Etoile n'avait pas sommeil. Les yeux grands ouverts, elle regardait le plafond au dessus d'elle. ce dernier n'avait d'ailleurs rien de particulier ce qui l'exaspérait encore plus. Impossible de dormir, elle n'en éprouvait tout simplement pas le besoin. Elle soupira fortement et se retourna pour la énième fois cherchant une position confortable. En plus, elle avait chaud dans ses draps. Elle se redressa brutalement. Il fallait qu'elle prenne l'air, entre guillemets bien évidemment. Elle savait pertinnement que les élèves n'avaient pas l'autorisation de se balader dans les couloirs et même dehors la nuit. Dommage, sinon elle aurait été faire un tour dans le Parc ou du côté de la Volière mais les règles étaient les règles et malgré tout, elle les respectait. Un nouveau soupir et elle glissa de son lit sans faire le moindre bruit. Le sol était froid ce qui la fit frissoner. Sans prendre la peine de se couvrir plus, c'est-à-dire étant couverte de son pyjama seul, elle marcha sur la pointe des pieds jusqu'à la porte du Dortoir des Filles. Après un léger grincement, la porte daigna s'ouvrir et Etoile se glissa à l'extérieur.

Les marches de l'escalier se révélèrent glaciales. Elle arriva en un rien de temps dans la Salle commune. Un feu réconfortant, venant de la grande cheminée, égayait la pièce de couleurs chatoyantes qui faisaient étinceler le vert et argent des tentures et écussons de Serpentard. Elle s'installa dans le canapé, face aux flammes.

*Hm... Il ne manquerait plus que quelques Patacitrouilles ou Chocogrenouilles...*

Etoile tourna vivement la tête vers l'unique saladier disposé soigneusement sur une table de travail. Et un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Elle se leva rapidement, parcourut les quelques mètres et prit quelques-unes de ces précieuses sucreries. Puis revenant se prélasser sur le divan, elle croqua dans une Patacitrouille. Bon, elle l'avouait, les friandises et elle, c'était une longue histoire, elle avait toujours aimé cela, depuis toute petite. Qu'est-ce qu'elle était bien ! Son regard se perdit dans le brasier. Elle fit alors abstraction de tout ce qui l'entourait...

Et dire que cela faisait maintenant quatre ans qu'elle était élève à Poudlard. Quatre ans seulement mais qui lui paraissait être une éternité. C'était comme si elle avait toujours vécu ici tellement elle s'y sentait chez elle. Elle en venait même à des moments où elle oubliait qu'elle avait une famille à côté, qu'elle se considérait comme orpheline. De toute façon, il n'y avait que sa tante qui comptait vraiment pour elle. C'était à elle qu'elle devait tout. Finissant sa dernière Chocogrenouille, elle ferma les yeux, le sourire aux lèvres.

Etoile rouvrit rapidement les yeux et se redressa. Un cri venait de se faire entendre du côté du Dortoir des garçons. Mais que faisaient-ils encore à cette heure ? Ne pouvaient-ils pas dormir comme tout le monde ? Elle non plus ne dormait pas certes, mais ce n'était pas pour autant qu'elle faisait un boucan du diable. De toute façon, elle n'aimait pas faire 'comme tout le monde'. A l'écoute de tous les bruits qui pouvaient lui parvenir, elle soupira et se "rallongea".

*J'ai du rêver, il n'y a pas d'autre bruit.*

Elle n'eut pas le temps de fermer les yeux qu'elle entendit un "Azéline ?" murmuré par une voix masculine sans aucun doute. Tout en fronçant les sourcils, elle ne put s'empêcher de répondre ironiquement :

"Râté. Ta chère amie dort bien sagement..."

Etoile observa le jeune homme s'approcher et parvint enfin à le reconnaître, il s'agissait de Cennyd McAyr. Celui qui n'avait jamais entendu parler de lui était vraiment une bouse de dragon. Il était l'un des élèves les plus côtés à Poudlard. Question fille, il ne s'était jamais trop embarassé. Une par une, elles étaient tombées sous son charme. Et une par une, il avait pris soin de les embobiner avec des mots doux et des phrases bien formulées. Elle le fixa sans éprouver la moindre gène jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. Un sourire malicieux s'insinua sur ses lèvres, quel jeu de mot sur son prénom.

"Trêve de plaisanteries Cennyd. Evite tes niaiseries avec moi."

Murmura lentement Etoile. On lui avait souvent trouver un bon fond ce qui était dur à croire face aux réparties qu'elle pouvait parfois lancer. Cependant, il n'était pas d'une grande difficulté de rembarrer un tel jeune homme. Le plus dur était de lui tenir tête durant toute une conversation car en effet, Cennyd avait lui aussi de la répartie. Elle considéra un instant sa question, fit mine de réfléchir quelques secondes de plus et ajouta :

"Très franchement, je n'arrive pas à dormir. Mais toi, que fais-tu éveillé ? Ce ne serait pas toi, par hasard, qui aurait crié il y a quelques minutes ?"

Elle en profita pour le fixer plus intensément. Sa dernière question venait de sortir toute seule de ses lèvres sans qu'elle y ait même pas réfléchi. De toute manière, elle pensait que, même si c'était bien Cennyd qui avait crié, il ne lui dirait pas ou bien il lui laisserait penser qu'elle avait rêvé.

[Désolée de ce long temps d'attente ! >__<]

Sang-de-Bourbe. Cette apellation résonna durement dans la tête d'Etoile. Enfant de Moldu, une honte, la risée des Serpentard. Et pourtant, elle était à Serpentard ! Et c'était avec une certaine fierté qu'elle arborait le serpent argenté sur son pull gris d'uniforme dans les couloirs. Heureusement, elle n'avait plus aucun contact avec ses parents. Sa tante lui avait seulement fait savoir qu'elle leur avait jeté un sort d'effacement de la mémoire et que, ne se souvenant pas d'avoir eu une fille auparavant, ils avaient eu un autre enfant. Une seconde fille du nom de Maëlle. Et une Moldue, une vraie...

Si Etoile était une sorcière, c'est qu'elle avait été choisie, désignée, reconnue apte à savoir la vérité. Tant de fois, lorsqu'elle était petite, ses parents lui avaient répété que la magie n'existait pas, que ce n'était que fables et pures inventions. Mais à présent, elle leur était supérieure, et en tout. Elle avait le pouvoir face à eux, pauvres Moldus impuissants. Sa tante n'avait cessé de réclamer de sa part un peu d'indulgence mais c'était un sentiment qu'elle n'éprouvait qu'envers les personnes qu'elle appréciait le plus. C'est pourquoi rapidement, elle les avait oubliés, cachés au fond de ses souvenirs les plus mauvais. Elle aurait tellement souhaité être une Sang pure, tellement.

Mais elle savait pertinnement que Cennyd n'était pas du genre à fricoter avec des Sang-de-Bourbe, des Sangs-Mêlées encore, elle en avait vu dans ses bras. Elle s'en moquait bien d'ailleurs, les conquêtes du jeune homme ne l'intéressaient pas ou très peu, même si elle se tenait toujours au courant. Cependant, elle reconnaissait qu'il avait du charme, un côté mystérieux et dans son regard, une flamme envoûtante qu'elle observait d'un regard plein de malice. De son côté aussi, il semblait s'amuser de la situation, rien qu'au ton de sa voix lorsqu'il déclara fermement qu'il n'avait pas cauchemardé. Elle ne détacha pas son regard du sien, elle savait qu'il mentait mais elle n'insista pas préférant marquer un silence de plus.

Le bois craqua brutalement et quelques braises incandescentes s'éparpillèrent sur le tapis risquant de l'enflammer. Etoile sortit rapidement sa baguette et, dans un murmure, prononça :

"Wingardium Leviosa."

Les braises s'élevèrent doucement du sol pour retomber dans l'âtre. Distraite, elle ne prit pas la peine de reposer ses yeux sur Cennyd. Elle écouta vaguement sa proposition et constatant qu'elle avait gardé sa baguette dans la main, elle la rangea dans la poche de son pyjama. C'est alors qu'elle tourna la tête et fut surprise de retrouver le jeune homme à quelques centimètres d'elle. Le visage emprunt d'étonnement, elle sourit finalement et, prenant en note sa seconde proposition qu'il la fit sourire un peu plus, elle répondit :

"L'idée des Cuisines me paraît bien. Surtout qu'il n'y a plus aucune sucrerie ici."

Repensant à ce qu'il avait dit par la suite, elle secoua la tête, mi-amusée, mi-intriguée. Plus ample connaissance, qu'entendait-il par là ? Elle se leva du sofa, un léger sourire toujours aux lèvres, les yeux pétillant de malice. S'étirant maladroitement, elle ferma les yeux quelques instants. Elle n'avait aucune conscience de l'heure qu'il était et s'en fichait pas mal. Car elle avait remarqué qu'elle dormait de plus en plus mal la nuit ces derniers temps. Elle lui fit remarquer :

"De toute façon, il n'y a rien d'intéressant sur moi à savoir..."

Elle rouvrit lentement les yeux. Elle était à présent parfaitement réveillée. L'air de rien, elle lança :

"On y va ?"