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[Janvier 1996] Blanc (Joseph)

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MessageSujet: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyMer 19 Aoû 2015 - 18:25

On a volé ses couleurs au monde. Comment, sinon, expliquer l’aspect immaculé du paysage écossais de ce mois de janvier ? Couvert d’un épais manteau blanc, le parc de Poudlard ébloui l’œil des élèves et des professeurs. La neige réfléchit le moindre rayon de lumière et semble présente où que l’on pose le regard. Le château a des allures de carte postale et le ciel gris menace de déverser encore ses épais flocons, dissuadant la plupart des habitants de Poudlard de mettre le nez dehors.

Pourtant, loin des conventions et fidèle à son habitude, Léandre se trouve en marge de ses camarades. Au lieu de passer son week-end au chaud en compagnie des autres Poufsouffle, il a choisi d’affronter Mère Nature. Pied de nez à l’hiver ? Rébellion contre ce froid qui transit Poudlard ? Loin de là. C’est avec un grand respect et une bonne humeur indéfectible que le jeune homme se dirige aux abords du lac avec son porte-folio et sa boîte de crayons. La vaste étendue d’eau est recouverte par une épaisse couche de glace lisse comme un miroir. Le calmar géant et les créatures aquatiques ont-ils trouvé refuge dans les profondeurs ? Les hivers sont rudes dans la région, et Léandre ne doute pas qu’ils ont su trouver un moyen de passer la saison loin des intempéries.

Malgré la neige et les nuages, l’humidité ne se fait guère prégnante et le vent semble décider à conserver son souffle pour une occasion plus propice. Le froid est là, mais Léandre le trouve vivifiant ; la lourde écharpe aux couleurs de sa maison aide sans doute à mieux tolérer la température, tout comme ses épaisses bottes, sa cape en fourrure et les trois épaisseurs de pull qu’il a passé avant de sortir. L’adolescent se gorge du spectacle monochrome qui s’étend où que son regard se pose. Les couleurs sont toute sa vie, mais on a que rarement l’occasion d’observer un monde qui en est privé. Et puis, même dans ce blanc, l’horizon est plein de  nuances, de reliefs, d’ombres et de lumière. Autant de subtilités qui ravissent Léandre alors qu’il tente de graver tout cela dans son esprit.

Le jeune homme avance toujours, longeant maintenant les abords du lac. Il cherche la vue parfaite, le tableau qui s’imposera à son regard pour se faire capturer dans le papier. Doit-il faire face au château ou au contraire le fuir au profit d’une nature vierge de toute civilisation ? Peut-il croquer les poings noueux du saule cogneur sans le froisser ou doit-il affronter les doigts effrayants que la Forêt Interdite endormie pointe vers le ciel ? À moins que la petite maison d’Hagrid dont s’échappe une épaisse fumée ne soit le sujet idéal ? Ou alors, peut-être peut-il jouer avec les sillons qu’il a lui-même tracé dans la neige en venant jusqu’ici ? Les possibilités sont innombrables et le sourire du jeune artiste ne fait que s’agrandir à cette idée. Et dire qu’on s’évertue à enseigner des sortilèges alambiqués quand une magie si simple se trouve à portée de qui veut la saisir.

Si Léandre ne sait pas encore ce qu’il va représenter, le message est pourtant déjà clair dans son esprit : vivez la magie du monde.

Comme pour lui répondre, un groupe de hiboux passe au-dessus de sa tête, l’un d’eux porteur d’un colis. Amusé, Léandre le suit du regard alors qu’il se dissocie de son groupe pour porter son paquet à son destinataire. Les autres, probablement guères enclins à supporter encore le froid des hauteurs, donnent de rapides coups d’aile pour gagner la chaleur et le repos de la volière. Au final, ils ne sont pas si différents des étudiants massés dans les salles communes.

Le Poufsouffle flâne encore quelques minutes, observant le paysage, y décelant une infinité de détails qui ravissent son regard simple. Puis finalement, sans prévenir, il s’arrête. C’est là, il a trouvé son cadre. Un rayon de soleil a percé les nuages pour se poser paresseusement sur un petit bosquet d’arbustes persistants. Les feuilles croulent sous la neige mais refusent de céder, certaines se reposant sur la surface glacée du lac. En arrière plan, les reliefs montagneux se détachent, eux aussi couverts de neige. Le lieu semble désigné au regard de Léandre et celui-ci n’hésite pas. S’approchant jusqu’au bord du lac, il trouve un gros rocher dont il dégage la neige pour se percher et avoir la meilleure vue possible. Avec l’expertise de l’habitude, il pose sa boîte de crayon, sort l’épais papier qu’il utilise toujours et le pose en équilibre sur ses genoux, assurant la stabilité du support grâce à son porte-folio. Puis, après quelques secondes de réflexions, il choisit un crayon et commence à esquisser avec légèreté les contours du dessin.

Rapidement, il oublie le froid, il oublie Poudlard, il s’oublie lui-même. Ses doigts se mettent à l’œuvre, ignorant la raideur qui tente de les gagner, ignorant le bleuissement des extrémités. Ils travaillent et, peu à peu, Léandre s’isole totalement dans ce silence qui est son monde.


Dernière édition par Léandre Camus le Mer 19 Aoû 2015 - 21:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyMer 19 Aoû 2015 - 20:40

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«Parfois, la grâce surgit et la nature impose sa poésie. »



C'est avec émerveillement que Joseph reçut ce cadeau. Alors qu'il était attablé, au beau milieu de sa salle commune, il s'apprêtait à écrire le dernier mot qui clôturait le devoir à rendre pour la semaine suivante. Pas peu fier de ce qu'il venait de rédiger, il décida de s'accorder une pause. Il s'approcha de la fenêtre et fut ébahi par le splendeur du paysage qui s'offrait à lui. Soudain, avec tout le spontané dont il dispose, il se dirigea vers les dortoirs, enfila de bonnes chaussures, son écharpe - signe d'appartenance à la maison Serdaigle dont il était très fier -, un bonnet et son sac. Il repassa par la salle commune afin de lança un rapide regard à ses camarades affalés dans les canapés. Sur le dessus de la table basse, au centre, se reflétaient les vives flammes presque dansantes de la cheminée qui réchauffait toute la pièce. Tous les élèves semblaient fatigués et disaient attendre le printemps avec impatience, se plaignant inlassablement du froid et du ciel trop gris. Joseph quant à lui se réjouissait à chaque tombée de neige. Il se délectait de voir cette effusion de blanc, symbole de pureté.

Pour être honnête, Joseph se délectait de tout. Il aimait toutes les saisons. Même la pluie le stimulait. Quand la plupart des gens disent : "Quel sale temps", le petit garçon a plutôt tendance à se dire "Quel beau jour de pluie". Il est optimiste car c’est l’unique proposition intelligente que les situations éventuelles désagréables lui inspirent. Il est optimiste parce que c’est la seule action cohérente que le tragique lui souffle. Enfin, il est optimiste parce que c’est le seul pari logique que son esprit peut faire. Conscient que cette candeur frôle la naïveté, il n'y prête pas vraiment attention. Sa vie est ainsi plus saine, plus utile, plus paisible et ça lui convient très bien. Un élève de Serpentard l'avait déjà brimé à ce sujet : "une naïveté déconcertante et exaspérante à la fois". Soit, et alors ? L’action, la quête, le dynamisme, voilà l’essentiel. Déterminé et convaincu d'être sur le bon chemin de vie, il poursuivit sa route, dévalant à toute allure les escaliers-qui-n'en-font-qu'à-leur-tête. Un petit coup d'oeil aux tableaux qui recouvrent presque toute la façade des quatre grands murs.

*Décidément, ces tableaux m'épateront toujours autant. C'est fou, le nombre de personnes qui y résident. Il faudrait que je prenne le temps d'entamer une conversation avec l'une d'entre elles. Cela pourrait être amusant. Au fond, je ne sais même pas pourquoi ils vivent tous dans ces tableaux.*

Après avoir parcouru longuement les couloirs, après avoir tourné à droite, puis à gauche, puis après avoir de nouveau longé un autre couloir, il fut enfin dehors. Le vent froid lui fit l'effet d'une claque. Sa chère et tendre mère, trop protectrice, lui aurait sûrement défendu de sortir par un temps pareil. À l'époque, en bon petit garçon, il aurait obéi et serait rentré rejoindre les autres, au chaud. Mais le jeune homme était à Serdaigle désormais. Doit-on rappeler que cette maison accueille particulièrement les élèves sages et réfléchis ? Or, selon Joseph, la sagesse consistait bien souvent à suivre sa folie plutôt que sa raison. Sur ces pensées, il commença à mettre un pied devant l'autre, difficilement. Petit à petit, il se sentit plus à l'aise et parvint à marcher à une allure plus correcte. De temps en temps, il s'arrêtait pour contempler ce blanc profond qui semblait s'étendre à l'infini. Comment ne pas apprécier cette beauté de la nature ? Comment en arriver à détester les temps de neige ? Dans le mot "blanc" se trouve une certaine positivité apaisante. D'ailleurs, on dit bel et bien que quelqu'un est blanchi lorsqu'il est innocenté, lavé de toute accusation ou de tout soupçon. Cela n'inspire que de la bienveillance, de la tendresse et de la douceur.

Plus il avançait, plus il se délectait de ce moment privilégié qu'il partageait, en tête à tête avec la nature. Quelques flocons tombèrent, venant lui caresser les joues pour ensuite se poser délicatement sur ses épaules. Il était impossible de décrire à quel point Joseph aimait cette précipitation constituée de particules de glace ramifiées, contenant de l'air. Cela lui rappelait de bons souvenirs. Nombreux avaient été ses escapades en Russie, pays de sa grand-mère maternelle. Fier d'avoir des origines slaves, il se remémorait avec joie toutes les choses qu'il avait vécues là-bas. Une présence le sortit de ses pensées, brutalement. À la fois surpris et content de croiser quelqu'un sur sa route, il s'approcha. Ce qu'il vit le conforta dans l'idée que cette saison était l'une des plus belles. Un jeune homme, un peu plus âgé que lui, avait l'air tout aussi ébloui par ce spectacle de la nature. Tellement, qu'il le peignait. Et quelle précision dans le détail... Ce garçon avait énormément de talent. D'un naturel timide, Joseph prit son courage à deux mains, et se décida à le saluer. Chose rare, car le jeune garçon n'osait jamais entamer les conversations. Généralement, il ne parle que quand on l'interpelle. Mais là, la tentation était trop forte. Cet élève de Poufsouffle intriguait Joseph.

"Bonjour ! Je vois que je ne suis pas le seul fou de Poudlard, à sortir par un temps pareil !"

Il avait dit ça en souriant jusqu'aux oreilles. Puis il se mit à rire. À ce rire s'ajouta le petit regard malicieux du garçon enthousiasmé par tout et n'importe quoi. Mais il s'aperçut rapidement de l'absence de réaction de son camarade. Le snobait-il ? Ou ne l'avait-il tout simplement pas entendu ? Puis, il réalisa avec effroi qu'il venait de faire une bourde. Ce garçon était Léandre Camus. Joseph ne le connaissait pas du tout, il l'avait seulement croisé deux ou trois fois dans le château. Mais il lui a fallu moins de trois secondes pour comprendre qu'il avait été stupide. En effet, Léandre était sourd-muet. Cela n'allait pas lui faciliter la tâche pour entamer une discussion. Il sortit donc un bout de parchemin et lui écrivit la phrase qu'il venait de prononcer.
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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 16:54

Témoin discret de Léandre, le soleil se fait également complice du travail du jeune artiste. En cette saison, les rayons de l’astre sont éphémères et évanescents, pourtant, têtu, il s’impose. Non content de ravir les yeux du Poufsouffle par un éclairage subtil, il s’évertue à mettre en valeur tel ou tel détail en se déplaçant petit à petit le long du lac. Le jeune artiste tente au mieux de respecter les volontés de l’astre à mesure de son crayonnage. Une fois les contours tracés, il s’agit de mettre en relief les formes et de rendre justice au tableau naturel.

Complètement absorbé par son ouvrage, l’esprit de Léandre n’est qu’un maelstrom de tons et de nuances, d’aplats et d’estompages qui s’enchaînent, s’agitent et se confondent en un millier de possibilités. Coincée sous son genou, une multitude de feuillets bruissent en silence sous le vent qui commence à se lever doucement. Sur le papier, des dizaines d’essais, de formes, de contours, des croquis, des brouillons et des ombres. Beaucoup de lumière aussi. Ici un bosquet, là une montagne, puis un arbre et à nouveau la montagne. Un bout de ciel, le lac gelé, du fusain. Des œuvres potentielles destinées à enrichir celle qui éclot sur le canson.

Dans leur boîte, les crayons sont éparpillés, désordonnés, écho du chaos artistique de la tête de Léandre. Cependant, loin de se laisser submerger, l’adolescent a laissé les idées s’évacuer une à une jusqu’à avoir l’esprit clair et sûr. Il a toujours aimé cette sensation si particulière d’inspiration, le fourmillement au bout de ses doigts, la chamade de son cœur à la naissance d’une idée qui l’emballe. Pour lui, c’est une des multiples formes du bonheur, l’une à laquelle il se raccroche nuit et jour depuis son enfance pour évoluer dans un monde qui cherche parfois à l’exclure. Toutefois, aujourd’hui, il est en phase avec la nature, malgré le froid qui menace d’un instant à l’autre de fendre les remparts de son isolation.

Déblayant le fouillis de crayons de couleur et de graphite, Léandre récupère son estompe et se penche sur sa feuille pour travailler le clair obscur d’un détail. Le contour se brouille et s’adoucit avant de s’éclaircir à nouveau d’un coup de gomme précis qui accorde un peu plus de précision au fouillis du bosquet. Le dessin est loin d’être fini et n’obtiendra sans doute pas la perfection à laquelle Léandre aspire. Il est encore jeune et son travail mérite d’être perfectionné par l’expérience, mais l’essentiel est de prendre plaisir à la tâche. Relevant la tête, l’adolescent observe une nouvelle fois le paysage afin d’y déceler les détails qui permettront à son œuvre de coller de près à la beauté de la réalité. Il suit les contours des reliefs et s’empare d’un fin crayon bleu pour retravailler les saillies enneigées. Le crayon donne de légers à-coups sur le canson, passant sur flanc d’une montagne, suivant le tour d’un parchemin rejeté négligemment d’un revers de la main pour finir son tracé aux abords du lac où une autre nuance de bleu prend le relai pour tenter de représenter la transparence de la glace.

Ce passage est difficile et Léandre hésite quant aux tons à prendre. Le bleu est-il judicieux ? Le gris ne rendrait-il pas plutôt justice au lac, si travaillé correctement ? À moins que quelques teintes de brun, dans les tons du parch…

Parchemin ?

Le Poufsouffle cligne rapidement des yeux, réalisant que quelque chose cloche. Qu’est-ce que… D’où venait ce parchemin ? Remettant les pieds sur terre, Léandre repose ses crayons dans la boîte, sans se soucier de les ranger, et cherche des yeux le morceau de papier qui l’a perturbé. Il ne lui faut que quelques instants pour le trouver en équilibre précaire sur le bord du rocher sur lequel il est installé. Avant qu’il ne disparaisse à nouveau, Léandre le saisit curieusement.

« Bonjour ! Je vois que je ne suis pas le seul fou de Poudlard, à sortir par un temps pareil ! »

Message énigmatique s’il en est. Il faut quelques instants au jeune artiste pour revenir totalement à la réalité et réaliser que le message ne vient pas de nulle part. Alors, se traitant mentalement d’idiot, Léandre finit par se retourner pour chercher qui peut être l’auteur de ces quelques mots. C’est donc sans surprise qu’il finit par poser le regard sur un petit Serdaigle aux joues rougies par le froid et au regard perplexe malgré un visage très avenant. Soucieux de rassurer le garçon et de bien montrer qu’il ne l’a pas ignoré volontairement, Léandre lui adresse un sourire chaleureux et un signe de la main. Puis, se rappelant à nouveau l’existence du parchemin, il attrape un crayon et s’empresse de répondre malgré ses doigts gourds.

« L’hiver est une belle saison. Excuse-moi de ne pas avoir réagi tout de suite, je suis distrait quand je dessine. Je m’appelle Léandre, et toi ? »

La présentation est sans doute inutile pour le Poufsouffle. Au château, il est connu comme le loup blanc du fait de son handicap, et le petit Serdaigle est sans doute au courant, sinon il ne lui aurait pas adressé un message écrit. Mais Léandre s’est déjà fait assez remarquer par son étourderie, inutile d’en rajouter en se montrant impoli. Aussi, c’est toujours souriant qu’il rend le parchemin à son jeune interlocuteur, se rendant alors compte que ses doigts ont pris une inquiétante couleur bleuâtre. Rapidement, la réalisation s’accompagne d’une sensation de froid et l’adolescent se demande si sortir dessiner n’a pas été une idée moins judicieuse que ce qu’il avait cru…
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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyDim 23 Aoû 2015 - 13:26

C'est le doute qui s'immisça alors dans l'esprit du petit garçon. Il se dit qu'il aurait dû s'abstenir, soucieux d'avoir éventuellement dérangé son interlocuteur. Évidemment, ce n'était pas son intention. Joseph avait un besoin immense de découverte. Tout l'intéressait et suscitait sa curiosité. À ses yeux, chaque chose de ce monde est une histoire sacrée qui impose le respect, la tolérance et la bonté. Son envie de rencontrer de nouvelles personnes n'en était que plus développée. Joseph avait soif de décrypter chacun des mystères de l'humain. L'amitié est une des valeurs qui compte le plus à ses yeux. Ainsi, à la moindre occasion de faire connaissance avec une personne, il s'attelait à s'investir pleinement dans un dialogue, une approche, un premier contact.

Le petit garçon avait autant d'amour que de complicité à offrir. Il menait sa barque au gré des rencontres qui se présentaient à lui. Et ce fameux Léandre était quelqu'un qu'il voyait bien devenir son ami. En revanche, il ne voulait pas pour autant paraître intrusif ou le mettre mal à l'aise. C'est vrai, au fond. Cet élève de Poufsouffle avait l'air absorbé par ce qu'il était en train de faire et d'un coup, un gamin débarque et l'enlève à son inspiration débordante, le coupant net dans l'exercice de son talent. Joseph souhaitait mettre la situation au clair avant toute chose. Il prit donc le parchemin que lui tendait Léandre après avoir inscrit une réponse de sa main. Il inscrit à son tour :

"Je trouve également que c'est une saison sublime. Mon prénom est Joseph. Tu dessines magnifiquement bien, je suis impressionné. Peut-être souhaites-tu que je te laisse tranquille afin que tu finisses ce que tu étais en train de dessiner ?"

Il était tout de même rassuré par le sourire que Léandre lui avait adressé. Peut-être n'était-il pas spécialement embêté par le petit garçon ? À voir. En tous cas, Joseph réalisa qu'il avait très froid. C'était aussi le cas de son interlocuteur. Étrange sensation. Le bien-être d'être à l'air libre au beau milieu du paysage le plus splendide qu'il n'avait jamais vu était mêlé à une impression assez désagréable causée par le vent et par les quelques flocons qui tombaient encore très légèrement, par à-coups. Comme si Joseph avait été entendu par l'au-delà, un rayon de soleil fit son apparition, comme un cadeau envoyé, venant chatouiller ses petites joues rosies par le froid. Cela lui fit le plus grand bien.

Il se frotta les mains pour se réchauffer tant bien que mal et tenta de se concentrer sur le dessin que réalisait Léandre. Comment ne pas être impressionné par un talent pareil ? Le jeune garçon était à peine âgé de 14 ans et semblait maîtriser son art avec précision. Chacune des touches qu'il ajoute au fur et à mesure trouve aisément sa place parmi les autres éléments précédemment dessinés par le jeune homme. Son sens du détail était surprenant. Où diable avait-il appris tout cela ? Et comment ? Puis, quel était le temps de pratique nécessaire pour en arriver à un tel niveau ?

Joseph appréciait particulièrement l'art, sous n'importe quelle forme. Mais jamais il n'avait eu la chance d'être réellement passionné par une discipline en particulier. Il s'était essayé à la musique, plusieurs fois. D'abord le piano, puis le violon. Il avait acquis une technique assez solide, mais il lui manquait le talent. Il n'avait jamais fait partie de ceux qui avaient l'oreille absolue, ni de ceux qui vibraient à chacune des notes jouées. Il ne vivait pas sa musique, tout simplement. Il avait ainsi compris que cela ne fonctionnerait jamais. Il n'était pas spécialement doué, et n'avait aucun talent musical. Il avait donc fini par se résoudre : il apprécierait mieux l'art de l'extérieur. Spectateur des beautés réalisables par l'homme, c'est là qu'était sa place, et cela lui convenait tout autant. L'intensité du plaisir était tout de même là. Et c'était également le cas alors qu'il faisait face à ce jeune homme doté de capacités incroyables. Ébahi, il ne pouvait quitter le dessin des yeux.
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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyMer 26 Aoû 2015 - 14:27

Son porte-folio toujours posé en équilibre sur ses genoux, Léandre profite du temps que met le petit Serdaigle à répondre pour se réchauffer un peu. Maintenant qu’il est complètement revenu à la réalité, le froid incisif de janvier lui transit complètement le corps. Il remonte son écharpe sur une partie de son visage – pratique de ne pas avoir besoin de bouche pour parler – et s’enveloppe les mains dans la laine pour leur faire retrouver un peu de sensation. La sensation n’est pas agréable, mais il n’en a pas pour autant envie de rentrer. La magie du paysage exerce une sorte de magnétisme le poussant à rester ancré à son rocher. Dire qu’il est resté si longtemps ici sans la moindre conscience du froid…

Le jeune Serdaigle semble avoir beaucoup à exprimer et partager et Léandre ne peut retenir un sourire à l’enthousiasme du garçon. Malgré le temps, il n’a pas été refroidi par l’attitude maladroite du Poufsouffle. Bien vite, il termine ses quelques phrases et tend le parchemin à l’artiste qui, sortant l’une de ses mains de sa cachette s’en saisit et lit. Son sourire s’élargit au compliment et à la délicatesse du dénommé Joseph. Plutôt que de répondre immédiatement à ce dialogue, Léandre signale d’un geste à Joseph d’attendre un instant. Rapidement, le Poufsouffle range ses crayons, referme sa boîte et fourre le tout dans son sac avant de se décaler pour proposer au Serdaigle de s’assoir avec lui sur le rocher. Celui est suffisamment large pour leur permettre de ne pas se marcher dessus et le seul problème réside dans le froid de la pierre, mais sont-ils à cela près maintenant ?

Lorsque les deux élèves sont installés aussi confortablement qu’ils le peuvent, Léandre tend son porte-folio où repose toujours le dessin sur lequel il travaillait. Si Joseph est intéressé par l’art, autant qu’il puisse observer de près ce qui fait l’objet de ses compliments. Cela ne gêne pas Léandre. Pour lui, l’art est fait pour être partagé et non secrètement gardé des regards de tous. Le dessin est sa voix et il permet de transmettre certaines émotions pour lesquelles manquent les mots.

Laissant au Serdaigle tout le loisir d’explorer son travail, Léandre en profite tout de même pour répondre au message, appuyant le parchemin sur sa cuisse et tentant d’écrire le plus lisiblement possible. Son écriture est moins régulière à cause du support, mais c’est très lisiblement que Joseph peut tout de même lire le message lorsqu’il finit par récupérer le mot.

« C’est gentil. Ne t’inquiète pas, je pourrai finir ça plus tard au chaud. Mais je vais le retravailler, il y a des défauts. Je ne dessine pas encore aussi bien que tu crois. »

Modestie teintée de lucidité. Il a conscience que d’un œil extérieur, il dessine bien, mieux que la plupart des jeunes. Mais il sait également qu’il dessine moins bien que de nombreuses autres personnes plus expérimentées. S’il joue avec les formes et les couleurs depuis sa plus tendre enfance, Léandre n’en est pas moins qu’un amateur de treize ans qui a la vie à apprendre. Il veut se perfectionner, apprendre toujours plus pour pouvoir égaler ces maîtres du British Museum qu’il a si souvent admiré. Il veut offrir la vivacité des couleurs impressionnistes aux réalités trop fades de la vie. Il veut montrer que le plus banal des objets possède sa beauté. Sa mère lui a expliqué le travail de certains auteurs français sur la poésie de l’ordinaire, elle lui a exprimé la manière dont ces poètes ont travaillé sur les mots pour offrir un sens nouveau aux choses. Léandre a trouvé ça fascinant et l’idée s’est gravée dans son esprit comme dans son travail.

Aussi, avant que Joseph puisse répondre sur le papier, le Poufsouffle a rajouté un mot sur le parchemin : « Regarde. »

Et il a commencé à montrer.

Ici, l’ombre est trop estompée, mal proportionnée par rapport à celle de l’arbre. Là, un relief semble s’enfoncer au lieu de ressortir à cause d’un trait maladroitement tracé. Et puis la glace se fait opaque, manque de nuances et de reflets. Quelques lignes de perspectives sont mal tracées et les contours d’une feuille ressortent plus que ceux de ses congénères. Les erreurs sont nombreuses mais minimes, se perdant dans le paysage. Elles sont discrètes, suffisamment pour tromper un œil peu attentif, mais pour quelqu’un comme Léandre, elles sautent aux yeux. Il n’en est pas désolé pour autant, ni même déçu d’avoir raté un dessin, mais il a conscience de leur présence. Toutefois, pour lui, toutes ces maladresses racontent une histoire, marquent son évolution et ont autant de sens que les détails les mieux réussis du dessin. Cette esquisse, c’est lui, tel qu’il est à présent, et il est ravi de pouvoir le partager avec quelqu’un.
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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyJeu 27 Aoû 2015 - 22:13

Et c'est ainsi que s'est établi leur premier contact. Leur amitié avait débuté de cette manière. Timidement et maladroitement au début, certes, mais petit à petit ils se sont apprivoisés, grâce à l'art. Un dessin splendide avait réuni ces deux jeunes gens. C'était comme un chant qui s’élevait vers le ciel, au-dessus de cette terre qui provoque tant de larmes, un chant heureux, incessant, pur, sans cesse renouvelé, un vol d’alouette dans l’azur. Le petit garçon qu'était Joseph en était tout ému. La présence de Léandre l'apaisait réellement et parvenait à calmer certaines de ses angoisses de petit élève de première année, ne découvrant que tout juste les merveilles de la magie. Chaque jour, une de plus faisait son apparition. C'était époustouflant. Mais cela l'étourdissait, à vrai dire. Et il est sûrement humain de ressentir une appréhension lorsque l'on est bombardé de nouvelles découvertes. C'était incessant. Or, la passion de Léandre pour le dessin avait un drôle d'effet sur Joseph. Le froid vivifiant y était peut-être pour quelque chose. En fait, c'est la situation globale qui le rendait heureux. Mais vraiment, heureux. Le petit garçon se dit alors que l'enchantement d’exister, on devait l’éprouver à chaque instant en se grisant d’être là. C'est ce que lui inspirait cette nouvelle rencontre.

Quelques instants après leur rencontre, Joseph assista au rangement de toutes les petites affaires de Léandre. Puis il fut invité à s'asseoir auprès de lui. Il n'avait gardé que son porte-folio. Ainsi, il permettait à Joseph de voir le dessin de plus près. C'était sans doute le plus beau cadeau qu'il pouvait lui faire, à ce moment précis. Quelle immense bonheur pour le petit aiglon ! Il avait l'impression que Léandre lui offrait beaucoup, tout d'un coup. C'était incroyable pour lui de pouvoir contempler le dessin qui avait tant suscité sa curiosité un peu plus tôt. Son nouvel ami lui dévoilait un peu de lui-même en faisant ça. Cela rendait le geste encore plus beau. Ses yeux ne cessaient de passer d'une partie du dessin à une autre. Loin d'être un expert en la matière, il trouvait cela prodigieux. Le lac gelé était représenté de façon très réaliste selon lui. Alors qu'il s'attardait sur chaque partie du dessin, Léandre lui avait griffonné quelques mots, qu'il s'empressa de lire.

« C’est gentil. Ne t’inquiète pas, je pourrai finir ça plus tard au chaud. Mais je vais le retravailler, il y a des défauts. Je ne dessine pas encore aussi bien que tu crois. »

Un énorme sourire vint entailler le visage de Joseph à la lecture de ces quelques phrases. Au-delà de son talent indéniable, Léandre possédait donc également une très louable modestie et une humilité très sincère. Mais avant que Joseph n'ait le temps de répondre quelque chose, son nouvel ami lui montra alors plus clairement ce qu'il entendait par "défauts". Oui, entre guillemets car réellement Joseph n'en voyait aucun, sur le moment. Mais Léandre lui indiqua que son dessin manquait de nuances et de reflets à certains endroits. Certaines ombres paraissaient un petit peu moins proportionnées que d'autres. Mais Joseph n'était pas convaincu. Ces petites choses lui semblaient minimes par rapport à la splendeur globale du dessin. Il prit à son tour le morceau de parchemin pour écrire, à la suite du message de Léandre, quelques petites phrases qu'il voulait sympathiques, encourageantes et optimistes :

"Tu sais Léandre, ces petites fautes semblent bien futiles à côté de l'ensemble du dessin, qui reste un très bel ouvrage malgré tout. Je pense que dans ce monde, ce ne sont pas les occasions de s’émerveiller qui manquent, mais les émerveillés. Et moi je veux être un émerveillé. C'est peut-être pour cela que tout m'émerveille."

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MessageSujet: Re: [Janvier 1996] Blanc (Joseph) [Janvier 1996] Blanc (Joseph) EmptyJeu 10 Sep 2015 - 20:52


Comment retenir un sourire lorsqu’on lit la gentillesse de Joseph ? Les yeux posés sur le parchemin, Léandre ne peut empêcher le ravissement d’éclairer son visage en partie dissimulé. Ses lèvres sont invisibles, mais ses yeux brillent et l’on y devine sans mal leur sourire. L’adolescent a toujours été d’un naturel expressif et il n’est pas difficile de lire sur son visage ses sentiments et pensées, quand bien même celles-ci sont abstraites et difficiles à envisager pour ceux jouissant de la connaissance des bruits et de la sonorité des mots. En effet, comment imaginer un mode de réflexion où les paroles sont totalement absentes ? Où les lettres ne sont que formes et les phrases arabesques ? Entreprise sans doute aussi difficile que lorsque Léandre tente d’imaginer à quoi peut ressembler un son.

Mais en cet après-midi hivernal, nul besoin de parole, de voix ou d’un quelconque bruitage. Pas lorsque la nature offre tellement aux yeux qu’ils engorgent les autres sens à eux seuls. L’émerveillement, oui, sans le moindre doute. Celui qui fait briller les yeux et le cœur, celui qui se fiche profondément dans la mémoire pour ressortir lorsque l’on a besoin de se rappeler que la nature est belle, même aux heures les plus noires.

Cependant, en l’instant, il n’est pas question de réconfort ou d’heure sombre, simplement de douceur et de contemplation. Le bosquet dont Léandre s’est servi de modèle n’est désormais plus éclairé, les rayons du soleil ayant dévié paresseusement jusqu’aux abords du lac, illuminant la glace et la faisant scintiller comme un diamant. L’image est belle, rendue plus féérique encore par un couple de petits oiseaux qui viennent se poser à l’endroit pour chahuter. Leur pépiement muet est plein d’énergie et amuse le jeune Poufsouffle qui en oublie un instant qu’il doit répondre à Joseph.

Sortant de sa rêverie après quelques moments d’égarement, Léandre secoue la tête comme pour se contraindre à rester là, présent, dans la réalité. S’il est sociable et qu’il apprécie le contact humain, il lui est parfois difficile de sortir de sa bulle de silence pour affronter le monde. Travail de tous les instants pour ne pas s’oublier. Mais bien heureusement, le monde semble estimer que Léandre n’a passé que trop de temps à le négliger et il se rappelle à lui avec ferveur. En effet, une bourrasque glaciale vient gifler les deux étudiants, s’engouffrant dans la moindre aspérité des vêtements pour geler jusqu’aux os les impudents qui osent défier l’hiver. Léandre ne sait pas ce qu’il en est de Joseph, mais alors qu’il tente de répondre sur le parchemin, il se met à trembler violemment sous l’effet du froid accumulé jusqu’à présent lors de sa séance de dessin.

Il sent ses dents claquer et ses lèvres s’engourdir alors que ses doigts bleuis se crispent sur le crayon sans totalement parvenir à le sentir. Un frisson lui court de la nuque jusqu’aux reins et ses extrémités commencent à devenir douloureuses, l’inconfort du froid se logeant dans tout son corps pour le rappeler à l’ordre. Maintenant qu’il en a pleinement conscience, il ne peut plus ignorer ces sensations glaciales qui l’étreignent. Cependant, il fait un effort pour répondre à ce que Joseph lui a dit, bien que son écriture gagne en maladresse.

« C’est pour ça que je dessine. Parce qu’il ne faut pas perdre un paysage comme ça et parce que tout le monde n’a pas la chance d’en profiter. Mais ça t’ennuie si on continue à l’intérieur, je suis gelé. Sauf si tu préfères te balader encore. »

Il ne veut pas déranger le Serdaigle ni lui imposer de bouger s’il n’en a pas envie.
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