[Fin Novembre] Cage [Scénario]

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Frôlant les vagues, jouant avec les courants, toujours plus loin, plus vite vers le soleil à l'horizon. La chaleur du couchant joue sur ses plumes alors que les poissons font des ombres sous la mer, attirant le regard perçant de l'oiseau. L'air chaud s'engouffre sous les ailes et il remonte dans le ciel. Trois plumes qui se tordent et il vire. Trois plumes qui se baissent, et il descend. Des ailes qui se ferment et c'est la chute, serres en avant. L'impact est inexorable et à cette vitesse, la mer devient dure comme de la pierre. La chute semble se prolonger indéfiniment tandis que le cœur de l'oiseau bat à s'éclater dans la poitrine. On a comme l'impression que la mer recule pour mieux frapper.

***

On dit qu'un rêve qui se répète avec insistance est souvent prémonitoire. A chaque fois, l'image se brouillait au moment de l'impact et le rêve recommençait à zéro. Dans une demi conscience qu'il prenait pour du sommeil, Cadfael se demandait ce que cela voulait dire. La douleur qu'il ressentait était-elle pure imagination ou réelle ? Cette chute serait-elle ou avait-elle déjà été ? Et cette douleur dans le bras qui lui rappelait vaguement une autre dans un passé pas si lointain, que voulait-elle dire ?

Avec un grognement endormit, le mangemort essaya de se retourner pour échapper à un rayon de soleil qui prenait un malin plaisir à traverser ses paupières. Mais ses ailes étaient attachées au ciel. Pas moyen de retrouver la terre ferme. Toujours à demi conscient, il tira sur ses liens, sans résultats. Ce fut cette observation qui le renvoya dans le monde réel. Maintenant qu'il savait que ses mains étaient attachées, il ne sentait plus que ça. Les liens qui mordaient légèrement sa chair lorsqu'il ne se tenait pas bien, les même au niveau des chevilles, son masque lourd et inconfortable sur son visage et la douleur qui allait de la nuque, le long de la colonne vertébrale jusqu'en bas des omoplates. Une douleur vieille, sourde, pas du tout handicapante mais qui n'aidait en rien sa migraine naissante. Il était prisonnier.

Cette constatation enfin faite, l'écossais fit le point sur sa situation. Il était allongé sur du tissu qui sentait le moisit et qui était bien confortable. Sûrement un lit dans une vieille chambre quelque part. L'aspect décrépit du plafond renforçait cette impression de vieillesse. Peut-être était-il même encore dans le manoir qu'il devait surveiller. Son masque avait tenu, il était donc toujours anonyme mais il était impossible de savoir combien de temps c'était écoulé. Quelques minutes, des heures, des jours ? Que c'était-il passé au juste ? Il se souvenait de sa mission, de son combat mais après sa transformation, plus rien ne lui revenait. Rien que ce rêve étrange au dessus des flots. Et en plus il avait faim.

Il essaya de lever la tête vers un quelconque gardien (il supposait qu'il y en avait un, on ne laisse pas un animagus attaché sans surveillance c'est trop facile) mais il manquait de souplesse. Alors, prenant son accent le plus Irlandais, modifiant légèrement sa voix, il appela.

"Ohé de la bicoque ! Y a quelqu'un ? Parce que sinon je m'en vais… "

Pure gasconade évidement mais l'on était pas gryffondor pour des prunes et si ça pouvait les faire venir pourquoi pas. Parce qu'avant de s'en aller, il fallait qu'il pene à récupérer sa baguette. Sans parler qu'il espérait bien en profiter pour recueillir le plus d'informations possible. Pas question de se mettre le Seigneur à dos sur ce coup là. Il était à l'intérieur du camps ennemi, il fallait en profiter.

Invité

A se regarder dans la glace, Alastor Maugrey estimait avoir mené une vie bien remplie. Faite de poursuites et d’action. De violence et de ruse. De victoires et d’échecs. En passant ses mains noueuses sur son visage, il pouvait palper ses cicatrices et se remémorer la cause de chacune d’elle. L’Endoloris raté de Rookwood, les Découpes Eternelles d’un groupe terroriste, le Mutilation nasale de Rosier. Toute blessure avait une histoire. La consulter, de temps à autre, permettait de se remémorer que nul n’était immortel. Qu’un moment d’inattention ou une lueur de pitié pouvait coûter bien plus que la vie. Le métier d’Auror était peut-être haletant et passionnant mais laissait de profondes séquelles. Etaient-elles à regretter pour autant ? Fol Œil n’aurait su le dire. Le tout était de tirer leçon de nos erreurs passées. De continuer d’avancer, sans un regard en arrière, pour persévérer, encore et encore. Devenir une icône de terreur dans le camps ennemi. Combien de fois n’avait-on pas soupçonné Alastor d’être immortel ? Cette façon de se relever après chaque coup entretenait la légende, créait le mythe. Et Diable ! Vivre indéfiniment ne lui aurait pas déplu. Le tout était de mériter cette longévité. Puis, il y avait l’œil. Rond et décentré. Une arme plus qu’un artefact. Capable de traverser les artifices de la chair. Les toiles du mensonge. Une double utilité, par-dessus le marché : non content d’Apercevoir, il causait la Terreur chez l’ennemi. Belle acquisition que voilà.

Un sourire sauvage vint déformer le visage graveleux de l’Ex-Auror. Le passé semblait resurgir. Au-delà des souvenirs et de la nostalgie, par-delà les cicatrices. Cette fois, c’était du concret. Trois jours plus tôt, Minerva McGonagall avait apporté, en lambeaux, la dépouille d’un Mangemort. Encore vivant mais en état de pure faiblesse. Tandis que le professeur de Métamorphose avait trouvé repos et confort à Poudlard, l’Ennemi inanimé avait dû récupérer dans une chambre du Square Grimmaurd. Dumbledore lui-même s’était déplacé pour assurer un maximum de sécurité autour de la pièce. Aucune possibilité d’échappatoire. Et impossible de se localiser correctement, une fois à l’intérieur. Il s’agissait de conserver le sortilège de Fidelitas pleinement actif. Avec beaucoup de mauvaise humeur, Molly Weasley avait accepté de nourrir le prisonnier. Le mauvais cœur accordé à la tâche s’exprimait dans la soupe. Epaisse et grumeleuse. Presque immangeable. De quoi faire parler avant l’heure.

De longues réunions furent tenues au sujet du Captif. Il était hors de question de le tuer ; ce n’était tout simplement pas dans les mœurs de l’Ordre. L’envoyer à Azkaban s’accrochait à l’inutilité. Le Seigneur des Ténèbres contrôlait le bagne, à présent, et aurait vite fait de récupérer son serviteur. Sirius avait bien proposé de l’enfermer avec Kreattur, histoire de le rendre fou, mais l’idée fut vite abandonnée. Il fut donc décider de le conserver en grand secret, hors de toute activité, et de le questionner sévèrement. Rogue avait promis sa meilleure fiole de Veritaserum. Il s’agissait d’attendre. En attendant, Maugrey avait conclu avec Remus un pacte : certaines informations ne pouvaient attendre.

Ainsi, un vendredi matin, aux première lueurs du jour, les deux compères escaladèrent les marches craquantes menant à la cellule. Le pas claudiquant d’Alastor devait probablement l’annoncer de manière évidente, mais peu importait. Il avait déjà sorti sa baguette, vigilant, comme toujours, aux moindres coups fourrés. Tonks somnolait contre la porte, le menton posé de travers sur la poitrine. Un grognement sonore l’éveilla, la força à établir son rapport. Non, le prisonnier n’avait pas remué d’un pouce et non, il n’avait pas tenté de l’assassiner alors qu’elle s’était lâchement endormie. Hurmph. Rompez.

Un coup d’œil occulte au travers du panneau indiqua que le prisonnier identifiait les lieux – une fois de plus, et tirait sur les liens. Puis, contre toute attente, il hurla :

- Ohé de la bicoque ! Y a quelqu'un ? Parce que sinon je m'en vais…

Pathétique. S’il avait déjà sombré dans la folie, alors il n’était d’aucune utilité et occupait une chambre pour rien. Faisant signe à Remus d’aiguiser ses sens, l’Ex-Auror ouvrit la porte d’un coup de baguette, et investit la pièce comme un fauve.

- Ne bouge pas, mon bonhomme ! Si tu tiens à l’existence que l’on t’a laissée, tu as plutôt intérêt à rester immobile.

Sur quoi il fit claquer la porte derrière lui. L’heure n’était plus aux bonnes manières.

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Le traquenard du manoir des Gaunts restait en travers de la gorge de Remus. Pour commencer, le piège était trop gros et ils y sont allés en toute hâte. Rien que ça l'exaspérait. Mais quand il faut décider vite et bien, Alastor ne connait qu'une solution, foncer et compter ensuite les blessés. Heureusement, seule Meredith semblait avoir légèrement souffert de cette histoire, si on occulte l'inefficacité flamboyante du jeune Podmore. Continuons dans les choses qui fâchent, Lupin se sent un peu coupable pour la pauvre Ward. Même si Sirius n'a de cesse de lui dire qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment, il l'a quand même propulsée vers une mort certaine et finalement assurée. Certes, c'était lui où elle, mais quand même. Et pour finir, la mise en danger d'un membre de l'Ordre par Lestrange n'apportait rien de bénéfique à l'affaire. Toujours cette rengaine qui n'a de cesse d'augmenter depuis la sortie de Poudlard. Le Lycanthrope a beau être du genre calme, Bellatrix a toujours eu le don de le rendre nerveux, stressé, mais de l'intérieur. Il n'a jamais rien fait ressortir, mais il garde au plus profond de lui cette haine noire de ce personnage et de ce qui l'entoure. De ce fait, Rodulphus, le pauvre mari délaissé, entrait automatiquement dans la même catégorie. Ajoutons à cela les antécédents familiaux avec Sirius et constatons qu'une seule issue est possible: la haine réciproque. Car Lupin n'est pas non plus dupe et sait pertinemment que Bella n'attends qu'une chose, c'est de le tuer sans ménagement.

Une fois rentré de ce périple, Albus et Alastor attrapèrent Remus au 12 square Grimmaurd. Un mangemort capturé par Minerva. Lupin n'en croyait pas ses oreilles ! Non pas qu'il mette en doute les capacités de McGonagall, loin de là, mais par Merlin, que va faire le Lord ? Et surtout arriverons-nous à en tirer quelque chose de concret ? Rien n'est plus sûr. L'ancien professeur reste sceptique au sujet de la personne emprisonnée. Peu probable qu'il parle, même sous la torture. Il reste persuadé que Voldemort les maltraite suffisamment pour qu'ils deviennent insensibles à ce genre de choses. Alors que faire ? Rogue se proposa pour du veritaserum. Pourquoi pas. Cependant cela ne sera utile que si on a capturé un membre important. En effet, un chef de rébellion et surtout le Lord, ne perdrait pas de temps à parler aux sbires. Et dans le même temps, un membre important ne serait pas assez idiot pour se faire attraper. Cela dit, Maugrey veut à tout pris des informations et le temps ne joue plus avec nous. Finalement, Lupin cède et laisse l'Ordre agir.

Il se place dans un coin de la pièce et attends le dénouement. La silhouette de la personne lui rappela vaguement quelqu'un, mais rien de bien précis. Un masque cachant le visage, Remus ne pouvait faire grand chose. Il attendit donc les paroles pour laisser aller son intuition.

- Ohé de la bicoque ! Y a quelqu'un ? Parce que sinon je m'en vais…

Le regard de Maugrey croisa celui du lycanthrope. Un haussement d'épaules du dernier fût significatif. Peu probable d'avoir attrapé une perle, si ce n'est celle de l'incompétence. Bref, seule une chose retint son esprit, le timbre de voix. Que ce soit avec la silhouette ou le timbre de voix, Lupin ressentait comme quelque chose de familier, comme s'il connaissait la personne en question. Certes il connaissait presque la totalité des mangemorts, mais là c'est différent. Il est obligé de puiser dans un autre registre pour faire fonctionner sa mémoire. Et le dit personnage n'a pas suffisamment parlé pour mettre Remus dans la bonne voix. L'index gauche sur la bouche, il fit signe à Alastor d'essayer de le faire parler, mais l'inconnu et pas Maugrey. Avec le mince espoir qu'il n'arrive à mettre un nom sur le corps en question.

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Tss, bande d'incapables. Au lieu d'attendre, voila qu'ils envoient cette nouille de Podmore en mission. On le savait d'avance que c'était pas une bonne idée, mais non, il fallait qu'on teste. C'est bien un esprit Gryffondor ça ! Et au final, on se trouve avec quoi ? Rien ! Si ce n'est la satisfaction d'avoir défié le Lord. A ce sujet, Snape était un tantinet inquiet. Cela ne jouait pas en sa faveur.... Comment allait réagir le Lord ? Et surtout allait-il le convoquer ? Voila ce qu'il arrive lorsqu'on mise sur le mauvais cheval ! Le professeur de potions restait inexorablement énervé par la situation. Et cela ne s'arrangea guère lorsque Dumbledore l'avertit de la prise d'un prisonnier. Pourtant, Sévérus était enjoué à l'idée de faire agir ses talents d'occlumencie ou bien de maitre dans l'art des potions. L'air particulièrement jovial, il entreprit un court voyage vers le repère de l'Ordre. Mais à peine arrivé, les événements le rattrapèrent. En effet, le pauvre imbécile capturé ne le serait plus pour longtemps. A peine libéré, il sera exécuté froidement et sans remords. C'est donc maintenant où jamais qu'il fallait se mettre au boulot. Et imaginons un instant que la larve couchée dans la pièce aie le temps de dire quoi que ce soit, cela pourrait éveiller des doutes au sujet de sa couverture auprès du Lord !

Rogue n'aimait pas du tout ça. Cela le mettait dans une mauvaise posture. Il n'espérait qu'une chose, c'est que le mangemort soit assez nigaud pour se donner la mort où implorer clémence avant de décéder au lieu de balancer. Avec une certaine appréhension, il entendit le mangemort parler. Un frisson parcourut son échine. Parmi mille, il reconnaissait cette voix. Voix insipide et flasque.... Celle de Stark ! Comment cet imbécile avait-il pu se retrouver capturé ? Et surtout quelles conséquences cela pouvait bien avoir ? Déjà, Snape se jeta dans la pièce, furax et attrapa Maugrey. Ils détenaient la bras gauche de Voldemort et pour le bien de tous, il ne devait pas parler. D'une part pour ne pas mourir, d'autre part pour ne pas faire tomber Snape avec lui ! Ils ne devaient pas se servir du véritaserum ! Mais comment le leur expliquer ? Rapidement une seule chose lui vint en tête: Ombrage lui a tout pris pour faire parler ses élèves, il n'en aura pas avant un léger moment. Voila c'était dit ! Au moins ça de fait. En contrepartie, il proposa de faire un Legilimens. De sa voix perfide, il commença son interrogatoire.

- Pauvre larve. Même pas capable de faire honneur à son maître ! Est-ce que tu es au moins conscient de ce qui t'arrivera lorsqu'il te reverra ?

Severus regarda Stark avec mépris. A cet instant il aurait voulu le frapper, le faire parler, s'amuser. Mais il en était hors de question. Pour la première fois, il lui fallait être clément pour s'en sortir. Sans Stark, plus de Snape ! Et sans Snape, plus d'informations pour Dumbledore. Bref, la chaine peut encore s'agrandir de façon interminable. Alors que faire ? S'il ne le fait pas parler, Maugrey aura des soupçons.... Prenant sa baguette, il commença un interrogatoire musclé. Après tout, autant se défouler. D'une part, Fol'Oeil sera jouasse, mais en plus ça soulagera un peu la colère du Serpentard. Puis en bon mangemort, Cadfael est habitué à la douleur. C'est donc avec un malin plaisir que Snape lui lança un Sectumsempra. Avançant avec la noirceur sur le visage et ce léger sourire en coin, il attrapa le le visage du libraire et le regarda droit dans les yeux.

- Maintenant on va commencer les choses sérieuses veux-tu ? Commençons gentiment: Que faisiez-vous chez les Gaunts ? Et quel en était le réel but ?

Il fixa son homologue un instant, avec le plus grand des mépris. Stark devait savoir qu'il était dans leurs intérêts respectifs de collaborer, malgré leurs différents.

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Première constatation, l'ennemi était nerveux. C'est vrai quoi, il n'y avait pas besoin d'exploser cette pauvre porte et de se pointer à trois pour une simple petite pique de protestation. En tout cas, l'on ne pouvait pas dire qu'ils n'étaient pas attentifs. Depuis combien de temps écoutaient-ils à la porte ? A moins qu'il n'y ai quelque part dans la pièce une sorte de sortilège pour les avertir des mouvements ? Ignorant la menace de Maugrey, Cadfael ferma les yeux et tenta de se concentrer sur la magie des lieux. Difficile. Il y avait des sortilèges partout ici, sans parler de la présence de quatre sorciers qui brouillait tout et...

Merlin, cette migraine, c'était pas possible. Comment espérer se concentrer dans un cas pareil ! Le mangemort rouvrit les yeux et les posa tour à tour sur les trois membres de l'ordre. Le masque réduisait son champs de vision mais il réussi toutefois à les identifier. Et il était dans la merde.

Pour commencer, Fol Oeil le tenait en joue, son oeil magique tournant dans tous les sens et les nerfs tendus. C'était lui qui était entré en premier et ce serait probablement lui qui le tuerait. En tout cas il semblait en avoir fermement l'intention. Puis il y avait Lupin, adossé contre un mur dans un coin. Si la présence de Fol Oeil était un danger pour sa santé, celle du lycan l'était également... pour sa couverture cette fois. Les deux hommes avaient discutés une ou deux fois et s'il avait peu de signes distinctifs, il était tout de même possible de reconnaître sa voix. Il allait donc continuer à modifier au mieux celle-ci et à contrefaire son accent.
Enfin, la dernière personne présente était à la foi une source d'inquiétude et de soulagement. Severus rogue était un mangemort qui avait la confiance du Lord. Ou ce qui s'en rapprochait le plus. Comme lui, c'était un espion et s'ils ne s'appréciait guère (en même temps quel gryffondor digne de ce nom appréciait Severus hein), leurs destins étaient liés. Ils allaient donc être obligés de coopérer... la barbe.

Malgré (ou à cause, allez savoir) l'ultimatum de Fol Œil, Cadfael ne se sentait pas vraiment d'humeur à rester allongé sur le dos pendant que trois ennemis debout lui parlaient. Aussi, grogna-t-il un petit peu avant de passer, doucement se sans gestes brusques, a la position assise. Son dos le tirait un peu et il n'avait pas encore réussi à réunir ses mains devant lui mais au moins pouvait-il les regarder "en face". C'est alors que Severus commença son interrogatoire avec la froideur et la lâcheté qui le caractérisaient.

- Pauvre larve. Même pas capable de faire honneur à son maître ! Est-ce que tu es au moins conscient de ce qui t'arrivera lorsqu'il te reverra ?

En fait non, il n'en était pas vraiment conscient. Tout dépendait de ce qu'il allait pouvoir tirer de cette confrontation. Certes, il était probable que le Lord soit furieux mais s'il contre-balançait son échec avec de nouvelles informations alors cela ne serait probablement pas aussi terrible que ça. Parce que bon, finalement, il ne s'était jamais vanté de ses compétences au combat…
Enfin c'était bien du serpentard ça. On se montrait inutilement méprisant et injurieux lorsque l'ennemi était hors d'état de nuire mais on oubliait bien vite les petites querelles au besoin n'est ce pas Severus? Soyons franc que voulait-il qu'il réponde à cette introduction ? J'ai faim ? Et toi ? Bah, il aurait tout le temps de faire l'insolent plus tard et…

Un éclair le frappa en plein sur l'épaule, l'entaillant de façon superficielle certes mais assez profonde pour que le sang coule et que la douleur de son dos se rappelle à lui. Quelque chose entre le grognement de douleur et un cri de protestation sortit de la bouche du mangemort. Mais ça ne va pas la tête de le passer à tabac comme ça avant même qu'il ai refusé de répondre ? C'était ÇA l'ordre ? Merlin ! Même les Lestranges se conduisaient mieux avec leurs invités…

- Maintenant on va commencer les choses sérieuses veux-tu ? Commençons gentiment: Que faisiez-vous chez les Gaunts ? Et quel en était le réel but ?

Il haussa les épaules et réfléchit à la question qui lui était posée. Drôle d'idée cette question. Surtout qu'il n'était pas chez les Gaunts lui, il était dans un truc qui s'appelait Jedusort et en plus le Lord n'avait pas prit la peine de lui donner des explications.

- J'ai faim.

Ce qui n'était après tout que la stricte vérité. Il avait mal aussi mais il supposait que Rogue s'en doutait vu sa propension à lui lancer des sorts de magie noire en pleine poire.

- Il est interdit de se promener maintenant ?

Rogue allait-il mordre à l'hameçon ? Parce qu'il ne fallait pas s'y tromper. Malgré son terrible accent irlandais et la légère provocation de ses propos, l'espion avait un plan. Pas encore assez solide pour sortir mais qui pouvait au moins lui apporter quelques informations. Par exemple sur "comment" ils avaient fait pour connaître les plans du Lord.

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De son pas claudiquant, Maugrey effectuait des cercles de prédateur. Il tournait, inlassablement, autour du Mangemort captif, comme pour chercher une faille quelconque dans son corps, dans sa posture, dans le timbre de sa voix. Son œil magique fixait chaque centimètre carré de sa peau avec une intensité presque malsaine. Mais rien de concret ne parvenait à se dégager. Rien de valable. Une déception. Et un coup d’œil (de celui encore rattaché à la normalité) échangé avec Remus n’apporta rien d’encourageant. Inconnu au bataillon. Réunis, pourtant, Alastor et Lupin auraient dû pouvoir identifier cet être indésirable. Ils connaissaient la presque totalité de Mangemorts. Travers, Yaxley, Lestrange, Nott, Avery, Dolohov, Crabbe, Goyle… C’était à croire que celui-là était une perle cachée, dissimulée dans l’ombre depuis toujours, sous la terrifiante coupole de son maître. Un espion, peut-être. Un lâche, sans doute. Des informations, il en détenait sûrement, Minerva avait fait du bon boulot en lui mettant le grappin dessus. Restait à trouver un moyen pour les lui extirper. Et pour ce faire, il n’y avait personne de mieux qualifié que…

Severus Rogue se glissa dans la pièce avec l’élégance d’une chauve-souris. Les lambeaux noirs de sa robe le fondaient à l’obscurité de la pièce, faisant flotter son visage blafard. Fol Oeil accueillit ce nouvel arrivant d’un grognement. Legilimens qualifié, du Veritaserum plein les poches ; l’affaire était presque conclue. Et, encore une fois, le Maître des Potions donna l’impression d’avoir déchiffré les pensées de l’ex-Auror. De son ton narquois et sans émotion, il annonça que ses réserves de Veritaserum étaient épuisées, que Dolores Ombrage avait vampirisé l’entièreté de son stock pour se livrer à quelques interrogatoires douteux. La rage et la déception éclatèrent comme un abcès. Découvrant les dents, Alastor redoubla son allure, tournoyant comme un fauve autour du prisonnier. Finalement, la raison embaumant ses sens, il se calma après avoir distribué un coup de bâton dans les tibias du captif. Captif qui s’était assis, maintenant, et massait le point de heurt. Prenant peut-être cette marque d’exaspération comme une invitation à la torture, Rogue leva sa baguette. En jaillit un éclair blanc et propre, aux contours déchiquetés, qui tranchèrent la peau et firent couler le sang. Un bien beau sortilège en soi, que Maugrey n’avait jamais vu appliqué.

- Eh bien, Severus, on dirait que votre ancien séjour chez les Mangemorts a profité votre arsenal.

Les Mages Noirs ne changeaient donc jamais. Lucius Malefoy, lui-même, n’avait jamais renoncé aux anciennes pratiques, c’était un fait. Il subsistait qu’avec une victime tailladée, le petit jeu des questions/réponses risquait de se voir entravé. Ainsi donc :

- Au Diable vos caprices, Severus, faites-le passer aux aveux.

Et, bien que méprisant de tout son être, le professeur de Potions accrocha son regard à celui du Mangemort, sondant les méandres de ses pensées tandis qu’il articulait clairement :

- Commençons gentiment: Que faisiez-vous chez les Gaunts ? Et quel en était le réel but ?

Un long silence marqua cette question. Lupin remua dans la nuit, mal à l’aise. Maugrey s’impatientait. Et pour cause, la réponse fut lamentablement inutile :

- J’ai faim.

C’en était trop ! De la baguette d’Alastor fusa une gerbe d’étincelles dorées, symbole de sa fureur d’un autre âge. Il chargea le prisonnier, le saisi fermement par le menton et lui souffla dans le visage :

- Ecoute-moi bien, mon bonhomme. Quoi que tu fasses, nous ferons tomber tes défenses. T’as plutôt intérêt à coopérer gentiment. De toute manière, avant la fin de la journée, tu pleureras, recroquevillé au sol, en avouant jusqu’à tes chagrins d’amour.

Une menace bien réelle, loin, très loin d’être prononcée dans le vide. N’importe quel individu en serait sorti tétanisé et serait immédiatement passé aux aveux. Mais, par un hasard malheureux, ils étaient tombés sur un coriace.

- Il est interdit de se promener maintenant ?

Les traits charcutés de l’ex-Auror ne tressautèrent pas, cette fois. Il se contenta de reculer aux côtés de Remus. Severus avait carte blanche.

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Toujours cette insolence. Pourquoi faut-il toujours que ces vermines se distinguent par cette fierté mal placée qui les pousse à des comportements absurdes même au moment de mourir ? Telle est la complexité du cerveau humain de ce satané Stark, toujours conditionné à la dérision pour énerver son vis-à-vis. Ce qu'il ne semblait pas saisir, c'est qu'autant Snape ne voudrait pas se compromettre, autant Maugrey n'hésiterait pas une seconde à le martyriser au plus profond de son âme... Le martyriser d'une telle manière que le soleil pourra luire à travers son corps. Remarquez, il pourra en tirer quelques avantages, mais là n'est pas la question. Severus a maintenant carte blanche et Lupin lui fit un signe de la tête. Certes, mais comment faire pour arriver subtilement à lui faire cracher le morceau ? De plus, il sentait bien que le public s'impatientait et voulait maintenant des résultats probants. Résolu, il se lança, espérant que ce coup-ci Cadfael y mette un peu du sien.

- Toujours de l'insolence. Décidément vous ne changerez jamais. Néanmoins, il va nous falloir des réponses...... Comment dire.... plus précises !

Snape prit une profonde bouffée d'air avant de se mettre à faire les cent pas, d'un pas lent et frénétique. Il s'énervait, s'impatientait et stressait ! Ne pas maitriser la situation le rendait nerveux. Il fallait qu'il laisse sa rage sortir un minimum et tant pis pour Stark. Après tout, ça passera plus facilement auprès du Lord s'il revient un peu amoché !

EXPELLIARMUS

Le détenu prit un léger vol en direction du mur. Par Merlin, ça soulage ! Mais cela ne sera pas suffisent et il le sait. La rage le consume de l'intérieur et c'est ce que veut Stark. Un rire nerveux se fit entendre dans la pièce. Il s'approcha lentement de sa victime, ne laissant que le bruit net de ses chaussures frappant le sol comme accompagnement solennel.

- Ne m'obligez pas à user du Legilimens. Ce n'est pas dans votre intérêt ni dans le mien. Je ne reposerai pas la question, vous la connaissez. Mais donner nous une réponse plus convaincante.

Par pur sadisme, il appuya sur une des plaies. Ca fait toujours un effet déstabilisant sur les cibles faibles. Et même si cette cible ne l'était pas, ça lui faisait plaisir de l'entendre gémir. Levant les yeux au ciel et hochant la tête, il fit signe à Maugrey que la tâche allait être beaucoup plus corsée que prévue et qu'il allait falloir user des grands moyens...

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Deuxième constatation, il était encore vivant. Ce qui était d'ailleurs extrêmement curieux, en toute logique ils auraient du le tuer. Enfin c'est ce que lui aurait conseillé en pareil cas. Parce que là, ils étaient dans une impasse. Il était évident que Cad' ne dirait rien. D'abord parce qu'il ne savait pas grand chose, ensuite parce qu'il était inconcevable pour lui de trahir son Seigneur, et enfin parce qu'en ne parlant pas il ne mettait que lui en danger. Alors que si il disait un mot, ceux qu'il aimait risquaient gros. Les membres de l'ordre l'avaient gardé en vie. Ils n'allaient donc pas le tuer tout de suite, voir pas le tuer du tout. Il était tout aussi évident qu'ils ne pouvaient le relâcher. Il allait donc avoir beaucoup de temps pour réfléchir à différents moyens d'évasion. Et en plus il avait un allié secret chez ses gardiens.

Reflexion faite, la situation était bien moins en sa défaveur qu'on pouvait le croire de prime abord. Il suffisait maintenant de jouer très serré. Et pour commencer, de mettre ses bourreaux en colère. Histoire qu'ils s'emportent et perdent un peu de leur lucidité.

Un fin sourire apparut sur le visage du gryffondor lorsque la baguette de Fol Oeil se mit à cracher de colère. Il soutint le regard mi-magique, mi-mortel de l'auror sans sourciller et le laissa lui poustillonner dans la figure (le masque arrêtait tout, heureusement). La comparaison du vieil homme faillit la faire rire. Il aurait bien aimé confesser ses chagrins d'amour... par bonheur pour lui, c'était quelque chose qu'il ne connaissait pas. Il s'était parfois prit des rateaux mais jamais par des gens qu'il aimait.

Il joua un moment avec l'idée de répondre dans cette veine à Maugrey mais n'en eut pas le temps. Rogue avait reprit en main l'interrogatoire, laissant au passage quelques petites piques dans le gras de son ennemi. Cadfael ne prit pas la peine de répondre. Il n'avait aucunement l'intention de changer. Et puis tout faisait partie d'un plan. Il allait parler maintenant... et chercher un point faible dans les rangs de l'ennemi.

EXPELLIARMUS

Hein ? Quoi ? Mais il n'avait pas de baguette qu'est ce que... Cad' n'eut pas le temps de se poser la question sur la folie qui semblait soudain avoir prit possession du Professeur de Potions qu'il s'envolait déjà vers le mur. Les pierres rentrèrent brutalement en contact avec son dos, appyant sur toutes les contusions, bleus et autres qu'il s'était fait pendant sa chute. Cette fois la douleur lui coupa le souffle, son sourire s'effaca et quelques larmes coulèrent sur son masque. Ouch.

Retour sur le sol, plus ou moins élégament puis l'approche lente et sereine de Severus. Une main sur son épaule, nouvel éclair de douleur. Mais il ne leur ferait pas la joie de hurler. Jamais. Il était bien trp fier pour ça. Le silence s'installa à nouveau, quelques secondes, pendant lesquels l'interrogé reprenait son souffle.

"Toi non plus tu n'as pas changé Severus. Toujours le même plaisir à t'en prendre à ceux qui ne peuvent pas se défendre."

Avec un regard neutre, il se frotta l'épaule puis continua, tranquille, sans oublier de contrefaire son accent et sa voix.

"Je l'ignore. Je ne connaissais même pas le nom de l'endroit. Gaunt vous dites ?"

Il laissa passer un silence, essayant de jauger l'énervement de ses trois interrogateurs (il n'oubliait pas Lupin dans le fond. Surtout pas. Celui qui ne disait rien était le plus dangereux du lot). Puis, les jugeant a point, lança la suite de son plan.

"Vous n'avez pas trouvé étrange que je me sois trouvé seul, à part, n'ai pas appelé de secours et me soit laissé prendre aussi facilement ? Vous pensiez franchement que je savais quelque chose ?"

Rajouter un truc qui fasse serpentard... quelque chose qui puisse leur faire tirer des conclusions erronées, surtout dans leur colère et/ou leur confusion. Euh... non rien ne venait. Détourner sur la colère alors peut-être.

"A moins que ce ne soient les histoires d'amour qui vous passionnent. J'ai entendu dire que les moldus en étaient absolument fans."

Un sourire moqueur jusque dans la voix. Il jouait gros, il le savait et risquait surtout d'en souffrir mais le jeu en valait la chandelle. Il voulait absolument en apprendre le plus possible. Pour faire plaisir au Lord, mais surtout, surtout, pour l'avenir de la Cause et la Grandeur de la Nation Sorcière.

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