Elle renvoie une sorte d’élégance, une certaine sophistication. Elle aurait pu être reine de quelque pays scandinaves ou professeur d’art moderne à Harvard. Aussi, dégage-t-elle une grandeur innée, indépendante du geste et de la démarche, et qui est comme une suite de sa haute naissance, un mérite paisible mais solide. Et peut-être est-ce précisément parce que la nature l’a dotée d’une telle majesté que son caractère s’en est retrouvé à demander la même grâce que les gens prêtent à son physique. Orgueilleuse, tout lui semble dû et le monde n’a rien à lui prendre, mais que des choses à offrir.

Elle reçut une instruction aussi raffinée que celle d’une princesse, mais n’eut en revanche aucune éducation sentimentale, ayant été élevée par un homme particulièrement féru de discipline. Elle sait donc mieux régner sur une armée qu’apprécier un Byron. Mais elle prend grand soin à maquiller cette lacune derrière une culture irréprochable.

Tout aurait pu être pour le mieux si seulement tous ses efforts n’étaient pas dirigés à n’observer que ce qui se rapporte directement à ses intérêts. C’est un narcisse exemplaire, qui porte peu de considération pour ce qui ne lui apporte aucun avantage. En revanche, elle saura vous choyer si vous êtes un moyen d’accéder à son but. Et son but c’est un haut statut social car elle est un diamant qui ne peut briller que s’il y a de la lumière. Toutefois, c’est une manipulatrice de haute voltige et en la découvrant, elle vous plaira assurément. Vivienne à l’avantage d’un visage qui ne reflète pas son caractère. Elle sait se faire douce, chaleureuse, sourire joliment, poliment ; sa stature agrémente son allure d’une intelligence aigüe. Vous penserez que vous avez affaire à une belle femme au charme fou qui s’ignore, intelligente et agréable, qui a bon goût et de bonnes manières. Personne ne s’imagine jamais, à moins de la connaître personnellement et un peu en profondeur, qu’elle renferme un cœur insensible et incorruptible par les émotions. Bien sûr, l’on se doute en la voyant qu’il ne s’agit pas d’une femme vulnérable et docile, ou influençable, mais il n’est pas aisé de deviner en elle la créature venimeuse qu’elle se trouve véritablement être. Sans pitié ni considération, sans vergogne ni once de compassion.

Son premier amant fut le père de son unique fils. Bien évidemment, il était de sang-pur en riche, mais marié. Son ambition et indépendance étaient en mesure de supporter une telle position, mais le soupirant se désintéressa bien vite de son bâtard et quitta la mère, sous la pression de sa femme.

Bien que globalement décevante, cette aventure lui offrit un fils à mouler à son image et la position élégante de femme du monde, dans un univers où être l’amante d’un noble était un symbole de succès. Aussi enchaîna-t-elle les aventures ; célébrités, nobles, aristocrates, sorciers, moldus, peu lui importait, tant qu’ils lui procuraient du pouvoir. Ne croyez pas en revanche qu’elle dépend de la gente masculine, que sa vie ne serait plus rien sans eux. Au contraire, elle s’en nourrit, elle aime les manipuler et la sensation de satisfaction que cela lui procure. Elle est une dévoreuse avant tout, bien qu’il faille l’avouer, elle aime à se faire désirer.

Aujourd’hui, après une vie de conquêtes en tout genre, physiques comme spirituelles, elle est une femme accomplie, au sommet de sa gloire et du pouvoir que lui confère son rang de la femme la plus fleurie du Royaume-Uni.

AVATAR : CATE BLANCHETT

OCTAVE HOLBREY
Bibliothécaire – Non scolarisé.
Personnage joué

FILS. Son fils, parce qu’il est une part d’elle, lui est aussi précieux que sa pupille, bien qu’il lui ait causé bon nombre de déceptions. Elle l’a élevé à son image, quitte à le faire souffrir, et son amour maternel n’était qu’une énième forme d’égoïsme. Elle le traitait comme on traite un diamant : le soumettant à la contrainte pour le rendre plus brillant et le clivant pour en supprimer tous les défauts. Mais c’est son diamant, et elle exhibe son fils comme une pierre précieuse que l’on ne doit admirer qu’avec les yeux. Elle l’aime pour ce en quoi il lui ressemble si bien et le hait pour ce en quoi il ne lui ressemble absolument pas.

Elle a pleinement conscience de la relation qui les unit. Un rapport toxique et pervers qu’elle entretient consciencieusement. C’est son fils, il lui appartient, quoi qu’il fasse, où qu’il aille. Il aura beau s’éloigner, couper les ponts, elle sait qu’il reviendra, qu’il lui suffit de faire un geste de réconciliation pour qu’il s’y abandonne naïvement. Elle exerce sur lui une influence malsaine qu’elle aura cultivée depuis la plus tendre enfance de son fils. Octave l’aura follement aimé, admiré avec passion comme l’on adore une idole, et non sa propre mère. Le jour où il aura ouvert les yeux sur cette putréfaction, le lien qui les unissait était si fort qu’il ne parvint pas à se transformer en haine. Colère, oui, frustration, oui, mais haine, jamais. Elle est celle qui le connait le mieux et depuis le plus longtemps, et l’inverse se vaut, raison pour laquelle probablement jamais, malgré les peines et les frustrations, qu’aucun ne sera capable de mettre une crois définitive sur l’autre.