1er Août 1997. Ministère de la Magie.
Si Damien n'était pas quelqu'un de démonstratif et ne laissait rien paraître, il était en réalité perturbé depuis l'enterrement de l'ancien directeur Albus Dumbledore. Il savait -ou du moins il se doutait- que la mort du sorcier aurait des répercutions sur le monde sorcier. En tant que fils de moldus, Damien savait que si une guerre était déclarée, il serait de ces personnes qu'on souhaiterait éliminer. Il angoissait intérieurement, mais craignait les représailles s'il s'engageait dans une quelconque lutte contre les mages noirs. Tout ce qu'il demandait, c'était de vivre tranquillement. Quitte à faire l'autruche et faire semblant d'ignorer les conflits existants entre les sorciers.
Merlin, il déchanterait bien vite. Il l'ignorait encore, mais d'ici quelques heures le ministère de la Magie, lieu qu'il côtoyait pour sa formation, allait tomber dans les mains des mangemorts. Il serait tôt ou tard obligé d'agir : prendre parti ou fuir...

Sa matinée venait de s'achever et l'ancien Poufsouffle était plus qu'heureux de quitter son poste pour souffler un peu. Toute l'angoisse et les craintes qu'il intériorisait depuis plusieurs jours le rendait nerveux et de mauvaise humeur. On lui avait reproché son comportement, mais l'adulte n'en n'avait que faire. Il se contentait d'être irréprochable auprès de ses supérieurs et clients... Pour le reste, mieux valait ne pas le contrarier. En soit, il n'était pas foncièrement mauvais, mais il était facilement froid et distant, rendant difficile tout échange.

Il aurait voulu respirer de l'air frais. Mais Merlin, il avait fallu que l'architecte édifie le Ministère de la Magie sous terre... Il lui aurait fallu quitter les lieux, remonter dans les rues moldus et s'installer quelque part dans la ville pour manger et profiter de l'extérieur. En soit, cette idée était loin de le déranger. Elle était même tentante. Seulement, il craignait ne pas avoir le temps nécessaire pour réaliser cette envie. Après tout, il n'avait qu'une heure de pause.

Par défaut, l'homme s'était installé dans un espace aménagé pour les employés pour qu'ils puissent se poser et manger.
Il sortit de son sac un sachet plastique dans lequel était emballé un vulgaire sandwich au pâté. Des œufs durs coupés en deux accompagnés ce repas pittoresque. La veille, il s'était empressé de se préparer quelque chose avec les restes qu'il avait dans son frigo. Seulement maintenant, il constatait avec désolation que ce qu'il avait apporté, n'était pas particulièrement appétissant. Il savait qu'il n'était pourtant pas condamné à un tel repas. Il avait toujours la possibilité d'aller s'acheter un autre repas. Mais déjà installé à sa table il préférait observer avec curiosité les mets que les personnes à proximité mangeaient... Peut-être que quelque chose lui donnerait envie...

À présent, Damien regrettait d'avoir passé la soirée affalé sur son canapé, plutôt que dans sa cuisine. S'il avait prit le temps de se préparer un meilleur casse-croûte, il ne serait pas en train d'envier les personnes qui l'entouraient et qui savouraient un bien meilleur repas que lui. Sa pause déjeuner s'annonçait peu intéressante et gourmande, à l'image de son pittoresque sandwich au pâté, préparé à la hâte la veille. Pourtant, au lieu de s'en contenter, le jeune homme aurait pu s'acheter quelque chose de plus appétissant. Mais de mauvaise humeur (et par suite logique, de mauvaise volonté) Damien ‘’préférait’’ rester assis et manger son repas en ruminant dans son coin. Il en aurait été ainsi durant toute sa pause déjeuner, si une jeune femme n'était pas venue à ses côtés.

- Salut ! Je suis Scarlett, je ne sais pas si tu te souviens de moi… En même temps, Poudlard, ça remonte un peu pour moi !

Tandis qu'il cessait de mâcher sa bouchée de pâté pour relever la tête vers la dénommée Scarlett, celle-ci s'installa sur la chaise voisine. Souriante et enthousiaste, elle commença a sortir ses nombreuses affaires sur la table. Déjà surpris par la quantité de mets dont elle disposait pour un seul repas, ce fut un tout autre détail qui préoccupa le jeune homme. Merlin, elle l'abordait comme s'ils s'étaient déjà fréquentés, or le visage de la demoiselle ne lui rappelait rien. Cela était bien embêtant, car il n’appréciait pas être dans une position de faiblesse. Il avait l'impression qu'elle avait une longueur d'avance. Prudent et un brin méfiant, le jeune homme préférait rester silencieux dans un premier temps. Il avait encore besoin de l'observer, dans l'espoir qu'une de ses mimiques ou expressions lui rappelleraient un souvenir. Pour compenser son silence et pour sauver les apparences, l'apprenti moniteur de transplanage fit mine de mâcher une nouvelle bouchée de son repas. Il espérait ainsi que la jeune fille ne lui tiendrait pas rigueur de son approche un peu distante. Après tout, en apparence, il semblait attendre de ne plus avoir la bouche remplie pour discuter.

Peut-être avait-il regardé les sandwichs, gâteaux et fruits de la jeune fille de manière trop insistante. Si cela avait été le cas, il ne s'en était pas rendu compte , ni même cherché. Quoiqu'il en soit, Damien fut surprit lorsqu'elle lui proposa de partager son repas avec lui. A moitié gêné d'avoir pu provoqué de la pitié chez son interlocutrice, le jeune homme ne put garder le silence plus longtemps. Avalant ce qu'il était en train d’ingurgiter, il prit la parole.

- Merci beaucoup pour cette proposition. Je vais d'abord terminer ce que j'ai préparé, avant de me tourner vers toi, si mon estomac crie encore famine. Peut être que ce sera pas nécessaire.

Surtout, cela lui laissait un peu de temps pour faire connaissance avec sa voisine de table. Bien que cette dernière semblait de bonne volonté et sincèrement prête à partager son repas, Damien était un peu gêné à l'idée de se servir aussi facilement. Il avait l'impression d'être impoli et de lui manquait de respect. Il verrait plus tard. Selon la situation. La relation entre ces deux jeunes gens. Sa faim.
C'était mieux ainsi.

- Dois-je préciser que je me nomme Damien ? Je suis navré, je ne me souviens pas de toi. Quand as-tu quitté Poudlard ?

Mieux valait être sincère et ne pas faire semblant de la reconnaître. Tant pis, s'il paraissait imbécile... Il n'aimait pas la situation et préférait en changer, en jouant carte sur table. De plus, en la questionnant sur son passé à Poudlard, Scarlett pourrait peut-être lui donner les informations qui lui manquaient pour la reconnaître. Si Merlin, ils se connaissaient réellement.

En attendant, il se saisit d’un demi œuf dur qu'il avait transporté dans une boîte en plastique. Mais avant d'amener l'aliment à sa bouche, l'ancien Poufsouffle se tourna vers Scarlett qui commençait à manger de son côté également.

- Et bon appétit, bien sûr !

Joignant le geste à la parole, il avala son œuf.

- Bon. Comment ça va ? Ca se passe bien ton boulot ?
- Je suis en formation encore, mais ça se passe bien. Je préfère ce type d'éducation, car tout ce qu'on voit est plus ou moins essentiels pour notre futur métier. Quand on était à Poudlard, on apprenait des choses qui nous étaient pas nécessairement utiles. Hum... Par exemple, les cours de Cuthbert Binns étaient d'un ennui mortel et je ne suis pas sûr que savoir comment les gobelins se sont révoltés par le passé me sera indispensable pour mon avenir. Une pause. Et toi ? Ça te plait ce que tu fais ?