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Potion d'Aiguise-Méninges:

Ingrédients:

- Quelques scarabées pilés
- 3 racines de Gingembre
- 1 bile de Tatou.

Mode d'emploi:

- Ecrasez les restes de scarabées avec un mortier. La quantité importe peu, un fond de chaudron suffira.
- Remplissez un quart du chaudron avec de l'eau tiède puis rajoutez un racine de gingembre.
- Portez à ebullition et rajoutez une deuxième racine
- Mettez la bile de Tatou et homogénéisez la solution avec douceur. Si la potion vire au noir, jettez la expressément.
- Ajoutez enfin la dernière racine et prenant garde au surplus de fumée pouvant émaner de votre chaudron.
- Laisser la potion refroidir; son teint violacé est une garantie de votre réussite.

C'est un Ann presque déprimé qui entra en cours et s'assit sans vraiment faire attention à la premiere place libre qu'il vit. Les serdaigles sortaient d'un cours de métamorphose qui était loin d'être facile et le jeune bleu et bronze commençait à désespérer de jamais rattraper son P du mois dernier. Sans parler d'avoir ses BUSEs mais ça c'était une autre histoire. Etant donné que le métier qu'il avait en tête n'existait pas vraiment il s'en fichait un peu. Il lui faudrait une bonne note en Sortilège, et une autre en Runes. L'histoire de la magie allait passer. Les DCFM beaucoup moins mais le pire de tout c'était les potions.

Ann n'avait rien contre la matière en elle-même. Ce n'était pas vraiment utile pour lui alors il n'y portait pas grand interêt mais en soi ce n'était pas désagréable lorsqu'on oubliait pas de baisser le feu, de remuer ou d'ajouter un ingrédient ! Le jeune serdaigle en effet avait deux problèmes en ce qui concernait cette activité. La première qui risquait de lui poser problème lors de ses BUSEs était son coté tête en l'air et dans la lune qui le rendait maladroit alors même qu'il n'était pas mauvais pour les préparations de base et qu'il agissait avec une dextérité fort acceptable.

Le second problème n'était pas ennuyeux à long terme mais très déprimant pour l'adolescent. Il s'appelait Severus Rogue. Grand homme, droit, méprisant aux yeux noirs dans lesquels brillaient un feu étrange et une voix forte toujours teintée de sarcasme et d'ironie. En sa présence, Ann perdait totalement les pédales et, ce qui était plus ennuyeux, son anglais. Allez faire une potion potable (c'était le cas de le dire) dans ces conditions !

Le jeune homme écouta attentivement le discours de son boureau de professeur en se concentrant sur les mots pour bien les comprendre. Ils avaient fait cette potion l'année passée. Celle d'Ann était noire et il avait du la jeter, se prenant un joli 0. Il espérait vraiment faire mieux cette année !

Bon alors il fallait des euh... mince c'était quoi des scarabées déjà ? Ah oui, la bestiole noire avec des pattes. Du gingembre (il n'y avait que les anglais pour en faire un prénom) et de la ..euh...bile de tou...Tatou ouais.
Il prit les scarabées qu'il pila consciencieusement mais toutefois moins finement que son voisin de devant.

"Ouah, il est soigneux lui"*

lança-t-il pensivement en francais en voyant le serpentard tamiser la poudre. Il ne s'encombra pas de tant de précautions et posa sa poudre grossiere dans le chaudron avant d'ajouter l'eau tiede et une racine. Il remua un moment et ajouta la bile de tatou dans l'eau a peine frémissante. Il remua un peu mais se perdit bien vite dans ses pensées sans se rendre compte que sa main s'immobilisait. Une odeur de brulé le rappela à l'ordre juste à temps pour voir que la potion commencait a virer au noir.

"Oh non, non non non non non !"*

Il remua sa baguette a toute allure, surtout dans le fond ou sa commençait à attacher, sans se soucier des goutelettes de liquide qui volaient un peu partout sur la paillasse et le sol. La mixture sembla s'eclaircir un peu même si de gros morceau de carbonne apparurent à la surface. Ann ajouta la dernière racine, se prit la fumée dans la figure et toussa un bon moment avant de voir que son essai était d'un transparent vaguement violet sur les bords avec des trucs noirs qui flottaient. Il mit un peu du liquide dans un flacon, evitant de prendre les morceau de brulé puis ferma le flacon et le pencha pour essayer d'ecrire son nom dessus. Ce n'était pas évident !

Il le releva et remarqua alors des particules noires en suspension dans le liquide. Des micro morceau de brulé ou la preuve qu'il avait failli foirer la potion une fois encore ? Tout en se rassurant sur sa future note (en français), Ann se leva et posa comme un voleur son flacon sur la paillasse de son professeur. Le regard moqueur de McAyr le fit frissonner aussi se dépêcha-t-il de ranger son matériel dans son sac (il allait devoir passer du temps à nettoyer le fond de son chaudron !) et de sortir du cours. Vivement qu'on ai une matière intéressante !

Parfois, quand les cheveux gras du professeur Rogue s’écartaient comme des rideaux, on pouvait apercevoir une paire de petits yeux noirs et froids, au fond desquels dansait un sarcasme mauvais. Plus fréquemment, quand ses lèvres pincées s’entrouvraient légèrement, un timbre moqueur en jaillissait, rabaissant les élèves au niveau très respectable de simples Noueux. Et presque toujours, quand Ron s’asseyait à côté de Harry, il devait subir un flot de remarques railleuses, de traits cruels et de regards inquisiteurs. La pression en elle-même se serait avérée plutôt supportable si le Gryffondor avait possédé l’un ou l’autre talent en matière de potions. Mais la sournoiserie du destin l’avait gratifié de deux mains gauches en ce qui concernait le maniement du pilon et de la spatule. Résultat : deux chaudrons tombés en poussière et une explosion colossale en fin de deuxième année. Bien entendu, cet avorton de Rogue s’était empressé d’écrire à sa mère, ce qui lui avait valu une Beuglante du genre « TU CROIS VRAIMENT QUE TON PERE ET MOI N’AVONS QUE CA A FAIRE ? TE PAYER UN CHAUDRON TOUS LES MOIS ? » Chaudron en étain, il fallait comprendre leur désarroi. (Sans compter que le passage en cinquième requerrait une taille 3, et donc autant de Gallions à débourser en plus.) Cependant, Ronald se consolait bien vite en constatant la catastrophe ambulante qu’était Neville. Si ce dernier parvenait à maîtriser une Tentacula Vénéneuse en mois d’un coup de Retourneur de Temps, il n’arrivait toujours pas à préparer correctement une Potion de Maussaderie ; alors bon…

Nous étions un de ces mercredi des plus maussades : ciel terne, nuages ventrus, bruine matinale. Fraîchement sorti d’un double cours de Divination, Ron se traînait dans les escaliers en marbre, tirant nonchalamment son sac à bout de bras. La perspective d’un peu de potion, d’une pincée de déprime saupoudrée d’un zeste de menace d’échec n’était pas vraiment faite pour l’enchanter. Mais de toute manière, mis à part les plaisirs de la table et le Quidditch, rares étaient les choses qui enjouaient Ron. En règle générale, cependant, il s’efforçait de faire bonne figure : cinq ans passés à Poudlard lui avaient en effet appris que participer au cours faisait passer le temps plus vite. Le cas de Rogue s’avérait un rien différent. Une fois un pas d’effectué dans son cachot, les aiguilles cessaient d’avancer, les secondes stoppaient net leur écoulement, et seuls demeuraient les gouttes de sueurs et les rictus sauvages dans un univers complètement figé.

Le Gryffondor traversa le Hall d’Entrée, ne levant les yeux que pour regarder les grands sabliers. Serpentard en tête ; quelle surprise ! Depuis la rentrée scolaire, Ombrage s’était efforcée d’arracher rubis par rubis la notoriété de Gryffondor. La principale cause de cette soudaine dégradation était bien entendu Harry. Dire la vérité n’étendait pas que de bonnes choses… Bien sûr, Ron ne pouvait pas lui en vouloir, il croyait en Harry, il croyait en ses propos et ne dévier de ce chemin ne fut-ce qu’un seul instant lui serait apparu comme une infâme trahison. Néanmoins, tout au fond de lui, une petite voix déçue se demandait quand le Survivant apprendrait à conserver le silence en pareilles circonstances.

Le Gryffondor secoua la tête, ramené au temps présent par une Hermione soucieuse d’être à l’heure. Ok, ok, il valait mieux accélérer le pas s’il voulait échapper aux habituels sifflements réprobateurs. Son sac rebondit mollement sur les marches menant aux cachots tandis qu’il entamait l’interminable descente en spirale. Déjà ici, les murs suintaient l’humidité et la moisissure, lui attaquant les narines d’une odeur sûre. Les ruines de son déjeuner menaçaient de refaire surface et il dut respirer à grands bruits pour réfréner cette pulsion.

Hermione s’était mise à courir, à présent, sautant même les trois dernières marches, ses sacs surchargés menaçant de la faire tomber en avant. D’instinct, Ron et Harry adoptèrent le pas de course, dégradant les marches à toute vitesse dans un claquement amplifié. Juste à temps ! Une longue rangée d’élèves – toutes années confondues – s’infiltrait en silence dans la salle de classe. Dans une attitude d’espion, le trio se fondit au mouvement, passant sous le nez cireux de Rogue d’un air piteux. Lorsque la porte claqua, tout le monde avait pris place (Hermione avait même sorti plume, parchemin, livre, et commençait de déployer son arsenal d’ingrédients). De sa voix froide et rude, le professeur Rogue entama un long monologue purement pédagogique auquel Ron ne prêta nulle attention. Trop occupé à compter ses fioles, il comptait d’office sur Hermione pour lui résumer l’essentiel. Rogue arpenta la classe dans toute sa longueur, se positionna dans le fond, déploya sa cape comme un vampire affamé, revint sur les devants de la scène, et acheva de donner les ultimes instructions :

- Ouvrez votre livre à la page 142. Vous aurez le loisir de vous rendre compte de la simplicité de cette potion. Vous aurez besoin de quelques scarabées pilés, ajoutés à trois racines de gingembre coupées, et d’une bile de tatou. Le procédé vous est expliqué avec minutie. Il est bien évident que vous devrez le respecter à la lettre et avec toute la grâce possible. Pour la fin du cours, je veux que votre potion soit parfaite !

*D’accord… Autrement dit, il veut nous mettre un « T »… *

D’instinct, Ron gratifia Rogue d’un regard noir qui n’échappa pas au Maître des Potions. Ce dernier retroussa les lèvres sur ses dents jaunâtres, et chaque trait de son visage semblait vouloir dire « Eh bien ? Qu’attends-tu pour protester ? ». Résigné, le Gryffondor parcourut du doigt la page cent quarante-deux, se renseignant sur la procédure à suivre. Rien de vraiment sorcier ; c’était bien là le problème. Il y eut un grand bruit d’éclaboussures lorsque Hermione remplit son chaudron selon les normes indiquées. Ron échangea un regard éloquent avec Harry, haussa les épaules, et se mit au travail.

En premier lieu, il dévissa un bocal opaque, en dégagea une bonne poignée de scarabées morts, ouvrit la main au-dessus de son mortier fissuré, s’empara d’un pilon court, et entama le long et lent écrabouillage de cadavres. Les craquements de carapace l’écœuraient plus qu’autre chose et il accéléra la cadence, transformant bientôt cette infâme ruine en une poudre discrète. Deux ou trois pattes dépassaient encore ça et là mais, jugeant l’ensemble satisfaisant, le Gryffondor déversa le tout dans son chaudron. Jusqu’ici, il obtenait un « fond de chaudron » des plus corrects. Ouf. Harry, de son côté, parachevait le pilonnage de manière à faire disparaître les moindres imperfections. Pendant ce temps, d’un coup de baguette très sec, Ronald allumait un feu sous un récipient rempli d’eau. Craquant et dansant, les flammes léchèrent le verre, amenant bientôt le liquide à bouillonner. Pas question de la laisser s’évaporer ; il déversa de suite l’eau brûlante sur la poudre de…

Brûlante ?

Saisi d’un doute, il colla le nez à son bouquin, relisant les instructions à toute vitesse. Sacarabées, gné gné gné, eau tiède. EAU TIEDE ! Merlin ! Il n’en croyait pas ses yeux ! Il n’était donc pas capable de lire correctement ne fut-ce qu’une seule recommandation ? Cette fichue malchance continuait de s’abattre sur lui ! Et bien évidemment, il était à la traîne. Furieux, il retroussa ses manches, jeta d’un geste blasé une racine de gingembre dans la mixture, et fit flamber un feu démoniaque sous son chaudron. Attendre, taper du pied d’un air impatient… La potion se mit à frémir – et cette fois-ci, c’était normal – et il plongea une seconde racine dans les vapeurs naissantes. Il y eut un long sifflement qui ne laissait présager rien de bon, puis la solution se stabilisa. Les sourcils de Ron se froncèrent d’un air méfiant. Pas d’explosion ? Soit, cela était plutôt bon signe, non ? Raison de plus pour ne pas baisser les bras. D’un mouvement théâtral, il déversa une solide ration de bile de tatou dans son mélange, tourna le tout avec entrain… ah mais non, le livre – ce satané livre ! – demandait de la dé-li-ca-tesse. Lààà, voilà ! Autant de lenteur et de douceur que l’intelligence d’Héloïse Midgen. Evolution encourageante : la potion ne vira pas au noir. Un élan de motivation l’envahit alors et il précipita dans le liquide la troisième et ultime racine de gingembre avec tant de force qu’un monstrueux panache de fumée s’éleva jusqu’au plafond, provoquant à Harry, Ron, Hermione et Irina Collins une violente quinte de toux. Quelque chose avait dû lui échapper ; quelque chose de capital…

L’écran de vapeur se dissipa peu à peu, laissant place à une solution…

* Verte, elle est verte. *

Aussi criard que l’émeraude, son résultat semblait le narguer d’un bouillonnement narquois. Un nœud se forma dans l’estomac de Ron. Sous l’effet de la panique, il dissémina un peu plus de bile de Tatou, saupoudra d’un poil de Manticore brûlé, et se retrouva comme un abruti devant un chaudron plein d’un liquide violet (enfin !) fluorescent. Si toutes les bougies du château s’étaient soufflées en même temps, le chef-d’œuvre de Ron aurait eu de quoi fournir tout le monde en lumière. Lorsque le Gryffondor rendit sa fiole étiquetée, le professeur Rogue élargit son rictus. Il avait de quoi, certes, mais au moins la potion était-elle violette. Na !

Harry progressait d’un pas lent, le regard soucieux. Se fondant dans les flots d’élèves de toutes les maisons, il semblait aussi sombre et menaçant qu’un Détraqueur en pleine diffusion de désespoir. Ses yeux verts étaient éteints, ses cheveux d’un noir de jais pendaient lamentablement sur son front, et même sa détermination – pourtant si forte durant ces derniers mois – donnait l’impression de diminuer. Il réfléchissait. Il faisait le point sur l’état actuel des choses. Depuis le début de l’année scolaire, il avait tenu un discours, imperturbable dans ses propos. Et Dumbledore avait oscillé dans son sens. Lord Voldemort était de retour, plus puissant que jamais, et il fallait se préparer à l’affronter. Les avis s’étaient donc rapidement mitigés et trois pôles avaient émergés. D’un côté, ceux qui n’y croyaient pas du tout : ceux-là alimentaient les potins les plus insensés sur l’état mental de Harry. D’autre part, les indécis. Incapables de prendre partis, ils avouaient que les preuves apportées par Harry et Dumbledore étaient irréfutables, mais qu’il leur était très désagréable de croire à une quelconque Reviviscence. Beaucoup de mots pour ne rien dire, donc. Enfin, on pouvait trouver les partisans de la « théorie du Survivant ». Malheureusement, la majorité de ce clan constituait pour la plupart l’Ordre du Phénix et peinait donc à replacer les élèves sur la bonne voie. A ce stade des événements, Harry se serait contenté de hausser les épaules et de persister dans son discours de vérité. Mais cette année, un abominable fléau s’était abattu sur la prestigieuse école de sorcellerie : Dolores Ombrage. Armée de son sourire mielleux, de sa voix flûtée et de ses plumes de tortionnaire, elle s’était engagée dans un terrible bataille contre les Pros-retour de Voldemort. Et pour le simple fait d’avoir dit la vérité ; LA VERITE, il s’était fait mutiler la dos de la main ! Jamais il n’avait éprouvé pareille haine envers un être humain, c’était là une aversion qui dépassait même ses propres sentiments à l’égard de Rogue.

Severus Rogue… Lui non plus ne contribuait pas à améliorer le moral de Harry. Ses sarcasmes insolents, son rictus narquois l’apparentaient sans nul doute à un sale petit… Le cœur de Harry fit un bond quand il manqua de rater une marche. Se rattrapant à l’épaule de Ron, il reprit contenance, rajusta la sangle de son sac et continua de descendre vers les cachots. Parfois, il ressentait tellement de colère qu’il parvenait à s’effrayer lui-même. C’était comme si un serpent, un véritable serpent, se dressait en lui pour cracher de fureur. Il arrivait même au Gryffondor de ne plus se reconnaître, par moments… Emergeant peu à peu de ses sombres pensées, Harry tourna sa concentration sur l’instant présent : un double cours de Potions l’attendait, dominé par le regard froid et cruel du professeur Rogue. Mais cette fois-ci – le Gryffondor se l’était promis comme un défi lancé à lui-même - il parviendrait bien à arracher au minimum un « E » à ses tentatives de mélanges. Le tout était de ne pas se laisser déconcentrer par son aura malveillante ; c’était juste une question de volonté. Ne pas se laisser distraire et lire les instructions à la lettre. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? « Parce que tu sais très bien que ça n’y changera rien ? » le nargua une petite voix intérieure. Harry l’étouffa d’un reniflement irrité. Non, cette fois il y parviendrait, il triompherait juste sous le nez graisseux de Rogue.

Comme à leur dépitante habitude, les cachots se révélaient froids, humides et sombres comme l’antre d’une créature des profondeurs. Quand la voix de Rogue se mit à résonner, elle eut autant d’impact qu’un hurlement sourd d’hostilité. Au programme : la potion Aiguise-Méninge, soit l’un des mélange le moins compliqué qui leur ait jamais demandé.

- Ouvrez votre livre à la page 142.

Harry ouvrit docilement son manuel, prenant bien soin de ne pas lever les yeux sur le maître de potions : pas question de lui donner une éventualité de le rabaisser.

- Vous aurez le loisir de vous rendre compte de la simplicité de cette potion.

Simple, certes. A la différence qu’un affreux épouvantail aux cheveux gras allaient rôder dans leur dos, souffler dans leur nuque, et ainsi diminuer toutes leurs chances de produire quoi que ce soit de constructif.

- Vous aurez besoin de quelques scarabées pilés, ajoutées à trois racines de gingembre coupées, et une bile de tatou. Le procédé vous est expliqué avec minutie.

Et Harry comptait bien le suivre avec autant de précision.

- Il est bien évident que vous devez le respecter à la lettre et avec toute la grâce possible. Pour la fin du cours, je veux que votre potion soit parfaite !

Rien que ça ! Mais c’était d’une facilité déconcertante, voyons ! D’un geste nerveux, il ajusta ses lunettes, dégagea son front d’une mèche de cheveux rebelle, dévoilant à tous sa cicatrice blafarde. Il gratifia Ron d’un regard blasé - lien solide dans l’adversité - et entama ses manœuvres. Des scarabées desséchés vinrent remplir à ras-bord son mortier, formant un macabre monticule insectoïde. Harry s’arma d’un pilon, échauffa son poignet, et se lança dans un écrasement constant, peu ragoûtant, mais efficace. Peu à peu, les pattes, les carapaces et les élytres disparaissaient sous les coups broyeurs, s’entassant sur eux-même et se laissant réduire en une poudre noire et brillante. Il lui fallut un certain temps avant d’obtenir le résultat voulu : soit un condensé sans la moindre imperfection. Il déversa le tout dans son chaudron, consacra cinq bonnes minutes à chauffer de l’eau claire, vérifia la tiédeur (il valait mieux ne pas reproduire la même erreur que Ron) et noya sa poudre de scarabée dans une légère vapeur. Les gestes tremblants d’un soucis de bien faire, Harry suivit du doigt la suite des consignes. Délicatement, il plongea une racine de gingembre dans son début de potion. Mais peut-être aurait-il dû en ôter les imperfections avec un couteau d’argent comme l’avait fait Hermione ? Non, ce serait complètement dévier de son propre style à lui : il acceptait les choses telles qu’elles étaient, point à la ligne.

Le bouillonnement du liquide l’incite à s’activer. Il ajouta la seconde racine, s’empressa de laisser couler une quantité respectable de bile de Tatou, et mélanger le tout avec grâce et délicatesse ; sans doute la partie la plus reposante. Tout en touillant, il pouvait observer l’avancée de ses congénères. Hermione peaufinait son résultat d’un violet impeccable, Prosper Wagner essayait de rattraper un mélange virant au noir, et Cho… Cho croisait les doigts en fixant son mélange avec intensité. L’espace d’un pincement au cœur, Harru aurait voulu que ce soit lui qu’elle fixât avec pareille ardeur. Si seulement…

Un écran de fumée vint lui picoter les yeux et il baissa la tête sur son propre chaudron. Affolé à l’idée d’avoir pu manquer une étape, il plongea l’ultime racine et patienta le résultat, l’angoisse aux tripes. Lentement, la potion vira à une teinte bleutée, fonça légèrement jusqu’à adopter une couleur mauve. Quelque chose se relâcha en Harry : il y était arrivé. Ce n’était pas là quelque chose de merveilleusement parfait ; son breuvage était trop foncé, mais au moins était-il parvenu à lire correctement ses consignes. Qu’est-ce que Rogue pourrait bien revenir dire à ça, hein ? Il se serait bien essayé à un cri de victoire, mais ce fut une quinte de toux qui le saisit lorsque le breuvage de Ron tourna à la bombe chimique…

La veille au soir, Evelyn avait passé plusieurs heures à tenter de réparer l'une de ses robes d'uniforme qui présentait une énorme entaille. C'était arrivé alors qu'elle voulait quitter l'un des escaliers qui avait tourné avant qu'elle puisse descendre : elle avait mis le pied sur le rebord de sa robe, qui s'était alors déchirée jusqu'au niveau du genoux. La jeune fille avait bien pensé à utiliser un sortilège de Reparo mais elle avait égaré sa baguette dans son sac et elle était trop paresseuse pour la chercher. Ainsi donc, il avait été plus facile de réparer le tissu de façon moldue -plus long, mais moins forçant. Finalement, après avoir recousu la moitié de la déchirure, la jeune jaune et noire s'était endormie sur l'un des canapés de la salle commune. Elle avait malgré tout passé une très bonne nuit et une camarade l'avait réveillé à sept heures trente. L'adolescente se dépêcha de prendre une douche puis s'habilla et dut demander à la première personne qui passa de lui nouer convenablement sa cravate. Elle tomba sur un garçon de septième année franchement charmant à qui elle adressa un sourire radieux et un 'merci' sur un ton rêveur.

« Ça m'a fait plaisir.
- Le plaisir était pour moi, venant d'un garçon aussi mignon..! »

La demoiselle lui sourit de nouveau, loin d'être gênée, puis ramassa son sac et se joignit à un troupeau de blaireaux qui descendait à la Grande Salle. Elle s'installa avec un petit groupe d'amis et salua d'un signe de la main quelques Serdaigle avec qui elle s'entendait bien. Encore une fois, elle se demanda pourquoi tous les élèves ne s'assoyaient pas à la même table. Ce serait plus amusant et les amis de différentes maisons pourraient se retrouver. Quoique...Non, il faudrait deux tables. Une qui regrouperait les vantards, les prétentieux, les teigneux, les sadiques, les dérangés, les 'Posez vos modestes regards sur ma magnifique personne' ; bref, la plupart des Serpentard et quelques Serdaigle trop imbus d'eux-mêmes -pour ne pas les nommer. La deuxième table accueillerait les sympathiques, les comiques, les sociables, les aimables, les généreux, les souriants et autres joyeux compagnons. Dès qu'elle eut terminée son repas, Evelyn quitta la table pour les cours. La pauvre Poufsouffle grimaça lorsque ses jolis yeux tombèrent sur le cours de potions. « Beurk. », fit-elle tout simplement. Quand elle se retrouva plus tard parmi la masse d'élèves qui se pressait devant la porte de la classe, dans les cachots, la jeune fille soupira bruyamment en espérant que la potion à faire serait simple. Espérance qui s'évapora rapidement : avec le professeur Rogue, il ne fallait pas se faire de faux espoirs. Pourquoi ne le remplaçaient-ils pas ce vampire aux cheveux gras ?!

Elle ouvrit son manuel à la page 142 et lut brièvement la recette. Ce cours serait catastrophique. Elle demanda tout bas à sa voisine si elle était bonne en potions : cette dernière lui répondit qu'elle se débrouillait de façon 'pas mal'. « Bon alors tu veux bien me faire un peu de cette fichue potion, je vais la boire et ensuite faire la mienne, d'accord ? » Il y eut un long silence embêtant, puis... « Pffff...Certainement pas. » L'élève se tourna vers son autre voisine comme si elle ressentait du dégoût envers la petite Poufsouffle. Cette dernière, loin d'être vexée, haussa les épaules et regarda qui se trouvait dans la classe. Les cours inter-niveaux changeaient beaucoup les habitudes. Voilà que là-bas, dans le coin des verts et argent, se trouvait la reine des coeurs de pierre, un dragueur invétéré qui accostait toutes les filles fréquentables de Poudlard, une Serpy aux cheveux platine, une vilaine et cruelle verte qu'il valait mieux éviter et autres individus peu recommendables. Chez les Serdaigle, voilà qu'il y avait Cho et Ann -Evelyn leur adressa un signe de la main, sans vraiment espérer qu'ils la remarquent- et il y avait aussi Wagner A.d.l.e.d.e.r-j.e.c.e.s.p.p-m (Soit Adorateur des livres et des études, rabat-joie en chef et sang-pur pro-Ministère). Chez les Gryffondors, il y avait bien entendu le fameux Trio et Neville, le représentant de la gaffe en potions chez les lions. Mais le regard curieux de la jeune fille s'attarda principalement à Hermione Granger. Depuis sa première année, elle se demandait si la née de moldus n'avait pas mis les doigts dans une prise électrique pour avoir de tels cheveux. Depuis son hypothèse, elle craignait d'aller chez ses grand-parents ; peut-être mettrait-elle elle aussi par inadvertence les doigts dans une prise.

Finalement chez les Poufsouffle, il y avait Lena, une pro' dans l'art des potions. Evelyn passa en revue tous les visages qu'elle venait de noter. Hey ! Les Serpentard avaient-ils aussi un cinquième année capable de se ridiculiser en potions ? Après tout, à Serdaigle, il y avait Ann. À Gryffondor, c'était Neville. Elle se considérait comme la gaffeuse représentante de Poufsouffle. Mais les Serpentard eux ? Elle fut coupée dans ses réflexions lorsqu'elle se rendit compte que tout le monde avait commencé et qu'elle n'avait même pas sorti son matériel. Elle ramassa son sac qu'elle vida sur la table avant de prendre seulement ce dont elle avait besoin et de ranger le reste. Elle entassa ses ingrédients près de son chaudron puis attrapa pilon et mortier pour écraser les scarabées. « Beurk. », laissa-t-elle échapper pour la deuxième fois aujourd'hui. C'était dégoûtant. Toutes ces petites pattes qui semblaient vouloir s'échapper du mélange. Tous ces éclats de carapace noire et brillante qui se côtoyaient dans cette poudre noirâtre...Avec une grimace, Evelyn versa ce qu'elle avait dans son chaudron. Il y en avait un peu plus qu'un fond de chaudron et des scarabées presque entiers dépassaient encore de la poudre. Mais elle n'allait certainement pas continuer à broyer ces insectes. L'adolescente versa de l'eau jusqu'au quart du chaudron -de l'eau froide qui plus est- puis jeta la première racine de gingembre dans l'eau.

La demoiselle alluma un feu sous son chaudron et sans même attendre la moindre bulle, elle plongea la deuxième racine dans le mélange. Elle fixa ensuite sa potion distraitement, jusqu'à ce qu'elle se mette à bouillir. La jeune fille jeta un coup d'oeil aux consignes puis versa la bile de tatou dans sa mixture et commença à mélanger la solution qui ressemblait à un gros bouillis peu ragoûtant. Les scarabées en poudre avaient formé d'étranges morceaux qui remontaient à la surface et la potion ne virait pas au noir -heureusement- mais plutôt au jaune pissenlit. La jaune et noire porta une attention particulière aux chaudrons des autres et remarqua que presque toute la classe semblait bien s'en sortir. Leurs potions étaient toutes plus ou moins violettes. La sienne prenait étrangement une teinte dorée. Un brin agacée, elle jeta la dernière racine dans la composition ratée et un énorme nuage de fumée s'en échappa, enveloppant aussi sa voisine qui se mit à tousser bruyamment. Lorsque la fumée se dissipa, Evelyn posa les yeux sur le contenu de son chaudron. Orange. Elle avait une jolie potion orange. C'était bien joli, 'orange', mais ce n'était pas violet. Elle plongea la main dans son sac.

Que possédait-elle de violet ? Oh ! Mais bien sûr ! De l'encre violette achetée durant les vacances ! La jeune fille, persuadée qu'il s'agissait là de la meilleure idée du siècle, s'empara du flacon d'encre violette et -s'assurant que personne ne la regardait- en laissa tomber quelques gouttes dans son mélange. Rien ne se passa, la couleur ne changea même pas. Evy' grimaça et vida alors tout le contenu de la bouteille dans son chaudron. C'était un gaspillage désolant mais si cela pouvait lui permettre d'avoir au moins un 'A', soit ! Mauvaise idée. Très très très mauvais idée. Les morceaux qu'avait formé la poudre se mirent à faire des bulles étranges et la mixture tourna au bleu ciel. Bleu ciel ? C'était presque dans le violet ça, il lui suffisait de quelque chose d'autre pour foncir cette couleur...Oh ! Mais qu'avait-elle là ? La Poufsouffle plissa les yeux pour lire l'écriture de sa mère sur le flacon : essence de Belladone. Peut-être que si elle en glissait deux-trois gouttes dans le mélange...?

Et sans même écouter la petite voix intérieure qui criait « Non, Evelyn, pas ça ! Je t'en prie ! NE FAIS PAS ÇA ! », la dénommée Evelyn versa la moitié de l'essence dans sa potion.

Boom !

Pas 'BOOM' comme une explosion mortelle, mais 'Boom' comme une explosion qui envoya des boules de poudre de scarabées sur sa voisine et quelques autres élèves qui se tenaient tout près. La mixture passa du bleu ciel au roux. « Comme les cheveux des Weasley », fit remarquer la jaune alors qu'elle remplissait un flacon de potion qu'elle étiquetta à son nom. Elle aurait un Troll, presque certain. D'ailleurs, le regard du professeur Rogue laissait croire qu'elle n'aurait pas en haut d'un T et certainement pas un A comme elle l'espérait. Tant pis, ce serait pour une autre fois. La jeune fille rangea son matériel, essuya sa joue droite sur laquelle se trouvaient une patte de scarabée et quelques morceaux de carapace puis, adressant un sourire radieux à quelques Serpentard hautains, elle quitta la classe après avoir remis son flacon à l'enseignant.

[Magnifiquement écrit par Ron et Cad :lovee: ]

Parfois, Hermione se demandait ce qui se passait dans la tête de ses deux meilleurs amis. D’office, avoir choisi de passer des BUSEs en Divination lui paraissait d'une puérilité totale. Les BUSEs étaient importantes pour votre avenir – c’était une réalité évidente, un credo qu’elle se murmurait tous les jours - et décideraient de votre réussite future. Or, et elle ne démordrait pas sur ce point, la Divination ne servait strictement à rien. Dix minutes plus tôt, elle était sortie de son cours d'Arithmancie passablement irritée (trop appliquée à décrire les effets de la prescience chiffrée, elle n’avait pu terminer à temps sa rédaction) et avait entamé un léger détour pour aller cueillir Ron et Harry en Divination. Elle patienta au moins deux minutes avant qu'ils ne daignent sortir, sifflotant d’aise et de nonchalance. Harry se montra le premier, preuve flagrante que c'était encore Ron qui ralentissait le mouvement. Non, mais vraiment ! Comme s'ils pouvaient se permettre d'arriver en retard au cours de Potions ! Le professeur Rogue n'allait sans doute pas rater une aussi belle occasion de déverser son fiel sur Harry et ce dernier, déjà fortement éprouvé par l'incrédibilité des autres élèves, n'avait nullement besoin de ce surplus de mépris. Mais allez tenter de démontrer une thèse aussi simple à Ronald-Je-Traine-Des-Pieds...

« Ron ...! » lança-t-elle impatiemment.

Le rouquin leva les sourcils en un signe de parfaite incompréhension. Il ne manquait que le « quoi ? » indigné. La Gryffondor le fusilla du regard, gratifia Harry d’un sifflement pressant et accéléra le pas, bien décidée à ignorer superbement leurs soupirs et à arriver à l'heure en cours. Un rapide coup d’œil aux sabliers la confirma dans son opinion : l’amoncellement de rubis avait fortement diminué ces derniers temps, aussi ne pouvait-elle supporter le moindre retrait – aussi justifié soit-il. Arrivée à une vingtaine de pas de la salle de classe, elle jeta un nouveau un coup d’œil par-dessus son épaule pour se rendre compte que Ron ne suivait pas. Poussant un couinement sonore à l'attention de Harry, elle retourna sur ses pas, se retenant à grands efforts de lui tirer les oreilles. Le temps faisait cruellement défaut, et elle repensa un instant aux bienfaits de ponctualité qu’avait apporté le Retourneur de Temps. Soudain, elle se mis à courir, à foncer dans un élan de panique, sautant les trois dernière marches, manquant de tomber, emportée par le poids de son sac plein à craquer de manuels.Avec une agilité propre aux félins, ils se glissèrent dans la file d’élèves qui investissait la classe en silence. Tous trois s’installèrent sans esquisser le moindre bruit supplémentaire, décevant l’oreille tendue de Rogue.

La tâche attendue – un potion d’aiguise-méninges - lui apparut comme une plaisanterie de mauvais goût. Il s’agissait là de quelque chose de tellement simple, de si élémentaire, qu’elle se promit de conserver jalousement tout son savoir-faire, laissant ses congénères se démener par eux-même. Elle sortit directement ses affaires : manuel et nécessaire à potions, et ouvrit fébrilement son livre à la page 142. Elle connaissait la recette de mémoire étant donné qu’elle l’avait réalisée avec brio l'année dernière. L’espace d’une seconde, Hermione fut tentée de dresser sa main, mais l’air déconfit de ses deux compagnons (surtout celui de Ron) la retint. Ce n'était put-être pas une bonne idée d'attirer l'attention, mais imaginons un instant que le professeur Rogue se soit trompé de potion ? Il était impossible qu'il leur demande un mélange aussi simple, c’était absurde...

Déstabilisée, perdant notions et repères, elle balaya la salle des yeux pour s’assurer de la normalité du thème. Etant donné que tout le monde pilait ses scarabées, elle déduisit qu’il n’y avait là rien d’anormal. De son côté, le professeur Rogue fixait Harry sans ciller, le suppliant muettement de lui donner ne serait-ce qu'une bonne raison de le sanctionner.

Elle prit une poignée de scarabées qu'elle commença d’écraser avec précision et minutie. Le bruit mat des coups de pilons semblait se répercuter un peu partout dans la pièce, comme autant de gémissements rocailleux. Tantôt certains évoquaient la violence, tantôt d'autres suggéraient un mouvement tournant. Mais le livre actuel était très incomplet. Elle avait lu dans « Préparer ses ingrédients, un Art en soi » qu'il fallait broyer les scarabées en les gratifiant de trois coups souples du poignet et d’un tour de mortier jusqu'à obtenir une poudre des plus fine. Et en effet, elle eut rapidement une belle couche de poudre noire sans aucun défaut. En règle générale, suivre des consignes autres que celles présentes dans son manuel l’aurait horrifiée ; mais comme les modifications provenaient d’un ouvrage hautement réputé, elle n’avait pas hésité longtemps. Elle chauffa ensuite son eau jusqu'à obtenir une température idéale, déplorant en elle-même les impuretés du liquide.

*Evidemment, pensa-t-elle férocement. A partir du moment où l’on n'exploite pas les elfes de maison pour nettoyer quelque chose, c'est nettement moins bien, pas vrai ? *

Elle divagua une minute en mémoire des pauvres elfes, obligés de trimer en esclaves du matin au soir, méritant cent fois mieux que leur misérable sort. Il faudrait absolument qu'elle reparle de la S.A.L.E. aux garçons, histoire de relancer ses projets de jadis. Vraiment, elle ne comprenait pas pourquoi ils se montraient si peu enthousiastes...

Bref. Elle ajouta à son mélange la première racine de gingembre - soigneusement coupée au préalable et dont toutes les imperfections avaient été ôtées à l'aide du couteau d'argent in-dis-pen-sa-ble à tout potionniste qui se respecte - puis fit monter le feu pour laisser frémir l'eau. Au bout de quelques minutes d’attente, le liquide produisit de gros bouillons. Elle ajouta la seconde racine ainsi que la bile de Tatou (son geste n’était rien d’autre que le professionnalisme incarné) et mélangea les composés avec la précision d'un manuel. Par ailleurs, elle devait son style et son doigté à un autre chef-d’œuvre intitulé 'Les mouvements de baguette récurents à l'usage des jeunes sorciers ». Ce grimoire (qui se trouvait dans son sac en ce moment même) était réellement passionnant et combinait mise en forme et profondeur. Il démontrait, avec force descriptions et schémas, les différentes flexion du poignet nécessaires à la réussite de toutes sortes de sorts dits « basiques ». Et remuer les potions en faisait partie.

La solution ne vira pas au noir pour le plus grand bonheur de sa créatrice qui, au fond d’elle-même, avait toujours peur de mal faire quelque chose. Lorsqu'il s'agissait de théorie, elle pouvait se défendre à grands coups de citations encyclopédiques, mais quand on en venait à aborder la pratique pure, elle craignait l’échec et l’incapacité de son savoir-faire. Enfin, apparemment, ce nullement le cas puisque l’ajour de la dernière racine provoqua un nuage de fumée identique en tous points à celui illustré dans son manuel.

Hermione s'autorisa une seconde de répit pour évaluer où en étaient ses deux meilleurs amis. Harry en avait presque fini et se défendait correctement, mais la potion de Ron, en revanche, affichait une jolie couleur... émeraude ? Mais qu'est ce qu'il avait encore fabriqué ?! L'adolescente lui envoya un discret mais douloureux coup de coude dans les côtes, siffla avec impatience, et enferma en bouteille sa magnifique solution d'un violet parfaitement homogène. Un air d’extrême suffisance sur le visage, elle souda son flacon à la cire mais faillit presque le laisser tomber en voyant un épais panache de fumée poisseuse s'élever jusqu'au plafond. Une odeur âcre lui prit la gorge et le nez et ce fut d’aillers un miracle si elle réussit a reposer la fiole sur la table avant de se mettre à tousser, les larmes aux yeux, des idées de meurtres dans la tête. Elle rendit son travail au professeur Rogue avec des gestes fébriles, puis explosa en un grand élan de crachas venimeux qui combinait quinte de toux et menaces sourdes…

Le professeur récolta toutes les potions soupirant à chaque résultat. Il les observa avec minutie avant de révéler son verdict.


Irina Collins: Optimal et 30 points pour Serpentards.
Bon travail Miss Collins. Cependant ne vous reposez pas sur vos lauriers, cette potion était faisable par un troisième année s'il le désirait.

Cho Chang: Acceptable et 10 points pour Serdaigle.
La potion est violette et fonctionne, c'est un bon début. L'art de la confection de potion est subtil, il n'a rien à voir avec la rudesse de la salle de défis.

Cennyd McAyr: Optimal et 30 points pour Serpentards.
Merlin sait que j'ai tout fait pour vous ôter votre sourire narquois. Malgré tout, je n'ai rien à dire sur la qualité de votre travail. Continuez ainsi vous êtes sur la bonne voie.

Ann Snow: 10/20 et cinq pour Serdaigle.
Mr Snow, si je puis me permettre un conseil, ne travaillez pas dans le domaine des potions. J'irais même jusqu'à vous ordonner de vous éloigner au maximum des chaudrons jusqu'à la fin de votre vie. Hélas, les examens en ont décidés autrement. Et par plaisir, ayez au moins l'obligence de suivre le procédé à la lettre.

Prosper Wagner: Effort Exceptionnel et vingt points pour Serdaigle.
Elève assidu et discret. Cependant son travail mérite une légère distinction.

Ronald Weasley: 13/20 et 10 points pour Gryffondor.
Quand ce cher Weasley arrivera-t-il à se concentrer une heure durant ? Ce jour là, arrêtera-t-il d'être un danger public ? N'oubliez pas qu'à la fin de l'année vous aurez des concours et que ce sera à vous de faire vos preuves ! Cependant vous n'êtes pas irratrappable.


Harry Potter: Piètre et cinq points pour Gryffondor.
Au moins, on peut affirmer qu'avec Mr Weasley, vous faites le duo parfait. Continuez ainsi et vous pourrez ouvrir un cirque pour Moldus. Les cours de Potions ne s'improvisent pas. C'est à force de travail que l'on réussit, Potter.

Evelyn Twynam: 13/20 et 10 points pour Poufsouffle.
Quand on prétends que les potions peuvent porter préjudices à l'intégrité physiques de sorciers, on parle de la potion et non pas des ingrédients. Mais peut-être un jour comprendrez-vous que votre voisine n'est pas un chaudron, aussi incipide et discrete soit-elle.

Hermione Granger: Optimal et trente points pour Gryffondor.
Encore un exploit de miss-je-sais-tout. Aucun commentaire.


HRP: Beaucoup de réponses appliquées, je vous félicite. Continuez ainsi avec vos touches d'humour et votre style, c'est un plaisir à lire.