[21 Dec] Le temps des fêtes

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Les décorations étaient au point, ou presque. Or presque n’était pas une alternative acceptable le 21 décembre. Noël était à peine dans quelques jours et toutes les boutiques de Pré au Lard avaient revêtus leurs plus beaux atours. L’île Lettrée restait, au yeux de son propriétaire, la plus belle et la mieux aboutie mais … mais.

Ce matin là, Cad’ s’était réveillé au manoir, bien avant son copain le soleil qui se sentait d’humeur feignante. Pour la première fois depuis son entretient avec l’ordre, il s’était levé sans l’once d’une migraine. Pas d’autres douleurs que les courbatures de la veille. Courir puis voler dans la neige pendant un peu moins de deux heures n’était pas forcément une bonne chose pour un convalescent. L’ancien gryffondor n’avait jamais été un malade docile anyway. Plein d’énergie, le libraire descendit prendre son petit déjeuner, se doucha et s’habilla rapidement et en silence (pour ne pas réveiller Austen) et, sur les coups de 7 heures, transplana sous l’ombre du grand château.

Dehors, il neigeait. Les flocons faisaient pâlir la lumière des étoiles déjà bien mises à mal par l’arrivée du matin. La neige, vierge de toute trace, semblait appeler les enfants à se rouler dedans. L’air était frais et sec, le paysage immobile, comme gelé par l’approche des fêtes. Des milliers de chandelles enchantées, rouges, jaunes et parfois même vertes décoraient des maisons aux allures de pain d’épice. Noël.

Noël. Keith se rendait-il compte qu’ici plus que là bas, toute la magie de cette fête païenne et moldue résidait dans ce qu’on ne voyait pas plus que dans les décorations ? Les feux de cheminée, les sucres d’orge à la menthe, les chaussettes énormes appelant des présents n’étaient que des symboles. Noël était une promesse. Celle que la lumière reviendrait un jour, que la nature allait renaître et qu’au plus profond de la nuit résidait toujours un espoir. Comme Saiman représentait l’arrivée de ces mêmes ténèbres, une fête au beau milieu de celles-ci était porteuse d’espoir. Un espoir que tous partageaient. Le monde avait beau sembler au bord du gouffre, ce n’était que temporaire. Même pas une respiration dans l’immensité de l’histoire. Un jour, bientôt, l’équilibre serait rompu et l’Angleterre basculerait d’un côté ou de l’autre. Et si c’était le Lord qui l’emportait, alors elle serait sauvée.

Et ils se rendraient compte. Lupin, Fol Œil, et les autres de l’Ordre, qu’ils avaient lutté pour la perte de leur patrie. Ils reviendraient sur leurs erreurs, ils comprendraient que c’est dans les ténèbres que l’on prépare le retour de la lumière. Qu’une flamme trop forte, trop tôt, peut détruire bien plus que les ombres les plus épaisses. Il avait essayé de l’expliquer au lycan quelques mois plus tôt mais n’avait pas eu le succès escompté. Bah. Tant pis. Ils apprendraient quand même, qu’ils le veuillent ou non.

Pré-au Lard silencieux, c’était quand même quelque chose. Heureusement que les Trois Balais et leur lumière étaient là pour guider les voyageurs. Un sourire. Mme Rosemerta était très douée pour guider les gens elle aussi. Surtout quand ils n’avaient rien demandé. Allons, assez traînassé.

Quelques minutes plus tard, le libraire entrait dans sa boutique, faisant tinter simultanément le grelot argenté de la porte et la montre dans sa poche. Il ôta ses bottes fourrées qu’il mit à sécher devant le feu et enfila une paire de chaussures de ville marron. Sa cape rouge foncée couverte de neige se retrouva pendue sur le portemanteau chauffant et le bas de sa robe automatiquement débarrassé des paquets de neige ramassés au passage. Il fit un pas sur la glace couvrant le sol de sa boutique. La première impression était vraiment bonne. On avait presque peur de glisser sur le parquet enchanté. Les flocons à l’intérieur tombaient avec la même régularité qu’à l’extérieur, une lumière argentée et diffuse… n’était pas encore assez forte. Beaucoup de livres étaient en désordre, la table et la cheminée avaient trop leur air habituel. Par contre la nouvelle image intérieure de la vitrine (les Highlands sous la neige) donnait vraiment bien.

Nouveau sourire. Keith s’était déjà révélé très précieux comme assistant et c’était un soulagement d’avoir un coup de main. D’un geste de sa baguette il lança la musique (le lac des cygnes de Tchaïkovski), tourna le petit papillon sur « ouvert » et se mit au travail.

Invité

Décembre. Ce mois fait toujours penser instinctivement -à la plupart des personnes- à Noël. Noël, qui fait penser à la neige, au grand froid, aux vacances, aux cadeaux surtout chez les plus jeunes. Noël fait rêver, Noël est une période de joie ou l'on se retrouve avec sa famille. Ellen Lively aurait bien aimé, elle aussi se réjouir pour ses fêtes qui commenceraient bientôt. Ou qui avait plus ou moins commencer. Car Noël tout le monde en fait un tralala. Un mois à l'avance ou du mois, le premier dimanche de décembre, moldus comme sorciers décorent leur intérieur et extérieur d'une manière très... très enthousiasme ! Il faut avouer qu'ils exagèrent un peu. Non, c'est moi qui exagère là, ce n'est pas un peu, mais beaucoup ! Ces guirlandes bleues, rouges, jaunes fluo électriques qui clignotent de partout à vous aveugler la nuit. Sa c'est pour les moldus. Les sorciers sa peut être pire. Chacun voulant épater son voisin. Mais bref, arrêtons cette description de maison de Noël pour revenir à nos moutons. Car tout sa pour dire, qu'Ellen n'était pas du tout dans le même esprit de bonheur qu'avait tous les autres personnes dans ce monde.

La neige tombait en petit flocons, lorsque qu'une jeune femme sortit d'une maison de bois. Ladite maison pouvait paraître assez petite vue de l'extérieur, pourtant de l'intérieur, elle était plutôt vaste. Surtout pour une célibataire, qui ne partage pas sa vie avec la famille que toute femme de 22 ans est entrain de créer. Lorsque la clé eut finit de verrouiller la porte d'entrée et fut ranger dans la poche d'un jeans, la propriétaire de la maison de bois se retourna.
Ellen Lively avait les cheveux d'un brun foncé avec des reflets de cuivre très léger. Ce n'était pas sa couleur habituelle, qui d'ailleurs était le blond, mais avec ce temps gris, cette période difficile qu'elle traversait, Ellen se sentait... différente. Ses yeux bleus clairs, eux, n'avaient pas changé. Comme toute son apparence physique en faite. Elle avait juste l'air d'une jeune femme chic qui construit sa vie. Aucun de ses voisins n'auraient pu imaginer qu'elle était une sorcière et travaillait dans un hôpital « spécial sorcier. »

Aujourd'hui, en ce 21 décembre, était le jour de congé d'Ellen. Une journée qu'elle profiterait pour faire du shopping ou plus précisément aux cadeaux de Noël. Elle avait déjà certaines idées pour Tonny par exemple. Tous les deux -ne s'appréciant de moins en moins- avaient l'habitude de s'offrir des cadeaux stupides pour les fêtes où ils y étaient forcés. Ainsi, Ellen avait une collection de seringues de toutes les couleurs et Tony une multitudes de peluches en forme de chiens moldus plus laids les uns que les autres. Et quand leur mère leur demandait d'arrêter ce jeu idiot et immature, ils répondaient avec habitude : « C'est l'intention qui compte ! »
Ellen avait déjà cependant, un rendez-vous à Pré au Lard avant de commencer ses achats sur le Chemin de Traverse. Qui rencontrerait-elle là-bas ? Sa jeune soeur, Kate, bannit de la famille bien avant qu'elle rejoigne le cercle des mangemorts. Il était impossible à cette dernière d'aller sur le chemin de traverse, ou plutôt il lui était déconseillé. Leur père possédait une boutique là-bas. La jeune femme traversa sa rue après avoir refermé son portail vert foncé. Elle s'engagea à gauche qui la conduisit dans la forêt. A l'abris de regards curieux, elle transplana.

Il était huit heures et quelques minutes quand elle s'aperçut qu'elle était en avance. Elle était dans Pré au Lard et passait par d'étroites ruelles pour rejoindre le principal axe du village. Elle passa devant quelques rares boutiques et petits bars mais ne fut intéressée que par un seul magasin. Sa soeur lui avait dit huit heures quarante aux Trois Balais. Elle avait bien le temps d'y jeter un coup d'oeil, non ? Ellen leva les yeux sur la maison de pierre et lu les lettres dorées qui étaient écrites au-dessus de la porte. Elle desserra sa fine écharpe noire avant de pousser la porte et en passant jetant un rapide coup d'oeil à l'écriteau "ouvert". Un sourire éclaira le visage pâle d'Ellen. Comme dehors, de la neige tombée et le parquet semblait verglacé. Doucement, la jeune femme s'approcha des étagère observant les livres qui s'étalait sous ses yeux. Elle ne se serait même pas aperçut s'il y avait quelqu'un dans la pièce. Ellen osa s'aventurer un peu plus loin et se fut là qu'elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule. Ce fut à cet homme, plus âgé qu'elle, qu'elle s'adressa.

Oh, bonjour. Excusez mon impolitesse, je ne vous avais pas vu. Vous êtes celui qui s'occupe du magasin ? La décoration est vraiment fabuleuse !

Elle s'était sentit obligé de dire cette dernière phrase, mais d'un côté si l'homme avait déjà été présent lors de son entrée, il ne la traiterait pas de menteuse. Bien que je ne vois pas où et l'utilité de le préciser car c'était plus que flagrant comment Ellen aimait l'ambiance qu'avait donné « le décorateur ».

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Quelques bonhommes de neige apparurent aussitôt sur les étagères de bois. Animés, ils étaient assis et leur jambe de bois battait dans le vide tandis que leurs yeux noirs clignaient parfois en une imitation de la vie humaine. Chacun d’entre eux avait un petit livre (pour leur faire passer le temps, il n’avait pas encore trouvé le moyen de les faire se déplacer) et émettaient une douce lumière blanche qui éclairait sans abîmer les yeux. Sous ses « lampadaires » particuliers, il était à présent possible de lire sans effort et l’ambiance, loin d’être dérangée par les petits êtres, en sortait plus onirique encore.

Malheureusement, créer ces décorations (encore une très bonne idée de Keith) n’était pas ce qu’il y avait de plus facile. Chacun de ces bonhommes lui prenait une bonne dizaine de minute et il en avait à peine fait six quand sa première cliente entra.

La sonnette, en teintant, dérangea à peine le morceau qui continuait à se produire en musique de fond. Un bonhomme de neige sur l’épaule droite, Cad’ jeta un coup d’œil a l’arrivante. Non, ce n’était pas Klarissa. C’était une jeune femme, inconnue au bataillon, aux cheveux bruns et aux yeux bleus. Elle était très jeune, à peine une enfant aux yeux du mangemort et avait la tête de ces amoureux du livre qui découvrent un nouveau trésor. Visiblement, elle ne cherchait rien de spécial et la meilleure façon de la faire acheter quelque chose était encore de la laisser tranquille.

Un bonhomme plus tard, la cliente s’aperçut de sa présence. Il se retourna avec un sourire, toujours sa lampe personnelle sur l’épaule, et ferma le livre qu’il avait dans la main avant de l’envoyer, d’un coup de baguette, sur le comptoir non loin. Il écouta ses excuses sans mot dire mais ne pu s’empêcher de sourire de plus belle au compliment sur sa décoration.

« Merci, je trouve aussi qu’elle commence à être regardable. »

La fausse modestie n’avait jamais été son amie. Il disait ce qu’il pensait, comme il le pensait et il n’était pas peu fier de leur travail. Toujours souriant, il rangea sa baguette et tendis la main droite déséquilibrant une seconde le petit bonhomme qui se rattrapa en catastrophe au col de la robe noire du sorcier.

« Cadfael Jon William Gynn ap Nudd, propriétaire de l’Île Lettrée. Enchanté de vous rencontrer Mademoiselle. Je peux vous aider en quoi que ce soit ? »

Il laissa passer un silence, tandis qu’une lueur amusé faisait briller ses prunelles grises.

« Vous cherchez un livre, peut-être ? »

Oui oui, c’était bien une plaisanterie. Cad’ était d’excellente humeur en ce matin de décembre et il voulait être sur que la jeune femme se sente tout à fait à l’aise dans la librairie. Avec de la chance, elle deviendrait une cliente régulière. Elle avait l’air d’aimer les livres en tout cas, sinon elle ne serait pas rentrée, un jour de semaine à une heure aussi indue.

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