[Dec.] Rose et Argent

Invité

Cennyd était connu dans tout Poudlard pour ses succès auprès de la gent féminine. C'était bien la seule "tache" sur un dossier par ailleurs irréprochable. Cela ne gênait pas le principal intéressé qui savait parfaitement que la perfection effrayait plus qu'autre chose. Il veillait donc à être parfaitement imparfait et se servait pour cela de ses atouts naturels.

Et là venait un pari risqué. D. Ombrage, Grande Inquisitrice, était une femme. Enfin c'était la conclusion à laquelle Cennyd était arrivé après une bonne heure de brainstorming. Et si Ombrage était une fille, alors il y avait peut-être moyen pour lui d'arriver à ses fins. Mais charmer une adulte, même repoussante, était une gagure. La moindre erreur, le moindre faux pas pouvait vous précipiter dans le gouffre de la honte. Ca en rendait le défi... presque excitant. Jamais jusqu'ici, Ced avait poussé le vice jusqu'à ce point.

On ne lui avait pas vraiment laissé le choix en même temps. Il avait besoin de Mark et sa copine pour l'entraînement de Quidditch. Mark faisait l'élément perturbateur pour que l'équipe apprenne à ignorer les mouvements hors du terrain, quand à la fille, elle faisait l'arbitre (et il comptait bien l'impressionner par ses performances. Il n'y a pas d'amitié qui tienne en amour). Vous voyez, Mademoiselle, a quel point il est primordial pour l'honneur de notre maison que vous déplaciez l'heure de retenue de ces deux délinquant juvénile ? Oui, leur faute est terriblement grave, je le conçoit. Un véritable attentat à la pudeur. Oui Mademoiselle...

Debout devant la porte, Cennyd tira sur sa robe. Il s'était changé après les cours, revêtant une robe d'un beau vert de gris qui mettait en valeur ses cheveux roux et ses yeux d'aciers. Taillée sur mesure, elle laissait deviner sa force souple tout en restant parfaitement correcte. Des broderies argentées soulignaient le col, le bas et les manches. Le tailleur s'était surpassé, il fallait bien l'avouer et le jeune sang pur avait mit pres de la moitié de son argumentation dans la richesse de son habit. Il avait également apporté un cadeau à la vieille chouette. Une assiette avec une pelote de laine dessus pour que les chatons puissent jouer. Sa mère la lui avait commandé puis envoyé sans poser de questions. C'était dire s'il avait besoin de Mark à cet entraînement !

Allons, trève de tergiversation. Le serpentard vérifia la position de son insigne de capitaine, ferma le poing et frappa un coup vigoureux sur le bois de la porte. Les négociations allaient pouvoir commencer.

PERSONNEL DE POUDLARD · **Dolores Ombrage**

Le temps n’était plus aux conciliations. Une guerre discrète venait de se déclarer, s’insinuant progressivement dans les veines du château. Et Dolores comptait bien marcher à la tête de son propre mouvement, avancer contre un groupuscule insaisissable se faisant nommer les… hum… les « Sales Gosses ». L’appellation leur collait à merveille. Mais ce n’était pas tout. Au delà des frasques puériles, quelque chose de beaucoup plus sourd, de plus investi, grondait. Monsieur Rusard avait parlé d’un rassemblement encore plus grand impliquant Potter et sa bande. Et ce, en dépit des décrets. Ce, en dépit de toute l’ingéniosité donc Ombrage était capable. Des choses se tramaient sous son nez, grouillantes, sans se laisser enserrer pour autant. Les preuves. Toujours cette absence de preuves. Que l’on le veuille ou non, les élèves de Poudlard savaient user de ruse et d’ingéniosité. L’évolution adolescente avait de quoi terrifier les figures d’autorité.

Aussi une grande décision fut-elle prise. Dans le secret le mieux élaboré, la Grande Inquisitrice avait convié Cennyd McAyr dans son bureau. D’une part parce qu’il avait déjà exprimé son désir de coopération. D’autre part en raison de son lien de parenté avec Cadfael Stark, un fidèle de Ministère. Une double confiance ne pouvait que s’instaurer. Faisant les cent pas dans son univers fushia, le professeur Ombrage réfléchissait. Ce McAyr était l’un des éléments les plus apprécié auprès de la caste féminine. L’embaucher permettrait de rallier plusieurs voies de ce côté-là. Sans compter ses précieux alliés. Qu’ils lui soient lié par crainte ou par respect, elle savait qu’elle pourrait tirer sur plusieurs ficelles. Au fond, il s’agissait véritablement d’un choix stratégique. Drago Malefoy serait aussi à envisager.

D’une main potelée mais pleine d’assurance, Dolores disposa une série de petits badges dorés sur la surface polie de son bureau. Bien parallèles entre eux, les badges. Un exemple d’ordre et de méticulosité. L’idée du symbole à restaurer au sein du château. Deux initiales soigneusement gravées traçaient « B.I. ». Elle était fière de cette création, tout autant qu’elle était fière de sa montée au pouvoir. Cela ne serait plus qu’une question de temps avant qu’elle ne submerge Dumbledore. La pression. L’autorité. La peur. Plusieurs facteurs qui, petit à petit, annihilaient la meilleure des volontés.

La porte trembla. Un seul coup. Mais qui traduisait toute la force de son responsable. Ombrage se hâta de s’installer derrière son bureau, croisa les mains sur sa poitrine et autorisa :

- Entrez.

Le visage dur et pourtant séduisant de Cennyd se présenta. Beau garçon, il n’y avait pas à dire.

- Bonjour, Monsieur McAyr. Vous êtes d’une ponctualité exemplaire, voilà qui est bien. Puis-je vous servir une tasse de thé ? De jus de citrouille ?

Et elle donna autant de coup de baguette magique, faisant apparaître les breuvages en question.

[HJ : Je te rassure, dans ces tasses-là, il n’y a pas de véritasérum ;)]

Invité

- Entrez.

Cennyd posa sa main sur la poignée de la porte, la tourna et franchit le seuil de l'antre colorée de la veuve rose. Il ne fit qu'un pas à l'intérieur avant de refermer soigneusement la lourde plaque de chêne. Rien ne devait transpirer il s'agissait d'une entrevue secrète. Ced ne voulait surtout pas que l'on sache qu'il avait négocié avant d'être sur de sa victoire. Les miracles n'étaient en fait que des réussites longuement préparées mais dont seul le résultat était visible. Et le serpentard était tout à fait du genre à vouloir faire des miracles. N'était-il pas supérieur à toute les autres imbéciles du collège ? Au moins lui avait un but dans la vie. Mais trêves de rêveries. Il n'avait pas eu le temps d'examiner la toile que l'on avait tissée pour lui que la vieille femme l'accueillit.

- Bonsoir Professeur. Je prendrais volontier une tasse de thé s'il vous plait. Noir et sans sucre si possible. Merci beaucoup.

Il s'avança tranquillement, laissant son regard errer sur les murs roses et les assiettes de châtons. Ainsi ses sources ne l'avaient pas trompés, elles n'avaient même pas exagéré la rositude du crapaud. Cette pièce était d'un manque de gout flagrant. Les Prewett étaient tombés bien bas décidément. Tant pis. Ou plutôt tant mieux. Plus de géants tombaient de leur piédestal, plus sa famille se rapprochait du sommet.

Les pas du garçon étaient précis, plutôt grands et la table se rapprochait à une allure folle. Or il ne savait toujours pas comment aborder son sujet. Enfin, il verrait bien sur le moment n'est ce pas ? Finalement, il s'arrêta derrière la chaise qui faisait face au professeur.

- Avant toute chose, Professeur, permettez moi de vous transmettre ce présent de la part de ma mère, pour vous remercier du soin que vous prenez à nous donner une éducation décente. Elle a insisté pour que je vous fasse part de toute son admiration devant votre courage et votre abnégation.

Pur bluff. L'idée de l'assiette venait de lui et il seul avait inventé le petit discours dont il venait de gratifier son professeur. Evidemment sa mère serait mise au courant et approuverait en cas de besoin mais Cennyd n'avait besoin de personne pour se faire apprécier. C'était chez lui quelque chose d'innée. A supposer qu'Ombrage aime les compliments mais ce n'était pas un paris très risqué.

Bien droit, le bras gauche plié au niveau du coude et glissé dans son dos, il tendit son présent à la Grand Inquisitrice. Ses yeux d'aciers se plongèrent une seconde dans ceux, porcins, du professeur puis se fixèrent, comme gênés, sur le mur. Cennyd transvasa son poid d'une jambe sur l'autre pour paraitre gêné, baissa la tête et se mit a examiner la table.

Son thé fumant était déjà versé dans une tasse de procelaine assortie au reste (au moins on pouvait reconnaitre à Ombrage une certaine logique dans son manque de gout) laquelle était posée à côté d'une rangée de badges brillants et dorés. Cennyd, intrigué par ces initiales qu'il ne connaissait pas, ne cacha pas sa curiosité mais ne dit rien. Chaque choses en son temps et les ennemis seront bien muselés.

- Sachez en tout cas que ma mère m'a bien recommandé de ne rien épargner pour vous venir en aide. Recommandation bien inutile pour être franc car il n'est rien que je ne serais heureux de faire si en ma qualité de Capitaine de l'Equipe de Quidditch de ma Maison, je puis vous être utile.

C'était peut-être un peu trop, c'est vrai. Mais c'était la facon la plus polie et la moins indirecte que le jeune homme avait trouvé pour demander pour quelle raison il avait été convoqué. Car si Ombrage lui devait quelque chose, alors il serait plus facile encore de négocier le report de la colle de Mark. Il fallait juste espérer qu'il trouve le bon dosage avant que le Grand Crapaud Royal ne se rende compte de la supercherie.

PERSONNEL DE POUDLARD · **Dolores Ombrage**

Comme la décoration de son bureau était – à ses yeux globuleux – parfaitement affriolantes, Dolores ne pouvait qu’approuver l’ajout de Cennyd McAyr. Ce jeune homme était d’un charme rare qui s’accordait avec le reste de façon très naturelle. Un caméléon, en fait. Un mélange de beautés vivaces. Et, comble du bon goût, il aimait le thé. Susurrant une courte mélodie pour elle-même, le professeur Ombrage déversa une rasade de liquide brûlant dans une tasse de porcelaine, ajouta du sucre, y plongea une petite cuillère, remua et offrit. Etrangement, il ne but pas de suite. Ses lèvres, loin d’effleurer l’infusion, transmirent un message :

- Avant toute chose, Professeur, permettez moi de vous transmettre ce présent de la part de ma mère, pour vous remercier du soin que vous prenez à nous donner une éducation décente. Elle a insisté pour que je vous fasse part de toute son admiration devant votre courage et votre abnégation.

Oh ! L’attention lui alla droit au cœur. Il avait très certainement enjolivé et exagéré la forme mais le résultat était là fort joli. Ombrage y accorda un sourire. Il savait y faire, en matière de compliments arrivistes. L’irait loin, le gamin. Il lui rappelait un peu – sous d’autre formes plus subtiles – Percy Weasley. La branche renégate d’un arbre traître à ses origines. Là où Arthur ne dépassait pas le stade de simple employé, Percy hissait les échelons sans même s’en rendre compte. Et voici qu’il était déjà admis dans son cabinet. Une telle aubaine était-elle possible ? Non, elle avait été provoquée. Comme il se devait. Comme cela se pratique dans les sphères bien famées. On compliment, on reçoit avec beaucoup de manière et on attend de récolter les fruits. Voilà ce que les élèves de Poudlard étaient, en majorité, incapables de comprendre. Ce qui expliquaient la mise à néant de leur avenir.

- Eh bien, vous pourrez chaleureusement remercier votre mère, mon petit. Nous manquons tellement de reconnaissance et de soutien à Poudlard.

« Nous ». « Cornélius et Moi », bien entendu. Le « Je » aurait paru trop prétentieux et ambitieux. Il fallait se montrer prudente.

- C’est d’ailleurs assez frustrant. Saviez-vous que nous ne recevons aucune aide de la part des professeurs ? Ce qui est assez scandaleux et porte à croire – en analysant bien, hum hum – à une forme de rébellion. Mais soit…

Elle haussa les épaules, défendant de manière implicite ses futures compétences à gérer le problème. D’ailleurs, l’heure n’était plus vraiment aux échanges de politesse. Sans doute l’avait-il lui-même compris puisqu’il souleva la pierre du sujet. Ce disant, il avait légèrement examiné les badges. Ombrage tendit une main potelée pour les rétablir au parallélisme. Elle s’humecta d’une gorgée encore fumante de thé, claqua de la langue et se lança :

- Bien, à nous, à présent, n’est-ce pas ? Comme vous l’aurez sûrement remarqué, un mouvement aux tendances révolutionnaires conteste l’ordre et la rigueur du château. Ce rassemblement a enfreint la plupart des Décrets mis en vigueur à ce jour et se dissimule sous l’appellation… hum hum…

Devait-elle vraiment se rabaisser à articuler ces syllabes barbares ?

- « Les Sales Gosses ». Ne me le faites pas répéter, voulez-vous ?

Trop longtemps avait-elle subit sans sourciller les frasques indisciplinées d’Alenn Sullivan et sa bande. Cette époque se voulait maintenant révolue. A partir du moment où Dolores Ombrage retroussait ses manches, elle était bien décidée à ne laisser que ruines froides dans son sillage. Des airs de conspiratrice sur chaque trait flasque, elle se pencha par-dessus son bureau et murmura :

- Maintenant, Monsieur McAyr, j’exige votre entière coopération pour le projet que je compte mettre en place. Vous m’avez déclaré plusieurs fois votre motivation à m’épauler ; ceci est votre chance. Si vous accepter, buvez une gorgée de thé. Sinon, partez.

Et de se laisser aller dans son dossier, la mine renfrognée.

Invité

Sucre dans son thé, bruit de cuillère que l'on tourne, main tendue et tasse brulante à l'intérieur. Il semblait à Cennyd qu'il avait précisé qu'il aimait son brevage dans sucre mais bon, il n'était pas question de protester devant tant de miel. Si Ombrage voulait qu'on aime les sucreries, on allait les aimer, ce n'était pas plus compliqué que cela. Car malgré son côté détestable (et Ced étant un adolescent comme les autres - en plus beau, plus grand, plus fort, plus intelligent, plus pur, certes mais comme les autres tout de même - il n'aimait pas du tout leur professeur de DCFM), Dolores Ombrage restait une personnalité influante au ministère, ayant l'oreille du ministre et, pour le moment, bien plus influente que Dumbledore lui-même.

Un sourire un peu moins mielleux que les autres marqua la première victoire du sang pur sur un terrain qui était pourtant d'un niveau soit disant bien au dessus du sien. Cennyd prit bien garde de ne rien montrer mais un sentiment très agréable le parcourut soudain et son assurance monta en flèche. Finalement, faire le serpentard parmi les adultes n'était pas plus compliqué qu'à Poudlard. Pas qu'ils soient tous aussi facilement manipulable qu'Ombrage mais comme tout était dans les apparences, ils n'avaient pas d'autre choix que de se laisser prendre au jeu. Un peu comme les professeurs. Oui, finalement on apprenait beaucoup de choses à Poudlard.

- Eh bien, vous pourrez chaleureusement remercier votre mère, mon petit. Nous manquons tellement de reconnaissance et de soutien à Poudlard.

Profitant du silence, Cennyd s'inclina brievement et ajouta un "je n'y manquerait pas" dit d'une voix oscillant entre assurance (c'était une promesse) et timidité (porter la parole de la GRANDE Ombrage avait de quoi faire peur... enfin c'était ce qu'il voulait faire croire). Il nota le nous sans y prêter attention. Ombrage parlait toujours au "nous" et si ce pluriel avait le même sens que lorsqu'elle parlait de ses "chers petits" on pouvait aisément conclure que la Grande Inquisitrice utilisait le nous de majesté.

- C’est d’ailleurs assez frustrant. Saviez-vous que nous ne recevons aucune aide de la part des professeurs ? Ce qui est assez scandaleux et porte à croire – en analysant bien, hum hum – à une forme de rébellion. Mais soit…

Elle haussa les épaules, ce qui permit à Cennyd d'éteindre l'étincelle amusée de ses yeux (une rebellion ? A Poudlard ? Nooooon mais qu'est ce que vous allez chercher là Madame !) et à prendre successivement un air outré puis confiant. Tout était dans le paraître lors de cette entrevue. Il aurait bien rebondit sur cette ouverture, laissant entendre qu'il ne se sentait pas le droit de juger les adultes que le Ministère et Dumbledore avaient jugés assez compétent pour les encadrer, surtout depuis qu'ils leurs envoyé leur sauveur (messie ?) en la présende de Madame Ombrage mais sentit bien que ce n'était pas le moment de se lancer dans des mondanités. Ils avaient tous deux un but à poursuivre et peu de temps à perdre.

- Bien, à nous, à présent, n’est-ce pas ? Comme vous l’aurez sûrement remarqué, un mouvement aux tendances révolutionnaires conteste l’ordre et la rigueur du château. Ce rassemblement a enfreint la plupart des Décrets mis en vigueur à ce jour et se dissimule sous l’appellation… hum hum… "Les Sales Gosses". Ne me le faites pas répéter, voulez-vous ?

Ainsi c'était ça l'épine du pied d'Ombrage ? Une association a dominante gryffondorienne qui faisait des farces idiotes et qui réunissait les sangs de bourbes les moins éduquer du château ? Bah. Aucun d'entre eux ne s'était prit à Ced pour le moment, il se contentait donc plus ou moins de les ignorer. Pour autant qu'il le sache, le meneur de ce mouvement était Martin Antall ou quelque chose dans le genre. Des Weasley en puissance quoi. Le mieux à faire, puisqu'ils cherchaient tellement à attirer l'attention, était de les ignorer. Mais ce genre de tactique était manifestement trop évoluée pour Ombrage qui avait visiblement quelque chose en tête.

- Maintenant, Monsieur McAyr, j’exige votre entière coopération pour le projet que je compte mettre en place. Vous m’avez déclaré plusieurs fois votre motivation à m’épauler ; ceci est votre chance. Si vous acceptez, buvez une gorgée de thé. Sinon, partez.

Tout ceci arrangeait bien le Serpentard finalement. S'il entrait dans les petits papiers d'Ombrage, il pourrait en retirer des bénéfices très important. Et même si la Grande Inquisitrice se plantait, il n'aurait pas de difficulté a faire croire qu'elle l'avait forcé à coopérer. De toute façon il n'avait pas l'intention de montrer plus de zèle que necessaire. Lentement, il prit la tasse et la porta à ses lèvres en signe d'acceptation. Il hésitait à boire, l'insistance de la vieille femme étant un peu suspecte. On est parano ou on ne l'est pas. Finalement, il trempa ses lèvres dans le breuvage et en avala une toute petite gorgée, comme si le thé était brûlant. Il reposa alors la tasse sur la coupelle, faisant tinter la cuillère qu'il avait posé sur l'assiette de porcelaine.

"Ma motivation, Madame, ne change pas selon le sens du vent. J'ai dit que je vous aiderais, et je le ferais. Au mieux de mes capacités, cela s'entend."

Sa voix était froide comme s'il était vexé (alors qu'il n'en était rien). Il l'ignorait bien sur mais lorsqu'il parlait comme ça, se drapant dans sa fierté de Stark, il ressemblait énormément à son Oncle. Mis à part que chez Cadfael, cette phrase aurait été sincère, et aurait été l'équivalent d'un serment. Tandis que Cennyd réfléchissait déjà au moyen de contourner cet engagement.

Toujours debout (on ne lui avait pas permi de s'asseoir), le jeune homme regarda une nouvelle fois les horribles badges dorés et les montra d'un geste ample de la main, en prenant garde cette fois à ne pas les toucher.

"Je suppose que ces décorations font partie de votre plan pour lutter contre ce fléau ?"

PERSONNEL DE POUDLARD · **Dolores Ombrage**

Voir le Serpentard tendre la main, agripper sa tasse, en boire une longue gorgée bien marquée… Le geste prenait une tournure toute puissante. Dolores nommait les choses, les autres apprenaient. Elle donnait un ordre, ils suivaient. Cette façon de pouvoir gouverner en levant le petit doigts prouvait à quel point une prise de pouvoir ne se réservait qu’aux plus habiles. Le professeur Ombrage se considérait comme telle. Une diplomate manipulatrice, agile des mots et des pensées, résolues en actions et sanctions. La dictature choisie par tous, qui, au gré du temps, devient un règne accepté. Et ici, un élément de taille venait d’intégrer sa garde rapprochée. Cennyd McAyr, soit un choix parfaitement stratégique. Le but principal – et immédiat – de la Grande Inquisitrice, était de recruter. Pour ce faire, elle devait soigneusement choisir ses pièces, les diriger avec intelligence sur l’échiquier. Et Cennyd avait été la sélection la plus judicieuse. Beau garçon, parti avenant. Il récolterait sans peine les voix féminines. Ses petits suiveurs admiratifs devraient également marcher dans ses traces. Bien, sûr, à bien y regarder, elle aura tout aussi bien pu désigner Prosper Wagner. Mais là encore, son art de la guerre avait parlé. De son expérience sur l’ambiance de classe, elle avait pu remarquer que le Serdaigle se voulait réservé et désagréable. Pas beaucoup d’amis, en somme. Ce n’était sûrement pas lui qui allait rallier des partisans. En revanche - et c’était là un détail intéressant – il était en plein conflit ouvert contre McAyr. Un duel des privilèges, propre aux adolescent. Voir son rival direct entrer dans les petits habitudes de Dolores le pousserait très certainement à mimer la démarche. D’une pierre deux coups. Elle aurait sous sa coupe deux élèves brillants et extrêmement motivés. Peu susceptibles de se laisser aller à toute forme de trahison. Preuve orale en fut donnée :

- Ma motivation, Madame, ne change pas selon le sens du vent. J'ai dit que je vous aiderais, et je le ferai. Au mieux de mes capacités, cela s'entend.

Le monstre avide qui somnolait au fond de l’âme d’Ombrage releva la tête et huma cet air de victoire. « Bien, bien, bien » semblait-il dire. De la loyauté de son nouvel allié, elle ne doutait désormais plus du tout. Ils feraient de grandes choses, ensemble, cela ne faisait aucun doute. Un sourire triomphant sur le visage, elle le regarda déposer sa tasse. Il n’y avait aucun produit dans ce thé-là. Pas pour lui. Ce n’était pourtant pas par manque de réserves. Elle avait gentiment vidé toutes les réserves de Veritaserum du professeur Rogue – un homme très coopératif, au passage. Bientôt, elle le savait, viendrait le temps des aveux pour la plupart des élèves de Poudlard. De longues soirée en tête à tête avec pour seul crédo la vérité. Cela prendrait très probablement du temps, certes, mais permettrait d’appréhender le moindre parasite. Mais avant même d’envisager ces belles confrontation, elle devait créer l’Organisation. Celle-là même que Cennyd devina en pointant les insignes :

- Je suppose que ces décorations font partie de votre plan pour lutter contre ce fléau ?

Cette fois, Ombrage se leva, ses yeux globuleux reflétant une lueur gourmande.

- Très juste, Monsieur McAyr. Je peux d’ores et déjà vous avouer que je compte monter une association tout à fait particulière. Nous avons les… hum hum… « Sales Gosses » sur la rive opposée ; eh bien dans notre camps, nous aurons la « Brigade Inquisitorale ».

Sur quoi elle s’empara de l’un des badges, l’exposa au regard du Serpentard, de manière à laisser bien visibles les gravures B.I.

- Il s’agit d’une association qui requerra une quantité importante d’adeptes. Je compte bien évidemment sur votre motivation pour faire passer le message et m’amener autant de volontaires que possible. Vous pourrez faire cela, n’est-ce pas ?

Bien sûr, qu’il le pourrait. Et ce, parfois même contre son gré. De ses doigts boudinés et malhabiles, elle agrafa le badge sur la robe de l’adolescent puis se rassit, confiante.

- Toutes mes félicitations, mon petit garçon, vous venez de prendre la tête d’un mouvement primordial. Cela sera ajouté à votre dossier. En tant que membre de la Brigade Inquisitorale, vous disposerez de tous les pouvoirs attribués à un Préfet-en-Chef, à ceci près…

Elle étouffa une petite exclamation réjouie.

- … que vous pourrez retirer des points aux récalcitrants.

Le cadeau était de taille et l’idée, tout bonnement géniale. Cornélius aurait de quoi alimenter les bonnes nouvelles de la Gazette.

Invité

Cennyd savait parfaitement quelle serait la portée de son geste alors qu'il l'exécutait. Les gens étaient vraiment trop crédules. On buvait une tasse de thé et voila qu'ils vous croyaient liés par un serment inviolables, prêts a vous faire gardien du secret et tout le toutim. Pensaient-ils vraiment que quelqu'un de réellement intelligent se laisserait arrêter par une notion aussi dénuée de sens que l'honneur ? Une guerre était en jeu. Oh pas la petite guéguerre d'Ombrage qui n'était qu'un passe temps pourle jeune serpentard mais la guerre qui lui avait couté son père. Celle pour laquelle il s'entraînait depuis tout petit. Ca lui rappelait d'ailleurs quelques vers d'une chanson qui parlait de vengeance : "C'est toi qu'a commencé, je n'suis pas responsable, j'ai rien a m'reprocher, dont tu ne sois coupable." Tout ou presque était là. Les gens comme lui ne vivaient pas pour l'honneur, l'avenir ne leur était d'aucune utilité, le tout était de raser le passé. Mais ca, gros crapaud rose, tu ne peux pas te douter, tu es incapable de voir au delà des oeillères de ton conflit contre des gryffondors de troisième zone.

Rien dans ses paroles ne reflétaient ses pensées évidemment. Extérieurement ce n'étaient qu'intelligence, intérêt poli, et volonté de se montrer utile. Comme d'habitude.

- Très juste, Monsieur McAyr. Je peux d’ores et déjà vous avouer que je compte monter une association tout à fait particulière. Nous avons les… hum hum… « Sales Gosses » sur la rive opposée ; eh bien dans notre camps, nous aurons la « Brigade Inquisitorale ».

Elle tendit ses mains grasses vers les badges dorés. Le nom était pitoyable, frisant le pathétique. Même Sale Gosse était mieux. D'ailleurs n'avait-elle pas dit une seconde plus tôt qu'elle ne prononcerait plus ces mots. C'était triste, les pertes de mémoire chez les personnes agées. Ler egard poli, courtois et soigneusement curieux du jeune homme suivit le trajet de l'horrible truc gravé.

- Il s’agit d’une association qui requerra une quantité importante d’adeptes. Je compte bien évidemment sur votre motivation pour faire passer le message et m’amener autant de volontaires que possible. Vous pourrez faire cela, n’est-ce pas ?

Toujours silencieux, il hocha la tête, dissimulant sa joie derrière un sourire très serpentesque. Il était à mi-chemin entre le moqueur habituel et la joie véritable. Quand à ses yeux, ils brillaient d'anticipation. S'il comprenait bien, ce n'était pas un rôle de subalterne qu'on lui confiait là mais bien celui d'un officier. Recruter des lèches bottes ne devrait pas être trop dur, il y avait toujours des gens pour se ranger du coté du pouvoir. Bien entendu, peu de Gryffondor répondrait à l'appel mais eux on pouvait toujours les piéger par l'honneur. Oh, Ced n'avait pas du tout mais alors pas du tout l'intention d'attraper les Sales Gosses. Il fallait conserver son épouvantail. Ce qu'il préparait était bien pire.

"J'aurais besoin d'aide Professeur. Puis-je requiérir de vous l'assistance de mon ami Mark Trévor ? Il s'agit de quelqu'un de sur et dont les opinions, je vous l'assure, rejoignent les nôtres."

S'il fallait utiliser le nous de majesté pour délivrer Mark de sa colle, il comptait bien dire nous jusqu'à la fin de sa scolarité. Cela lui coutait bien moins que de voir les doigts gras de son professeur toucher sa jolie robe grise. Il restait à espérer que les elfes puissent laver ca maintenant. Heureusement qu'elle était de sang pur parce que sinon, il aurait du la jeter. Et c'était une bien jolie robe. Apparemment inconsciente du très léger mouvement de recul du jeune homme, ou prenant ça pour un rengorgement et un bombage de torse, la dictatrice continua :

- Toutes mes félicitations, mon petit garçon, vous venez de prendre la tête d’un mouvement primordial. Cela sera ajouté à votre dossier. En tant que membre de la Brigade Inquisitorale, vous disposerez de tous les pouvoirs attribués à un Préfet-en-Chef, à ceci près que vous pourrez retirer des points aux récalcitrants.

Alors ça, c'était cool. Il allait pouvoir faire tomber Majie de son piédestal et bien s'amuser avec Wagner. Peut-être pourrait-il aussi impressionner Irina, quoique de sa part à elle, il n'attendait que du mépris.

"L'honneur de servir le ministère et mon Pays aurait suffit, Madame, à me récompenser de mes efforts mais je vous remercie de la peine que vous prenez à me donner les moyens de travailler à notre victoire future."

Et sinon, pour Mark, une réponse ?

PERSONNEL DE POUDLARD · **Dolores Ombrage**

Ce qu’il y avait de mutuel et d’égoïste entre Cennyd et Ombrage, c’était probablement le goût du pouvoir. Elle, aimait en abuser. A très larges échelles. Jeune débarquée au Ministère, de nombreuses manières, flatteries et autres dénonciations de collègues corrompus lui valurent de grimper pas mal d’échelon. En fin de parcours, elle se trouvait Sous-Secrétaire d’Etat auprès du Ministre. A présent, elle avait eu l’honneur de devenir enseignante et d’ainsi se promouvoir Grande Inquisitrice. Le pouvoir, encore et toujours, traînait dans son sillage. Et à regarder derrière elle, elle estimait que sa carrière était une parfaite réussite. Pour en justifier l’aboutissement, elle aimait à déclamer « Travaillez dur et vous serez récompensés ». Cennyd McAyr, de son côté, avait entamé la même démarche. Participatifs en cours ; toujours prêt à exposer sa bonne volonté à travers des signes d’admiration. Acerbe, même, envers les détracteurs du Nouveau Système. En guise de remerciement, il se voyait nommé Chef de la Brigade Inquisitoriale. Tout une progression.

Dolores se laissa aller dans son fauteuil, observant avec gourmandise son interlocuteur. Il avait fière allure, maintenant. Son badge étincelait comme un joyau, aussi précieux que l’idée qu’il transportait. D’avance, elle se l’imagina se pavanant dans les couloirs, d’autres fidèles adeptes à sa suite. Et ils seraient nombreux à tous fuir devant sa face, à ployer l’échine devant l’incommensurable pouvoir de la Volonté. Même Sullivan serait détruit. Réduit à néant dans ses projets calamiteux, puis renvoyé définitivement. Oh oui ! L’avenir promettait d’être excitant.

- J'aurais besoin d'aide Professeur. Puis-je requérir de votre part l'assistance de mon ami Mark Trévor ? Il s'agit de quelqu'un de sûr et dont les opinions, je vous l'assure, rejoignent les nôtres.

Eh bien voilà qui commençait déjà, n’est-ce pas ? Le grand rassemblement des idéaux politiques. Après tout, s’il désirait se liguer avec ses proches, le résultat n’aurait pu en être que des plus profitable.

- Faites comme bon vous l’entendez, Monsieur McAyr. Vous disposez dès à présent de ma confiance ; ce qui n’est pas peu dire.

Maintenant, à moins qu’il ne désire une autre tasse de thé, il était temps de prendre congé. Dolores se leva, silhouette ronde et rose, tendit une main épaisse et marmonna :

- Si vos petits camarades désirent intégrer notre unité, qu’ils prennent rendez-vous avec moi. Je serais ravie d’écouter leurs motivations.

Maintenant bonne journée, Monsieur McAyr et au plaisir de vous revoir.

Invité

Il n'y avait rien d'autre à dire. Cette soirée avait été enrichissante pour les deux partis et chacun semblait heureux d'avoir dupé l'autre. Sentant que l'entretient touchait à sa fin, Cennyd repassait dans sa tête les paroles de la Grande Inquisitrice, cherchant le piège qu'il y avait surement. Dolores Ombrage n'était tout de même pas assez bête pour lui confier tant de pouvoir sans même avoir de moyens de le retenir. N'avait-elle aucune idée de qui il était ? Non, probablement pas. Ses couvertures étaient parfaites et voilà qu'il pouvait rivaliser avec les préfets en chefs. Sa guerre personnelle contre Majandra venait de prendre un tournant décisif qui n'était surement pas prévu par son ennemie de toujours. Il allait également avoir le respect de ce nul de Wagner qui léchait sans arrêt les bottes des puissants. Oh, il allait lui faire regretter ses paroles à celui-là. Surtout que Cennyd avait assez mal prit qu'il ose avoir la même note que lui au dernier cours de potions.

Car Cennyd était trop jeune pour penser au passé, lorsqu'on lui donnait plus de pouvoir, il ne voyait que l'avenir - savoir ce qu'il allait faire avec, et le présent - pourquoi, comment et qui pourrait le lui ôter.

- Faites comme bon vous l’entendez, Monsieur McAyr. Vous disposez dès à présent de ma confiance ; ce qui n’est pas peu dire.

"Je saurais me rendre digne de cet honneur"

Réponse automatique, sourire automatique, salutations automatiques. Cennyd prit la main d'Ombrage pour la serrer tranquillement, l'esprit à mille lieux de ce sale bureau rose et à des heures de là. Allait-il se pavaner avec cette horreur ? Peut-être, au début. Puis quand tous sauraient qui il est, il récupèrerait sa classe habituelle.

- Si vos petits camarades désirent intégrer notre unité, qu’ils prennent rendez-vous avec moi. Je serais ravie d’écouter leurs motivations.

"J'en prend bonne note. Il ne me reste plus, Madame, qu'a prendre congé de vous et compter les heures qui me séparent de notre prochaine rencontre."

L'entretient était décidément terminé. Le thé d'Ombrage avait un gout de plantes amères qui rappelait le thé fumé russe et était très désagréable. Une seconde tasse était donc hors de question. Avec toute sa dignité et son élégance naturelles, il fit demi tour et sans faire plus de cérémonies, ouvrit la porte et sortit, songeur.

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