Cadfael... répondit sobrement Lucius, un petit sourire aux lèvres. L'Irlandais avait vu juste : les accolades, ce n'était pas son truc, et se donner en spectacle, il ne fallait même pas y penser. Longtemps, en effet.

Et vu les circonstances, Lucius aurait presque souhaité que ce "longtemps" se change en "jamais". Il n'était pas bête, et savait parfaitement que Cadfael revenait d'amérique pour fêter le retour de son Maître.
Lui non plus n'avait pas cherché Voldemort, et pourtant le Lord ne lui en tenait pas rigueur... quelle injustice. Pourquoi fallait-il toujours que ce soient les mêmes qui ramassent ?

Ne mens pas. Je me suis trouvé un cheveux blanc ce matin, remarqua le sang pur d'une voix traînante, notant que le teint de Cadfael n'était pas aussi lisse qu'à leur dernière rencontre. On pouvait voir ses derniers dires comme une plaisanterie : Lucius avait les cheveux si clairs qu'on aurait difficilement put reconnaitre un fil blanc au milieu de sa tignasse.
Et pourtant il le savait : Narcissa le lui avait arraché le matin même, pour l'embêter parce qu'il ne voulait pas se lever. Et ce n'était pas dû à la vieillesse... heureusement qu'il était assez bon occlumens pour que Voldemort ne sache pas à quel point Lucius se faisait un sang d'encre depuis son retour.

Lucius soupira légèrement et lâcha un aussi bien que possible formel. Cadfael lui était sympathique, mais il n'avait jamais eu à subir les Doloris, à tuer pour Lui, et qui sait s'il avait dû se prosterner à ses pieds ? Il n'avait pas de fils !
... non. Cadfael était l'une des dernières personnes du monde à qui Lucius aurait confié que les circonstances n'étaient pas pour améliorer sa santé. Tu sais, le Ministère... enfin, disons que Fudge compte beaucoup sur moi ces temps-ci. Un peu plus et notre cher Ministre de la Magie me volait mes grasses matinées, ironisa Lucius avec un sourire moqueur. Le crétin chauve tombait dans le panneau si facilement que s'en était risible...
Malefoy n'avait jeté qu'un très bref coup d'oeil au chocolat. Voilà que Cadfael lui refaisait le coup... il se promit de ne pas y toucher. Qui savait ce qu'il pourrait contenir, pour peu que l'autre Mangemort ai des doutes sur son compte...

Cesses de te moquer, murmura Lucius, un petite sourire amusé éclairant légèrement son visage. C'est juste parce que tu n'as pas l'habitude. Moi je vois très bien la différence, mentit l'ex-Serpentard car, comme Cadfael, il aurait été bien incapable de dire s'il commençait déjà grisoner ou pas. Ce serait dommage, tout de même... juste pour la forme. Parce qu'il est vrai que personne ne remarquerait la différence.

Tu es un homme comblé mon ami.

Comblé...
Il avait fallut que Voldemort revienne pour que Lucius qu'il l'avait été. Maintenant, il ne savait plus quoi en penser, et il n'était même pas sûr que la purification du monde sorcier vaille le prix exigé. Oh, pour le moment, tout allait bien, mais viendrait un temps où les combats reprendraient, et Lucius ne pensait pas que le Lord garderait Drago ou Narcissa loin du front.

Mais à la manière dont Cadfael le disait, il était difficile de se plaindre, d'autant que les raisons de l'inquiétude de Lucius n'étaient pas de celles qu'on étallait sur tous les toits.

Il faudra que je vois ça avec Narcissa. Nous avons de la... famille à la maison, dont il se serait bien passé, d'ailleurs. Oh, Bellatrix avait été charmante par le passé, mais Azkaban ne lui avait pas donné une conversation des plus culturelles. Elle était sortie de prison depuis à peine deux semaines et, déjà, Lucius s'était lassé de son regard fou, de ses manières déplaisantes et de ses hystéries passagères. Mais Drago devrait pouvoir passer d'ici trois semaines, pour le week end de la St Valentin. J'essaierai de me libérer.

Machinalement, il tendit la main vers sa propre tasse, avant de la retirer dans un geste qui se voulait nonchalant : il s'était promi de ne rien avaler de ce que Cadfael fournissait. Ou en tout cas, pas avant d'être sûr que le Gryffondor n'avait aucune arrière pensée.

Je t'ai apporté quelque chose qui devrait aussi t'intéresser, fit Lucius en désignant le grimoire, posé sur une table proche. On l'a retrouvé en faisant de l'archéologie dans un grenier de l'Aile Droite. Il n'est pas en très bon état et il est écrit en allemand, mais il semblerait qu'il soit bel et bien de la main de Grindelwald.

- Ah ?

Répondit Cadfael en levant un sourcil à la fois surprit de la demi acceptation de son ami et de l'information qu'il avait laissé échapper.

- Si tu préfères, on peut organiser cela au Manoir de mon... enfin chez moi.

Répliqua l'homme qui avait failli dire "le Manoir de mon père". Il avait du mal à concevoir que ces murs lui appartenaient en propre.

- Les elfes et les serviteurs seront bien capable de préparer quelque chose de correct. Je ne voudrais pas m'immiscer dans ta vie privée.

Non, surtout pas. Cad avait un peu peur de découvrir des choses qui l'aurait forcé à choisir entre son Seigneur et son Ami. Lucius ne lui paraissait pas net du tout.

Mais en même temps le mangemort de réjouissait à l'idée de passer une soirée en compagnie de son ami et de la famille qu'il s'était construite. Il était curieux de voir Lucius en maître de maison. Car pour être franc, ils avaient beau se connaitre tous deux depuis Poudlard, ils n'avaient jamais été très intimes. La rivalité entre leurs maisons au collège (et puis ils n'avaient pas le même age), les groupes de discussion de Jedusort plus tard et les quelques rendez-vous secrets lorsqu'il passait en Angleterre après son départ aux Amériques... il s'agissait surtout de rencontre publiques. Et même lorsqu'elles étaient privées comme maintenant, elles restaient...politiquement correctes. On ne savait jamais qui écoutait aux portes.

- La St Valentin, c'est noté. A moins que Drago aie quelque chose de prévu. C'est plutôt important cette date pour les jeunes.

Il fit à Lucius un sourire complice et se retint de lui lancer un clin d'oeil. Il ne savait pas du tout ce que dirait le père s'il apprenait que son fils avait une amourette. Arrivait-il a voir en Drago l'adolescent, le presque-adulte que lui voyait ? Ou, à l'instar de beaucoup de parents, le prenait-il toujours pour un enfant ?

Mais cela n'était pas très important. Ce que Lucius fit ensuite par contre était révélateur. Pas son hésitation à prendre la tasse, Cad ne l'avait pas remarquée (il aurait été blessé s'il l'avait vu. C'était un très bon thé, avec du très bon chocolat). Mais l'annonce d'un grimoire en allemand. Le coeur de Cad se mit à battre follement. Il brûlait d'envie de se précipiter sur le précieux livre et d'en commencer tout de suite la traduction (avec un bon dictionnaire et l'aide de l'un de ses contacts allemand. Il le baragouinait avec peine), et cela devait se voir sur son visage. Mais il maîtrisa son impétuosité et se reconcentra sur son invité. Tant que Lucius n'aurait pas demandé à voir les livres, il ne toucherait pas à celui de son ami !

- Le thé n'est pas à ton goût ? Trop fort peut-être ?

Demanda plutôt le mangemort, sincèrement inquiet de ne pas bien remplir ses devoirs d'hôte.

Ce n'est pas ma vie privée, laissa échapper Lucius, aigrement, en s'enfonçant dans son fauteuil. Un de ces gestes gamins qui lui échappaient parfois... mais c'était vrai. Bellatrix n'avait rien à faire chez lui, avec ses gros sabots, ses manières de rustre et son fanatisme.
Par Merlin, heureusement que Drago n'avait pas à fréquenter cette folle...

Chez toi, ce serait mieux. Et puis, je ne l'ai jamais vu, ce fameux manoir. C'est curieux... aurais-tu peur de me rendre jaloux si le mien s'avérait plus petit ?

Malefoy laissa échapper un rire bref, doutant sincèrement que ce soit possible : la famille de Cadfael avait beau être puissante, rares étaient les sorciers dont les bâtisses pouvaient rivaliser avec la sienne. Et puis... c'était chez lui, avec ses goûts et ceux de son épousent imprimés dans la décoration ; le théâtre de son enfance, de sa vie entière, même. Quelque soit le visage du château de Cadfael, aux yeux de Lucius, il ne vaudrait jamais son manoir.

Tu me rappeleras de te rendre la pareille. Je ne pense pas que mes chères lointains parents resteront éternellement. Ce sera une occasion de te montrer ma cave à vin -Narcissa ne boit pas, et ce serait du gâchis que de faire goûter ces crus à des imbéciles.
... des imbéciles ou des barbares. Azkaban n'était pas connu pour ses spécialités culinaires, aussi Lucius s'était-il résolu à ne sortir que de l'infâme crachin tant que sa belle soeur mangerait à sa table. A moins que le Lord ne vienne dîner un soir, mais c'était peu probable et, la seule et unique fois où il l'avait fait, il n'avait pas touché au repas.

Drago pourra se libérer. Ce n'est pas comme s'il avait quelque chose de plus important à faire, déclara Lucius d'un ton neutre, bien qu'un spasme nerveux ai légèrement contracté les doigts de sa main droite. Il n'était pas un imbécile, et savait très bien quelles vues avait cette Pansy sur son fils. Mais la St Valentin était une stupide fête moldue, Drago la voyait tous les jours, alors il était évident qu'il préfèrerait passer du temps avec son père !
Et gare à celui qui irait dire le contraire.

Je n'ai pas soif, répondit le blond avec une nonchalance feinte. Il était très à cheval sur la politesse, et il aurait dû boire au moins la moitié de ce thé pour ne pas vexer Cadfael : mais politesse ou pas, quelques gouttes de véritasérum pouvaient bien vite tomber... Alors, ces livres ? ajoutat-il aussitôt, espérant que Cadfael serait dupe.

Il vaudrait mieux pour toi que Narcissa n'en sache rien : elle viendrait te harceller pour devenir ta décoratrice d'intérieur.
Un petit sourire narquois. Sa chère épouse avait toujours été passionnée en la matière. Une seule étagère poussiéreuse, et tu croulerait sous les conseils. Et je ne parle même pas des coussins déparaillés.
Son bazard d'adolescent n'y avait pas résisté plus de deux semaines, et pourtant, Merlin qu'il y tenait ! Plus pour faire enrager son père que par goût pour le désordre, mais la tournade Narcissa avait proprement balayé touts ces restes d'enfance. La compensation, cependant, avait été largement à la hauteur.
Voilà qu'il divaguait ! Et bien, il commençait l'année en beauté, entre les évadés, les bêtises de son fils et un début de sénilité, à ce train il n'en verrait pas la fin...

Un sourire fin aux lèvres, installé avec une négligeance aristocratique, Lucius feignait une aisance tout aussi fausse que la neige était chaude. Cadfael pouvait avoir les meilleurs sentiments du monde, il n'en doutait pas. Mais il était tout aussi sûr d'une chose : s'il fallait choisir entre une connaissance de longue date et son Maître...
... aucun doute, c'est Lucius qui y passerait. Et c'était hors de question.

Il fronça les sourcils, à la fois vexé et troublé que Cadfael l'air percé si facilement à jour. A présent, soupçons ou pas, Lucius était forcé d'avaler quelque chose. Si Cadfael avait été vraiment déterminé pour l'empoisonner, il aurait put prendre un antidote avant, mais voilà : c'était un Bouffondor, et les Bouffondors n'avaient jamais l'intelligence de prévoir plus d'un coup en avance.
Donc logiquement, ce n'était pas empoisonné.

Mais c'est sans enthousiasme que Lucius prit la tasse, bien qu'extérieurement, il traduise cela par son habituel dédain poli. Il s'était juré de ne pas toucher au chocolat et, s'il le mangeait maintenant, il n'en aurait plus pour plus tard ; quand au thé, il ne lui faisait plus tellement envie, puisqu'il était forcé de le boire par politesse.

Les livres furent la bonne excuse pour reposer la tasse, alors qu'il en avait à peine tiré une gorgée. Saisissant le premier avec précaution, Lucius passa directement à la fin, là où se trouvait, en général, une marque d'authentification de la part de l'auteur. Le système était tombé en désuétude, mais l'ouvrage était assez ancien pour que... On dirait la marque des Winchestons. Cette famille est éteinte depuis près de quatre siècles, il est très possible que je me trompe... peut être avec celle des Peverells... qu'est-ce que tu en penses ?

[Peverells ? Snif, snif, ça sent le tome 7 :p
"Peverells" est aussi cité dans le tome 6 ^^]
[Ouais, mais comme je sais que t'as lu le tome 7...]

Oh non, il n'est pas nécessaire d'en arriver là. Insistes juste sur le côté "bourré de souvenirs" et valeur sentimentale, conseilla un Lucius plus intéressé par le livre qu'il avait entre les mains que par le château de son homologue. Pas que Cadfael ne l'intéresse pas, mais il y avait un moment pour tout, et la bonne littérature commençait à se faire rare.

Du bout du doigt, ou plutôt du bout de l'ongle vu la petitesse du détail, il désigna une sorte de petit trait sur le symbole. C'est celui-ci qui me faisait douter. Les Winchestons traditionnels utilisent uniquement le cercle et le carré, sans aucun trait, mais les Peverells ont un signe plus complexe. Une branche américaine, tu dis ? Ce n'était pas une question, et le ton n'y était pas : Lucius se contentait de réfléchir à cette possibilité, un regard absent fixé sur la marque. Une branche obscure... il n'avait pas entendu parler de cela, mais il est vrai que les familles émigrées n'étaient guères populaires auprès de ceux qui restaient. Comme tous les gens un minimum intelligents, Lucius savait que le sang se perdait, et que les prétendantes acceptables pour son fils se comptaient sur les doigts d'une seule main si on retirait celles qui avaient un lien de parenté trop étroit.
Inutile de perdre ce sang : c'est ce que les plus clairvoyants avaient pensé à l'époque. Non sans raisons. Oui, tu dois avoir raison. Je ne vois aucune autre famille anglaise, ou même irlandaise qui puisse avoir ce type de blason.

Lucius referma le grimoire avec soin, ses doigts restant quelques instants sur la couverture de cuir. Puis il posa le livre à côté de celui qu'il avait lui même apporté, toujours avec précaution.

J'ai quelques écrits des Winchestons anglais. Un recueil de contes pour enfants, entre autre, avec une version très édulcolorée de la fondation de Poudlard. Tu sais, l'habituel "Gentille Helga, sage Rowena, Godric Bourrin et Salazar trop intelligent pour leur bien," acheva Lucius avec une pointe de dérision. Celui-ci n'est pas très intéressant, sauf pour étudier le vieil anglais. L'autre contient quelques sorts désuets ou incomplets, sans grand intérêt.

D'un geste lâche, Lucius désigna les autres documents. Puis, il porta mécaniquement sa tasse à ses lèvres. Et le second livre ? fit-il avec nonchalance, bien que son regard dérive vers ce que Cadfael avait appelé "la relique".

Insister sur la valeur sentimentale ? Bourré de souvenir ? Mais le plus récent souvenir qu'il avait de ce chateau à l'époque de son pere remontait à ses 11 ans ! Il n'était pas question de sentiments ou de souvenirs pour Cad. Il gardait ce vieux tas de cailloux pour le transmettre, pour garder la tradition, et aussi parce qu'il était confortable.

- D'accord, noté. Répondit finalement le mangemort sur un ton neutre et presque ennuyé. Lui qui mentait si mal. Comment allait-il faire pour s'en sortir ? Il faudrait aussi qu'il fasse disparaître ses dossiers au cas ou Malefoy serait trop curieux. Finalement ce n'était ptet pas une si bonne idée d'inviter tout ce petit monde chez lui. Mais il avait donné sa parole et ne la reprendrait pas. Avec de la chance, cela se passerait très bien...avec beaucoup de chance.

Secouant la tête, il se reconcentra sur les livres. Au moins son cadeau plaisait à Lucius c'était déjà ça de gagné. D'ailleurs s'il devait un jour empoisonner son ami, il mettrait une poudre sur un livre plutôt que quelque chose dans son thé...

Lucius avait l'oeil. Il avait repéré ce qui avait permit à Cad d'identifier l'auteur du bouquin. Il avait ensuite fait des recherches. Dépités de s'être fait reniés de la branche principale de leur famille, ce groupe de sorciers aventuriers et courageux s'était enfoncé dans la recherche de la magie noire et ses applications. Ils avaient fait des comparatifs avec les pratiques vaudoues des esclaves et avaient dégagé plusieurs théories intéressantes mais jamais reprises.

- Les Winchestons américains, et leur descendants, ont justement beaucoup écrit sur leur amertume et la couardise de leurs cousins. Le politiquement correct les dérangeaient. Le livre parle de certaines théories qu'ils ont posées avant la victoire des nordistes et qui n'ont jamais été vérifiées. Les autorités ont préféré les enterrer. Trop dangereux. C'est pour cela qu'il est en si mauvais état.

Lucius porta à nouveau sa tasse de thé à ses lèvres mais Cad ne s'en aperçut pas. S'il l'avait vu, il aurait su qu'il avait gagné. L'homme ne pensait plus à la méfiance mais seulement aux trésors qu'il venait de lui apporter.

- Quant au deuxieme, je pense que tu en reconnaitra également le blason. Il s'agissait en effet s'une vieille variante du blason Stark. Le livre en lui-même ne donnait qu'un arbre généalogique des sangs purs à travers le monde mais il était raisonnablement récent (il s'arrêtait en 1817) et bien documenté.

Les Winchestons d'amérique étaient des idiots. Quel gâchis d'aller perdre leur sang au milieu de fanatiques moldus et de nègres mal élevés... murmura Lucius alors que sa bouche prenait un pli déplaisant. Ce genre de rictus l'enlaidissaient, mais ils étaient assez inconscients pour que Malefoy ne s'en soit jamais aperçut. J'espère que le contenu de leur recherche est à la hauteur de leur trahison. Peut être qu'on pourra les remettre sur l'arbre généalogique s'ils s'avèrent un minimum utiles... tu sais que mon arrière arrière arrière grand mère était de cette famille ? Enfin, ça ne se voit plus, j'ai brûlé par erreur cette partie de la tapisserie quand j'avais quatre ans, remarqua Lucius d'un ton léger et dédaigneux, avant d'ajouter : Maintenant je ne me demande plus pourquoi mon père n'a jamais réparé cette partie là...

Un petit rire, bref mais sincère. Oui, Lucius trouvait ça drôle... enfin, presque drôle : on parlait tout de même d'un peu de son sang. Une infime fraction, certes, mais son sang quant même.

Je le reconnais, en effet, répondit Lucius en se redressant dans son fauteuil. Une marque indiscutable d'intérêt qu'il aurait réfréné s'il n'avait pas été si concentré sur ces véritables petites oeuvres d'art. Cadfael avait-il fait un raid dans la bibliothèque familiale pour l'impressionner ?
Fhu fhu fhu... on impressionait pas un Malefoy. On l'intéressait, au mieux, ou on attirait son attention, mais seul le Seigneur des Ténèbres pouvait arracher de sincères aveux sur ce point... bien que Bellatrix soit parfois impressionante dans ses divaguations suraigues.

Présentes moi ça. C'est un effet de famille, après tout.
Lucius n'avait même pas essayé de dissimuler la lueur d'envie dans ses yeux, pas plus que celle qui teintait sa voix...

L'étrangeté du ton de Cadfael n'échappa pas à Lucius, qui compris aussitôt que sa plaisanterie n'avait pas été très bien prise. Cependant, ne sachant pas le pourquoi du comment, il supposa juste que l'autre mangemort lui reprochait cet acte pour le moins irrespectueux, comme son père l'avait fait à l'époque. C'était accident, rappella Lucius en appuyant sur ce dernier mot. Je passais mon temps à provoquer ce genre de choses quand j'étais enfant. J'ai même traversé une porte, d'après les dires de ma mère. Mais je devais être très jeune, je n'en garde aucun souvenir... dans tout les cas, c'est une preuve de puissance magique chez le sorcier, alors mes parents en étaient fiers, jusqu'à ce que j'ai fait quelques dégâts irréparables au tableau de grand-père Cygnus, acheva-t-il d'un ton absent, sans préciser qu'il avait été un peu déçu que Drago se contente de faire léviter ses cubes colorés et de faire exploser des plats : s'il n'avait pas eu la certitude que son fils était plus timide et devait s'être maîtrisé, il en aurait presque douté de son ascendance... Non non, il ne le sait pas. Narcissa non plus. Ils voudraient qu'on la répare, et je préfère qu'elle reste comme cela.

Mais le second grimoire était bien plus intéressant qu'une vieille tapisserie qui, bien qu'en bon état, n'avait jamais passioné Lucius. Vu le nombre d'arbres généalogiques qu'il avait sous la main, remplacer ce vieux truc décrépit par un tableau plus artistique ne l'empêcherait pas de dormir. Curieux, il feuilleta rapidement l'ouvrage pour juger de la véracité des portraits et, ayant trouvé l'horrible vérrue d'un Black qui aurait eu quatre siècle cette année ci, accepta volontier la justesse des images.
Lucius referma prestement l'ouvrage, comme s'il avait craint que quelqu'un n'entre dans la boutique et, d'un regard, lui en vole la propriété. Si un sang de bourbe osait le souiller de ses yeux...

Et cette "relique" ? Demanda-t-il finalement sans chercher à dissimuler son intérêt. Les documents avaient réussit à endormir sa défense, au point de lui en faire oublier la présence du chocolat...

Cad avait eu tout juste le temps de se reprendre. Il analyserait cette réaction plus tard. Il pouvait s'estimer heureux que Lucius se soit trompé et croie qu'il ne s'agissait que de réprouver ce que le libraire aurait considéré en temps normal comme une bonne farce. Ainsi, l'enfant Lucius brûlait les tapisseries et passait à travers les portes ? Interessant. Voila qui expliquerait peut-être leur différences. Les premières manifestations de magie de Cad ne cassaient rien au contraire. Il collait les choses.

Il n'avait d'ailleurs pas été spécialement précoce. Probablement a cause (encore et toujours) à cause de son quart de sang moldu. Son premier tour de magie s'était manifesté peu après la naissance de sa soeur.

- Ce sont des choses qui arrivent. Pour ma part j'aurais aimé que mes parents voient les choses sous cet angle. Ils n'ont pas vraiment apprécié que j'envoie ma jeune soeur sur la tête de cerf qui décorait la salle à manger et que je fixe ses vêtements sur les cornes de l'animal sous prétexte qu'elle pleurait trop.

Il se souvenait des longues soirées qui suivirent, à ne parler qu'aux elfes de maison et à devoir comme eux briquer le manoir pour lui apprendre à respecter son rang. Cad n'avait jamais vraiment accepté la préférence de ses parents pour ses cadets et lorsqu'il était en colère c'était souvent sur les deux enfants que tombait les foudres du garçon. Les piles de cubes incassables, le doudou qui restait collé sur la canapé et refusait de bouger, la purée qui refusait de partir de la cuillère et autres...

Il haussa les épaules. Cela avait peu d'importance maintenant. Son frère et sa soeur avaient tous deux péris dans des accidents aussi stupides qu'évitable et sur son lit de mort, son père semblait lui avoir pardonné d'être allé à Gryffondor. Plus que d'hériter le manoir (dont il n'avait pas de très bon souvenirs) c'était cette amnistie paternelle qui lui avait permi de se sentir en paix avec lui-même et avec les siens.

Perdu dans ses pensées, Cad n'avait pas remarqué le regard presque amoureux que Lucius posait sur les pages du livre Stark. Il sursauta en l'entendant se fermer d'un coup sec et sourit en voyant que Malefoy n'essayait même plus de cacher son interêt pour la relique. Amusé, il décida de faire encore patienter un peu son ami. Il désigna du menton le livre que lui avait apporté son ami.

- Grindelwald tu disais ?

La relique viendrait après. Parce que ce n'était pas rien mais quelque chose de beau et de puissant qu'il avait failli offrir directement à son Seigneur. Mais son amitié pour Lucius et la peur de se faire punir ou rabrouer avait fait pencher la balance vers le blond mangemort.

Lucius riait de bon coeur. Il n'avait jamais apprécié ladite gamine (de quelques années sa cadette), et l'imaginer braillant au dessus d'une tête de cerf s'était... juste... hilarant, très satisfaisant, et du meilleur goût !
Faisait-on des créatures plus sales que ces choses à bois porteuses de puces ? Bien fait !

Biensûr, Lucius ignorait tout des punitions qui suivaient. Dans le cas contraire, il n'en aurait pas rit, ou au moins, pas devant Cadfael. Une telle erreur diplomatique... il n'y avait que de la misère des Weasley dont on pouvait rire en public.

Mais l'ex Gryffondor ne semblait pas vouloir s'éterniser sur le sujet et, par tact, Lucius décida de laisser le sujet retomber en se souvenant que son ami était toujours célibataire et sans enfants. Est-ce qu'il le regrettait ?

Grindelwald, oui, répondit-il un peu sèchement, agacé de ce contretemps. C'était bien la peine de lui mettre un trésor sous le nez s'il ne pouvait même pas le voir ! Tu sais, celui que notre cher et très aimé Dumbledore a battu il y a cinquante ans, qui a fait plein de choses très très méchantes et qui serait presque aussi vi...
Subitement, Lucius s'interrompit et pinça les lèvres. Il s'était apprêté à dire "aussi vile que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom", et c'était pure chance qu'il se soit retenu à temps. Son visage en pâlissait, et félicita sa peau sans bronzage qui dissimulait ce fait. Si seulement il avait été plus attentif, mais ces stupides grimoires lui avaient fait perdre la tête ! Quel lapsus désastreux ! Oh, certes, il aurait pu dire que c'était pas habitude, parce qu'il était sensé être gentil et bla bla bla, mais Cadfael n'était sûrement pas bête à ce point. Etait-il encore possible de se rattraper ? Non, s'il n'était pas resté silencieux... mais c'était trop tard, même pour une toux polie qui aurait justifié qu'il cesse de parler.

Cette relique ? répéta Lucius d'une voix blanche, n'osant pas espérer que Cadfael ne pose aucune question. Stupide, stupide, stupide lapsus ! Stupide lui même, tiens, qui avait pourtant prévu de ne jamais baisser sa garde ! Brûlure d'estomac. Qu'est-ce que tu as mis dans ce thé ? fit brusquement Malefoy avec ce qu'il espérait être une pointe d'humour, heureux d'avoir un prétexte à peu près potable à sa subite déconfiture.

Oui, évidemment que Cad' regrettait le célibat et les enfants. Lui qui n'avait pas vraiment eu de famille ou plutôt une famille trop spéciale, aurait aimé s'en faire une. Mais il avait toujours su que ce n'était pas pour lui.

On aurait pu penser qu'un enfant qui avait tant souffert d'être sang mêlé serait du genre à protéger les siens mais Jon Stark n'avait jamais été comme ça. S'il avait été malheureux enfant, c'était justement à cause des Moldus car s'ils n'avaient pas mélangé leur sang au sien, il aurait eu une vraie famille. Ils étaient responsables et ils polluaient le monde. Logique non ?

Toutefois Cadfael n'était plus en colère contre sa famille. Il avait tout réglé à la mort de son père et s'il ne riait pas comme Lucius, il avait tout de même un petit sourire, un peu triste. Il était heureux de voir son ami se détendre en sa présence. Cela n'arrivait pas si souvent et c'était une preuve de confiance.

Son sourire s'accentua en entendant l'agacement du mangemort. Ce n'était pas si souvent qu'on voyait le digne sang pur se laisser ainsi aller. Mais le visage du libraire se ferma rapidement et ses sourcils se froncèrent. Presqu'aussi vi... quoi ? Pourquoi Lucius s'était-il arrêté au milieu de sa phrase, qu'avait-il voulu dire ? Et pourquoi cet air gêné ? Cad ne voyait aucune suite ennuyante de ce genre de phrase et le début était plutôt plaisant.

Soupsonnant quelque chose mais sans pouvoir mettre le doigt dessus, n'ayant observé que l'interruption abrupte du mangemort (allez voir quelqu'un d'aussi pâle pâlir ! Et non il n'observait pas assez la bouche de son ami pour avoir remarqué les lèvres pincées).

- Ca ne va pas Luce.

Ce n'était pas une question mais une affirmation inquiète.

- Je n'ai rien mit dans le thé. Les lois de l'hospitalité interdisent de faire quoique ce soit à ses invités. Tu ne risques jamais rien sous mon toit.

Précisa-t-il, un rien agacé et peu disposé à changer de sujet. La boîte en main, il se leva et s'agenouilla à coté de son ami. Il posa l'écrin qui le gênait sur l'accoudoir et chercha le regard de Malefoy, oubliant totalement le fin bracelet d'argent délicatement ouvragé et entrelacé d'une magie puissante et encore inconnue dans son écrin aux armes des wincheston d'amérique. N'arrivant pas à saisir ce qui se passait, il se releva, irrité et retouva sa place habituelle.

Il ne voulait pas savoir. Il ne voulait pas se poser de questions sur la loyauté de Lucius, il ne voulait pas avoir à choisir entre son Maître et son Ami. Jamais

- Alors ?

Fit-il avec un signe de tête qui pouvait aussi bien ponctuer un interrogatoire que désigner l'écrin maintenant sur l'accoudoir du fauteuil de Malefoy.

Lucius détestait les surnoms. S'il n'avait pas été occupé à changer de couleur et à feindre un mal d'estomac, il aurait volontier fait ravaler son "Luce" à cet espèce d'emplumé américain. Juste pour lui apprendre que les ptits noms à poutouilles, c'était pour les chiens, les chats à la rigueur, sa copine s'il le voulait, mais pas pour le chef de famille des Malefoy.
Mais comme il avait autre chose à faire... il n'y fit même pas attention et le mot entra dans une oreille pour sortir par l'autre sans être passé par la case "cerveau".

Je plaisantait, fit Lucius d'un ton plus qu'un peu vexé. Quoi, ça faisait au moins cinq minutes qu'il n'avait pas pensé à une tentative d'empoisonnement, alors l'accuser de l'avoir dit sérieusement ! Pour qui Cadfael le prenait-il ?
Et ne lui dites pas qu'il était de mauvaise foi, il ne s'appellait pas Malefoy pour rien.

Delby a dû faire une erreur dans les épices. Je ne supporte pas le curry et cette idiote en a sûrement mis dans les plats de midi. Encore une bonne raison pour me trouver un vrai cuisiner humain disait le sang pur avec nonchalance, comme si l'incident était déjà classé. Pourtant, son coeur battait à tout rompre contre ses côtes et il dessera discrètement le col de sa veste : sous l'effet du stress, la peau de sa gorge était devenue légèrement moite, ce qui n'était pas des plus... agréables.
Ses yeux gris avaient croisé, fugitivements, les prunelles de Cadfael. Sans s'y attarder. Il savait que son ami n'était pas Légilimens mais... on ne changeait pas les mauvaises habitudes.

A toi l'honneur, répondit finalement Lucius en faisant un geste en direction de l'écrin, invitant l'ex-gryffondor à l'ouvrir lui même. C'était, après tout, lui qui offrait...

Lucius croyait sincèrement que Cadfael avait crut à ses inepties. S'il avait sut que son ami feignait l'ignorance presque pour lui faire plaisir, il aurait sans aucun doute été à la fois vexé de s'être fait avoir et touché de l'attention.
Mais le silence de Cadfael flattait son égo et, de l'orgueil, Lucius en avait. Involontairement, l'américain avait réussit l'exploit de rassurer le sang pur et de lui faire oublier sa gaffe, sans même le faire exprès. Ou peut être que si : était-ce un hasard s'il présentait enfin la relique au lieu de la retirer encore une fois de sa vue ? Malefoy respirait de nouveau, ses prunelles reprenaient leur vivacité coupante, parcourues d'éclairs d'envie et de curiosité. Il n'y avait qu'un objet magique et précieux pour faire cet effet à Lucius (et sa femme à l'occasion) mais, quand il lui prenait de s'intéresser à un trésor, ce n'était pas à reculons.

Du bout des doigts, Lucius effleura le bracelet. Un frisson d'excitation lui fit définitivement oublier son malaise : et s'il était ensorcelé pour tuer ? Malefoy en doutait, mais le challenge perdait de son piquant si on partait d'office en reconnaissance l'objet comme innoffensif . L'argent était froid, frissonant d'un pouvoir que le blond sentait contre sa peau.
Puisqu'il n'était ni mort ni agonisant, Lucius prit enfin le bracelet dans ses maisn élégantes, le porta aussi haut que son nez et plissa les yeux pour lire l'inscription. Il lui semblait discerner une forme, ici... là, c'était sûrement le nom d'Iseult, mais laquelle ? Le reste était proprement illisible.
Oh et puis zut, aucun mage noir ou sorcière sombre ne s'était appelé comme ça, alors inutile de se faire un sang d'encre !

Les joues rosées par le plaisir, il tendit le bracelet à Cadfael. Attache-le. Le fermoir à l'air compliqué, je ne pourrai sans doute pas le faire d'une main.

Stupide ? Irréfléchis ? Biensûr ! Il fallait vraiment être fou pour porter un bijou qu'on savait ensorcelé, avec une origine douteuse, juste parce qu'on avait crut lire dessus le nom d'une crétine blonde romantique ?
... disons que de temps à autre, même les Serpentard oublient de faire marcher leurs neurones, surtout quand il s'agit d'une passion comme celle qu'avait Lucius pour les belles choses.

Cad était aussi obéissant qu'un gryffondor pouvait l'être. C'est à dire beaucoup lorsqu'il le décidait et pas du tout lorsqu'il n'aimait pas la personne en face ou trouvait l'ordre stupide. Mais il s'agissait de Lucius. Un noble que le sang mêlé tenait en très haute estime. Aussi il ne pensa même pas à protester. Il prit délicatement le bracelet entre ses doigts, l'examina un certain temps (pour un gaucher ce genre de truc compliqués n'étaient jamais -c'est le cas de le dire - simples.)

On pouvait sentir la magie emmaner du bijou, rendant l'argent plus blanc, plus brillant, presque plus sombre mais dans le sens lumineux du terme. Vous ne suivez pas ? Pas grave, chacun voit la magie comme il la ressent. Pour Cad, elle était blanche foncé.

D'un geste sur mais maladroit, il ferma le mécanisme et lâcha le poignet de son ami après avoir entendu le petit 'clic' signifiant que tout était en ordre. Qu'allait-il se passer ?

- Alors ?

Il fronca les sourcils. Ce n'était pas un enchantement d'invisibilité puisqu'il le voyait toujours. Et, heureusement, Lucius semblait toujours vivant donc cela allait aussi.

Rien.

Désespérant. La tension retomba d'un coup en Lucius contempla son poignet, déçu. C'était bien la peine de se monter la tête pour un truc sans effets...

Malfoy ouvrit la bouche pour lâcher un "c'est tout ?" blasé, mais finit par la refermer sans avoir dit un mot. Sans qu'il sache pourquoi, il paraissait invraisemblable de dire quelque chose d'aussi cruel, mesquin, c'était mal et méchant ! Cadfael lui avait offert ce bracelet en ami, et même si Lucius ne l'aimait pas, l'objet avait au moins une valeur sentimentale. C'est vrai, quoi ! C'était un cadeau de Cadfael, il fallait en prendre soin.
Lucius allait le mettre dans une vitrine. Avec plein de sorts de protection. Et même les elfes de maison n'auraient pas le droit d'y toucher. Ou... non non, il allait le garder tout le temps sur lui, même pour se laver, aller voir le Lord, et puis même avec sa femme, et tant qu'à faire il n'avait qu'à divorcer si elle n'était pas contente.

C'est très joli, murmura Lucius avec un sourire qui frisait la béatitude. Son regard décolla difficilement du bracelet pour remonter vers l'ex-gryffondor.
Qui avait décidément les plus beaux yeux du monde. Et comment avait-il put penser que l'américain était coiffé avec un manque de goût... qu'il faisait chaud, d'un coup ! Lucius porta une main absente à son col pour l'ouvrir un peu plus, ses yeux gris fixés... très fixement sur Cadfael. Tout à sa contemplation, le sang pur avait laissé tomber son masque plus qu'il ne l'avait fait en public depuis de longues années.
Et les expressions en étaient tout à fait limpide : un mélange d'admiration sans borne, d'amour et de... désir ?

Après les cheveux, les lèvres... fascinantes, si parfaites. Tout aussi inconsciemment que lorsqu'il avait porté ses doigts à son cou, Lucius se porta légèrement vers l'avant, le regard fixé sur la bouche de Cadfael, comme s'il avait pu la dévorer des yeux.

Malheureusement pour Cadfael, toute pensée sensée avait déserté la cervelle de son ami qui n'avait alors qu'une envie : avouer à Cadfael son amour éternel et infini. L'esprit de Lucius était à ce point focalisé sur ce but qu'une vingtaine d'élèves auraient pu entrer dans la boutique qu'il ne les aurait pas remarqué. Même si son fils avait été du lot.
D'ailleurs Narcissa aurait pu en être aussi qu'il n'aurait pas levé un sourcil.

Non, il n'y avait que Cadfael, dont les protestations furent pires qu'un doloris (on est amoureux ou on l'est pas), mais le sortilège était si fort que le sens des mots n'atteignit en rien la raison de Lucius : le grand amour de sa vie ne pouvait pas ne pas vouloir de lui ! Il était juste surpris, peut être un peu bouché sur les bords, et il suffisait d'y aller plus doucement. De toute manière, un Malefoy avait toujours ce qu'il voulait, na !
Tout ça pour dire que l'expression de Lucius n'avait changé en rien et que la diatribe de Cadfael n'eu pas l'effet escompé : certes, le sang pur se figea quelques secondes, ses sourcils se froncèrent et il donna l'impression de réfléchir à la situation mais, ce lapse de temps passé, il abandonna complètement son fauteuil pour se diriger de nouveau vers le sang mêlé.

Ce que tu peux être bête, quand tu t'y mets ! sussura Lucius sans la moindre once de sarcasme : à vrai dire, ça ressemblait plus à une sorte de compliment attendri. Est-ce que j'ai l'air de vouloir plaisanter ? Un pas, et encore un pas... mais Cadfael avait à peine achevé sa demande à propos du bracelet que Lucius s'était figé de nouveau. Sa main libre s'était vivement portée sur son poignet, rendait le bracelet innaccessible sous ses doigts. Il ne répondit rien et la vivacité de son geste trahissait un réflexe imposait : parce que non seulement le bracelet avait un effet des plus gênants, mais en plus il était équipé d'une sécurité pour qu'on ne puisse pas l'enlever.

Ils étaient dans de beaux draps !

Cadfael n'avait pas tord : si Lucius s'était vu, il se serait étranglé de honte, peut être même au sens propre. Mais comme il n'était de toute façon pas dans son état normal, ces basses considérations s'effaçaient devant quelque chose de largement plus important, à savoir son nouveau grand-amour-de-sa-vie-coup-de-foudre-et-plus-encore.

Je vais divorcer, répondit Lucius avec une sincérité telle que s'en était effrayant. Ah, s'il avait sut dans quels sales draps il mettait Cadfael ! Si le blond n'avait pas été lui même la victime du bracelet, il en aurait bien rit. C'était un mariage arrangé, tu le sais bien ! C'est que j'ai... mais qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il subitement en ramenant son poignet contre sa poitrine, échappant aux doigts de Cadfael. Le bracelet de nouveau en sécurité, Malefoy se rendit compte que son ami s'était approché très, très près.
Par Merlin, il était encore plus beau quand il ne fuyait pas à l'autre bout de la pièce !

A ce moment là, le sortliège entra dans une phase de doute : continuer à défendre le bracelet coûte que coûte ou remplir son office ? Mais les maléfices ne sont pas fait pour penser, et c'est vers sa fonction première que l'objet dirigea le malheureux ensorcelé. Lucius lâcha son poignet mais Cadfael ne pouvait pas vraiment s'en réjouir : le sang pur ne lui laissa pas le temps de tenter quoi que ce soit ou, en tout cas, pas avant que les lèvres de Malefoy ne rencontrent les siennes.
Tout l'attention de Lucius se porta aussitôt sur ce baiser on ne peut plus passioné, oubliant totalement ce qui pendait à son poignet (poignet alors occupé quelque part vers le col de Cadfael). Même dix littres de potion euphorisante n'auraient pu lui faire l'effet de la peau du sang mêlé contre la sienne, de son odeur ou du goût de ses lèvres... impossible de penser à autre chose, et encore moins aux conséquences, à sa femme ou aux circonstances qui pouvaient entourer un acte qu'il aurait jugé répugnant en temps normal.

EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEK ! Du yaoï ! O__o Lucius a... il est... arg ! >-<

[HJ, je confirme, yerk !]

Mal, il était très mal. En fait il ne s'était jamais trouvé en aussi mauvaise posture de toute sa vie et pourtant il en avait prit des risques idiots ! Mais là !

Le mangemort fronça les sourcils. Il ne trouvait pas ça drôle du tout. Divorcer, et puis quoi encore ! On ne divorcait pas dans leur milieu, mariage arrangé ou pas. Et encore s'il n'aimait pas Narcissa mais Cadfael savait (bon par la rumeur mais elle se trompait rarement) que les deux époux étaient très épris l'un de l'autre. Il n'était pas un briseur de ménage ! Stupide, stupide bracelet !

Et en plus sa ruse avait raté, le bracelet (car non ça ne pouvait pas être Lucius qui pensait, agissait, parlait !) avait compris ou il voulait en venir. Se faire tenir en échec par un bijou en argent, joli en plus, c'était vexant !

Occupé qu'il était à pester contre lui-même, Cad ne vit rien venir. Ce n'est qu'en sentant les levres du sang pur sur les siennes qu'il comprit ce qu'il venait de se passer.

Rien dans l'éducation d'un jeune noble ne dit quoi faire lorsqu'un de vos amis, ensorcelé par un bijou, se met à vous embrasser comme si sa vie en dépendait. Cad avait envie de vomir.

Et s'il n'y avait que ça mais en plus il y avait ses mains et... berk ! berk berk berk ! Il comprenait que certains puissent aimer ça mais ce n'était pas son truc !

Le mangemort allait violement repousser son ami (avec ses mains, il avait toujours eu tendance à utiliser ses poings avant sa baguette, surement son sang moldu) lorsqu'il se dit que c'était ptet le moment de tenter quelque chose. Supportant à grand peine le contact, il posa à nouveau sa main gauche sur le poignet droit de Malefoy (heureusement que ce n'était pas le contraire, il aurait été mal) et s'attaqua une nouvelle fois à ce stupide fermoir qui céda enfin.

Le bijou argenté tomba sur le sol au moment ou Cad se dégageait (un rien violemment) et faisait quelques pas en arrière, la baguette pointée sur Lucius. Plus jamais ça !