Dieu que les personnes étaient puériles en ce monde ! Monde, constitué essentiellement de Poudlard, et de son enceinte entière. Cette journée fut pour Dougie une occasion de retrouver les différents phénomènes anormaux que comportaient Poudlard. En commençant par le premier de tous : son imbécile de cousin.

A plusieurs reprises aujourd'hui, Evan avait prouvé une fois de plus sa personnalité si... spéciale. Premièrement, au petit déjeuner : en compagnie de ses sbyres, il avait épaté la gallerie en effectuant une démo de batterie sur la table des Poufsouffles, dont la sonorité était semblable à celle de l'instrument, grâce à un sort de haut niveau. En voyant toutes ces personnes à moitié en train de baver devant le jeune homme, Dougie eut une expression sarcastique, accompagné d'un regard plein de fausse pitié... Même certains des autres tables - y compris de sa maison - commençaient à s'intéresser au spectacle. Le son qui s'en dégageait n'était pas très fort, aussi les professeurs ne l'entendaient certainement pas. Ensuite, lors de leur cours d'enchantements, Evan s'était un peu moqué de Dougie : ce dernier répondait à chaque queston du professeur, et à chaque fois, bien évidemment, sa réponse s'était avérée exacte. Evan, qui ne s'intéressait plus trop à ses études depuis que Black List Club connaissait un succès phénomènal, s'était permis quelques remarques qui se voulaient hilarantes dans le genre :

" Waaah... Très fort Dougie, très fort ! "

" Nan... J'aurais jamais cru ! "

" Quelle encyclopédie dites-moi ! "

A part lancer des regards glacials à son cousin, Dougie ne voulait rien dire, de peur de se prendre une retenue. Et puis, il ne réagissait jamais à ce genre de remarques, bien que ça l'agaçait... Renfermé il était, renfermé il resterait ! Heureusement, au bout d'un moment, le professeur Flitwick avait fini par réprimander Evan et le menacer d'une retenue s'il continuiat ses sarcasmes. Et bien qu'Evan s'était apparemment tut, Dougie aurait juré entendre un de ses amis lui murmurer, hilare :

" Pauvre petit Dougie, heureusement que papa Flitwick est là ! "

Après, ce fut dans le parc qu'il continua à faire des siennes. Pendant l'après-midi, les septièmes années avaient tous eu une heure de trou dans leur emploi du temps, et fidèle à lui-même, Dougie s'était installé sur un banc du parc avec un livre passionnant. A peine après cinq minutes de lecture en toute tranquilité, Evan, accompagné de sa guitare et de sa petite bande, s'était installé à côté de lui.

- Alors cousin, on révise les cours de Flitwick ?

Les rires des autres garçons avaient suivis.

- Non, c'est un livre sur les Inferis.

Mais qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Cela aurait été un bouquin sur les Inferis comme sur les Veracrasses, Evan n'aurait pas fait la différence... Pour Dougie, il était devenu tout bonnement un inculte à ses yeux, un gros macho complètement à côté d'une culture autre que musicale.

- Si tu veux mon avis, tu travailles trop. Faut apprendre à s'amuser mec ! Pourquoi tu ne te trouverais pas une fille ??

Les rires reprirent. De toute évidence, aux yeux des autres il était impossible que Dougie sorte avec une fille. Si on écoutait les rumeurs, ce serait parce qu'il avait peur des filles, ou bien parce qu'il était insensible au charme de ces dernières, qu'il préférait sa complicité avec les pages sèches des ouvrages dans lesquels il se plongeait avec acharnement... La vérité était tout autre. Déjà, Dougie s'investissait à fond dans ses études. Il voulait prouver qu'il avait d'immenses qualités magiques, et qu'il pouvait battre son cousin au moins sur ce point. Ensuite Dougie n'avait certes pas "peur des filles". Bien au contraire, ce n'était pas parce qu'il n'en fréquentait pas qu'il ne les connaissait pas. La fille avec qui il parlait de temps en temps, était non seulement la seule personne de sexe féminin avec qui il dialoguait, mais également la seule avec qui il avait des conversations riches et rationnelles. Comment Evan avait-il pu délaisser une fille aussi intelligente ? En même temps, il n'avait jamais compris comment elle avait pu tomber amoureux de ce primaire... Et après tout, ce n'était pas son problème... Mais Evan, lui donner des conseils sur ce point là, c'en était trop...

- Tu ferais mieux de ne pas trop te vanter sur ce point là Evan. Peut-être que tu as eu pleins de filles, mais celle que tu aimes et que tu as fait souffrir ne fait que repousser tes lourdes avances pour la reconquérir. Peut-être cela indique-t-il que tu devrais plus t'orienter vers tes études.

Cette fois, aucun rire ne suivit. Evan avait l'air vexé et il lui lança, énervé, avant de repartir suivi de ses amis :

- Tu ne sais même pas de quoi tu parles Douglas. Ne t'avises plus jamais de parler de June et moi de cette façon.

Dougie bouillonnait. Comment l'avait-il appelé ?? Evan était le premier à savoir que Dougie haïssait qu'on l'appelle par son prénom. Il interpella alors son cousin, d'un ton énervé qui ne lui ressemblait pas :

- Qu'est-ce que t'as dit là ?!

Il n'avait pas répondu. Ses amis avaient ri, puis ils étaient partis. Evan ne s'était même pas retrouné. C'était fou comment ils en étaient arrivés tous les deux... Eux qui s'étaient adorés pendant des années... La faute d'Evan, une fois de plus... Dougie se replongea dans son livre, et laissa échapper un soupir :

" Enfin tranquille. "

Tranquille, vraiment ? Pas tellement. Dougie se vit alors forcé d'être témoin d'une violente dispute entre un garçon de sa maison, Prosper Wagner, et d'un Serpentard que Dougie connaissait de nom par June : Azéline Evans. Apparemment, ils étaient en pleine crise de jalousie mutuelle, et c'était épuisant à entendre comme à écouter. Dougie, désespéré, se leva.

" Non, là, j'en ai marre. J'abandonne. "

L'après-midi et le dîner n'en avaient été que plus pénibles. Les premières années se disputaient pour un rien, les filles bavaient d'admiration devant les coqueluches de l'école, soit Théo Garner, Cennyd McAyr, et également son cousin... Ces garçons n'avaient pourtant rien de spécial... Impossible donc d'être tranquille pour de bon. Après le dîner, Dougie eut un dernier échapatoire : il allait prendre un bain. Un bon bain chaud relaxant et apaisant. Et il serait seul, oui, seul... Il entra donc la salle de bain, et rempli la grande baignoire d'une eau chaude et dont la vapeur vous invitait à entrer illico dans l'eau... Il enleva donc ses vêtements, et se glissa dans les tons bleus et verts que donnaient les bains moussants sur l'eau chaude. Comme c'était bon la solitude ! Et le calme, le calme... Bon, il y avait encore le robinet qui gouttait, mais c'était un son plutôt agréable comparé aux autres de la journées... De sa main gauche, et il jouait avec sa cravate bleue et noire de Serdaigle... Il était bel et bien seul... Cela ne dura pas longtemps...

Il entendit la porte s'ouvrir.

* Je croyais l'avoir verrouillée !! *

Une fille faisait alors face à lui. Dougie l'avait croisé plusieurs fois dans les couloirs, autant dire qu'elle ne passait pas inaperçu, tout au moins en ce qui le concernait. Elle avait une beauté froide qui trahissait sûrement un caractère acide bien trempé. Froide beauté, mais beauté certaine. Dougie ne savait pas vraiment comment réagir. Il ne s'était pas attendu que quelqu'un entre pendant qu'il prenait son bain, et encore moins une fille de Serpentard. C'est donc de son regard neutre habituel neutre, quelque peu voilé par ses mèches tombant sur ses yeux, qu'il regardait l'arrivante.

Kiarah n’en pouvait plus. Tony et Théo lui avaient pourris sa journée, autant que ses vacances. Ces deux crétins s’amusaient à tout faire pour enquiquiner le monde, aussi ne savaient-ils pas se tenir tranquille. Par malchance, Tony était né un 28 aout, soit un mois à l’avance de ce qu’il n’aurait du être. Et évidemment, il se retrouvait donc en 5ème, tout comme Kiarah. Aussi, devait-elle le supporter chaque jour, à presque chaque cours. A vrai dire, ça de venait plus que laçant, ça devenait insupportable. Quand à Théo, parfois elle avait de la chance, et ne le croisait plus pendant deux jours, d’autres fois, elle devait le supporter durant une journée entière. Et puis les jumeaux ! Ils doivent entre à Poudlard l’année prochaine ! Mais que va devenir le château ? Il n’y aurait plus moyen de s’y reconnaître…

Tout avait commencé lors de la première heure. S’étant « levée du pied gauche », la Serpentard n’était franchement pas d’une super humeur. Un imbécile de première année lui renversa son verre de jus d’orange sur sa jupe, lors du petit déjeuné. A cause de la maladresse de ce fichu gamin, elle dût se dépêcher d’aller enfiler des autres vêtements, elle qui n’aimait pas le sport. Le résultat fut le premier, elle arriva en retard au cours d’étude des moldus. Il était vrai que ce cours n’était peut-être pas un des plus captivants, mais être retardataire n’améliorait pas la situation. Manquant presque de s’endormir pour cause de non respect à ses huit heures de sommeil, Kiarah quitta la classe avec 5 points en moins pour Serpentard. A l’embouchure du couloir, sur qui tomba-t-elle ? Les deux « T » soit, Théo et Tony Garner en personne. Encore heureux que ces deux imbéciles passèrent leur chemin. Mais… Hé toi avec la bouteille d’encre, ne t’approche pas de moi, hééé noooon ! Et splachs ! Bouillonnante de rage, la jeune fille se retenu de ne pas hurler, au risque de se faire trop remarquer. Les premières années… Ces fichus premières années ! Ne pouvaient-ils pas passer un jour sans qu’ils ne fassent des bêtisent ? Kiarah avait son pull décoré d’une « magnifique » tâches bleue, … flûte ! Il n’y a à peine une heure qu’elle changeait de vêtements, et maintenant ils étaient encore sales. Mais la sonnerie retentie une nouvelle fois, et l’obligea à pénétrer en classe de métamorphose. S’arrangeant pour pouvoir entrer la première, elle s’assit sur le banc le plus près, à savoir au fond de la classe. Et puis s’enchainèrent d’autres cours, d’autres, et encore d’autres. Et puis vint enfin la fin d’après-midi…

Kiarah commençait vaguement à attraper le mal de tête, et ce fût quand elle passa devant la salle de bain qu’elle se dit qu’effectivement, un bon bain chaud lui ferait du plus grand bien avec la journée qu’elle venait de passer. Mais à sa grande surprise, la salle s’avérait occupée par un Serdaigle, Kellen… elle n’arrivait plus à se souvenir de son nom. Il n’était ni dans la même année qu’elle, ni dans la même maison, et il fallait dire qu’il était plutôt discret. Sur le coup, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle s’approcha de la baignoire, tout en observant le robinet qui coulait. Ce petit clapotis sur l’eau l’agaçait, Kiarah avait toujours aimé la perfection. Et bon, têtue comme elle était, lorsque quelque chose ne lui plaisait pas elle tentait de remédier à la situation. C’est pourquoi, tout en oubliant presque la présence du Serdaigle, elle monta sur le bord de la bassine, et se pencha en avant pour couper définitivement le robinet. Réussit, mais…

- Voilà qui est mieux…

A peine avait-elle achevé sa phrase, qu’elle perdit l’équilibre, et tomba dans l’eau, toute habillée. Relevant petit à petit sa tête, Kiarah, folle de rage, commença à ronchonner. Et puis l’autre qui la regardait… Elle ne pouvait pas supporter son regard si… bizarre. Bah oui, elle était dans l’eau, mais qu’est-ce que ça pouvait faire ? Ho, ses vêtements seraient nettoyés ! La tâche d’encre avait-elle disparue ? Hum non, fallait pas en espérer autant. Elle enleva son pull, histoire que ça fasse un peu moins « collant », et retira ses chaussures.

- Kellen… Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça ?

[Topic court et pas terrible comparé à toi, mais je ne savais pas quoi mettre --"]

HJ : Mais non c'est très bien rolala quelle perfectionniste x]

C'était une Garner, cela faisait aucun doute. Autant dire que la ressemblance avec son jumeau, soit donc Théo Garner, était assez frappante. Et puis, les Garner étaient tous plus ou moins assez populaires dans l'école, ce qui n'en aida pas pour autant Dougie à retrouver le prénom de la jeune fille. Il lui semblait qu'elle était plus jeune que lui... Oui, s'il ne se trompait pas, Miss Garner était dans la classe de June, elle était donc en cinquième année - dans la plus pure des logiques, tout en progressant dans le fait qu'il ne se trompait pas sur ses sources. La Serpentard était entrée dans la salle de bain, certainement pour les mêmes raisons que le garçon, et il comprenait sa surprise lorsqu'elle s'était retrouvée face à lui. Peut-être était elle décontenancée de s'être fait "griller" la place, aussi elle repartirait certainement aussi vite qu'elle était venue, après une ou deux railleries envers lui, bien qu'il ne les mériterait pas. Comment aurait-il pu prévoir qu'une fille avait décidé de prendre un bain au même moment que lui ? Il n'y avait marqué aucun ni le nom de l'un comme de l'autre, la salle de bain était à tout le monde. Mais une Serpentard reste une Serpentard, et Dougie se passa un peu d'eau chaude sur son torse, peut-être en prévention du froid qui s'installerait quand elle commencerait à crier. Mais elle n'en fit rien.

Après un silence qui ne semblait pas déranger plus que ça les deux jeunes gens, la jeune fille détourna son attention vers le robinet qui gouttait. Dougie, profitant peut-être de l'inattention de la jeune fille, la regarda de haut en bas d'un regard innoncent. L'énorme tâche d'encre qui ornait son pull n'était pas d'une grande classe. Il plaignait celui qui avait dû malencontreusement renverser son encrier, mais d'une certaine manière, "compatissait" pour elle. Si elle aussi avait dû avoir à faire aux premières années en ce mauvais jour, il ne pouvait que la comprendre, et surtout pas la blâmer ou se moquer. Après tout, une tâche n'était qu'une tâche, et à moins d'être soi-même un vraie tâche, le fait d'avoir un pull sali n'accentuait en rien ce rang d'élèves... Les élèves de l'école n'étaient peut-être pas tous des boulets, qui sait...

Au bout d'un moment, la jolie Garner s'avança vers le robinet qui semblait à présent bel et bien la déranger. Elle monta sur le bord de la bassine et ferma le robinet d'un geste ferme. Elle semblait déjà plus satisfaite.

- Voilà qui est mieux…

Qu'allait-elle faire maintenant ? Elle allait sûrement repartir, et Dougie ne s'occupa plus vraiment de l'arrivante. Il remuait doucement ses doigts dans l'eau et attendait patiemment le bruit typique de la porte se refermant, derrière la jeune fille qui était certainement à deux pas de la sortie, sûrement impatiente de se retrouver au chaud dans son lit ou devant le feu de la salle commune. Sauf qu'un grand "plouf" se fit entendre aux côtés du garçon, et avant même que ce dernier n'ai pu tenter quelque chose de réellement efficace pour empêcher cela, Mademoiselle Garner se retrouvait dans l'eau contre son gré, à ses côtés. Pendant sa chute, il avait certes réagi, mais avant qu'il n'ai pu arriver à ses côtés pour la rattraper, elle était déjà dans l'eau. Il restait donc là, à sa place initiale, à la regarder de nouveau. Même mouillée, elle était jolie... Cette dernière enleva son pull et ses chaussures. Dougie restait neutre, mais au fond de lui n'en était pas insensible...

- Kellen… Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça ?

Quelle chaleur ! Et quelle sympathie ! Quelle ironie, plutôt oui... Le jeune homme, insensible à ce genre de remarques, haussa les épaules.

- Tu ne t'es pas fait mal ?

Il n'avait pas rajouté de "j'espère" ou "au moins" comme il avait été tenté de le faire quelques secondes plus tôt. Les filles étaient si prévisibles qu'il aurait parié que la Serpentard l'aurait pris d'une manière totallement stupide, du genre, à s'imaginer des choses... Quoique, au fond, peut-être pouvait-elle, impossible à déterminer pour le moment...

[Excuse-moi du retard ]

Quel désastre, quelle humiliation ! Tout ça n’était que sa faute, elle avait trop hérité de la perfection de sa mère. Les robinets gouttant, les tableaux penchant, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et bien sûre, certaine fois – prenons exemple ici - , ça peu causer certains « dommages ». Et il semblait que Kiarah soit la seule jusqu’à présent, à manifester une certaine importance pour les choses bien en place. Par contre Théo, lui, elle n’osait même pas rentrer dans sa chambre. A se demander qu’était son propre dortoir ! Zoé était à la limite. Ses affaires semblaient toujours bien en ordre. Tony et les jumeaux, n’en parlons même pas ! Théo avait mauvaise influence sur eux.

Sa chemine blanche lui collait à la peau, elle n’appréciait pas beaucoup cela. En fin de compte, à quoi servait donc ces horreurs d’uniformes ? Et l’hiver s’avérait encore plus désagréable lorsqu’elles devaient porter des collants. D’un autre côté, si le directeur voulait éviter les défilés de mode, il est vrai que les uniformes ne faisaient pas de mal. Avec une certaine importance, Kiarah passa une main dans ses cheveux, qui étaient loin d’être secs. Dans sa chute imprévue, le Serdaigle s’était rapproché, mais n’avait évidemment pas pu la rattraper. Aurait-elle pu mourir ? Bon dieu, elle était trop jeune ! Elle jeta un coup d’œil vers le Serdaigle, qui semblait toujours aussi calme que lorsqu’elle était entrée dans la pièce. Son nom… elle ne revenait décidément pas dessus. A vrai dire, Kiarah n’était pas réputée pour avoir une cervelle d’intello. C’était à peine si elle parvenait à retenir son horaire de l’année. Ca n’était pas la peine de lui citer dix noms qu’elle ne connaît pas, car à moins de les étudier, elle ne le retiendrait pas.

- Tu ne t'es pas fait mal ?

Tient ! C’était bien une des rare fois où l’on lui sortait ça. Car, à moins que ça soit ses parents, beaucoup se souciait vraiment d’elle si elle ne faisait qu’une petite chute en arrivant intacte. Quoi qu’il en soit, le Serdaigle ne laissait pas beaucoup paraître ses émotions. Kiarah avait l’impression qu’il n’avait toujours pas changé d’expression depuis qu’elle l’avait vu. Elle remit une de ses mèches derrière son oreille, tout en relevant la tête vers lui.

- Non, je me ferai une joie d’aller demain en cours... Ironisa-t-elle.

* Dommage, je me serai bien accordé une petite semaine de repos à l’infirmerie… Ca m’épuise les profs qui parlent déjà de buses *

Kiarah ne l’avait pas vraiment regardé en arrivant dans la salle de bain, et d’ailleurs pas vraiment parlé non plus. Il était assez mignon, ses cheveux un peu plus longs que la moyenne lui donnaient un certain style. Douglas… Mais oui, son nom ! Ca lui était revenu. Il paraissait que c’était le cousin d’Evan, un Poufsouffle accro à sa musique, qui avait fait une démonstration au petit déjeuné. La plupart des filles de Poufsouffle étaient en admiration devant lui, et ça n’étaient d’ailleurs pas les seules. Mais Kiarah avait eu la tête tournée autre chose, ces temps-ci elle n’était plus vraiment elle-même. Les rumeurs pouvaient d’ailleurs le confirmer. Mais les rumeurs n’étaient que rumeurs, même si… dans certains cas elles s’avéraient vraies.

- T’es bien le cousin du blaireau qui a fait une démonstration musicale ce matin ?

A vrai dire, elle s’en fichait bien que ça soit son cousin ou non. Mais le Serdaigle n’avait pas l’air de fort réagir…

[Sorry pour le retard, à mon tour ]

La Serpentard ne semblait pas s'être fait le moindre mal. Elle avait eu de la chance de ne pas se cogner la tête contre le carrelage dur et froid de la baignoire, car Dougie se serait mal vu avec une belle fille inconsciente dans les bras, en beau milieu de soirée où beaucoup devaient déjà dormir. Vu qu'il n'était pas très doué en matière de secourisme, il serait obligé de se débrouiller pour faire venir l'infirmière tout en restant à ses côtés, ce qui entraînerait la venue des professeurs dans la salle de bain. Et le fait que lui et Kiarah se trouvent dans l'eau à une heure pareille de la journée n'était pas autorisé par le règlement, et ils risqueraient de se prendre une retenue. Non pas que le jeune homme soit rassuré de la voir consciente pour simplement ne pas se prendre une retenue, cela bien au contraire, mais une retenue n'était jamais la bienvenue pour le Serdaigle. En fidèle Serdaigle, les études comptaient avant tout. En ce qui concernait son comportement, il était toujours d'une discrétion exemplaire, préférant la solitude aux bandes braillardes. Certaines pourraient lui trouver en cela un certain charme, tous ses mystères qu'il dissimulait derrière sa gueule d'ange et son associabilité. Farouche, le garçon n'avait pour ainsi dire presque pas d'amis, et cela était un choix personnel. Beaucoup de personnes ayant eu la triste audace de l'aborder étaient repartis bredouilles, les mains dans les poches. Bien sûr, il avait ses amis moldus, avec qui il faisait de la musique, mais à Poudlard, ce n'était pas très facile de les reconnaître, étant donné qu'il préférait les trois quarts du temps se tenir à l'écart. Bien qu'il jouait depuis peu dans Pink Sky, pour rendre service à June, il n'avait pas beaucoup d'affinités avec ses membres. Et puis, la plupart des personnes aimait beaucoup Evan, donc il préférait ne pas se joindre à eux. Ce fut la jeune fille qui le tira de ses pensées quelque peu personnelles :

- Non, je me ferai une joie d’aller demain en cours...

Ainsi donc elle n'aimait pas les cours. Il n'était pas très étonné, peu d'élèves étaient comme lui, avec la soif d'apprendre au jour le jour. Prosper Wagner, toujours en train de lire seul dans son coin, était peut-être un des rares à aimer l'école autant que lui. Seulement, pour Dougie, ce n'était pas simplement des études. C'était une manière de prouver qu'il était aussi talentueux qu'Evan, néanmoins dans un domaine plus difficile. Evan avait déjà tout ce qu'il voulait, de l'argent, des amis, des groupies, il n'avait pas besoin de finir ses études, sa carrière était déjà lancé. Black List Club, le groupe le plus écouté dans la plupart des pays. Et lui Dougie, jouant de la basse dans son garage, dans l'ombre du succès de son cousin, son rival qu'il voulait battre à plates coutures aux examens de fin de l'année.

- T’es bien le cousin du blaireau qui a fait une démonstration musicale ce matin ?

Quelle étrange coïncidence ! Pile au moment où il pensait à Evan, la jeune fille en fit un sujet de discussion. Tout au moins, elle lui posa une question qui ramenait le guitariste dans la conversation. Oui, il était bien son cousin, malheureusement. Et il était déconcertant, et même triste à force de voir, qu'encore une fois, une personne le connaissait en tant que "cousin d'Evan", et qu'on ne connaissait pas Evan comme "cousin de Dougie". Il avait beau essayer de s'y habituer, il détestait cela. Peut-être qu'il n'était pas très sociable à cause de ça. Mince ! Il était tout de même aussi intéressant que son populaire rival pour être connu de tous ! Personne ne pouvait comprendre la haine qu'il ressentait envers Evan. Pour tous, Evan était cool. Evan était beau. Evan était musicien. Evan était célèbre. Oui, mais Evan était vantard, Evan était infidèle, Evan avait des défauts ! Et ça, il apparaissait que seul June et lui s'en rendait compte. Néanmoins, Kiarah avait employé l'expression "blaireau", ce qui étonna un peu le jeune homme. Ou avait-elle employé ce mot pour désigner le Poufsouffle d'une manière péjorative - car, oui, le sigle de cette maison était un blaireau -, ou elle avait choisi cette expression qui servait habituellement d'insulte, pour se moquer du célèbre Taubenfeld. Mais non. Cela semblait trop beau pour être vrai.

- Ouais. Le seul et l'unique cousin de ce "blaireau". Le cousin qui vit dans l'ombre de ce blaireau de guitariste. Le cousin qui sait aussi faire de la musique.

Il murmura, plus pour lui-même que pour la jeune Serpentard, les dents serrées :

- Le cousin de celui qui parcourt sûrement tes rêves la nuit... comme toutes les filles de cette école...

Il jeta un regard neutre à Kiarah, qui allait sûrement lui lancer de cinglantes répliques quant à la fin de son discours. Il se surprit à se mordre la lèvre inférieure, et baissa les yeux. Il n'avait pas réellement voulu dire ça. Bien qu'il l'eut énoncé plus pour lui-même que pour la Serpentard, elle allait forcément le prendre pour elle, et que ce qu'il ai dit soit vrai ou pas, elle n'allait sûrement pas apprécier. En même temps, cela commençait sérieusement le rendre nerveux de savoir que les gens glorifiaient Evan, qui était un parfait imbécile à ses yeux. Pareil du côté de la gente féminine. Dougie se créait une rumeur comme quoi il ne recherchait aucune compagnie de ce côté. Ce n'était pas totalement faux, il détestait les groupies, toutes ces filles qui hurlaient d'une voix aigüe et leurs manies de prendre la mouche pour rien. Mais il espérait trouver ne serait-ce que pour un début amical, des gens qui le comprendraient et l'apprécieraient, donc aussi bien des garçons que des filles. Sous ses airs d'arrogance, il était tout de même sensible, tout le monde l'est. Qui n'avait pas ses faiblesses en ce monde ? Comme chaque garçon, Dougie aimait les jolies filles, mais les jolies filles aimaient Evan. Toutes, semblait-il. Kiarah allait sans doute réagir d'une minute à l'autre, et bien que cela n'éviterait sûrement pas le pire, il lança, d'un ton neutre avec une légère pointe d'ironie :

- J'imagine que tu as apprécié sa musique ?

Plus sérieusement, il reprit, avec une honnêté qui contrastait étrangement avec ses autres paroles :

- J'ai beau en penser tout ce que je veux, c'est un super musicien. Mais il avait pas besoin de se donner en public, tout le monde le sait déjà...

Voilà. C'était brièvement l'idée générale qu'il avait d'Evan. Il poursuivrait peut-être, si la jeune fille ne s'en allait pas de la salle de bain, lassée par les propos de Dougie.

Les vedettes de Poudlard, toute une histoire. Entre les rumeurs du mois et les « stars » du château, on avait de quoi parler le soir. Azéline Evans, s’était faite, paraissait-il, rejetée par Tyson un Serdaigle qui avait pas mal de succès. Quand aux officiels dragueurs de l’école, les choses de s’arrangeait pas. Son stupide frangin était toujours aussi bien placé dans le classement bien que d’autres ne se débrouillaient pas mal. Qu’est-ce qu’il pouvait être pathétique celui-là. Sans compter qu’il avait réussit à influencer les jumeaux, ce qui causait une bataille infernale au domicile. La bande des 2T – Tony/Théo - et leur mini-assistants, quelle horreur ! Mais surtout, quels monstres. Pauvre d’elle qui dût les endurer tout au long des vacances d’été. Une partie d’elle-même était ravie de pouvoir retrouver d’ailleurs sa vie paisible au château, mais l’autre se lassait déjà des cours. Seulement cette année, c’était l’année des BUSES, et elle allait devoir bosser pour passer en 6ème. Malgré tout, si Théo stupide comme il était y était parvenu, elle n’aurait sans doute aucun problème de son côté. Ce fût les paroles du Serdaigle qui sortirent Kiarah de ses pensées.

- Ouais. Le seul et l'unique cousin de ce "blaireau". Le cousin qui vit dans l'ombre de ce blaireau de guitariste. Le cousin qui sait aussi faire de la musique.

Oulala, pas commode le gars. D’une certaine manière, Kiarah n’appréciait pas vraiment qu’un groupe de musicien vienne étudier à Poudlard. En effet, Evan et sa petite bande, plus son succès augmenté, plus il se faisait connaître dans le château. Autant dire que presque tout le monde était au courant maintenant, si ce n’était ceux qui étaient toujours un peu « déconnectés ». Et ça avait parfois tendance à écraser certaine personne. Encore heureux que la famille Garner soit également connue pour son énorme nombre d’enfant. Les Weasley avaient décidément de bons concurrents. Quoi qu’il en soit, les Garner ne se feraient jamais dépassés, à ça non alors ! Et dire que ces ignobles petits gnomes de jumeaux allaient sommer la panique dans le château l’an prochain… Cela désespérait déjà Kiarah qui les aurait certainement sur les bras. Pourquoi donc ses parents avaient tenus à avoir tant d’enfants !

- Le cousin de celui qui parcourt sûrement tes rêves la nuit... comme toutes les filles de cette école...

A ces mots, Kiarah faillit bien éclater de rire tant l’idée était stupide. Où avait-il bien pu aller chercher ça ! Et puis c’était un Poufsouffle, et franchement, rien que ce nom ne lui venait pas l’envie d’en fréquenter un. Evan Taubenfeld … Très connu mais était-il intelligent ? Bien qu’elle se fichait pas mal de ce garçon, il était vrai qu’il avait un certain charme.

" Dites-moi monsieur grognon, vous arrive-t-il de réfléchir avant de parler ? Plus sérieusement, si tu veux vraiment être si connu que lui, va falloir travailler ta timidité. Je ne crois pas que grand monde te connaisse sans vouloir te vexer, elle sourit amusée puis continua, et si tu te faisais mieux connaître par certaine personne tu pourrais peut-être avoir une chance. Maintenant fais ce que tu veux. "

Whaaa ! Peu croyable ! Kiarah n’avait pas mal réagit face à une quelconque insulte ! Mais bien que ce ne soit pas vraiment une remarque blessante, la jeune Garner était réputée pour avoir un sacré caractère, très contrarient. Mais elle était presque sûre que cette matinée ne saurait connue de personne, si le Serdaigle restait fidèle à son rang de grand solitaire.

- J'imagine que tu as apprécié sa musique ?

La verte et argent haussa les épaules. Bien que sa musique ne fût pas l’une des pires qu’elle aie entendu, au contraire, elle y restait plutôt neutre. Des musiciens, on en entendait partout, et même si Evan était bon, elle n’allait certainement pas se mettre à hurler son nom et devenir une de ces groupies stupide qui passe ses journées à ses côtés.

" Pas vraiment. C’est vrai qu’il joue bien, mais franchement je n’y aie pas vraiment fait très attention " répondit-elle d’un ton neutre.

- J'ai beau en penser tout ce que je veux, c'est un super musicien. Mais il avait pas besoin de se donner en public, tout le monde le sait déjà...

Il avait raison, mais Kiarah n’allait pas vanter Evan, ça n’était pas son style. La musique et elle ne formait pas un « parfait accord » alors qu’il y ait Pink Sky, Black List Club ou quoi que ce soit d’autre, elle s’en fichait pas mal. Ce qui lui importait était plus d’être célèbre.

" Peut-être bien. "


[Désolée pour le retard, Rp moyen peut-être pas très inspirant pour toi mais j'ai pas d'inspiiii T_T]
Wow, dis donc, tu reviens en grande forme, dis-moi *_*
Kikiiiiiiiiiiiiiiii

Parler d'Evan le mettait de mauvaise humeur... Pourquoi fallait-il à chacune de ses rencontres que son cousin soit le sujet principal d'une discussion plus ou moins mouvementée ? S'il n'était pas aussi célèbre, il n'aurait certainement pas autant la cote auprès de tout le monde... Quoique, il était beau garçon, et préfet en chef de surcroit... De toute évidence, le Poufsouffle devait être fait pour s'épanouir sous les feux de la rampe, devant un public aux yeux écarquillés se mourrant d'admiration pour lui. Dougie n'était pas de ceux-là, d'ailleurs, il ne le voulait pas. Beuh, être regardé par tout le monde, être le sujet principal d'une conversation ou d'un magazine... C'était pour ça qu'il ne désirait pas être constamment entouré, c'était son choix de rester le plus souvent tout seul. Il partait du fait que "l'on était jamais mieux servi que par soi-même", ainsi la solitude lui était depuis longtemps familière et agréable. C'est aussi avec un sourire presque moqueur qu'il reçut la réponse de la jeune fille :

" Dites-moi monsieur grognon, vous arrive-t-il de réfléchir avant de parler ? Plus sérieusement, si tu veux vraiment être si connu que lui, va falloir travailler ta timidité. Je ne crois pas que grand monde te connaisse sans vouloir te vexer, elle sourit amusée puis continua, et si tu te faisais mieux connaître par certaines personnes tu pourrais peut-être avoir une chance. Maintenant fais ce que tu veux. "

S'il voulait vraiment être plus connu ? Il désirait justement ne pas l'être ! D'ailleurs, il s'en doutait, bien qu'il ne voudrait jamais l'avouer, la popularité lui montrait vite à la tête - après tout, il était de la famille d'Evan, cela ne voulait certainement pas rien signifier - avant de le lasser et de le rendre encore plus associable... Les gens ne semblaient pas comprendre ce qu'il ressentait vraiment, tout au fond de lui-même, c'était aussi dire qu'il n'était pas simple de s'y retrouver chez Dougie... Alors le faire connaître de certaines personnes ?? Lesquelles ? Certaines valaient donc la peine d'être connues dans cette école ? La présente journée qui se terminait n'avait pas fait usage de bon exemple... Des mômes, puis des idiots... Le pire, c'est qu'il subissait ces présences chaque jour, et bientôt cela deviendrait insupportable - si partant du fait que cela ne l'était pas déjà assez.

Non, il ne voulait pas être connu comme Evan. Evan était connu par tout le monde. Toute l'école, tout habitant sur cette terre connaissait môssieur le super guitariste. Contrairement à ce qu'avait pu croire la jolie Serpentard - qui n'était pas si désagréable qu'elle aurait pu l'être - à son compte, il n'était certainement pas jaloux de son cousin. La preuve ! Il reconnaissait qu'il avait du talent ! Cétait déjà un grand pas mémorable pour lui qui le haïssait autant. Ce n'était pas la jalousie qui le rendait aussi irrité à l'égard du Poufsouffle - et de tout le monde en général -, c'était son comportement. Si Evan était modeste, il l'apprécierait. Si Evan n'était pas égoïste, il l'apprécierait. Si Evan était un peu plus réaliste, il l'apprécierait. Si Evan était fidèle, il l'apprécierait [même si au départ, le fait que June ai eu le coeur brisé par sa faute ne lui faisait ni chaud ni froid, par la suite cela avait développé le restant d'antipathie qui dormait en lui]. Autant dire qu'il apprécierait Evan, si Evan était donc quelqu'un d'autre, avec une personnalité meilleure. Il fallait savoir tout de même, que leurs rapports n'avaient pas toujours été aussi froids. Quand ils était petits, ils s'entendaient à merveille. Ils avait ensemble fait les quatre-cent coups... Autant dire qu'ils étaient presque comme des frères. Leur rivalité ne s'était installé que lorsque son cousin et Black List Club avaient commencé à devenir très populaires à travers le monde entier. Evan avait commencé à changer. Ses attitudes envers les autres, son comportement en classe, en public... Au départ, Dougie était plus nostalgique du temps où Evan était plus comme lui, à l'époque où leurs liens s'avéraient fraternels... Mais dès lors que le Serdaigle avait compris que ce temps là serait terminé à jamais, il s'était lassé et avait mis cette partie de sa vie de côté...

Sans Evan, c'était bien plus intéressant... Mais à croire que son nom revenait partout où il passait ! C'était simple : Dougie ne faisait pour ainsi dire confiance à personne - ou presque. Les nouvelles rencontres, la plupart du temps, le lassaient de suite, sauf s'il y trouvait quelque intérêt. Il était humain, comme tout le monde, et même le plus solitaire des exclus aimait être avec des gens agréables et sains d'esprits. Il avait toujours décrit l'amour comme un sentiment inutile, qui n'aboutissait finalement qu'aux pleurs, mais plus le temps passait, plus son regard s'attardait sur certaines personnes... Ce n'était pas la première fois qu'il apercevait Kiarah Garner. Autant dire qu'elle ne le laissait pas totalement indifférent, ce qui était très rare pour le septième année, voire étrange. Elle était d'une froide beauté que le Serdaigle n'avait encore remarqué chez aucune autre élève de cette école, tout au moins, pas dans sa maison. Peut-être avait-il mal regardé, pour ainsi dire il ne regardait pas beaucoup, ça ne l'intéressait pas vraiment, mais il avait un jour découvert l'existence de cette fille par le plus grand des hasards, et voilà aujourd'hui qu'elle se trouvait dans la même baignoire que lui, suite à une chute causée par les gouttes tombantes d'un robinet de baignoire. Dougie avait entendu d'elle qu'elle était méchante et sadique, pas maniaque !

D'un geste de la main il arrosa la jeune fille qui venait de lui conseiller globalement de ne plus être jaloux pour être populaire... D'un faible sourire en coin, il lui répondit :

" Hey Garner ! Tu crois que j'ai envie d'être populaire ? Désolée de l'expression, mais tu te mets le doigt dans l'oeil ! En effet, j'approuve le fait que "pas grand monde me connaisse", mais c'est un choix. Tu sais, on est jamais mieux servi que par soi-même, je te jure que c'est vrai... Je ne dis pas pour autant que je passe TOUT mon temps à lire et à étudier, j'ai une vie sociale à ma manière... Je n'aime pas être entouré, parce que les autres m'énervent. Je m'entend bien avec certaines personnes, il ne fait tout de même pas le nier, mais selon moi, la plupart se prenne trop la tête pour des broutilles qui peuvent les briser s'ils leur portent un trop grand intérêt. C'est pour ça que je préfère ne pas aller vers les gens, au moins, je suis sûr de ne pas être déçu. Mon arrogance n'a rien à voir avec mon amour propre. Etre le sujet d'un conversation ou des pensées de tout le monde ne m'intéresse vraiment pas. "

Il marqua une pause, puis se rapprocha un peu de la jeune fille et plongea son regard dans le sien. Leurs regards étaient tous deux plus ou moins froids. Dougie était bien plus imposant que Kiarah, c'est en se rapprochant de la jeune fille qu'il découvrit qu'elle n'était pas bien grande. De cette manière, il parassait un peu plus persuasif.

" A la limite, je préfère occuper les pensées de deux ou trois personnes - voir d'une seule, si elle est vraiment exceptionnelle à mes yeux - qui me connaissent vraiment et m'aiment pour ce que je suis plutôt que pour quelque chose qui ne me ressemble pas. Je ne vais pas m'inventer une personnalité pour satisfaire tout le monde. "

Dougie était certain que Kiarah était d'accord avec ce qu'il venait d'ajouter. Pour l'avoir croisée plusieurs fois, elle aussi n'était pas des plus entourées... Son air farouche devait certainement faire fuir les gens... Si ça embêtait la jeune fille, ça il ne savait pas, c'était peut-être un choix similaire au sien qu'elle avait fait. Aussi, elle ne pourrait qu'approuver, si tenté qu'elle n'ai pas mal réagi au geste de Dougie... Elle allait peut-être crier ou l'arroser à son tour, se lever et partir... Enfin quoi, ce n'était que de l'eau...

" … Oui, et je pense que tu as raison. "

Douglas retint un "je sais que j'ai raison" de sortir de sa bouche. Etonnant de sa part. Il se rendait compte qu'il avait le plus souvent un avis des plus logiques, et ne se gênait jamais pour le faire entendre à qui que ce soit. Alors pourquoi s'était-il gardé de lancer la réplique à Kiarah ? Très bonne question... Peut-être ne voulait-il pas la froisser, même pour si peu... Pourtant, d'habitude, cela ne lui posait aucun problème. Alors pourquoi, avec elle ? Elle qui - de réputation en tout cas - avait aussi mauvais caractère que lui ? Et bien pour tout dire, c'était la première fois qu'il appréciait discuter avec quelqu'un d'autre que June ou ses amis moldus. Et c'était bon, étrange, mais très agréable. Il appréciait la compagnie de Kiarah. Tout comme lui, elle ne parlait pas pour ne rien dire, autant dire aussi qu'elle ne parlait pas beaucoup. Mais elle écoutait, et lui faisait part de ses points de vue. Points de vue qu'ils partageaient. Il était content qu'elle soit là. C'était un progrès ! Dougie, heureux d'être en compagnie de quelqu'un ! Bon, il fallait avouer qu'elle était sublime, mais beaucoup de jolies filles n'avaient pas grand chose dans la tête, ainsi pour lui le physique n'avait jamais très grande importance dans ses relations. Certes, il ne l'avait pas repéré à plusieurs reprises dans les couloirs pour rien, mais outre la réputation que pouvait lui donner son frère jumeau, Kiarah aurait pu s'avérer être une parfaite cruche. Ce n'était pas le cas, fort heureusement. Ce n'était pas étrange qu'il ne lui ai jamais vraiment fait la conversation, lui qui se tenait toujours à l'écart, c'était juste dommage. Il aurait aimé la connaître depuis plus longtemps que depuis une heure, et aussi ailleurs. Une salle de bain, c'était un lieu peu commun pour les rencontres habituellement, mais là leur cas prouvait bel et bien le contraire. Jamais il n'avait imaginé parler à Kiarah Garner dans une même baignoire, et de plus que tout se passe bien.

" Je devrais peut-être y aller et te laisser tranquille ".

Quoi ? Pourquoi ? Avait-il dit quelque chose de mal ? Il avait beau fouiller dans son esprit et se remémorer cette dernière heure, il n'avait rien dit de méchant, ou de soporifique. Etait-elle d'aussi mauvais caractère qu'on pouvait le prétendre donc ? Jusqu'ici, elle n'en avait pas eu l'air, alors pour quelle raison tenait-elle à s'en aller ? Lui avait-il fait quelque chose qu'elle n'avait pas apprécié ? Si c'était pour l'avoir arrosé, il avait donc eu tort de porter d'aussi bons jugements à son égard aussi rapidement, et dans ce cas elle était vraiment cruche. Mais il y avait autre chose, ça ne pouvait pas être pour son précédent geste. Il avait beau y réfléchir, il ne voyait pas, il ne savait pas. Ce qu'il savait, c'était qu'il voulait qu'elle reste ici. Il ne voulait pas qu'elle s'en aille.

" Sincèrement, tui crois réellement que tu me déranges ? "

Ca forçait la jeune fille à répondre le contraire, mais ce n'était que de la logique. Aucun mal à ça donc.

" Si c'est le cas, tu es beaucoup moins lucide que je ne l'aurai cru... Ou alors c'est moi qui ai du mal à manifester mon contentement... Je sais que c'est ma nature, mais si tu me connaissais tu sentirais la différence. "

"... Je ne suis pas avec toi comme je suis avec tout le monde." Il aurait voulu ajouter ça, mais pour une sombre raison il ne l'avait pas fait. A elle de le comprendre. Ce n'était pas très compliqué à résumer. Certes il était asociable, mais il venait de témoinger envers la jeune fille une certaine affection, aussi maladroitement l'avait-il fait. Peut-être trop même, si elle voulait déjà s'en aller.

" Hé Kellen, dépêche-toi, rend moi cette clé, j’ai pas envie de passer toute la soirée ici… "

" La clé ? "

Pas de clé. Il n'avait même pas fermé la porte, preuve qu'elle avait réussi à entrer. S'il la porte était verrouillée, il n'y était pour rien.

" Pas de clé, pas de sort : tu as réussi à pénétrer ici. Tu es la dernière de nous deux à être entré. S'il y a bel et bien une clé, tu es la seule à pouvoir en disposer... "

Ainsi donc elle était coincée ici. Même si ça ne dérangeait pas Dougie le moins du monde, la jolie Garner devait être bien embêtée... Allait-elle l'accuser de la retenir ici ?? Ce n'était pas le cas pourtant. Ce n'était pas parce qu'il désirait passer encore un peu de temps en sa compagnie qu'il irait jusqu'à la contraindre à rester avec lui, en verrouillant la porte... Il n'était pas bête à ce point. Il n'était même, pas bête du tout.

HJ : Désolée pour le retard, fidèle à moi même qui poste toujours trois ans après, d'autant plus que mon post n'est vraiment pas terrible

" Sincèrement, tu crois réellement que tu me déranges ? Si c'est le cas, tu es beaucoup moins lucide que je ne l'aurai cru... Ou alors c'est moi qui ai du mal à manifester mon contentement... Je sais que c'est ma nature, mais si tu me connaissais tu sentirais la différence. "

Que devait-il penser d’elle maintenant ? Qu’en fait, elle n’était qu’une pauvre imbécile, qui ne comprenait rien à rien ? Non, et elle était sûre que le Serdaigle le savait. S’il l’avait vraiment croisé plusieurs fois, il devait savoir qu’elle n’était pas très entourée, et qu’elle ne devait pas savoir comment réagir face aux réactions des gens. De la panique ? Pour une raison obscur, elle l’ignorait, et ne répondit pas. Elle ne répondait plus à ses paroles, mais ne l’ignorait pas pour autant. Qu’est-ce qui lui prenait ?

" Pas de clé, pas de sort : tu as réussi à pénétrer ici. Tu es la dernière de nous deux à être entré. S'il y a bel et bien une clé, tu es la seule à pouvoir en disposer... "

Situation problématique : Pas de clé, pas de sortie donc. Elle devait reconnaître son erreur, c’était elle qui était entrée la seconde, et qui avait fermé la porte. Il n’y avait qu’une solution, elle était dans la baignoire. Si c’était vraiment le cas, ça l’obligerait à rester jusqu’au moment où Douglas déciderait de sortir, et par la même occasion, tirer le bouchon qui avalerait par conséquent toute l’eau. Elle n’avait donc plus qu’à attendre… sans rien faire ? Elle était venue dans l’espoir de faire le vide, trouver du repos. Au lieu de ça, elle se retrouvait nez-à-nez avec un beau et mystérieux Serdaigle. Certaines auraient probablement sauté sur l’occasion, même si Dougie n’était pas tout à fait comme les autres. Il était plus mature que les autres, même les traits de son visage le trahissaient. Il ne souriait pas beaucoup, et ça lui donnait un certain charme. Fatiguée de chercher à peine perdue, elle se dit qu’elle aussi pouvait peut-être profiter de l’agréable chaleur du bain. Tant pis pour elle, elle irait toute habillée. Enfin, si elle parvenait à entrer. La buée rendait la vue horriblement faible, les bords de la baignoire étaient glissants, et elle ne tarda pas à s’en apercevoir. Maladroite, mais pas stupide, elle n’allait tout de même pas faire la même erreur deux fois. Elle descendit dans l’eau, elle était toujours aussi chaude et agréable. Le « récurvite » qu’elle eût lancé une dizaine de minutes auparavant de servit à rien, puisque ses vêtements s’humidifièrent une seconde fois au contact de l’eau, cette fois volontairement. Elle ne disait toujours rien, jusqu’à ce que son pied touche une chose inconnue. La clé ?

" Tu n’as pas sentit ? "

Il devait forcément avoir marché dessus pourtant… D’un autre côté, qui avait pu manquer d’autant de bon sens pour mettre une clé à cette porte. Il devait se douter qu’un jour elle se perdrait, peut-être pas dans une baignoire, mais bon. Elle descendit sous l’eau dans l’espoir de retrouver la clé perdue, qui s’était déplacée d’une dizaine de centimètres plus loin. Elle ne remonta à la surface qu’avec son « trophée ».

" Je savais qu’elle était l… "

Kiarah ne s’était pas aperçue qu’elle s’était dangereusement rapprochée du Serdaigle… trop près ? Elle pouvait presque sentir son souffle sur sa peau, pourtant, elle ne se reculait pas. Une demi-heure plus tôt, ils s’étaient retrouvés plus proches, mais là, c’était différent, du moins pour la Serpentard. Elle restait immobile, et devait probablement avoir l’air d’une parfaite idiote…

[Je me rattraperais au prochain, 'fin, j'espère T_T]

Le silence qui s’installa durant quelques minutes entre les deux personnes était presque troublant. Aucun son ne se répercutait sur la surface lisse de l’eau, entourée par la buée qui régnait. La porte était encore verrouillée, et Kiarah tenait toujours mollement dans sa main droite la clé. Qui aurait pu imaginer qu’entre ces deux-là, il y aurait pu avoir quelque chose. Plusieurs traits de caractère les rapprochaient, sans qu’ils se ressemblent vraiment. Kiarah aimait sa popularité, et même si sa grande famille devait y être pour beaucoup, son caractère n’était pas à ignorer. Il était vrai qu’elle était particulièrement susceptible, peut-être trop, mais n’avait pas l’image si obscure que son frère lui donnait. Mais Théo pouvait toujours se vanter, ses relations avec Sofia – renommée à présent Angie pour des raisons qu’elle ignorait – n’étaient pas prêtes d’avancer s’il continuait d’agir comme un gamin. C’était dommage pour lui, mais Kiarah ne le surveillait pas, et tant pis s’il gâchait ses chances avec elle. La Serpentard restait immobile, à la fois intriguée et surprise. Elle hésitait à l’embrasser, s’en aller, ou s’éloigner. Ses sentiments n’étaient pas fondés, c’était…trop tôt ?

- Tu as de la chance d'être tombé sur moi ce soir... N'importe quel autre garçon du genre de ton frère aurait sauté sur l'occasion et en aurait profité. Evan est amoureux de June, mais s'il se trouvait à ma place en ce moment, il n'y serait pas allé par quatre chemins...

Dougie ne connaissait visiblement pas Kiarah dans ses moindres réactions. Quoi de plus logique, elle aussi ignorait comment le jeune homme pouvait réagir à chacun de ses gestes. Elle ne lui avait jamais parlé auparavant, ou n’avait plutôt jamais fait attention à lui. Il était toujours plongé dans ses bouquins, ou alors ne se manifestait pas. Par contre, elle connaissait la réputation d’Evan, elle savait que si elle était tombée sur lui ou sur une autre personne, elle ne serait sans doute pas restée, l’aurait ignoré ou aurait passé ses nerfs sur lui. Elle méprisait les garçons hypocrites dans son genre, ceux qui profitaient de leur quelconque « qualité », si on considérait qu’ils en avaient. En fait, elle ne supportait pas un grand nombre de garçons. Tony et Théo devaient probablement l’avoir « repoussée » d’eux.

" Même si l’envie de « m’amuser » m’aurait emportée, je ne fréquente pas n’importe qui, je crois que tu le sais, répondit-elle avec un léger sourire. Ton cousin et tout les gens qui l’approuvent sont des crétins, je ne suis pas stupide "

Cette situation lui rappelait le soir où elle avait quitté son dortoir en douce plus de trois mois plus tôt, en juin, lors de sa quatrième année à Poudlard. Elle y avait rencontré un ami de Théo, un Gryffondor évidemment, auquel elle avait adressé la parole à son grand étonnement. Il avait un air distrait, la tête plongée dans ses étoiles. Elle était restée distante, après tout, c’était un Gryffondor. Tout s’était arrêté là, et à vrai dire, elle n’avait pas cherché à le revoir. Ils s’étaient ensuite revus par pur hasard alors que la rentrée avait déjà commencée depuis plusieurs jours. Et depuis, elle ne l’avait plus revu depuis quelques semaines déjà. Elle avait été trop naïve sur ce coup là, sans compter que fréquenter les amis de Théo serait tomber bien bas. Tant pis, elle pourrait peut-être l’utiliser pour faire enrager son frère s’il revenait. Naïve sûrement, mais pas stupide. Elle était dure, impatiente, et ne supportait pas les gens de son genre, presque vantards s’ils ne l’étaient pas déjà.

- Tu es tellement belle, il n'y aurait rien d'étonnant à cela. Moi-même je te mentirai si en ce moment je t'avouerai ne rien ressentir de spécial en cet instant...

Etait-il si sincère qu’il ne le paraissait ? Et pouvait-elle vraiment le croire ? Il n’éprouvait peut-être que de l’amitié pour elle. Si c’était le cas, il l’aurait alors déjà repoussée. Elle sentait quelque chose de différent, un sentiment étrange et réciproque visiblement... Seulement, lui non plus ne bougeait pas, et du coup, elle hésitait à faire le moindre geste. Elle dégagea derrière son oreille les mèches brunes mouillées qui encombraient son propre visage. Elle attendit encore quelques secondes, après quoi elle ne pût s’en retenir. La tentation était trop forte, son visage trop près et ses yeux bleus terriblement beaux et troublants. Ils se connaissaient à peine, de vue peut-être, après avoir échangé quelques paroles. Elle se rapprocha encore de quelques centimètres, et l’embrassa, perplexe que tout aille aussi vite. Il allait peut-être la repousser, sortir et partir. Mais au moins, il ne pouvait pas lui reprocher de l’avoir trop fait attendre. Kiarah n’avait jamais agi de telle sorte, ou alors rarement.

" Même si l’envie de « m’amuser » m’aurait emportée, je ne fréquente pas n’importe qui, je crois que tu le sais, répondit-elle avec un léger sourire. Ton cousin et tout les gens qui l’approuvent sont des crétins, je ne suis pas stupide "

- Je n’ai jamais dit que tu étais stupide…

A peine eut-il le temps de terminer sa phrase, que Kiarah se rapprocha encore et lui déposa un baiser sur ses lèvres humides. Il la laissa faire, ne cherchant aucun prétexte pour la repousser, et apprécia l’instant. Il posa ses mains sur ses épaules et effleurait sa peau du bout de ses pouces. C’était contre sa nature, d’embrasser une inconnue, c’était très loin d’être dans ses principes. Ce n’était pas dans l’ordre des choses et certes pas dans les règles de l’art social. Les règles ! Elles pouvaient bien aller au diable cette fois ! Ses éternels principes n’étaient rien en ce délicieux moment. Evan n’aurait jamais reconnu Dougie, lui qui l’avait toujours cru prude et froid comme un glaçon. Dougie sourit intérieurement. Il se rappela de son premier baiser.

Il avait quatorze ans. Cela paraissait bien tard aux yeux de tous, pour un premier contact avec l’autre sexe, mais Dougie était connu pour son antipathie, et ce ne fut bien évidemment jamais son meilleur atout en matière de séduction. Il s’en fichait pas mal d’ailleurs, malgré la pression que tentait de lui mettre son cousin qui lui, au même âge, l’avait « déjà fait » et ne cessait de lui dire qu’ « un baiser ce n’était rien ». Non, ce n’était pas rien. Dougie n’échangeait pas sa salive avec n’importe qui, beurk ! Car oui, l’hygiène avait partout sa place dans la vie du jeune homme et c’était ainsi qu’il voyait les choses : il embrasserait une fille qui lui plairait vraiment, et qui mériterait un baiser de sa part. Ce fut le cas donc lors de vacances d’été, où il rencontra Elizabeth, d’un an son aîné, peintre et poète, qui vint un jour le prendre pour modèle alors qu’il lisait tranquillement assis contre un arbre, comme à son habitude. C’était une fille très indépendante, à l’esprit bohème, et Dougie ne regretta jamais de lui avoir offert le privilège de goûter à ses lèvres la première. Il était resté quelques temps avec cette personne, six mois peut-être, où lui aussi cette fois, l’ « avait fait », non pour se prouver quelque chose mais par affection. Non par amour, comme la plupart auraient peut-être pu le penser. L’amour était un sentiment encore inconnu au cœur de Douglas Kellen, et compte tenu des ravages qu’il pouvait faire dans le cœur de certain(e)s, il était loin de s’en plaindre. Aucun couple ne tenait la route, tous étaient voués à l’échec, à quoi se fier donc ? A qui, plutôt ? Il était inutile de prendre des risques bêtes en vue de pleurer par la suite. Surtout lorsqu’il s’agissait de pleurer pour quelqu’un. Lorsqu’il largua Elizabeth, elle pleura un peu mais ne lui en voulut guère. Lui comme elle savaient qu’elle oublierait très vite. Il eut d’autres aventures, mais rien de très marquant : quelques filles sublimes comme d’autres l’étaient plus à l’intérieur, bref, une petite brochette pourtant prometteuse dérobée par son cousin qui savait si bien s’y prendre, en bon manipulateur et grand charmeur qu’il était. Depuis ses quinze ans, rien, niet. Et c’était très bien ainsi.

Mais il avait fallu un beau jour qu’il croise le regard de Kiarah Garner pour que son cœur lui joue encore des tours... Il l’avait souvent croisée, après cette brève entrevue. C’était étonnant et très plaisant de se rendre compte qu’après avoir eut ce petit coup de foudre, cet étrange détail qui ne vous faisait voir plus que la personne en question, cette dernière était toujours la première dans votre champ de vision, que vous le vouliez ou non. Il la voyait souvent, ça en devenait presque soupçonneux, à croire qu’il se débrouillait toujours pour se trouver là ou elle-même se trouvait – en toute insouciance bien sûr. Et si c’était le contraire ? Après tout, lui était toujours assis quelque part en train de lire ou de jouer de la basse, dans le parc ou dans la salle commune des Serdaigle… Ce n’était très certainement que le hasard, et de toute manière, tout cela n’avait plus d’importance. Car maintenant, il était là, pris au dépourvu par une des rares filles de cette école envers laquelle il éprouvait de l’attirance et envers laquelle, surtout, il se sentait en droit d’éprouver de l’attirance. La brève période « June » lui avait suffit. Place à la période Kiarah. La magnifique Kiarah…

- Miss Garner, une jeune fille bien élevée comme vous ne fait pas ce genre de choses d’habitude... Que me vaut cet honneur ? Elle doit attendre, par exemple, que le jeune homme qui leur fait face les invite au cinéma, au café… au bal ? dit-il en passant une main dans son cou.

A la manière des autres membres de Pink Sky, Irina et June tout au moins – ne sachant pas quelles filles pouvaient bien accompagner Théo et Lorenzo -, il irait rejoindre Kiarah après le concert, une fois douché et changé. Ils danseraient un peu, boiraient quelques verres et passeraient du bon temps, pourquoi pas en compagnie de June et des autres… Il se surprit à cette pensée, vouloir passer du temps avec des gens, pleins de gens… Tout serait parfait, un nouveau Dougie, plus abordable, plus sociable – cela restait Dougie tout de même -, parce qu’il aurait Kiarah à son bras… C’était comme ça qu’il voyait les choses. Il ne doutait pas une seconde que la belle accepterait, mais tout pouvait encore arriver…

Kiarah se recula un peu lorsque le baiser se termina, pas beaucoup, seulement d’une dizaine de centimètres. Elle ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire, elle non plus, ce n’était pas dans ses habitudes, néanmoins, ça n’avait pas été désagréable, bien au contraire. Quel était cet étrange sentiment qui l’avait poussé à l’embrasser si rapidement ? Une certaine attirance, le jeune homme était très beau c’est vrai, mais il n’y avait pas que cela. Au fond, c’était peut-être son côté plus solitaire et mystérieux qui l’attirant tant, il ne se comportait pas comme son frère Tony, qui osait lui faire part de sa nouvelle conquête chaque mois. Et vas-y que j'en rajoute encore une sur mon supeeerbe trophée de chasse, regarde comme je suis si sûr de moi Kiarah ! C'était tout à fait le genre de comportement qu'elle détestait chez son frère. Il y aurait aussi beaucoup de choses à dire sur Théo, seulement depuis la fameuse Angie lui a brisé le cœur, le malheureux n'était plus trop dans son assiette. Evidemment, elle n'allait pas aller le plaindre, il avait tout-à-fait eut ce qu'il méritait. Mais en ce moment, elle se fichait pas mal de ses frères, de leur comportement et même de leur vie.

- Miss Garner, une jeune fille bien élevée comme vous ne fait pas ce genre de choses d’habitude... Que me vaut cet honneur ? Elle doit attendre, par exemple, que le jeune homme qui leur fait face les invite au cinéma, au café… au bal ?

Hum, il n'avait pas tord et l'idée s'avérait fort tentante. Néanmoins, nous n'étions qu'en septembre, et le bal n'aurait lieu que dans trois mois. En trois mois, un certain nombre de chose pouvait arriver. Et en sortant de cette salle de bain, que se passerait-il ? Devrait-elle garder leur rencontre discrète, jusqu'au fameux bal, ou se reverraient-ils entre-temps ? Oh certes, ils se recroiseraient dans les couloirs, comme ils s'étaient déjà maintes et maintes fois croisés, mais est-ce que tout ceci s'arrêterait là ? Elle n'allait pas poser la question, après tout, elle verrait bien comment le Serdaigle réagirait.

- Il est vrai que vous êtes bien chanceux aujourd'hui, monsieur Kellen. Ces propositions sont bien tentantes, certes, mais qui pourra me dire que je puisse avoir confiance en vous ? Ma compagnie se mérite, voyez-vous...

Rien dans sa réponse ne laissait prévoir qu'elle allait accepter, ou même refuser par ailleurs. Elle laissa la question en suspend quelques minutes et s'adossa contre le rebord de la salle de bain, un peu plus éloignée cette fois du jeune homme. Kiarah était déjà sortie avec un bon nombre de garçon, certains qu'elle avait plus appréciés, et d'autres où leur relation n'avait duré que quelques brefs instants. Hors, depuis l'année dernière, elle n'avait plus personne en vue, et ne s'en portait pas plus mal. Quant à ce fameux Douglas Kellen qui lui faisait face actuellement, elle avait déjà entendu parler de lui, on disait même qu'il allait monter sur scène lors du bal de Noël, accompagnant "Pink Sky". Théo aussi serait là, c'était étonnant de savoir qu'un pareil cas se débrouillait pas mal en piano, enfin bref. Aussi, elle l’avait croisé maintes fois, beaucoup même lorsqu’elle y réfléchissait bien. Le hasard leur jouait peut-être des tours, qui sait…

- Cependant, reprit-elle assez rapidement, un léger sourire en coin, j'accepte l'invitation.

La journée qu’elle avait passée avait été catastrophique. Ses vêtements avait été salis tantôt de jus d’orange, tantôt d’une belle encre de plume. Le comble était qu’elle n’avait même pas pensé à les nettoyer d’un coup de baguette magique, mais qui soit. Ensuite elle avait été prise d’un léger mal de tête, de ce fait, elle eût la bonne idée d’aller prendre un bon bain chaud et tomba sur un Douglas Kellen, qui avait malencontreusement laissé ce fichu robinet goutter. S’en suit ensuite la chute, la perte de la clé puis ses retrouvailles…On aurait pu pourtant dire que la journée allait bien finir, puisqu’en fin de compte, elle se retrouvait au côté d’un beau Serdaigle qui de plus, l’avait invitée au bal de Noël. Le jour ne s’était pas encore couché, on ne pouvait donc pas dire que cette journée était tout à fait terminée. Elle allait peut-être tomber sur quelqu’un qu’elle n’aurait pas envie de voir en rentrant dans son dortoir, elle se casserait peut-être le pied et devrait passer la nuit à l’infirmerie, personne ne pouvait le prévoir. Elle devait d’ailleurs aussi effectuer son habituelle petite ronde de soirée, en temps de préfète, elle ne pouvait négliger ses responsabilités… Et puis voir la malheureuse tête des plus jeunes lorsqu’elle leur donnait une heure de colle lui faisait toujours plaisir. Enfin, son mal de tête était passé, c’était déjà cela…

[Edit : Je m'étais pas rendue compte en écrivant que c'était si petit -_-"... Tant pis.]

Elle avait acceptée. Cette situation était déjà bien plaisante, et son grand final lui faisait chaud au cœur. Et pour la première fois depuis longtemps, Douglas Kellen ne put contenir un large sourire ravi, conscient de son état de faiblesse qu'il ne chercha pas à masquer sous un air arrogant et une attitude inconcernée. Aussi il se sentit presque renaître, à travers cette approbation, à travers cette belle jeune fille, à travers cet étrange sentiment amoureux naissant. Tout ceci ne dura qu'une fraction de seconde, c'était suffisamment long pour modifier les pessimistes et peu louables visions de l'amour que prônait une personne, surtout en ce qui concernait notre protagoniste.

« - Ta réponse me ravit. Hum, si tu veux bien m'excuser, je vais sortir de l'eau et aller me coucher maintenant. Il se fait tard, je ne tiens pas à arriver en retard demain matin.

Il se hâta de sortir de l’eau et se passa une serviette autour des hanches. Il en prit une autre pour se sécher les cheveux, puis se rhabilla. Désormais, il ne savait que faire d’autre sinon de rentrer au dortoir des Serdaigles. Sa journée s’était avérée longue, très longue – quelle heure pouvait-il bien être ? Vingt-deux heures ? Vingt-trois heures ? – et il avait dépassé le couvre-feu depuis belle lurette. Ne cherchant pas contrairement à la plupart de ses camarades à se donner un côté rebelle à la Taubenfeld ou McAyr en enfreignant la moindre petite règle du château, l’idée de rentrer au bercail se trouvait à présent la plus judicieuse. D’autant plus que la journée s’était terminée d’une façon totalement imprévue, et si Dougie se sentait le cœur léger, la surprise ne le quittait pas pour autant. Il fallait qu’il remette en question ce qui venait de se passer, vers quoi il venait de s’engager en embrassant Kiarah. Et pour ça, son oreiller lui semblait le compagnon idéal.
Il se tourna vers la baignoire qui de ce point de vue lui parut bien vaste et vide. Il n’était pas mal à l’aise, mais les choses s’étaient déroulées tellement vite, rien de son comportement de ce soir ne lui était habituel. Il ne voulait pas brûler d’autres étapes. Se brusquer lui comme Kiarah n’aboutirait à rien de bon, le désir ne devait en aucun cas être le seul à tirer les ficelles, il l’avait appris depuis longtemps. La tête légèrement baissée, il resta de profil un certain moment, le temps de mettre certaines idées en ordre et de sortir de la plus convenable et respectable des manières. Quelques mèches lui tombant sur l’œil, il observa les gouttes d’eau qui s’en déversaient tomber sur le carrelage puis releva les yeux sur Kiarah, immobile et indéchiffrable.

- Bon, je te laisse. J’étais content de cette soirée en ta compagnie.

Pitoyable. Il aurait pu faire mieux. Lui qui ne songeait qu’à la respecter et surtout à la revoir, ses paroles trahissaient une fausse identité. Celle d’un tombeur laissant son coup d’un soir planté là, après en avoir goûté un bout des plus exquis. Ne cherchant pas à empirer son état, aussi peu catastrophique était-il, il se dirigea vers la porte avec la vive conviction de sortir de cette salle de bain trop humide, trop chaude et trop idyllique. Il actionna la poignée avec fermeté mais la porte refusa de s’ouvrir. Idiot. Imbécile. Elle a la clé. Il se retourna, impassible, et revint sur ses pas, chacun d’eux le rapprochant de la Serpentard, qui tenait la clé en sa main gauche.

- Naturellement, c’est toujours plus commode avec la clé.

Il lui prit la clé de la main, et caressa le dos de ses doigts fins avant de lâcher prise. Un léger sourire en coin, il s’en alla vers la porte et l’ouvrit. Avant de sortir, il se détourna une dernière fois et rattrapa ses piteuses répliques comme il le put, en toute franchise, la voix apaisée et apaisante :

- Surveille le courrier demain matin. »

Enfin il sortit et frissonna au contact de l’air froid du couloir. Se dirigeant vers la salle commune, une chanson qu’Evan avait écrite pour June lui revint en tête : « This innocence il brilliant, I hope that it will stay. This moment is perfect, please don’t go away, I need you now. And I’ll hold on to it, don’t you let it pass you by. ». Belle chanson. Romantique à souhait. Celle qui fait fondre n’importe quel cœur obscurci par la haine et la rancune, blessé par la honte et la tristesse. Tout lui devint plus clair, sur le chemin du retour. Son intuition lui apporta de nombreuses réponses sans qu’il les ait cherchées. Cette chanson était magique. Sous peu, Evan reconquerrait June. Grâce – à cause ? – de cette chanson. Kiarah lui ouvrirait ses bras, et tous deux profiteraient de l’instant, suite à cette chanson. Cela faisait très cliché, mais la musique était une magie à part entière, que les formules et les baguettes magiques ne pouvaient contrôler, seul l’esprit et le cœur pouvaient s’en vanter.
Avant de se coucher, il prit un parchemin, et se mit à écrire le message destiné à Kiarah qui le recevrait le lendemain matin :

« J’aimerai beaucoup te revoir. Je ne sais pas si tu aimes la musique, mais j’aimerai te faire découvrir la mienne. Que dirais-tu d’une ballade dans le parc le week-end prochain ? Tu pourrais ainsi me parler de toi. Avide de connaissances, à côté de toi désormais les cours vont me plonger dans un ennui profond. Disons dimanche, quatorze heures.

Dougie. »

Il roula le parchemin, dans l’intention de le porter à Blanche, la chouette de June, le lendemain au réveil. Enfin paisible, il enleva son tee-shirt et son pantalon, puis se glissa sous ses draps. Mais l’excitation s’avérait plus tenace que la fatigue pourtant omniprésente, et le sommeil se fit attendre, tardif. Aussi quand il s’endormit, ses rêves ne relatèrent ni les évènements de la soirée ni un futur proche. Il entendait seulement June chanter, dans le néant d’un songe sans image : « Waking up I see that everything is ok, the first time in my life and now it’s so great. ».