ce qu'il disait ou s'il ne faisait que lui raconter des mensonges - une fois de plus, pour la berner.

« Où crois-tu que je serais le plus apte à te mentir ? Entouré de Mangemorts et de gens qui ne connaissent pas tout de moi autour d’un dîner dans un lieu public, ou parmi les fourrages d’un jardin en pleine nuit alors que je n’ai que la lune et toi pour confidentes ? Je ne connais pas Jugson… et je ne connaissais pas ton père jusqu’à ce soir…
- Je ne crois rien. Je ne crois plus en rien depuis bien longtemps. J'ai suffisamment été stupide pour me faire berner une seule fois. Tu mens comme tu respires, avec une aisance que je n'aurais pas soupçonné. Tout... Tout ce que nous avons vécu... Jugson, Henry... Tout était faux. Maintenant tais-toi... Oublie mes questions, je ne veux pas connaître les réponses. »

Bien qu'elle luttait plus que tout au monde pour conserver un ton glacial, celui qui lui seyait si bien, l'épuisement ne lui permis pas de soutenir ce dernier jusqu'à la fin de la tirade dont les derniers mots se brisèrent alors qu'ils écloraient d'entre ses lèvres. Peut-être était-il temps pour elle de s'éloigner. Lentement, la jeune femme se détourna de lui et avança de quelques pas vers la cheminée. Sous ses pieds nus, le tapis lui paru glacial et son contact la fit frissonner. Le regard vide, les bras ballants. La colère - que dis-je, la rage - était-elle en train de retomber ? Vide, elle se sentait vidée, dépourvue de sentiments, d'émotions, d'humanité. Épuisée, elle n'était même plus à même de savoir ce qu'elle désirait. Bien entendu, la colère était là, latente, mais il ne lui permettait pas de s'en délivrer, refusant de répondre un tant soit peu à ses attaques diverses et variées. Alors qu'elle arrivait près de la cheminée, sa voix. De nouveau. Crispation. Pourquoi ne comprenait-il pas ? Était-ce une de ses nouvelles stratégies pour la blesser au delà de toute attaque physique ?

« Tu… tu ne me connais pas. Et pourtant tu me juges sur le peu que tu as entendu. Peut-être parce que ce que tu as appris résout d’une manière ou d’une autre tes incertitudes...
- Tais-toi... »

Craquement du poignet. Lentement, elle renversa sa tête en arrière, rejetant sa longue natte le long de son dos provoquant un tintement sinistre des pièces dorées ornant son imposant collier. Un craquement, un autre. Celui de ses cervicales verrouillées par une accumulation de tension qui menaçait d'exploser. Cassidy passa une main tremblante le long de sa nuque - la massant, tentant tant bien que mal de se défaire de cette tension qu'elle sentait monter de nouveau. Il fallait qu'il s'arrête.

« ...  Si tu décides de réduire tout ce qui s’est passé entre nous au peu que tu sais maintenant, je ne peux rien y faire, parce que tout ce que je te dirai fera un lien dans ton esprit avec ce que tu vois de pire en moi, simplement parce que pour l’instant, c’est la seule certitude que tu aies à mon sujet. Nous sommes dans la même situation tous les deux.... »

Tais-toi... Pitié, tais-toi. Craquement de la mâchoire. Pourquoi était-ce si douloureux ? Peut-être parce que ses paroles la renvoyait à une certaine vérité ? Quelque chose qu'elle aurait aimé pouvoir croire les yeux fermés ?

« ... Tu sais que j’ai travaillé avec des Mangemorts et je sais que tu es la fille d’un Mangemort. Et tu as choisi de croire que je t’ai menti là-bas, alors que nous étions allongés tous deux dans l’herbe, seuls, mais que j’ai énoncé une rigoureuse vérité alors que nous étions assis autour de cette table emplie d’inconnus, certain pour toi, d’autres pour moi. Si je suis un si habile menteur, pourquoi me poses-tu ces questions alors que je pourrais encore te mentir ?
- Tais-toi...
- ... N’espères-tu pas que je te désabuse ? Mais es-tu prête pour cela ? Vas-tu me croire ? Ou te renfermeras-tu dans une logique circulaire en te basant sur le peu d’information que tu as, jugeant à leur mesure les nouvelles que je vais te révéler ?
- Tais-toi. »

Nouveau frémissement. Un long frisson lui parcouru l'échine. Effectivement, il ne pouvait que lui mentir... A nouveau. Raison pour laquelle elle voulait qu'il se taise. Afin de ne plus se perdre dans un nouveau spectacle d'illusions dans lequel elle serait reléguée au rang infernal et si douloureux de spectatrice impuissante. Violemment, ses mains virent agripper ses bras, laissant leurs empruntes sur sa peau pâle qui marquait tellement facilement. Son regard clair se perdit dans les flammes venant parsemer son visage contrarié d'ombres grisâtres - fantômes du passé, tourments du présent. Un soubresaut caractéristique la saisit, signe qu'il valait mieux qu'il s'arrête... Ou qu'il continue s'il était vraiment prêt à l'affronter cette fois.

« Pourquoi... Pourquoi fais-tu ça ? Est-ce que ça t'amuse ? P*tain, et moi qui continue à te poser des questions... »

Sa main vint s'appuyer sur le rebord de marbre de la cheminée encastrée dans le mur tandis que de l'autre, elle se recouvrit ses paupières tremblantes de ses doigts fins. Les faux-calmes, la colère sourde... Rien n'était plus dangereux en réalité.

« J’ai vécu et fait beaucoup de choses. Ma vie est loin de se résumer aux Mangemorts et aux travaux que j’ai accomplis pour eux. Même si cela dénote certains de mes traits de caractère, qu’il me fut arrivé de mettre au profit de gens pas toujours recommandables. Mais tout ce que je te dis, les explications que je te donne, ne serviront à rien si tu n’es pas prête à essayer de me comprendre ou de me faire confiance... »

Le regard clair se releva enfin, venant se figer dans le mur face à elle. Mourrant. Assombri, et débordant d'une rage mêlée à une tristesse infinie. Désormais, la résonance était entière. La boucle, bouclée. Les mains... Les paupières... Tremblantes. La nuque, les épaules, les poignets... Tendus.

« ... Et comment peux-tu comprendre ou faire confiance à quelqu’un alors que tu te mens en permanence à toi-même ? Tu te mens à toi-même et écoutes ton propre mensonge, allant ainsi jusqu’à ne plus distinguer la vérité ni en toi ni autour de toi ; tu perds alors le respect de soi et des autres. »

Tremblements. Violents et incontrôlables. Le corps entier cette fois. Ses yeux vert d'eau se fermèrent malgré elle, lui accordant une obscurité qu'elle espérait salvatrice mais qui n'en fut rien. Le mal était fait. Il avait parlé, et elle l'avait involontairement écouté. Fermer les yeux comme pour refuser d'affronter sa voix et ses mots si durs. Ne plus regarder la vie en face, ne plus entendre la vérité si dure qu'il venait d'énoncer si innocemment. Il n'avait aucune idée de ce à quoi il venait de toucher. Et, pour son plus grand désespoir, il ne s'arrêta pas là.

« ... Ne respectant personne, tu cesses d’aimer, de faire confiance et d’écouter.
- Octavius... Tais-toi... Pit...
-... Tu… Tu ne sauras jamais qui je suis même si je te le dis parce que tu seras incapable de l’entendre. Je peux t’assurer autant que je le veux que je n’aie jamais joué avec toi ou t’ai menti ouvertement, mais m’écouteras-tu ? [...] »

Une boule dans la gorge. Un nœud étrange et détestable dans le ventre. La cisaillant de toute part.

« ... Veux-tu simplement et définitivement me détester Cassidy ? Dis-moi, et je ferai ce qu’il faudra pour cela. Je te dirai de moi ce qu’il faut pour que je devienne la créature la plus malfaisante qui existe dans ton monde. Et les choses deviendront plus simple et tu n’auras plus à souffrir d’incertitudes à mon égard. [...] »

Cassidy. Il se trompait, ce n'était plus à elle qu'il avait à faire en cet instant. Dos à lui, se trouvait Nehal, celle vers qui il s'était évertué à creuser dès le premier jour, sans ménager ses sentiments, venant les provoquer et les réveiller en elle. Elle qui avait toujours été si verrouillée face au monde extérieur. Le premier jour... Leur première rencontre. Pourquoi ce souvenir était-il si prégnant en elle ? Si sensoriel ? Elle pouvait se souvenir de la douceur et de la chaleur de sa peau, de son odeur entêtante. Les emplacements de ses cicatrices. La sensation de ses bras autour d'elle. Ses sourires. Ses rictus. Sa voix.... La même qui la faisait tant souffrir actuellement. Elle le sentait monter en elle. Violent, irrépressible. Non ! Sa gorge se serra terriblement, l'empêchant de déglutir. Vivement, elle porta son poing à sa bouche, venant étouffer ce qui lui était si douloureux. Une douleur terrible, atroce, accentuée par le fait qu'elle la refusait. Elle lutta, pendant quelques secondes avant qu'il ne sorte. Étouffé, mais exprimé. Un sanglot. Un seul, mais cela était déjà trop. Non... Vivement, Cassidy se retourna face à lui, une première larme débordant de son œil droit.

« Te faire... confiance ? Comment... oses-tu ? Tu... Tu te fous encore de moi ?! Te faire confiance ? ... Après ça !! »

C'était trop. Violemment, elle essuya la perle salée qui dévalait maintenant sa joue bien trop pâle, l'empêchant d'atteindre l'angle la courbe délicate de sa mâchoire. Il l'avait rendue faible, et cela par dessus tout, elle ne pouvait pas lui pardonner. D'un geste brusque, elle se saisit des chaussures qu'elle avait abandonné sur le tapis près de l'un de canapé, et ne prit même pas la peine d'armer correctement son bras pour ajuster le tir. Force décuplée, elle ne contrôlait plus rien. Ne prenant pas la peine de vérifier si son tir avait atteint sa cible, elle ne s'arrêta pas là. Saisissant la carafe en cristal remplie d'eau elle leva cette dernière à deux mains au dessus de sa tête, ne prêtant pas la moindre attention aux gouttes d'eau se déversant sur son visage - ayant l'avantage de dissimuler sa pathétique faiblesse, et le propulsa de toutes ses forces vers Octavius. Par chance pour lui, le projectile passa à quelques centimètres de son visage, ne manquant pas de s'exploser en mille-et-une éclats tranchants, répandant son contenu sur le sol. Ignorant royalement les baguettes qu'il avait en sa possession et dont il ne paraissait pas décidé à se servir de toute manière, la sorcière se précipita vers lui, aveuglée par ce tsunami interne trop longtemps réprimé. Sans retenue, son corps heurta le sien avec fracas, le déséquilibrant en le faisant reculer dans la bibliothèque murale présente derrière lui. Un véritable boulet de canon. Des livres tombèrent et les murs tremblèrent sous le choc. Un mètre soixante-quinze contre un mètre cinquante-trois... La différence était bien là. Avec force, les mains féminines s'agrippèrent à la chemise, si bien que cette dernière craqua par endroits. Une nouvelle larme roula sur sa joue, s'échappant de ses yeux clairs, franchissant la barrière de ses longs cils noirs. Non, non ! Pas face à lui.

« Je te déteste déjà !... Tellement ! »

Tu mens. Tu ne fais pas que le détester. Tais-toi !! Ses poings tambourinèrent avec force contre les pectoraux de l'homme, ses ongles nacrés griffant sa peau par endroits, ne faisant aucun quartiers quant à la chemise. Des blanches, il en avait trois millions. Une marque... Une seconde. Où étaient les baguettes ? Cassidy n'en avait que cure. Actuellement, c'était comme si la réalité se dédoublait. Perdue dans un monde parallèle sans aucune limites, les mains de la jeune femme frappaient, griffaient, se débattant contre des démons enfouis depuis trop longtemps. Assaillie de toute part, plus rien ne pouvait l'arrêter.

« Pourquoi tu parles ?! Je t'ai dit de te taire !! J'en peux plus... Je... Analyser, mesurer chaque geste... Contrôler mes paroles, ma voix, mes pensées !!! Tu sais ce que ça fait ?! Tout... Tout allait bien avant toi ! Pourquoi... Pourquoi... »

Sa main droite se rapprocha de son visage. Menaçante. Tous ces sentiments contradictoires lui donnaient le tournis tant ils étaient intenses et nouveaux pour elle qui ne les avait jamais écouté.

« Pourquoi t'as essayé d'entrer ?! Pourquoi ?! Toi qui travaille pour eux... Je... Comment pourrais-je te faire confiance ?!, hurla-t-elle en braquant ses iris dans les siens, La confiance, je ne sais pas ce que c'est mais ça ne fait que rendre les gens plus faibles ! Bats-toi maintenant, arrête de rester là sans rien faire, réponds-moi !! »

Permets-moi de m'exprimer. Permets-moi d'avoir un interlocuteur qui en me rendant mes coups, me permette de me sentir vivante. Permets-moi d'avoir des limites autres que celles de mon esprit fatigué et perdu. Autres que celles d'un père rigide et psychopathe. Permets-moi d'avoir mal. Permets-moi de m'extérioriser. Permets-moi de pleurer. De décharger. Contiens-moi, réponds-moi, parle-moi. Ne t'éloigne pas. Ne m'abandonne pas... qui que tu sois.
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Octave Holbrey
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMar 8 Nov 2016 - 22:47

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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyLun 14 Nov 2016 - 23:36

Plaqué contre la tapisserie, dominé par son corps gracile, il ne s'était pas défendu. Rien, même pas une esquisse... Ou presque. Dans une vague tentative à peine amorcée, il avait - par moments - tenté de lever ses bras, déployant ses mains devant son torse. Des sortes de soubresauts de lucidité avortés avant même leur réelle naissance. Avant d'avoir pu avoir leur effet, ses gestes défensifs étaient retombés. Bras ballants, le long du corps. Alors les coups pleuvaient, semblant se déchaîner davantage devant ce silence. Un silence qui la renvoyait - elle - à ce vide qui résonnait en elle comme un gouffre sans fin, ou le moindre bruit, le moindre écho était absorbé par les ténèbres à la manière d'un trou noir. Pour la première fois, elle avait déchargé. Oh, ce n'était pas qu'elle s'était autorisée cela non ; une telle explosion d'émotions, de sentiments, relevait clairement d'une perte de contrôle qui aurait pu la conduire directement à sa perte si Octavius avait réellement été ce qu'elle pensait ; un sorcier au service au Seigneur des Ténèbres. Une telle perte de maîtrise de soi était lamentable, pathétique en soi. Déjà, Cassidy s'en voulait, assistant - détachée de son corps - à la scène dont elle était à la fois actrice et simple spectatrice passive. Néanmoins, en dépit de toute la rationalité et du pragmatisme dont elle tentait de faire preuve, la jeune femme ne parvenait guère à reprendre le contrôle sur elle-même. Cette décharge qui était inévitable, couvant depuis bien trop longtemps, ne faisait que la ramener devant une réalité qu'elle avait trop souvent relégué au second plan - loin, loin derrière, enterrée dans son pré-conscient -, à savoir que malgré les apparences qu'elle se donnait, cette absence de reconnaissance des sentiments, elle restait humaine. Vivante.

D'ailleurs, en cet instant, même si elle n'y prêtait pas directement attention, Cassidy était plus vivante que jamais. Les émotions s'exprimaient, violentes, virulentes. Destructrices. Deux bras, deux jambes. Deux pieds, deux mains. Une tête et un tronc. L'enveloppe charnelle était indéniable et elle ne l'avait jamais reniée. En revanche, cela ne suffisait pas pour se prétendre humaine. Non. Les robots moldus, les automates humanoïdes, si cela avait suffit, auraient également pu prétendre posséder un souffle humain. Cassidy venait d'être confrontée à une réunification de sa personne, de son humanité. Les larmes trop longtemps réprimées coulaient enfin. Cet organe qu'elle jugeait terriblement inutile au point qu'elle l'avait lui aussi renié, était bel et bien encore là. Et il battait sourdement. A s'en défoncer la cage thoracique. Son cœur. Un battement, un second, et encore un... Trop longtemps oublié, le voici qui prenait sa revanche, se manifestant brutalement et bruyamment, faisant plier son corps sous la violence de son langage singulier. Battements temporaux, allant se répercuter jusque dans la pulpe de ses doigts si bien qu'elle crut un instant que ses phalanges allaient se détacher. Et lui, il ne bronchait pas, ne lui permettant pas de retrouver le symétrique de sa souffrance à elle. Un miroir indépendant, refusant de refléter ce qu'elle ressentait et exprimait enfin. Impassible, le visage masculin ne lui offrait aucune émotion. Trop lisse. Trop figé pour lui permettre d'identifier les siennes qui sortaient avec fracas de son corps, n'ayant aucune pitié pour ce dernier qui les avaient bien trop longtemps réprimées. Hurlements contre le silence. Silence qui n'avait rien de libérateur, au contraire. Assourdissant, il la maintenait prisonnière d'elle-même.

Se servir de son corps comme d'une arme. Voilà une chose dont elle n'avait guère l'habitude, et pourtant en cet instant précis, désarmée dans cette chambre d'hôtel, Cassidy n'avait pas hésité une seule seconde à se jeter corps et âme dans une confrontation directe, traduisant un instinct combatif, même dans une situation désespérée comme celle-ci. Non, mais parce que - soyons honnête, et réaliste - du haut de son petit mètre cinquante-trois, de ses quarante-quatre kilogrammes, et de son inexpérience en matière de combat au corps à corps, elle n'avait strictement aucune chance face à lui. Si ses mots étaient puissants et tranchants - sa meilleure arme pour ainsi dire, puisqu'elle était devenue experte dans l'art de les manier, sa force physique n'était guère son meilleur atout, ce qui expliquait qu'elle comptait bien davantage sur la torture psychique et sur ses capacités magiques pour se sortir d'une situation problématique. Néanmoins, l'heure n'étant plus à la rationalité et au calcul, elle l'avait utilisé. L'adrénaline la boostant, elle s'était jetée sur lui tel un boulet de canon, parvenant à le déséquilibrer. Un corps. Une simple enveloppe à laquelle elle ne tenait guère en réalité. Pire. Qu'elle haïssait par sa faiblesse et sa ressemblance aux Rowle. Un corps qu'elle cherchait peut-être inconsciemment à faire souffrir. Lui faire payer ce qu'elle ne pouvait faire payer aux autres. Un réservoir de souffrance la consumant peu à peu, qu'elle finissait par retourner contre elle-même en une sorte de masochisme désespéré. Une fureur l'envahissait, dirigée à la fois contre elle, et contre lui qui avait provoqué cet affaiblissement. Toujours aucun répondant, aucune réaction similaire aux siennes. Paraissant inatteignable, il restait là, immobile, à la surplomber d'un regard quelque peu hautain emprunt de défiance. Regard que la jeune femme interpréta comme une gifle supplémentaire lui signifiant qu'elle n'était pas digne de son intérêt, ni de susciter en lui un quelconque mouvement. Elle ne valait pas le coup d'un quelconque effort de sa part. Les sourcils relevés, il lui rappela tant son père en cet instant qu'elle manqua de vaciller.

Déstabilisée, cela provoqua chez elle la chute du dernier rempart protégeant encore un tant soi peu Octavius de sa colère, tandis qu'une nouvelle larme franchissait le rempart formés par ses cils. Alors, elle lui cria ces mots « Je te déteste déjà !... Tellement ! ». Une confidence haineuse. Ces mots à double face, terribles. Terrifiants parce qu'ils étaient d'une dureté sans nom, d'une cruauté sans pareille et crus. Ne laissant aucune place quant au doute. Mais également terrifiants parce qu'ils ne reflétaient qu'une partie de la réalité, et un aveuglement total de sa part. Étonnement, ce furent ces quelques mots tranchants crachés à la manière d'un venin mortel, que le sorcier parut avoir une réaction. Authentique, et profonde. Provenant de ses tripes, venant traverser en les perforant sauvagement, les multiples couches qu'il lui présentait afin de la perdre un peu plus. Cela commença par un tressaillement subtil, presque imperceptible qu'elle ne parvint à ressentir que parce que ses doigts imposaient une tension intense à la chemise. Ce fut en effet le tissu tendu qui le trahit, par les vibrations qui retentirent entre ses doigts, se répercutant dans la paume de la Rowle. Lentement, elle vit la tête de l'homme s'arquer souplement vers l'arrière, comme s'il eut tenté de retenir quelque chose d'irrépressible qui montait en lui. La souffrance ? La rage ? Si elle ne parvenait guère à identifier ses propres émotions, celles des autres - surtout d'une personne les camouflant avec cette aisance - ne lui étaient pas plus accessibles. Allait-il enfin hurler à son tour ? Une nouvelle vague d'espoir prit naissance en sa poitrine meurtrie par les battements d'un cœur qui s'emballait depuis de bien trop longues minutes, Cassidy observa les yeux du bibliothécaire revêtir un nouvel éclat, qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'observer jusque là. Explose, allez ! Ses lèvres fines se décollèrent comme s'il s’apprêtait à parler... avant de se refermer une fois de plus. De frustration, la jeune femme manqua de laisser échapper un nouveau sanglot tandis que ses mains ne semblaient plus vouloir s'arrêter. Réprimant violemment ce dernier, la blonde sentit sa rage augmenter d'un cran - oui, oui, c'était possible. Prise d'une pulsion destructrice, sa main droite vibrante de tension se leva comme soudain animée d'une volonté propre. Prenant de l'élan, son bras s'arqua vers l'arrière. Tout se passa ensuite comme au ralenti. Un bras qui se lève, protégeant un visage impassible. Un claquement sourd. Retentissant. Assourdissant. Une tête se détournant sous l'impact. Puis... une douleur aiguë, montant dans le poignet, se répercutant jusque dans l'épaule. Elle l'avait frappé, à l'aide de sa main droite - main dominante chez elle. Alors qu'elle retenait de justesse un glapissement de douleur en se mordant la lèvre, la sorcière releva une nouvelle fois les yeux vers lui. Yeux débordant d'une rage incommensurable, et lui cracha une nouvelle flambée de mots brûlants au visage, le sommant de se battre. Une réponse. Il lui fallait une réponse. Ici, et maintenant. Une vraie réponse, mais au delà du verbal cette fois. Plus de fuite dans un silence miséricordieux. Elle ne voulait pas de son pardon, ni de sa clémence. Réponds-moi, permets-moi d'aller jusqu'au bout de ce que je ressens. De voir ce que mes yeux refusent de voir sur moi-même, de ressentir au travers toi ce que je ne parviens pas à nommer. Supporte-moi.

Enfin. Le déclic eu lieu. Rapide. En quelques secondes, Cassidy eu le loisir d'observer la crispation de ses lèvres, desquelles finit par s'échapper un léger soupir lui faisant croire qu'il allait une fois de plus esquiver la confrontation qu'elle s'évertuait à provoquer depuis de longues minutes. Un pacifique. Contre toute attente, était-elle tombée sur la personne la plus pacifique au monde au final ? Merlin... Elle avait tout tenté. Tout tenté pour le provoquer et l'amener à entrer en confrontation avec elle, en vain... Sarcasme, attaques magiques, verbales et enfin physiques. Mots hurlés, murmurés. Froids, brûlants. Durs, ironiques... Pour lui, elle avait dévoilé l'intégralité de son panel. En vai... Brusquement, alors qu'elle n'y croyait plus, Octavius entra en action. Après avoir pris le temps de ranger les deux baguettes en lieu sûr, d'un mouvement souple, il se saisit de sa main droite, et l’entraîna dans une danse. Leur danse, singulière et unique. La valse qu'ils n'avaient pas eu l'occasion, ni l'envie de partager lors du dîner. Deux électrons libres ; elle avait valsé avec Lacroix, tandis qu'il s'était abandonné à cette fameuse Madame Green. Une valse plutôt violente puisque la seconde d'après, la jeune femme se retrouva plaquée contre le mur, son bras droit tordu dans son dos par une poigne solide, tandis que sa nuque pliait sous la pression forcée d' une paume impérieuse et de doigts serrés autour de ses cervicales. Sa joue droite épousait le mur, indéniablement. Les positions s'étaient bel et bien inversées. La dominante était désormais dominée par une victime qui avait troqué son uniforme pour celui de bourreau. Maintenue ainsi, le premier réflexe de la jeune femme fut de se débattre. Rageusement, tel un félin venant d'être capturé, elle s'évertua à tenter de décoller son profil de la tapisserie, mais en vain. Plus elle y mettait de l'énergie, au plus la pression s'accentuait. Tout d'abord, ce fut sur son poignet, lorsqu'elle tenta de l'atteindre à l'aide de ses jambes en projetant ces dernières vers l'arrière dans une vaine tentative de décrocher le gros lot en frappant dans ses parties intimes. Échec, il était bien trop loin. Bras tendus, il appuyait de tout son poids sur ses deux points de pression, maintenant entre eux une distance réglementaire de sécurité. Après cette méthode directe, Cassidy changea de tactique, se tortillant à la manière d'une anguille afin de tenter de se soustraire à son emprise en lui glissant entre les doigts. En vain ; sa peau n'avait rien de celle d'un poisson, et le resserrement des doigts masculins autour de son poignet la fit fermer les yeux tant la douleur était intense. L'angle de son bras atteint sa souplesse maximale, au delà de celle-ci, l'os craquerait, ou il lui déboiterait l'épaule. Les paupières closes, Cassidy se mordit la lèvre inférieure afin de retenir un hurlement. Était-ce son poignet ou son bras qui lui faisait autant souffrir ? Elle n'en savait rien tant la douleur intense se propageait du bout de ses doigts jusque dans son épaule. Rageusement, dans un élan de désespoir, la jeune femme tenta de défaire l'emprise des doigts masculins autour de sa nuque et de son poignet à l'aide de son bras gauche resté libre. Presque aussitôt, comme toute réponse, son visage fut enfoncé un peu plus contre le mur au point que les arabesques de la tapisserie devaient s'être imprimées dans sa peau, un peu à la manière de tatouages tribaux.

- Lâche-moi Holbrey ! - la pression s'accentua une nouvelle fois sur son cou - Lâche-moi !

La respiration hachée, les ongles féminins se refermèrent cruellement sur l'avant-bras de l'homme qui maintenait son poignet dans son dos. A la manière de griffes, les ongles se transformèrent en serres, venant entailler plus ou moins superficiellement la peau de son adversaire, y laissant quatre marques légèrement sanglantes. Malgré cela, il ne la lâcha guère. Il ne la laisserait plus face à elle-même, seule dans la souffrance. Cette insistance tenace lui permit de donner un dernier coup de collier, avant de s'écrouler de tout son poids sur le mur, à bout de souffle. Son cœur battait la chamade tandis que la douleur était désormais quasiment disparue. Anesthésiée. Le souffle court, Cassidy ferma un instant les yeux, inspirant profondément. Lentement, elle passa sa langue au coin de ses lèvres pour y recueillir le reste de larme qui était venu y mourir.

« Voilà, je me suis battu, et je t’ai vaincu. »

A ces mots, la sorcière ouvrit vivement les yeux et son iris se figea droit devant elle tandis que ses muscles se bandaient de nouveau. Le sorcier du sentir la tempête revenir puisque ses doigts qui avaient commencé à se desserrer se raffermirent un instant autour de sa nuque gracile et de son fin poignet.

« Tu es... déloyal. Tu ne m'as pas offert un combat d'égal à égal. Tu as profité de ton avantage et... »

Soudain, sa nuque fut libre et avant qu'elle ne puisse utiliser la force de son bras gauche couplé à la possibilité de rotation de son buste, brusquement, un geste vif l'obligea à se retourner, interrompant ses paroles, et enfin elle pu lui faire face. Libérée, mais toujours désarmée.

« ... et tu ne m'as pas laissé la possibilité de t'affronter en duel. Rends-moi ma baguette. »

Pour toute réponse, un regard noir la transperça. Il lui avait répondu, certes, mais ce n'était pas assez. Il avait été déloyal... mais il avait agit. Plaquée au mur, la jeune femme avait pu, pour la toute première fois, expérimenter sa colère : muscles bandés, sourcils froncés, regard dur, force impressionnante et poigne rigoureuse. Une colère lui paraissant encore faible par rapport à ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle... Un volcan en éruption, une force dévorante dont l'intensité était telle qu'elle en devenait douloureuse.
Finalement, il tira de sa poche, non pas les deux, mais une seule baguette. Une seule. La sienne. Une fois de plus, il lui refusait l'affrontement qu'elle désirait tant, refusant de la laisser se mesurer à lui d'égal à égal. Soit il la laissait l'affronter sans riposter, soit il s'arrangeait pour faire en sorte qu'elle ne puisse riposter, mais en aucun cas il ne paraissait décidé à ce qu'ils puissent s'affronter tous les deux, ensemble. Que craignait-il ? Il était vrai que la jeune femme était douée en duel, notamment en matière de sortilèges informulés puisque ces derniers étaient la forme principale dont on lui avait enseigné l'exercice en Inde, mais il était clair que dans la situation présente, à cause de sa faiblesse à la fois physique et psychique, les conditions n'étaient guère réunies pour qu'elle en sorte vainqueur. Lentement, il tendit son bras devant lui, visant son visage.

Boum, boum... Boum, boum... Boum, boum... Alors qu'il la tenait en visée, les pensées de Cassidy se figèrent en un bloc de glace. Immobile, seule une pensée parvint à se frayer un chemin vers sa conscience : Vais-je mourir ? Face à ce bout de bois et à cet homme qui tantôt revêtait l'apparence d'un protecteur, tantôt celle d'un adversaire, elle ne savait plus quoi penser. Désormais, son destin ne lui appartenait plus. Perte de maîtrise totale. La jeune femme se liquéfia intérieurement, sachant que s'il décidait de la tuer, elle ne pourrait pas y échapper. Fière et insolente jusqu'au bout, Cassidy se redressa, dos au mur, dardant sur lui son regard vert d'eau. Quitte à mourir face à lui, autant le faire avec dignité.

« Lâche. », parvinrent à articuler silencieusement ses lèvres.

Depuis longtemps, elle se questionnait par rapport à la façon dont elle affronterait la mort lorsque cette dernière arriverait. Gémirait-elle, toute fierté envolée ? Tenterait-elle de se défendre ? Supplierait-elle son adversaire de l'épargner ? Rien de tout cela. Elle venait de comprendre une chose, essentielle. La façon dont elle affronterait la mort ne dépendrait pas que d'elle, mais également du contexte, et de qui la lui donnerait. De ce fait, désarmée face à Octavius, dans cette chambre d'hôtel, la Rowle se tenait droite. Plier face à lui ? Plutôt rêver. Les yeux grands ouverts fixant le visage de l'homme comme si la baguette tendue entre eux n'existait pas, la jeune femme soutint le regard assombri de ce dernier dont le visage en soi restait impassible. Un geste de baguette, mais aucun rayon verdâtre. Juste un vase, un vase venant rejoindre sa main. Toutefois, ce dernier n'y resta guère longtemps puisqu'une fraction de seconde plus tard, il s'éclatait contre le mur auquel elle été adossée, à droite de ses genoux. La faïence vola et ses jambes tremblèrent. Interloquée, la jeune femme observa les débris dispersés à ses pieds avant de relever le regard vers lui. Regard rempli d'incompréhension.

- Que...

Elle n'eu pas le temps de terminer sa phrase. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle vit la main du bibliothécaire se refermer autour d'un lourd bougeoir métallique. Il n'allait quand même pas... ? Si. Il arma son bras, et propulsa ce dernier vers elle. Par réflexe, la jeune femme se baissa, se recroquevillant sur elle-même, protégeant son visage de ses bras ivoires. Lorsque ce dernier s'explosa juste devant elle, Cassidy sursauta et se redressa vivement, son regard cherchant autour d'elle une quelconque issue.

« Tu me demandes l’impossible ! Je peux détourner ma prétendue colère sur des objets, Je peux briser tout ce qu’il y a ici que ça ne tarirait en rien ce que je ressens.
- Et que ressens-tu vraiment au juste si ta colère n'est que " prétendue " ?, lui cria-t-elle en retour, de la haine ? de la rage ? une satisfaction de me voir ainsi sans défense ?! Tue-moi si tu dois le faire, qu'on en finisse enfin dans cette mascarade ! Je ne t'ai jamais dit de détourner ta colère sur les objets, je suis là. Je suis la seule qui te tiens tête, ce n'est pas ce pauvre bougeoir qui le ferait ! Ton adversaire, c'est moi ! »

Cette fois, une pluie de livres s'abattit tout autour de ses épaules, l'épargnant miraculeusement. « Potions des grands pouvoirs », tomba de la bibliothèque murale, à quelques centimètres de son pied gauche, lui barrant le chemin. Cassidy sourcilla devant le titre, avant de relever un regard furax vers lui. Était-ce calculé ? Cela n'avait rien de drôle. Divers objets suivirent, la forçant à prendre diverses postures de contorsionniste afin de tenter de les éviter, alors... qu'ils ne la touchaient pas. Aucun mobilier ne l'avait ne serait-ce que frôlée. Lorsqu'elle prit conscience de ce phénomène, Cassidy se redressa dignement, le regard rempli de défi. Soit il était très mauvais quant il s'agissait de viser, soit il avait fait exprès de l'éviter. Ses sourcils se froncèrent tandis que sa main gauche vint se poser sur son poignet droit où des marques violacées commençaient à se former. La douleur pulsait encore, se répercutant toujours jusqu'à l'épaule. Pourquoi perdait-il son temps à lui jeter des objets ainsi, en l'évitant ? D'autres objets suivirent encore quelques instants, l'entourant de verre brisé, de faïence et autres matériaux, sans que cette fois la jeune femme ne daigne bouger, et encore moins détourner le regard. Elle avait compris. Il ne souhaitait pas la viser.

Un souffle. Une expiration, et il s'était déjà rapproché, lui bloquant le passage, l'empêchant de fuir et l'obligeant à lui faire face. Il respirait fort, et son visage était étrangement... tendu. Pourquoi ? Pourquoi donc ? Elle n'avait pas eu le loisir de se défendre, alors pourquoi était-il dans un tel état ? Mais surtout... Que s'était-il amusé à faire ?

« Mais tu sais quoi ? Je ne peux pas me battre contre toi. Parce que moi, je ne te déteste pas.
- Arrête...
-... Je ne te déteste pas ! Et même si j’étais en colère contre toi, je ne pourrais pas te frapper. Tu comprends ? Je ne peux pas te donner ce que tu veux. Tout ce dont je me souviens en te regardant, ce ne sont pas tes origines ni ta famille, ni tes faux-semblants, c’est un bosquet de roses, une buée d’étoiles, ce frisson, ce feu, cette moiteur de miel et cette longue, longue souffrance. Tout cela reste en moi. Comme la jeune femme aux jambes couleur de sable et à la bouche ardente, qui me hante sans trêve. »

Le silence. Lourd. Pesant. Interdite, Cassidy resta pour la première fois entièrement muette face à cette déclaration totalement inattendue. Voix envolée. Dépossédée de toute volonté et de capacité de répartie cinglante. Sentant le danger arriver, elle l'avait supplié d'arrêter, d'une voix si faible qu'elle ne l'avait qu'à peine reconnue comme sienne. Elle ne voulait pas l'entendre. C'était inimaginable qu'il puisse continuer dans cette voie. « Tu comprends ? », lui avait-il demandé ; eh bien non, elle ne devait pas vraiment avoir compris. Elle ne voulait pas comprendre. La fatigue lui jouait très certainement des tours, ça ne pouvait être que cela. Perdues, ses prunelles turquoises vinrent trahir son état interne, devenant soudainement vagues, terriblement lointaines, se noyant dans une mer invisible connue d'elle seule. Intérieurement, la Rowle tentait de se raccrocher à un semblant de pragmatisme défensif et analysait les phrases, les mots, tentant d'y déceler le piège, ou encore le message caché. Échec. Il n'y en avait définitivement pas. Progressivement, ses yeux émergèrent de la brume, venant se figer dans ceux de son interlocuteur. Court-circuit cérébral. Il venait de le lui dire... Implicitement, mais pourtant d'une manière si claire et transparente. Elle l'avait découvert sous une nouvelle facette, terriblement simple et dépourvue de fioritures décoratives et ornementales. Était-ce la bonne ? Le sorcier lui était apparu authentique et pour la première fois, lui avait semblé terriblement sincère. Ce n'était pas le serviteur du Seigneur des Ténèbres qui avait parlé, ni le bibliothécaire, ni le poulpe humain. Ni ce dramaturge de talent. Juste lui, l'homme dans sa plus grande simplicité, dépourvu de toute armure, lui avait affirmé ce qu'elle n'avait jamais voulu entendre, que ce soit de sa part ou de la part de n'importe qui d'autre. Sans détour, il l'avait forcée à faire face à ce qu'elle avait involontairement induit chez lui alors qu'elle avait cherché à le repousser depuis le premier jour. Sans pitié, il lui avait arraché les œillères derrière lesquelles elle s'était dissimulée, s'aveuglant volontairement et plus ou moins consciemment. Le choc était rude, la chute infernale et infinie. Un long frisson la parcouru de la tête aux pieds tandis qu'elle se tétanisait. Pour la première fois, ses yeux se baissèrent en direction du sol. Elle ne pouvait pas y croire. Elle... ne voulait pas y croire. Non. Non. Et non. Dans un effort surhumain, ses lèvres closes s'ouvrirent mais aucun son ne sorti de sa gorge. Muette, condamnée au silence.

« ... »

Progressivement, de nouvelles larmes refusant de couler cette fois, se formèrent dans ses prunelles turquoises rivées sur le sol jonché de débris, tandis que sa gorge se nouait définitivement. Des éclats tranchants, ayant le même effet que les mots qu'il venait de lui avouer, alors que rien ne les y avait préparés tous les deux. Il tenait donc réellement à elle ? C'était... inconcevable. Après tout ce qu'elle lui avait fait enduré. La jeune femme s'était rarement autorisée à aller si loin pour repousser une personne. Pourtant, ce n'était pas ses mauvais coups, ses remarques acides et tranchantes, ses attaques magiques ou physiques, ses provocations verbales et commentaires insolents dont il s'était rappelé... Non. Juste cette nuit. Celle qu'ils avaient partagée, mêlant le jeu de domination, et le lâcher prise. Cette nuit, celle qui l'avait tant empêchée de dormir correctement durant plusieurs semaines.
Lentement, Octavius s'éloigna d'elle, comme aux prises d'un dilemme interne d'une extrême complexité. Peut-être dans un élan pudique regrettait-il déjà ses paroles si horriblement transparentes ? Ce fut seulement à cet instant que la jeune femme fut capable de relever son regard clair vers lui, et d'expirer l'air qu'elle avait retenu dans ses poumons, tenue en apnée par une force invisible. Un instant, son corps entier trembla, sous l'effets de soubresauts échappant à son contrôle. Lorsqu'il se rapprocha d'elle de nouveau, si proche qu'elle aurait aimé être en mesure de pouvoir se fondre dans les murs, ses doigts s'avancèrent au plus près de son visage, encadrant ce derniers de ses puissantes mains masculines - mains qui l'avaient maîtrisée quelques instants auparavant. Alors que ces dernières n'étaient plus qu'à quelques centimètres de sa peau, Cassidy tressaillit sans le quitter du regard. Peur, confusion, indécision. Pour la première fois, sans vraiment parvenir à en identifier la raison, elle réprima avec force l'instinct urgent qui lui dictait de le repousser violemment. Par miracle, leurs corps n'entrèrent pas en contact, les doigts masculins se contentant d'effleurer l'ovale de son visage à distance, comme si un rempart la protégeait de toute intrusion extérieure. Intouchable.

« Je suis en colère, mais pas contre toi. Je suis en colère de te voir souffrir comme ça. »

Violemment, dans un geste rageur, ses poings vinrent se fracasser de chaque côté du visage de Cassidy, qui, toujours figée dans un immobilisme absolu, retient de nouveau sa respiration et cilla sous le choc. Le mur sur lequel elle était adossée avait tremblé, et la tapisserie s'était affaissée sous la force non retenue dont avait fait preuve le brun. Coincée entre ces bras qui l'entouraient sans la toucher, l'étudiante ne parvenait plus à penser de manière rationnelle. Dans un effort surhumain, elle ouvrit de nouveau la bouche, sa mâchoire semblant avoir été coulée dans du plomb tellement ses lèvres eurent de la difficulté à se séparer.

« Je... »

Elle ne savait même pas ce qu'elle voulait dire ; fallait-il continuer à jouer ce double-jeu ? Devait-elle le croire ? Était-il sincère ? Avait-elle bien compris ? Était-ce un nouveau piège ? Les mots s'étranglèrent une nouvelle fois dans sa gorge, mourant, dans un silence dévorant, sur ses lèvres. Il lui était impossible de parler, tant son esprit était dans l'incapacité la plus totale à fonctionner normalement. Irreprésentable, tout ce qu'il lui avait avoué l'avait précipité au fond d'un gouffre, créant un tremblement de terre et déchirant le sol sous ses pieds. Sans préavis, elle avait chuté. Lamentable. Se forçant à inspirer profondément, Cassidy ferma une nouvelle fois les paupières, ses mains glacées venant trouver appui le long du mur contre lequel elle était assignée. Mur prison, qui l'avait empêchée de se dérober face aux aveux du sorcier. La tête de l'homme s'était affaissée à son tour, s'abandonnant devant elle, pliant pour la première fois. Plus aucune défense ; il courbait l'échine, lui offrant sa nuque dégagée. Un homme désarmé, dans son plus simple appareil. Les yeux fermés, penché au dessus d'elle, plus aucun son ne franchissait le seuil de ses lèvres pourtant si habiles pour énoncer des sarcasmes ou des vérités douloureuses. Ils étaient là, face à face, et désormais incapables de s'affronter, emprisonnés chacun dans leur propre souffrance silencieuse. Isolés. L'une, perdue, ne sachant plus comment réagir face à cet homme qui avait osé s'ouvrir à elle, lui dévoilant sa souffrance et ses sentiments. L'autre, épuisé par tant de lutte qui devait lui paraître vaine depuis le temps, et effrayé mais résolu à l'idée de la perdre définitivement. Elle, la tête haute, tentait encore de remonter à la surface des eaux troubles dans lesquelles elle avait coulé, de s'accrocher à d'invisibles branchages afin de ne pas sombrer. Lui, s'était laissé coulé, abandonné dans une souffrance maintenant si évidente aux yeux de la jeune femme qu'elle regrettait presque de ne pas l'avoir décelée auparavant. Si seulement il s'était montré sous ce jour-là avant, peut-être aurait-elle davantage modéré ses paroles... Ou peut-être pas. Qui sait  ?

Un brisement de verre leur fit ouvrir les yeux dans un mouvement parfaitement synchronisé. Chacun baissa la tête, leurs regards convergeant vers le sol qui s'était transformé en un piège tranchant ; trace indéniable et totalement objective de leurs colères clastiques. Du verre brisé, des éclats de porcelaine et de faïence, des morceaux de cire blanche, des pages détachées de leurs ouvrages de référence... Rien ne semblait avoir été épargné. Sauf elle. Miraculeusement intacte, tel un phare isolé en pleine mer ayant survécu à la tempête. Protégée par un bouclier invisible, une enveloppe impénétrable, Cassidy était toujours debout, le corps en un seul morceau. Seul sa robe déchirée, sa tresse à moitié défaite et son poignet droit sur lequel se dessinaient progressivement des traces violacées, témoignaient de ce qu'elle venait de vivre. Les s'étaient respectivement marqués, psychiquement, mais aussi physiquement. Étaient-ils enfin sur un pied d'égalité ? Doucement, la sorcière se senti décoller du sol, cette fois plus délicatement que lors de sa dernière envolée qui s'était avérée plutôt brutale. Maintenue fermement contre son torse, le corps quelque peu raidi dans ses bras, la jeune femme eu bien du mal à soutenir son regard, mais s'y força. Un pas, deux pas, trois pas... Quatre, cinq, six. Comptage compulsif, une fois de plus. Délicatement, il finit par la déposer sur le sol, le lit juste derrière elle, et se redressa face à elle. Pas un seule fois leurs regards ne s'étaient séparés. Avaient-ils réellement communiqué ? La Rowle n'en avait aucune idée, puisque sa pensée ne parvenait toujours pas à retrouver un cours et une fluidité normale. Soupir sur soupir, Octavius semblait à la fois désemparé par ce qu'il s’apprêtait à lui dire, mais aussi définitivement résolu. Sans un mot, elle l'observa pencher légèrement la tête sur le côté et se frictionna les bras dans une tentative de se réchauffer.

« Je sais aussi que cette souffrance, j’en suis le coupable. Je pourrais laisser cette histoire sombrer dans l’oubli, la regarder s’abimer toujours plus intensément au fil des heures, jusqu’au moment où aucun de mes efforts n’aurait su la ramener à la surface. Cette idée m’est pourtant insupportable. Pourtant, ça ne change rien, que je désire l’inverse ou non. Puisque je suis coupable, c’est à toi de choisir.
- Choisir ?, murmura-t-elle en écho lointain.
- ... J’aimerai que tu me fasses un geste, ne serait-ce qu’un seul, pour me faire comprendre que tu souhaites sincèrement que notre relation ne s’effondre pas de cette façon. »

Non... Non, il ne pouvait pas lui demander ça. Les prunelles turquoises de la jeune femme s'écarquillèrent sous le choc de ce qu'il lui demandait, tandis qu'elle reculait d'un pas, manquant de tomber à la renverse sur le lit, ne parvenant à retrouver son équilibre qu'au dernier moment.

« ... Je ne peux rien te prouver dans l’immédiat, ni t’obliger à me faire confiance, d’autant que rien maintenant ne pourrait te convaincre de cela. Peut-être n’ai-je pas suffisamment insisté, peut-être n’ai-je pas été suffisamment explicite ? Mais je dois dire que j’ai retourné maintes fois l’engrais de mon cerveau en espérant découvrir une pousse nouvelle, une idée miraculeuse qui aurait germé pendant un instant d’oubli ; mais je n’ai rien trouvé de concluant que toutes les tentatives que j’ai entreprises au long de cette désastreuse soirée pour te garder à mes côtés. »

La garder à ses côtés. Interdite, la jeune femme se força à déglutir. Il s'ouvrait, réellement. Ainsi donc, il lui prouvait une nouvelle fois qu'elle n'avait pas mal compris ces derniers aveux. Ses mots, pourtant doux, lui firent l'effet d'un coup de couteau dans le ventre.

« ... Peut-être n’ai-je pas les qualités nécessaires pour être un bon jardinier. Mais je suis sûr que tu sauras me le pardonner. Au moins par l’oubli. J’abdique donc. Le plus humblement du monde, devant cette défiance que tu ne cesses de m’offrir. C’est là ma dernière tentative, après quoi je crains ne plus trouver de forces de retenir la corde qui me retiens à toi. Reviens moi, donnes moi une seconde chance de te prouver que je ne vaux pas que ce que tu as entendu. Ou ordonne-moi de m’en aller et je le ferai définitivement, je te le promets. Je t’oublierai et je te laisserai m’oublier. Ordonne, et à défaut de ne pouvoir satisfaire ton désir de te battre, je satisferai au moins ton désir de ne plus souffrir par mon absence. Ou donne-moi un signe… »

Le silence. Une fois de plus. Pourquoi était-elle incapable de lui répondre, même pour le repousser une dernière fois ? Elle l'avait tant de fois auparavant... Cela aurait du être d'une facilité enfantine puisqu'il lui offrait là, sur un plateau d'argent, le moyen de se débarrasser définitivement de lui, et elle était certaine qu'il était parfaitement honnête dans les propos qu'il venait de lui tenir. Toutefois, les mots - inconnus - étaient là, bloqués dans sa gorge, refusant de sortir d'entre ses lèvres. Secouant la tête, Cassidy tenta de reprendre ses esprits, brisant le contact oculaire qu'il avait jusque là soigneusement entretenu.

« Octavius... Je.. Tu ne peux pas.. me demander ça... Je... C'est... Brusque. Comment veux-tu que je puisse te répondre ? - sa voix se brisa légèrement - Je... Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je veux, ce que je... ressens exactement. »

Forcée à l'introspection, la jeune femme se mordilla nerveusement les lèvres.

As-tu envie qu'il parte Cassidy ? La réponse s'imposa à elle telle une évidence. Oui. Loin. Très loin. Tout dans son discours était fait pour la faire fuir à l'autre bout de la planète en mode transplanage express. Ce discours aurait pu être prononcé par Owen, son ex petit-ami tant il était transparent. Face à l'amour conventionnel, la jeune femme était terrorisée et ne parvenait pas à le supporter. Terrifiée à l'idée de s'attacher, les démonstrations claires, explicites et directes telles que le romantisme pur et dur, étaient à proscrire pour celui qui souhaitait la garder près de lui. Owen n'avait jamais su s'adapter et l'avait perdue, d'autant plus que malgré ses efforts, la jeune femme n'était pas parvenue à s'attacher réellement à lui. Que cela soit clair, jamais Cassidy n'était tombée amoureuse puisque n'étant pas prête à accepter l'amour dans sa forme la plus pure. Ce sentiment lui était tout aussi inconnu que le monde moldu.

En revanche, si la première question laissait penser à une issue des plus fatalistes et limpides, une seconde question s'imposa avec force à son esprit fatigué, reléguant sa concurrente au second plan.

Es-tu capable de le laisser s'éloigner ? Un long frisson la parcouru alors que la réponse s'esquissait dans son esprit. Non. Progressivement, Cassidy prenait conscience d'à quel point cet homme avait prit une importance dans sa vie et dans son esprit. Pourquoi Cass' ? Pourquoi ? Qu'a-t-il qui te retienne ainsi ? ... Je, il n'est pas comme Owen. Il n'est pas dans le tout ou rien. Nuancé, complexe, intriguant et agaçant. Notre " relation " est tout sauf conventionnelle. Cela expliquait qu'elle soit parvenue à gérer ses quelques écarts romantiques comme la fleur - qu'elle avait conservé soit dit en passant -, ou encore cet aveu qui la mettait terriblement mal à l'aise. Je... J'ai... En sa présence, je me sens revivre. Grâce à lui, je ne suis plus figée. Je ressens des choses, même si je n'arrive pas à les identifier correctement. Je... Je bous de rage, j'explose, je pleure et parfois, j'ai envie de rire... De rire ? ... Mais je ne le montre pas... Qui est-il à tes yeux ? ... Je ne sais pas... Cherche... Il, il est mon opposé et celui qui me ressemble dans un certain sens. Il est mon adversaire privilégié sans lequel ma vie redeviendrait fade et cadrée au possible... Supporterais-tu de te retrouver seule ?... Oui, enfin je.... Supporterais-tu qu'il s'éloigne et te laisse seule ?... Non, je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il m'abandonne. J'ai besoin... C'était trop. Stop. C'était déjà trop. Lentement, son regard clair se releva et plongea de nouveau dans les iris émeraude du sorcier qu'elle aimait tellement détester. Depuis début Septembre, si elle voyait en lui un insupportable rival, un orateur infernal qui était capable par un simple mot, un simple regard, de la faire brûler de rage, il était aussi celui qui la ramenait sans cesse à son humanité, celle qu'elle avait délaissé au profit d'un hypercontrôle de soi.

« Je... J'aimerais pouvoir croire en tout ce que tu m'as dit, mais je ne peux pas m'empêcher de... rester prudente. Comment pourrais-je te répondre alors que je ne suis pas au clair avec moi-même ? Je... J'ai toujours refusé de m'écouter et je suis maintenant dans l'incapacité de savoir quels sont... Je veux dire, ce que je ressens. »

Ne me laisse pas tomber. Tomber comme j'ai l'habitude de le faire, même si cela ne se voit pas. Couler au fond de mi-même, me laissant dévorer vivante par la brûlure de la glace qui me recouvre et me fige dans une unique pose et un sourire figé. Ne me laisse pas tomber. Sombrer dans cette maîtrise qui me détruit peu à peu même si elle m'est indispensable. Je ne sais pas qui tu es. Je ne sais pas qui je suis. Je veux que tu t'en ailles, mais j'ai besoin de ta présence.

Ah si seulement ses yeux pouvaient réellement parler... Ne pouvait-il pas tout simplement lire au travers de son regard clair toutes les pensées qui traversaient son esprit sans qu'elle ne parvienne, ni ne soit en capacité de les formuler ? Un signe. Il avait besoin d'un signe, alors que tout ce pour quoi elle était douée était de repousser les gens, créant un véritable cratère autour d'elle. Que pouvait-elle faire ? Qu'était-elle en capacité de lui dire pour lui faire comprendre qu'elle avait besoin de le savoir proche d'elle ? Lentement, Cassidy se laissa tomber sur le lit derrière elle, sa tresse blonde fouettant les airs, et fixa le plafond d'un regard éteint. Il voulait un signe ? Ne serait-ce que celui-ci aurait du lui suffire, toutefois, elle n'était guère certaine que cela soit assez explicite pour lui. Et pourtant... ce comportement en disait déjà gros. Un laisser-aller, un certain abandon corporel. Jamais elle ne se serait permis ça avec n'importe qui. Un instant, elle ferma les yeux - nouveau signe - et un soupir s'échappa de ses lèvres. Prenant appui sur son coude gauche, elle se redressa en position assise, ses doigts venant jouer nerveusement avec le bout de sa tresse qu'elle avait ramenée sur son épaule droite. Hésitante, elle releva les yeux vers lui et sonda son visage. Devait-elle prendre le risque ? L'indécision était immense. Peut-être était-ce ça le problème... La réflexion. Trop de réflexion, d'anticipation, de calcul, et absolument pas de lâcher-prise, de ... souplesse. La clé était là, il fallait qu'elle parle, rapidement, d'une traite, sans chercher à peser le pour et le contre avant. Seulement après, elle s'adapterait aux conséquences de son choix. Vis Cass'... Tu ne lui a pas promis de survivre, mais de vivre.

« Je vais peut-être le regretter... Enfin, il est évident que jouer avec le feu est ma spécialité depuis toujours. Je suis prête à t'écouter, à te donner une réelle chance de m'expliquer qui tu es, et ce que signifie cette histoire, mais avant, il faut que tu saches... Je... Je ne suis pas simple Octavius, loin de là et je pense que tu as pu t'en apercevoir... Je suis blessante, froide et j'ai toujours maintenu les gens à distance de moi. Me battre est ma condition de... Je veux dire, je me suis toujours battue, notamment pour ne rien ressentir. Je... Es-tu certain de ce que tu fait ? As-tu réellement une idée de ce dans quoi tu te lances en... étant présent pour moi ? Je.. je ne pourrai pas changer d'un claquement de doigts. Je suis une Rowle Octavius, une Rowle. Ce n'est peut-être pas ma famille que tu vois au travers moi parce que mon souvenir te ramène à autre chose, mais leur sang coule dans mes veines et mon appartenance aux Sang-Purs et... bientôt aux Mangemorts est plus qu'évidente. Te lier à moi... te lie à eux et te mets en danger si tu ne m'as pas menti ce soir là, et...
- Octave, tu es là ? C'est moi, Elena. Je voudrais te parler, ouvre-moi, s'il-te-plait. »

Stoppée dans sa lancée, la bouche de la sorcière se referma aussitôt, le charme rompu. Elle en avait trop dit de toute façon. Son regard se détourna vers la porte d'où provenait la voix féminine et les légers coups portés contre celle-ci.

« Je t'en prie, va donc lui ouvrir. C'est peut-être important. »
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Octave Holbrey
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyLun 21 Nov 2016 - 21:02

Elle s'était ouverte. Imperceptiblement. Ne le voyez-vous donc pas ? Cet effort surhumain pour elle, ce lâcher prise exigeant... Cette prise de risque qu'elle jugeait inconsidérée. Elle venait de franchir un premier cap. L'ascension périlleuse qu'elle jugeait impraticable en raison du chemin dangereux qu'elle obligeait, avait commencé. Elle s'était lancée cette fois, au risque de finir par tomber dans le gouffre qui se dessinait sous elle au fur et à mesure qu'elle progressait. Oh certes, il fallait la connaître par cœur et posséder au moins un doctorat en observation minutieuse pour avoir saisi qu'elle venait de lâcher de plusieurs centimètres les brides qu'elle tenait en permanence ajustées contre elle-même. Pourtant, si elle l'avait bel et bien fait, il n'était malheureusement pas certain que le bibliothécaire ait pu s'en rendre compte. S'il était un observateur des plus assidus, il ne savait rien de la façon dont la sorcière avait pour habitude de gérer ses relations au quotidien. Se sentait-il déjà rejeté ? Exploité ? Le pragmatisme dont faisait preuve la jeune femme pouvait tout à fait justifier ce genre d'idées pouvant lui traverser éventuellement l'esprit. Néanmoins, dans sa douleur, elle venait de lui avouer qu'elle ne faisait que jouer un rôle, et venait de reconnaître à quel point le contrôle dont elle faisait inlassablement preuve était difficile et exigeant pour elle. Aurait-elle lâché ces informations devant une autre personne ? Non. Le contexte et ce qu'Octavius et elle avaient déjà vécu auparavant avait suscité ce laisser-aller à la confidence, bien que celle-ci eut été involontaire et sous le coup d'un épuisement certain. Aussi le pragmatisme rigide dont elle faisait preuve dans son discours argumentatif n'était là que comme une façade, une nouvelle couche de vernis protecteur. Une tentative explicative créée dans l'urgence, davantage présente pour se tromper elle-même que pour le tromper, lui.

Un discours pragmatique en apparence, révélant bien des choses par derrière si l'on prenait le temps et si l'on se donnait la peine de creuser au delà des simples mots. Mêler verbal et non verbal, et même, écarter les mots inutiles et défensifs pour découvrir ce qu'ils dissimulaient. Elle avait accepté de l'écouter alors que ce qu'elle avait appris au dîner l'avait littéralement sciée en deux. Rien que ceci n'était pas anodin. En effet, la rancune était l'un des défauts qui lui collait à la peau depuis toujours. Déçue, la jeune femme ne parvenait pas à passer outre des erreurs de son entourage. Une erreur, un faux-pas, et voilà que le sentiment de trahison s'emparait de son cœur et venait le contaminer comme un poison détestable, et la poussait à s'éloigner définitivement de celui ou celle qui l'avait blessée. Une protection comme une autre, une fois de plus. De nature méfiante et extrêmement prudente, il était déjà très rare que la blonde s'attache réellement à quelqu'un, aussi lorsqu'elle y parvenait, la personne se devait d'être droite jusqu'au bout. La confiance perdue, la reconquérir s'avérait une épreuve quasiment impossible. Or là, inexplicablement, la sincérité et les aveux spontanés et non calculés du brun l'avaient touchée... en plein cœur, et elle avait choisi de lui donner une chance de s'expliquer, réellement. En quoi cela relevait-il encore du pragmatisme, je vous le demande. Elle s'était aussi ouverte à lui, reconnaissant directement qu'elle était parfaitement complexe et dure. Glaciale, même. Pourquoi ? Parce qu'il fallait qu'elle puisse lui faire prendre conscience de ce dans quoi il se lançait. Si la forme était pragmatique et rationnelle, il ne fallait guère oublier ce que la plupart des gens oubliaient... S'interroger sur le pourquoi d'une telle confidence. Pourquoi reconnaître face à lui ces aspects-là d'elle-même ? Était-ce pour le décourager ? Cela aurait pu, en effet, mais elle avait déjà tant tenté de le faire fuir auparavant... Non, décidément cette réponse probable n'était pas la bonne. Se mordillant la lèvre tout en observant Octavius disparaître derrière le mur, se dirigeant vers la porte d'entrée, Cassidy se laissa de nouveau retomber sur le dos, ses cheveux étalés autour de sa tête comme une auréole dorée. Un ange ? Un rictus ironique vint se dessiner au coin de ses lèvres maquillées. Non, définitivement, cela ne lui ressemblait guère. Un démon plutôt. Elle était véritablement mauvaise pour avoir accepté de baisser ainsi sa garde.

« Merlin Cass... Qu'est-ce-que tu fous ? , murmura-t-elle pour elle-même, tout en se massant doucement les tempes, qu'est-ce-que t'es en train de faire exactement ?  »

Seul le silence lui répondit. Un silence lourd, à bout de ressources. Pourquoi lui avait-elle dit qu'elle visait sans cesse à maintenir les gens à distance d'elle ? Qu'elle s'était toujours efforcée de ne rien ressentir ? Cette partie d'elle-même était tellement... intime. Où était donc le pragmatisme là-dedans ? Il n'y en avait pas, et d'ailleurs, elle s'en voulait pour cela. Rien, niet, nada. Si toutes ces questions qu'elle lui avait posé avaient pu lui paraître on ne peut plus rationnelles et calculées, ce n'était pas tant pour se protéger elle que pour le protéger, lui. Parce qu'il en fallait bien qu'il y en ait un sur les deux qui puisse être conscient des dangers que cette ouverture représentait pour eux. Le protéger, lui. Octavius Holbrey. Inconsciemment, la jeune femme était terrifiée. Terrifiée qu'il puisse lui arriver quelque chose, puisqu'elle avait pu commencer à percuter grâce à cet ultimatum qu'il venait de lui poser, qu'elle était attachée à lui. Or, lorsqu'elle s'attachait à quelqu'un, ou inversement, qu'une personne s'attachait à elle... Les choses finissaient toujours par mal tourner.

« Le protéger... Cass... Comment espères-tu le protéger en t'ouvrant ? T'es toxique pauvre idiote. Toxique. »

Lâchant un long soupir, l'étudiante ferma les yeux. Pourvu qu' Octavius ne soit pas trop long, sinon, elle risquait fort de s'endormir malgré elle tant elle était épuisée. Cette décharge brutale d'adrénaline l'avait véritablement vidée. S'endormir... Vivement, les yeux de la jeune femme se rouvrirent tandis que ses sourcils se fronçaient. Il était hors de question qu'elle se permette un tel acte de faiblesse. Hors de question. Elle l'attendrait, plusieurs heures s'il le fallait, mais elle aurait le fin mot de cette histoire tordue. Lentement, la jeune femme se redressa en position assise, et entrepris de masser doucement son poignet droit, cependant dès que ses doigts entrèrent en contact avec ce dernier, une douleur électrique se déclencha aussitôt. Laissant échapper un sifflement de douleur, Cassidy laissa doucement retomber sa main sur sa cuisse, tout en contemplant les marques violacées désormais parfaitement visibles. Cinq doigts, imprégnés sur sa peau pâle. Tels une aile de papillon, ses longs doigts fins virent frôler ces traces qui lui avaient été imposées par la force. Une marque, deux marques... Des ecchymoses aux reflets violacés, pigmentées par une infinité des minuscules points rougeâtres ; minuscules taches cutanées rouges violacés, dues à une infiltration de sang sous la peau. Perdue dans sa contemplation, elle n'eu le temps de relever les yeux qu'en entendant la cavalcade. La silhouette d'Elena fit irruption dans le salon donnant sur la chambre, tandis que Cassidy se crispait davantage. Vivement, la slave détourna les yeux vers elle et son regard se rempli d'une horreur sans nom lorsqu'elle s'aperçu de sa présence. La pièce sans dessus dessous, la robe déchirée, le fait qu'elle soit sur le lit avec les cheveux défaits... Pour une personne extérieure, la conclusion était inévitable... et tellement risible pour Cassidy devant la fureur emplissant les yeux bleus de la sorcière qui se méprenait totalement sur ce qu'il s'était passé. Les gens avaient tellement le don de débarquer au mauvais moment et de tirer leurs conclusions rapidement, sans prendre le temps d'avoir toutes les cartes en main. Une fraction de seconde plus tard, Elena avait de nouveau disparu de sa vue, happée par une main masculine que Cassidy n'avait eu aucun mal à reconnaître comme appartenant au bibliothécaire.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu as accepté la demande de son père, c’est ça ? »

Une... demande ? Était-ce la raison de cette tension qui avait semblé émaner d'eux à son retour de la danse avec Lacroix ? La jeune femme fronça les sourcils avant de sauter souplement hors du lit. Silencieusement, elle s'approcha de la cloison la séparant d'Octavius et d'Elena, et atténua sa respiration.

« Manu nous a dit ce que vous-vous racontiez en français, Octave. C’est pour ça qu’elle est là ?
- Non. Je n’ai rien accepté du tout. »

Un murmure. Un simple murmure mais dont la franchise rassura la jeune femme. Ainsi donc son père avait tenté de l'embrigader dans un de ses plans sournois, et il avait refusé. Fermant les yeux, Cassidy s'adossa au mur, en parfaite symétrique avec Elena, debout de l'autre côté de la cloison. Qu'est-ce qu'Andreas avait bien pu lui demander ? Et surtout dans quel but ? La sorcière connaissait son paternel, et savait parfaitement que celui-ci détestait être redevable à quelqu'un, et encore plus lorsqu'il ne connaissait pas la personne. Cela cachait quelque chose.

« Qu’est-ce qu’elle fait là alors ? Tu te rends compte de ce que tu fais ? Encore, que tu travailles pour eux, mais que tu… que tu…
- En russe s’il te plait. »

Le russe. Jamais elle ne l'aurait pensé capable de comprendre cette langue. Possédait-il des origines slaves ? Contrairement à elle, chez qui l'accent avait cette fâcheuse tendance à ressortir lorsqu'elle s'énervait, jamais Octavius n'en avait laissé transparaître un. En attendant, il lui avait demandé de s'exprimer en russe, certainement dans le but qu'elle ne puisse pas entendre - ou du moins, comprendre - leur conversation, sans se douter qu'elle était juste de l'autre côté du mur.

« Pourquoi donc ! Si ce n’est pas une énième mission, qu’est-ce que tu t’en fous ? Hein ?! C’est une fille de Mangemort Octave. Que tu t’amuses à ses dépens… mais qu’est-ce qu’elle fait ici, dans ta chambre ?
- Elle était fatiguée et j’ai…
- Pourquoi elle ? »

Le silence.

« Comment ça ? »

La question était pourtant simple, même Cassidy l'avait comprise, alors qu'elle ne les avait même pas en visuel.

« Pourquoi... moi ? », murmura-t-elle en écho.

Pourquoi elle ? Pourquoi moi ? Pourquoi pas elle ? Pourquoi moi plutôt qu'elle ? Ainsi donc la belle Elena avait perçu un réel intérêt d'Octavius pour sa personne. Si une amie proche du bibliothécaire était capable de percevoir ça, cela voulait-il dire que ce dernier ne jouait donc pas un simple rôle ? Possible. Probable même, si elle se fiait aux aveux auxquels il s'était abandonné quelques minutes auparavant. Peu à peu, les pièces éparpillées représentant les bribes d'informations plus ou moins certaines qu'elle avait en sa possession concernant Octavius, se rassemblaient et s'agençaient entre elles, avec une certaine difficulté, il fallait le reconnaître. Pourquoi moi et pas elle ? Cette question n'était pas anodine. Soudain, l'explosion eu lieu. Certes, beaucoup moins violente que la sienne avait pu l'être quelques instants auparavant. D'une voix tremblante, la slave se répandit en explications désordonnées dont Cassidy ne retint pas la moitié, tant l'idée principale la figea sur place. Pendant quelques secondes, sa respiration se coupa alors qu'elle percutait l'évidence. Elena aimait Octavius. Sans détours, elle venait de le lui avouer d'une voix tremblante de colère, et de tristesse. Sans qu'elle ne parvienne à s'en rendre compte, la gorge de la Rowle se noua et ses bras se refermèrent l'un sur l'autre tandis qu'elle laissait aller sa tête contre le mur.

« Non ! Ne me touche pas ! Tu… Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ?! Cette Mangemort… comment oses-tu ? A quoi est-ce que tu penses ?! Je… T’es dégénéré ou quoi ? T’intéresser à elle alors qu’elle est le fruit de tout ce que tu détestes ! »

Inexplicablement, les mots de la slave qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, virent la toucher en plein cœur. Peut-être parce qu'elle avait commençait à s'ouvrir et que ces mots la reliaient à Octavius. Son cœur... Ainsi en possédait-elle encore un... Cette situation venait de le lui prouver. Glacé, mais pas mort. Ralenti, mais toujours battant. Vivante, elle était vivante. Ce dernier se serra contre son gré, et manqua un battement. Foutu organe inutile des plus fragiles ! Si Elena avait pensé cela d'elle sans que cela n'implique le sorcier, il était absolument certain que la Sang-Pur n'n aurait strictement rien eu à faire, mais là... La situation était différente. Du moins, son cœur la ressentait comme différente. « Cette Mangemort… ». La jeune femme serra les dents et d'un geste doux, caressa l'intérieur de avant-bras gauche. Vierge. Celui-ci état vierge de tout symbole. Sa peau pâle possédait encore ses mille reflets ivoirés, sans être tâchée à jamais par cette marque immonde qui regroupait les Serviteurs du Seigneur des Ténèbres entre eux. Intacte. Pour combien de temps ? Violemment, ses doigts se refermèrent sur son avant-bras tandis qu'un craquement sourd s'échappait de sa mâchoire. Jamais. Jamais elle ne serait des leurs. Le servir lui... Rien que l'idée lui donnait la nausée. Serviteur... Jamais elle ne le serait réellement, elle le refusait ; tout son être rejetait l'idée d'un bloc. Si elle avait poursuivi ses études supérieures, c'était dans l'idée que son père retarderait son entrée dans les rangs au profit d'études de Potionniste. Flatter l'Ego paternel lui avait paru comme un moyen stratégique de retarder l'inévitable. L'inévitable qui se rapprochait à grands pas.

« T’intéresser à elle alors qu’elle est le fruit de tout ce que tu détestes ! » Au moins, cela avait le mérite d'être clair. Limpide, transparent. Si Elena qui était son amie, disait vrai et ne se trompait pas sur lui, cela signifiait que la comédie, il l'avait bel et bien jouée ce soir devant tous afin de se protéger, lui, et de la protéger elle. De les protéger, tous les deux. Le fruit de tout ce qu'il détestait... Le fruit d'un mariage arrangé dépourvu de la moindre once d'amour entre les descendants de deux grandes familles de Sang-Pur. Un fruit... Un fruit pourri, oui. Une petite fille que son père avait espéré garçon, dont l'apparence physique n'avait pas suffit à l'honorer. Voilà ce qu'elle était. Le fruit pourri d'une alliance, d'un accord presque politique entre deux grandes familles ne jurant que par le statut de sang et les apparences. Fille d'anticipation, d'arrangements, et de rigueur. Comment pouvait-on décemment lui reprocher d'être ce qu'elle était devenue ? Perdue dans ses pensées, elle n'avait qu'à peine écouté la réponse fournie par Octavius. Ce fut le nouveau cri empli d'une fureur désespérée qui lui fit réintégrer l'instant présent.

« Pénélope, je veux bien, mais elle ! Qu’a-t-elle donc fait pour cela ?!
- Ce ne sont pas tes affaires. »

Mais pourquoi... Pourquoi ne démentait-il pas ? Après tout, rien ne s'était réellement passé au sens physique du terme, hormis une sombre bagarre. Qu'avait-elle donc fait pour cela ? La question était intéressante. Elena était intelligente et posait les bonnes questions - questions dont Cassidy ne possédait pas non plus les réponses.

« Ce que j'ai fait... », chuchota-t-elle d'une voix lointaine.

Un murmure adressé au vent. Qu'avait-elle fait ? Qu'avait-elle dit ? Si elle représentait tout ce qu'il détestait, comment avait-elle pu... l'attirer ? Un écho monta soudain en elle, résonnant dans son esprit embrumé « Tout ce dont je me souviens en te regardant, ce ne sont pas tes origines ni ta famille, ni tes faux-semblants, c’est un bosquet de roses, une buée d’étoiles, ce frisson, ce feu, cette moiteur de miel et cette longue, longue souffrance. ». L'amour s'expliquait-il ? La jeune femme fronça les sourcils. Était-ce bien de l'amour ? Amour ou simple attirance passagère ? L'oublierait-il et l'abandonnerait-il si elle se donnait à lui ? Vivement, Cassidy secoua la tête, comme pour chasser ces pensées polluant son esprit. Elle n''avait rien fait, sinon le repousser. Elle n'avait rien dit, sauf pour tenter de le faire fuir. Comment avait-elle pu le séduire involontairement ?

De nouveau, la voix d'Elena s'éleva dans la pièce, criant son désespoir aux oreilles de l'homme qu'elle aimait et qui ne l'avait jamais regardée autrement que comme une amie. Que pouvait-elle faire pour changer ? Comment pouvait-elle s'améliorer ? A ces mots, l'apprentie potionniste grimaça, et s'écarta du mur comme si ce dernier l'avait brûlée. Reculant de quelques pas, la jeune femme resta figée, à mi-chemin entre le lit et le mur. Changer... Elena était prête à se transformer, à dénier certains aspects d'elle-même et tout cela par amour pour un homme ? Bon sang, voilà pourquoi l'amour n'était qu'une vaste farce, un danger redoutable face auquel il fallait fuir. L'amour avait ce pouvoir détestable... Celui de nous transformer, celui de nous affaiblir. Etre prête à renoncer à celle que l'on était pour une personne ? Non... C'était inenvisageable. S'oublier... Si elle avait été amenée à le faire, cela n'avait été que dans un seul but : survivre. Se trahir, se transformer.... afin de pouvoir continuer à voir le jour se lever, et respirer l'air. Comment Elena pouvait-elle envisager un tel sacrifice pour une chose telle que l'amour ?

Des bribes de paroles. La voix d'Octavius lui parvint aux oreilles, et de nouveau Cassidy se rapprocha silencieusement du mur, pour venir y coller son oreille.

« [...] Ce que tu veux, je ne l’ai pas. J’ai essayé de le nourrir, mais en vain. Et si je me force, cela ne fera du bien à personne, ni à toi, ni à moi. Ou alors te porterais-je une affection sèche qui ne te satisfera jamais parfaitement. »

A ses mots, la slave sembla percuter que ses tentatives pour le rallier à son cœur étaient vaines. Enfin, elle partit, ses talons résonnant derrière elle, laissant comme une atmosphère remplie d'amertume dans son sillage. Rapidement, la jeune femme alla se rasseoir sur le lit, comme si rien ne s'était passé. Esprit embrumé, tant de questions bourdonnaient dans sa tête sans parvenir à s'organiser de manière logique et cohérente. Y-avait-il encore un fil conducteur entre elles ? Un claquement de porte, des bruits de pas. Octavius reparu dans son champ de vision, l'air grave, suivant son pas qui le mena droit à l'un des canapés du salon, dans lequel il s'affala. Sans un mot, Cassidy observa son visage qu'elle redécouvrait. Les traits tirés, son regard émeraude habituellement si vif, éteint. Définitivement, le masque était tombé. Lentement, il se frotta les paupières en se redressant, pris par une agitation qu'elle ne lui connaissait pas, lui qui avait ce don de tout relativiser et pour tourner les choses en dérision. De nouveau, il changea de position - toujours sans la regarder - se laissant gracieusement aller dans le canapé, les yeux levés vers le plafond intact de leur précédente bagarre. Un plafond blanc, vide. Un clignement, deux clignements... Trois, quatre, cinq. Six... sept... Ses paupières papillonnaient avec insistance - gestuelle étrangement familière que la jeune femme reconnut instantanément. La tête en arrière, le regard levé vers le plafond, ces clignements... Octavius ne divaguait pas, non. Il luttait contre les larmes, ces foutues perles salées trahissant ses faiblesses dont il ne désirait pas l'accaparer. Il combattait enfin cette tempête d'émotions qui devait faire rage dans son esprit, dans son cœur.

« Bon, où en étions-nous… Il y a des jours comme cela, où je ressens tout à la fois. Et d’autres, où je ne ressens strictement rien. Je ne sais pas ce qui est pire : se noyer entre les vagues ou mourir de soif… »

Il avait tourné la tête vers elle, la regardant sans vraiment la voir comme si elle eu été un simple fantôme, une âme égarée. Transparente. Doucement, la jeune femme replia ses jambes sur le lit, avant de le fixer calmement. Elle n'en avait pas conscience, mais pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, ses prunelles turquoises s'étaient adoucies. Plus aucune trace de défi, ni de colère. Même la méfiance s'était temporairement estompée au profit d'un nouvel éclat quelque peu chaleureux.

« Je préfère mille fois mourir de soif, que d'être submergée par des vagues incontrôlables auxquelles je ne comprends rien. Après, c'est totalement subjectif... »

Lentement, il se leva, s'approcha du lit, réduisant l'espace qui les séparait. Comme au ralenti, il s'allongea à ses côtés, le regard toujours perdu dans le plafond.

« Octavius, commença-t-elle, je... je suis vraiment... »

Le dernier mot resta bloqué dans sa gorge, refusant d'en sortir. Ses lèvres se refermèrent, ne lui permettant pas de mettre en mots ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même. Un supplice sans fin. Elle n'était même pas capable de lui dire qu'elle était désolée, alors qu'Elena aurait été capable de tellement plus que ça. Cassidy se mordilla les lèvres, son regard se baissant sur ses genoux. Lentement, ses doigts vinrent retracer les marques violacées des doigts masculins. De ses doigts, à lui, gravés sur sa peau de manière temporaire. Indirectement, la main féminine, hésitante, vint se poser sur les marques des doigts du bibliothécaire. Elle lui avait saisit la main, à distance. De manière extrêmement implicite que rien n'était moins sûr qu'il le remarque - du moins consciemment.

« Je suis désolé, je crois que je suis un peu fatigué. Depuis le début, tu sembles faire appel au même raisonnement, aux mêmes menaces sous diverses formes, tantôt voilées, tantôt directes, mais ayant toujours le même sens. Et tu ne sembles jamais écouter mes réponses, comme s’il faille que je te réconforte à chaque fois sur mes intentions. »

Comment pouvait-on le lui le reprocher ? Cassidy fronça les sourcils tout en croisant les bras sur sa poitrine. Bien sûr qu'elle écoutait ses réponses, plutôt deux fois qu'une. En revanche, y croire était une autre affaire, relevant de la confiance, chose qu'elle ne pouvait pas encore lui donner.

« ... Combien de fois vais-je devoir te répéter que je sais qui tu es, et même maintenant, que je sais qui es ton père. Et tu ne comprends pas ce que je t’ai dit ; tu crois que ton souvenir me renvoie à autre chose, et que c’est pour cette raison que je suis incapable de voir le tableau dans son entièreté. Que je m’accroche à des souvenirs éphémères qui sont infinitésimaux par rapport à tout ce que tu représentes en réalité. Mais tu te trompes, ce que je voulais dire, c’est que malgré tes origines, malgré ta famille, ton statut et ton rang, je vois une jeune femme toute de lait et de miel. Je vois parfaitement le tableau dans son ensemble, et malgré ses défauts, je ne m’en trouve pas dans l’incapacité d’apprécier ce qui en fait sa beauté. Tu comprends ce que je te dis ?
- Je... Je crois... »

Menteuse. Une partie d'elle-même était complètement à la ramasse. Jamais elle n'avait été confrontée à une telle situation. Certes Owen avait été un excellent orateur lui aussi, mais... Cette fois, quelque chose était différent dans la façon dont les mots d'Octavius trouvaient un chemin en elle. Voilà, la nuance était là. Un chemin. Même si les paroles du bibliothécaires n'étaient guère encore parvenues à toucher son âme, elle se frayaient un chemin en elle, hasardeux certes, mais un chemin tout de même, au contraire des mots d'Owen, qui étaient toujours restés sur le pas de la porte, ne faisant que glisser sur la peau carapace de la jeune femme.

« Je suis davantage attiré par ces multiples et charmants détails qu’effrayé par le menaçant paysage qui t’entoure. Je sais que tu es blessante et froide, mais j’ai souffert en silence jusqu’à maintenant à ce que je sache ? Je ne t’en tiens pas rigueur. Je t’accepte. Et tu as raison de rester prudente, la confiance se gagne et se mérite. J’espère qu’un jour tu m’accorderas ne serait-ce qu’une bribe de la tienne. Si cela n’advient pas, c’est que je n’en aurais pas été digne et alors tu auras le cœur tranquille à mon égard. Tu n’auras aucun doute et tu te détacheras de moi avec la sérénité d’avoir au moins essayé. Je peux te promettre pour ma part… quoi que ce soit probablement présomptueux… je te promets de rester honnête et dire les choses telles que je les pense. Au moins tu auras ce réconfort de ne pas douter de ma sincérité. Alors… que veux-tu savoir ? Ou veux-tu te reposer pour ce soir ? »

Cassidy secoua lentement la tête, jouant nerveusement avec son reste de tresse qui reposait le long de son épaule droite. Au diable le langage non verbal, elle n'avait plus la force de le contrôler ce soir.

« Tu parles beaucoup. Je ne sais même plus par où commencer. Est-ce-que c'est une tactique pour m'embrouiller ? »

Elle plaisantait. Enfin... Il serait plus juste de dire qu'elle avait tenté car si l'intention y était, son ton était malheureusement resté inlassablement sérieux. Décidément l'humour n'était pas son fort. Aussi, pour faire passer cette remarque pouvant être perçue comme acide, la Rowle esquissa un petit sourire du coin des lèvres. Petit et discret, mais rempli d'une sincérité étonnante. Lentement, Cassidy se laissa tomber en arrière à ses côtés, séparée de lui par une ligne imaginaire. Il fallait commencer par le commencement. Si elle attendait de lui de l'honnêteté sans la moindre faille, elle se devait de l'être également. Son regard clair fixé sur le plafond qui n'avait décidément rien de transcendant, Cassidy commença :

« Il faut que tu saches que je vous ai écouté, avec Elena. J'ai tout entendu, et ça m'a bien arrangé qu'elle refuse de s'exprimer en russe comme tu le lui avais demandé. Elle a souligné quelque chose de tout à fait juste Octavius, une chose à laquelle tu t'es dérobé sans y répondre.. Mais tu n'as pas de chance parce que cette question je me la pose aussi, et moi, je ne te lâcherai pas. Pourquoi moi ? Pourquoi moi plutôt qu'elle ? Qu'est-ce-que j'ai fait pour ça ? Elena semblait sincère et prête à te donner... à tout te donner. Cela aurait été tellement plus simple avec elle qui n'est pas " le fruit de tout ce que tu détestes ". Si jolie, si ouverte à toi, démonstrative... Chaleureuse et bienveillante. Elle est mon opposée. Es-tu masochiste pour l'avoir repoussée et être revenu vers moi, une fille de Mangemort qui ne fait que t'attirer de la souffrance et des ennuis ? Regarde tes bras, ces nouvelles cicatrices que je t'ai infligé... Je sais bien que tu dis voir le tableau dans son ensemble, mais tu sembles pourtant bien plus aveuglé par ce que je représente à tes yeux que par ce qui m'entoure, et... tu ne devrais pas. C'est de l'imprudence pure. Je... N' y vois pas là une quelconque tentative de morale, ce n'est vraiment pas le but. Je cherche juste à te... Je veux dire... Ah comment dire ça ? »

D'un mouvement de balancier, Cassidy se servit de ses jambes pour rouler sur le côté droit, face à lui. Glissant ses mains sous sa tête, ses doigts d'entremêlant dans ses cheveux blonds, elle l'observa un moment, silencieuse.

« Les personnes qui se sont attachées à moi l'ont toujours payé Octavius. Toujours. Il faut que tu le saches. Je... Je ne veux pas - te perdre toi aussi -... Je veux dire, tu es le seul ici, au château et même ailleurs, qui soit capable de me tenir tête et de m’essouffler ainsi. Je... Sans toi, ce serait... différent. Et vide, d'une certaine façon. »

Il fallait qu'elle change de sujet, vite. Ne pas perdre pieds. Inspirant profondément, la blonde reprit d'une voix posée.

« Ensuite, tu pourrais me répéter mille et une fois que tu sais qui je suis que cela ne me suffirait pas pour me convaincre. Car pour que tu saches qui je suis, il faudrait que je décidé, moi, qui je veux être. Or... ce choix... ne, ne m'appartient pas. Je ne sais pas qui je suis, comment pourrais-tu prétendre le savoir en l'espace d'un mois ? Tu ne connais pas mon passé, tu ne sais rien de moi, ni de ma vie - ou presque. Je t'en ai fait bavé comme jamais je n'en avais fait voir à quelqu'un. J'ai raconté des mensonges te ridiculisant face à Henry, je me suis introduite dans tes appartements... Sans compter le concours de Drag-queen couvert par la Gazette, Trewlaney, le Wizard's Gay bar... Ombrage... Je sais que tu sais que j'étais à l'origine de tout ça. J'ai tout fait pour te repousser et pourtant... Tu es toujours là, même après que le professeur Rogue t'ait lancé le sortilège Doloris par ma faute, même après... ce soir. Je t'ai lancé des sortilèges, t'ai attaqué physiquement et verbalement... Et tu es là. Tu as repoussé les avances de ton amie pour rester auprès de quelqu'un qui ne fait que te blesser. Je... Je ne te comprends pas, ce qui m'amène à répondre à ta dernière question : je ne compte pas me reposer. Pas tant que je ne saurai pas un minimum où l'on va. »

Cassidy releva la tête et poursuivit, laissant cette dernière en appui sur sa main.

« Ce que je veux savoir... Merlin... Mais tout simplement qui es-tu ? Voilà ma principale question. Comme tu t'en doutes, elle se décline en plusieurs points. As-tu servi les Mangemorts ? Si oui, pourquoi ? Quelle est ta véritable allégeance, tes idéaux ? M'as-tu dis la vérité ce soir-là, dans le jardin ou jouais-tu la comédie ? Je... J'ai l'impression que tu es sincère ce soir, mais... Je ne sais pas. Je suppose que je dois avoir... Non, rien. - Elle avait peur. Peur de se confier, peur d'être trahie et d'être tuée. Cassidy se redressa en position assise, afin de mieux se concentrer - Quel était le marché que mon père t'a proposé et que, d'après ce que tu as dit à Elena, tu aurais refusé ? »

Lentement, les doigts fins de la jeune femme virent défaire l'élastique retenant ce qui avait autrefois ressemblé à une tresse, et avant cela, à une coiffure sophistiquée. D'une main mal assurée - car douloureuse - elle ébouriffa sa chevelure dégageant une odeur de lys, de manière à lui redonner du volume tout en enlevant les nœuds qu'elle avait récolté suite à sa lutte avec le brun. Ceci fait, ses iris revinrent se figer dans ceux du sorcier. C'était sa chance, celle qu'elle n'avait jamais accordée à personne. S'en saisirait-il ?
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMar 22 Nov 2016 - 20:57

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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMar 29 Nov 2016 - 23:20

Elle avait tenté de s'excuser, en vain. Impossible de trouver le dernier mot. Mot manquant, irreprésentable pour son esprit rigoureux et donc imprononçable pour sa voix et ses lèvres. Désolée... Depuis bien longtemps - toujours en réalité - sa mère lui avait appris à ne jamais s'excuser de vive voix, mais uniquement par l'attitude corporelle. « S'excuser est un signe de faiblesse monumentale Nehal, tu ne survivras pas longtemps dans le monde actuel si tu t'écrases ainsi face aux autres. Mais... comment dois-je faire si je regrette vraiment quelque chose ? Tu baisses les yeux, et tu gardes le silence, mais attention, un silence respectueux et non empli de défi comme tu sais si bien le faire. » L'adolescente qu'elle avait été avait relevé les yeux. « Et face à Père ? Face à lui... Tiens-toi droite, baisse les yeux, garde la bouche fermée et encaisse. » Alors, elle avait encaissé, la bouche close, les coups ou les sortilèges qui s'abattaient sur elle lorsqu'elle avait été trop loin, trop hésitante, trop impolie. Pas assez forte, insuffisamment rigoureuse, trop distraite. Trop... Pas assez... Trop elle-même, pas assez comme lui. Jamais le mot, devenu inexistant pour elle, n'avait franchi la barrière de ses lèvres qu'elles soient enfantines, adolescentes ou adultes. S'excuser est un signe de faiblesse, et la faiblesse ne mène qu'à la soumission, et cette dernière, à la mort. Aussi s'excuser pour elle était tout simplement impossible, même si les regrets pouvaient intérieurement venir enserrer son cœur et lui broyer le ventre d'une main de fer, lui tordant violemment les boyaux, fissurant ses côtes comme si des coups physiques lui étaient portés volontairement. Ce ressenti pouvait être comparable à celui qu'elle avait éprouvé lors de son récent passage à tabac par ce photographe de malheur. Elle était... - la jeune femme n'en était même pas certaine à vrai dire - ... désolée pour lui ? Une tempête de ressentis entremêlés à la manière de solides cordes reliées entre elles par des nœuds plus complexes les uns que les autres, l'envahissait. Gorge serrée, cœur tambourinant sourdement dans sa poitrine, crispations musculaires. Estomac noué. Contact oculaire difficile à soutenir. Pourquoi ? Que pouvait-elle donc regretter ?

Tandis qu' Octavius prenait la parole afin de lui expliquer - entre autres choses - les raisons de son intérêt pour sa personne, la jeune femme se força à relever son regard clair vers lui tout en l'écoutant attentivement. Ses iris... Peut-être parviendraient-ils eux, à communiquer ce que sa bouche et sa voix étaient dans l'incapacité de dire ? Depuis toujours, l'une de ses plus grandes failles était son regard, pour tout et n'importe quoi. Bridée verbalement, ayant appris à contrôler ses mots, ses émotions et son comportement verbal, l'intériorité de Cassidy avait trouvé un moyen détourné de s'exprimer. Au lieu de sortir du creux de ses lèvres, ses ressentis qu'elle ne parvenait que rarement à reconnaître, avaient cette fâcheuse tendance à être véhiculés par son regard. Ses prunelles vert d'eau dardées dans celles du bibliothécaire, ne le tromperaient pas, elle en était certaine. Se reposer sur ses yeux, alors que son esprit était dans l'incapacité d'analyser les ressentis transperçant son corps. Un clivage, une fois de plus. Les yeux se mirent alors à parler, et Octavius du être en mesure de le voir s'il était aussi attentif que ce qu'il avait démontré jusque là. En revanche, rien ne pouvait lui certifier qu'il comprendrait.

Je suis désolée. Je regrette. Je ne voulais pas te faire souffrir ainsi, te causer tant d'ennuis. Le rejet et la cruauté sont en moi depuis toujours, c'est ainsi. Il faut que je me protège, tu comprends ? Je ne veux pas que tu perdes tes amis par ma faute. Je ne veux pas te détruire comme on m'a détruite. Te voir dans cet état à cause de moi me fait mal... Tes yeux papillonnant avec cette insistance, le regard levé vers le haut afin d'empêcher aux larmes de couler. Ta fierté t'honore, mais je ne voulais pas aller si loin. Mais c'est de ta faute aussi, pourquoi t'es tu entêté à vouloir m'approcher ? Pourquoi n'as-tu pas fuis alors qu'il était encore temps et que je pouvais encore le supporter ? Maintenant je me rends compte que si tu partais, les choses seraient différentes, et ton absence ne ferait qu'accentuer cette sensation de vide qui me broie continuellement de l'intérieur. J'ai vu tes masques, j'ai ressenti ton honnêteté, la véracité de ce que tu m'as avoué. Tu t'es présenté face à moi qui t'avais tant rejeté, avec une sincérité troublante, et voilà que tu me demandes de faire un choix. Et j'ai choisi. Choisi de ne pas te laisser partir. J'en suis désolée, à un point que tu ne peux même pas imaginer.

Une petite pointe d'humour malhabile, peu maîtrisée, ressemblant plutôt à une blague complètement ratée qu'à une malice menée avec succès. Ce n'était pas elle, en tout cas, pas ce qu'on lui avait appris à être. Comment pouvait-elle être ne serait-ce que légèrement plus agréable ? Elle ne connaissait rien à la relation qui était en train de se nouer entre eux. Ce n'était pas comme avec le professeur Rogue où le lien qui la liait à lui était teinté de respect, de méfiance, et de professionnalisme, ni celui qu'elle entretenait avec son père ou son demi frère où se mêlaient haine, crainte, et esprit de vengeance. La nouveauté l'effrayait, à vrai dire, autant qu'elle l'intriguait. Désarmée devant son incapacité à s'adapter au lien en train de se construire entre le sorcier et elle, Cassidy ne put que compenser la froideur de ses propos « humoristiques » par un petit sourire en coin, des plus subtiles. Comprendrait-il sa vaine et pathétique tentative d'amener une esquisse de légèreté entre eux ? Elle n'en avait aucune idée. Soucieuse, elle fixa le visage du brun avec attention pour ne manquer aucune de ses réactions. Un haussement de sourcils, un léger agrandissement des yeux avec une dilatation de la pupille. Clignements. Le regard émeraude du sorcier prit la direction de ses lèvres, avant de revenir sur ses yeux.

« Ça semble marcher en tout cas. »

Un petit sourire en coin s'esquissa au coin externe des lèvres masculines, tandis que son regard se teintait d'une lueur narquoise. Un reflet dans le miroir - à quelques détails près. Une vague de soulagement envahi la jeune femme, déferlant en elle comme un courant chaud et salvateur. Il était parvenu à comprendre sa piètre tentative, et cela lui ôta un poids des épaules, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé et que ça aurait dû. Lentement, la sorcière se laissa aller contre le matelas à ses côtés, le regard perdu dans le plafond. Elle ouvrit la bouche, et commença alors à lui parler réellement, pour la première fois. Elle lui parla, longuement. Certains passages furent plus complexes à expliquer que d'autres, les mots venant à lui manquer pour exprimer son ressenti, mais elle se força à garder la tête haute et à continuer. Parler, mettre en mots toutes les pensées désordonnées qui la traversaient maintenant depuis leur rencontre. Beaucoup de choses s'étaient produites, sans qu'elle ne parvienne à y mettre un quelconque sens. Non seulement elle ne le comprenait pas, lui, mais elle ne se comprenait pas elle-même. Alors, lui avait-il paru légitime de commencer par déblayer un peu le bazar de son esprit en essayant de le comprendre, lui.

« Ce que je veux savoir... Merlin... Mais tout simplement qui es-tu ? »

La finalité. Enfin. A la fois terriblement complexe mais inévitable. Cette question existentielle était une synthèse de tous ses questionnements et ne pouvait décemment qu'être posée, en réponse au questionnement du sorcier « Alors… que veux-tu savoir ? ». Cette ouverture n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, et la jeune femme s'était emparée de cette opportunité rare. Néanmoins, Octavius n'avait pas du s'attendre à un questionnement aussi franc, et direct - peut-être trop habitué aux détours subtils employés continuellement par la jeune femme - et son visage se crispa légèrement, ses sourcils venant se froncer, assombrissant quelque peu son regard. La jeune femme laissa échapper un petit soupir trahissant son impuissance, avant de préciser un peu la question, l'orientant avec une certaine sollicitude vers les quelques chemins à explorer qui l'intéressait de commencer à comprendre. Elle se redressa alors qu'il restait couché, le regard quelque peu fuyant - ne cherchant pour la première fois aucun contact oculaire avec elle. Du bout du doigt, il torturait un petit fil de la couverture qui avait osé tenter de se soustraire à sa destinée toute tracée. Le regard perdu dans le vague, il paraissait soudain soucieux... Ou était-ce de la concentration ? Il était vrai qu'il y avait de quoi être quelque peu perdu avec toutes ces questions dont le niveau de complexité était indiscutable. Une fois encore, elle ne l'avait guère épargné. Un fois la tresse défaite définitivement, il redressa la tête, et releva enfin le regard vers elle, comme sorti de sa torpeur soudaine. Cassidy lui lança un petit regard interrogateur alors que le silence s'installait entre eux, sans pour autant qu'il ne paraisse pesant pour aucun des deux. La tension était véritablement en train de retomber, en tout cas dans l'esprit de la jeune femme, mais le souci était maintenant de ne pas succomber à la fatigue provoquée par cette chute d'adrénaline. Se massant les paupières tandis que le sorcier se relevait pour ordonner la pièce, elle retint un bâillement avant de relever une nouvelle fois ses prunelles vers lui. Il venait de lui rendre sa baguette - un geste purement symbolique que la Rowle comprit comme une preuve formelle de confiance et venant peut-être signer un tournant entre eux. Souplement, ses doigts vinrent s'enrouler autour du morceau de bois pressant ce dernier en un contact rassurant. Récupérer son moyen de défense le plus efficace lui permit de se détendre un peu plus.

Une fois le carnage auquel ils avaient tous deux participé réparé, la chambre redevint vierge de tout conflit, alors que leurs colères clastiques leur avaient permis à tous les deux de commencer à s'écouter - à défaut de parvenir encore à se comprendre - et d'avancer l'un vers l'autre. Un lieu de conflit intact : tout avait repris sa place, comme si rien ne s'était passé alors qu'ils venaient de construire au moyen de coups douloureux, un pont entre eux, leur permettant de s'écouter. Un tournant venait d'être franchi, aussi même si Cassidy aurait préféré qu'il laisse la chambre en l'état le temps des explications, elle passa outre ce détail, ne s'en formalisant guère. Habituée à l'ordre, elle l'était oui. Elle aimait également beaucoup ce dernier puisqu'il lui permettait de maintenir l'illusion d'un certain contrôle. Toutefois, si garder les traces d'un tournant décisif entre eux lui paraissait important dans un moment comme celui-ci, elle n'ouvrit pas la bouche lorsqu' Octavius en décida autrement. Lui devait avoir besoin d'autre chose, de l'ordre, afin d'ordonner ses pensées pour pouvoir lui répondre au mieux, aussi Cassidy s'effaça gracieusement. Ceci fait, il revint s'asseoir sur le lit et entrepris de se mettre à l'aise en ôtant ses chaussures.

« Elena… c’est vrai. Je m’y suis dérobé parce que ce n’était pas la bonne question et la réponse n’a aucune importance. Ou plutôt, comme la question est en elle-même faussée, la réponse le sera également. Il ne s’agit pas de pourquoi elle plutôt que toi. Vous induisez toutes les deux une notion de rivalité qui n’a pas lieu d’être. Ce n’est pas un choix que j’ai fait, simplement parce que Elena n’a jamais vraiment été une perspective que j’envisageais. Tu as raison, elle est douce et débordante, elle fera tout pour moi si je le lui demande, elle prendra soin de moi, elle me choiera avec tout l’amour qu’elle sera en mesure de me donner, peut-être même passerais-je avant ses propres désirs. Vivre en sa compagnie aurait très certainement été très simple. Sans parler du fait qu’elle soit mignonne et dotée d’un caractère agréable, d’une intelligence rare. Elle vit l’amour comme personne, avec épanouissement et abandon de soi. Elle aurait été la compagne idéale. Alors dis-moi plutôt, elle qui est si parfaite, comment a-t-elle pu s’enticher de quelqu’un comme moi, hein ? »

Il soupira, avant de se retourner entièrement vers elle, l'air interrogateur. Semblant attendre une réponse sincère, il se laissa aller en arrière prenant appui sur ses bras. Que répondre à cela ? Jouant nerveusement avec quelques mèches blondes qu'elle entremêlait autour de ses doigts fins, la sorcière hésita un moment, le temps d'analyser l'entièreté de ses paroles et de comprendre qu'il se dérobait.

« Il ne s'agit de rivalité lorsque je te demande pourquoi moi plutôt qu'elle... Tu te trompes. Je veux juste essayer de comprendre ce qui t'a fait pencher pour ce choix qui est, disons-le honnêtement, absurde. Comme tu le reconnais toi-même, elle aurait été la compagne parfaite pour toi. Quant à savoir comment elle s'est... entichée de toi, tu m'en demandes trop. Je ne la connais pas, et ce... sentiment ne m'est pas des plus familiers. Peut-être s'est elle entichée de toi parce qu'elle trouve en toi quelque chose qu'elle ne possède pas ? Mais la vraie question n'est pas là. Pourquoi lui as-tu tourné le dos, toi, alors qu'elle aurait été tellement plus simple que moi et puis...

- Et puis, simplicité ne rime pas nécessairement avec bonheur. Je ne suis pas fait pour elle. Ou elle n’est pas faite pour moi, comme tu préfères. On est trop différents. Quand je veux dire trop, c’est que cela nous empêche à une certaine mesure de nous comprendre suffisamment. Elle est beaucoup plus candide et sage que moi, il y a beaucoup de choses que je ne lui ai jamais raconté parce que je savais qu’elle n’y verrait aucun sens. Elle croit me connaître et m’aimer pour ce que je suis, mais ce n’est pas le cas. Et je ne peux pas être avec quelqu’un à qui je me sens obligé de cacher des choses pour ne pas la froisser ou me sentir jugé en permanence. Quant à toi… J’ai le sentiment que nous avons des blessures semblables. Sans parler du fait que j’ai une inclination naturelle pour les personnalités équivoques plutôt que celles qui n’existent que d’un seul côté du miroir, comme Elena. Je ne suis moi-même pas comme ça et ça me met mal à l’aise. Pour eux, c’est comme s’il n’y avait qu’un pan de l’existence qui était réel. C’est pour ça que je vais te demander d’essayer d’oublier ce que tu as pu entendre. Elena ne te connait pas et elle ne me connait pas moi non plus… Même si tu es effectivement fille de Mangemort, mais ça, c’est autre chose. »

La jeune femme frissonna violemment tandis qu'une décharge électrique lui parcourait l'échine, faisant se dresser les poils translucides de ses avants-bras. Merlin... Suspendue à ses lèvres, elle darda son regard clair un peu plus profondément dans le sien. Comment avait-il pu dire cela ? Exactement ça ? Cette... justesse était tout juste imaginable. Comment avait-il pu sélectionner les mots exacts, ayant le pouvoir de la faire frémir et de résonner aussi parfaitement dans son esprit ? Simplicité ne rimait pas avec bonheur, tout autant que complexité n'y amenait pas forcément non plus. En revanche, il était certain que les personnalité complexes avaient toujours eu ce pouvoir d'attraction chez elle, suscitant à ses yeux un intérêt bien plus vif et approfondi que les personnes ne possédant qu'une facette lisse et dépourvue de la moindre irrégularité. Très certainement parce qu'elle même était des plus complexes. Des blessures semblables... Que savait-elle sur lui au final ? Bien peu de choses, ou en tout cas, elle ne savait que ce qu'il avait daigné lui montrer, et rien ne lui confirmait qu'il s'agissait bel et bien du véritable Octavius. Rien... Avant ce soir. Il lui avait promis d'être honnête envers elle, et de lui dire la vérité quant aux questions qu'elle pourrait poser. Bien entendu, il ne s'agissait là que de simples paroles, néanmoins pour la première fois, Cassidy se surprenait à espérer que ces dernières soient profondément sincères.

Souplement, après avoir lâché un nouveau soupir, le sorcier se redressa pour contempler ses avants-bras qu'on aurait dit lacérés par une meute de chats particulièrement féroces. Cinq longues griffures principales, ponctuées par une multitudes de petites éraflures plus superficielles, la plupart simplement rosées, les ongles n'étant pas parvenus à entailler la peau et à atteindre la chair à ces endroits là. Le sang, de nouveau. N'était-elle donc douée que pour cela ? Son regard clair fixé sur les blessures d'Octavius, Cassidy resta interdite tandis que ce dernier épongeait les quelques minuscules gouttelettes sanguinolentes. En soi, les blessures n'avaient rien de grave, mais c'était l'acte qui la dérangeait le plus. Elle l'avait blessé physiquement, au point de faire couler son sang. Lentement, la sorcière ramena ses mains devant elle et examina ses ongles nacrés avec attention. Du sang les ornait ; un sang que son père aurait jugé impur. Un sang qui n'était pas le sien. Véritablement mal à l'aise, Cassidy se saisit de sa baguette qu'elle pointa sur ses doigts, alternant la baguette de main. Un sortilège informulé plus tard, et les traces de sang - preuves ultimes de sa cruauté - avaient disparu.

« Tu ne m’as pas rendu la vie facile, c’est certain, - la jeune femme releva ses prunelles vers lui. Il était bien gentil, elle lui avait littéralement pourri l'existence du mieux qu'elle pouvait - mais je ne suis pas quelqu’un qui se détache de ceux envers qui je nourris une affection parce qu’ils m’ont blessé. J’ai de la patience et j’essaye toujours de faire le tour de toutes les possibilités avant de mettre une croix définitive sur quelqu’un... »

Venait-il de dire qu'ils se ressemblaient ? Pour le coup, cela les opposait radicalement, la jeune femme étant l'exact opposé. Sans que cela ne soit de l'impatience, si une personne lé décevait ou la trompait, Cassidy avait plutôt tendance à faire radicalement une croix sur cette dernière, s'éloignant tout aussi rapidement qu'il lui avait fallu du temps pour permettre à la personne de l'approcher.

«... Tu t’affublais de divers défauts tout à l’heure, et bien moi, je suis vindicatif. Je donne beaucoup de chances, j’attends, j’essaye, je persévère jusqu’à l’épuisement. Alors, si rien ne marche et que la situation reste désespérément irrécupérable, je me détache définitivement. Mon respect et ma considération, une fois perdus, le sont définitivement. Nous n’en sommes pas encore là et j’espère que ça n’arrivera jamais. Malgré ce que tu m’aurais fait subir, je vois en toi des aspects que j’apprécie et que tu me montres malgré toi...
- Que peux tu apprécier en moi ? Je...
- ... Petit à petit, la situation s’améliore et j’ai espoir que nous irons vers l’avant au lieu de reculer. Donc non, je ne suis pas aveuglé, ni masochiste, comme tu le dis. J’accepte de me faire maltraiter dans la perspective que cela nous aide à nous en sortir. Parce que je crois que tu vaux la peine qu’on souffre un peu pour toi. Tu crois être le fruit de tout ce que je déteste ? Voilà alors ce que je ne déteste pas : tu es vive d’esprit, sarcastique quand il le faut, intelligente et ardente, mystérieuse et espiègle par moments, parfois spontanée et parfois complètement axée sur le contrôle. Tu es profonde et compliquée sans pour autant être incompréhensible. Et puis tu es belle et gracieuse, même dans la colère et la tristesse, tu as un charme naturel qui fait que je ne peux pas véritablement y résister. Enfin… ce genre de choses. Tu vois, elle ne te connait pas pour dire que tu es tout ce que je déteste. »

Un clignement de cils, suivi d'un second, et d'un troisième, avant que les paupières ne restent bloquées. Le silence. Lourd, seulement entrecoupé par leurs respirations respectives. Hachée pour la sienne, paisible pour celle du brun. Des compliments ? Comment pouvait-il aimer tant de choses en elle, et être capable de le verbaliser, alors qu'elle était dans l'incapacité la plus totale à lui renvoyer l'ascenseur ? Si ces mots avaient été prononcés de la bouche d'une autre personne, deux cas de figure auraient pu alors être constatés. D'une part, elle aurait pu tout simplement sauter sur ses pieds, et s'enfuir hors de la chambre telle une furie poursuivie par un angelot aux insupportables bouclettes dorées. D'autre part, son poing aurait pu partir en direction du nez de son agresseur doucereux. Néanmoins, ces mots inhabituels et terrifiants s'étaient envolés de sa bouche à lui, et il n'était pas n'importe qui. Ce n'était pas l'un de ces imbéciles charmeurs du Centre de formation, non. Ces mots étaient les siens et seul son statut particulier qu'elle ne parvenait guère à expliquer le protégeait.

« Je... - ses yeux se baissèrent malgré elle tant elle était mal à l'aise face à des compliments qu'elle n'avait guère l'habitude de recevoir, et qu'elle était tout simplement incapable d'accepter - Tu exagères. Je ne suis pas... tout ça. C'est impossible. »

Accepter les compliments lui était quasiment impossible, mais Octavius ne s'arrêta pas là, bien décidé à répondre à ses questionnements qui pourtant, en auraient agacés plus d'un. Mentalement, la sorcière lui décerna la palme de la patience. Il devait vraiment tenir à elle pour prendre le temps de se justifier de la sorte... Au fur et à mesure de ses paroles, prononcées par cette voix qui lui était maintenant des plus familières, le visage de la jeune femme se crispait sans qu'elle ne puisse y remédier. Elle ne comprenait tout simplement pas sa vision des choses. Travailler pour les Mangemorts n'était pas une chose anodine, loin de là. Travailler... Servir... Où était la réelle différence aux yeux du brun ? Cassidy fronça les sourcils, triturant nerveusement la bague qu'elle portait à l'annulaire. Pour elle, il n'y en avait guère, mis à part éventuellement une histoire de court terme et de long terme. Au delà de cet aspect temporel, travailler ou servir revenait à la même chose. Il avait rendu service aux Mangemorts.

« Comment peux-tu servir, enfin... travailler pour reprendre ton terme, pour des gens que tu méprises si je m'en tiens à ce que tu m'avais laissé entendre et ce qu'a affirmé Elena ? Travailler sans allégeance, sans te poser de questions... Sans songer aux personnes auxquelles ton travail portait préjudice, comment est-ce possible ? ça n'a pas de sens, sauf si... sauf si tu es contraint à porter un masque mais je ne pense pas que ce soit le cas. Tu dis rester étranger à la guerre parce qu'elle te touche moins directement que moi, mais rien n'est plus faux Octavius. La guerre touche tout le monde, de près ou de loin, à court terme ou à long terme, mais au final elle nous impactera tous. Si tu soutiens les idées du Lord, tu pourras éventuellement y survivre, tandis que si tu t'y oppose, tu as de forte chances de mourir. Tu ne pourras pas clamer que tu n'as aucune opinion concernant le sort des sang-de-bourbe, ça ne tient pas la route. »

Elle avait employé le terme insultant à son insu, tant elle avait dû - afin de remplir son rôle de parfaite petite Sang-pur pro-Mangemorts, l'employer en continu et de manière extrêmement naturelle. Cette habitude s'était tellement inscrite en elle et avait tant été intégrée que le mot " nés-moldus " qu'elle avait autrefois employé en l'absence de son père, avait été effacé au profit de cette expression monstrueuse, sans que la représentation qu'elle avait de ces personnes ne correspondent un seul instant au caractère dénigrant de cette insulte.

« Tu as forcément une opinion sur la valeur du sang, sur ce qu'elle implique et la façon dont elle impacte sur la vie des gens - même si tu as un sang plutôt neutre de base -, d'autant plus si tu as une culture moldue. Que tu sois ici ou ailleurs, la guerre et ses conséquences te rattraperont un jour ou l'autre et tu ne pourras plus te dérober. Une guerre n'a jamais rien de commun et de banal. Jamais. Elle implique souvent des massacres et ces derniers ne peuvent pas être oubliés en un battement de cils. Comment peux-tu dissocier ton intérêt de la personne qui te demande un travail ? Comment un travail pour les Mangemorts peut-il t'intéresser ? Généralement, ce ne sont pas des missions de pacotille, ni sans le moindre impact... Torturer pour obtenir des informations, faire couler le sang pour avoir résisté au Seigneur des Ténèbres, faire pression sur une personne... Voilà ce qu'ils demandent généralement, j'en sais quelque chose. Trouves-tu un intérêt à torturer ? Tu parles de refus si ça allait à l'encontre de tes principes... Mais quel genre de mission que tu jugeais intéressante, as-tu donc effectué pour eux ? »

L'incompréhension noyait ses iris vert d'eau, tel un sombre marais brumeux engloutissant la moindre parcelle de vie. Tiraillée entre deux pôles ; la confiance qu'elle qu'avait envie de parvenir à lui accorder - ne serait-ce qu'en partie - et la crainte liée à la méfiance que lui inspirait ce discours neutre sans aucune ligne directrice ou valeur morale, la jeune femme commençait à perdre pieds. Cassidy avait souffert - et souffrait encore quelque part aujourd'hui, d'avoir à agir constamment contre ce qu'elle était, contre ses idéaux. Une souffrance telle qu'elle ne parvenait pas à comprendre - elle qui était obligée d'agir en parfaite adéquation avec les idées des Mangemorts - qu'une personne ne faisant pas partie de ce monde où le double jeu était nécessaire pour survivre, puisse accepter de travailler pour eux, en ne partageant pas leurs idées.

« Enfin, maintenant on peut presque dire que j’ai une allégeance pour toi. Tu es probablement la seule personne qui me ferait prendre part à tout cette histoire, aucune autre de mes connaissances n’étant aussi profondément embourbée dans cette guerre que toi en tout cas.

- Ce serait difficile d'être davantage au cœur, en effet, murmura-t-elle en baissant les yeux.

« Une allégeance pour toi ». Quelle étrange idée... Personne ne lui avait jamais dit quelque chose d'aussi... fort ? Ce n'était pas vraiment le mot. Une douce chaleur naquit dans le creux de son ventre, venant se propager subtilement sur ses pommettes pâles, leur donnant un nouvel éclat. Mal à l'aise, Cassidy ne répondit rien, se contentant de jouer nerveusement avec la pointe de ses cheveux. Que lui arrivait-il ? Pourquoi une telle réaction ? Une remarque de ce genre aurait du la laisser de marbre, plus froide que la glace, mais pourtant, l'effet inverse était arrivé - et ce bien malgré elle. Perdue devant ces sensations inhabituelles, la sorcière eu l'envie de se lever afin de remettre son corps en action, mais impossible pour elle de bouger. Priant pour qu'Octavius n'ait rien remarqué, Cassidy se força à relever les yeux vers lui, écoutant attentivement le reste de ses paroles.

« Quant à ton père, il voulait simplement que je lui fasse des rapports sur toi pendant tes études à Poudlard. Il a dû croire qu’il pouvait m’acheter pour mieux te surveiller. Comme je ne pouvais pas catégoriquement lui refuser sans avoir l’air louche, j’ai fini par lui demander en échange quelque chose qu’il n’était pas prêt à donner. Alors on peut dire à ce stade que je n’ai rien refusé et qu’il s’est rétracté tout seul. »

Aussi rapidement que les couleurs étaient venues redonner de l'éclat à ses joues, ces dernières s'en allèrent. Un claquement de doigts, et voilà que la jeune femme se liquéfiait de nouveau sur place, le teint rivalisant avec celui d'un fantôme. Transparente. Comment Andreas avait-il pu demander une chose pareille à quelqu'un qu'il ne connaissait pas ? C'était impossible, cela ne lui ressemblait pas. D'une part, le sorcier détestait devoir quelque chose à quelqu'un. D'une nature indépendante et centré sur lui-même, il ne se tournait que très rarement vers les autres pour un quelconque service, et si jamais il venait à le faire, il s'arrangeait toujours pour faire jouer ses relations et n'impliquer qu'une personne en laquelle il avait une confiance totale, ce qui suggérait une connaissance parfaite de ladite personne. Lentement, Octavius se tourna entièrement vers elle, et alors qu'elle était encore en train de tenter de digérer la nouvelle, l'assailli d'un nouveau choc. Un contact physique, hors d'une atmosphère de combat comme celle qui avait pu les réunir quelques minutes auparavant. Une autre signification, que la jeune femme ne se sentait guère prête à accepter. Heureusement, ce n'était pas un contact pour dire de la toucher, et lorsqu'elle s'en aperçu, la tension retomba et sa main de détendit dans les siennes, ses doigts venant se replier naturellement vers l'intérieur de la paume. Sans chercher à se dégager, elle observa son visage avec attention. Froncements de sourcils, pincements des lèvres... Il semblait visiblement contrarié par ces quelques traces qui n'avaient aucune espèce d'importance aux yeux de la jeune femme. Ou plutôt... Qui en possédaient une, mais loin d'être négative.

« Je suis désolé, il serait mal honnête de ma part en prétendant que je ne voulais pas te faire de mal, parce que c’était clairement le but, mais je n’aurais pas dû. Je n’aurais vraiment pas dû.

- Ne dis pas de bêtises, ce ne sont que les marques de tes doigts. Je marque vite, ce n'est pas de ta faute. Si tu n'avais rien fait, je t'en aurais voulu et il nous serait impossible de parler comme nous le faisons maintenant. Cette violence dont tu as fait preuve, c'est moi qui te l'ai demandée. J'en avais... besoin, je suppose. Tu as su répondre à ma violence par la tienne, et c'était... Enfin... Je n'arrive pas vraiment à l'expliquer. C'est... compliqué. »

Sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, de son avant-bras, les mains du sorcier avaient voyagé jusqu'à venir enserrer doucement la petite main de la blonde dont le regard ne se détachait pas du visage de ce dernier.

« Ce choix t’appartient, Cassidy. Pour ne pas dire qu’il n’appartient qu’à toi. Tu n’as juste plus le cœur à te battre. Au fond de toi, je pense que tu sais qui tu es. Je suis sûr que tout au fond de toi, à défaut de savoir ce que tu veux véritablement, tu sais au moins ce que tu ne veux pas. Et c’est le genre de chose sur laquelle tous les faux-semblants que tu essayeras d’avoir ne pourront influer. Tu te caches quelque part derrière tous ces voiles qui recouvrent tes yeux, il te suffit de te donner une chance. Je sais que ce n’est pas facile, et je ne t’invite pas à le faire dans l’immédiat. Je dis simplement que tout n’est pas aussi perdus que tu le crois. Il est impossible de n’être personne. Et toi, tu n’es clairement pas rien, même si tu t'es perdue. »

Pourquoi relançait-il ce sujet ? N'avait-il pas compris qu'elle avait déjà choisi ? Elle avait décidé de lui laisser une chance, ce qu'elle le faisait jamais. Pour cela, elle l'avait écouté calmement, en ne s'enfuyant pas et en ne repartant pas dans les tours. Elle s'était dévoilée, révélée et avait même accepté son contact. Merlin... Pourquoi l'obligeait-il à être plus explicite, envers lui mais aussi envers elle ? C'était déjà bien assez difficile. La jolie blonde fronça les sourcils, sans pour autant chercher à retirer sa main de l'emprise du bibliothécaire.

« Un choix... Je n'ai pas l'habitude d'en faire tu sais. Je... je suis l'inverse de ce que je voudrais, je fais l'inverse de ce que je voudrais être libre de faire. Je dis l'opposé de ce que je pense la plupart du temps. Dans ma tête, c'est... vide et plein à la fois. Plein, parce qu'il ne faut surtout pas que je m'arrête de penser, jamais. Si j'arrête de penser, je perds le contrôle, et si je perds le contrôle... Je suis morte. Véritablement, morte. Je ne sais pas qui je suis. Je suis la fille d'un Mangemort, et je vais bientôt rencontrer le Seigneur des Ténèbres pour recevoir la marque. Ma survie ne m'appartient déjà plus, tu vois. Je ne sais pas qui je suis, et je ne sais pas ce que je veux. Quand bien même je saurais ce que je veux, ou ce que je suis, ça ne ferait que m'enfermer davantage parce que je ne pourrais pas être libre. Je... Tu ne comprends pas, je n'ai pas le choix. Je n'ai aucun choix. Je n'en ai jamais eu aucun et je n'en aurais jamais tant que je n'aurais pas trouvé comment... Comment m'en sortir. Je n'ai jamais été aussi proche de perdre tout contrôle de ma vie : Au pire la mort m'attend, au mieux la marque... »

Tout ce qu'elle avait tenté d'éviter. Les yeux de la jeune femme se baissèrent sur leurs mains mêlées. La sienne, était glacée malgré la chaleur dégagée par celles du sorcier.

« Octavius, il faut vraiment faire attention. Mon père ne demande jamais d'aide à personne, ou vraiment très rarement et uniquement à des gens qu'il connait. - ses iris se plongèrent de nouveau dans ceux du sorcier - Je ne savais pas qu'il doutait à ce point de moi. J'ai pourtant tout mis en oeuvre pour le satisfaire et ne pas lui donner la moindre raison de douter de moi. J'ai du manquer quelque chose, alors oui ça me met en danger, mais le fait qu'il t'ait demandé de garder un œil sur moi... Ce n'est pas bon du tout pour toi. Surtout si tu l'as mis en échec. Je le connais, il voulait vérifier quelque chose en te demandant ça... Ce n'était pas anodin. Mais... que lui as-tu donc demandé en échange pour qu'il ne puisse pas te le donner ? Parce que je le connais, quand il veut quelque chose, il met tout en oeuvre pour l'obtenir. »
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMar 13 Déc 2016 - 22:19

« Je lui ai demandé ta main. »

Ses yeux en amande s'agrandirent sous le choc et ses sourcils se haussèrent sans qu'elle ne puisse rien y faire, tandis que ses lèvres s'entrouvraient laissant apparaître l'éclat nacré de ses dents blanches. Un clignement de cils, suivi d'un second, puis l'engrenage paru dérailler et les paupières de la jeune femme restèrent ouvertes dans un figement assez particulier. Il plaisantait. Il plaisantait n'est-ce pas ? Il n'avait pas réellement osé faire cela ? L'emprise du sorcier se resserra doucement autour de sa main, enserrant cette dernière telle une liane à laquelle il ne manquait que la bague pour parfaire le tableau. Interdite, l'étudiante déglutit tout en ne le lâchant pas du regard. Une énième facétie de sa part. Oui, ça devait être cela. C'était forcément cela. Il ne pouvait en être autrement. Il déconne, il déconne, il déconne. Il te teste Cass'. Il teste ton humour, oui, c'est forcément ça. Il a vu que t'étais totalement inculte en la matière, alors il te fout la tête dedans. Malgré ces pensées qui se voulaient rationnelles et rassurantes, le doute subsistait dans le regard clair et légèrement angoissé de la jeune femme. Le trouble faisait vibrer la surface de ses iris turquoises, comme une pierre venant troubler le miroir d'un lac paisible. Pourquoi fallait-il qu'il soit en mesure de l'atteindre ainsi ? Silencieuse, aucune parole ne parvenant à franchir le seuil de ses lèvres, Cassidy scrutait son visage, tentant vainement d'y déceler la vérité, un quelconque signe de plaisanterie franche. Le vert émeraude de ses yeux scintillait de cette lueur qu'elle connaissait désormais, donnant à son visage un air taquin, mais ce n'était guère assez pour lui permettre d'identifier ses mots comme une réelle plaisanterie.

« Je... Tu... déc.. c'est... »

Les mots s'étranglèrent dans sa gorge nacrée, se nouant et s'emmêlant entre eux comme les fils fins d'une épaisse pelote de laine. La pensée ne parvenait pas encore à prendre suffisamment forme dans son esprit, et cela venait indéniablement de se traduire par une succession de mots sans queue ni tête. Le moment n'était pas encore venu de s'exprimer. Il fallait encore digérer les mots qu'il venait de prononcer. Peut-être avait-elle mal compris en réalité ? Ou alors y avait-il un sens caché, latent, qu'elle ne parvenait pas à déceler. « Je lui ai demandé ta main. » Imperceptiblement, les sourcils de la blonde se froncèrent tandis qu'elle essayait tant bien que mal de trouver un quelconque double sens aux paroles prononcées avec tant de légèreté par l'homme auquel elle s'était progressivement entrouverte. Rien. Nada. Niet. Demander la main de quelqu'un... Cela ne voulait dire qu'une chose et il ne pouvait guère l'avoir employé au sens propre ; seul le sens figuré correspondait. Soudain, l'étreinte douce et chaude des mains masculines se relâcha autour de la sienne, et cette dernière resta figée au dessus des genoux du bibliothécaire, pétrifiée.

« Tu as fait quoi ? »

Quatre mots. Juste quatre petits mots de rien du tout, contenant chacun une seule syllabe. Pourtant, la jeune femme avait juste l'impression d'avoir évacué des boulets de canon pesant plus de quatre tonnes chacun. Le ton employé était d'un vide abyssal, et elle n'était pas certaine d'apprécier la plaisanterie, ni la réponse qui allait suivre, inévitablement. Inconsciemment, la Rowle avait encore ce mince espoir, aussi fin et fragile que des fibres de verre, qu'il ne faisait que s'amuser tel l'enfant inconscient et perturbateur qu'il lui arrivait d'être.

« Arrête de sourire comme ça... Tu me fais flipper. Dis-moi que tu plaisantes. »

Oscillant entre la supplication et la menace, son regard était assez particulier en cet instant.

« Pas de déclarations de sentiments larmoyants, ni de suppliques à genoux, tout était très pragmatique. J’ai sobrement motivé ma demande par l’envie de gravir l’échelle sociale et me trouver une place bien douillette et au chaud sur le flanc d’une famille de sang-purs. Il était tellement outré que ça lui a coupé le souffle. »

Visiblement, le souvenir du visage qu'avait dû faire son père à la suite de cette demande devait être mémorable et inoubliable. Terriblement frais en mémoire. Tellement qu'il paraissait revivre la scène s'avérant très certainement des plus rocambolesques et uniques au monde. Lentement, son sourire s'accentua puis un rire d'abord discret franchi le seuil de ses lèvres grenat. Dans un premier temps, il tenta de réprimer cet assaut de gaieté imaîtrisable, en vain. Plus il tentait de se contenir, plus ce dernier se faisait sonore et emplissait la pièce d'une nouvelle atmosphère. Il avait osé faire ça pour se débarrasser de sa demande terriblement gênante et embarrassante pour eux deux. Dangereuse même. Partagée entre l'effroi suscité par l'exposition inconsciente à laquelle s'était soumis le sorcier et l'ahurissement devant le fait qu'il ait été en mesure de recourir à cette idée pour les sauver, le visage de la jeune femme se tordit en un rictus indéchiffrable. Il avait osé comme personne ne se l'était jamais permis avec son père, le forçant à reconsidérer son offre. C'était diablement ingénieux, mais terriblement culotté, et cela exposait encore davantage le sorcier. Certes, il avait fait en sorte de ne pas refuser directement afin de les protéger elle et lui, mais en osant demander ce prix bien trop élevé pour Andreas, il avait officieusement déclaré la guerre. Une guerre terrible puisque silencieuse et sournoise. Indirecte et venimeuse.

« C'est... intelligent, finit-elle par reconnaître à voix basse, vraiment intelligent mais... terriblement risqué pour toi. »

La main figée au dessus des genoux du sorcier finit par tressaillir et elle la ramena vers elle, ses ongles nacrés se recroquevillant sur sa paume tel un coquillage se refermant sur sa perle lors de la marée basse. Instinctivement, ses doigts virent se mêler nerveusement dans les quelques boucles formées par ses longs cheveux aux reflets argentés, à cause de la tresse dans laquelle ils avaient été pris quelques instants plus tôt. Le visage grave, elle détailla Octavius dont le rire s'était apaisé, au profit d'un sérieux des plus extrêmes. Le regard flottant, il paraissait hésiter, en proie à un tiraillement, un déchirement intérieur... Ou peut-être extrapolait-elle et n'était-ce là que les restes d'une quelconque hésitation d'un esprit tourmenté ? Cela étant, son regard profond finit par rencontrer le sien et dans un souffle, il accepta de répondre à ses questions intrusives. Intrusives, oui. Le jeune femme en avait conscience mais ne pouvait décemment pas les ignorer ou faire autrement pour tenter de lui accorder un début de confiance. Il fallait en passer par ce chemin difficile et tortueux menant à l'honnêteté et à la révélation d'une âme pas toujours telle que l'on attendait. Il serait honnête, il le lui avait promis.

Lorsqu'il entama la première partie de son récit, Cassidy su qu'il ne lui cacherait rien de ce qu'elle avait voulu savoir. L'honnêteté transperçait sa voix, tandis que les mots utilisés paraissaient des plus naturels – pas forcément bien réfléchis, ce qui venait prouver l'aspect spontané et réel de son discours sincère. Il n'avait pas eu une enfance facile, loin de là. Lentement, tandis qu'elle ne le lâchait pas des yeux, suspendue à ses lèvres et animée par cette puissante volonté qui la caractérisait depuis toujours pour tous les sujets – comprendre -, Cassidy entreprit de chercher à l'aveugle le fermoir doré du lourd collier doré, reposant quelque par dans sa nuque, sous l'épaisseur de chevelure. Un milieu difficile et hostile, autrement que le sien, certes, mais engendrant de la souffrance, c'était certain. Plus ou moins de souffrance ? Allons, la souffrance ne se mesure pas. Elle s'éprouve. Octavius avait sans nulle doute souffert lui aussi, autrement qu'elle, mais une souffrance était toujours destructrice. Formé pour entrer dans un moule... Un environnement dépourvu de tout sentiment. La jeune femme ne pouvait que comprendre. Petit à petit, les morceaux  du puzzle se mettaient en place en s’emboîtaient jusqu'à former l'esquisse de l'homme en face d'elle. Il y avait des similitudes entre leurs histoires, même si des divergences persistaient à les séparer. Cette extravagance s'expliquait bien finalement, elle ne faisait que trahir l'insécurité du petit garçon qu'avait été Octavius. Camouflé derrière ces humeurs extrêmes, il ne pouvait être mesuré puisqu'il n'avait jamais eu l'autorisation de ne prétendre qu'à être normal, dans la norme ou encore la moyenne. Non. On lui avait demandé d'être parfait, d'être le meilleur, sans faille et sans faiblesse. Sans sentiments, sans pitié, ni considération pour autrui. Impitoyable. S'il avait été normal, il n'aurait été rien d'autre qu'un individu médiocre, et sans le moindre intérêt. Un être invisible, aux yeux de sa famille. La famille... Étrangement, si les paroles du brun permettaient à la jeune femme de mieux le cerner, cela ne l'étonnait pas plus que ça. Tandis qu'il se révélait, derrière le miroir de ses grands yeux vert d'eau, les liens se créaient dans son esprit à la vitesse de l'éclair. Ses paroles, et la lettre reçue par Vivienne Holbrey. Cette femme lui avait immédiatement rappelé son père, Andreas. Une rigueur... Non, une rigidité extrême, un jeu superficiel et adaptatif d'apparences et d'excellence. De l'authenticité ? Aucune. Une dévalorisation extrême de son enfant qu'elle prétendait vouloir protéger, en ne protégeant en réalité qu'elle-même et sa fameuse réputation. Peut-être était-ce pour cela qu' Octavius avait été à même de réagir ainsi face à Andreas. Parce que ce genre de personnalité ne lui était pas totalement inconnue.

« Je pense avoir changé, je crois, au moins un peu. En tout cas j’ai dilué mon mépris et mon sarcasme. Ca m’a pris du temps et ce n’est pas arrivé tout de suite. J’ai fait les choses qui me procuraient satisfaction sur le moment, pour lesquelles j’avais alors une inclination naturelle et un certain talent, apparemment. Je cultivais vivement ma cruauté et je me voyais doté d’une insensibilité envers la douleur d’autrui. Il n’y a pas que les Mangemorts qui, en ce monde, sont capables de commettre les pires atrocités, loin de là. Il m’est arrivé de torturer, de tuer, de blesser et de martyriser. J’ai souvent manipulé et profité de la faiblesse des autres simplement parce que je le pouvais. Je m’étais endurci et ait essayé d’être plus impitoyable que l’existence elle-même pour ne pas avoir à souffrir de ses revers. C’est pratique de repousser ses propres limites plus loin que celles des autres. A n’avoir de scrupules pour rien. J’ai fini par apprendre à sourire et prenais comme ça les gens en otage. Ils me croyaient rassurant… »

Elle aurait du être en colère, le haïr et le rejeter pour ce qu'il avait fait, et ce qu'il avait été. Un bourreau sans cœur et sans âme, pourtant étrangement, ce ne fut pas un mouvement de rejet ni de dégoût qui étreignit son cœur...  Oui. Son cœur. Ce dernier battait étrangement fort, et ce phénomène parvint à la conscience de la jeune femme qui porta une main confuse à sa poitrine. Quelle sensation étrange. Étrangement, elle ne pouvait que le comprendre, parce qu'elle même avait commis des actes de ce genre, sans pour autant aller aussi loin que lui à profiter de la faiblesse d'autrui. Elle était ainsi parce qu'elle y était constamment obligée, mais une certaine lucidité lui maintenait la tête hors de l'eau parce que, contrairement à lui, une personne avait su lui permettre de conserver un semblant d'équilibre lors de son développement. Sa mère... qui avait donné sa vie pour lui permettre d'un jour vivre la sienne. La compréhension. L'arme qu'il lui était nécessaire pour survivre et s'adapter à des situations comme celles-ci paraissant perdues d'avance. Le rideau épais derrière lequel le sorcier se dissimulait commençait à se déchirer, laissant apparaître les faiblesses passées qui le constituait. Il était devenu ainsi parce qu'on le lui avait imposé. Il avait été cruel pour rendre ses parents fiers, pour être le fils dont ils auraient toujours rêvé. Il avait voulu les satisfaire, recherchant leur amour et leur reconnaissance. Il s'était perdu, pour mieux les combler... comme elle, si sa mère n'avait pas été là pour l'aimer telle qu'elle avait été.

« Ta mère m'a écrit, m'ordonnant pour ainsi dire, de ne pas me lier à toi. Je pense que tu as le droit de le savoir en tant que principal concerné... Lorsque j'étais enfant, j'ai voulu rendre mon père fier. Je voulais qu'il puisse un jour poser ses yeux sur moi et me prendre dans ses bras. J'ai appris l'anglais, j'ai appris à valser, à jouer du piano tel qu'il me l'imposait... Une petite fille parfaite en somme. Toutefois, lorsqu'il venait occasionnellement, il ne me voyait pas. J'étais comme... transparente. Je n'existais pas, ou pour les rares fois où j'ai existé, ce n'était jamais assez bien. J'ai fini par lâcher – et c'est sans doute son absence qui m'a permis de le faire - et abandonner le rêve de le satisfaire et je me suis développée dans l'exact opposé. Heureusement... une personne a su me canaliser tout en me permettant de développer une ouverture d'esprit. C'est un cadeau cruel en réalité... Parce qu'en m'offrant cette ouverture d'esprit, je suis aujourd'hui obligée d'évoluer sur un fil à double tranchant. Si j'avais été élevée par mon père, je serai sans doute comme tu l'as été autrefois, mais il avait mieux à faire que de se charger d'une fille qu'il n'avait pas désirée, tu comprends...  »

Aucune amertume dans sa voix. Juste une cruelle réalité évoquée le plus naturellement possible, telle une évidence acquise avec l'expérience des années qui s'étaient écoulées, plus ou moins rapidement. Le deuil du père aimant et protecteur était fait depuis longtemps désormais. Plus aucune espérance. Seule la haine et la rage dévastatrice restaient en son cœur et la maintenaient debout aujourd'hui. Survivre pour la vengeance. Tel avait été son but ultime, son leitmotiv depuis maintenant trois ans. Au delà de ça, le futur restait totalement inexistant et irreprésentable pour la jeune femme.

« Tu parles de rigueur... La rigueur est toute ma vie. Je ne ressens rien la plupart du temps, ou si je ressens quelque chose, je ne parviens pas à identifier ce que c'est. Mais contrairement à toi je n'en suis pas frustrée parce que... Je ne veux pas ressentir les choses, au fond de moi. C'est dangereux. Ce serait une faiblesse dont on pourrait se servir contre moi, d'autant plus lorsque j'entrerai dans les rangs du Seigneur des Ténèbres. Comment peut-on être aussi... semblables et différents à la fois ? Comme toi, je suis sans scrupules, méchante, insensible et cruelle. Je ne fais pas confiance et ne me fie qu'à moi-même. J'ai torturé, sans ciller, sans rien ressentir. Malgré le fait que je doive viser l'excellence vis-à-vis de mon père et de ses attentes, au fond de moi je ne suis pas frustrée parce que cette excellence m'indiffère. En réalité, même si je prétends la rechercher, ce n'est pas ce que je vise. Loin de là. Il s'agit là d'une différence fondamentale entre mon père et moi. Si la vie t'a adouci, je ne peux pas me permettre ce luxe parce que contrairement à toi, mon nom a scellé mon destin avant même ma naissance. Je ne peux pas me permettre de choisir ce que je voudrais être ou ne pas être. Je me dois d'avancer sur le fil, comme je le fais depuis presque toujours. »

Nonchalamment, Cassidy laissa tomber le lourd collier réchauffé par la chaleur de sa peau aux reflets de nacre, sur les draps. Les pièces dorées scintillaient à la lueur des flammes de la cheminée dont les éclats venaient s'y refléter.  

« Marche ou crève. Survis ou aime. Etre insensible n'est pas une faiblesse pour moi. C'est une force, qui même si elle me coupe de certaines choses, me permet d'être en vie aujourd'hui. Avant de te rencontrer, je n'avais jamais oscillé comme tu dis. Je n'ai jamais rien eu d'un capteur mal réglé, sauf lors de ma première manifestation de magie où l'enfant calme que j'étais a manqué d'incendier la maison. Ou peut-être légèrement à l'adolescence, mais rien de plus. Je n'ai pour ainsi dire, jamais débordé, jamais rien ressenti... à quelques exceptions près. Tu es le seul à connaître cette facette de moi... Et je n'aime pas cette partie de moi. Je la pensais morte, détruite. Inexistante. Elle est trop dangereuse... et elle me fait peur. »

Hors de contrôle.

« Mais toi... Toi qui a eu le choix et qui a su te saisir de l'opportunité de t'équilibrer autrement, comment as-tu fait ? Je veux dire, quel a été ton déclic ? Qu'est-ce qui t'a donné cette envie de découvrir le monde des sentiments et de clore cette partie de ta vie ? »

Il avait eu cette chance qu'elle n'avait pas en sa possession. Celle d'avoir un sang tout ce qu'il y a de plus neutre. Sang-mêlé. Que ne donnerait-elle pas pour le posséder en ses veines... Etre libérée de tout ce que cette détestable pureté hypocrite impliquait. Libérée des obligations et des faux semblants. Etre elle-même... Le regard de Cassidy se fit vague et de plus en plus lointain, tandis que ses pensées l'emmenaient loin de toute réalité. Elle-même... La jeune femme frissonna. Elle n'avait aucune idée de ce que cela signifiait. Se dégageant de ces pensées tortueuses, Cassidy réintégra le fil de la conversation, en ayant loupé un morceau à cause de ses divagations idéiques.

« [...] Il y a des gens qui se font emporter par la vague et il y a moi, qui glisse dessus. Fondamentalement, la situation n’a pas vraiment changé pour moi. Je n’ai que rarement eu de problèmes quant à mon rang ou mon sang parce que mon utilité dépassait ce détail-là. Mon avis n’intéresse personne tant que je fais ce qu’on me demande. Je relativise peut-être trop tu me diras, mais en attendant… c’est normal que tu penses cela impossible, t’es pétrie dans la guerre, dans les conflits, les oppositions d’opinion parce que ton statut te demande d’avoir un avis tranché. Quant à moi, personne ne me demande de m’opposer à quoi ce soit ni d’être formellement pour quelque chose. Quand ton but dans la vie s’est d’être aussi proche de la doctrine que possible, effectivement, tout le monde te jugera sur ta conformité, mais en réalité, la plupart du temps les masses se font persécuter parce qu’elles parlent trop fort, non pas parce qu’elles sont contres. »

Il relativisait trop en effet, mais au fond, pouvait-on le lui reprocher compte tenu de son histoire ? Difficile à dire... Si la jeune femme avait été en capacité de comprendre son caractère, sa conception de la guerre et de ses effets qu'elle jugeait terriblement destructeurs, la laissaient perplexe. Il ne se mouillait pas. Silencieuse, elle continua de l'écouter, laissant tout jugement de côté. Après tout, il était assez honnête pour se mettre à nu face à elle. Qui était-elle pour se permettre de prendre la place d'un juge ? Personne. Elle n'était personne d'autre que Cassidy Rowle, diablement imparfaite elle aussi.

« [...] Les conflits, il y en a partout, tout comme des gens qui meurent dans l’oppression et la douleur. Alors, de quoi est-ce que je dois me sentir le plus proche ? De quelle guerre exactement ? Dois-je m’en vouloir si cette guerre-là ne me change pas ? [...] La présence du Lord ne m’a pas fait réévaluer mes vanités ni n’a fait apparaître mes biens finis dans leur inessentialité. J’ai déjà été à ta place et je comprends ce que tu veux dire… toi en revanche, tu n’as jamais été à la mienne. Ca fait longtemps que les conflits ne me confrontent plus, alors forcément, ça contribue à ma distanciation. Ce ne sont pas des situations qui induisent un conflit existentiel en moi, ni une remise en question intérieure. »

Tendu, le sorcier renversa son cou en arrière, faisant craquer ses cervicales probablement verrouillées par la tension accumulée en cette soirée.

« J’aurais aimé avoir quelque chose de plus rassurant à te dire… Des explications plus pertinentes à donner, qui me justifieraient davantage aux yeux du commun des mortels. Je suppose que je suis comme ça, ambivalent, pas toujours très cohérent, ce qui explique pas mal de choses, n’est-ce pas ?...
- En effet..
- Bon, sinon, tu voudrais m’épouser ou pas finalement ? »

Avait-elle bien entendu une fois de plus ? La main de la jeune femme resta suspendue dans les airs, les doigts entremêlés dans la longueur de sa chevelure. Pendant quelques minutes, le silence régna dans la pièce, seuls les crépitements des bûches de bois dévorées par les flammes rougeoyantes venait prouver que ce tableau surréaliste n'était pas figé dans le présent. Le temps continuait à s'écouler, tandis qu'elle hésitait à filer hors de la chambre d'hôtel, claquant la porte derrière elle et l'abandonnant, tel qu'elle l'avait fait dans le jardin aux roses. Devait-elle laisser la situation régresser après ce qu'ils avaient vécu ce soir ? La jeune femme se mordilla nerveusement la lèvre inférieure. Non... Il ne le fallait pas. Quelque chose lui disait qu'elle s'en mordrait les doigts et que le gâchis serait considérable. Après tout, il n'était pas comme Owen. Ce n'était pas la même chose. La relation était plus complexe. Elle devait prendre sur elle. Lentement, elle inspira profondément et braqua son regard dans celui de l'homme.

« Tu serais bien ennuyé si je te disais oui, Octavius. - un petit rire s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne reprenne son sérieux - mais pour te répondre sérieusement, non. Non, parce que ce n'est pas mon genre de m'engager les yeux fermés dans quelque chose que je ne connais pas. Le mariage... A vrai dire, je ne connais que le mariage arrangé. Celui qui a lié mes parents entre eux, et celui auquel j'ai échappé il y a trois ans. Je ne suis certainement pas prête à entendre ce mot. »

C'était à cause de cette annonce de mariage arrangé que tout avait basculé. Sa mère avait riposté pour lui permettre d'avoir un avenir, et elle en était morte.

« Pour en revenir sur ce que tu disais, personne ne te demandait de prendre parti Octavius, mais ce n'est plus le cas. Désormais les temps changent. Les libertés de pensée et d'action ne sont plus les mêmes que l'année dernière et tu ne peux plus rester neutre. Le Seigneur des Ténèbres a fait tomber le Ministère. Tout n'est qu'un coup d'état insidieux. Tu ne connais sans doute que la version officielle des événements... Celle qui est servie publiquement à la société afin que cette dernière ne s'affole pas et ne se rebelle pas, mais la vérité est toute autre et seuls les partisans du Lord la détiennent. Le Ministre de la magie, Rufus Scrimegeour, n'a pas démissionné, et suite à sa mort – qui n'a rien d'un accident -  Thichenesse ne l'a pas remplacé au pied levé. Scrimegeour a été assassiné Octavius. Les Mangemorts sont entrés au Ministère, l'ont tué et ont placé Thickenesse à sa place, sous impero, pour leur servir de pantin. Il ne s'agit pas de prendre parti pour une satisfaction narcissique et auto-gratifiante. Il s'agit de décider de l'avenir du monde sorcier, et... quand bien même tu ne souhaitais pas t'y impliquer et te contenter de surfer sur la vague comme tu dis, si... si tu... Merlin... Si tu envisages de rester près de moi, tu ne pourras pas rester neutre. Cette guerre – si tu restes à mes côtés - sera peut-être celle qui te touchera à un point que tu n'aurais pas pu anticiper avant de me connaître, parce que j'en mourrai peut-être. »

Mal à l'aise, Cassidy baissa les yeux sur sa robe déchirée et tira nerveusement sur un fil doré de cette dernière. Mourir... Elle s'était préparée à cette éventualité il y a bien longtemps maintenant. Désormais la guerre se profilait de plus en plus, et son avenir n'avait jamais été aussi incertain. Remettant en place une mèche de cheveux blonds tombée devant son doux visage, l'étudiante releva son regard turquoise vers le sorcier. Pourquoi s'ouvrait-elle ainsi ? Confidences pour confidences ? Ce n'était décidément pas son genre.

« Comprends-moi bien, je ne t'impose rien. Tu as le choix. Je ne veux pas te forcer à être ce que tu n'es pas au fond de toi... Je sais ce que cela fait et la souffrance que ça peut engendrer. Tu peux encore... partir. Rester ne sera pas simple, ne serait-ce que par mon implication directe dans la guerre, comme tu l'a si bien relevé. Je ne suis pas neutre, et tu ne pourras plus te contenter de n'être qu'un spectateur passif si tu choisis de rester.  Tu as choisi d'approcher la personne antagoniste de toi sur ce plan là. Je ne te donnerai pas de faux espoirs et serai franche envers toi : Je serai incapable de rester proche d'une personne travaillant pour les Mangemorts. C'est... impossible. Totalement impossible. »

Inspirant profondément, elle releva les yeux vers lui, une fois de plus.

« Merci de m'avoir confié ces parties de ta vie, bien que je ne t'ai pas vraiment laissé le choix. Je... J'espère ne pas me tromper en pensant que tu as été véritablement honnête et sincère envers moi. Sache que je comprends, et que je ne te juge pas sur ce que tu as pu faire auparavant. Je serai particulièrement mal placée pour le faire. Maintenant, le choix t'appartient à toi Octavius. Seulement, si tu décides de faire marche arrière... Reste fidèle à ta position de neutralité et... ne me condamne pas – la voix de la jeune femme se brisa, mais elle se força à maintenir ses iris levés face à ceux du bibliothécaire - Je ne veux pas mourir. Pas tout de suite. »
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Octave Holbrey
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 14 Déc 2016 - 19:39

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 22:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptySam 24 Déc 2016 - 2:03

Il avait souhaité qu'elle parle, ou plutôt qu'elle lui parle sincèrement, avec franchise cette fois. Sans se cacher derrière le masque extensible, aussi souple qu'une seconde peau qu'elle revêtait maintenant depuis tant d'années. Cesser de se cacher, s'exprimer réellement en avouant le fond de sa pensée, en agissant tel qu'elle en avait véritablement l'envie. Difficile et tellement inhabituel pour la jeune femme. Octavius avait souhaité qu'elle s'ouvre enfin, et se révèle dans une simplicité naturelle, sans fioritures décoratrices et artificielles, telle une fleur dont les pétales de satin colorés ne se déployaient qu' avec la tombée de la nuit, avant de se refermer sur elle-même avec la levée du soleil et la rosée matinale. Pour cela, il avait tant lutté, combattant avec l'énergie du désespoir cette vague d'émotions incontrôlées qui s'était abattue sur lui, laissant ses principes pourtant profondément ancrés afin de pouvoir entrer en communication avec elle, affrontant avec fierté le regard meurtrier de la jeune femme qui s'était dressée face à lui, les épines exposées. Rose aux épines mortelles imprégnées de venin. Il avait saigné, il avait encaissé. Le verre avait explosé, la faïence s'était brisée. Les larmes avaient menacé de couler de ses yeux de jade, à cause de toute la tension presque insoutenable provoquée par l'ensemble de la soirée. Pour elle, pour la protéger et lui prouver son attachement et sa sincérité de laquelle elle doutait, il avait affronté son père. Il n'avait pas hésité avant de défier indirectement, avec une intelligence sans pareille l'un des Mangemorts du Lord Noir, un fier sang-pur dont le nom et le statut était pourtant bien reconnu. Dans un tout autre registre, il avait aussi rejeté Elena, la belle et si douce Elena. Jolie slave blonde aux iris cristallins dans lesquels se noyer devenait sans nul doute un plaisir, voire même une félicité. Il l'avait repoussée, elle, sa gracieuse amie qu'il estimait tant, prêt à briser leur complicité pour rester auprès d'elle. Elle, Cassidy Rowle, fille de Mangemort plus froide que la glace et au cœur plus dur que la pierre. Il avait tant fait, tant supporté. Et cela avait fini par payer. Fébrile, perdue et fatiguée, l'apprentie potionniste avait cédé. Sans même véritablement s'en rendre compte, elle avait perdu pieds. Une fissure, une faille s'était formée sur la carapace de marbre de la reine des glaces. D'abord fine et insignifiante en surface, sa profondeur était en réalité tout aussi importante que celle des gouffres maritimes menant aux abysses obscurs où la moindre lumière était immédiatement absorbée.

Elle lui avait parlé, noyant la profondeur des paroles et leur réelle signification par quelques fioritures. Néanmoins, ces dernières étaient là. Honnêtes et sincères. Le principal avait été dévoilé : " Je suis l'inverse de ce que je voudrais, je fais l'inverse de ce que je voudrais être libre de faire. Je dis l'opposé de ce que je pense la plupart du temps. " Bâillonnée, Nehal avait trouvé le moyen et la force de s'exprimer. Plus ou moins rapidement, la sorcière avait abordé des points cruciaux de son existence, accordant ainsi au bibliothécaire les clés symboliques lui permettant de mieux la comprendre. La cerner, elle et sa personnalité complexe, elle et son caractère à double tranchant. Elle, dont la survie ne dépendait que de la rigueur à laquelle elle s'était tant astreinte dans un premier temps que cette dernière était désormais devenue tout ce qui était de plus naturel. Certes certains éléments manquaient, mais beaucoup avaient été abordés et celui qui savait écouter et lire plus ou moins bien entre les lignes, s'apercevrait bien de la confiance qu'elle venait de placer en lui. Idéaux secrets, mariage arrangé, double jeu, double personnalité, faux-self, problématiques émotionnelles et affectives, addiction au contrôle, incapacité au lâcher prise, soumission à une autorité paternelle, alexithymie, incertitudes quant au futur, reconnaissance de certains défauts. Elle lui avait avoué l'existence de cette barrière interne, lui interdisant tout accès au monde des émotions et des sentiments si terrifiant et pourtant si terriblement vital. Elle avait entrouvert la porte, lui révélant le désert affectif, le vide interstellaire et sidéral de son cœur, à défaut du monde de sa pensée à contrario si fourni et tournoyant sans cesse à plein régime telle une machine bien huilée et inépuisable.

Maintenant qu'elle s'était lancée, il lui fallait aller jusqu'au bout, puisque c'était là où il la conduisait par ses répliques et sa façon d'alimenter la conversation en rebondissant sur ses propos, notamment ceux concernant la guerre et la façon dont elle percevait cette dernière. Un point de vue bien différent de celui de l'homme. La guerre, elle y était. Au centre du volcan prêt à exploser, tandis que lui se situait, en danseur habile et avisé, sur la passerelle surplombant le cratère ardent, se contentant d'éviter de respirer les vapeurs toxiques qui s'en dégageaient. De loin, de haut, le spectacle prenait une ampleur bien différente, c'était certain. Toutefois, même si elle l'avait voulu – ce qui n'était pas le cas – la jeune femme n'aurait pas eu la possibilité, la chance ou même le loisir, de se contenter de glisser comme Octavius sur cette dernière, en évitant d'être submergée et emmenée par une vague trop puissante pour elle, ou par un déchaînement de lave brûlante. Aussi, elle avait parlé. Les pensées trop longtemps enfouies au fond d'elle même prenaient enfin forme. Une mise en mots. Un processus de symbolisation permettant l'accès au monde des représentations et à l'intégration de ces dernières. Si elle devait s'engager dans quelque chose de sincère où l'on lui demandait d'être entière et de ne pas jouer un rôle, alors forcément des conciliations seraient à faire des deux côtés. Pour le moment, il lui avait demandé d'être sincère et honnête et cela commençait par lui avouer clairement qu'elle ne pourrait pas s'engager sincèrement auprès d'une personne ayant un lien proche ou lointain, des Mangemorts. Ces derniers, elle ne les connaissait que trop bien ayant depuis toujours sacrifié sa vie pour eux. Enfin, disons plutôt qu'elle y avait été obligée afin de tenir la route face à eux et ne pas mourir à la moindre réception organisée par son père où ces derniers pullulaient. Ses pensées, son discours, son vocabulaire, tout jusque dans dans son attitude et certains de ses choix vestimentaires avaient été pensés et construits dans ce but ; survivre, donner le change. Tenir compte de la variable indésirable " Mangemorts " avait toujours été une obligation. Aussi, la sincérité était antagoniste aux Mangemorts et à tout ce qui s'y rapportait. Cassidy avait été vraie, ramenant Octavius dans le principe de réalité. Le plaisir seul de la rêverie idyllique n'était plus permis, il lui fallait tenir compte du réel et de ce qu'il impliquait.

Comme elle s'y était attendue, alors que ses derniers mots s'envolaient de ses lèvres, Octavius baissa les yeux dans une attitude contrite et quelque peu embarassée, comme s'il venait seulement de prendre conscience de tout ce qu'il s'évertuait à obtenir, impliquait. Ses paupières s'étaient abaissées, recouvrant partiellement son regard. Retranché dans un silence mutique, il se leva du lit, abandonnant la jeune femme qui – elle - ne le quittait pas du regard, et commença à parcourir la chambre d'un pas lourd. Ses épaules s'étaient affaissées, comme sous le poids de responsabilités qui se présentaient à lui alors qu'il n'était ni prêt à les prendre, et encore moins à les assumer. Un enfant qui avait parlé trop vite, sans mesurer la portée réelle de ses mots. Cassidy se recroquevilla sur le lit, imperceptiblement, ses doigts fins venant enserrer le couvre-lit dans un mouvement angoissé. Le silence. Rien ne pouvait être pire aux yeux de la Rowle qui ramena ses genoux à sa poitrine, ses bras venant enserrer ses jambes nues. Parle, parle. Dis quelque chose. Retourne ta veste et enfuis-toi, ou accepte ce que je te demande, mais ne reste pas là, les lèvres ainsi closes, par pitié. Le regard inlassablement tourné vers le sol, refusant de se confronter à son regard, il semblait en proie à un dilemme terrifiant que Cassidy n'était pas certaine de vouloir connaître. Pas assez sûr de ce qu'il voulait... Au fond peut-être avait-il été en proie à la passion soudaine de la voir s'ouvrir à lui et s'offrir à ses caresses, sans réellement espérer une relation plus poussée ? Ou peut-être avait-il espéré quelque chose de réellement plus poussé, mais sans envisager les conséquences que cela impliquait ? Une boule se forma de nouveau dans la gorge de la jeune femme qui ne parvint pas à mettre de mot sur l'émotion qui montait lentement en elle. La tristesse, dans sa forme la plus pure. Celle qui venait lui faire regretter de s'être ouverte ainsi, celle qui lui faisait prendre conscience que toute ouverture rendait faible et vulnérable. Les doigts féminins se resserrèrent autour de ses jambes, venant s'imprimer dans la peau pâle de ces dernières. Ses iris tourmaline rejoignirent les flammes de la cheminée qu'elle apercevait de l'autre côté de la pièce, à proximité du petit salon qui avait subi ses assauts quelques minutes auparavant. Mutique, Cassidy ne vit pas le regard en biais que lui jeta le sorcier et ne tourna les yeux vers lui que lorsqu'un murmure vint doucement la tirer de son monde interne dans lequel elle se renfermait déjà, à la vitesse d'une huître défendant sa perle.

« Dis donc, tu refuses de m’épouser, mais c’est un contrat de mariage que tu me proposes. » 

De nouveau, les turquoises rencontrèrent les émeraudes. Un petit sourire s'esquissait sur ses lèvres fines, venant trancher avec le sérieux qui s'était emparé de lui quelques instants auparavant. Un homme aux multiples facettes, tout en paradoxes et en contradictions. Plaisantait-il, était-il sérieux ? Cassidy n'en savait rien et ne parvenait pas à le savoir, même en scrutant avec attention le visage du sorcier. Elle commençait réellement à fatiguer. Passant une main sur ses paupières, elle ne répondit rien, se retranchant à son tour dans un silence salvateur, tandis que les iris du bibliothécaire perdaient de nouveau de leur éclat. Dans une tentative de reprendre le contrôle, Cassidy se força à déplier de nouveau les jambes, abandonnant cette attitude défensive lui servant de bouclier, et replia de nouveau ces dernières sur le côté. A peine avait-elle terminé cette infime modification comportementale qu'Octavius se dirigeait de nouveau vers elle, d'un pas cette fois bien déterminé. Se forçant à ne pas reculer, la blonde l'observa s'asseoir de nouveau à ses côtés. Toutefois, un léger détail la fit tiquer. Il était près, très près. Beaucoup trop près pour quelqu'un ayant renoncé, néanmoins les centimètres les séparant avaient dû être soigneusement calculés par son esprit de maître car il ne la frôla même pas. Interdite, Cassidy se força à rester stoïque alors que pour la seconde fois de la soirée, un homme se rapprochait vivement d'elle. Un bras passé par dessus ses genoux, il empêchait toute tentative de dérobade sur la gauche, tandis qu'il la bloquait sur la droite par sa simple présence et sa carure avantageuse. Physiquement, elle n'était pas de taille, elle l'avait bel et bien expérimenté quelques minutes auparavant. Néanmoins, refusant de s'enfuir et de lâcher prise, la jeune femme resta là, bien droite, se forçant à respirer de façon convenable. De façade, elle paraissait de marbre, imperturbable, alors qu'en réalité en son fort intérieur, l'explosion n'était pas loin. Que voulait-il ? Qu'espérait-il ? Voulait-il la tester ? La faire fuir peut-être ? Lentement, il se pencha un peu plus sur elle, la forçant à s'appuyer sur ses bras qu'elle positionna instinctivement derrière elle, ce qui provoqua un léger mouvement de recul que la jeune femme stoppa immédiatement lorsqu'elle en prit conscience, refusant de se laisser aller à ce petit jeu. Elle ne céderait pas. Leurs visages étaient proches désormais, tellement proches que leurs cils respectifs pouvaient presque se frôler, mais il n'en fut rien. Tout avait soigneusement été calculé pour que le suggestif prenne le pas sur l'objectif. Leurs regards ne se lâchaient pas, l'un intense, l'autre d'une maîtrise immuable ne refletant pour le moment absolument rien. Extrêmement défensif, il protégeait la sorcière de toute tentative d'intrusion. Entre les longs cils noirs, les iris détaillaient avec minutie ce visage masculin qu'elle avait l'impression de compléter un peu plus à chaque fois qu'il provoquait un rapprochement de la sorte. Un minuscule grain de beauté, une ride naissante qui lui avait échappé... Des sourcils fournis et bien dessinés. Une barbe aux reflets auburn, mêlés de noir. Et ses lèvres. Carmin, et fines, avec l'arc de cupidon parfaitement dessiné. Lorsqu'il approcha la main de son visage, Cassidy se raidit sensiblement mais s'efforça de ne pas bouger, alors que finalement les doigts masculins se perdaient dans ses cheveux blonds.

« Que fais-tu ? »

Un souffle léger, un murmure s'échappant de ses lèvres rosées restées trop longtemps closes. La façade de marbre commença à vaciller. Lentement, elle s'efforça à déglutir, frissonnant à cause des frôlements provoqués par ses propres cheveux maintenus entre les doigts du bibliothécaire qui paraissait captivé par ces derniers, les enroulant d'un geste langoureux autour de ses doigts de manière à ce que la lumière puisse s'y refléter. Prisonnière. La chair de poule apparaissant sur ses bras vint la trahir. Une fois de plus, son corps en disait bien plus que sa bouche. Cette dernière s'ouvrit de nouveau, dans une vaine tentative d'aspirer l'air qui venait à lui manquer. Une fois de plus, le réflexe d'apnée avait pris le dessus sans qu'elle ne s'en rende compte.

« Que veux-tu ? »

Lentement, le regard du brun remonta vers ses prunelles, quelque peu insistant mais globalement impassible. Incompréhensible pour elle. Cassidy fronça les sourcils, sans pour autant bouger devant le visage masculin qui se rapprochait encore un peu plus, transgressant avec légèreté toutes les limites. Déterminé. Son souffle frôla ses lèvres qui s'étaient refermées une fois les mots prononcés. Un souffle tiède, léger, tel un voile translucide ballotté par une brise légère en plein été. Il n'allait pas oser, n'est-ce-pas ? La jeune femme n'était pas du genre à se retirer si jamais il avait l'audace de déposer ses lèvres sur les siennes, mais à coup sûr cela prouverait qu'il n'avait rien compris, ou pire, rien écouté de ce qui venait de lui être confié. Immobile, Cassidy attendait, fixant l'homme qu'elle ne percevait que comme inquisiteur, droit dans les yeux, une certaine étincelle de défi crépitant au fond de ses propres prunelles. La respiration de ce dernier s'était imperceptiblement accélérée, elle le sentait au rythme de son souffle se répercutant sur ses lèvres ourlées. Il hésitait, ce qui était plutôt bon signe, car cette hésitation démontrait une certaine réflexion et considération des propos qu'elle lui avait tenu. Il se refrénait et prêtait attention à sa personne, à qui elle était et à la façon dont elle percevait les choses et les ressentait avec sa propre sensibilité. Situé à quelques centimètres, le sorcier sembla en proie à un dilemme compliqué dont l'issue ne lui était  aucunement facilitée par un quelconque comportement de la part de l'apprentie. Il fallait qu'il choisisse, qu'il démontre ce qu'il souhaitait vraiment. L'initiative de continuer ce rapprochement en un fougueux ou délicat baiser, ou celle de s'immobiliser et de rompre ce dernier qui leur était à tous les deux douloureux, lui appartenait. Elle lui avait donné les cartes, désormais c'était à lui de démontrer qu'il savait, et avait envie de s'en servir à bon escient.

Elle regardait s'envoler les minutes(*). Le temps s'écoulait, inlassablement et il était toujours là, penché sur elle, la main refermée doucement mais fermement sur cette mèche oscillant entre le doré et l'argenté enroulée entre ses doigts. Et ces quelques centimètres les séparaient toujours, sans qu'il ne semble parvenir à franchir le cap de se rapprocher, ni à se résoudre à s'éloigner. Cruel dilemme. Sirène détestable jouant alors les désirs des hommes. Jouer ? Non, pourtant ce mot ne correspondait guère à Cassidy. Finalement, un sourire résigné s'esquissa délicatement sur les lèvres du bibliothécaire qui ferma lentement les yeux, brisant le contact oculaire devenant relativement compliqué pour les deux ; l'un refusant de céder, l'autre en proie à une indécision. Boum boum, boum boum, boum boum... Tourmentée par ce qu'il venait de se passer, sans pour autant réussir à mettre des mots dessus, Cassidy prêta attention aux battements de son cœur. Ces derniers étaient encore réguliers – signe qu'elle était parvenue à conserver un certain contrôle, mais s'étaient sensiblement accélérés. Lorsque son regard se rétablit, la décision était prise. Doucement, il déplia presque douloureusement les doigts, relâchant son emprise sur la jeune femme, la laissant retrouver son semblant de liberté, tout en se reculant. Tandis qu'il se relevait, s'éloignant de nouveau d'elle en direction de la fenêtre, Cassidy se força à respirer plus calmement, et parvint après quelques instants à ralentir son rythme cardiaque, et respiratoire. Il avait su prendre la bonne décision, celle lui prouvant qu'il la respectait réellement. Néanmoins, le respect et la considération dont il faisait preuve seraient-ils assez suffisants pour lui permettre d'accéder à sa requête précédemment formulée ? Sans cela, le chapitre ce clôturerait. Tandis que l'homme paraissait perdu dans ses pensées, Cassidy tira légèrement sur le bas de sa robe déchirée, tentant vainement de rabaisser cette dernière un peu plus afin de couvrir davantage ses cuisses nues, en vain. Un léger soupir franchi le seuil  de ses lèvres. Voilà pourquoi Nehal ne devait jamais s'exprimer. Elle était destructrice et ingérable.

« Je sais, pour ma mère... enfin bref. Quand j’avais vingt-et-un ans, je me suis soudain retrouvé sans Dieu ni Maître. A ce moment-là, je me suis rendu compte que ce que je prenais pour un bienêtre relatif n’était que solitude et malheur. J’ai longtemps cru être quelqu’un de… plutôt heureux, mais sans plus aucun souverain à satisfaire, mon existence avait en un claquement de doigt complètement perdu son sens. J’étais esseulé, délaissé et misérable. C’était ça, mon déclic. J’ai soudain eu le droit de penser par moi-même. D’une introspection à l’autre, j’ai fini par faire mon chemin, avec beaucoup d’erreurs et d’échecs. Et puis j’ai rencontré quelqu’un. »

Cassidy releva les yeux vers lui. Voilà donc qu'il poursuivait son ouverture. Ainsi donc semblait-il déterminé à obtenir sa place à ses côtés non seulement en dépit de ce qu'elle lui avait fait subir, mais aussi malgré le choix auquel elle l'avait soumis. Il savait donc que sa mère lui avait écrit ? L'étudiante haussa les sourcils. Comment était-ce possible ? Mentalement, elle entrepris de se repasser le film des dernières semaines et la solution finit par lui apparaitre quelques secondes plus tard avec une clarté douteuse. Il avait bien fouillé partout en s'introduisant dans ses appartements, cela ne faisait plus aucun doute. Retenant un grincement des dents, elle le laissa poursuivre sans l'interrompre, prêtant une attention qu'elle jugeait quelque peu démesurée à la suite de ses propos.

« Imagine quelqu’un qui ne ressent absolument pas la douleur. Tu crois que c’est un avantage ? Que ça rend la personne invincible ? Que parce qu’elle n’éprouve aucun mal, elle n’a pas d’attaches et peut vivre sans réserve ?
-Bien entendu, répondit-elle avec évidence.
-C’est un pari risqué. C’est pareil pour les sentiments. Tu te crois forte, mais tu seras toujours en définitive vaincue par celui qui éprouve plus que toi. La douleur, les sentiments sont un bouclier qui nous protège, tout dépend de comment tu l’utilises. Qui crois-tu es le plus fort ? Celui qui ne ressent rien ou celui qui ressent tout et a su maîtriser ses émotions ? Celui qui brave ses craintes ou celui qui n’en a aucune ? Celui qui n’a aucune attache, ou celui qui se bat pour la survie de ses proches et de sa famille ?
-... Je...
-Tu te crois forte, mais viendra un jour ou tu craqueras, parce que ta force te vient de ta retenue, et non de quelque chose qui t’inspire véritablement. Tu te forces à survivre, mais tu ne vis pas. Tes motivations sont stériles et tu n’es pas flegmatique par choix, mais par défaut. Ce n’est pas une force, c’est une condition. Et tu t’en satisfais par défaut. Tu crois que c’est ta force parce que c’est tout espoir qu’il te reste.
-Le tout n'est pas d'être la plus forte, mais d'être forte, peu importe la façon : ne rien ressentir, ressentir et maîtriser, surmonter ses craintes, ne pas en avoir... Peu importe au final. Ce qui compte est le résultat. Je ne me compare jamais aux autres, seulement à moi-même. Alors certes, initialement c'est une condition qui m'a été imposée, mais j'en ai fait ma force. Je n'ai pas eu d'autre choix, j'ai été obligée de m'adapter, de m'oublier, de brider tout ce qui était... dérangeant en moi et susceptible de me mettre en danger. Alors, oui, c'est éprouvant... Véritablement épuisant même, mais je sais où sont mes limites et que je suis tout simplement incapable de ressentir certaines choses, et de les gérer sans exploser. »

Laissant échapper un semblant de grondement, Cassidy se leva souplement afin de se diriger vers la cheminée et sa chaleur réconfortante. Se frictionnant les bras, le regard miroitant au grès de la danse des flammes, elle poursuivit sans se retourner.

« J'ai toujours peur de craquer oui, je ne tiens que grâce à ma volonté. C'est ainsi depuis toujours. Je n'ai jamais réussi et jamais eu l'occasion de me reposer sur quelqu'un. Ma force vient effectivement de ma retenue, d'un contrôle intense que je suis parvenue à m'imposer mais qui est désormais tellement naturel que l'on dirait qu'il a toujours fait partie de moi. Mais... ma force vient aussi de quelque chose m'inspirant contrairement à ce que tu penses.  Mes motivations sont loin d'être stériles, comme tu dis. »

Refusant de s'attarder là dessus, Cassidy referma la bouche sur ces derniers mots prononcés avec une certaine amertume. Décidément, Nehal s'exprimait trop. Un clignement de paupières duveteuses, suivi bien vite d'un second, et Cassidy repris pleinement possession de ses moyens et se recula presque trop vivement de l'être, se dégageant de la chaleur au profit d'une atmosphère plus fraîche.

« Je n’ai jamais été aussi fort et heureux qu’en étant épris d’Elle. Elle était… Elle a été mon étoile. Et comme toute étoile, elle s’est éteinte. Mais… tu ne me croiras pas tant que tu ne l’auras pas ressenti toi-même. My dear beloved love, You shall rest in my heart, Unit death do us apart… Don’t be my last. »

Il avait prononcé ces mots alors qu'elle regagnait lentement le lit, d'une démarche souple bien que légèrement engourdie par le froid et la fatigue qu'elle commençait véritablement à ressentir. Lentement, Cassidy se rassit à la même place et fixa le sorcier de ses grands yeux vert d'eau. Amoureux. Il avait été ce qu'on appelait couramment être amoureux, dans le langage commun. Ce sentiment qu'elle jugeait dangereux et qui rendait faible. Ce sentiment qu'elle ne connaissait pas, ne voulait pas connaître et redoutait qu'il ne lui tombe dessus un jour ou l'autre, sans crier gare. Pour l'éviter, elle avait fermé son coeur et bridé ses sentiments, ses émotions, au point de se retrouver totalement clivée et incapable non seulement de reconnaître, mais aussi de ressentir quoique ce soit la plupart du temps.

« Tu as été heureux, mais tu as souffert après lorsqu'elle t'a laissé... »

Elle avait aimé une fois en réalité. Aimé sa mère, qui l'avait aimée en retour bien qu'elle ne le lui ait jamais clairement dit. En revanche, son sacrifice avait valu tous les mots du monde. L'amour était bel et bien dangereux. Aimer une personne revenait à envisager de souffrir de sa perte. Profitant du fait que le bibliothécaire soit encore plongé dans ses pensées et ne la regarde pas, Cassidy secoua violement la tête, chassant ces souvenirs bien trop douloureux qui s'étaient envolés du tiroir verrouillé dans lequel elle les maintenait enfermés. Passant une main légèrement tremblante dans ses cheveux, tentant d'y remettre un semblant d'ordre, elle inspira profondément. Avec une certaine fébrilité, ses doigts graciles entreprirent de recommencer à tresser sa chevelure, acte symbolique inconscient visant à brider Nehal et à retrouver tout contrôle. Ce n'était réellement pas volontaire, plutôt instinctif. Toutefois, alors qu'elle venait de débuter, soudainement Octavius revint vers elle à grands pas. La jeune femme se figea, ses doigts se figeant net dans leur travail en cours. Papillonnant des yeux, incertaine de ce qu'il comptait faire, elle l'observa se rasseoir à ses côtés. De nouveau, son regard clair rencontra celui du sorcier. Un nouvel échange s'instaura entre eux. Dialogue tout d'abord silencieux, visant à annoncer l'ambiance. Le visage de l'homme était tout nouveau pour elle, une fois de plus. Les traits sérieux, il respirait plutôt fortement et de manière irrégulière. Cassidy fronça les sourcils et laissa retomber ses bras de chaque côté de son corps – abandonnant sa tresse en cours de réalisation – avant de les ramener sur ses cuisses. De nouveau, il se pencha sur elle avec un éclat sensiblement différent du précédent, faisant miroiter ses iris.

« D’accord. Je prends le seul parti que je peux : le tiens. Indépendamment des opinions d’autrui, des miennes ou des tiennes, parce que ça n’a aucune importance par rapport à l’engagement que je prends. Je reste avec toi, et je tiendrai bon avec toi, que la saison soit belle ou mauvaise, et ne t’abandonnerai pas lorsque le soleil te retirera ses faveurs, comme le font tous les autres pour reparaître quand le ciel te sourira à nouveau. Mais ne m’impose pas d’autres fidélités que celle que je t’offre, car il n’y en a qu’une seule que je pourrais tenir sans me retrouver à trahir deux engagements inconciliables. Alors je reste avec toi, quoi qu’il advienne. Quelle que soit notre destinée, avec l'espoir qu'à deux, elle nous soit plus douce malgré les épreuves. Je suis d'accord, j'accepte tes conditions. Toutes. »

Dans un premier temps, un long silence suivit cette lourde déclaration. Pas que la jeune femme tente d'analyser le discours non, elle en était tout simplement incapable. Le coup de massue lui était tombé sur la tête, violemment, alors que c'était elle qui l'avait confronté à ce choix. Que ressentait-elle ? Impossible de le savoir. Était-elle heureuse ? Possiblement. Terrifiée ? Totalement. Il avait accepté. Il voulait rester auprès d'elle malgré tous les éléments plus formels et objectifs, ancrés dans la dure réalité qu'elle lui avait présenté avec tant d'insistance. Il voulait rester. Je ne t'abandonnerai pas lorsque le soleil te retirera ses faveurs...

« Si tu dis que tu ne m'abandonneras pas, cela signifie aussi que tu ne devras pas mourir. »

Un souffle.

« S'il te plait, ne te mets pas en danger pour moi. Ce n'est pas une condition, mais une deman... »

Submergée par une émotion inconnue, la jeune femme ne put terminer sa phrase. Sa respiration se coupa tandis que le dernier mot mourrait sur ses lèvres maquillées. Ses paupières se fermèrent malgré elle l'espace d'un instant, et elle inspira profondément. Elle avait voulu cette situation, elle ne l'avait pas repoussé alors qu'il lui avait donné l'occasion. Pourquoi ? Parce qu'elle ne voulait pas qu'il s'éloigne. Ouvrant de nouveau ses yeux en amande, Cassidy reprit la parole. Que pouvait-elle faire ? Que pouvait-elle dire ? Merci ? Le mot semblait tellement dérisoire face à ce qu'il avait fait pour elle. Essaie d'être normale Cass', lâche prise par Merlin... Il lui fallait faire quelque chose de symboliquement fort, à défaut de pouvoir parvenir à ressentir les émotions et les sentiments et de les exprimer comme lui. Néanmoins, l'apprentie avait cette envie naissante au sein de sa poitrine, celle de lui signifier son engagement à elle aussi. Celle de le remercier à sa façon en lui faisant comprendre à quel point ce qu'il avait fait pour elle, la touchait bien plus qu'elle ne le souhaitait.

« Nehal. »

Le prénom avait éclos entre ses lèvres. Rapidement. Un peu précipité. La perle s'était dévoilée, et le rempart momentanément affaissé. Les yeux fixés dans ceux de l'homme, elle poursuivit :

« C'est mon second prénom, murmura-t-elle, celui qui reste inconnu aux yeux de tous. »
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Octave Holbrey
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 4 Jan 2017 - 23:12

Nehal. Elle le lui avait finalement offert, ce présent le plus précieux du monde. L'accès à cette partie d'elle qu'il recherchant tant depuis le premier jour où ils s'étaient rencontrés et où il l'avait aperçue, se faufilant à travers l'obscurité de sa pupille, telle une ombre ne désirant pas être remarquée. Nehal, un simple nom en apparence. L'histoire de ce dernier était toute autre. En réalité, ce qui rendait le cadeau de Cassidy précieux et unique, n'était pas la révélation de ce dernier, mais l'accès à tout ce que ce dernier renfermait. Un bout de son âme perdue, la moitié de son patrimoine génétique ; la partie cachée - honteuse selon son père - que personne n'était à même de percevoir puisque rien dans son apparence ne laissait transparaître ses origines orientales. De même, à force de travail acharné à la demande - que dis-je ? - à l'imposition de son père, son accent aux sonorités chantantes s'était tu, et ne ressortait actuellement que dans des moments d'énervement intense, comme celui s'étant produit quelques instants auparavant. Un prénom que seule sa mère avait quotidiennement employé après avoir été autorisée à en choisir un second pour sa fille à la naissance de cette dernière. Un double héritage contenu dans une double identité : Cassidy Nehal Rowle.

Cassidy ; un prénom d'origine anglaise choisi bien entendu par son père ; Andreas Rowle. Ce dernier, bien qu'extrêmement déçu que son enfant soit de sexe féminin, avait fait le choix de lui accorder - en raison de la ressemblance physique du nourrisson aux Rowle - un prénom reflétant une certaine noblesse. Cassidy... Au final ce prénom était plus complexe qu'il ne le laissait paraître lorsque l'on creusait dans sa signification, ce qu'Andreas – fervent défenseur des sciences exactes et du pragmatisme - n'avait pas songé un seul instant à faire. Les jeunes femmes porteuses de ce patronyme étaient censées être fières, déterminées, courageuses, mais sachant rester à leur place tout en possédant de vraies valeurs morales. On les disait aussi méfiantes, contrôlées, travailleuses, intellectuelles et pouvant se montrer parfois cyniques. Un prénom tellement adapté à la personne que la jeune femme avait été contrainte de devenir. Était-ce là le destin ? Le choix de ce prénom avait-il eu la valeur d'une prophétie ? Paraissant au premier abord froides et hautaines, il ne s'agirait en réalité bien plus d'une distance de façade défensive que d'un véritable trait de caractère puisqu'il se disait pour les connaisseurs, que les Cassidy possédaient cette peur de paraître vulnérable et de s'attacher, ce qui les rendaient assez réservées et secrètes, fuyant même parfois le contact avec les gens. En revanche, le symbolisme des prénoms était loin d'être une science exacte, il fallait bien en rester conscient, puisqu'elles étaient également décrites comme impressionnables, romantiques, n'ayant jamais de discours moralisateurs et craintives. Possédant comme totem végétal la vigne, elles était censées avoir besoin d'un tuteur afin de mieux s'épanouir tant au niveau professionnel que personnel. Pour l'étudiante, cela correspondait plutôt bien à la réalité bien que cette partie ne soit pas véritablement acceptée dans son ensemble. Avoir besoin d'une personne telle que Severus Rogue pour s'épanouir au niveau professionnel, soit. Elle en avait conscience et l'acceptait. En revanche, tout ce qui avait attrait au registre du personnel devenait tout de suite beaucoup plus complexe et être lucide à ce sujet n'était pas encore possible pour la Rowle qui se préférait libre et indépendante. Respectant leurs engagements, les Cassidy étaient connues pour être capable d'aller jusqu'à se sacrifier pour les personnes comptant réellement pour elle. Toutefois, il était clair que l'émotivité restait une grande faille chez elles puisque cette dernière étaient en réalité bien plus forte que sa réactivité ; tout excès d'émotions ou de sentiments aurait davantage tendance à être bloqué au point de les faire paraître insensible et distante, dans le seul but de se protéger.

Nehal. Le cadeau de sa mère, Nila. Son héritage, et l'une des seules choses continuant à la relier à elle, envers et contre tout. Le prénom avait été donné, la carte d'identité constituée. Pour la vie, elle serait Nehal, tout comme elle resterait Cassidy. Seul cet haïssable nom de famille pouvait toujours être évincé. Ce prénom mixte, originaire d'Inde, avait en réalité plusieurs significations. Métaphoriquement, ce prénom signifiant de manière littérale " petit arbre " renvoyait à des attributs de beauté, au charme et à la jeunesse, voire également à l'eau de la mousson connue comme " source de vie ". Toutefois, les Nehal pouvaient également renvoyer à la soif de savoirs, de connaissances, ce qui correspondait une fois de plus, totalement à la personnalité de la jeune femme. Ayant de hautes aspirations humanitaires, les Nehal rêveraient d'un monde où les races et les barrières sociales n'existeraient plus. Connues pour leur intelligence, elles étaient également référencées pour leur âme passionnée par les arts quelqu'ils soient, mais en particulier pour la danse et la musique. Sensibles et pleines de vie, le sourire leur allait bien et tout comme les Cassidy, leur loyauté pour leurs vrais amis ou pour toute personne chère à leur cœur était sans faille. Davantage dans le laisser-aller, le lâcher prise contre-indiqué par les Cassidy, Nehal venait tenter de rééquilibrer la balance en amenant une petite part de souplesse, d'innocence et d'ouverture à la surprise et au hasard. Fraîche, haute en couleurs et pétillante telle le cours d'une eau vive, la vie resplendissait de leurs corps toujours en action, dans le mouvement symboliquement associé à la vie. Indéniablement expressives, elles n'étaient pas forcément connues pour être bavardes mais plutôt pour leur spontanéité diablement vivante.

Un plus un égal deux. Pour le coup, l'équation mathématique fonctionnait parfaitement. A eux deux, ces prénoms constituaient presque entièrement le délicieux mais ô combien complexe tableau formé par la jeune femme. Une unité. Enfin dans une utopie idéaliste certainement... Dans le cas présent, la toile formée par la métisse renvoyait plutôt à un tableau dont les couleurs chaudes de l'orient commençaient à se ternir au profit des couleurs froides de l'occident, tandis que la peinture ocre se craquelait ensevelie sous l'épaisse couche de poussière qui la recouvrait. Telle une statue inachevée, Nehal restait figée dans l'ombre et l'importance déployée par Cassidy pour la recouvrir entièrement. Quasiment immatérielle, presque aussi impalpable que les brises orientales, la sculpture de sable fin et blanc de Nehal se désagrégeait aussi lentement que sûrement. Un à un, parfois par paquets entiers, plus le temps passait, plus le fragile équilibre disparaissait. Apercevoir Nehal aujourd'hui relevait clairement de l'exploit tout autant à cause de la rareté de ses apparitions, que de la courte durée de ces dernières. Les circonstances provoquant ses apparitions étaient plutôt rares... Nehal existait et sortait des abysses lorsque les potions venaient la chatouiller et raviver sa flamme passionnée. La passion. Voilà bien l'un des ingrédients qui possédait le pouvoir de la ramener à la vie, en échappant à l'emprise oppressante exercée par Cassidy. L'art des potions nécessitait assez de rigueur afin de lui permettre de se sentir à peu près stabilisée pour tenter de toucher à autre chose, à élargir son champ de connaissance en osant essayer de sortir de sa zone de confort en allant – avec l'aide du professeur Rogue, à la quête de la souplesse. La passion intellectuelle, provoquée par un certain enseignement, un certain art, mais également la passion au sens littéraire le plus pur. Lorsqu'un élan émotionnel qu'elle ne parvenait pas à étrangler, à réprimer avec force sous une épaisse couche de marbre, faisait surface, ce n'était plus Cassidy. L'explosion était toujours reliée à la résurgence de Nehal puisque cette dernière caractérisée par son impulsivité, sa spontanéité et son lâcher prise, n'était plus contrôlée par la tyrannique Cassidy.

« D’accord, je ferai mon possible. »

Il ne l'avait pas quittée des yeux, prononçant cette promesse avec tout le sérieux du monde. Les quelques mots s'envolèrent dans les airs pour venir se répercuter en plein dans sa poitrine, l'enveloppant dans une étreinte protectrice immatérielle mais pourtant terriblement proche. Une douce chaleur se répandit dans les veines de la jeune femme dont le regard s'adoucit sensiblement. Boum boum, boum boum. L'organe emmuré dans une épaisse couche de glace fut secoué d'un nouveau type de battements. Réguliers, mais un peu plus rapides que d'ordinaire. Lentement, la Rowle porta sa main à son buste, comme pour contenir cet organe qui venait lui rappeler une fois de plus – bien qu'autrement que dans un contexte de peur – son existence. Était-ce de la joie ? Du bonheur ? D'ailleurs quelle était la nuance entre les deux ? L'apprentie potionniste avait tout à fait conscience du caractère pour ainsi dire irréaliste de ce qu'elle lui avait demandé, mais quelque chose ; le fait d'avoir besoin de se sentir rassurée dont elle n'avait pas conscience, l'avait poussé à formuler cette demande. Néanmoins, il avait été prudent, et ne lui avait pas promis de survivre, mais de faire son possible, et cela, elle l'acceptait.

Elle n'était plus seule. Je ne suis plus seule, il est là. La pensée naquit soudain dans son esprit, comme une nouvelle évidence des plus formelles, néanmoins, cela était tellement nouveau que la blonde était encore dans l'incapacité de percuter et d'analyser la portée et le sens réel de cette idée si étrangère. Plus seule. Qu'est-ce-que cela voulait réellement dire ? Quels changements cela impliquait-il ? L'intégrer mettrait certainement beaucoup de temps pour elle qui ne s'était jamais ouverte ainsi à personne. Elle qui avait l'habitude de régler les choses par elle-même, de ne jamais déléguer, de ne pas s'ouvrir, de ne pas parler d'elle. Détourner habilement les conversations gênantes ou mentir de façon totalement naturelle lorsque le contournement de l'obstacle ne s'avérait guère possible.  Alors que toutes ces pensées tourbillonnaient en arrière plan dans son esprit, la jeune femme se décida à trouver le moyen de le remercier, de lui faire comprendre à quel point ses efforts et son geste l'avaient touchée. Il fallait quelque chose de significatif, de réellement important, à la hauteur de son présent à lui, et qu'elle soit en mesure de le lui offrir, elle. Alors, comme une évidence, la solution s'était présentée à elle, aussi claire que de l'eau de roche. Ce qu'il voulait, ce qu'il recherchait... C'était elle. Il le lui avait dit. Ce n'était pas Nehal, non, mais ce n'était pas non plus Cassidy. Ce qu'il recherchait, c'était elle. Cassidy Nehal Rowle. Une vision globale, une réunification équilibrée des deux parties de sa personnalité, qui en fonctionnement clivé, n'apportaient chacune que déséquilibre au long terme. Il connaissait déjà Cassidy, mais s'il avait entraperçu Nehal entre deux pans de portes ou de manière beaucoup plus directe dans l'explosion dont il avait été la victime désignée, il ne l'avait jamais rencontré de manière officielle. La décision fut prise, et rapidement, comme si elle ne craignait de revenir en arrière, le prénom fut prononcé à voix basse. L'aveu.

« Nehal… C’est mon second prénom, celui qui reste inconnu aux yeux de tous. »

Les mots étaient lourds, pesant chacun un poids inconnu mais assez pour lui faire courber l'échine. Néanmoins, aucun goût amer ne vint envahir sa bouche. Les mots avaient très certainement un effet libérateur puisqu'en lui confiant cette partie là d'elle-même, elle renouait avec l'Inde où elle n'était plus allée depuis maintenant trois ans. Néanmoins, cette partie là était aussi terriblement lourde et douloureuse.

« Enchanté Nehal, je me nomme Octavius. »

Les yeux encore baissés sur ses genoux, un sourire vint éclairer son visage enfin véritablement adouci. Voilà qu'il lui offrait un autre présent, elle en était consciente. Lentement, Nehal releva le regard vers le bibliothécaire, un sourire sincère au coin des lèvres. Un cadeau. Nehal et Octavius se rencontraient, enfin. Il lui avait offert ce prénom. Son véritable prénom. Celui dont elle se servait comme une arme, ou plutôt comme un bouclier – parfois les deux, contre  lui. Désormais, il renonçait à toute demande de surnom qu'elle jugeait saugrenu, pour le lui offrir, ce prénom visiblement haït. Un lâcher-prise, une sorte d'abandon de soi. Un cadeau dont elle se savait désormais responsable et qu'elle n'utiliserait désormais plus comme elle avait pris l'habitude de le faire. Désormais, elle en prendrait soin – autant qu'elle en serait capable. La jeune femme ignorait les raisons qui l'avaient poussé à renier son prénom presque aussi fort qu'elle avait enterré celui de Nehal, mais à bien y réfléchir, les raisons s'esquissaient lentement dans son esprit. Un prénom, pour être si profondément détesté, devait forcément avoir un lien avec ceux qui le lui avaient donné à sa naissance. Son père ? Elle n'en savait absolument rien. En revanche, d'après ce que Vivienne Holbrey lui avait donné à voir dans sa lettre, le doute n'était quasiment plus permis. Il y avait quelque chose entre la mère et le fils. Quelque chose de profondément malsain qui avait poussé le brun à tenter de se défaire de son emprise en refusant d'utiliser et que quiconque use ce prénom. A partir de là, il s'était forgé une parodie de lui même, un pantin nommé Octave qui – d'une certaine manière – faisait perdurer l'existence d'une souffrance rattachée à son véritable prénom.

« Tu l'as toujours été pour moi, depuis le premier jour dans la bibliothèque. »

Et c'était vrai. Jamais elle n'avait lâché ne serait-ce qu'un minuscule " Octave ". Jamais il n'avait été question de céder. " Octavius " avait toujours été une évidence à ses yeux, même si l'utilisation qu'elle en avait fait ne se situait pas dans la même optique puisque cela avait été le moyen de conserver une certaine emprise, un certain contrôle sur lui, en le maintenant notamment à distance. Néanmoins, elle avait aussi refusé d'utiliser le pantin, cette façade qu'il se constituait habilement en revêtant notamment des comportements extrêmes. Elle avait voulu, elle-aussi et certainement de manière plus inconsciente que lui, frôler des doigts la véritable personne qu'était cet homme, et non pas juste se confronter à ses facettes aussi diverses et inépuisables que les gouttes d'eau constituant les océans. Finalement, il renonçait à sa carapace – comme elle tentait de s'ouvrir – pour elle.

« Je me sens comme la première personne ayant trouvé la pierre philosophale. Je sais avoir découvert quelque chose de rare et de précieux, mais je ne peux la montrer à personne. C’est une bénédiction et une calamité à la fois, je ne peux en parler à quiconque et il n’y a que moi pour en profiter. Pas la peine de te demander pourquoi Nehal est inconnue de tous, je pense le deviner. C’est le prénom que ta mère t’a donné, c’est ça ? »

Dans un premier temps, la jeune femme ne répondit pas verbalement, se contentant d'hocher doucement la tête, faisant onduler sa tresse à moitié réalisée le long de son épaule droite. Son regard dévia ensuite vers les flammes de la cheminée dont la chaleur et la douce couleur orangée venait lui redonner une sorte de contenance intérieure, la ramenant droit en Inde. Étrangement, elle sentait qu'elle voulait parler, lui en dire un peu plus, mais quelque chose la retenait et les mots refusaient de sortir de sa gorge. En proie à un nouveau combat interne, ses lèvres s'entrouvrirent et sa voix s'en échappa, étouffée.

« Oui.... C'est... Nehal appartenait à l'Inde. »

Elle avait cette fois usé du passé. Présent... Passé... Nehal était-elle morte ou encore en vie ? En vie, très certainement. Sans aucun doute même. Mais avait-elle envie que Nehal survive ? Cela était une autre affaire. D'un côté oui, car elle aimait Nehal, comme on aime un petit défaut de notre corps, une petite cicatrice, un grain de beauté spécifique. Cette partie d'elle représentait également tout ce que son père détestait et la reliait indéniablement à sa mère, à son héritage oriental. Néanmoins, Nehal – en dépit de son lien à l'Inde – la faisait souffrir lorsqu'elle l'investissait trop. La sortir des abîmes lui était finalement terriblement douloureux, elle qui ne ressentait quasiment rien la plupart du temps. Un meurtre atroce, un deuil non fait, une ouverture d'esprit dangereuse, du sang, beaucoup de sang. Nehal était douleur et mort. Toutefois, Nehal était également liberté, bonheur, spontanéité. Elle était danse, Mangalore, amour maternel et vie. Soucieuse, la blonde détacha ses iris vert d'eau des flammes et reporta ces derniers sur cette tresse à moitié réalisée. Devait-elle la poursuivre, la laisser ainsi, ou la défaire ?

« Parle-moi… Non, attends, je reviens. Je dois t’écouter attentivement, et je ne peux pas le faire dans cette tenue en lambeaux. »

Interdite, Cassidy le regarda se lever souplement et disparaitre derrière l'angle du mur. Sérieusement, une chemise ? Qui s'en souciait réellement ? Il aurait pu être nu ou habillé en pape que cela n'aurait eu aucune espèce d'importance dans l'immédiat. Ses capacités d'écoute variaient-elles donc selon la tenue qu'il portait ? Etrange. Elle avait encore décidément bien des mystères à percer en lui. Tant mieux. Il finit par réapparaitre, une chemise de coton blanc intacte sur les épaules, occupé à replier soigneusement les manches de cette dernière à hauteur des coudes. Il finit par relever les yeux vers elle tout en souriant et dévia vers la salle de bain, déclenchant un froncement de sourcils chez la jeune femme. Qu'avait-il encore inventé ? Désirait-il se remaquiller maintenant qu'il était présentable ? Un sourire amusé naquit sur ses lèvres à cette pensée, sourire qui s'effaça lorsqu'elle le vit reparaître les bras chargé d'un lourd peignoir de bain d'un blanc immaculé, comme un rappel de sa propre chemise. Arrivé près d'elle, il ne lui en demanda pas la permission et l'enveloppa d'un geste à la fois doux et ferme, du vêtement. Attentionné... Ce n'était pas la première fois qu'il se souciait d'elle. La dernière fois, il l'avait protégée contre lui lors de l'épisode du bosquet de roses. Il l'avait aussi soutenue lorsqu'elle s'était écroulée lamentablement face à lui, incapable de supporter son propre poids sur ses jambes. Face à ces souvenirs, Cassidy frissonna de plus belle, toutefois le froid n'avait plus rien à voir là-dedans.

« Bon, on est mieux comme ça. Alors, parle-moi de toi. Dis-moi quelque chose, ce que tu veux. Ce qui te passe par la tête. Ce que tu trouves important ou penses intéressant… »

Pour le coup c'était totalement vague. Terriblement vague pour elle qui n'avait aucunement l'habitude de parler d'elle, du moins honnêtement. Raffermissant sa prise sur l'encolure du peignoir, la jeune femme le dévisagea, à moitié perplexe.

« Quelque chose d'important... sur moi - pause – Par Merlin Octavius, ta demande est... vague. Totalement et complètement vague. Je n'ai pas l'habitude de parler de moi, et à vrai dire, je ne sais même pas ce qui est important me concernant, ni ce qui serait susceptible de t'intéresser. Tu en sais déjà tellement maintenant... Mes véritables idéaux, mon second prénom, mes origines, la manière dont je fonctionne... Que voudrais-tu savoir ? J'ai bien... des choses, mais elles ne sont certainement pas importantes. Ce sont plus des petits détails. »

De nouveau, son regard dévia vers les flammes crépitantes dans l'âtre de la cheminée et un sourire flotta sur son visage venant éclairer ce dernier d'une nouvelle lueur.

« J'aime la chaleur, le Soleil, l'été, ça me rappelle Mangalore, la ville où je suis née. C'est une ville côtière tu sais... Quand je suis arrivée en Angleterre il y a trois ans pour mes études supérieures, ça a été difficile de m'adapter. Je déteste le froid, le vent, la pluie et le ciel gris. Pourtant... J'aime beaucoup loger dans l'ancien appartement du professeur Rogue, alors qu'il est sombre et humide et que je n'ai toujours pas reçu de couette. »

Elle frissonna de nouveau à cette pensée.

« J'aime les potions, voyager, apprendre, me dépasser... Quoi d'autre ? J'ai toujours été une très bonne élève mais je déteste l'histoire de la magie. Ma baguette est en aubépine et je déteste les Carrows. J'ai un demi-frère Aloïs, qui a le même âge que moi et était à Serpentard puisqu'il a été élevé ici en Angleterre, dans la demeure principale des Rowle. On ne s'entend pas bien du tout, et c'est un euphémisme. J'ai le vertige et je ne sais pas voler à balais. En revanche, je maîtrise convenablement le tapis volant. Je suis totalement nulle pour transplaner. Vraiment, je rate les trois quarts de mes atterrissages. Je.. J'aime beaucoup les Lys, j'ai quelques notions en piano. Je sais danser et je m’entraîne encore aux mondanités pour mieux rendre le change auprès de mon père. Je sais parler hindi et anglais. La cicatrice que je porte au niveau de l'omoplate gauche je la dois à mon oncle, le frère de mon père ; Thorfinn Rowle, celui qui a laissé échapper Potter à Tottenham Court Road cet été. J'ai déjà lancé des impardonnables, et j'en ai déjà reçu. J'ai également certaines connaissances non négligeable en magie noire et je lance la plupart de mes sortilèges de manière informulée. J'ai aussi un accent... quand je perds tout contrôle. Et toi alors ? Où as-tu appris le français et le russe ? Tu as donc des origines ? Et... comment as-tu su pour mon lien à l'Inde dans le jardin aux roses ? Tu ne vas pas me dire que mon apparence t'a mis sur la piste... »

Était-ce là ce qu'il attendait ? Elle lui avait livré de tout et de rien, des éléments plus ou moins importants. Quelques bribes de détails dont certaines pourraient être intéressantes, d'autres moins. En revanche, tous constituaient la personne que la jeune femme était réellement. Aucun mensonge, aucun paraître. Tout était vrai. A défaut d'une histoire bien ficelée, elle lui avait livré des anecdotes, des petits bouts d'elle-même, lui permettant d'ajouter des pièces à l'immense puzzle en plusieurs couches qui formait sa personnalité globale.

« Est-ce que… Comment tu...Hmm… Que penses-tu de ce que ma mère t’as écrit ?
-Dois-je être honnête ? »

Il ne te demande que ça Cass'... La jeune femme soupira et se leva doucement, en prenant soin de ne pas s'emmêler les pieds dans le peignoir qui était si grand pour elle qu'elle marchait totalement dessus. Songeuse, elle déambula quelques minutes dans la pièce, cherchant les bons mots pour ne pas le blesser.

« Je pense qu'elle pense pour toi. Qu'elle cherche à tout maîtriser dans ta vie. Par certains aspects, elle me rappelle mon père... Elle tente de faire passer ses demandes pour de la protection maternelle en invoquant des arguments douceâtres, mais qui selon moi après je peux me tromper, ne sont que des arguments de façade et de paraître. Elle ne protège qu'elle-même et sa réputation. Quant aux liaisons qu'elle te prête, je n'y fais pas attention car je hais que les gens me donnent une idée toute faite – qui plus est aussi négative - d'une personne.  Je pense qu'elle a cherché à me contrôler, à me dicter quoi faire, et rien que pour cette raison... J'ai cessé de l'écouter et j'ai même eu l'envie de faire le contraire.  »

Enfin, Cassidy se tourna vers Octavius, lui faisant face.

« En tant que parfaite sang-pure de bonne famille, je lui ai répondu, et je ne pense pas qu'elle aura apprécié, mais au fond de moi... J'avais juste envie de brûler sa lettre et de ne lui donner aucune réponse. »

Lentement, elle fit quelques pas supplémentaires dans la pièce, avant de retourner une nouvelle fois vers lui, les sourcils froncés.

« Dis-moi... Est-ce courant en Angleterre de faire amener le courrier par un paon ? »  
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 25 Jan 2017 - 2:10

Parlé. Elle avait parlé longuement, révélant des détails sur elle, sa personnalité, ses goûts ou encore sa façon de fonctionner. La brèche s'était faite à son insu certes, mais désormais, c'était bel et bien elle qui décidait de sa profondeur. Il l'avait créée, et voilà qu'elle prenait le relais, l'amenant avec elle au sein de son univers singulier. Elle choisissait ce qu'elle désirait lui faire découvrir d'elle-même. Les mots s'écoulaient de ses lèvres maquillées, mais pourtant, la jeune femme ne ressentait aucune pression. Certes, le début avait été difficile, très difficile. Faire éclore les premiers sons, faire naître les premiers mots avait été très éprouvant et anxiogène pour elle, mais désormais, le plus dur était fait et les phrases s'écoulaient à l'intention de cet homme si fascinant qu'était Octavius Holbrey. D'un temps à l'autre, ses iris clairs revenaient se poser sur lui, comme pour s'assurer qu'il était toujours là, bien présent. Ces mots... tellement banaux pour certains. Tellement profonds pour d'autres. Tous avaient leur importance et leur portée était elle, belle et bien unique. Ces révélations étaient pour lui. Rien que pour lui. Cette fois, et pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, la jeune femme lui donnait accès volontairement à ce pan d'elle-même. Certes, il lui en avait fait la demande, mais alors que quelques instants plus tôt, Cassidy l'aurait envoyé se faire brûler vif en Enfer, elle avait maintenant fait le choix de lui ouvrir les portes de son âme, et l'avait invité à entrer dans son intimité gardée secrète pendant tant d'années. Voici le salon, la cheminée... A votre droite se trouve la salle à manger et la chambre, en haut du pallier... Bienvenue chez moi.

Il était là, près d'elle, suspendu à ses lèvres, son regard de jade scintillant de mille feux, son sourire énigmatique ornant les ses lèvres. Néanmoins, pour la première fois, la sorcière ne chercha pas à lui donner un quelconque sens, ni à l'interpréter à outrance. Octavius était là. Il était resté là, à sa demande, et ce malgré tout ce qu'elle lui avait fait endurer. C'était tout ce qui comptait. Légèrement, au fur et à mesure de ses paroles, les fines épaules de la Rowle se détendirent tandis qu'elle prenait doucement conscience qu'elle ne courrait aucun danger en sa présence. Il n'était pas son ennemi, il n'y avait pas besoin de marcher sur des œufs devant lui. Il lui semblait qu'il lui était désormais possible d'être enfin elle-même. Penser ce qu'elle pensait. Dire ce qu'elle pensait. Faire ce qu'elle désirait. Quelque chose était bel et bien en train de se briser en elle, une chose qu'elle avait mis en place depuis tellement longtemps. Quelque chose qui était là constamment. Le filtre se mourrait, la barrière s'affaissait progressivement, elle commençait à le sentir. Imperceptiblement, ses mains tremblèrent et elle resserra ses doigts fins autour du col du peignoir qu'il avait déposé autour de ses épaules. La peur restait là malgré tout. Comme une habitude imprégnée dans tous les pores de notre peau. Elle était là, handicapant le moindre geste, paralysant la moindre pensée susceptible de la mettre en danger dans sa vie quotidienne. Une sorte de conditionnement développé avec les années. Pourtant, en cet instant, Cassidy luttait contre ce dernier ; la peur était injustifiée. Il était là. Pour elle. Non par obligation, non parce que son père lui en avait fait la demande. Il était là, à l'écouter avec ce sourire aux lèvres, parce qu'il le souhaitait et parce qu'elle l'y avait implicitement autorisé. Était-il conscient qu'un tournant décisif était en train de se produire ? Il était difficile de le savoir. Peu importe, peut-être lui faudrait-il du temps pour s'en rendre réellement compte, mais c'était bel et bien d'infimes petits changements tant dans le comportement non verbal, que dans les mots de la jeune femme, qui venaient témoigner d'un changement certain en train d'opérer. Elle parlait. Réellement. Naturellement. Sans chercher à contrôler ce qui naissait dans son esprit et sortait de sa bouche. La censure n'était pas active. Fluides, les idées s’enchaînaient sans relâche, venant témoigner d'un relâchement certain - en dépit de la peur qu'elle tentait de maîtriser de son mieux - et plus qu'évident aux yeux de quiconque savait observer, ou plutôt aux oreilles de celui sachant écouter.

Rogue. Ce dernier était venu se glisser dans le fil de ses pensées et son nom avait franchi la barrière de ses lèvres. Aucun filtre, autrement, l'apprentie aurait prêté attention à éviter le sujet en sachant ce que le directeur avait infligé au bibliothécaire par sa faute, à elle. Merlin... Il avait tant subi. Comme certains avant lui. Comme Owen, à sa façon. Néanmoins, quelque chose était différent cette fois. Lorsqu'elle y pensait, la jeune femme sentait son estomac se nouer et sa gorge se serrer. De nouveau, ses iris revinrent se poser sur lui tandis qu'elle l'observait au travers d'un rideau d'épais cils noirs. Elle déglutit difficilement en le voyant lutter, comme aux prises de souvenirs dont il désirait oublier l'existence. Il avait subi, pour elle et à cause d'elle. Un instant, elle cru qu'il allait s'éloigner, mais seule la tête eut un mouvement de recul tandis que ses narines furent parcourues d'un frémissement significatif. Les doigts de la sang-pure se crispèrent davantage tandis que les paupières frémissantes de l'homme se fermaient malgré lui dans un mouvement instinctif de protection. Une décharge électrique partit de la pulpe des doigts de Cassidy, se propageant violemment dans tout son corps - sujet à un nouveau tremblement. Un instant, l'espace de quelques millisecondes, un mouvement de main en direction du sorcier s'esquissa mais fut automatiquement réprimé. Étouffé dans l’œuf, il n'eut pas la chance de naître. Si l'intention avait été là, cette dernière n'avait pas eu le temps d'être menée à terme. Impuissante, elle se contenta de l'observer se décomposer légèrement mais sûrement l'espace de quelques instants. Finalement, un sourire revint soulever le coin de ses lèvres carmin, comme si l'instant de trouble n'avait jamais existé. Il pardonnait, une fois de plus. Un léger souffle vint se perdre entre eux, franchissant la barrière de ses lèvres. De Rogue, elle passa aux potions, et des potions aux voyages, à l'apprentissage et au dépassement de soi. L'évocation rapide de la cicatrice ornant son omoplate gauche sembla le contrarier outre mesure, ce qui la fit doucement sourire. Merlin, il semblait y accorder tellement d'importance par rapport à la considération qu'elle daignait porter à cette dernière et au contexte de son acquisition. Une cicatrice physique, ornant sa peau pâle d'une marque irrégulière, se teintant encore à ce jour d'une couleur violacée lorsque le froid venait la transpercer. Cassidy avait toujours eu la peau pâle, fine et extrêmement sensible et réactive. Toutefois, en dépit de sa taille pouvant être jugée par certains d'impressionnante - surtout pour une marque faite par une arme blanche, elle ne parvenait à entraîner aucune considération de la part de la jeune femme qui n'en avait absolument rien à faire. Dénuée d'affects, elle ne signifiait absolument rien pour elle et la sorcière l'avait rapidement acceptée comme faisant partie d'elle-même. Aucune douleur morale ne venait s'y ajouter à l'instar de multiples cicatrices bien plus profondes et douloureuses encore aujourd'hui. Néanmoins, ces cicatrices avaient la particularité d'être mentales, et non visibles.

Finalement, le bibliothécaire dévia le sujet, l'amenant sur un point qui semblait lui tenir particulièrement à cœur ; sa mère, et la lettre que cette dernière lui avait écrite. Ne le blesse pas Cass', fais attention à tes paroles. Cette fois, la jeune femme se brida de nouveau, mais ce n'était pas tant dans une visée d'autoprotection que par pure considération envers lui. Le faire souffrir... Paradoxalement, en dépit des apparences - qui s'avéraient finalement bien trompeuses, la jeune femme s'étonnait de se retrouver mal à l'aise face à cette idée venant la placer dans une position de bourreau de glace qui, en soi, ne la dérangeait guère habituellement. Néanmoins, plus elle prenait conscience de tout ce qu'elle lui avait fait endurer, plus il lui semblait aberrant qu'il soit parvenu à faire preuve d'une telle patience envers elle, et plus un semblant de culpabilité grossissait en son sein, venant réduire à néant toutes ses certitudes. Etre dure, être froide. Des conditions de survie essentielles - pour ne pas dire existentielles, pour elle. Dans ses rapports, Cassidy avait toujours été ainsi, encore davantage avec les hommes qu'elle s'était toujours évertuée à repousser avec ardeur, tel un animal sauvage refusant de se laisser domestiquer. Blesser Owen ne l'avait jamais réellement dérangée tant il lui avait été habituel de se retrouver accusée de faire du mal autour d'elle. Trop froide, trop dure. Égoïste. Sans cœur. Impitoyable. Cruelle. Que de qualificatifs divers et variés lui ayant été attribués à maintes reprises, et ce plus ou moins à juste titre. Effectivement, Cassidy blessait, mais si l'on prenait le temps de creuser - comme l'avait fait le bibliothécaire, l'on finissait par se rendre compte qu'il ne s'agissait pas là de pure méchanceté gratuite, mais plutôt d'un bouclier puissant dressé en rempart visant à se prémunir de tout ce qui était susceptible de la faire vaciller. Néanmoins, cette fois les choses étaient différentes, sans qu'elle ne parvienne à mettre de mot dessus. Elle avait tenu à le blesser pour le tenir éloigné, en dépit de ses efforts, son plan avait échoué. Tenace, il était resté près d'elle, s'insinuant progressivement dans sa vie et ses pensées. Il y avait semé le trouble et sa personnalité avait constitué un point d'ancrage majeur en son âme.

Sous ses yeux vert d'eau, il se releva, se saisissant du couvre-lit d'un rouge pourpre, aussi rouge que pouvait l'être le sang. D'abord hésitant, il se dirigea lentement vers la sorcière qui s'était arrêtée, le contemplant d'un air incertain. Que faisait-il exactement ? Figée dans le sol, Cassidy hésitait sur la marche à suivre. Reculer, ne pas reculer ? Hésitante, la sorcière semblait prise entre deux espaces temps. Que faire, que dire ? Comment réagir ? Que s'apprêtait-il à faire avec cette couverture épaisse ? Arrête de penser Cass', pour une fois. Il ne te veut aucun mal. Fermant les paupières, la sorcière s'efforça de respirer convenablement. Ses pensées s'embrouillaient. Les yeux fermés, plongée dans le noir, elle le sentit se glisser doucement dans son dos, son odeur masculine et les vibrations de la pièce lui permettant de le localiser. Un frisson, encore. Il était là, juste derrière elle. Son souffle tiède vint se perdre dans sa nuque dégagée aux reflets de nacre. Il s'était encore rapproché. Un peu plus. Doucement, des bras puissants vinrent s'enrouler délicatement autour de ses épaules, ramenant par la même occasion les extrémités de la couverture devant elle. Malgré l'infinie douceur de ce geste si précautionneux, le corps de la jeune femme commença par réagir de manière instinctive en se raidissant imperceptiblement. Un nouveau tremblement la parcourut, venant hérisser tous les poils translucides de son corps... Qu'était-elle en train de faire ? Quel tournant était-elle en train de prendre à agir ainsi ? N'était-ce pas égoïste justement de le mettre ainsi en danger ? Arrête Cass'... Mais je veux juste... Vis, bordel ! Vivre, et non se contenter de survivre. Cette nuance pourtant fondamentale lui revint brutalement à la conscience et lui fit soudainement ouvrir les yeux.

Cassidy s'éveilla, enfin. Les papillons noirs lui brouillant la vue et les sens se dissipèrent brusquement tandis que le voile noir qui obscurcissait ses pensées se déchirait en un craquement caractéristique, fendu par une vérité trop souvent niée. Vivre, avant qu'il ne soit trop tard. Pourquoi était-elle incapable de profiter des rares opportunités de bonheur que la vie lui proposait ? Pourquoi était-ce si difficile pour elle d'être en mesure de reconnaître que quelque chose la touchait ? Tant de défenses... Par Merlin. Elle étouffait. Comment parvenait-elle ne serait-ce qu'à respirer ? Se concentrer, il lui fallait se concentrer sur lui, sur ces bras qui l'enveloppaient d'une étreinte à la fois d'une douceur infinie, mais aussi d'une puissance indicible. Il ne la lâcherait pas, il le lui avait déjà affirmé et désormais, en le sentant enroulé autour d'elle comme il l'était à présent, elle en était presque convaincue. Il était là. Il serait là. Il lui en avait fait la promesse. Un soupir s'échappa de ses lèvres closes, venant relâcher ses muscles bandés par pur réflexe. Il ne lui voulait aucun mal, elle n'était pas une mission à exécuter, ni une cible à surveiller. Un souffle vint soulever une petite mèche de cheveux au dessus de son oreille droite dont le lobe était orné d'une perle de nacre blanche. Du coin de l’œil, la jeune femme le devina, le visage penché sur elle, les poils de sa barbe de quelques jours venant frôler la peau si sensible de sa nuque dont les petites pousses de cheveux blonds se hérissèrent à cette infime caresse. Immobile, elle resta là, abandonnée entre ses bras qui retenaient la couverture pour elle. Incapable de s'en saisir, relâchée entre ses bras, elle découvrait enfin le contact rassurant de son torse au travers de la couverture épaisse qui les séparaient. Petite. Entre ses bras, elle était encore plus petite que d'habitude, renforçant cet aspect de fragilité qu'il lui arrivait de dégager, et ce bien malgré elle. Un coup sec, et il pouvait facilement la briser, ce qu'il ne ferait jamais. Doucement, Cassidy se détendit entre ses bras tandis qu'un léger sourire naissait aux commissures de ses lèvres pourpres. Elle l'entendait respirer. Lui, le vivant. Lui, si exalté. Ah si seulement pouvait-il être en mesure de lui transmettre ne serait-ce qu'une infime partie de cette vitalité qu'elle lui enviait au fond d'elle-même. Toutefois, la respiration d'Octavius n'était guère paisible mais davantage saccadée et irrégulière, en proie à une agitation peu commune. La Rowle fronça les sourcils et tourna légèrement la tête vers le visage du sorcier, croisant un bref instant le regard émeraude de ce dernier. Était-ce à cause d'elle ? Un vent tiède vint de nouveau soulever délicatement quelques mèches de cheveux dorés, se perdant dans le creux de son oreille.

« Je n’ai entendu qu’un accent très vague tout à l’heure… dois-je en déduire que tu n’as pas totalement perdu le contrôle de toi-même ? J’en serai déçu… un peu effrayé, mais déçu.
- Tu n'entendras jamais plus que ce dont tu as été témoin. Cet accent, très vague, est bel et bien celui qui ressort lorsque je perds tout contrôle, ce qui... n'arrive jamais... habituellement. »

Paroles et paroles. Les phrases s’enchaînèrent à leur tour, s'écoulant de la bouche du bibliothécaire. A son tour, il lui dévoilait son histoire ; des bouts de son histoire. Un échange honnête, une construction réciproque. Une histoire pour une histoire. Une vie, pour une vie. Enfin, des morceaux de vie plus exactement.

« [...] Oh, ça va t’intéresser ça : mon grand-père m’appelait Octavian. Il n’aimait pas la sonorité d’Octavius. Alors, plus tentée par quoi maintenant ? »

Les yeux se fermèrent doucement tandis qu'une douce chaleur l'enveloppait, arrachant à son corps un nouveau tremblement. Malgré elle, ses épaules tressaillirent sous l'épaisse couche de vêtement la recouvrant, si bien qu'il fallait être extrêmement attentif et connecté au corps de la jeune femme pour parvenir à le distinguer. Les émotions arrivaient, menaçaient de déborder. S'il était encore trop tôt pour qu'elle puisse parvenir à les reconnaître comme étant siennes et pour les accepter, les mots franchirent ses lèvres. Spontanés. Vivants.

« Ta présence. »

Infernale vérité, terriblement infâme à admettre. Les mots lui brûlèrent les lèvres, venant enflammer ces dernières, les laissant rougies sous la couleur pourpre du rouge à lèvres. Peu importait son prénom. Octavian, Octavius... Elle voulait de celui qu'elle avait rencontré dans la bibliothèque et qui s'était présenté ainsi face à l'inspecteur. Elle voulait de cet homme qui l'avait agacée, torturée, poussée à s'effondrer. Celui qu'elle avait blessé, frappé, humilié, et qui malgré tout était resté. Elle voulait le tenace, le coriace, l'insupportable et insaisissable sorcier. Il l'intriguait, lui tout entier, avec ses qualités et ses défauts. Ce n'était pas un prénom qu'elle souhaitait avoir auprès d'elle, mais une personne. Toutefois elle ne parvenait guère à se résoudre à l'appeler " Octave ". Non, rien à faire. Avoir à changer de prénom pour se défaire d'une emprise néfaste ne lui semblait guère juste. Il fallait qu'il parvienne à se le réapproprier, à le faire sien et à lui donner le sens qu'il voulait lui donner au plus profond de lui-même. Peut-être même pourrait-elle l'y aider, un jour, qui sait ? Enfin, pour le moment la Rowle était incapable de se projeter dans le futur, le présent lui étant déjà bien assez compliqué à gérer, surtout après ces deux mots ayant franchi le seuil de ses lèvres. Merlin... Ses joues ne s'étaient heureusement pas colorées, mais son cœur quant à lui, avait raté un mouvement tandis que des frémissements caractéristiques étaient venus bouleverser son estomac. Nerveusement, l'émail blanc de ses dents vint trouver la peau tendre de sa lèvre inférieure, et elle se tut, sans se rendre compte que lui s'était penché encore davantage par dessus son épaule droite, de manière à ne rien manquer de ses potentielles mimiques.

« [...] Quand je m’ennuie ou que je stresse, j’ai tendance à détruire les objets qui m’entourent. Je déchire du papier, j’essaye d’arracher le bois des meubles, ou d’y faire des trous, je casse mes plumes simplement en les triturant. Une fois j’attendais dans le bureau d’un type qui avait du retard et comme j’étais tout jeune, j’angoissais pas mal. J’ai fini par peler une statuette de dauphin qui était recouverte d’une espèce de couche de daim, ou je ne sais pas quoi… Quant à mes cicatrices, il faudrait la nuit pour les raconter, tellement j’en ai. Mais aucune n’a vraiment d’importance comme la tienne. »

Et les fils de l'histoire se tissaient entre eux, lui permettant de mieux cerner le curieux personnage qu'était Octavius Holbrey. Un conte pour adultes, loin des féeries enfantines et ridicules, ce qui n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Sans un mot, l'apprentie potionniste écoutait silencieusement ce qu'il acceptait de lui confier, à elle qui l'avait tant rejeté et qui avait tout fait pour le blesser. Le rejet. La jeune femme savait pertinemment combien ce dernier pouvait blesser et laisser sa trace chez quelqu'un et ce pendant longtemps, d'autant plus lorsqu'il était répété, sous maintes et maintes formes et pourtant... Elle n'avait fait que cela depuis le premier jour de leur rencontre. Rejet sur rejet, il avait tout surmonté. Comment avait-il fait ? Comment avait-il tenu ? Comment pouvait-il ne pas lui en vouloir ? Une sensation physique d'oppression envahissait progressivement la poitrine de la sorcière, venant mettre à mal le rythme de sa respiration qu'elle était pourtant parvenu à conserver plus ou moins calme. Agitée. Parasitée par la sensation d'être confinée, presque suffocante, Cassidy tenta de reprendre le contrôle sur elle-même, en vain. Les pensées l'assaillaient de plus belle. Des rejets. Encore et toujours des rejets. Dans la bibliothèque, aux Trois-Balais, dans le jardin aux roses. Même son mauvais tour pouvait s'y apparenter. Et ce soir, un nouveau rejet... Avant l’accalmie qui semblait s'être installée désormais. Malgré les multiples rejets et cruautés dont elle l'avait assailli, il avait su rester ouvert et désormais, il en récoltait les premiers fruits.

« Cette cicatrice n'a absolument aucune importance à mes yeux, je te le jure. Mon oncle est un impulsif qui ne sait pas se contrôler. Il n'y a rien de plus à en dire, rien à en tirer. Si mon corps a été atteint, il ne s'agit que de l'enveloppe extérieure. Cette blessure est ancienne et n'a eu aucun réel impact sur moi. »

Les mots avaient été murmurés. Lentement, elle perçu un nouveau rapprochement du brun et tourna doucement son visage dans sa direction, lui permettant ainsi de la voir de trois quarts tout en croisant son regard tourmaline. Il semblait soucieux. Alors qu'il ouvrait la bouche pour se libérer de ce qui paraissait le contrarier, un serrement compulsif l'amena au plus proche de son torse, comme si l'épaisse couverture qui les séparaient n'avait jamais existé. Les mots furent absents mais étrangement, l'étudiante fut capable de percevoir quelque chose de différent... Quelque chose qu'elle ne parvenait pas à identifier clairement de manière précise mais, dans ce geste, Octavius lui communiquait une partie de lui-même qu'elle n'avait jamais encore perçu. Une partie profonde. Une peine, mêlée à de la tendresse. Impossible pour la jeune femme de parvenir à mettre les mots sur ce qu'elle percevait, mais il lui semblait bel et bien qu'il s'agissait là de quelque chose de puissant et d'intense. L'étreinte avait quelque chose d'urgent, de profondément fusionnel, comme s'il désirait l'inscrire au cœur même de sa propre peau. Il la maintenait contre lui, contre son cœur, comme s'il ne craignait un nouveau rejet, ou qu'elle ne se désintègre entre ses doigts.

« Tu as raison pour ma mère. Cette mère qui n’a de mère que le nom. J’exagère. Tu sais, je continue à l’aimer d’une certaine manière. [...] Encore aujourd’hui, quand je m’éloigne, je culpabilise. C’est stupide. Elle ne m’aime pas. Comme tu dis si bien, elle se protège elle-même, et vu qu’il est trop tard de nier qu’elle a un fils, elle fait avec, je pense. [...] C’était ça ma question en fait. Est-ce que tu crois en ce qu’elle a écrit à mon sujet ? Est-ce que tu penses que sa description est juste ? Je ne t’en voudrais pas de penser ça, ce serait logique en fait. Ce qu’elle a écrit était partiellement vrai. Tu le sauras de toute manière un jour tout ça. Quand j’avais ton âge… Bon sang, je viens vraiment de le dire… Bref, quand j’avais ton âge, je n’étais pas très bien, je faisais n’importe quoi, j’avais un comportement désordonné et beaucoup trop insouciant. C’est de cette époque que ma mère, entre autres, tire la plupart de ses accusations en général. J’ai effectivement eu plein de liaisons, dont je ne me souviens même pas pour la plupart. J’ai pas mal picolé. J’ai quasiment fait tout ce qu’on pouvait faire en fait. Ahlala… je voulais savoir si tu y croyais et me voilà en train de confirmer les dires. Je ne suis vraiment pas malin parfois. C’est mon côté désabusé qui parle… Tu as toujours autant envie de faire le contraire après tout ce que je viens de te dire ? »

Ces mots furent les bons. Inconsciemment, le sorcier avait su viser parfaitement juste pour toucher l'âme et le cœur de la jeune femme dont les battements retentirent encore plus fort jusque dans la pulpe de ses doigts fins. Un verrou sauta, puis un autre. Délicatement, les mains de la jeune femme se desserrent autour du col du peignoir d'un blanc immaculé qui lui recouvrait maladroitement les épaules dénudées. Doucement, les longs doigts féminins se frayèrent un chemin sinueux jusqu'aux mains crispées du bibliothécaire et virent se poser avec légèreté sur ces dernières, ne les recouvrant que partiellement tant la différence de taille était importante. Contact volontaire qui se voulait rassurant. Peau contre peau.

« Encore davantage qu'avant. »

Un souffle. Lentement, Cassidy baissa les yeux vers leurs mains respectives qui reposaient sur ses propres épaules, et doucement - avec une douceur qui lui était étrangère, desserra les doigts masculins refermés sur l'épais tissu rouge. Ce dernier finit alors par glisser lentement le long de ses épaules puisqu'elle avait fait le choix de ne pas le retenir, entraînant dans sa chute, le peignoir blanc. Ceci fait, elle relâcha les mains du bibliothécaire, et se retourna de manière à lui faire face. De nouveau, son regard clair rencontra celui de cet homme qui sans le savoir, venait de prononcer exactement les bons mots, ceux qui allaient lui permettre peu à peu de progresser à ses côtés.

« Cet homme décrit par ta mère, est décrit par elle. Même si tu te reconnais dans ce qu'elle a pu écrire, elle n'a reflété que tes défauts qu'elle a pris grand soin à recenser avec minutie, peut-être effectivement pour te diminuer à mes yeux. Elle ne m'a montré que les côtés négatifs, qui plus est, les côtés appartenant davantage au passé d'après ce que j'ai pu comprendre. Quelque chose t'a poussé à changer, à marquer un tournant dans ta vie... Jane, peut-être bien. Pourtant, ta mère n'en a pas tenu compte et a cherché à me pousser à ne voir que ces mauvaises parties de toi. L'homme infidèle, vicieux, cruel et sans pitié, mais... Qui suis-je pour te juger là-dessus, dis-moi ? Crois-tu que je sois meilleure ? Je blesse, je suis froide, cruelle, égoïste... J'ai torturé, je ne fais que mentir aux gens et les manipuler. Quand bien même il s'agit de me protéger. Si je crois en ce qu'elle a dit ? Oui, et non. Je pense qu'il y a, ou plutôt qu'il y a eu du vrai, parce qu'en plus tu viens de me le confirmer, mais je pense aussi qu'il y a eu de l'amplification ou en tout cas qu'elle n'a pas correctement ajusté la balance en te décrivant, prenant soin de ne mentionner que ce qu'elle jugeait détestable en toi. Elle n'est pas objective, elle est intéressée. L'intérêt n'a rien d'impartial. »

Elle le regardait, lui. Ce n'était pas le bibliothécaire, ni l'ex-consultant, ni même le sorcier. Ce n'était pas l'adversaire habile et infernale à qui elle avait mené la vie dure et qui le lui avait bien rendu. Elle le regardait, lui. Octavius. L'homme. Ses yeux turquoises plongés dans les siens, étaient d'une intensité rare, entourés par un rideau de longs cils aussi noirs que l'était la nuit qui était désormais entièrement tombée. Sa voix était claire et les mots prononcés distinctement ne laissaient planer aucun doute quant à leur pleine sincérité et leur parfaite authenticité. Aucun cinéma, aucun non-dit. La sorcière lui livrait une fois de plus le fond de sa pensée, quitte à faire fausse route.

« Je ne pense pas sa description juste, non. Et quand bien même elle le fut un temps, elle était très certainement grandement incomplète. De plus... ce qu'elle ignore c'est que je sais qu'un enfant devient ce qu'il devient par rapport à ce qui se construit au travers de la relation entretenue avec ses parents. Si tu es devenu ainsi à une certaine époque, avant de la rencontrer, Jane, ce n'est pas par hasard ou à cause de la génétique. Tu as une histoire, tu fais partie d'une histoire, et c'est exactement ce qu'elle a volontairement oublié de me mentionner. Elle ne m'a présenté que le résultat final qui lui déplaisait grandement, et non la construction de ce résultat. Quant à moi... Si je n'avais pas eu ma mère à mes côtés pour m'offrir cette ouverture d'esprit, aux antipodes des Rowle, je ne serais certainement pas celle que je suis devenue aujourd'hui. »

Il était dos à la cheminée dans laquelle dansaient les flammes aux éclats orangés. Les reflets de ces dernières venaient se noyer dans les cheveux bruns du sorcier, leur prêtant quelques reflets auburn par endroits. L'éclat de ses iris émeraude scintillait de plus belle, ravivé par les braises encore brûlantes. Sur sa joue droite, une légère trace attira l'attention de la blonde qui fronça légèrement les sourcils tout en inclinant subtilement la courbe de son cou pâle. Une marque - légère, certes, mais une marque tout de même. La sienne. Il lui était possible de distinguer, lorsqu'il y prêtait une grande attention, les traces de quelques uns de ses doigts, signe venant témoigner de sa précédente violence. Se mordant la lèvre, Cassidy esquissa un mouvement de recul avant de se ressaisir. Pas de nouveau rejet, non. Il lui fallait apprendre à dépasser cette phase, même lorsque la situation était compliquée à assumer pour elle, comme maintenant. Doucement, la jeune femme se rapprocha de nouveau d'Octavius, et - dans un mouvement quelque peu hésitant et tremblotant - leva la main vers le visage précédemment agressé. Incertains, les doigts féminins se rapprochèrent de la joue abîmée, tandis qu'elle-même se mordait la lèvre, consciente d'être responsable de cet acte. Arrivés à quelques millimètres du visage, ils s'arrêtèrent, hésitants, n'osant pas franchir le seuil de cette intimité si violemment violée précédemment. Doucement, les ongles nacrés se recroquevillèrent sur la paume dans un mouvement compulsif.

« Je... »

La bouche sèche, la jeune femme humecta ses lèvres et déglutit difficilement, avant de parvenir à déplier de nouveau les doigts pour les rapprocher de nouveau de la joue du sorcier. Délicatement, la pulpe de ces derniers vint frôler la peau tendre, parsemée de poils par endroits, aussi légèrement qu'une aile de papillon, ou que la caresse d'une brise tiède.

« Je n'aurais pas du. »
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptySam 28 Jan 2017 - 20:18

Elle parlait enfin, lui délivrant ce qu'elle avait dans son esprit. Ses pensées à son égard, celles envers sa mère. Tout avait été exprimé d'une façon parfaitement honnête et sincère. Elle avait été elle-même jusqu'au bout, tout en prenant une certaine précaution en abordant le sujet de Vivienne Holbrey, afin de ne pas le blesser. Trouver les bons mots, tout en restant sincère puisqu'il s'agissait là du souhait qu'il avait émis à son égard. Elle s'était ouverte, les mots trahissant sans vergogne des pensées dont elle n'avait même pas eu le temps de prendre conscience. Elle avait besoin de lui, de sa présence à ses côtés. Si elle avait envie de faire le contraire de ce que lui ordonnait Mère Holbrey de manière à peine déguisée derrière des fioritures ? Absolument, et encore davantage maintenant qu'il avait fait le choix de lui révéler tant à son sujet. Une ouverture pour une ouverture. En parfait gentleman, il avait rétabli l'équilibre entre eux, et elle avait pensé que ces mots qu'elle lui avait destiné l'auraient quelque peu rassuré, ou tout du moins auraient allumé un éclat caractéristique dans l'iris de ses yeux pourtant, il n'en fut rien. L'avait-elle blessé une fois de plus dans ses propos concernant sa mère ? Il l'aimait encore, malgré tout ce qu'elle lui avait fait endurer alors qu'il n'était qu'un petit garçon... Peut-être y avait-elle été trop durement ? Après tout, ce n'était pas comme si on l'avait souvent qualifiée de douce et de délicate. Les yeux dans les siens, la jeune femme restait silencieuse, attendant le verdict avec une certaine appréhension. Allait-il finalement la rejeter comme elle l'avait fait tant de fois bien avant lui ? Ses yeux étaient froids, dépourvus de la moindre étincelle pourtant si caractéristique de son regard de jade. Son expression était indéchiffrable, lui donnant un aspect quasiment inerte, ponctuée - lors de quelques trouées - d'un semblant de méfiance. Avait-il réellement pâli ? La sorcière fronça imperceptiblement les sourcils. Qu'avait-elle fait ? Qu'avait-elle dit ? Elle n'avait fait que répondre à son souhait et avait pris le temps de répondre à chacune de ses questions le plus honnêtement du monde, lui donnant à voir ce qu'elle était réellement. Qui elle était réellement. Une femme, avec ses forces et ses faiblesses. Une femme avec ses qualités, mais aussi ses défauts. Peut-être... En finalité peut-être que ce qu'il avait cru apercevoir subrepticement avait été idéalisé dans un fantasme forgé par son imaginaire sans limites ? La confrontation avec la réalité avait-elle été trop dure ? Les mains de la sorcière tremblèrent, entrant en raisonnance avec les soubresauts silencieux qui secouaient maintenant celles du bibliothécaire. Elle s'était enfin ouverte avec une certaine appréhension - il faut le dire - voulant croire en ses mots, souhaitant réellement qu'il puisse apprécier ce que son père haïssait tant en elle. Elle avait espéré, au fond. L'espoir. Par Merlin, elle avait vraiment été capable d'espérer à nouveau. Cassidy releva de nouveau les yeux vers le visage du sorcier. Tu m'as fait espérer, moi qui pensait en être incapable. En sa présence, elle apprenait tellement de choses sur elle-même, c'en était à la fois dérangeant et impressionnant. Il la dévisageait maintenant, le regard étrangement hautain, presque dédaigneux, venant de nouveau creuser le fossé qui les avait tant séparés et dont elle avait eu tant de mal à colmater les brèches afin de constituer un pont entre eux. Crac, crrrrrac... Les planches de bois fragiles qu'elle avait pris soin de fixer pliaient de nouveau sous le poids d'un regard jugeant, bien trop dur à supporter.

« Peu importe, ce n’est pas parce qu’on ne possède pas les qualités morales nécessaires qu’on ne peut pas être bon juge et que notre conseil n’aurait aucune valeur. Il n’est pas nécessaire d’être un bon artiste pour savoir critique de l’art, tout comme il n’est pas nécessaire d’être pieux pour savoir répandre la mansuétude autour de soi.
- Je me refuse à fonctionner ainsi. J'ai des défauts, beaucoup de défauts plus ou moins assumés, et cela m'invite à une certaine tolérance vis-à-vis de ceux des autres, même... même si je ne le montre pas habituellement. »

C'était son choix, sa manière de fonctionner. Il ne pouvait pas le lui reprocher. La jeune femme l'ignorait mais cette façon de considérer les choses du monde ; faits comme personnes, était l'un aspects la différenciant totalement de Vivienne Holbrey. Octavius ne retrouverait pas en elle cette façon de fonctionner dont il semblait être encore totalement imprégné aujourd'hui.

« L'humilité est une chose très importante pour moi. »

Il lui avait parlé rapidement, accouchant de ces mots qu'elle se refusait à cautionner, au travers d'une certaine brusquerie qu'elle ne lui avait connue qu'à un seul moment dans le jardin aux pivoines ; lorsqu'elle s'était avancée à le menacer, ce qui n'était guère le cas en la présente situation. Sans céder, Cassidy continua à soutenir le regard dur du bibliothécaire qui semblait comme la mettre à l'épreuve en la poussant dans ses retranchements, alors qu'elle faisait son possible pour lui faire comprendre qu'elle ne le jugerait pas comme sa mère avait eu l'habitude de le faire alors qu'elle n'en avait, selon la jeune femme, pas l'habilitation. En tout cas pas pour le faire comme elle l'avait fait, sans la moindre souplesse, sans le moindre équilibre, agissant telle une vieille balance déréglée et rendue bancale avec les années et l'oxydation. Sous le regard froid du sorcier, Cassidy luttait pour ne pas reculer et défendre ses opinions. Pourquoi cherchait-il à la mettre en difficulté alors qu'elle, d'une certaine façon, le défendait ? Mais attention, la défense n'était pas à relier avec une perte de lucidité, non. La défense avait sa place dans les jugements tribunaux et si elle avait pour qualité d'amener une part de souplesse, elle n' était pas pour autant dépourvue de réalisme. Il ne s'agissait pas de lui trouver des excuses outre mesure et de perdre toute objectivité. C'était même le contraire en réalité. Il s'agissait de replacer les choses dans leur contexte afin d' avoir une vue globale et unifiée de la réalité. Un bout de puzzle ne fonctionnait qu'en allant dans un ensemble, et pas autrement. Pouvait-on comprendre le sens et le fonctionnement du chiffre 4 sans le replacer dans sa réalité ? 2+2=4, 3+1=4, 1+1+1+1=4. Le résultat, seul, était incompréhensible. Pourquoi n'était-il pas heureux de savoir qu'elle ne le jugeait pas avec froideur et rejet, en prenant le temps de le comprendre entièrement, avec son histoire ? Peut-être parce que lui-même n'était pas totalement à l'aise et objectif lorsqu'il s'agissait de reconnaître les tords de sa mère, prisonnier du principe de loyauté et d'amour infantile inconditionnel. Ses lèvres pincées lui donnèrent des frissons. Que recherchait-il ? Lorsqu'elle le rejetait, il n'était pas satisfait et lorsqu'elle l'acceptait avec ses défauts, il cherchait à la contrer alors qu'elle n'avait absolument aucune mauvaise intention. Elle ne cherchait pas à le tromper, à le duper, à le rouler dans la farine, rien. Et pourtant, lui se blâmait et tentait de la déstabiliser.

« Non c’est sûr, mais nous créons nous-mêmes nos hasards, la vie nous apporte des épreuves, mais nous seuls décidons de la manière qu’elles afflueront sur nous. Nous pouvons décider de surmonter les évènements, de les laisser nous changer ou pas, ou qu’ils nous emportent dans les profondeurs… »

Il était buté. Diablement buté. Encore une fois il se trompait.

« Pour le coup, tu es trop pragmatique Octavius... Bien sûr que d'une certaine façon nous décidons de notre manière d'agir, mais ce n'est qu'une liberté de surface. D'un autre côté, ce qui constitue les fondements de notre façon de voir le monde et nos capacités de pouvoir y réagir au quotidien, que ce soit dans des situations banales ou plus rares, c'est bel et bien notre histoire selon moi. Un animal qui a été malmené toute sa vie et un animal ayant vécu en liberté auront-ils les mêmes ressources pour réagir face à une même situation de violence ? »

Sa voix était claire, et étrangement empreinte d'une certaine douceur alors même qu'elle n'en avait absolument pas conscience. A son insu, les vibrations de ses cordes vocales s'étaient spontanément adoucies et son visage, éclairé d'un sourire reflétant une certaine tendresse. Aider les autres avant de s'aider soi-même. Prendre soin des gens qui comptaient réellement pour elle. Encore une facette cachée que la Rowle prenait soin de dissimuler aux yeux de tous. Effectivement, la sorcière s'avérait être ce genre de personne dans le fond, mais uniquement lorsque la personne avait une valeur extrême à ses yeux, ce qui était véritablement rare. Elle était capable de torturer sans ciller, laissant son âme et son cœur de côté, mais lorsque l'attachement naissait en elle, que la personne prenait progressivement mais surement une place dans sa vie et dans son esprit, le cœur suivait expliquant ainsi le fait que la potionniste était capable de faire passer de rares personnes avant elle-même, pouvant aller jusqu'à se mettre en danger pour elles. Les yeux baissés, Octavius ressemblait à un enfant. Un enfant perdu, cherchant sa légitimité dans un monde dans lequel trouver sa place relevait de l'exploit. Lentement, il releva son visage vers elle, l'air complètement perdu. Désirait-il faire marche arrière ? Venait-il de se rendre compte de la complexité de la situation dans laquelle il souhaitait s'engager avec une telle ardeur quelques minutes auparavant ? Ou tout simplement s'était-il aperçu qu'elle n'était pas cette créature de miel et de fleurs qu'il avait longtemps idéalisée dans son imaginaire ? Les sourcils froncés en une expression indéchiffrable, les lèvres et les mains parcourues de légères crispations, Octavius paraissait totalement indécis. Alors qu'elle l'observait avec un mélange de crainte et d'attention, découvrant cette facette de lui qu'elle ne lui connaissait guère, le regard clair de Cassidy fut attiré par une marque rouge sur la joue gauche de son interlocuteur. Une marque qu'elle avait faite, elle. Elle, qui n'employait jamais la force physique. Elle, qui était si difficile à faire exploser. Après de longues hésitations, ne sachant comment réagir, ni comment serait perçu le moindre de ses gestes dans la situation actuelle où Octavius lui-même semblait complètement perdu, la potionniste finit par venir effleurer du bout des doigts la joue de l'homme qu'elle avait si violemment malmenée. Elle l'avait frappé... Non, elle l'avait giflé, venant blesser une fois de plus quelqu'un qui tentait d'avoir accès à son intimité. Un rejet, encore une fois. A son contact, l’œil gauche du sorcier se plissa légèrement, venant vriller un peu plus le cœur de la blonde.

« Je n'aurais pas dû. »

Non, elle n'aurait pas se laisser aller ainsi, à lever la main et à le frapper. Surtout au visage, cet endroit à la fois si fragile et terriblement intime. En le giflant, elle n'avait pas fait que blesser un visage même si dans les faits purement objectifs, c'était le cas. Elle avait porté atteinte à son identité, venant blesser son ego, sa virilité, et sa personnalité. Alors qu'elle se mordait la lèvre en proie à de violents remords, contre toute attente ce ne fut pas un mouvement de recul qui lui répondit, ni même une gifle qui lui aurait pourtant rendu la monnaie de sa pièce, mais un rire. Un rire bref, peut-être nerveux ? Avant qu'elle ne puisse creuser la question davantage, une main masculine vint recouvrir la sienne, la plaquant contre la joue rougie, comme s'il quémandait une caresse plus assumée. Paume glacée contre joue chaude. Peau contre peau. Le contact plus franc lui procura un nouveau frisson qui remonta le long de son dos, la perdant un peu plus. Pas de rejet ? Au contraire, un nouveau rapprochement ? Alors qu'il semblait vouloir la mettre en porte à faux avec ses affirmations ? C'était à ne plus rien y comprendre, à se taper la tête contre un mur. La main du sorcier tremblait tandis que les traits de son visage s'adoucissaient sous ses doigts élancés. Comme pour la perdre un peu plus, il relâcha brusquement son emprise, comme si la main féminine l'avait brûlé par sa température polaire. Il s'écarta imperceptiblement, ouvrant la bouche plusieurs fois sans que les mots ne puissent franchir le seuil de ses lèvres qu'il attaqua par la suite. Sa respiration était hachée, ses bras parcourus de légers tremblements. Merlin elle ne l'avait jamais vu comme cela, en proie à une telle perte de contrôle, lui qui était habituellement si assuré, si exalté et qui paraissait rempli d'une telle confiance en lui. Petit à petit, face à elle, l'oignon perdait ses couches protectrices et l'homme apparaissait dans son plus simple accoutrement. Mis à nu. De nouveau, un vague rire se perdit dans le silence de la pièce.

« Ce n’est rien, ce n’est pas grave. »

Il ne lui en voulait donc définitivement pas ? Perplexe, Cassidy resta silencieuse même si elle n'en pensait pas moins. Si c'était grave, bien sûr qu'elle était en faute. Si ses doigts s'étaient quelque peu réchauffés au contact de la joue du sorcier, ces derniers étaient de nouveau froids comme le givre. Il souriait, enfin avait tenté de sourire, en vain. Une grimace déformant ses traits était venue anéantir l'intention initiale, réduisant ses efforts à néant. Sans pitié, ni la moindre délicatesse, il vint appuyer sa paume sur l'un de ses yeux, forçant ce dernier à se fermer, l'empêchant de voir le monde autour de lui, l'empêchant de la voir, elle. Elle, la femme infernale responsable de cet état incontrôlable dans lequel il se trouvait présentement. Elle, dont les mots et les attitudes l'avaient forcé à se révéler sans artifices, venant réveiller des choses douloureuses telles que ce manque d'assurance et de confiance en soi. Un nouveau sourire, plus franc cette fois. Annonciateur d'une accalmie ? Elle n'en avait aucune idée.

« Ce n’est pas grave pour moi. C’est une habitude, une mauvaise habitude peut-être, j’en conviens, mais elle est mienne est c’est comme ça. Je te dirais toujours que je supporterai tout, et ce sera le cas, parce que je n’ai pas le choix. Tu ne sauras probablement pas rien de ce qui me fera du mal, même si tu t’en douteras, parce que je n’ai pas pour coutume d’éveiller une sollicitude à mon sujet que je n’ai pas le moyen de calmer, surtout à l’égard de personnes qui me sont proches. Je ne veux plus que tu t’inquiètes à propos de moi, que tu regrettes…
- Imp...
-... Ne m’interrompt pas s’il te plait… »

Respectueusement, Cassidy obtempéra, refermant sa bouche qui s'était une fois de plus ouverte malgré elle. Ce qu'il lui demandait était impossible. Comment ne pas regretter un tel acte lorsque l'on réalisait par la suite que l'on tenait bien plus à la personne que l'on venait de blesser, que ce qu' on avait pu imaginer ? Sa taire fut un bon choix dans tous les cas car ce qui s'en suivit vint éclaircir la situation de manière radicale. Les digues avaient lâché pour lui aussi. Il parla longuement, dévoilant tout ce qu'il avait sur le cœur et les raisons de cet aspect froid qu'il avait eu quelques instants plus tôt. Tout en l'écoutant, Cassidy eu l'impression de revivre leur histoire au travers d'un film ancien passé en accéléré, mais cette fois non plus en tant qu'actrice principale, mais comme simple spectatrice impuissante. Les mots fusaient, s'enchaînaient sans interruption dans un mouvement de catharsis. Les scènes se succédaient dans son esprit, lui imposant de revivre de l'extérieur les effets qu'il avait subi de sa propre cruauté, à elle. Figée, la jeune femme l'écoutait, ses yeux clairs ne pouvant se détacher des siens.

« [...] Pendant un mois j’ai vécu avec ton ombre dans mes pensées sans avoir la liberté d’en parler à quiconque sans te mettre en danger. Tu ruinais savamment mes espoirs avec un certain triomphe, frappant toujours plus fort que ce dont j’étais capable à ton égard, non pas par faiblesse d’esprit, mais par affection naissante. Je me suis efforcé de paraître désintéressé, indifférent à ce qui me touchait en vérité, à accepter ton mépris permanent sans être capable de te retourner un semblant de méchanceté en retour... »

B*rdel. C'était dur. Mal à l'aise, Cassidy baissa les yeux, ne pouvant soutenir sa propre image se reflétant dans les pupilles sombres du bibliothécaire. La jeune femme se savait dure, mais l'entendre ainsi de la bouche d'une personne qui avait progressivement pris de l'importance dans sa vie sans qu'elle ne s'en rende réellement compte à cause de l'aveuglement plus ou moins volontaire qu'elle s'imposait, était véritablement compliqué. Au fur et à mesure qu'il parlait, lui donnant à voir le chemin qu'il avait parcouru à cause d'elle, elle sentait un étau venir se resserrer de plus en plus fort autour de sa poitrine, allant jusqu'à l'empêcher de respirer convenablement. Avait-elle rougi de honte ? Non, au contraire. Il ne lui était guère possible d'être encore plus pâle qu'actuellement. Son cœur manqua un battement et sa respiration se coupa quelques instants alors qu'il continuait de parler.

« [...] Lors de cette fameuse soirée, Rogue a supposé que tu fusses la fautive et la seule chose qui me soit venue en tête pour essayer de t’écarter de ses soupçons ne constituait finalement même pas un mensonge. Je lui ai dit que sur cette terre, tu étais probablement la personne qui a le plus d’indifférence à mon égard.
-C'est faux. »

Par Merlin, jamais la vérité n'avait été aussi éloignée... Elle l'avait interrompu. Tais-toi Cass. D'un geste, elle s'excusa et l'invita à poursuivre.

«... J’aurais bien voulu, pour ma tranquillité d’esprit, pouvoir dire la même chose à ton sujet sur le moment, mais c’est à croire qu’aucune supplique ni méchanceté ne pourra me libérer de l’attachement que je te voue. Je pensais à toi constamment, me minant de ne pas savoir où tu étais ni avec qui, en danger, en paix, heureuse, malheureuse… [...] J’ai résisté à ton père autant que j’ai pu, alors qu’il me traitait en ennemi sans me connaître, me proposant le plus avilissant avec des propos orduriers. Je voyais le pouvoir qu’il avait sur toi et plus je le constatais, plus j’enrageais. Ton cavalier français de pacotille qui parlait de toi comme d’un objet ! [...] Je ne pouvais pas non plus m’empêcher de te poursuivre, te blessant d’abord par mon trop persistant intérêt, puis te prenant en chasse tel un animal en attendant que tu te vides de ton sang, affaiblie. Je me sens lâche. Je regrette d’avoir insisté ! Je regrette d’avoir insisté. Moi non plus, je n’aurais pas dû te mettre en difficulté comme ça, je n’ai pensé qu’à moi. »

Il revivait les choses et impuissante, Cassidy ne pouvait se résoudre à saisir l'une de ses mains au vol tant il les bougeait, illustrant ainsi ses dires par de nombreux gestes désordonnés et plus ou moins précis. Antoine Lacroix ne méritait pas tant d'attention de sa part, elle-même n'en avait absolument rien à faire de la manière dont il avait pu parler d'elle, même si Octavius avait du comprendre davantage de choses, aidé par sa compréhension de la langue française. Quant à son père... Il n'y avait rien à dire, à part qu'il s'était mis en danger. Qu'ils s'étaient mis en danger tous les deux en attirant les soupçons du patriarche. Si seulement elle n'avait pas provoqué cette chute, alors les deux tablées ne se seraient peut-être pas remarquées, ni rassemblées. Si seulement le destin les avaient tenus éloignés l'un de l'autre, rien de tout cela ne se serait produit.

« Octavius... Je... Je ne sais pas par où commencer. Je... Ce n'est pas seulement de ta faute. J'ai... je veux dire, j'ai une part de responsabilité énorme. De l'indifférence à ton égard ? Moi ? Sérieusement... Tu ne m'as jamais vue indifférente à quelqu'un. Lorsque je le suis, tout me passe au dessus de la tête et je n'ai absolument aucun scrupule à tout mettre en oeuvre pour le tenir éloigné. Tu me diras que j'ai fait beaucoup de choses pour cela avec toi, certes, mais pourtant rien n'était comparable. Je suis capable d'être encore pire, sans ambiguïté aucune. Or là, avec toi, il... il... मल. Je n'étais pas claire ou en tout cas j'aurais pu l'être bien plus, en n'entrant pas dans une sorte de jeu avec toi, ça t'aurais très certainement davantage dissuadé. Lorsque je suis indifférente, je ne joue pas. Je ne prends pas la peine de répondre, et surtout... je n'explose pas parce que tout ce que peut dire la personne ne m’atteins absolument pas. »

Elle releva les yeux vers lui, lui offrant de nouveau l'eau miroitante de son regard. Toutefois, cette dernière était trouble et agitée.

« Si tu n'avais pas insisté, rien de tout cela ne se serait produit en effet, mais... On aurait tous les deux perdu quelque chose, n'est-ce-pas ? Arrête de t'en vouloir, tu n'aurais peut-être pas insisté si je n'en avais rien eu à faire de toi et que je te l'avais bien fait comprendre, mais là... Ce... - les mots étaient difficiles à sortir - n'était pas le cas.»

L'entendait-il ? Elle ne pouvait en être certaine. Il recommençait déjà à s'exprimer, comme si les choses avaient été retenues pendant bien trop longtemps à l'intérieur de lui-même.

« La dispute dans cette chambre, la violence, les coups, je croyais qu’on ne pouvait pas descendre plus bas d’une certaine façon, mais je ne voulais pas que cela se finisse de cette manière, je voulais au moins que l’on puisse repartir sur des bases plus stables, mettre les choses au clair, quitte à s’être indifférents. J’étais trop concentré sur moi je crois… Je ne voulais pas te faire souffrir encore. Et puis, Elena. D’insultes en suppliques, je te perdais encore et encore, morceau par morceau, sans rien pouvoir y faire parce que fondamentalement, c’était moi le problème. Ce n’était pas toi, ce n’était pas les autres, c’était moi.
- Arrête.
- Je t’imaginais partir à chaque instant, t’enfuir, me détester encore plus, même quand les choses s’étaient calmées. A dire vrai je ne savais même pas ce que tu faisais encore ici et il n’y avait que mon outrecuidance pour me chuchoter quelques malices réconfortantes alors même que je ne faisais que te retenir de force, comme à chaque fois. Et maintenant, alors que je pensais avoir souffert de mon attachement pour toi sans avoir pu profiter ne serait-ce qu’un peu des bienfaits que nous offre parfois l’affection, tu… tu viens vers moi ? »

B*rdel. Comment pouvait-il dire que rien n'était de sa faute à elle, et que tout était de le sienne hein ? Sérieusement ! Tant de contradictions... La jeune femme se savait compliquée mais effectivement, présentées ainsi les choses prenaient une nouvelle dimension de complexité. Par Merlin... Elle était véritablement infernale et incompréhensible. Inhumaine, et cruelle. Une vraie fille de Mangemort. Pourquoi venait-elle vers lui ? Pourquoi maintenant ? Impérieusement, la réponse se présenta à elle tandis qu' Octavius continuait de déballer tout ce qu'il avait sur le cœur. Parce qu'il l'avait mise au pied du mur, dans l'urgence. Face à un dilemme où l'une des possibilités avait été qu'il s'en aille si elle se résignait à le lui demander d'une manière claire et authentique, Cassidy avait alors percuté qu'elle ne le souhaitait pas. Non. Il fallait qu'il reste. Elle le voulait. Mais pourquoi donc ?

« [...] Crois-moi, je ne dis pas ça pour te rendre coupable ! Ce n’est pas de ta faute, c’est de la mienne !
- Non... »

La suite fut d'une telle limpidité qu'elle lui en coupa le souffle. Ce qu'elle avait pris pour un signe possible de rejet, cette froideur qui était venue habiter son visage et qui avait terni sensiblement les traits souvent emplis de malice de son visage, n'était en réalité qu'une confusion interne face au revirement de situation auquel elle l'avait confronté.

« Franchement Cassidy, tu… cette seule marque, ce geste que tu as fait, ces choses que tu m’as dites ont suffi à diluer le chagrin et l’absence de perspective qui m’habitait. Je crains de te donner ce pouvoir mais en même temps, regarde, quelques mots et me voilà troublé comme jamais. Alors franchement… franchement, ne t’inquiètes pas pour si peu. Tu m’en feras d’autres, des marques, et ce ne sera pas grave parce que tu seras là. Parce qu’un seul de tes mots saura tout guérir. Tu me l’as demandé, donc je serai là. Et ça me console déjà de ce qui pourrait bien m’arriver ou de ce qui m’est arrivé. A tort diront certains, mais ça m’est égale. J’ai l’habitude, j’ai l’habitude… Ne t’inquiète pas, d’ici quelques instants, le trouble sera passé et je pourrais envisager avec calme toutes ces résolutions et ma propre situation. C’est que, je n’ose trop y croire ni m’y résoudre, mais j’ai l’habitude.
- Il est hors de question que je te refasse une marque telle que celle-ci. Je ne le ferai plus, je ne veux plus le faire. C'est... Non. »

Doucement la jeune femme frôla du bout des doigts les quelques cicatrices présentes sur le corps du brun, les enveloppant chacune d'un regard doux. Elle ne voulait pas le blesser, ni son corps, ni son esprit.

« Je ne veux pas te blesser. C'est... tu ne cesses de te blâmer et de m'innocenter comme si j'étais une oie blanche dans cette histoire mais... »

Doucement, sa main droite retomba le long de son corps.

« Je ne t'ai pas assez repoussé, je n'ai pas été limpide et suffisamment cruelle tout simplement parce que j'en étais incapable. Au fond de moi... Je... Je... Si au tout début je voulais effectivement que tu partes, les choses ont rapidement évolué sans que je ne m'en aperçoive, sans que je veuille m'en apercevoir. J'étais sans cesse partagée, tout en toi ne suscitait en moi qu'une ambivalence insoutenable que je cherchais à réprimer constamment. J'avais peur. Peur d'être percée à jour, peur de mourir. Je ne savais pas qui tu étais, comment tu fonctionnais, quels étaient tes idéaux. Je.. Je ne voulais pas... Je ne pouvais pas supporter l'idée de m'attacher à toi, parce que... Parce que s'attacher veut dire se mettre en danger. »

Était-elle réellement prête à prendre ce risque ? Cassidy releva ses prunelles turquoises vers le visage du sorcier. Elle ne voulait pas le perdre, alors la réponse s'imposa d'elle-même, la faisant doucement frémir, venant l'électriser toute entière. Un nouveau verrou oxydé qui maintenait son cœur verrouillé sauta et doucement, un geste s'esquissa, se dessinant à la craie. Sa petite main glacée vint doucement se glisser dans celle d'Octavius, venant entremêler ses doigts graciles entre les siens. La chaleur qui l'enveloppa presque instantanément lui tira un doux sourire, avant qu'elle ne redevienne sérieuse. C'était désormais à elle de s'expliquer, et de tenter de le rassurer sur ce qu'elle désirait réellement.

« Lorsque ce soir tu m'as demandé de choisir ce que je voulais réellement, j'ai eu peur. Je me suis sentie complètement perdue. Tout... Tout ce que je repoussais sans cesse a refait surface et je me suis rendue compte que, que je voulais que tu restes avec moi, même si cela me fait peur pour toi, pour moi. Pour nous. Je t'ai toujours dit que j'étais compliquée, ce n'était pas pour rien. Je suis particulièrement douée pour m'aveugler et refuser de voir ce que je ne veux pas voir. Il faut croire que je dois manquer de courage... Pourtant ce soir, lorsque j'ai été contrainte d'envisager réellement que tu me laisses seule, je... je n'ai pas pu et c'est là que j'ai vraiment réalisé que malgré toutes les fois où je te repoussais parce que j'étais incapable de te donner autre chose, tout ce que j'espérais au fond c'était que tu sois assez fort pour ne pas fuir, et que tu parviennes à trouver le courage de revenir. C'est... lâche. Je suis désolée Octavius, je suis vraiment désolée de t'avoir fait souffrir, mais je ne suis pas réellement douée pour apporter autre chose que de la souffrance. Je ne parviens pas bien à démêler mes sentiments, et à les nommer. Je n'ai pas l'habitude d'être démonstrative. C'est... Tout ça est tellement nouveau pour moi. Pourquoi toi ? Pourquoi as-tu su éveiller un tel intérêt chez moi, de telles... choses ? Je ne sais pas. Je ne sais pas. »

Un instant, la sorcière se tu, cherchant en elle-même les réponses à ses questions. Ses paupières se fermèrent tandis qu'elle essayait de s'y retrouver et de faire la paix avec elle-même. Les yeux fermés, elle reprit dans un souffle.

« J'aime ta façon d'être, ton regard énigmatique et ton charisme perturbant. J'aime ta façon de me pousser dans mes retranchements, ta combativité, ta détermination. Ta force, aussi. J'apprécie ta répartie, nos échanges sérieux ou même nos piques. J'aime tes défauts, ce manque de confiance en toi et cette belle assurance que tu sais si bien te donner. J'aime ta complexité, mais aussi ta simplicité. Ta voix, tes regards. Ta délicatesse et ta patience envers moi. Ton côté surprenant, et ton humour. On ne fonctionne pas de la même façon, nous n'avons pas forcément les mêmes points de vue mais je respecte ta façon de voir les choses, même si parfois je ne le comprends pas bien. - elle rouvrit les yeux - Ton sourire aussi, enfin... tes sourires plutôt. Il y en a tant que tu sais présenter et que tu m'as fait découvrir. Ta façon de me canaliser et de me tenir tête me rassure. J'apprécie ton intelligence, ta vivacité d'esprit, mais aussi tes cicatrices... et le fait que tu aies été capable de me présenter tes faiblesses et ce malgré tout ce que je t'ai fait endurer. Celui qui me pl... qui m'atti... qui... मल... que je voudrais près de moi ce n'est pas Octave, Octavian, ou Octavius... C'est toi, tu comprends ? Peu m'importe ton prénom et la signification que ta mère lui a donné. Je ne veux pas d'un prénom, je veux la personne qui le porte. »

Sans lâcher la main du sorcier, elle se rapprocha un peu plus réduisant la distance entre leurs deux corps, se moquant bien de marcher sur le peignoir blanc et le couvre lit rouge qui les séparait.

« Quant à celui que tu as été auparavant... Je l'accepte et comme j'ai tenté de te le faire comprendre alors que tu refusais d'entendre ce que j'avais à te dire, tu ne sais pas doser. - Doucement, sa main gauche vint se poser sur l'autre joue du joue du sorcier, celle qui n'avait pas été frappée - Il ne s'agit pas de t'excuser entièrement pour tout ce que tu as fait, pour ce que tu es devenu, mais juste de replacer les choses dans leur contexte, ce qui devrait te convenir, toi qui semble tant exiger une objectivité de ma part. L' objectivité n'est-elle pas obtenue qu'une fois les œillères ôtées afin de contempler la situation dans son ensemble ? Tu n'es pas qu'une victime, non, mais tu n'es pas non plus le seul coupable à mes yeux. Et puis... Ce sont mes yeux. - elle sourit avec une certaine tendresse - Laisse-moi considérer les choses de mon point de vue puisque tu attends non pas le jugement de quelqu'un d'autre, mais le mien. »

Doucement, elle vint accentuer la pression de ses doigts fins sur le visage masculin, l'enveloppant d'un regard contemplatif. La caresse d'abord hésitante se fit progressivement plus assurée, avant que la main ne finisse par atteindre les courbes cartilagineuses de son oreille et le début d'implantation de ses épais cheveux bruns. Elle voulait graver sa peau, chaque petite particularité de son visage dans la pulpe de ses doigts et dans la paume de sa main pour ne jamais les oublier.
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[26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. Lumos-4fcd1e6

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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyDim 29 Jan 2017 - 15:50

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Dernière édition par Octave Holbrey le Dim 30 Déc 2018 - 23:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. [26 Septembre 1997] - La vengeance est un plat qu'on fait manger par d'autres. EmptyMer 8 Fév 2017 - 2:01

La peau. Douce et chaude. Tendre aussi, bien que légèrement caleuse au niveau de la naissance de certaines phalanges. Si le poignet d' Octavius apparaissait comme étant relativement fin, la main en elle-même venait contrebalancer cette impression illusoire de fragilité. Une main de travailleur, robuste, aux articulations semblant quelque peu raidies mais restant néanmoins tout à fait flexibles. Une large face palmaire où se rencontraient les sillons formant les lignes que les voyants se plaisaient tant à interpréter. La chiromancie... Art divinatoire d'excellence se vantant d'étudier ces lignes si singulières. Ligne de vie, ligne de tête, de cœur, du destin et de chance. Bêtises. La Rowle pouvait elle-aussi tout à fait prétendre prédire l'avenir au contact de cette main. Une épaisse main masculine. Masculine et virile. Protectrice aussi. Vivante... Elle les sentait, ces infimes pulsations cardiaques se répercutant dans la pulpe fine de chacun de ses doigts, et cela l'emplit d'une douce félicité. Pouce, index, majeur, annulaire et auriculaire. Les cinq étaient bien là, entremêlés avec les siens. Un creux de paume rassurant. Central, et contenant. Un ancrage puissant aux lignes qu'elle sentait minces, peu nombreuses, mais profondes et parfaitement tracées. Des doigts réguliers et droits, suivant leur axe naturel. Aucunement déformés malgré ses multiples séjours en prison. Des phalanges longues et fines. Des ongles lisses au toucher. Carrés et larges, venant renforcer la solidité des doigts et celle de la main. Ses doigts aux jointures noueuses s'étaient refermés autour des siens, les englobant dans un mouvement à la fois délicat et ferme. Des doigts de pianiste.
Elle l'avait touché. Réellement, et ce pour la première fois. Le contact corporel ne s'était pas établi pour le blesser, l'agresser, ni même cette fois par culpabilité. Elle l'avait touché. Une seconde fois, par envie. Elle avait voulu le rassurer du mieux qu'elle le pouvait sur ces choses qui commençaient à l'habiter sans qu'elle ne parvienne à mettre de mots dessus. Le rassurer lui, et se rassurer elle. Les mots avaient été là, certes, mais avaient-ils été suffisants ? Elle n'en était pas certaine, alors elle avait osé. Osé venir entrelacer ses doigts avec les siens, venant se noyer dans l'immensité de sa main virile. Une main qui avait blessé. Une main qui avait tué, torturé. Une main qui avait souffert, combattu. Qui avait caressé aussi. Cette main dont elle ressentait désormais la moindre irrégularité, comme-ci son sens du toucher venait de se réveiller après avoir été figé dans la glace, insensible, pendant cent ans. Exacerbé. Prisonnière de sa main de géant, ses longs doigts graciles perdus quelque part entre les siens, la main féminine venait se fondre dans la peau du bibliothécaire, se nourrissant presque avidement d'un contact sensoriel oublié depuis longtemps. Une main qui ne la lâcherait pas.

Lentement, alors que la pression des doigts de la jeune femme s'accentuait autour de sa prise, sa main gauche vint se faufiler vers le visage du sorcier. D'abord hésitante, elle finit par se poser dessus, avec la délicatesse d'une brise matinale. Un souffle doux et timide. Néanmoins, la sensation d'avoir besoin de plus se manifesta en elle, la poussant à venir accentuer ce contact. Redécouvrir la sensorialité, le toucher et les émotions et affects pouvant s'en dégager. Un visage. Des yeux en amande d'un vert émeraude pétillant. Profond et intense. Sous sa caresse, le sorcier les ferma bien vite, lui offrant une barrière de longs cils bruns en contemplation. Un sourire s'esquissa sur les lèvres bien dessinées de l'étudiante. Des pommettes hautes, un nez bien dessiné. Des lèvres vermeilles, fines et régulières, s'étirant en un sourire de satisfaction. Une fine barbe de quelques jours, courte et bien taillée. Forêt au teintes automnales oscillant entre le brun et l'acajou en passant par le gris perle. Les doigts s'aventurèrent vers ses tempes, passant délicatement par son oreille pour atteindre le duvet formé par la naissance de ses cheveux bruns. Un corps humain. Par Merlin... Elle en avait oublié ce qu'était un corps et les sensations qu'il pouvait procurer. Depuis combien de temps n'avait-elle pas prêté attention aux touchers ? Aux caresses ? Enfermée dans une rigueur aux allures de rigidité extrême, Cassidy en avait oublié de vivre. Un corps. Un corps vivant, et chaud. Au contact rassurant et surtout, répondant à la moindre de ses sollicitations. Une réponse. Un feed-back. Lorsqu'elle l'avait frappé, il l'avait contrée. Désormais, en réponse à sa caresse, le voilà qui penchait la tête venant à la rencontre de sa main, tout en fermant les yeux comme pour mieux en ressentir les effets. Un tressaillement lui parvint, venant se répercuter le long de ses doigts jusque dans sa paume. Surprise, la sorcière sourcilla. Avait-il mal ? Ce contact le dérangeait-il finalement ou au contraire, était-il heureux et apaisé ? Un léger soupir franchit les lèvres de la sorcière avant que ses dents ne reviennent s'attaquer à celle du bas. Identifier les émotions... Merlin. Pourquoi n'y parvenait-elle pas ? Un instant, sa main s'immobilisa, de peur de mal faire. Qu'éprouvait-il ? Qu'éprouvait-elle, elle ?

« Très bien. »

Un murmure comme toute réponse. Murmure suave, presque rauque qui vint l'envelopper d'un voile doux, lui arrachant un nouveau sourire. Timide, presque imperceptible. Visiblement, ce tressaillement qui lui était parvenu quelques instants plus tôt n'avait rien de négatif. Alors que la main de la jeune femme retombait le long de son corps, celle du bibliothécaire restée libre, se mit en mouvement. Sous le regard pénétrant de l'apprentie, il frôla l'espace de quelques millisecondes la peau nue de son buste, venant lui communiquer les quelques frissons qui l'avaient lui-même parcouru quelques instants auparavant. Echange de bons procédés, symétrie parfaite. Le toucher empli de volupté l'électrisa venant se répercuter jusque dans le bout de ses doigts. Un frôlement aussi délicat que le chatouillis d'une plume. Un toucher qui n'en était pas vraiment un franc, tout en en étant tout de même un. Subtile. Imperceptible. Pourtant, le corps de la blonde ne le manqua en rien, venant se tendre légèrement sous la caresse volage. Néanmoins, Cassidy n'eut guère l'occasion de s'y appesantir puisque l'instant d'après, la main masculine était déjà parvenue sous son menton venant relever son visage. Croisement de regards. Le visage indéchiffrable, elle le laissa approcher. Approcher. Encore. Encore un peu plus. Merlin que ses iris étaient beaux. Et la distance, elle, se réduisait. Encore et encore. Son souffle tiède se répercutait contre ses propres lèvres maquillées, sa respiration venait se perdre dans ses longues boucles blondes. Finalement, les lèvres entrouvertes, il s'arrêta à quelques millimètres des siennes, le souffle court. Battements de cils consécutifs, envolement d'une nuée de papillons noirs. Que faire ? Que dire ? Allait-il poursuivre son chemin et venir enfin cueillir le fruit défendu ? Celui qui semblait tant le faire rêver ? Celui qu'elle lui avait toujours implicitement refusé ? Fallait-il fermer les yeux ? Les conserver grand ouverts ? Que voulait-elle ? Était-ce le bon moment ? En avait-elle envie ? Que ressentait-elle au juste ? Ressentir... Merlin. Pour le moment, seules quelques sensations physiques lui étaient accessibles lorsqu'elle se forçait à se concentrer dessus. Ses mains, glacées. Son cœur, battant la chamade avec quelques irrégularités. Son souffle... Court ? Non. En apnée. Prenant conscience de cela, Cassidy entrouvrit la bouche, laissant pénétrer l'oxygène. Respirer, ne pas oublier de respirer. Sa main, dans la sienne... Avait-elle envie de se retirer ? Certainement pas. Elle voulait qu'il reste, mais elle voulait également rester. Elle.

Les questions l'assaillirent de plus belle, venant se refléter dans ses pupilles, les assombrissant un peu plus. Elle ferma alors les yeux, tentant de se défaire de ces questionnements infernaux qui lui pourrissaient l'existence et ne cessaient de parasiter sa vie, l'enfermant dans un monde de rationalité, de pragmatisme et de rigidité. Il avait conservé les paupières ouvertes, tandis qu'elle avait préféré le noir protecteur, se privant volontairement du primat du visuel afin de tenter de renouer avec une part plus profonde d'elle-même. Une sensorialité, celle régissant les affects et les émotions humaines. Tenter de lâcher-prise. Le lâcher prise, acquérir une souplesse. Tant au niveau des potions, qu'à un niveau plus personnel. L'un allait-il sans l'autre ? Tandis que le sorcier enserrait sa main avec une nouvelle ardeur, un frôlement tout à fait nouveau vint la saisir, comme pour l'inviter à se défaire de ses pensées oppressantes. Immobile, les paupières toujours closes, Cassidy ne bougea pas. Inspiration, expiration. Lentement, ses frêles épaules se détendirent, induisant un léger craquement jusque dans ses vertèbres dorsales et dans un souffle, elle commença à s'abandonner sous ce contact si nouveau pour elle, prêtant pour la première fois de sa vie, attention à ce qu'un geste de tendresse pouvait procurer. Les traits de sa figure se relâchèrent. Enfin. Son souffle s'apaisa tandis qu'elle se concentrait sur les sensations procurées par ce nouveau toucher. Là, juste derrière. Au creux de sa nuque, le long de ses cervicales. Une caresse. De la tendresse, véritable. Une alternance entre un frôlement lascif des plus subtiles et un contact plus franc, les deux venant se perdre de ses clavicules jusqu'à la naissance veloutée de sa crinière aux reflets dorés. Alors qu'un sourire s'esquissait, venant éclairer son visage d'une certaine grâce, un frôlement inconnu d'une toute autre nature lui fit ouvrir brusquement les paupières, venant éclairer son regard clair d'une nouvelle lueur.

« Qu'est-ce-que tu... »

Les mots moururent sur ses lèvres. Avortés. Il s'était encore approché, toutefois ses lèvres ne s'étaient pas posées sur les siennes. Il avait encore résisté et s'était laissé tenter par une autre fantaisie. Le contact de sa barbe contre sa joue la laissa interdite et attentivement, elle se laissa aller à la rencontre de cette nouvelle sensation. Rugueux, et doux à la fois. Étrange. Cela ne piquait pas comme elle aurait pu le croire. Ce contact la laissa pantoise, tant par son imprévisibilité que par sa nouveauté. C'était... agréable ? Ayant la peau très sensible et réactive, la jeune femme se sentit envahir par une douce torpeur enivrante. Un contact à la fois étourdissant et... Un chuchotement à quelques centimètres de la perle ornant le lobe de son oreille la fit tressaillir, venant agiter son corps d'un imperceptible soubresaut caractéristique d'affects inconnus s'emparant d'elle, sans qu'elle ne puisse lutter. Le corps, siège des émotions, sentiments et affects. Corps et esprit commençaient à se lier, se retrouvant dans une danse impalpable et immatérielle, mais on ne peut plus réelle. Owen n'avait jamais eu que le corps, l'esprit lui étant resté inaccessible. Si Octavius avait été tout d'abord tenté par le corps, il avait su mettre ce dernier de côté pour essayer d'atteindre l'esprit. Touché, l'esprit avait fini par s'ouvrir, menant ensuite vers le chemin menant aux émotions, aux ressentis ; celui du corps. La reconnexion serait un travail de longue haleine, mais ce soir, elle s'était bel et bien amorcée.

« Je n’osais en espérer autant. J’étais fatigué. Si l’on épuise un bœuf au champ, il ira se prélasser dans les eaux froides ; si in éléphant s’éreinte, il s’allongera majestueusement dans le sable chaud. Moi, il n’y que ton être qui me procure délivrance. Tu es la source de mes inquiétudes et en même temps la main, la voix qui vient les tarir. Sans toi, il n’y a pas d’océans, il n’y a pas de soleil, il n’y a que toi pour m’adoucir et me tourmenter ainsi. Sans même le vouloir, tu me guéris. Alors je peux bien avoir du courage pour nous deux tant que je pourrais te contempler à la dérobée, tant que tu ne me repousseras pas. Je suis à toi, à ta merci. »

« A ta merci. » Les mains de la jeune femme se mirent à trembler. Bon sang, c'était quoi ça ? Les émotions se mêlèrent en elle, l’entraînant dans un tourbillon inébranlable tant par sa force de tournoiement que par son intensité non mesurable. Se raccrocher à cette main, à sa main. Celle qu'elle aimait déjà tant. Point d'ancrage. Elle ne le voulait pas à sa merci. A sa merci... Non. Il ne le fallait pas. C'était dangereux. Elle ne voulait pas le blesser, même involontairement. Il fallait qu'il se préserve de tout danger. Si elle mourrait, si elle le blessait involontairement... Il fallait qu'il puisse rebondir, s'écarter de tout danger. Elle ne le voulait pas à sa merci, parce qu'elle tenait véritablement à lui et que la seule personne à qui elle avait tenu ainsi, était aujourd'hui décédée, pour la protéger. Accentuant la pression autour de ses doigts, Cassidy continua de l'écouter, silencieuse.

« J’ai tellement de désir pour toi que je m’en étouffe, mais savoir que je ne te suis pas indifférent et que ces aspirations ne périront pas dans la retenue me donnent de l’espoir à n’en savoir quoi faire. Tant que tu ne me le demanderas pas, je ne te laisserai pas seule. Je ne t’abandonnerai pas. Je composerai avec tes humeurs et tes hésitations, que tu me berces d’une once d’espérance ou non. Ne te sens pas obligée de faire quoi que ce soit, je sais que tout cela est… nouveau pour toi. Je t’ai un peu prise par les sentiments et je n’aimerai pas que tu te forces. Je t’attendrai, je ne te brusquerai plus. Ou en tout cas, ceci sera ma dernière indiscrétion. »

Boum boum... Boum...

« Que veux-tu dire ? »

Des ratés. Cette machine infernale avait clairement des ratés. Pour toute réponse, des lèvres chaudes et douces vinrent se poser au coin des siennes qui s'entrouvrirent sous l'effet de surprise. Le choc. Un baiser. Il y était venu finalement, mais dans un respect incontestable. Un baiser d'une tendresse inouïe, à la fois hésitant et renfermant non pas mille promesses mais une seule, ce qui était bien assez. Octavius avait fermé les yeux, les siens s'étaient ouverts. Inversion des rôles. Impossible de penser. Le fil avait été rompu, les connexions refusaient de se faire. Ressentir, juste ressentir. Les lèvres masculines étaient souples et tendres. De sa main libre, il la rapprocha encore de lui, la pressant contre la peau de son torse, comme s'il tenait à la faire sienne en la faisant pénétrer au sein de sa chair. « Je t'ai dans la peau. » Le message émis fut limpide et sa réception, on ne peut plus précise et claire. Brusquement, les sentiments débordèrent. Joie. Réassurance. Douceur. Crainte. Soulagement. Inquiétude. Tendresse. Confiance. Gratitude. Un mélange des plus complexes se saisirent de son cœur venant combler le vide intersidéral qui avait pris l'habitude d'y régner comme maître depuis des années. Le vide, et le plein. Le choc fut tel que les yeux de la potionniste se remplirent brusquement de larmes. Larmes de joie, cette fois. Larmes de vie. Vivante, elle était vivante et le ressentait enfin. Alors qu'il se reculait légèrement, les premières perles salées débordèrent de ses prunelles tourmaline. Un, deux, trois... Compter fut inutile. Ces dernières franchirent la barrière des cils inférieurs et dévalèrent le long de ses joues opalescentes.

« Tu restes ici ? Je veux dire… pour dormir. Avec moi. Rien de… suggestif, crois-moi, ce n’est pas dans mes intentions. Juste, je n’aimerai pas me séparer de toi pour le moment, pour ce soir. J’ai encore besoin d’un peu de… toi. Je sais, je ne sais pas doser, mais je ne ferai rien qui puisse te froisser ou te gêner. Ou dis-le-moi franchement, et j’arrêterai. »

Six larmes avaient eu le temps de couler exactement. Quatre de l’œil droit, et deux du gauche. Un nouveau verrou avait lâché, venant commencer à laisser se libérer des émotions enfouies depuis bien trop longtemps. Restait à faire en sorte qu'elles ne la fragilisent pas trop. Le chemin pour les reconnaître serait long, mais la porte était désormais ouverte. Vivement, Cassidy en essuya rapidement les sillons salés de sa main libre, avant de redresser la tête.

« Ce n'est rien, ce n'est pas toi. Enfin, si mais... Ne t'inquiète pas. Tout va bien. Tu n'as rien fait de mal. C'est moi. Il faut croire que... que je suis trop...- elle chercha un moment son mot - pas habituée à tout ça. C'est... Il y a beaucoup de choses qui viennent et je n'ai pas l'habitude de, je veux dire, je ne sais pas forcément gérer ça. »

« Sois forte Cassidy. Ne montre jamais tes faiblesses à quelqu'un. Garde les pour toi. » De vieilles réminiscences la prirent de court, venant teinter ses joues claires d'une agréable couleur pivoine. Confuse et embarrassée, la sorcière renversa sa tête en arrière tout en clignant plusieurs fois des paupières, son regard orienté vers le plafond de la pièce. Les cils noirs et épais, délicatement recourbés, constituèrent une barrière infranchissable pour les larmes suivantes, les empêchant formellement de couler. Définitivement, sa relique de tresse ne tint pas le coup et se défit totalement. Libérée de toute entrave, sa lourde chevelure aux boucles un peu plus prononcées que d'ordinaire ondula le long de son corps, venant habiller ses épaules opalines d'une soyeuse parure aux reflets oscillant entre le doré du Soleil levant, et l' argenté de l'astre lunaire. Une ambivalence de plus en son sein. Ce n'était pas lui. Ce n'était pas de sa faute. Pour le coup, il s'agissait d'elle et ses foutues émotions qu'elle n'avait plus ressenti depuis des années, et qu'elle ne parvenait pas à mettre en mots. Redressant son visage face à celui d'Octavius, elle braqua son regard quelque peu voilé dans le sien et raffermi sa prise autour des doigts. Cette fois, c'était à son tour ; elle ne le laisserait pas s'éloigner.

« Je... Crois-moi, s'il-te-plait. Ne te braque pas. Ce que tu as fait... C'était... Ce n'était pas des larmes de tristesse. »

Comment lui dire ? Comment lui faire réellement comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une erreur de sa part à lui ? Son baiser, elle l'avait aimé. Il l'avait grisée, et ce au delà des mots. Au delà des mots, justement. Ces derniers qui lui manquaient tant pour lui expliquer ce qu'elle avait pu ressentir en son fort intérieur. Lorsque les mots ne peuvent le dire, comment s'y prendre pour s'assurer de transmettre le bon message ? Doucement, la Rowle se rapprocha de nouveau, et sa main gauche demeurée libre s'envola pour venir se déposer sur l'épaule droite de l'homme dont elle maintenait toujours fermement la main droite dans la sienne. Délicatement, ses chevilles se tendirent et dans un mouvement gracieux, elle se hissa sur la pointe des pieds, tout en prenant appui sur l'épaule masculine. Trop petite, encore. Venant démêler leurs doigts entrelâcés pour la bonne cause, sa main droite vint rejoindre l'avant-bras solide, s'y hissant avec davantage de ferveur. Cette fois-ci fut la bonne et avant de se perdre en tergiversant, avant de penser, de s'interroger et de s'inquiéter, la paire de lèvres s'avança vers les siennes. A quelques millimètres, Cassidy stoppa son élan presque instinctuel, hésitante. Avait-elle le droit de forcer cette intimité alors que lui-même avait tant tenu à respecter la sienne ? Elle n'en savait rien. Dans le doute, elle fit le choix de lui laisser quelques secondes pour se dérober de ses bras, la repousser s'il le souhaitait, avant de se remettre en mouvement. Lorsque sa bouche frôla celle d'Octavius en une caresse emplie de douceur et de volupté, les yeux de la jeune femme s'étaient quant à eux, déjà refermés. Privée de la vue, sans que cela ne la gène le moins du monde, elle qui aimait tant contrôler. Dans un mouvement parfaitement naturel, leurs lèvres se scellèrent, la bouche de la blonde venant entourer la lèvre supérieure de l'homme, en une étreinte tendre et délicieuse. Une seule caresse profonde, une sensation profonde et immatérielle ; celle d'une union double ; celle des corps, mais aussi celle des âmes. Complète possession de deux bouches. Réunion en un contact d'abord frais, devenant peu à peu tiède, puis brûlant. Une attache éperdue, longue, paraissant presque éternelle. Combien de temps dura le baiser ? Impossible de le dire. Lorsqu'elle se recula doucement après avoir retiré ses mains du corps du sorcier, les joues légèrement rosies par son audace, Cassidy baissa les yeux vers le sol, contemplant la moquette avec grand intérêt.

Bon sang... Le sang battait dans ses tempes. Ne pas perdre pieds. Ne pas perdre pieds. Merlin qu'avait-elle donc osé faire ? Pas qu'elle le regrette, loin de là, mais la Rowle restait surprise de sa propre audace. Les mots lui ayant manqué pour lui faire comprendre ce qu'elle ressentait, et la véracité de ses propos, elle n'avait pas eu d'autre option que de passer par le geste. Et quel geste. Relevant les yeux vers lui, mordillant nerveusement sa lèvre inférieure encore brûlante du baiser volé, elle murmura :

« Je reste. Moi aussi, j'ai besoin de toi. »

Replaçant une mèche folle derrière son oreille, elle reprit à voix haute, un léger sourire ornant ses lèvres pleines :

« Est-ce que cela excuse l'imposture de la bibliothèque ? »
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