Cette même bague, cette même pierre noire, et ce même signe gravé dessus, reposait sur son bureau. Cette image ne cessait de le hanter depuis des semaines, des mois ! Toujours la même image, représentant toujours cette même bague si spéciale à ses yeux, et qui réveillait en lui une multitude de sentiments forts, comme l'envie de la mettre en sûreté. Cependant, à plusieurs reprises, l'image s'embrouillait et une présence semblait s'emparer de l'atmosphère. A chaque fois, il avait ouvert ses yeux pour oublier l'image et regarder autour de lui, mais à chaque fois, il avait remarqué qu'il était bel et bien seul et qu'aucune âme n'avait osé l'approcher. Avec le temps, il avait fini par se demander si ce n'était pas ce Potter qui arrivait à s'introduire dans ses pensées par on ne sait quel moyen. Ou alors peut-être s'agissait-il de Dumbledore qui arrivait, avec l'aide d'une magie encore inconnue aux yeux du Lord, à établir un contact avec lui.
Peu importe, la mission qu'il voulait entreprendre seul au départ allait être forcée de subir quelques changements. De manière à ce qu'il puisse effectuer ce qu'il avait à faire avec la bague, il devait être seul et tranquille. Ses mangemorts allaient lui assurer cette tranquilité.

Il ouvrit ses yeux et l'image de la bague disparut. Il se trouvait dans une forêt située à proximité du repaire, et il s'était bien évidemment assuré que personne ne puisse les voir transplaner. Vêtu de sa simple robe noire et d'une cape de la même couleur, il se tenait droit, sa baguette tenue entre ses deux mains derrière son dos. Le froid de Novembre ne l'atteignait aucunement, et il devait même avouer que le vent glacial lui donnait de l'énergie. Nagini était ailleurs, chargée d'une mission spécifique.

Puis un mangemort apparut. Le premier. Ou plutôt la première. Bellatrix, en tant que digne Bras Droit, n'avait pas fait l'erreur d'arriver en retard. Surtout pour une mission qui la concernait principalement, bien plus que les autres. C'est elle qui allait mener le contingent de mangemorts, Voldemort n'allait pas se rabaisser à une telle tâche, ou du moins il n'en avait pas envie ce soir-là.

Puis Stark apparut. Il avait été convoqué également, malgré son niveau médiocre en combats mortels, pour le forcer à le mettre dans des situations qu'il n'appréciait pas forcément. Peut-être que sous la pression, sous la peur de ne pas s'en sortir, il arriverait à lancer un sortilège impardonnable. Ca ne coûtait rien d'essayer.

Les autres mangemorts arrivèrent les uns après les autres. Ceux que Voldemort avait selectionné pour cette mission spéciale. Car en effet, il ne s'agissait en aucun cas d'une mission comme les autres, puisque le combat n'était aucunement assuré. Lorsque tous furent présents, Voldemort se tourna vers eux, puis il prit la parole de sa voix à glacer le sang.

Mes fidèles Mangemorts,
Si je vous ai convoqué aujourd'hui, ce n'est pas pour que vous vous empariez de quelque chose, pour semer la terreur, ou pour combattre, mais pour m'assister et assurer ma tranquilité. C'est une opération inhabituelle, mais j'attends de vous la plus grande efficacité possible. Ce que je vais faire à l'endroit où nous allons nous rendre dans un instant ne vous regarde aucunement.
Cependant, je ne mets pas de côté l'éventualité que vous allez peut-être combattre. Tenez-vous donc prêts si vous êtes confrontés à une attaque surprise.

Arrivés sur place, vous aurez tous des fonctions spécifiques.
Constance, Rochelle, Magnolia et James, prenez chacun un balai.

D'un coup de baguette, quatre balais apparurent de nulle part et se posèrent sur le sol feuillus et rocailleux de la forêt.

Là-bas, vous vous élèverez dans le ciel à mon signal. Votre mission sera de surveiller les alentours. Ne restez pas collés les uns aux autres, vous devrez couvrir une vaste étendue.

Lucius, Nikodemia, Rodulphus et Bellatrix, arrivés sur place, vous remarquerez une maison en ruines. Je veux que vous vous positionniez aux quatre coins de ces ruines, à environ une cinquantaine de mètres de distance d'elles. Pareil, vous devrez surveiller les environs, et les ruines en particulier.

Il se tourna vers Stark. Sa mission allait être légèrement différente, pour la simple et bonne raison que Voldemort ne voulait tout de même pas pousser le risque trop loin en le mettant en plein milieu du combat, si jamais combat il y avait lieu. Sa fonction allait cependant être toute aussi importante.

Stark, tu ne te déplaceras pas avec nous. Tu transplaneras à la maison des Jedusor, pas loin de Little Hangleton. Ta mission sera de surveiller cette maison, à l'extérieur et à l'intérieur.

Voldemort se tourna à présent vers les autres, désirant s'adresser à tous.

Le moindre intrus que vous apercevrez, le moindre animal que vous remarquerez, je le veux mort. Sans aucune hésitation, sans tourner autour du pot, il regarda Bellatrix, je veux la mort sans torture.

Bellatrix mènera le tout. C'est elle qui sera chargée de mettre en place mon organisation, et je vous ordonne à tous, sans exception, de lui obéir, en n'importe quelle circonstance. Ne vous préoccupez pas de moi, vous ne me verrez pas de toute manière. Restés concentrés sur votre mission. Je vous signalerai lorsque l'on pourra partir.

Il leur fit signe de le suivre, puis il s'arrêta devant un vieux tonneau de vin déjà utilisé et vide. Il s'illumina et tout le monde compris qu'il s'agissait d'un portoloin. Ils s'avancèrent tous et posèrent leur main sur le tonneau, à l'exception de Stark qui savait ce qu'il avait à faire.

Arrivés à proximité du village de Little Hangleton, au milieu d'un rassemblement d'arbres, Voldemort s'éloigna légèrement des mangemorts. Il regarda aux alentours, et la voie était déserte. Cependant il ressentait une présence. Une présence humaine, une présence magique. Mais à l'exception des mangemorts, il n'y avait absolument personne d'autre. Il dirigea son regard vers la maison des Jedusor, en haut de la colline au loin. Stark devait y être en ce moment même, prêt à surveiller chaque centimètre de la résidence.

Il fit signe aux quatre mangemorts munis d'un balai de s'élever dans les airs. Bellatrix prenait maintenant les commandes. Voldemort pointa sa propre baguette sur son crâne, puis il lanca le sortilège de désillusion. La sensation d'un liquide visqueux, froid, s'étala et coula le long de son cou, puis de son corps. Il se regarda, et remarqua qu'il était désormais totalement invisible, ou presque. Il posa ses longs doigts fins et blancs sur la poche qui contenait la bague, puis il vola vers les ruines de la maison des Gaunt qui se trouvait à une centaine de mètres devant lui.

Depuis son retour, Constance avait guetté un signe. Sa Marque devenait de plus en plus brillante, elle était d'un noir de jeais. Elle observait ce changement avec la même fascination, le même émerveillement, la même satisfaction que quand elle l'avait reçue, sitôt ses ASPIC en poche. Constance allait reprendre le service, à temps plein. Faire des missions pour LUI. C'était un immense honneur, un plaisir qui lui avait été ravi lorsque ce satané Potter l'envoya mordre la poussière, quatorze ans plutôt. Sa résurrection, l'an dernier, aurait mérité d'être autant connue que l'histoire racontant Lazare réssucité par Jésus. La Gazette ne croyait pas à son retour? Eh bien, qu'ils continuent à ne pas croire! La désillusion sera dure. Qu'ils aillent croupir en enfer, eux et leurs inepties. Constance ne comprenait pas pourquoi Dean s'affairait à lire ce ramassis de conneries. Depuis le départ de Rita Skeeter, les articles proposées par ce torchon manquaient cruellement de piquant. Soit. Oublié l'humiliation de la première réunion, quand elle a annoncé qu'elle n'avait pas obtenu de grands résultats. Oh, Constance avait, bien sûr, encore en tête la mission qui lui a été confiée. Elle avait entrepris des recherches et arpenté quelques collections privées de richissimes sorciers, aprés leur avoir fait subir un "oubliettes" aprés chaque inspection, pour qu'ils oublient son existence et celle du précieux grimoire.

Elle avait jubilé quand IL les avait tous appelés. Constance avait, comme à son habitude, rappliqué, drapée dans sa dignité. Ce soir là, Constance avait un jupon noir, une tunique mauve et elle portait des gants noirs. Son chapeau noir avait une espèce de voile lui couvrant la moitié du visage. Autant ne pas prendre le risque d'être reconnue. C'était un moyen parfait pour voir sans être vu, regarder sans être regardée. Droite, digne et fière, elle était là, comme tous les autres. Et elle attendait l'ordre de mission.

Elle ne fut pas déçue quand elle le reçut. Ce soir là, la mission s'annonçait palpitante, et elle DEVAIT être couronnée de succès. Ca ne pouvait pas échouer, surtout aprés qu'IL ait passé autant de temps à concevoir un plan qui ne présentait pas de failles, comme d'habitude. Un plan parfait. Qui ne laisserait en aucun cas place à un imprévu, de quelque type que ce soit. Un Moldu s'aventurerait par là? Avada Kedavra. Parti, plus là. Mais l'important était de se concentrer sur la mission en cours. Constance avait dû ruser pour se soustraire à la surveillance de son mari. Elle était sortie, et elle s'était arrangé pour qu'il dorme tout ce temps. Pendant le dîner, elle avait glissé dans son vin une bonne dose de somnifères pour le faire dormir, au moins jusqu'à son retour. Et elle avait filé, sa cape sur les épaules, en transplanant dans un CRAC sonore.

Elle réapparut dans une forêt, aux allures sombres et lugubres. Son ombre, tout comme celle des autres, dansait sur le tronc des arbres noueux, créant une danse inquiétante qui aurait fait fuir l'éventuel petit fouineur qui se serait trouvé là. Et trouver là un fouineur recèlerait du miracle, parce qu'il n'y avait pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde. Elle se prosterna devant son maître, avec respect. Puis elle prit sa place dans le cercle.

Constance était sur le qui-vive. Elle attendait qu'il la mentionne, qu'il lui donne sa tâche. Et sa patience fut vite récompensée.

Constance, Rochelle, Magnolia et James, prenez chacun un balai.

Là-bas, vous vous élèverez dans le ciel à mon signal. Votre mission sera de surveiller les alentours. Ne restez pas collés les uns aux autres, vous devrez couvrir une vaste étendue.

Et au signal du Lord, Constance décolla, avec les autres. Elle scrutait les environs, de son regard perçant, ses cheveux volant, poussés par le petit vent coulis qui passait par là.

Clac.

...

Clac.

Ce son n’avait pas résonné au Square Grimmaurd depuis plusieurs semaines. Sec, décidé. La jambe de bois de Maugrey Fol Œil était de retour, soutenant son irascible porteur et martelant les pavés irréguliers. En raison de l’air humide (et pour protéger ses rhumatismes), l’ancien auror s’était couvert d’une cape de voyage rapiécée, usée qui lui donnait une allure de funeste corbeau. Il semblait passablement irrité. Bien des gens se laisseraient à dire qu’il ne s’agissait là, que d’un état constant. Ceux-là auraient parfaitement raison mais, plus que tous les autres jours, une fureur diffuse émanait de son corps mutilé. L’essentiel de ce ressentiment était dirigé vers Sturgis Podmore. Longtemps cet abruti s’était démarqué pour son incapacité à exécuter correctement ses missions. Longtemps Alastro avait-il averti Dumbledore des conséquences que pouvait engendrer une confiance trop aveugle. Mais Albus avait hoché la tête en souriant. Là était la faille du directeur : il voyait le bon en chacun ; il se sentait prêt à accorder une seconde chance à toute âme désireuse de se racheter. Severus Rogue n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. Mangemort recruté dans le camps allié. Humpf. Fol Œil n’y avait pas cru une minute et, bien qu’il fit un effort pour dénoncer le contraire, il n’avait jamais cessé de soupçonner le maître des Potions.

De la vigilance constante exigée par Maugrey, évidence avait été donnée. Sturgis, dans un élan d’idiotie tout particulier, s’était endormi au beau milieu d’une tâche de haute surveillance. Résultat : soumis au sortilège de l’Impérium et envoyé droit à Azkaban. De l’amateurisme. Par son manque de jugement, il avait manqué de mettre l’Ordre tout entier en péril. Mais soit : le pauvre bougre avait purgé sa peine. L’accueil qu’il reçut à sa libération, cependant, s’avéra bien froid - un relent de ressentiment discret flottant encore dans l’air. Oui, les membres de l’Ordre lui en voulaient, oui, malgré le discours bienveillant de Dumbledore, certains doutes subsistaient encore. Par exemple : où est la preuve de l’ensorcellement de Sturgis ? Et s’il avait juste feint le maléfice ? Peut-être était-il passé du côté de l’ennemi depuis longtemps, s’avérant une immonde traître. Peut-être était-ce là des soupçons de détraqué, mais Alastor raisonnait ainsi. Aussi gardait-il constamment son œil magique fixé sur Podmore, simple précaution.

Qu’est-ce qui était passé par la tête de Dumbledore pour envoyer le membre le moins sûr de l’Ordre en pleine forêt ? Par quels arguments pouvait-il justifier sa bonne volonté ? Beaucoup avaient pesté, dénonçant l’énorme prise de risque. Mais Albus, comme à son habitude, s’était montré calme et enjoué. L’inquiétude était dérisoire. Tout se passerait bien. Au moindre signe de l’ennemi, un appel serait lancé au Quartier Général. Ce qui signifiait très clairement que tous les membres disponibles de l’Ordre devaient se tenir prêts à intervenir. La présence de Maugrey Fol Œil au Square Grimmaurd, dans le vent et le froid glacial, se trouvait donc justifiée. D’un pas lourd, l’auror s’avança de quelques pas, son œil magique bravant les obstacles de la nuit. Pas un chat. Bien, aucun maléfice d’Amnésie ne devrait être jeté. De sa main noueuse, il leva son bâton, le cogna trois fois au sol et attendit. Lentement, précautionneusement, les maisons portant les numéros 11 et 13 s’écartèrent pour laisser place au 12. Le Quartier Général était décidément placé sous haute protection et une éventuelle intrusion paraissait impossible. Maugrey poussa la porte et ralentit son pas une fois dans l’étroit couloir. La mère Black somnolait derrière ses rideaux, la réveiller aurait achevé de mettre Alastor hors de lui. L’épreuve du silence passée, il investit la cuisine - aussi large qu’une caverne - et salua ceux qui s’y trouvaient. Une conversation diffuse s’étendait un peu partout, selon des rythmes variés. Sirius était à l’étage, boudant son manque d’activité. Remus et Tonks étaient en mission pour l’Ordre. Molly Weasley lisait un livre au coin du feu, l’air épuisée. Elle se releva un instant de sa lecture pour lui adresser un sourire joyeux, auquel il répondit par une grimace. Il n’était pas capable de mieux. Enfin, Kingsley jouait aux échecs avec Arthur.

Soucieux de se reposer avant les intempéries, Maugrey se laissa tomber sur une chaise et étira sa jambe de bois. Ses muscles baillèrent de contentement. Honnêtement, il ne comprenait pas ce qui pouvait pousser Dumbledore à s’intéresser à un bois désaffecté. Seule une vieille cabane pourrissante s’y dressait, dénuée de tout intérêt. Les Mangemorts ne s’attarderaient certainement pas en un tel lieux, c’était absurde. Absurde ? Peut-être pas... Une chaleur diffuse rongea sa cuisse.^L'alerte venait d'être donnée. L’auror se dressa avec vigueur, sa baguette magique déjà prête. Les autres membres de l’Ordre se tenaient semblablement prêts.

_ Z’avez senti, vous autres ? grogna Maugrey. Pas question de flemmarder ! Transplanage immédiat. Ceux qui ont leur propre cape d’invisibilité, mettez-la ! Maintenant ! Les autres, sortilèges de Désillusion.

Et pour montrer l’exemple, il fondit ses contours au reste du décor.

_ Si nous avons affaire à des Mangemorts, je ne veux pas le moindre pitié de votre part ! Tuez s’il faut tuer, blessez s’il faut blesser. Mais prenez-les vivants au maximum. Nous transplanerons chacun notre tour, dans un périmètre de deux cents mètres autour de la cabane. Dans l’éventualité où personne ne se pointerait, patrouillez le secteur et trouvez Sturgis ! Et rappelez-vous : vigilance constante !

Des souhaits tendus de chance furent échangés après quoi chaque membre de l’Ordre se volatilisa à tour de rôle dans un « CRAC ! » sonore. Maugrey leva sa baguette, incanta et deux patronus traversèrent les murs à la vitesse de l’éclair, en direction de Poudlard. Minerva et Severus se devaient d’être informés. Aucun renfort n’était à négliger. Puis, Fol Œil inspecta la pièce de son regard magique, s’empara de son bâton et plongea dans les ténèbres mobiles du transport.

Sa vision lui offrit bientôt des arbres pâles et décharnés, craquant au vent. Seules les rares feuilles de l’automne brassaient ce calme inquiétant. Mmm. Mauvais, très mauvais. Un terrible pressentiment s’abattit sur Alastor. Sturgis avait eu raison, ses tentatives de pardon n’avaient pas été vaines. Faisant jouer son œil magique, l’auror scruta les frontières de ses possibilités. Avec une stupeur grandissante, il aperçut quatre silhouettes fendre le ciel en direction du Nord, à califourchon sur des balais. Quatre autres se tenaient raides et figées droit devant, parées aux offensives. Enfin, une présence solitaire arpentait un vieux manoir, plus à l’ouest. Les autres repéreraient-ils cette menace soigneusement tapie ? Maugrey n’osait envoyer de Patronus, de peur de divulguer sa position. La seule chose utile qu’il pouvait faire était d’engager les représailles sans plus attendre ; de jouir de l’effet de surprise. L’écho de la bataille alerterait ses camarades et attirerait les ennemis, brisant tout guet-apens. Boitant, se traînant du mieux que le lui permettait sa condition, il se faufila entre les arbres, débordant d’énergie magique. Là, en ce moment, il se sentait puissant et coriace, comme dans les temps de jadis. Il peaufina sa démarche une fois à quelques mètres du premier Mangemort à proximité. Son sortilège de Désillusion était incroyablement réussi, certes, mais l’œil averti de Fol Œil écarta ce pan dissimulateur.

_ Alors, Lucius, aboya Maugrey d’une voix forte.On prend l’air ?

HJ : Ecoute, comme les autres sont trop occupés pour poster, je prends l’initiative, hein. Autant se battre à sang pour donner l’exemple ;)

Le plus insupportable, c’était sûrement l’attente. Demeurer droit, inflexible, à laisser le vent rogner vos os. Ne pas savoir ce qui pouvait se passer alentours. Rouler sa vision entre les fentes du masque. Oui, cette patiente qui ne lui ressemblait pas agaçait Rodulphus. Sa baguette pendait négligemment à bout de bras, comme morte. Derrière lui, les confus tracés de la cabane luisaient. De temps à autre, l’un ou l’autre éclair de lumière venait rompre de charme nocturne. Vert. Blanc. Sans pouvoir se contenir, le Mangemort frissonnait chaque fois. Qui sait ce que le Lord pouvait fomenter ? Il se déplaçait rarement, ne prenait les choses en main que de loin. Or, ici, il s’intégrait tout entier à une tâche et mobilisait ses troupes. L’importance du plan ne regardait que lui. Ses précieux séides devaient se contenter d’obéir. De suivre et d’opiner.

Et puis, quelque part dans l’atmosphère, quelque chose frémit. Peut-être n’est-ce qu’un animal, peut-être n’était que l’effet du vent ; toujours est-li que le Lestrange affûta ses sens. Aux aguets. Ses yeux balayant l’espace avec rigueur. Les troncs des arbres n’enserraient que du noir. Impossible de repérer quoi que ce soit. Il leva sa baguette, hésitant quant à l’utilisation d’un sortilège de Désillusion. Hum. Sans doute le frémissement du sort révèlerait-il sa position. Certains sorciers parvenaient à repérer les sources de magie. Mieux valait éviter.

Nouveau bruissement. Nouvelle alerte. Cette fois, le Mangemort se prépara au combat. Et cette initiative lui fut bonne. En quelques secondes, une silhouette avait surgi des ténèbres, toute en défense et l’analysait rapidement. Sûrement cherchait-elle déjà une faille, un angle mort. Soudain, Rodulphus la reconnut. Enfer ! C’était cette petite peste de médicomage. Avec un nom de balais. Il se trouva partagé entre deux pôles. La tuer, en finir de suite. Ou joueur, prolonger le plaisir. Le temps de se décider, il choisit de parler.

- Tu t’es perdue, ma belle ?

Et il éclata d’un rire canin sous son masque, ravi de son humour douteux. Sans se laisser le temps de récupérer du sérieux, il enchaîna :

- Endoloris !

Jouer. Ses cris serviraient d’avertissement.

[HRP] N'importe quel mangemort peut venir me défier, je ne suis pas regardant sur l'identité ! [/HRP]

HJ: Désolé du délais! Un mois, je sais que c'est long! Mais bon...Voilà mon post!

- Tu t’es perdue, ma belle ?

Un sursaut.
Un battement de cœur affolé.
Un état de torpeur assuré.

Des sueurs froides lui coulant le long de l'échine, Meredith était figée. Figée de peur, d'appréhension. Déconnectée de la réalité. Jamais, auparavant, elle n'avait été confronté à un serviteur du Seigneur des Ténèbres, du Vous-Savez-Qui. Bien sûr, elle avait déjà effectué quelque missions, mais jamais, au grand jamais, elle n'avait vu ou même entraperçu un mangemort. Certes, elle en avait déjà entendu parler. Elle avait regardé des photos, écouté des anecdotes, des récits d'aventures. Cependant, rien de toute cela ne l'avait préparée à LA chose. La réalité était beaucoup plus impressionnante. Beaucoup plus effrayante. Beaucoup, beaucoup plus. Vous n'imaginez même pas à quel point.

Dans son innocence et sa naïveté infantile, elle s'était cru bien forte et assez courageuse pour tenir tête à ces êtres vils et pervertis. Quelle idiotie! Maintenant qu'il l'avait remarqué, elle comprit qu'elle n'avait plus la moindre chance. Plus la moindre chance de le vaincre. Elle pouvait essayer de riposter, elle réussirait peut-être même à s'enfuir, mais il était improbable, voir carrément impossible qu'elle réussisse à le mettre hors jeux. L'homme dégageait un tel aura de malveillance. Ses poils s'en hérissaient, ses dents s'en entrechoquaient. Il voulait lui faire du mal, la voir souffrir, la tuer de ses propres mains. Ça se sentait dans l'air.

La peur, elle venait enfin de comprendre le sens de ce mot.

Un rire canin s'éleva alors dans les airs, résonnant dans la nuit tel une promesse de mille et une souffrances. Les yeux fixés sur la silhouette sombre, Meredith fut prise de frissons incontrôlables. Ce qu'elle avait pu être idiote. Vraiment idiote. Suivre son cœur pour aller porter secours à un camarade en danger, c'était une chose. Mais ne pas prendre le temps de se préparer en était une autre. Quel erreur, et franchement, quelle idiotie! Pourquoi n'avait elle pas prit le temps de se rendre invisible? C'était un minimum non? Idiote, Idiote! Vraiment, elle s'était mise dans une situation bien périlleuse par négligence. Bravo Meredith, bravo!

L'homme leva soudainement sa baguette. Oh mon dieu! Il va lui jeter un impardonnable, elle en est sûre. Elle en mettrait même sa main à couper. Malheur de malheur, que faire? Que faire avec un corps immobilisé par la frayeur? Elle voudrait réagir mais elle ne le peut.

-Endoloris!

Une lumière d'un rouge flamboyant s'échappa alors de l'arme de son adversaire. Le sortilège de la douleur, quel manque de bol! La pire souffrance qu'un homme n'a jamais pu ressentir... Et c'est avec la plus grande impuissance que la jeune femme regarda le sortilège se diriger vers elle. Allez, bouge Meredith! Bouge...Bouge...BOUGE!

Soudainement réveillée par l'adrénaline, elle se jeta au sol, quelques centièmes de secondes avant que le sortilège ne l'atteigne. Effectuant une roulade pour se redresser, elle sortit sa propre baguette de sa poche. Sans réfléchir elle cria le nom du premier sort lui passant par la tête.

-INCENDIO!

HJ : Il manque les chorales dans le fond du décor XD

S’il y avait bien une chose qui faisait défaut à Rodulphus, c’était l’estime de l’adversaire. Il les croyait tous faibles. Comme ça, par dédain comme par ignorance. Lui, bien entendu, s’était toujours vu en figure forte et puissante, prête à faire face à n’importe quelle situation. Ses endoloris valaient, à eux seuls, la majorité de sa réputation. Rapides et précis. Dévastateurs. Décisifs dans un combat. Aussi prit-il très mal l’esquive de Meredith. TRES TRES MAL. Une écharde dans son honneur. L’orgueil brisé en deux. Apparemment, faire partie intégrante de l’Ordre du Phénix accompagnait un taux de défense élevé.

Sous le choc, il la vit se jeter au sol, culbuter, rouler, se redresser. Lui-même leva sa baguette, la haine au bout des lèvres, mais l’adversaire le doubla en vitesse :

- Incendio !

« Hein ? » Sortilège inattendu. Pas le temps de préparer un maléfice aqueux. Réagir. Vite. Reculant brusquement, il dressa un Protego douteux qui le protégea modestement. Une véritable fournaise s’abattit autour de lui, entama les herbes, fit craquer les branches. Une lumière infernale vint éclairer les deux combattants. Le monde entier paraissait flamber, suer une chaleur atroce, qui provenait même de…

- Aaargh !

Son bras incandescait. Charme du Bouclier foireux. Incapable d’assurer une barrière efficace. L’eau vint noyer les flammèches, faisant mourir cette douleur cuisante. Sûrement les chairs étaient-elles entamées. Pas le temps, encore une fois, pas le temps d’y réfléchir. Un mur d’Enfer le séparait de Brooms. Au-delà de la fumée, il pouvait apercevoir une vague silhouette sombre. Un Aguamenti prendrait plusieurs minutes à apaiser l’incendie, aussi Rodulphus préféra-t-il user des éléments à disposition. Sa baguette fusa dans l’air, dessina un mouvement compliqué, diffusa un sortilège informulé de grande envergure. Le feu se comprima, s’assembla, éleva un ours étincelant, son corps n’étant que brasier et crépitements.

- Prends ça, petite peste !

Et une seconde torsion du poignet persuada le monstre d’attaquer. Rodulphus ne pouvait qu’en rire.

[Rodulphus Vs Meredith]

HJ: Chorales, je ne dis pas, mais j'ai trouvé une chanson qui pourrait servir... [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

''Aaargh !''

Un haut le cœur à l’odeur putride des chairs brûlées, Meredith se replia sur elle-même alors que son adversaire se démenait contre les flammes magiques. Fermant les yeux, les mains serrées contre ses lèvres, elle fut prise de tremblements incontrôlables. Elle avait blessé quelqu'un, elle avait blessé un être humain. Mauvais et versé dans la magie noire, certes, mais tout de même humain. Où était la logique de se battre lorsqu’on passait ses journées à soigner de pauvres victimes? Elle ne voulait pas faire de mal, c’était contre sa nature. Elle aimait la vie, la chérissait. Personne ne méritait de souffrir, même ceux souillés par les crimes et le plaisir qu'ils en ressentaient. Par merlin, que faire? Si elle ne combattait pas, c’était la mort qui l’attendait.

Non, elle ne voulait pas mourir. Elle était trop jeune, avait tant de choses à vivre. À peine sortie de Poudlard, son cœur débordait, plus que jamais, de rêves et d’ambitions. Elle devait se réconcilier avec ses parents, trouver l’amour, mettre fin à cette guerre, devenir médicomage, fonder une famille…Elle ne pouvait pas mourir. Oui, elle devait se prendre en main, trouver une manière de mener à terme ce combat. Trouver une façon de s’enfuir. Pour cela, elle devait reprendre le contrôle de son esprit, apprivoiser sa peur. Cependant, cette dernière était si présente dans son corps, déversée comme un poison dans ses veines. Elle devait la chasser de là, à tout prix. Tout comme elle devait oublier, pour aujourd’hui du moins, ses principes et ses valeurs. Après tout, elle n’avait pas le choix. Pour survivre, elle devait blesser. Sans aucun doute, son combat à elle ne serait pas magique, mais mental.

Se concentrant sur son objectif, elle chassa, de son esprit, les émotions. Inflexible, elle les entraîna dans un coin reculé de son cœur. Là, elle les enferma à double tour, se promettant de venir les rechercher plus tard, quoi qui lui arrive. Peu à peu, elle sentit ses muscles se détendre, son pouls se calmer. Dans ses veines, sa peur se glaça, lui laissant, alors, le plein contrôle de son corps. Elle ouvrit les yeux. Au loin, Rodulphus Lestrange assemblait les flammes en une chose monstrueuse qui s’élevait haut dans les airs. Il affina, d'une main experte, les contours de la créature, dévoilant la physionomie d’une terreur des montagnes. L'ours.

Effrayée? Non, elle ne l’était pas. En fait, elle ne ressentait plus rien, excepté une franche détermination à s’en sortir vivante. Froide et calculatrice, elle se leva, tenant sa baguette bien droite devant elle. Quel changement d’attitude! Son visage était fermé, ses sourcils froncés, ses yeux glacials. Elle observa la créature fait de flammes et de braises s’avancer vers elle alors que le Mangemort prononçait des paroles qu’elle n’entendit pas. Concentrée au maximum, sa riposte lui vint à l’esprit, d'elle-même, comme par magie. Informulé, le sortilège d’expulsion, atteignit l’ours de plein fouet.

Espérons que le monstre retourne bien vite dans les bras de son maître.

Décidément, agir à l'aveuglette ne lui réussissait absolument pas. Dès lors qu'il s'engagea dans les fourrés prêt à aider face à Rodulphus Lestrange, une voix sadique et emplie de ricanement vint perturber le silence. Il pensait à du Lestrange, le voila servi, mais pas par celui qu'il pensait. Mais la bougresse ne lui laissa pas le temps de tergiverser et à peine eût-il comprit la phrase rapidement prononcée qu'une boule de feu arriva à pleine vitesse. Remus fit un bond, tant pour tenter d'esquiver de la façon la plus minable le sort envoyé que pour se donner un peu de temps pour agir. Action désespérée à l'issu d'autant plus pathétique: la boule le heurta de plein fouet, commençant à brûler ses vêtements. Un râle se fît retentir le temps que la combustion se fasse.

-Bellatrix ! Ca m'aurait étonné de ne pas te rencontrer par ici !

Dans sa chute, une légère douleur vint le prendre sur son bras droit. Pour se laisser une marge de manœuvre, le lycanthrope lança rapidement le premier sort qui lui passa par l'esprit étant capable de déstabiliser son adversaire, hilare et fier de sa réussite.





(désolé pour la finesse du post. Cela dit, je donne de façon concise l'esprit de ce qu'il va se passer. Je vais essayer de le rendre plus consistant et intéressant d'ici peu. En attendant, ça te laisse de quoi répondre Bella. Et désolé aussi pour le retard ;))

[Meredith VS Rodulphus]

La peau rougit par la chaleur des flammes, la sueur perlant aux coins des tempes, Meredith suffoquait sur place. L’air brulant lui éraflait les voies nasales, lui écorchait les bronches, tout en lui lacérant les poumons. Elle peinait à respirer convenablement, à rester concentrée sur le moment présent. Pourtant, elle devait prendre son mal en patience. Rester alerte lui était présentement vital. Un instant d’inattention et HOP! Bienvenue au paradis! Vraiment, plutôt supporter quelques heures de douleur que de prendre un vol direct pour le monde des morts. À moins qu’elle en ait trop peur et choisisse la voie des fantômes à la place? Enfin, là n’était pas la question puisqu’elle resterait en vie. Oui, elle ne mourrait pas.

Confiance Meredith, ait confiance!

Tentant de faire taire son inconfort respiratoire, Meredith fixa, de ses yeux chocolats, le mangemort qui se trouvait là, étendu à quelques mètres de ses pieds. Que pouvait-elle bien faire pour le mettre hors d’état de nuire? Présentement, il se remettait du choc de ses deux sorts, d’une puissance assez forte pour le propulser au sol. Ça lui donnait l’opportunité de prendre l’avantage, mais, étrangement, elle hésitait. S’en prendre à une personne sans défense la répugnait. Visiblement, son intention de faire une croix sur ses valeurs n’avait pas vraiment fonctionnée. Elle se mordit la lèvre, anxieuse. Lorsqu’il se relèverait, il prendrait certainement les choses plus au sérieux. Il serait plus vigilant maintenant qu’il avait compris qu’elle n’était pas un pauvre agneau sans défense… Il lui sortirait certainement un de ces sorts obscurs de magie noire… Ses cartes encore cachées qu’il jouerait maintenant, sans se gêner…

Par Merlin, que faire?

Une idée germa subitement dans son esprit, sans même qu’elle ne l’ai vue venir. Une idée simple, rapide et si évidente. Pourquoi n’y avait-elle pas pensée plus tôt? Secouant la tête, envoyant valser sa chevelure de blé ici et là, elle ne mit qu’un instant à se souvenir de la procédure. Fermant les yeux, elle se remémora ses aspirations les plus fortes, celles qui lui redonnaient espoir, faisant rayonner son âme de bonheur. La paix entre tous et chacun. Un monde sans guerres, sans blessures. Où l’amour aurait la place première, où la haine serait dénigrée et peu pratiquée, où tous seraient égaux. Un monde heureux, tout simplement.

‘’Spero Patronum’’

Les mots murmurés, engendrés par une faible résonnance des cordes vocales, expulsés par des lèvres fines, étirées en un simple sourire, n’auraient pu contenir plus de force. Une colombe de lumière nacrée jaillit gracieusement de sa baguette et Meredith se plut à l’observer un instant. De petite taille, elle resplendissait, cependant, suffisamment pour qu’on puisse l’apercevoir n’importe où, de loin ou de proche. Trait important pour le rôle qu’elle lui confirait aujourd’hui. Messagère, quémandeuse d’aide et de soutien, elle l’enverrait alerter ses compatriotes, ses amis qui combattaient ici, avec elle. Seule, elle avait peu, mais alors très peu de chance de s’en sortir sans blessures, voir en vie, mais à plusieurs, les choses seraient différentes. Incroyablement différentes. Le seul hic, c’est qu’elle doutait que l’un de ses ‘’camarades de cause’’ serait libre et disposé à l’aider. Enfin, elle ferait avec ce qui arriverait. Sans aide, tout serait plus compliqué, mais elle avait quand même des chances. Après tout, elle aussi cachait quelques atouts. Ses potions ne demandaient qu’à être utilisées

Tendant sa baguette vers le volatile, elle lui transmit son message, s’efforçant de le rendre court, le plus court possible. Intérieurement, elle ordonna à l’animal d’éviter de déranger ceux déjà pris en combat. D’aborder les libres seulement.

''Besoin d'aide, suivez le patronus, il vous guidera.''

D’un geste elle l’envoya exécuter sa mission mais c’est avec tristesse qu’elle le regarda s’envoler. Sans lui, elle se sentait à nouveau vulnérable.

Allez Meredith, concentration!

Reportant son attention sur le mangemort, elle fut surprise de le voir déjà debout. Avait-il eu vent de sa manœuvre? Mmm, probablement… Disons qu’elle n’avait pas forcé sur la discrétion. Peu importe, il s’était déjà remis en mouvement, préparant, à en croire ses gestes, un sortilège encore plus extravagant que les précédents. Empreint de magie noire, sans aucun doute. Se focaliser sur cette attaque pour pouvoir mieux riposter. Intérieurement, elle se prépara au pire

Un frisson parcourut son corps à la vue de...de cette chose si...si...effrayante. Rien n’aurait pu la préparer à ça. Des ténèbres, à l’état pur. Un noir absolu, évoquant le vide, la disparition de toute chose. Un noir plus que noir, à faire froid dans le dos. Les filaments de cette horreur se rependaient tout autour d’elle, engloutissant tout sur leur passage. Jusqu’aux flammes si imposantes et immortelles que formait le feu magique.

Du calme Meredith, garde ton calme. Il y a une manière de se sortir de tous les pétrins du monde.

Oui, elle ne voulait pas être engloutie. Elle ne voulait pas disparaître. Oh, ça non! Elle ne s’était pas démenée jusqu’ici pour mourir aussi bêtement.
Aller Meredith, tu sais comment faire pour trouver la solution à ce problème. Laisser confiance à ton instinct, ne plus réfléchir.
Comme elle l’avait fait un peu plus tôt dans la bataille, elle arrêta toutes pensées afin de laisser son corps agir. Agir encore et encore. Sans le consentement de ses émotions. Étrange comment tout se déroulait mieux. Elle ne fournissait plus d’efforts. Tranquillement, elle s’habituait au rythme, à l’atmosphère de la bataille. Du moins, à sa façon.

Vas-y instinct, à toi de jouer!

S'élançant telle une gazelle chassée par un lion, elle contourna le rayon du sortilège. Il fallait se rapprocher du Mangemort. Pénétrer son cercle, passer outre ses barrières. Être là où il ne s’y attendait pas, le prendre au dépourvu. Le forcer à choisir la vitesse plutôt que la puissance. Esquiver, répliquer, en un enchaînement continu, en une cadence rapide aux conséquences mortelles. Exploiter ses forces à elle, jouer avec ses faiblesses à lui. Oui, ça pouvait fonctionner. Pour cela, elle devait être rapide et précise. Ne point trainer aux détours. Après tout, le sortilège obscur pouvait être redirigé à tout moment. Si elle n’arrivait pas rapidement auprès de lui, il aurait la chance de l’engloutir au fond des ténèbres pour l’éternité. Fixée sur son but, elle allongea le pas, devint plus rapide.

Premier objectif, enclenché!

[Rodulphus vs Meredith]

[Je suis vraiment désolé pour le retard, mais avec le boulot qui a commencé… wow, quoi. Bonjour le temps libre - -‘]

Les Ténèbres étaient grands. Ils ne faisaient qu’un avec l’air, cette atmosphère sinistre qui se tissait autour des deux combattants. Chaque particule d’existence se gavait d’ombre et de ressentiments. Tout était lourd ; lourd et menaçant, poisseux à vous en obstruer la gorge. Rien ne paraissait bouger. Une paralysie malsaine frappait chaque chose vivante. Seule vibrait la baguette de Rodulphus, gémissant sous l’effort produit. L’effroyable sortilège qu’il était occupé de déclencher aspirait sa force vitale, lui diffusant une douleur sourde et lancinante. Les flammes – pourtant hautes et solides – s’étaient définitivement éteintes, ployées devant la puissance dégagée. Il ne restait de l’incendie qu’une pluie de cendre et un paysage fumant.

Rodulphus Lestrange n’avait pas le temps de jubiler ; encore moins de s’essayer à la raillerie. L’effort de concentration à fournir était tel que des larmes salées vinrent lui creuser les joues, lui dessinant des entrelacs humides, traces grisâtre sur la peau brûlée. Au sein de ce noir absolu, la seule chose pouvant le calmer aurait été la silhouette de Meredith, agonisante, rongée par l’Obscur. Mais cette garce, pour ne pas dévier des habitudes, dissimulait bien des tours dans ses manches. Loin d’user de sa baguette, de déclencher des sortilèges puissants (mais pourtant tellement vains), elle se réfugia sur un tout autre atout : ses muscles. Et la voici qui détalait tel un lapin, rapide et agile, à contourner le problème plutôt que de l’affronter. Lâche ! Lâche petite chose ! Quel comportement hors de toute loyauté ; si Rodulphus en avait le temps, il l’aurait probablement insultée. Mais il poursuivit dans sa tactique : il joignit les mains, consolidant les filins de son maléfice et orienta sa baguette. Pareil à un prestidigitateur porté sur l’esthétique, le Mangemort fit décrire aux Ténèbres mouvantes de grandes boucles dangereuses. Leur mouvement était lent et gracieux, s’apparentant aux courbes cruelles d’un fouet en pleine action. Un fouet… c’était exactement la forme qu’il tentait de moduler.

Et Meredith courait, courait en cercle autour de lui, toujours plus rapide, toujours plus difficile à figer de l’œil. Muant ses saccades en d’amples mouvement, Rodulphus abattit plusieurs fois sa baguette, et à de nombreuses reprises un claquement d’ombre et de douleur frappa le sol, là où la jeune fille s’était tenue quelques secondes plus tôt. C’était presque un jeu, une course contre la vie, contre la précision de l’adversaire. Il y avait cette rousse intrépide et insoupçonnée ; puis il y a avait Rodulphus, entouré d’un cocon de cauchemar réel.

Rien ne sert de courir, mais faut frapper à point.

[Eh voilà. Presque un an pour clôturer un topic xD On fait fort. Ce fut un plaisir, cependant.]

Rodulphus avait l’impression d’être un chef d’orchestre. Professionnel, attentif, soucieux de bien faire son travail. Le dos raide et la mine fière, il agitait sa baguette avec beaucoup de précision, tournant sur lui-même pour propager une cacophonie de mort. Et do et ré et mi et fatal. A chaque mouvement, des entrelacs et des arcs-boutés, des filandreux et des déchevêtrés : la magie noire fusait çà et là, noirceur compacte qui faisait grésiller le décor. Ce sortilège-là lui avait valu une excellente renommée au sein des Mangemorts – du respect, même. Notamment de la part de cet abruti de Cadfael, incapable de produire un rond de fumée correcte. Mais il n’avait que faire de l’admiration d’un Sang Souillé. Certes, ses maléfices étaient puissants mais, si cela ne tenait qu’à lui, il aurait volontiers usé un peu de cette puissance envers Stark. Peuh. En attendant, frustration oblige, il faisait courir la petite Brooms. Et vas-y qu’elle galope comme une gazelle (une jolie gazelle, d’ailleurs). Histoire de railler un brin, Rodulphus scanda :

̶ Vas-y, ma belle ! Cours pour ta vie !

Et la demoiselle d’accélérer, toujours plus, de se faufiler entre la mort. Cela s’avérait presque frustrant, au final. Car le Lestrange mettait beaucoup d’efforts à essayer de l’atteindre. Or, elle parvenait toujours à lui échapper. Accessoirement, il commençait d’avoir mal au bras.

Le tempo persista un moment puis, les deux combattants fatiguèrent. Les assauts du Mangemort s’espacèrent, et Meredith courut moins vite, se révéla moins vivace. Un éclair hurla à deux centimètres de ses pas. La fin approchait, ce sentiment en était palpable dans l’air. La membre de l’Ordre se figea sur place, résignée à affronter son destin en face. Elle sortit sa baguette et pointa, même si, dans le cas présent, l’effort s’avérait un peu vain.

̶ Ah, tu veux jouer ?

Un sourire sauvage aux commissures, Rodulphus leva sa propre baguette, ses lèvres s’écartèrent… Et Meredith s’effondra, inconsciente. Hein ? Morgane toute puissante ! La voilà qui flanchait d’elle-même ! Scandaleux ! Il ne pouvait même pas s’octroyer le plaisir de l’achever. Il demeura paralysé par la frustration pendant plusieurs minutes, ne sachant que faire. Puis, avec des gestes prudents (il s’agissait peut-être d’une ruse, les femmes sont si viles) le Lestrange s’approcha du petit corps inanimé et, de la pointe de sa botte, le retourna. Meredith roula sur elle-même, blafarde. Plus aucun doute : elle était évanouie, l’andouille. Une proie facile, en définitive. Il en ressentit la merveilleuse envie de rire mais, au même moment, diverses lueurs immaculées s’étendirent dans la plaine. Deux membres de l’Ordre venaient de transplaner : il reconnut Bill et Molly Weasley. Des renforts. Cette petite garce avait appelé des renforts.

̶ Arrière, chiens ! FUMOS !

Un panache de fumée opaque sépara les futurs combattants. Fraction de cécité nécessaire à Rodulphus, qui agrippa le poignet de Meredith puis transplana. Quand la brume s’évapora, seule restait comme trace de son passage une herbe couchée, comme assassinée par sa présence.