[31 Dec] Université de Cambridge [Tsu, JKR]

Invité

[Priorité Tsu si possible Mr JKR]

Les mots volaient un peu partout dans l'immense château. C'est lorsqu'il veut apprendre ou comprendre que l'homme détruit le plus. Cet instinct étrange d'ouvrir, de démonter, de voir et de toucher le pousse à commettre des actes abominable au nom du Dieu science. Le monde des érudit est différent de tous les autres mais, curieusement, est identique chez les sorciers comme chez les moldus. Le genre d'atmosphère qui ne pouvait que plaire à Tsuyosa, toujours avide de nouvelles expériences, de nouveaux sujets d'études, voir de nouvelles idées.

C'est pour cette simple raison que Cyril avait surmonté son amour de la solitude et proposé à son amie de venir avec lui dans son appartement de Cambridge. Après un voyage en Poudlard express, ils avaient prit la voiture pour parcourir la centaine de kilomètres qui séparaient l'université de la capital anglaise. Le père de Cyril avait haussé un sourcil étonné en voyant que son fils était accompagné mais n'avait pas fait de commentaires. Il s'était contenté de dire à Tsuyosa qu'elle était la bienvenue et qu'elle ne devait hésiter à lui demander si elle avait besoin de quelque chose.

A l'arrivée à la maison, la mère de Cyril avait tout de même montré plus de surprise mais c'était reprise bien vite, demandant à son fils ou il pensait lui proposer le logis. Chez lui ou chez eux. Cyril avait simplement renvoyé un regard à sa mère qui avait comprit tout ce qu'il fallait. Pas de questions, juste quelques phrases lancées pendant le repas pour éviter que l'invitée se sente mal à l'aise puis une première nuit dans la maisonnette.

Le lendemain, Cyril conduisit Tsuyosa a l'intérieur même du bâtiment. Les malles étaient déjà entreposées dans le petit appartement sous les toits qui était officiellement le logement de fonction de son père et qu'il avait investit pour être tranquille. La rumeur qui venait des étudiants travaillant leurs examens montait continuellement, venant de l'université moldue comme de son aile magique. Et les jours passèrent.

On était maintenant le 31 décembre et l'université était vide. Seul, Cyril sillonnait les couloirs noirs, ses yeux clairs bien droits devant lui. Il avait laissé Tsuyosa a ses expériences un peu plus tôt, ayant besoin d'un peu de solitude. D'habitude, il passait ce jour en méditation. Cette année, il aurait 17 ans. Cela faisait donc presque 10 ans que Sarah était morte. Et il avait ammené une fille avec lui. Une fille qu'il appréciait, quelqu'un qui était important dans sa vie. Sarah acceptait-elle vraiment cette relation ? Ou était-il en train de l'oublier peu à peu ? Qu'était cet étrange attachement qu'il ressentait soudain ? Pourquoi ressentait-il des choses ? Il ne voulait rien ressentir, il voulait retourner au monde simple et blanc qu'il n'avait pourtant pas quitter. Il voulait... il voulait la voir.

Invité

Le temps défilait trop vite. La vitre froide sous la main de Tsuyosa était un témoin translucide de ces saisons qui passaient les unes après les autres dans un silence que seuls les vivants osaient briser. Elle pencha le front et le colla sur cette plaque glacée qui l'apaisa un moment, à l'instant même où ses paupières se fermaient. Cambridge. Cambridge était froid, tout comme Poudlard. L'asiatique appréciait ce jour étrange que le 31 décembre. A l'aube d'une année nouvelle, c'était toute une pression qui retombait au sol, sur l'épais tapis de neige. Un bruit attira son attention, un sifflement plus exactement. Elle se redressa, cherchant des yeux l'origine de ce cri strident.La bouilloire. Forcément, elle s'était fait un thé. Enfin, elle ne s'en souvenait pas vraiment. Elle fit quelques pas et remplit la tasse qu'elle avait attrapé durant son court voyage. Quelques volutes de fumée s'élevèrent jusqu'au plafond, accompagnés par l'odeur caractéristique du thé qui infuse. Du thé noir, corsé, asiatique. Un peu comme elle.

Tsuyosa cala sa petite cuillère avec son pouce et sortit de sa chambre. Que faisait Cyril ? Elle qui l'avait toujours dans son champ de vision, ne le voyait que par intermittence, comme si on avait coupé la transmission. Ses yeux acier vagabondaient, puis ses pied s'y mirent aussi. Sa tasse brûlait ses doigts, mais elle ne s'en occupait pas pour l'instant. En effet, pour l'instant elle ne voulait que trouver Cyril, quelque part sur ce territoire que la tacticienne ne connaissait que trop mal encore.

" Viens."

Elle n'avait pas trouvé mieux. Elle avait à peine murmuré, comme s'il pouvait l'entendre. Oui, il pouvait, et elle en était certaine. Il était même inutile de le dire à voix haute, l'esprit suffisait. Je t'ai vu maintenant, viens avant que je t'oublies.

Invité

Et puis, comme un changement dans l’air. Du mouvement, pas vraiment humain, pas tellement naturel non plus, quelque chose comme un courant d’air, déplacé par un changement dans les volumes du couloir. Presque rien mais une impression d’étrangeté. Les murs ne bougeaient pas d’habitude… exception faite des escaliers de Poudlard mais il était dans le monde moldu. La réalité dont il avait l’habitude, pas celle qui faisait semblant de ne pas exister.

Une mèche de cheveux bruns toucha sa joue, il tourna les yeux. Gris dans gris se rencontrèrent, se parlèrent sans un mot, sans un bruit. Il se leva. Pas besoin de faire des discours, pas besoin même de penser. Elle appelle, il vient. Il souhaite, elle apparaît. Tout ceci restait tellement logique que le côté inhabituel de la rencontre ne le frappa même pas.

Il la regarda. Fit un pas vers elle, baissa les yeux. Une tasse avec de l’eau chaude dedans. Cuillère entre les doigts, ces doigts fins, à la fois présents ici et ailleurs. Il remonta les yeux. Blanc sur noir, noir sur blanc, gris au milieu. Gris tout autour. Gris des pierres et du ciment, gris de l’air studieux, gris des nuages et de la neige au dehors. L’année s’achevait sur trois couleurs et elle commencerait de la même façon. Il fit un autre pas, mit ses mains dans les poches de son pantalon noir. Un troisième pas. Stop.

Gris dans gris à nouveau. Plus réel cette fois. Et comme une question dans le blanc de son esprit. Le thé sentait fort la fumée et le noir. Un nouveau voyage ou un escale dans la réalité ? La main sortit d’elle-même de la poche et se posa sur le poignet fin qui lui faisait face. Pas de force là dedans, juste de la communication. Une façon d’expliquer l’inexplicable. Il allait avoir 17 ans. Cela signifiait-il réellement quelque chose ?

« Le temps. »

Le temps. Le temps existait-il vraiment ou était-ce l’illusion la plus réussie du lot ? Y avait-il seulement une réalité quelque part ? Deux yeux couleurs de pluie cherchent des réponses.

Invité

Un visage se dessinait enfin. Ses yeux pluie, ses lèvres bleues, ses cheveux noirs de jais se détachaient du cadre réel. Quelques gouttes de pluie, quelques flocons de neige, un peu de poussière. Siriel. Elle ne pouvait que le regarder s'avancer, s'avancer et se matérialiser. Il devenait une évidence devant les yeux bridés de l'asiatique qui serrait légèrement sa tasse. Ses cheveux noirs, elle voulait y plonger son visage, cette bouche de glace, elle voulait la faire fondre, et ces yeux pluie, elle voulait s'y noyer. Une de ses longues mèches passa devant ses yeux dans un courant d'air, pourtant, il était toujours là. Il ne s'était pas envolé, il n'était ni un rêve ni une illusion. Quelques pas de plus les rapprochèrent à nouveau. Ca faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus.

Vus. Vraiment vus.

Et pourtant, il lui avait manqué. Mais la neige, la neige et Elle. Tsuyosa avait voulu les laisser seuls un moment, elle ne devait pas interferer dans Leurs histoires. Mais à présent il avait besoin d'elle, elle avait besoin de lui. Au passé s'ajoutait le présent, formant une crème argentée. Pierres précieuses, gris de pluie. Tout finissait par se dévorer, par s'engloutir, pour ne former qu'un. La mort, la vie, la fumée et le temps n'étaient au final que les ingrédients du Réel. Du vrai.

Joyeux anniversaire.

Maintenant, c'est demain. Demain, c'est eux. I stand where i am, and forever i'm dreaming of. I feel so alone. Seuls, l'étaient ils vraiment ? Ils voulaient s'en donner l'illusion, mais ils étaient happés par cet étrange cycle. D'abord il fallait un regard, ensuite c'était le coeur qui s'emballait. Et le manque, ce manque cruel. La pluie lui manquait, le froid lui manquait. Même ce thé brûlant lui rappellait qu'il lui manquait. Elle reposa sa tasse et s'approcha de lui.

"Tu es venu, avec le temps. " Murmura Tsuyosa en posant l'une de ses longues main sur sa joue. Ses ongles se perdirent entre deux mèches de jais.

Invité

Des volutes d’irréel sur un fond de réalité. Même la pierre froide et dure ne rompait pas l’illusion de leur proximité. Même l’illusion du vrai ne pouvait interférer dans leurs communications. Les mots n’avaient pas de sens, les couleurs se fondaient derrière les vrais visages du monde. Et le silence se dessinait en volute de vapeur s’échappant d’une tasse. Il était bien .Il était lui. Siriel. Le silence lui avait murmuré ce prénom qui aurait du être le sien. Le silence lui avait souhaité un bon anniversaire. Ironique, presque acide mais présent. Il avait dix-sept ans. Il avait huit ans. Il ne savait plus vraiment.

Merci d’être là.

Rien ne trompait ce moment. Plus rien n’avait d’importance, pas même la brume grise. Une main douce sur sa joue froide. Des ongles, un peu de douleur potentielle mais surtout un contact à plusieurs niveaux. La voix de Tsuyosa répondant à la sienne. Pensive et douce, elle réussissait à se fondre dans l’étrange atmosphère qui se dégageait d’eux. Il hocha la tête avec douceur. Pas besoin de mot, tu me comprends. Tu es moi comme personne d’autre ne peut l’être. Deux corps et deux esprits pour un seul être. Même Sarah s’inclinait devant la sombre adolescente. Ils en avaient discuté tous les deux. Le soleil n’était pas très heureux mais s’inclinait. Ils étaient trois mais seul.

La fumée se dissipe lorsqu’elle reste trop longtemps en l’air. Petit à petit, l’illusion reprit sa force, les pieds retombèrent sur le sol, le deux gris redevinrent des regards silencieux et un millier de petits bruits vinrent déranger la quiétude du tout nouvel adulte. Un soupir résigné fit monter ses épaules. Ce moment reviendrait puisqu’ils étaient ensemble mais pour le moment, tout s’était enfui.

Tout sauf ce souvenir dans son cœur et une terrible impression de sérénité. Il pouvait rester là, même dans le réel, aussi longtemps qu’il le fallait. Mais peut-être Tsuyosa avait besoin d’autre chose. Peut-être lui fallait-elle de l’aide pour ses expérience ? Elle l’avait appelé, il était là. A elle de jouer à présent.

Invité

Les yeux de Tsuyosa glissaient dans l'air, entre les minuscules particules de poussière qui les gênaient. Un beau tableau, plein de mystère, d'énigmes a moitié résolues. Deux visages blancs sur un fond gris. Deux paires d'yeux perçant. Ils voyaient de ce que les autres ne voyaient, et manifestement s'en accomodaient. Elle lança un léger sourire à son nouveau et éternel compagnon.

" J'aimerais me promener, il s'est arrêté de neiger."

C'était une requête un peu idiote, un peu trop terre à terre. Mais c'était simple. Tsuyosa voulait respirer de cet air étrange qui flottait au delà de la vitre glacée. Elle voulait sentir la morsure du froid sur son visage et savoir qu'elle n'était plus seule. Comment en étaient ils arrivés à ce point ? N'étaient ils pas un peu trop jeunes pour s'aimer ainsi ? N'étaient ils pas un peu trop jeunes pour avoir besoin l'un de l'autre ? Oh, sans doute. Mais c'était nécéssaire. Entre deux mondes, il valait mieux ne pas être seul. La vie ou la mort ? Qui était le plus attirant ? Lorsque Tsuyosa préférait la mort, il s'approchait de la vie, et inversement. Il ne fallait chuter ni d'un côté ni de l'autre, alors ils s'équilibraient à la perfection. Ils avaient leur balance à eux. Une étrange stabilité. Au milieu de la balance il y avait Sarah. Sarah qui regardait en silence.

" Avec toi, si possible." Ajouta t-elle inutilement.

Invité

La poussière tourbillonnait entre eux comme poussée par un vent invisible. Des rayons de lumières la rendait plus visible, moins concrète aussi, minuscules petites fées aux ailes étincelantes. Rien de ce qui était entre eux deux ne pouvait les séparer vraiment. Ils étaient les deux faces d’une pièce. Séparés mais indivisibles. Deux personnalités pour une vie entière. Comme le Yin et le Yang, chacun renfermant un peu de l’autre en son sein. Ils étaient deux. Ils étaient un. Et cela était totalement normal.

Plus pragmatique, sans doute, plus passif en tout cas, Cyril ne s’étonnait pas de ce lien qui grandissait entre eux deux. Ils avaient la même douloureuse expérience. Ils étaient morts pour les vivants, et vivants pour les morts. Etrange balance entre deux eaux. Sarah au milieu. S’ils s’aimaient ? Ce n’était même pas la question. Ils étaient éternellement jeunes et pourtant déjà âgés. Personne ne pouvait les comprendre qu’eux même. Un sourire. Un soleil. Il inclina la tête face à cette manifestation d’un pouvoir si humain. S’approcha d’elle, un bras autour de sa taille. Ferma les yeux. Transplana dans le parc. Il avait dix-sept ans et son permit depuis quelques heures à peine. Première manifestation de magie, pour elle.

Le saule pleureur avait décoré ses branches dénudées de boules de neiges. Certaines d’entre elles s’étaient prises dans la glace du ruisseau, prisonnières de sa peine. Au dessus des eaux blanches, un pont japonais de bois rouge. Puis un bassin d’eau vive entourée de pierres au fond du quel des carpes dormaient. Un chêne centenaire, bien anglais, ombrageait l’herbe claire. Cà et là cependant, quelques mottes de neige avaient réussi à échapper à la vigilance du gardien. Un banc près d’eux les invitait à s’asseoir. Ils étaient seuls.

« Avec toi, si possible » répéta-t-il comme une question informulée.

L’air froid entoura ses mots de brumes. Il lui prit la main. Tsuyosa, et lui traversaient la vie comme des fantômes. Elle essayant de la comprendre, lui voulant l’éviter. Elle l’empêcherait de basculer dans la folie. Il lui servirait de garde-fou quand la tentation l’emporterait aux portes de l’impossible. Si elle le voulait bien. Jusqu’à la fin. Avec toi si possible, et Sarah au milieu.

Invité

Elle regardait Cyril, elle regardait autour. Il n'y avait rien en cet instant qui aurait pu la faire agir. Agir au sens propre, agir pour se mouvoir dans l'espace, agir pour contrôler. Ce n'était pas son jour, c'était celui de Cyril et l'étrange sentiment, froid et doux à la fois, qui s'était installé entre eux la poussait à aller dans ce sens. Celui du calme, celui de cette relation qui ne pouvait qu'être la bonne. elle n'avait jamais cherché. Ni trouvé d'ailleurs. Les choses étaient ainsi maintenant car le temps avait s'était écoulé dans une linéarité et une logique parfaites. Ils étaient dehors.

Elle aimait cet endroit. Pourquoi, elle ne voulait pas réellement se l'avouer. Mais cette neige morte et cet arbre qui allait renaître d'ici quelques mois lui rappelait qui ils étaient et pourquoi ils étaient là. Un paysage parfait pour décider de passer encore un peu de temps ensembles. Il avait passé le cap des 17 ans et l'invitait à aller avec lui, avec lui et Sarah. Elle disait oui. Le simple fait de rester là, près de lui après ce transplanage voulait tout dire. Elle n'avait pas besoin de l'embrasser en chuchotant d'imbéciles mots d'amour pour faire passer son message.

Après tout, la tendresse n'était qu'un ajout fait par les plus faibles. Tout ce qui était autour du sentiment pur de l'amour était fioritures, détails surchargés. L'art baroque vivait encore dans ce siècle, et les couples qui semblaient les plus amoureux tombaient en miette, faute de matière première. Cette matière première que Cyril et Tsuyosa laissaient parfaitement nue, primaire, parfaite.

Et ils avançaient. Elle garda sa main dans la sienne et s'arrêta près de l'arbre, qui semblait lourd en significations. Elle songea qu'ils étaient sur le fil du rasoir. Elle avait ses responsabilités, lui les siennes. Et avant tout, ils devaient marcher de concert, marcher la tête droite vers deux mondes qui s'entremêlaient encore. La vie et la mort. Elle ferma les yeux et respira l'air froid, posant sa main droite sur le tronc noué.

Invité

Le parc était leur cathédrale. Qu’avaient besoin les hommes de maltraiter la pierre pour ressentir la présence du sacré ? De mettre des mots sur les sentiments impalpable comme pour les forcer à exister. Les noms étaient des choses puissantes dont il fallait se méfier. Ils durcissaient les choses, les contrôlaient pour les faire rentrer dans des petites cases afin que les plus bêtes puissent avoir leur monde en noir et blanc. Mais le noir absolu n’existait que dans l’anéantissement. Les trous noirs étaient impossibles à approcher et par extension n’existaient que dans l’imagination des scientifiques. De même, le blanc pur était trop douloureux pour que qui que ce soit puisse en être témoins. Et comme la réalité telle que l’entend la plupart des hommes n’existe qu’à travers la perception qu’en ont justement, les hommes, le blanc n’existait pas non plus. Drôle d’idée. Le monde était gris avec une infinité de nuance. Et les couleurs qu’il utilisait pour plaire, des mots, des illusions, des farces.

Il n’y avait pas besoin de parler entre eux, ils se comprenaient. Il n’y avait pas même besoin des simagrées visuelles ou de suivre des conventions comme s’embrasser ou se faire des cadeaux. La vie n’ayant rien à leur offrir, il se voyait mal prendre sa place.

Ils étaient là. Seuls dans le monde moldu, seuls dans le jardin, au milieu de la multitude toujours grouillante de la grande université britannique. Et pour le jardin ils pouvaient tout aussi bien ne pas être, leur présence conjuguée se confondant avec l’immobile autour d’eux. Un coup de vent et une bouffée d’odeurs sauvages. Fleurs et purin mêlés. Le monde et le bruit de la solitude fait de frémissement, de craquement et des bavardages incessants de quelques animaux résistants à l’hiver.

Mais le temps n’attend pas pour passer. Même dans les moments infinis il poursuit sa route, pas après pas, insensible et implacable. Le bois, la neige et l’herbe sous elle gémirent, faisant frissonner le Serdaigle. La nature souffrait en silence de l’arrivée d’un intru. Et pour autant de deuil en si peu de temps, cela ne pouvait être qu’un humain. Une seconde, la contrariété fit briller ses yeux de pluie avant que sa brume intérieure n’étouffe toute volonté de se rebeller…toute volonté tout court dirons nous. L’intrus ne les dérangerait pas forcément. Avec de la chance (mais cela existait-il seulement), il tournerait ou passerait son chemin ou se ferait assommer par une branche.

Ses doigts se serrèrent toutefois un peu plus autour de la main de l’asiatique. Ils n’étaient qu’un. Pas besoin d’un troisième larron pour être deux.

INCRUSTE MAN · **JKR**

Le froid, le vent, la neige parfois. Décembre arrivait là, en plein milieu de la morte saison. Là où tout le monde festoyait, en vue de la nouvelle année, des gens demeuraient seuls. Dans le froid, le vent, et le ventre vide de surcroît. Le coin était désert, si ce n'était quelques chats et chiens errants, eux aussi abandonnés par leur maître. Cela faisait des années qu'Edmund arpentait seul les rues de la ville. Habillé de ses vêtements miteux, les doigts et les lèvres gercés par le froid, il faisait peine à voir. Il était fatigué, au bout du rouleau. Et pourtant, seul Dieu sait qu'il aurait aimé avoir une bouteille de rhum ou de vodka pour se réchauffer le gosier. C'était dur d'être à la rue. Encore plus quand on était aveugle.

Le vieil homme cherchait un endroit où s'abriter pour la nuit. Et son chien le guidait sur son chemin, en haletant légèrement, langue pendante. Edmund suivait, sa canne cherchant les éventuels obstacles. Il entendit le bruit d'un moteur d'une voiture s'éloignant au loin, puis ce fut de nouveau le silence. Pas un bruit ne vint perturber la nuit. Edmund était finalement entré dans le parc, sa canne à l'affût. Le chien commençait à s'agiter, et à montrer des signes d'excitation. Il aboya. Une fois. Deux fois. Et il se mit à bondir. A tourner autour de son maître, lui indiquant qu'il venait de voir quelque chose. Ou du moins, que quelque chose était dans les parages. Edmund toussa, avant de réprimander l'animal, l'intimant de se calmer. Le vieillard adorait son chien, il l'avait depuis tellement d'années. Il n'était qu'un bâtard, il avait beau avoir aucun pedigree, il faisait un excellent chien d'aveugle. Rufus -c'est son nom- tira sur sa laisse, en grognant légèrement. Edmund cligna des yeux. Et tourna la tête. Il n'aurait pas su dire d'où cela venait, mais il ressentait une présence. Non pas une personne, mais deux personnes. Mais il ne pouvait pas le vérifier, malheureusement. Sauf si lesdites personnes se mettaient à parler.

Rufus échappa à son contrôle, et bondit. Il sauta sur la jeune fille en jappant et en lui léchant la main droite. Les deux pattes avant posées sur ses cuisses. Il remuait la queue, haletant légèrement, langue pendante.

Désorienté, Edmund se remit en marche, vers la direction où il avait cru entendre Rufus partir. En entendant les halètements du chien, Edmund sut qu'il avait eu raison. D'un pas incertain, brandissant sa canne devant lui, Edmund arriva finalement face au couple. Rufus jappa, et sauta sur son maître à nouveau. Le clochard lui caressa la tête affectueusement. Sans lui, il serait vraiment perdu. En tout cas, il ressentait la présence d'individus non loin de lui. En face de lui, peut être. Edmund agita sa canne et frappa ce qui sembla être une chaussure. Appartenant sans doute au jeune homme. Edmund trembla un moment, et finit par s'adresser à eux, d'une voix faible et tremblante:

"-Vous n'auriez pas d...d...de la m...Monnaie? Une pièce? Pour manger? J'ai faim, je suis aveugle, et nulle part où aller..."

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L'adolescente jeta son regard de glace alentours, distinguant une forme dans la neige. Un vieil homme semblait affronter le froid non loin de là. Tsuyosa soupira, elle n'avait pas prévu de voir son paysage entaché de la sorte. Un petit rictus souleva le coin de ses lèvres mais elle continua à avancer sans broncher plus longtemps. Elle sentit Cyril serrer un peu plus ses doigts et leva paresseusement ses yeux vers lui. Que pouvait-il bien lui passer par la tête à cet instant ? Sans doute la même chose qu'au sein de la sienne. Son rictus s'évanouit, elle avait déjà oublié la silhouette un peu plus loin.

Etais-ce cela l'amour niais? Tout du moins à son échelle. Elle repoussa vaguement l'idée puis baissa ses yeux quasi translucides vers la neige blanche qui l'agressait légèrement. Elle n'affichait pas cet air de bêtise suprême, certes, mais peut-être que ce simple désir de se retrouver avec lui dans un calme de mort contribuait à la rendre heureuse. Elle appuya un peu ses ongles contre la peau de Cyril et s'apprêta vaguement à parler. Finalement, non. Le silence allait probablement bientôt être brisé par le bruit de l'humain qu'elle avait vu peu avant. Quelle plaie. Elle continua donc de traverser le temps, aux côtés du sorcier qui comptait le plus à ses yeux.

Puis, soudainement et sans qu'on sache pourquoi, le monde recommença à tourner. L'asiatique cligna des yeux, secouée. Quelque chose allait arriver très prochainement, quelque chose de bruyant et qui allait tout les deux les envoyer avec brutalité sur la terre ferme. Et ainsi les choses glissèrent hors de contrôle, dont la bestiole du pauvre. Un espèce de roquet mal lavé qui se ruait droit sur elle, grimpant maintenant sur ses cuisses pour lécher sa main. L'adolescente soupira lourdement, la colère naissant dans ses yeux. Mais finalement, elle n'avait peut-être pas tant envie d'hurler. Quelques mois auparavant, elle aurait très certainement donné un coup au chien avant même qu'il ne tente de lui grimper dessus, insultant au passage le mendiant. Mais là ... là non.

Elle se ramollissait. La serdaigle posa son attitude sur le compte de la surprise et de la fatigue. Et de Noël. Bref, de tout ce qui pouvait donner une excuse valable et surtout extérieure à son caractère propre. Tsuyosa attendit quelques secondes puis repoussa le chien au sol, qui recommença aussitôt à lui grimper dessus en jappant. Déboussolée, elle s'arrêter de le repousser. Du plus loin que remontaient ses souvenirs, son propre chien avait fait la même chose. Avant qu'elle ne le tue ... Par accident. Elle regarda ensuite le mendiant, prête à lui envoyer une bonne trempée pour lui et son chien.

Une pièce ? Et pourquoi pas le collier en or de sa grand mère pendant qu'il y était. Et il n'avait qu'à bosser ! Ou aller à l'hospice, ou aller dans un établissement prêt à accueillir les gens comme lui. Etait-il obligé de venir mendier dans un parc, embêter les bonnes gens qui se promènent paisiblement? Il n'avait qu'à faire des efforts et sortir de lui même de sa misère, au lieu de compter sur les autres.

Puis elle se tut. Elle avait pensé à voix haute, recrachant toutes ses idées d'un bloc, l'air franchement agacée. Elle qui d'habitude se contentait d'un regard noir, elle changeait doucement. Elle n'avait même pas pensé perdre le contrôler sur une action aussi simple que celle de fermer sa gueule. Elle-même ouvrit grand les yeux devant la tête déconfite du vieux.

" Mais qu'est ce que tu fais toi aussi ? Mais réagis, donne lui un truc qu'il nous ennuie plus !" Cracha t-elle à Cyril.

Peut-être se rendait-elle compte qu'elle avait un peu dépassé les bornes...

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» S.W.Y.N, Université magique

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