Tokyo & Jimmy

Même pas une pointe de jalousie

Jimmy montait pas à pas les escaliers qui le menaient à la volière. Cela faisait quelques jours qu’il n’était pas aller voir sa chouette, et il savait pertinemment que l’animal allait lui en vouloir. Le jeune homme avait donc pris quelques précautions : sa poche de pantalon débordait de confiserie dont raffolait Ava. La capitaine de Quidditch s’en voulait largement de ne pas avoir le temps d’accorder de l’attention à sa chouette, mais il avait l’impression que tout lui tombait dessus d’un seul coup. Tout d’abord cette responsabilité de leader des rouges et ors sur le terrain était une source non négligeable de stress et d’attention. Il y avait aussi Amaryllis, avec qui il passait beaucoup de temps, et Pol, et ses cours. Il commençait doucement à se mettre au travail, disons que cela lui permettait de garder la tête sur les épaules, et ne parvenait pas tout coïncider. Alors oui, sa chouette en pâtissait légèrement. Mais, la dernière fois qu’il était allé la voir, les images de cette nuit terrible lui revenait en tête. Cette image de sa chouette pendante encore vivante sur des crochets de boucher. Il s’était dit un instant qu’il serait peut-être plus sage de renvoyer Ava chez son grand-père, a quelques battements d’ailes du château. Il avait même pensé à l’envoyer chez sa grand-mère maternelle en Ecosse, mais lorsqu’il avait tenté d’expliquer ça à l’animal, ce dernier s’était tout simplement exprimé dans une cacophonie de cries désagréable. Le jeune homme avait compris : Ava voulait rester, alors elle restait.

Le jeune homme, une main dans la poche, coincée au milieu des friandises – spéciales chouettes reloues – poussa la lourde porte de la volière. Un concert de battements d’ailes et de petits cris perçant l’accueillit. Et un petit sourire satisfait se posa sur ces lèvres : qu’il aimait cet endroit ! Il y régnait un bazar monstre en ce début de soirée, mais il n’avait qu’à plonger son regard dans celui des oiseaux, et il en oubliait presque tous ses soucis. Prêt à se rattraper auprès de sa compagne aux plumes blanches, Jimmy cherchait Ava du regard. La chouette effraie que lui avait offert son grand-père n’était pas très grande, mais elle avait un caractère et un cri si particulier, qu’il était très difficile de passer à côté. Mais, au lieu de tomber nez à nez avec sa chouette, Jimmy se retrouva en face d’une crinière blonde. Il ne voyait pas a qui cette chevelure appartenait, mais avait très bien reconnu les plumes blanches sur lesquelles sa main se promenait. Est-ce que Jimmy avait quelque chose dans l’œil ? Une poussière ? Non, c’était bien là Ava, qui se faisait cajoler par un autre étudiant que lui. Lui faisait-elle des infidélités ? Loin d’être jaloux ou offensé, Jimmy trouvait la situation amusante. Ava n’était pas réputé pour être très câline, avec lui ou avec les autres. La créature était plutôt du genre indépendante et fière et ne permettait pas à tout le monde de la caresser.

Le capitaine de Quidditch toussa légèrement pour faire part de sa présence au jeune homme et à la chouette. « Désolé d’interrompre ce petit moment d’affection. » commença-t-il, avec un petit sourire. « Je suis venue voir si ma chouette allait bien, mais visiblement, tout est ordre. » continua-t-il, avant de poser son regard sur l’animal, qui l’observait avec de grands yeux coupables, comme prise sur le fait. Jimmy tendit sa main vers le jeune homme blond et se présenta, il l’avait bien aperçu au détour d’un couloir, mais ne lui avait jamais vraiment parlé. « Enchanté ! Jimmy ! Et elle, c’est Ava, ma chouette. Je t’avoue que je suis assez surpris, elle ne se laisse pas caresser par n'importe qui ! » plaisanta-t-il, sans se douter un instant que, peut être, l’inconnu n’avait pas envie de discuter. Tant pis, le Lion était bien content d’avoir trouvé quelqu’un d’apparence sympathique, et qui semblait digne de confiance – il se fiait à Ava pour ça. Et puis, parce qu’il avait bien envie lui aussi de caresser son oiseau. Il s’avança de quelques pas et plongea une main douce dans le plumage de la chouette, avant de lui murmurer : « J’ai apporté des choses à manger. » Et à ce mot, l’oiseau laissa échapper un petit cri strident et se mis à chercher du bec ou pouvait bien se cacher le garde-manger de son maître.